Récréations littéraires, curiosités et singularités, bévues et lapsus, etc.
II
Honoré de Balzac. Obscurités voulues et bizarreries et tares involontaires. Anachronismes. Locutions fréquentes.
Philarète Chasles. — Henri Monnier. — Louis Reybaud. — Frédéric Soulié. Confusion qui règne dans ses romans. — Stéphen de la Madelaine. — Mérimée.
Nous avons vu les poètes dits symbolistes s’efforcer de se rendre obscurs et incompréhensibles pour attirer l’attention et l’admiration du public. Honoré de Balzac (1799-1850) ne dédaignait pas d’user de cet antique procédé, et il n’en faisait pas mystère. Le dessinateur Bertall, qu’un éditeur avait chargé des illustrations de La Comédie humaine, se trouvant embarrassé, dans cette tâche, par des phrases plus ou moins ténébreuses, eut recours à l’auteur et l’interrogea. Bertall lui-même rapporte ainsi cette conversation (Cf. le journal Le Soleil, 12 avril 1882):
«Mon cher maître, voici un passage que je ne comprends pas très bien.»
Balzac prit le livre, lut l’endroit désigné et se mit à rire.
«En effet, dit-il, c’est du galimatias... Mais c’est voulu!
— Comment, voulu?
— Parfaitement. Vous entendez bien, mon cher Bertall, que si le public n’était pas arrêté de temps à autre par quelque phrase bien enchevêtrée ou quelque mot très hérissé, il se croirait aussi malin que l’auteur qu’il lit. Tout ce qui est clair lui paraît trop facile. Il se figure, le naïf, qu’il en ferait autant! Il ignore, ce satané public, que ce qu’il y a de plus difficile, c’est d’être simple. C’est pourquoi je saupoudre quelquefois mes romans d’une bonne petite obscurité afin que le bon lecteur se prenne la tête à deux mains et dise: «Je ne comprends pas du tout! Ça me dépasse! Sapristi! tout de même, comme ce Balzac est fort[40]!»
Mais, à côté de ces imbroglios voulus, on rencontre, chez Balzac, plus d’une tare ou d’une bizarrerie involontaires.
Dans Splendeurs et Misères des courtisanes (p. 253; Librairie nouvelle, 1856), il nous montre, chose merveilleuse sans doute, un priseur qui prend son tabac par le nez: «... le faux officier de paix en achevant de humer sa prise par le nez».
Dans La Cousine Bette (p. 259; Librairie nouvelle, 1856), un commissaire de police répond silencieusement: «Elle n’est point folle». Mais ce n’est là sans doute qu’une faute d’impression, et il faut lire: sentencieusement.
Dans le même roman, le critique Émile Faguet (Études littéraires sur le dix-neuvième siècle, p. 450) relève cette phrase et la cite comme un exemple de métaphores à la fois vulgaires et prétentieuses: «La bienfaitrice trempa le pain de l’exilé dans l’absinthe des reproches.»
«Le Lys dans la vallée, ajoute Émile Faguet (Ibid.), est un prodige de pathos et de phœbus.»
Encore du pathos et de l’amphigouri: «En achevant d’embrasser, par sa profonde intuition, les misères que réveilla cette idée mélancolique, il (le meurtrier) jeta sur Hélène un regard de serpent, et remua dans le cœur de cette singulière jeune fille un monde de pensées encore endormi...» (La Femme de trente ans, p. 142; Librairie nouvelle, 1859.)
Et cette drôlerie dans l’Histoire des treize (Ferragus, p. 149; Librairie nouvelle, 1856): «... Jules, seul dans une calèche de voyage lestement menée par la rue de l’Est, déboucha sur l’esplanade de l’Observatoire...»
Dans le même ouvrage, nous voyons une jeune fille qui ignore l’art de se teindre, et dont cependant les cheveux changent de couleur: ils sont tantôt «cendrés» (p. 352), tantôt «noirs» (p. 383).
Et «ces yeux qui semblent avoir des oreilles», dans L’Envers de l’histoire contemporaine (p. 221, Librairie nouvelle, 1860).
