Récréations littéraires, curiosités et singularités, bévues et lapsus, etc.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
| PRÉAMBULE | |
| Pages. | |
| Des bévues et non-sens littéraires, leurs causes les plus fréquentes. | 9 | 
| Emploi irréfléchi de locutions courantes et de lieux communs (Armand Silvestre, Bussy-Rabutin, Bruyn). | 9 | 
| Pléonasmes (Claude Tillier, Octave Feuillet, Émile Souvestre, Louis Blanc, H. de Balzac, George Sand, Émile Zola, Alphonse Daudet, Barbey d’Aurevilly). — Inadvertances et ignorances (Léopold Stapleaux, Jules de Goncourt, H. de Villemessant, Émile Richebourg, Géruzez, Tallemant des Réaux, P.-L. Courier, J.-J. Rousseau, Lope de Vega, H. de Balzac, Henri Rochefort). | 10 | 
| Locutions vicieuses (Littré, son dictionnaire, sa compétence «universellement reconnue» [Francisque Sarcey], Sainte-Beuve, Voltaire, Émile Deschanel, Émile Faguet, etc.). | 11 | 
| Manques de goût et de sens critique. — Alliance de pensées disparates (Mme de Sévigné, Saint-Simon, Voltaire, Toussenel). | 15 | 
| Style figuré (Voltaire, Balthazar Gracian, Cyrano de Bergerac, Alexandre Dumas père, Dr Félix Maynard, Philippe Desportes, L’Arétin, Molière, etc.). — Réminiscences mythologiques (Mme Giroust de Morency). — Marinisme, gongorisme (le cavalier Marin, Gongora), euphuïsme. — Un vœu de P.-L. Courier. | 16 | 
| I. — POÈTES ET AUTEURS DRAMATIQUES I  | 
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| Pierre Corneille. Concetti, Cacophonies et Calembours (vicomte d’Arlincourt, Alexandre Dumas père, Lemierre, J.-B. Rousseau, Voltaire, l’abbé Pellegrin, l’abbé Abeille, B. Jullien, Racine, Scarron, Leblanc de Guillet, Geoffroy, Tissot, Viennet, Eugène Mathieu, Victor Hugo). Galimatias simple et Galimatias double (Boileau, l’acteur Baron, Molière, Klopstock, Victor Hugo). Vers de Corneille qu’on rencontre dans Nicole et dans Godeau. Épître à la Montauron: éloges outrés. Traduction de l’Imitation de Jésus-Christ (Jules Levallois). «Dieu n’est jamais ingrat envers ceux qui travaillent pour lui.» — Thomas Corneille. Le plus grand succès dramatique de tout le dix-septième siècle (Paul Stapfer, Laharpe). | 19 | 
| Rotrou. — Théophile de Viau. — dumonin. — Pierre du Ryer. — Jean Claveret et l’unité de lieu. — La tragédie réduite à cette question: «Mourra-t-il ou Ne mourra-t-il pas?» (Rivarol). Napoléon Ier et A.-V. Arnault. Crébillon le Tragique, Corneille et Racine. | 27 | 
| Racine. Critiqué par Chapelain. Réminiscence du romancier grec Héliodore. Remarque de Méry. Le mot diligence (Corneille, Molière, Ch.-G. Étienne). Des vers de Racine jugés «détestables» (la comtesse de Boufflers, Grimm, Mme de Polignac). Une erreur de distance. Changement de visage (Adrienne Lecouvreur, l’acteur Beaubourg). Cacophonies. Un auteur de sept ans (le duc du Maine): «Pas un académicien qui ne soit ravi de mourir pour vous faire une place.» Athalie lue par pénitence. Racine déclaré «grossier et immodeste», «ni poète ni chrétien» (le jésuite Soucié), traité de «polisson», etc. (Frédéric Soulié, Théophile Gautier, Auguste Vacquerie). Mort et enterrement de Racine (le comte de Roussy). | 29 | 
| Molière. Son style (Théophile Gautier, Gustave Flaubert, Goncourt, Fénelon, La Bruyère, Vauvenargues). L’article d’Edmond Scherer sur Molière (Georges Lafenestre, Robert de Bonnières). Acceptions des mots flamme, cœur, main, etc. (Corneille, Crébillon, Fénelon, Massillon, Gaston Boissier, Marivaux, Tallemant des Réaux, Jules Sandeau, Benserade, etc.). Singularités de prosodie chez Molière. Anachronismes. Cacophonies. Locutions favorites de Molière. Vers de Molière qu’on rencontre dans Corneille et dans La Fontaine. L’Avare de Molière offre d’excellents principes d’économie (Laharpe). Remarque de Sainte-Beuve. | 35 | 
