Quand la terre trembla
II
LE SANG RÉPANDU
Les trois jours qui suivirent la prise du pouvoir par les bolchéviques furent peut-être ceux qui mirent les nerfs des habitants de la capitale à la plus rude épreuve. Les nouvelles les plus contradictoires passaient de bouche en bouche et faisaient succéder aux espérances les plus vives le désespoir le plus profond. Puis une nouvelle saute de vent soufflait sur les espoirs éteints, les ranimait et, lorsqu’une petite flamme brillait, une averse soudaine l’éteignait.
Les bolchéviques, réunis en séance solennelle à l’Institut Smolny le mercredi soir 7 novembre, avaient fait éclater la joie de leur triomphe. Jamais, depuis le premier jour de la révolution, on n’avait entendu des accents plus enivrés. Jusqu’alors les maîtres de l’heure avaient composé des chants désolés sur l’éternel thème de la ruine inéluctable de la Russie. Aujourd’hui, enfin, on voyait des hommes se féliciter de leur victoire et annoncer à grands cris une ère de bonheur universel. Ils ne doutaient pas d’eux-mêmes, et la première séance du second congrès panrusse des Soviets, présidée par Lénine lui-même, frappa les esprits par la joie farouche et orgueilleuse qui l’emplissait, par la certitude qui animait les protagonistes du drame.
Mais il s’en fallait que la réalité répondît aux assurances des chefs du nouveau gouvernement. En fait, ils étaient seuls avec les quelques milliers de soldats, de marins et de gardes rouges qui les avaient portés au pouvoir. Toute la machine gouvernementale s’était arrêtée d’un seul coup. L’immense bureaucratie de la capitale s’était mise en grève. Pas un fonctionnaire, pas un employé de ministère n’acceptait de travailler pour les commissaires du peuple. Les bolchéviques s’étaient emparés du télégraphe central et envoyaient des messages dans toute la Russie, mais ils ne recevaient pas une réponse. La Russie refusait de causer avec eux et se renfermait dans un silence inquiétant. Les rares nouvelles que l’on avait de l’intérieur ne leur étaient pas favorables. Les voyageurs arrivés de Moscou déclaraient que la ville était à feu et à sang et que les junkers se battaient contre les troupes révolutionnaires. A Pétrograd même, les vainqueurs étaient pour l’instant si faibles et se sentaient si précaires qu’ils laissaient leurs adversaires, les social-révolutionnaires et les menchéviques, se réunir dans un palais de la Fontanka pour lutter ouvertement contre eux.
Ils n’osaient pas toucher non plus à la municipalité, qui était fort active à organiser la résistance au coup d’État. D’autre part, ils avaient des rapports inquiétants sur les cosaques de Krasnof, qui étaient avancés de Gatchina à Tsarskoié-Selo et presque jusqu’aux faubourgs de la ville. Et les habitants de Pétrograd voyaient, ancré près du pont du Palais, le petit croiseur Aurora, dont l’artillerie avait contribué à la prise du Palais d’Hiver. Il était sous pression et chacun savait qu’il offrirait un asile aux chefs bolchéviques si la fortune changeante les obligeait à fuir Pétrograd dont ils venaient de s’emparer. Se réveillerait-on un matin pour apprendre que Lénine, Trotski et leurs suppôts cinglaient à toute vapeur vers une terre étrangère ? En somme, rien ne paraissait plus branlant que le pouvoir de ces hommes qui parlaient si haut.