Tout à l’heure Balzac nous a fait voir un individu lançant sur une femme «un regard de serpent»; dans Les Chouans (p. 110, Librairie nouvelle, 1859), il nous montre un de ses personnages qui «jette sur sa maîtresse un coup d’œil aussi noir que l’aile d’un corbeau».
Dans le même roman, — qui date de la jeunesse de l’auteur et est fréquemment mal agencé et obscur (Cf. Marcel Barrière, L’Œuvre de H. de Balzac, p. 290 et suiv.), — nous voyons (p. 311) l’héroïne, Marie de Verneuil, sortir d’une affreuse chaumière, d’un taudis où gens et bestiaux vivent en commun; puis, par une singulière inadvertance, ce taudis se trouve subitement, dans la même page, et quelques lignes plus bas, transformé en salon. «Tout à coup, Mlle de Verneuil rentra dans le salon...»
Et (Les Chouans, p. 277) cet amoureux qui, pour prouver à sa maîtresse combien est violente sa passion, saisit, dans le foyer, un bout de tison, un charbon ardent, le garde et le serre dans sa main, sans paraître souffrir de cette brûlure, sans même s’en occuper ni s’en soucier: «Mais jetez donc ce feu! Vous êtes fou! Ouvrez votre main, je le veux!» lui crie sa maîtresse, qui réussit enfin à ouvrir cette main. Je sais bien que Mucius Scævola et d’autres ont accompli cet exploit... N’importe!
Dans La Muse du Département (p. 154-155; Librairie nouvelle, 1857), Balzac met en scène une soubrette qui, à l’aide d’un mouchoir, bande solidement les yeux à l’un des personnages, de façon qu’il ne puisse voir où elle va le conduire, et lui fait ensuite cette étrange recommandation: «Veillez bien sur vous-même! Ne perdez pas de vue un seul de mes signes!»
Inadvertance à peu près comparable à celle que nous offre John Lemoinne, dans le Journal des Débats (cité par Le National, 2 novembre 1884): «Le roi de Hanovre aveugle et souffrant de voir son royaume incorporé dans la Prusse», voir avec les yeux de l’esprit, il est vrai; — et à celle aussi que nous rencontrons chez Émile Pouvillon (Pécaïre, dans le volume Les Petites Ames, p. 172 et 180), où «Ginibre, un honnête aveugle,... envoie un regard mélancolique à une bouteille vide».
Au lieu d’un aveugle qui voit clair, c’est quelquefois un muet qui prend la parole: «M. le grand rabbin de France Isidor, qu’une récente attaque de paralysie condamne au mutisme, a voulu, en cette occasion, mêler sa voix aux prières adressées à Dieu à l’intention de Mosès Montefiore.» (Cité par Le National, 2 novembre 1884.)
La dédicace de la courte étude de Balzac intitulée La Bourse débute ainsi: «N’avez-vous pas remarqué, mademoiselle, qu’en mettant deux figures en adoration aux côtés d’une belle sainte, les peintres ou les sculpteurs du moyen âge n’ont jamais manqué de leur imprimer une ressemblance filiale?» Comme les figures ainsi placées aux côtés des saints et des saintes, ces figures de «donateurs», sont d’ordinaire celles d’un père et de ses fils, d’une mère et de ses filles, cette ressemblance est toute naturelle et de rigueur en quelque sorte, et les artistes ne pouvaient manquer de l’exprimer.
Dans Le Cousin Pons (p. 37-38; Librairie nouvelle, 1856), Balzac parle d’un admirable éventail, «divin chef-d’œuvre que Louis XV a bien certainement commandé pour Mme de Pompadour... Watteau s’est exterminé à composer cela!» ajoute-t-il par la bouche du vieux Pons. Or, Watteau est mort en 1721, l’année même où la belle marquise venait au monde.
«Un rossignol vint se poser sur l’appui de la fenêtre», prétend Balzac dans La Peau de chagrin (p. 255; Librairie nouvelle, 1857). Un rossignol qui se pose sur une fenêtre, — cela ne se voit pas tous les jours ni même toutes les nuits de mai.
«Quel plaisir d’arriver couvert de neige dans une chambre éclairée par des parfums!» lit-on dans le même roman (p. 110).