| II | |
| Ronsard. — Desmarets de Saint-Sorlin. — Du Bartas. Sa gloire sans rivale (Gabriel Naudé, Sainte-Beuve, la princesse Palatine, Richelieu). — Malherbe. Une ode qui arrive trop tard (le duc de Bellegarde, le président de Verdun, Tallemant des Réaux). — Scudéry. | 43 | 
| La Fontaine. Ses inadvertances (Planude, Ésope, Toussenel, Chateaubriand). Emploi du mot femme: la femme du lion (Chateaubriand, Mérimée, Mme de Montebello). Autres particularités (Voltaire, Diderot). Dédicaces hyperboliques (le duc de Bourgogne, le duc de Vendôme). Libertés scéniques de La Fontaine (Rotrou, Tabarin). Irrégularités de prosodie. Cacophonies. Fréquence de la rime hommes et nous sommes (Victor Hugo, Chamfort). Orthographe de La Fontaine. | 45 | 
| Boileau (Juvénal, l’abbé Cotin, Longin). — Regnard. Ses emprunts à Molière. — Crébillon le Tragique. La cheville «en ces lieux» (Laharpe, Voltaire). — L’abbé Desfontaines. — Piron. Un acteur qui se poignarde d’un coup de poing. — La Chaussée (Corneille). | 51 | 
| III | |
| Voltaire, «le plus grand homme en littérature de tous les temps» (Gœthe), «le vrai représentant de l’esprit français» (Sainte-Beuve). Théâtre de Voltaire: anecdotes diverses (Corneille; Georges Avenel, son édition des œuvres de Voltaire; Pierre de Villiers, Émile Deschanel; l’acteur Paulin, Mlle Desmares, Lekain, Larive). Voltaire et la petite-nièce de Corneille. Les vingt et un volumes de L’Encyclopédie. Abus des mots horreur, fatal, affreux (Laharpe). Les tragédies de Voltaire jugées par Victor Hugo. Orthographe de Voltaire (Galiani, d’Olivet). | 57 | 
| L’abbé d’Allainval (Beaumarchais, Voltaire). — Saurin. — Alexandre de Moissy. Une pièce pour sages-femmes. | 62 | 
| Sedaine. Ses répétitions de mots. Ses redoublements de locutions en guise de superlatif (François Génin). «J’allongerai». Ses incorrections. — Lemierre. Le vers du siècle. | 63 | 
| Beaumarchais. L’adjectif sensible au dix-huitième siècle (J.-J. Rousseau, Florian, Michelet, les Goncourt). «Chaque siècle a son terme favori» (Paul Stapfer), et chaque écrivain a ses termes de prédilection (Joubert et Sainte-Beuve). | 65 | 
| Dorat. — Chamfort. «La Charité romaine». — Desforges. Phrases inachevées (Jacques de la Taille). — Florian. Autres phrases interrompues. | 66 | 
| IV | |
| Le culte de la périphrase (Voltaire, Buffon). Périphrases courantes: les auteurs de mes jours, les gages de ma tendresse, un jeune objet, etc. (J.-J. Rousseau, Florian). — Écouchard Lebrun et le «périphrastique» Delille (Sainte-Beuve, Ginguené, Andrieux, Victor Hugo, Marmontel, Gustave Flaubert, Grimod de la Reynière, Pierre-Antoine Lebrun, etc.) Locution favorite de Delille. Ses succès. Sa mémoire prodigieuse. (Charles Brifaut, Charles Rozan, Sainte-Beuve). | 69 | 
| Chateaubriand. Il préférait ses vers à sa prose. Sa tragédie de Moïse (Henri de Latouche, Victor Hugo, Henri Monnier, Adolphe Brisson). Prédilections particulières de certains écrivains et artistes: «Le violon d’Ingres» (Gœthe, Sainte-Beuve, Lamartine, Molière, J.-J. Rousseau, Quentin de La Tour, Girodet-Trioson, Alfieri, Byron, Cherubini, Canova, Ingres, Gainsborough, Rossini, Alexandre Dumas père, Gavarni). Singuliers jugements et vœux de Chateaubriand (Bonaparte, les sœurs de Chateaubriand, l’abbé Carron, Ginguené, Persil). La locution Tuer le mandarin (J.-J. Rousseau, Balzac). La gloire littéraire (Chateaubriand, Sainte-Beuve, Napoléon, Edmond de Goncourt, Malherbe, Andersen, Edgar Quinet, Montaigne, Cicéron, Salluste, Montesquieu, Benjamin Constant, Alfred de Vigny, Huet, Remy de Gourmont, etc.). | 75 | 