Et, d’autre part, aucun acte de terreur, et même aucun désordre. La ville était plus calme qu’elle ne l’avait été depuis six mois. Partout des patrouilles, pas un coup de feu. On arrêtait les voleurs et les maraudeurs. Les magasins étaient ouverts. Dans chaque maison, des consignes sévères et rassurantes avaient été données. Chaque habitant de Pétrograd avait reçu, suivant son quartier, le numéro du téléphone qu’il devait appeler en cas de trouble, de vol ou de perquisition nocturne. On se sentait soudain protégé contre mille dangers réels. On respirait à l’aise… Mais tout aussitôt, lorsqu’on laissait la bride à son imagination et qu’on essayait de voir plus loin que les apparences, on était, à la lettre, paralysé par la peur à l’idée, trop certaine pour être mise en doute, que l’on appartenait dorénavant, corps et biens, à des hommes sans scrupules et sans faiblesse, dont l’évangile prêchait la guerre civile, le communisme et l’anéantissement par la violence des anciennes classes dirigeantes.
Il y avait là une contradiction si évidente, si palpable, si à la portée de tous les esprits, que l’on était comme suffoqué. Ivan Choupof-Karamine disait en soupirant : « Rien n’est plus insupportable que l’incertitude. » Et, comme il aimait à bouffonner, il ajoutait : « Seul le lièvre préfère attendre. »
Le salon de Nathalie était vide le soir, les gens ne se hasardant pas à sortir la nuit. Elle recevait maintenant à cinq heures et, par un curieux effet de la peur, elle avait plus de monde que jamais. Les gens ne pouvaient rester chez eux. Isolés, ils sentaient leur faiblesse. Ils couraient les uns chez les autres et, réunis, ils se faisaient illusion et croyaient être une force ; ils oubliaient leur solitude et cherchaient à s’étourdir dans d’interminables conversations. Ils en sortaient plus déprimés encore, car rien n’égalait dans ces premiers jours la tristesse des propos. Chacun rentrait chez soi vers huit heures, et Ivan Choupof voyait avec désespoir s’annoncer une soirée solitaire. Cet homme si bavard causait d’abondance avec tout le monde, sauf avec sa femme. Pendant ces trois jours, Nathalie avait essayé dix fois d’entrer en communication avec Séméonof. Mais, depuis le coup d’État, il avait quitté son domicile sans laisser d’adresse. Sans doute, il était à Smolny. Mais comment l’atteindre là-bas ? L’avenir ne se dessinait pas avec assez de clarté pour qu’on risquât de se montrer au quartier général des bolchéviques.
Lydia, à la suite de la nuit qu’elle avait passée, avait été un peu souffrante et obligée de garder le lit vingt-quatre heures. Elle n’avait pas revu Paul, car les junkers étaient consignés dans leurs écoles et ne pouvaient, au risque de leur vie, sortir en uniforme dans la ville. Le samedi, elle apprit qu’on en avait tué deux dans la Gorokhovaia, alors qu’ils patrouillaient la rue en automobile blindée. L’auto avait eu une panne et ses occupants avaient été massacrés sans qu’ils essayassent de se défendre. Le jour même, Katia quitta au crépuscule l’hôtel Volynski avec un gros paquet. Elle se rendit à l’ancien palais Michel, où Paul était caserné. Elle remit le paquet et une lettre au factionnaire à la porte, dont les grilles étaient fermées. Lydia essaya de téléphoner à son cousin. Le bureau central répondit qu’on ne donnait pas le numéro. Elle fit alors demander à Nicolas Savinski de venir la voir.
Il accourut aussitôt, laissant sans hésitation les affaires qui l’occupaient. Il trouva Lydia pâlie et changée. Elle avait dans le regard quelque chose de sérieux qu’il ne lui connaissait pas et parlait sur un ton où il ne retrouvait plus l’accent enfantin dont elle ne s’était jamais défait jusqu’alors. Elle le remercia d’être venu tout de suite auprès d’elle, lui dit qu’elle avait à causer avec lui et lui demanda :
— Je voudrais savoir ce que vous pensez de la situation.
Savinski regarda ce visage si jeune et déjà si douloureux. Il hésita un instant, puis haussa les épaules.
— Rien, en vérité, Lydia Serguêvna.