Et dans la Physiologie du mariage (p. 301; Librairie nouvelle, 1876): «Nous sommes amoureux à vingt ans... et nous cessons de l’être à cinquante. Pendant ces vingt années...»
Dans les Petites Misères de la vie conjugale (p. 135; Librairie nouvelle, 1862), une amusante phrase que je me borne à indiquer: «Le diable aime surtout à mettre sa queue...»
Alphonse Karr, qui était très ferré sur l’horticulture, qui a même exercé la profession de jardinier-fleuriste à Nice et à Saint-Raphaël, a plus d’une fois relevé, dans ses Guêpes, les erreurs commises par les romanciers, ses confrères, dans leurs descriptions des fleurs. Ainsi il reproche à Balzac ses «azalées qui grimpent et tapissent les maisons» (Ibid., août 1843, t. V, p. 6 et 10); — à Jules Janin son «œillet bleu» (Ibid., janvier 1844, t. V, p. 86); — à George Sand ses «chrysanthèmes bleus» (Ibid.); — etc.
Les Contes drolatiques passent, et peut-être avec raison, pour le chef-d’œuvre purement littéraire de Balzac; c’était l’avis de Barbey d’Aurevilly (Cf. Romanciers d’hier et d’avant-hier, p. 15 et 37), et l’opinion de Balzac lui-même: malgré l’insuccès complet de ces Contes lors de leur apparition, «il croyait qu’à défaut de ses autres œuvres, ils suffiraient pour le sauver de l’oubli» (Mme Surville, Balzac, p. 145). Or, si habile et si savant que soit le style archaïque de ces Contes, il est des endroits qui trahissent l’époque moderne, celui-ci, par exemple: «Ce grand et noble curé n’estoit pas fort que de là» (Premier dixain, Le Curé d’Azay, p. 279; Librairie nouvelle, 1859). Ne pas que, dans le sens actuel, — «n’était pas fort seulement que de là», — est une locution illogique, fautive et moderne: elle n’apparaît, dans notre langue, que vers la fin du dix-huitième siècle: voir ci-dessus, Préambule, p. 14-15, note; et Littré, article Que, Remarque 1.: «Ne pas que ou ne point que, anciennement, équivalait à ne... que, le mot pas ou point étant explétif.
Et ne l’auront point vue obéir qu’à son prince
(Corneille, Horace, III, 6)
signifie: Et ne l’auront vue obéir qu’à son prince, et non: Et ne l’auront point vue obéir seulement à son prince.»
Une particularité qui a droit de surprendre les lecteurs de La Comédie humaine, particularité étonnante chez un écrivain qui s’est tant occupé d’affaires litigieuses et de questions judiciaires, c’est que Balzac, bien qu’il eût débuté par être clerc d’avoué, n’avait, en 1845, à l’âge de quarante-six ans, jamais entendu plaider, jamais, donc, serait-on en droit d’inférer, assisté à une séance de tribunal: «Je n’avais jamais entendu plaider, et je suis resté pour entendre Crémieux, qui a fort bien parlé.» (Lettre à Mme Hanska, 14 décembre 1845; Correspondance, t. II, p. 188.) Et cependant nous lisons, dans une Notice sur la fondation et le but de la Société des gens de lettres (p. 2; Paris, imprimerie Charles Blot, s. d. ni nom d’édit.), que «le premier procès mémorable (engagé par la Société des gens de lettres contre les journaux ayant illicitement reproduit des feuilletons) fut plaidé à Rouen par Honoré de Balzac. Le grand romancier s’improvisa l’avocat de ses confrères... Et cela par une délégation, que lui avait donnée le Comité, du 11 octobre 1839. M. Honoré de Balzac obtint gain de cause...»