| V | |
| Lamartine. Ses étourderies et incohérences. La phrase du chapeau, de l’académicien Patin, et autres phrases de longue haleine (Léon Cladel, Ferdinand Brunetière). Autres étourderies de Lamartine (Drouet d’Erlon, La Valette, maréchal Ney, M.-J. Chénier, Mme Cottin, Annibal confondu avec Alcibiade, etc.). Toujours de l’à peu près chez Lamartine (Sainte-Beuve). Le Lac et l’académicien Thomas. Lamartine accusé d’indécence. Jugements de Lamartine sur Rabelais, La Fontaine, Molière, Ossian, J.-J. Rousseau, André Chénier, Ponsard, etc. Flaubert très dur pour Lamartine. «De qui sont ces beaux vers?» (Lamartine, La Fontaine). | 81 | 
| Alfred de Vigny. — Auguste Barbier. Le substantif Centaure (Alexandre Dumas père, Gustave Chadeuil, Timothée Trimm, Paul de Kock, J.-J. Barthélemy). — Gérard De Nerval. | 87 | 
| Alfred de Musset (Saint-Amant, Maurice Donnay, Mirabeau, Corneille, J.-J. Rousseau). — Théophile Gautier. Ses bizarreries et ses inadvertances, particulièrement dans son livre Les Grotesques (Sainte-Beuve). «Dante» et non «Le Dante». Emploi des termes techniques (Émile Faguet). «Il faut, dans chaque page, une dizaine de mots que le bourgeois ne comprend pas» (Théophile Gautier). | 88 | 
| Leconte de Lisle (Pongerville, Alexandre Dumas père). — Théodore De Banville. — Henri de Bornier (François Ponsard, Corneille, Henry Becque). — Sully Prudhomme (Gustave Aimard). — François Coppée. — Catulle Mendès. — Clovis Hugues (François de Nion). | 94 | 
| VI | |
| Victor Hugo. Ses erreurs, inadvertances, réminiscences, énumérations de termes rares, obscurités, jeux de mots, drôleries, etc. Caractéristiques de Victor Hugo: force, puissance, amour pour les petits et les humbles; éloge de la bonté. Discours et lettres: abus de l’antithèse. Locutions favorites. Particularités orthographiques, etc. | |
| [«Sabaoth». «La Montjoie Saint-Denis» (Casimir Delavigne, Alexandre Dumas père, etc.). — Sainte-Beuve. — «Jocrisse à Pathmos» (Louis Veuillot). — Louis Reybaud: Pastiche ou parodie de Victor Hugo. — Le «nard cher aux époux». — Eugène Noël. — Virgile familier à Victor Hugo. — Théodore de Banville, Émile Zola, Voltaire, Alfred de Musset, Ponson du Terrail. — Des regards de colombe. — Voltaire, Gabriel Marc. — L’Enfer situé dans la planète Saturne. La Légende des siècles, «la Bible et l’Évangile de tout versificateur français» (Théodore de Banville). — «Moreri, la mine où puise Victor Hugo» (Émile Faguet). — «Jérimadeth». (Paul Stapfer. — Bouillet, Victor Duruy, Jules Hoche, Jean Sigaux, Charles Chincholle. Eugène Scribe, Lamartine, Alfred de Vigny, Sainte-Beuve; le général Trochu). — Souvenir de Racine. — Livres préférés de Victor Hugo. — Mme de Staël et son ruisseau (Sainte-Beuve). — Enjambements (Andrieux, Mary-Lafon, etc.). — «Vieil as de pique» (Parseval de Grandmaison, Lassailly, Alexandre Dumas père). — «Parle à Clémence». — Pierre Lebrun. — Angel de Miranda. — «Comme un vieillard en sort» (Onésime Reclus). — «Notre-Dame de Paris, le livre le plus affreux qui ait été écrit» (Gœthe). — Pierre Gringoire. — Voltaire. — «Paris, le nombril du monde.» — Eschyle. — Gustave Flaubert. — «Scélérat, l’homme qui ne pense pas comme nous» (P.-L. Courier). — Pierre Mathieu. — Arnaud de Villeneuve et sa citrouille. — Canrobert, Pélissier et Randon. — Éloge de la France. — Le mot gamin créé par Victor Hugo. — Victor Hugo adversaire du système décimal. — La paix perpétuelle. — Un saint-simonien. — Discours de Victor Hugo (George Sand, Louis Blanc). «Dans confrères il y a frères». — Victor Hugo salué du nom de père. (Émile Augier, Jules Claretie). — «Applaudir des deux mains». — Lettres de Victor Hugo (Charles Bataille, Garibaldi, Paul de Saint-Victor, Mme Mollard, Edmond Haraucourt, Julien Larroche, Mme Louise Colet). — Pastiche de Victor Hugo par Jules Vallès. — Rimes fréquentes chez Victor Hugo. Etc. etc.] | 99 | 