Et comme les yeux graves de la jeune fille continuaient à l’interroger, il poursuivit d’une voix sourde :
— Il faut attendre. On ne voit pas clair pour l’instant. Qui peut dire ce qui se passera demain ?…
Et il développa les thèmes qui agitaient la ville sur la précarité du pouvoir des bolchéviques et sur la possibilité d’une avance des cosaques commandés par Krasnof.
Lydia l’arrêta et, posant sa main sur celle de Savinski, elle lui dit, tout en le fixant :
— Je sais tout cela, Nicolas Vladimirovitch, mais ce que je ne sais pas, c’est ce que vous pensez. Dites-le-moi, je vous prie. J’ai beaucoup réfléchi depuis trois jours ; il me semble que je ne suis plus la petite fille que vous connaissiez. Vous êtes mon ami, n’est-ce pas ? Parlez-moi franchement. Il n’y a que vous au monde avec qui je puisse causer.
Il y avait dans l’accent de Lydia quelque chose qui remua Savinski jusqu’au fond de lui-même. Il eut l’intuition qu’elle cherchait auprès de lui un réconfort à des angoisses dont la cause lui restait inconnue. Que lui dire dans l’incertitude où il était ? Il se résolut donc à lui exposer les choses telles qu’il les voyait, mais sur un ton qui enlevât à la conversation ce qu’elle avait de tendu et presque de tragique.
— Lydia Serguêvna, dit-il, je ne suis pas prophète. Si je me trompe, vous ne m’en voudrez pas. Je vous avoue que je n’ai aucune confiance dans les cosaques de Krasnof. S’ils avaient voulu prendre la ville, ils l’auraient prise hier. Nous ne savons pas leur état d’esprit, mais je parie qu’ils sont indécis, divisés, qu’on discute chez eux au lieu d’agir, et qu’on se livre à des marchandages sans fin. C’est la maladie russe. Seuls les bolchéviques paraissent en être exempts. La façon dont ils ont fait leur coup mercredi est vraiment remarquable. Quel progrès sur les journées de juillet ! Ils sont capables d’apprendre. Nous n’avons pas encore vu au cours de la révolution des hommes qui profitent de l’expérience acquise. Et si vous voulez une conclusion…
Il s’arrêta un instant, prit les mains de la jeune fille dans les siennes et, avec un sourire :
— Voulez-vous vraiment une conclusion, Lydia Serguêvna ? Vous savez qu’il n’y a rien qui soit plus difficile pour un Russe que de conclure. Nos compatriotes aiment à accumuler mille arguments ingénieux en faveur de la thèse et de l’antithèse. Puis, quand ils vous ont ébloui par la fertilité de leur esprit et les ressources inépuisables de leur dialectique, ils vous tirent leur révérence.
La jeune fille resta sérieuse et dit simplement :
— Eh bien ?
— Eh bien, reprit Nicolas Savinski, je crois au succès de Lénine. Mais si vous me demandez ce qu’il fera de sa victoire, je vous dirai que je n’en sais rien et probablement, à l’heure actuelle, n’en sait-il pas plus que nous… J’imagine que c’est un homme politique tout autant qu’un fanatique. La politique est faite de ruse, d’ingéniosité, de concessions aux événements. On ne crée pas un régime social tout nouveau en un jour. Il sera amené à manœuvrer, à biaiser… Mais, chère petite amie, conclut-il, voilà une conversation bien sérieuse et assez vaine. Avant que le communisme règne en Russie, Lénine peut être renversé, nous pouvons être, vous et moi, en Angleterre, les Allemands peuvent avoir pris Pétrograd et remis un beau tsar tout neuf sur le trône.
Lydia se leva et se mit à marcher de long en large dans la chambre, les mains croisées derrière le dos. Elle allait d’un pas lent et décidé, son visage restait sérieux et fermé. Soudain, elle vint à Savinski et lui dit :
— Ce n’est pas une parade de cirque, Nicolas Vladimirovitch. Cela, je l’ai compris. Je pense que tout va s’écrouler ; je pense qu’il y aura beaucoup de sang.