Signalons, en passant, l’abus excessif que fait Balzac de la conjonction car; nous la voyons répétée souvent trois ou quatre fois dans la même page (Cf. Ursule Mirouet, Librairie nouvelle, 1857, passim et notamment p. 15, 16, 19... 166, 217, etc.; — L’Envers de l’histoire contemporaine, Librairie nouvelle, 1860, passim, principalement p. 161, 163, 171... 203, 221; — etc.); — et aussi une formule, précaution oratoire, très fréquente chez Balzac, et dont la tournure seule varie, souvent même fort peu: «Maintenant, il est nécessaire d’expliquer... Ici peut-être est-il nécessaire de faire observer... Ces menus détails sont indispensables pour comprendre... Avant d’aller plus loin, il est utile de raconter... Peut-être n’est-il pas superflu d’ajouter...», etc. (Cf. La Cousine Bette, Librairie nouvelle, 1856, p. 32, 33, 67, 106, 126, etc.; — Ursule Mirouet, Librairie nouvelle, 1857, p. 22, 72, 87, etc.; — Les Paysans, Librairie nouvelle, 1857, p. 51, 93, 97, etc.; — Les Chouans, Librairie nouvelle, 1859, p. 6, 15, 179, 194, 349, etc.)
Philarète Chasles (1799-1873), dans ses très curieux Souvenirs d’un médecin (traduits de Samuel Warren; Librairie nouvelle, 1855, p. 51), nous montre des gens rassemblés le soir au coin du feu, vidant leur tasse de thé «sans mot dire, et se retirant après une heure de cet innocent entretien».
«Ce sabre est le plus beau jour de ma vie!»
Cette solennelle et célèbre déclaration de Joseph Prudhomme a son pendant dans une autre phrase que l’historien de Joseph Prudhomme, Henri Monnier (1799-1877), attribue à un maire de village, nouvellement élu:
«Mes amis, jamais je n’oublierai l’honneur que vous avez fait à mes cheveux blancs en les mettant à votre tête!» (Cf. Le Rappel, 10 janvier 1877.)
A un mari dont la femme a mis au monde plusieurs filles et qui vient enfin d’accoucher d’un garçon, un personnage du Coq du Clocher (chap. 3, p. 26; M. Lévy, 1856) de Louis Reybaud (1799-1879) adresse ses félicitations en ces termes:
«A la bonne heure! Vous avez eu la main heureuse cette fois!»
Frédéric Soulié (1800-1847) se vantait d’écrire ses romans sans préparer de plan, de «jeter la plume au vent et suivre le chemin où elle mène» (Le Magnétiseur, p. 74; Librairie nouvelle, 1857). On ne s’aperçoit que trop de ce manque de préparation et de soin à l’incohérence et la confusion qui règnent dans nombre de ses récits. Et ce qu’il y a de plus drôle, c’est que souvent, de son propre aveu ou par la bouche de ses personnages, l’auteur reconnaît et proclame le gâchis.
«Vous ne me comprenez pas! s’écria le général, et moi-même, dans ce chaos d’événements, de doutes, d’incertitudes, je ne sais si je me comprends.» (Le Magnétiseur, p. 154.)
«Les événements de la vie de Justine expliquent suffisamment, du moins je le pense, la brutalité et l’incohérence de ses confidences... Qu’on veuille donc bien lire ce qui va suivre avec le souvenir de ce que je viens de dire, et on s’expliquera peut-être cette incohérence d’opinions, ce chaos de principes opposés jeté à travers cette narration.» (Les Drames inconnus, t. I, p. 367 et 369; Librairie nouvelle, 1857.)
«C’est un enchevêtrement du diable (que cette intrigue, reprit Molinos), je vous prie d’y faire attention.» (Ibid., t. IV, p. 244.)
«Écoute, maître, dit le Diable, si tu me fais mêler toutes ces histoires l’une avec l’autre, non seulement nous n’y comprendrons rien, mais encore nous n’en finirons pas.» (Les Mémoires du Diable, t. III, p. 274; M. Lévy, 1877.)
En effet, comment voulez-vous vous y retrouver dans un imbroglio de ce genre:
«... Il nous avoua que cette correspondance n’avait d’autre but que de cacher celle qu’il avait directement avec une novice du nom de Juliette. Ce fut dans ce même souper qu’un certain comédien, nommé Gustave, m’apprit que cette Juliette n’était autre que la fille de Mariette, laquelle Mariette se cachait à Auterive sous le nom de Mme Gelis, tandis que Jeannette avait pris celui de Juliette.» (Ibid., p. 262.) Et notez que nous n’avons là qu’un faible fragment de l’intrigue générale, et que «toutes ces histoires ne font que se mêler l’une avec l’autre».