| VII | |
| Poètes symbolistes ou décadents, humoristes, etc. — Paul Verlaine. — René Ghil. — «La clarté est le génie de notre langue» (Voltaire). — «Le style est comme le cristal: sa pureté fait son éclat» (Victor Hugo). — «Le goût de l’extraordinaire, signe de médiocrité.» (Diderot). (Baudelaire, Lucien de Samosate). | 131 | 
| Stéphane Mallarmé (Adolphe Brisson). — Jean Moréas. — Jules Laforgue. — Suppression de la ponctuation. — Voltaire. — «Le commun des hommes admire ce qu’il n’entend pas» (La Bruyère; — et Montaigne, le cardinal de Retz, Corneille, Théophile Gautier, Balzac, Destouches, Alexandre Dumas fils, Frayssinous). — Critique des décadents (Jules Tellier, Paul Stapfer, Max Nordau, Paul Verlaine, Gabriel Vicaire, Edmond de Goncourt, Maynard). | 133 | 
| Arthur Rimbaud et son Sonnet des voyelles. Riposte de René Ghil. — Le clavecin oculaire du Père Castel (Diderot, J.-J. Rousseau, Lefèvre-Deumier, Dr Foveau de Courmelles). | 137 | 
| Autres singularités à propos des couleurs et des lettres de l’alphabet (Toussenel, Théophile Gautier et sa Symphonie en blanc majeur, Léon Gozlan). — Ernest d’Hervilly. Les couleurs appliquées aux prénoms féminins. — Le chevalier de Piis. Son poème sur l’Harmonie imitative de la langue française et sur nos caractères alphabétiques. — Auguste Barthélemy et les lettres de l’alphabet. — Victor Hugo et sa description des lettres de l’alphabet. | 138 | 
| Curiosités poétiques: Épître à l’impératrice Eugénie (Mérimée, Gustave Claudin). — Distiques de Marc-Monnier, Fantaisie d’Alphonse Allais, Début d’un compliment en vers adressé à Alexandre Dumas père. | 141 | 
| VIII | |
| Auteurs dramatiques. — Collin d’Harleville. — Andrieux. — Flins des Oliviers (Lebrun-Pindare). Une douleur qui s’exprime en chantant (Saint-Évremond). — Le soleil en pleine nuit. — Luce de Lancival. — M.-J. Chénier et la locution Briller par son absence (Tacite, Camille Desmoulins). — Théâtre de la Révolution (Ferdinand Brunetière). | 143 | 
| Nicolas Brazier. Un singulier bibliothécaire. Le savant Antoine-Alexandre Barbier. Palinodies littéraires (vicomte d’Arlincourt, Brifaut, etc.). | 146 | 
| Eugène Scribe. Le coin d’une assiette. Anachronisme. (Molière). — Saint-Georges et Leuven (Villemessant). — Canevas d’opéra-comique (Alfred et Paul de Musset) et scénario de tragédie (Rivarol). | 148 | 
| Casimir Delavigne. Anachronismes et incorrections. Prodiges de mémoire (Piron, Delille). Une comparaison doublement blessante (Théophile Gautier, Casimir Delavigne et le peintre Paul Delaroche). | 150 | 
| Duvert et Lauzanne. Ange-femme (Alfred de Vigny). Facéties et pasquinades (vicomte d’Arlincourt.) — Henri Rochefort. La Lanterne (Jules Claretie, Pierre Véron, Jules Levallois, etc.). | 151 | 
| Ernest Legouvé et son père J.-B.-Gabriel Legouvé. La passion de l’inexactitude. (Corneille, Racine, Sully Prudhomme, etc.) Encore les périphrases. — François Ponsard. — Vers prosaïques. Ch.-G. Étienne, Sainte-Beuve, Victor Hugo, Gabriel Marc. — Émile Augier. — Camille Doucet. — Etc. | 154 | 
| Eugène Labiche. — Auguste Vacquerie (La Vénus de Milo, l’ébéniste Boule, etc.). — Théodore Barrière. | 158 | 