Elle s’arrêta, tant elle était émue, et à très basse voix, tout près de Savinski, elle murmura :
— C’est une horreur !
Il y avait dans l’accent de Lydia quelque chose qui fit tressaillir Savinski. Il voulut parler, il ne trouvait pas les mots qu’il fallait.
Il y eut un long silence. Lydia se domina la première. Elle fit encore quelques pas dans la chambre, puis, d’une voix posée, elle dit :
— Je voulais vous demander, Nicolas Vladimirovitch, si vous pourriez me procurer un passeport pour un jeune homme.
Au changement de ton, Savinski se sentit soulagé de l’oppression inexplicable qui l’accablait.
— Un passeport, fit-il, pour un jeune homme ?… Ce n’est pas très facile, mais, tout de même, Lydia Serguêvna, je crois qu’en quelques jours je pourrai vous arranger cela… J’ai des relations, heureusement.
La figure de la jeune fille pour la première fois se détendit.
— Je vous dirai tout. C’est pour mon cousin Paul. Je l’aime comme un frère. C’est un enfant, vous comprenez, un véritable enfant. Il était l’autre nuit au Palais d’Hiver. Je vous demande un peu, Paul, ce petit, risquer de se faire tuer par des Russes ! Pour qui ? Cela n’a pas de sens… Il est enfermé dans son école. Là aussi, on le tuera, c’est certain… Ce n’est pas une parade de cirque, Nicolas Vladimirovitch. Je suis heureuse de voir que vous sentez sur ce point comme moi. Alors, j’ai combiné tout un plan pour qu’il puisse s’échapper, je crois qu’on appelle cela déserter, ça m’est bien égal. Si ce sont les bolchéviques qui sont les maîtres, Paul a le droit de déserter. Je lui ai envoyé par Katia des vêtements civils. Il saura trouver le moyen d’aller chez mon amie Hélène Ivanovna, vous la connaissez, elle habite à Mokhovaia, 27. Elle est très sûre, elle le cachera quelques jours. Personne n’ira le chercher là… Mais il faut que vous ayez un passeport. Je ne serai tranquille que lorsqu’il sera en Finlande.
— Mais voudra-t-il partir ? demanda Savinski.
— Il n’osera pas me désobéir, dit Lydia avec assurance.
— Eh bien, j’aurai un passeport, mardi ou mercredi, continua Savinski. Et puis, ajouta-t-il en souriant, je pense qu’il faudra bientôt m’occuper d’en avoir un pour vous…
— Oh ! pour moi, n’y pensez pas, Nicolas Vladimirovitch. Qu’est-ce que je risque ? jeta la jeune fille d’une voix qui, cette fois-ci, était joyeuse. Une fois Paul en sûreté, je serai tranquille… Je resterai encore un peu ici, car je suis curieuse, vous savez…
Nicolas Savinski retrouvait enfin la Lydia enfantine et joyeuse qu’il aimait. Maintenant, elle parlait sans contrainte et sa bouche était à chaque instant sur le bord d’un sourire.