Voici quelques phrases bizarres de Frédéric Soulié:
«Son œil, à demi fermé, vibrait et haletait, pour ainsi dire, lançant autour d’elle des regards trempés de volupté.» (Ibid., p. 296.)
«Ce n’était plus ce jeune sous-lieutenant décoré sur le champ de bataille, changeant d’épaulettes à chaque campagne; un de ces soldats intrépides qui, si vite qu’ils montent, pourraient planter chaque échelon de leur fortune dans un trou de blessure.» (Le Magnétiseur, p. 215.)
«Celui-là qui s’épuise à scalper les fibres les plus tendres du cœur humain pour dire le secret de ses plus imperceptibles mouvements...» (La Lionne, p. 221; Librairie nouvelle, 1856.)
«Une main infernale et impitoyable s’est étendue sur votre destinée. Cette main sait préparer le poison de la calomnie comme elle sait pousser ses esclaves au crime.» (Ibid., p. 351.)
«C’était une figure de reine et une taille de nymphe qui parlait ainsi.» (Diane et Louise, dans le volume Le Maître d’école, p. 298; Librairie nouvelle, 1859.)
Je ne sais plus qui disait, sans doute après avoir lu ces phrases: «Frédéric Soulié? Il écrit comme ma savate!»
Frédéric Soulié place Aix-les-Bains, non en Savoie, mais dans les Pyrénées (Les Mémoires du Diable, t. II, p. 189; M. Lévy, 1863), et il nous parle de Rome, qu’il avait l’intention d’«aller voir», mais qu’il n’a jamais vue, de la plus fantaisiste façon: il plante des arbres, «des arbres grillés» sur le Corso, qui n’est bordé que de maisons, et la place Navone ne cesse pas pour lui d’être la place Nivone. (Le Magnétiseur, p. 39, 40, 42, 45, 48...)
A l’exemple de la pelle qui vitupère le fourgon, Soulié, qui a tant écrit de romans-feuilletons où défilent des personnages de toute catégorie, fait, par allusion à Eugène Sue, mais sans le nommer, ni lui ni ses Mystères de Paris, une acerbe critique de ce genre d’ouvrages: «Il se créera bientôt une littérature consacrée à l’histoire de la loge, de la mansarde, du cabaret; les héros en seront des portiers, des marchands d’habits, des revendeuses à la toilette; la langue sera un argot honteux, les mœurs des vices de bas étage, les portraits des caricatures stupides...» (Les Mémoires du Diable, t. I, p. 285; M. Lévy, 1861.)
Dans son roman Le Secret d’une renommée, suivi de La Tache originelle (Librairie nouvelle, 1859), Stéphen de la Madelaine (1801-1868) ne se contente pas de faire souffler en Lorraine le méridional et méditerranéen sirocco: «A Metz,... on dirait que le vent de sirocco, qui souffle des montagnes environnantes pendant dix mois de l’année...» (p. 169), il abuse de ces métaphores astronomiques:
«Cet homme était une étoile détachée du firmament de la célébrité; peut-être la plus radieuse de toutes.» (Page 125.)
«Bernard Cadussias, ci-devant marquis de Rochebrune..., l’une des étoiles de la littérature française, était installé chez le patron en qualité de garde forestier.» (Page 156.)
«Il était, comme tout le monde le savait, marquis de Rochebrune,... un astre tombé du firmament littéraire. Mais l’étoile qui avait caché ses feux sous la bruyère des montagnes ne voulait plus remonter à l’empyrée», etc. (Page 159.)
Mérimée (1803-1870), si réputé cependant pour la pureté de son style, écrit à plusieurs reprises: le Dante, du Dante (Colomba, p. 30; Charpentier, 1862), et, dans ce même roman (p. 31), nous rencontrons cette phrase bizarre: «Colomba poussa un soupir,... enfin, mettant la main sur ses yeux, comme ces oiseaux qui se rassurent et croient n’être point vus quand ils ne voient point eux-mêmes, chanta, ou plutôt déclama...»