| Curiosités théâtrales: Fernand Desnoyers et sa pantomime en vers; Villiers de l’Isle-Adam et son drame en un acte, une scène et une phrase. — Contrepetteries, facéties, drôleries théâtrales (Voltaire, l’acteur Febvre, Paul de Kock, Justin Bellanger, Victor Hugo, M.-J. Chénier, A. de Chambure, Auguste Vacquerie, l’acteur Rouvière, l’acteur Paul Laba, Félix Duquesnel, Casimir Delavigne, Corneille, Alexandre Dumas père et Gaillardet, Arnault, Alphonse Karr, Alphonse Lafitte, Molière, Sedaine, l’imprésario Léger, Henri Welschinger, Aurélien Scholl, le censeur Planté, Siraudin et Delacour, etc.). | 162 | 
| II. — ROMANCIERS I  | 
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| Scarron. L’adjectif comique. L’art des transitions (Chamfort), Les anachronismes dans le burlesque. — Charles Perrault. Singuliers contes pour les enfants. — Lesage. Abus du passé défini. Moribonds qui parlent trop. | 169 | 
| J.-J. Rousseau. Encore l’adjectif sensible. «Aucun homme ne fut meilleur que moi.» Rêve de bonheur. — Florian. — Sterne. — Charles Dickens. | 171 | 
| Marmontel. Suppression des incidentes dit-il, dit-elle, et drolatiques remplacements de ce verbe (Alexandre Dumas père, Léon Cladel, Auguste Saulière). Marmontel candidat académique (Moncrif): il est difficile de contenter tout le monde. | 173 | 
| Pigault-Lebrun. — Ducray-Duminil. (Chateaubriand, Mme de Staël, Staaff). «L’auteur est un homme d’esprit qui prendra sa revanche.» | 175 | 
| Charles Nodier. Tirage à la ligne (P.-J. Proudhon, Alexandre Dumas père). — Stendhal. Son idéal du style (Mme de Staal-Delaunay, Émile Deschanel, Ferdinand Brunetière). — Henri de Latouche. | 176 | 
| Paul de Kock (Louis Reybaud, H. de Balzac). Portrait de Paul de Kock sur un reposoir (Goncourt). — Méry. — Topffer. Mots détournés de leur signification. | 178 | 
| II | |
| Honoré de Balzac. Obscurités voulues et bizarreries et tares involontaires (Bertall, Émile Faguet, Théophile Gautier, Destouches, Montaigne, cardinal de Retz, La Bruyère, etc.). Un regard de serpent. Inadvertances (Marcel Barrière). Aveugles qui voient clair (John Lemoinne, Émile Pouvillon, etc.). Anachronismes, etc. Erreurs commises à propos des fleurs (Alphonse Karr, H. de Balzac, Jules Janin, George Sand). Les Contes drolatiques (Barbey d’Aurevilly, Mme Surville, etc.). Abus de la conjonction car. Une précaution oratoire fréquente chez Balzac. | 181 | 
| Philarète Chasles. — Henri Monnier. — Louis Reybaud. | 186 | 
| Frédéric Soulié. Confusion qui règne dans ses romans. Critique décochée à Eugène Sue. — Stéphen de la Madelaine. — Mérimée. | 186 | 
| III | |
| Alexandre Dumas père. Encore un regard de serpent. Rôle des serpents et autres animaux dans les romans de Dumas père. Anachronismes, étourderies et drôleries. Encore «le meilleur des hommes» (J.-J. Rousseau). Une phrase de Chateaubriand. L’aéronaute Petin. Singulière théorie de la télégraphie électrique. Abus du dialogue et tirage à la ligne. (Ponson du Terrail). La cuisinière Çaufy (Sophie: le docteur Véron). | 191 | 
| Charles de Bernard. A quel âge est-on un vieillard? Mots tombés en désuétude (Voltaire, Saint-Simon). — Eugène Sue. — Émile Souvestre (Molière). | 197 | 
| IV | |
| Alphonse Karr. Abus du tiret. Le mot restaurant dans le sens de restaurateur; roman signifiant romancier (Montesquieu). Arbres merveilleux. — Galoppe d’Onquaire (Paul Féval, Mario Uchard, Guy de Maupassant, Émile Pouvillon). — Jules Sandeau. Fréquentes comparaisons avec les animaux. | 199 | 
| Barbey d’Aurevilly. Flaubert ne l’aimait pas, et qualifiait ses œuvres de grotesques: «On ne va pas plus loin dans le grotesque involontaire». Jugements draconiens. Barbey d’Aurevilly jugé par Champfleury. Beaumarchais et ses castagnettes. | 201 | 