— Je ne sais ce qui s’est passé en moi l’autre jour, continua-t-elle, quand j’ai su que Paul était avec les junkers au Palais d’Hiver. Paul a été à la guerre. Cela me paraissait tout naturel. Peut-être cela ne représentait-il rien à mes yeux. C’était trop loin… C’est absurde, sans doute, ce que je dis, mais je crois que vous me comprenez… Depuis la révolution, je sais bien qu’on a tué des gens dans la ville même. Je ne les connaissais pas ; cela m’était indifférent. Je disais comme les autres ces phrases que tout le monde répète sans y attacher d’importance : « Les révolutions ne se font pas sans victimes. » Ou bien on parle « du sang répandu pour une grande cause ». Qu’était pour moi « du sang répandu » ? Des mots, et rien de plus. J’ai passé cent fois sur le Champ-de-Mars près des tombes des « victimes de la révolution ». Je n’en ai jamais été émue, — pas plus que vous n’êtes ému lorsque vous entrez dans un cimetière. Et voilà qu’il y a trois jours, j’ai compris tout à coup ce qu’était « du sang répandu ». Est-ce parce que j’avais vu de mes yeux cette barricade que les junkers préparaient ? Est-ce parce que Paul était tout près de moi ? Est-ce parce qu’il allait se battre avec ces soldats à qui j’ai si souvent parlé et qui, eux aussi, m’ont toujours semblé près de moi ? Est-ce parce que cela se passait à deux pas d’ici, et que j’entendais la fusillade, et que je voyais le ciel sombre s’éclairer à chaque coup de canon ?… Je ne sais pas, Nicolas Vladimirovitch, mais je n’ai pu le supporter… Sans doute, vous me trouvez ridicule de me laisser aller ainsi à mes impressions… Enfin, voilà, il faut que Paul s’en aille, tout simplement, et alors vous verrez que je deviendrai une grande personne tout à fait raisonnable, que je parlerai comme les autres et que je dirai d’une voix très posée : « les victimes de la révolution » et « le sang répandu ».
Savinski resta longtemps auprès de la jeune fille. Comme il regagnait à pied son logis, un vers de Pouchkine chanta dans sa tête :
Le lendemain, dimanche, Savinski fut obligé de partir pour la Finlande. Il prit le train. Il n’avait pas de visa sur son laissez-passer ancien. Mais on ne le lui réclama pas et il put franchir la frontière. Il trouva sa femme fort inquiète. Ensemble, ils décidèrent de l’avenir prochain. Il n’était pas question pour Sonia et les enfants de revenir à Pétrograd. Nicolas expliqua à sa femme qu’il lui fallait environ un mois pour régler ses affaires et passer ses pouvoirs à son remplaçant ; que, d’ici là, il ne courait aucun danger, car il fallait que les bolchéviques fussent assurés de leur puissance avant de mettre à exécution leur programme, qu’il avait du reste des relations dans la place et qu’enfin jamais Pétrograd n’avait été aussi calme que ces jours derniers. Il reviendrait donc définitivement vers la fin de l’année et ils partiraient pour l’Angleterre. En attendant, il ne doutait pas d’obtenir un visa pour aller et venir de Pétrograd en Finlande.
Pendant qu’il faisait tous ces arrangements très raisonnables, Savinski avait l’impression curieuse qu’il était hors de la réalité, qu’il prononçait les paroles qu’il devait prononcer, étant donné les circonstances, mais que la vie, comme il se le disait à ce moment même, « était sur un autre plan ».
Il cacha ses pensées à sa femme.
Le mardi matin, comme il rentrait à Pétrograd, son domestique lui dit qu’il était prié d’assister à la messe funèbre qui serait dite ce jour-là en l’honneur de l’enseigne Paul Volynski, tué le dimanche 11 novembre, à l’âge de vingt et un ans.
Savinski n’eut que le temps de courir à l’église. Il y apprit les détails affreux de la mort du jeune homme. Le dimanche, pendant qu’il était en Finlande, les bolchéviques avaient décidé d’en finir avec les junkers et avaient envoyé des troupes et de l’artillerie contre leurs casernes. On ne savait pas exactement ce qui s’était passé à l’ancien palais Michel, où Paul était enfermé. Le fait est que, le lundi matin de bonne heure, on avait retiré de la Moïka deux ou trois cadavres d’enseignes qui y avaient été précipités. Le hasard voulut qu’un domestique du prince Volynski, passant là et attiré par la foule qui s’était rassemblée, s’arrêtât et reconnût dans un des cadavres le jeune prince Paul. Il avait reçu une balle dans la tête et une autre dans la poitrine. La balle dans la tête ayant été tirée à bout portant, il était horriblement défiguré.