| Amédée Achard. Encore les comparaisons avec les serpents et autres animaux (H. de Balzac, Alexandre Dumas père, Ponson du Terrail). Style emphatique des romans-feuilletons. — Eugène Fromentin. — Octave Feuillet. Le qualificatif adorable (Alexandre Dumas fils, Edmond de Goncourt, Georges Ohnet, Alexis Bouvier, Jules Levallois). Autres adjectifs hyperboliques: délicieux, exquis, ravissant (Paul de Kock). | 202 | 
| V | |
| Champfleury et Henry Murger. Ils abondent tous les deux en pathos et drôleries. (L’abbé Châtel, P.-J. Proudhon.) Dictionnaires de Boiste, de Wailly... et de Poche (Poitevin, Hippolyte Babou, Louis Veuillot). Un vieillard de cinquante ans. Flaubert s’alarmant de la publication des Bourgeois de Molinchart. — Comment, d’après Schanne dit Schaunard, Murger et Banville ont vu Mimi. | 207 | 
| VI | |
| Gustave Flaubert. Ses erreurs, ses barbarismes et solécismes (Mme Louise Colet, Émile Faguet). Il reproche à Stendhal d’écrire mal, et à Lamartine de ne pas bien savoir le français. (Le grammairien Girault-Duvivier). | 213 | 
| Jules et Edmond de Goncourt. Les rossignols pendant l’hiver; mœurs des oiseaux (Berquin). Drôleries et charabia. Abus du verbe «mettre» (Champfleury). Les Goncourt font peu de cas du style de Flaubert (Flaubert et son drame sur Louis XI); — tronquent quantité de mots. L’école du document humain. | 217 | 
| Alphonse Daudet. Les Méridionaux «ne savent pas écrire la prose française» (Alphonse Daudet; — J.-J. Rousseau). | 221 | 
| Émile Zola. Citations curieuses, mais imprécises et douteuses (saint Bonaventure, saint Thomas d’Aquin). Goût des femmes pour les hommes chauves. La nouvelle lune. La clarinette et la flûte (Edmond de Goncourt). «Saleté, sale, salir», termes fréquents chez Zola. «Je suis une force.» | 222 | 
| J.-K. Huysmans. La musique des liqueurs de Des Esseintes comparée au Sonnet des voyelles de Rimbaud. Encore l’abus du verbe «mettre» (Goncourt, Zola, etc.). | 224 | 
| VII | |
| Gustave Claudin. — Alfred Assollant. — Edmond About. Un hasard providentiel (Gustave Flaubert, Francisque Sarcey). — Jules Verne. — Victor Cherbuliez. — Ferdinand Fabre. — Alexandre Dumas fils. — Gustave Droz (Lamartine). — André Theuriet. | 227 | 
| Jules Vallès. Une gaffe macabre. — Léon Cladel. Phrases interminables et autres bizarreries de style. Encore un moribond dont la langue est infatigable. Léon Cladel jugé par Camille Lemonnier et comparé à Baudelaire. Ses vers à Victor Hugo. | 229 | 
| Jules Claretie. — Charles Chincholle. — Anatole France. — Léon Duvauchel. — Jean Lorrain. — Paul Margueritte. — Remy Saint-Maurice. | 232 | 
| VIII | |
| Romanciers populaires. — Ponson Du Terrail (Aurélien Scholl, Gustave Flaubert). Lapsus et bévues. La main froide d’un serpent. Rôle des serpents dans les romans (Balzac, Alexandre Dumas père, Amédée Achard). Rôle des anges dans les romans de Ponson du Terrail. Anachronismes (Molière, Ignace de Loyola). | 235 | 
| Adolphe Dennery. — Gustave Aimard (Sully Prudhomme). — Albert Blanquet. — Gontran Borys. — Paul Saunière. — Léopold Stapleaux (Aurélien Scholl). — La Vénus de Milo: Auguste Vacquerie, Charles Mérouvel, Amédée de Bast, Jules de Gastyne, etc. — Alexis Bouvier. | 237 | 
| Incohérences et drôleries diverses commises par les feuilletonistes. (M. Marcel France). — Noms à donner aux personnages des romans afin d’éviter les réclamations (Ferdinand Fabre, Alphonse Daudet, Louis Ulbach, Émile Zola; système d’Eugène Chavette). | 240 | 
| Table analytique des matières. | 243 | 
2345-20. — CORBEIL. IMPRIMERIE CRÉTÉ.
NOTES
[1] En règle générale, je n’indique le nom de l’éditeur et la date de publication que pour les ouvrages ayant eu plusieurs éditions différentes, et je ne mentionne le lieu de publication que pour les ouvrages édités ailleurs qu’à Paris.
[2] «Bi-hebdomadaire, adj. Qui se fait, qui paraît toutes les deux semaines. C’est à tort que l’on prend bi-hebdomadaire comme signifiant qui se fait, se publie deux fois par semaine. Il faut dire en ce sens: semi-hebdomadaire.
«Bimensuel, elle, adj. Qui se fait, qui paraît tous les deux mois, par opposition à semi-mensuel, qui s’applique à ce qui se fait, qui paraît deux fois par mois. — C’est une erreur de prendre bimensuel pour exprimer deux fois par mois. Bisannuel signifie non pas deux fois par an, mais qui se fait tous les deux ans, qui dure deux ans. Bimensuel ne veut pas plus dire deux fois par mois que trimestriel ne veut dire trois fois par mois.» (Littré, Dictionnaire, Supplém.)
C’est toujours à Littré que je me réfère de préférence, en raison de son indulgence et de sa judicieuse logique, et surtout parce que, chez lui, ce ne sont pas les grammairiens, mais nos grands écrivains, qui tranchent les difficultés et prononcent les arrêts. «Le Dictionnaire de Littré... Cette œuvre immortelle renferme, sur le judicieux emploi de chaque terme, sur le sens et l’histoire de chaque mot, des explications et des exemples qui sont une mine inépuisable pour le grammairien. On ne saurait trop admirer et pratiquer ce prodigieux dictionnaire, dont les ressources, presque infinies, ne seront jamais assez connues ni assez appréciées du public.» (A. Brachet et J. Dussouchet, Grammaire française, Cours supérieur, Préface, p. VIII; Hachette, 1888.) «... Littré, dont la compétence est universellement reconnue.» (Francisque Sarcey, L’Estafette, 22 juin 1886.)
[3] «Cette locution, dans le but de, est très usitée présentement, mais elle n’est pas aisée à justifier. On n’est pas dans un but, car si on y était, il serait atteint... Dans n’a pas le sens de pour... Cette locution ne pouvant s’expliquer... doit être évitée; et, en place, on se servira de: dans le dessein, dans l’intention, à l’effet de, etc.» (Littré.)
[4] «Locution qu’on entend et qu’on lit tous les jours, mais qui est vicieuse; car on atteint un but, on ne le remplit pas... Cette faute doit être évitée soigneusement.» (Littré.)
[5] «Chaque ne doit pas se confondre avec chacun; chaque doit toujours se mettre avec un substantif auquel il a rapport; chacun, au contraire, s’emploie absolument et sans substantif. C’est une faute de dire: ces chapeaux ont coûté vingt francs chaque; il faut vingt francs chacun.» (Littré.) En d’autres termes, chaque est un adjectif, et chacun est un pronom.
[6] «Être court d’argent, et non être à court d’argent, qui est une locution fautive, puisque rien n’y justifie la préposition à.» (Littré, art. Court, Remarque 3.)
[7] «Fortuné ne doit pas être employé pour riche; c’est une faute née de ce que fortune, entre autres significations, a celle de richesse. Dans la logique du peuple, un homme fortuné est nécessairement un homme riche; c’est un barbarisme très commun dans la langue, et qui provient d’une erreur très commune dans la morale.» (Charles Nodier, dans Littré.) Fortuné dérive du latin fortuna, sort, destin, succès, etc., et, de même qu’un homme infortuné peut être riche, un homme fortuné peut être très pauvre; le premier subit des malheurs, des infortunes; le second a du bonheur, de la chance, etc. Fortuné ne signifie pas plus qui a de la fortune, que successif ne signifie qui a du succès.
[8] «Quelques Gascons hasardèrent de dire: J’ai fixé cette dame, pour: Je l’ai regardée fixement, j’ai fixé mes yeux sur elle. De là est venue la mode de dire: Fixer une personne. Alors vous ne savez point si on entend par ce mot: J’ai rendu cette personne moins incertaine, moins volage; ou si on entend: Je l’ai observée, j’ai fixé mes regards sur elle.» (Voltaire, Dictionnaire philosophique, art. Langue française; Œuvres complètes, t. I, p. 406, édit. de journal Le Siècle.)
[9] «Infime n’admet ni plus, ni moins; il est le superlatif d’inférieur.» (Littré.)
[10] «A Rome, il n’y avait pas que les esclaves qui fissent le métier de gladiateurs. Construction barbare, bien que fort usitée aujourd’hui. On n’en trouverait pas un seul exemple dans toute la littérature française avant la fin du dix-huitième siècle, dit Émile Deschanel... Grammaticalement, cette construction signifie précisément le contraire de ce qu’on veut lui faire dire quand on l’emploie aujourd’hui... Voici d’où vient la confusion: certains s’imaginent que cette tournure il n’y a pas que est l’opposé de il n’y a que; tandis qu’au fond, soit grammaticalement, soit logiquement, ces deux tournures ne sont qu’une... En effet, en ajoutant simplement le mot pas à la tournure il n’y a que, on croit ajouter une seconde négation à la première, ce qui serait nécessaire pour que l’une des tournures signifiât le contraire de l’autre; mais, en réalité, on n’y ajoute rien du tout, si ce n’est le mot pas, mot purement explétif, qui, soit qu’on le mette, soit qu’on l’omette, fait virtuellement partie de la première négation, et ne saurait, à lui tout seul, en constituer une seconde... Ne tout seul, ou, à volonté, ne pas n’est qu’une seule et même négation... (Émile Deschanel, Journal des Débats, 23 août 1860, dans Littré, art. Que, Remarque 1.) En place de la construction vicieuse: Il n’y a pas que lui qui ait fait cela, ajoute Littré (Ibid.), on dira: Il n’y a pas seulement lui qui a fait cela, ou mieux: Il n’est pas le seul qui ait fait cela. Je n’ai pas vu que lui; dites: Il n’est pas le seul que j’aie vu.» «Ce solécisme est de nos jours très répandu, dit de son côté Émile Faguet (Revue encyclopédique, 1897, p. 965). On s’imagine qu’il n’y a pas que est le contraire d’il n’y a que; c’est absurde: pas n’étant qu’un mot de renforcement, il n’y a que et il n’y a pas que signifient absolument la même chose.»
[11] «Soi-disant ne se dit jamais des choses. C’est une grosse faute que de dire: accorder de soi-disant faveurs; s’étayer de soi-disant titres.» (Littré.) Cette faute, Sainte-Beuve la commet fréquemment: «Des idées soi-disant nouvelles.» (Portraits littéraires, t. I, p. 51; nouvelle édit; Garnier, s. d.) «Style soi-disant gaulois.» (Portraits contemporains, t. III, p. 228; C. Lévy, 1882.) «La soi-disant bienséance sociale.» (Nouveaux Lundis, t. I, p. 278; C. Lévy, 1885.) Etc.
[12] «Sous le rapport de est une locution qui est devenue très commune. Elle est fort lourde et n’est pas exacte en soi. Une chose est en rapport avec une autre, est dans un certain rapport, a rapport avec; mais elle n’est pas sous un rapport; si elle était sous un rapport ou sur un rapport, elle serait en dehors du rapport; et, au fond, en s’en servant, on s’exprime inexactement. Elle ne paraît donc pas bonne à employer, et ceux qui écrivent avec pureté doivent l’éviter.» (Littré.)
[13] «Style figuré par les expressions métaphoriques qui figurent les choses dont on parle, et qui les défigurent quand les métaphores ne sont pas justes.» (Voltaire, Dictionnaire philosophique, Œuvres complètes, t. I, p. 390.)
Les Orientaux ont toujours affectionné le style «figuré»: «Le jour est sur ton visage et la nuit dans tes cheveux», écrit un Arabe à sa maîtresse, qui avait le teint blanc et les cheveux noirs. (Voltaire, Articles de journaux, IX, Œuvres complètes, t. IV, p. 626.) «Lorsque la flèche des arrêts divins est lancée par l’arc du destin, elle ne peut plus être repoussée par le bouclier de la précaution.» (Proverbe oriental, cité par Alexandre Dumas et Dr Félix Maynard, Impressions de voyage, De Paris à Sébastopol, p. 175.)
[14] Il s’agit très probablement de Balthazar Gracian (1584-1658), jésuite espagnol, «qui fut en prose ce que Gongora avait été en vers». (Larousse).
[15] Et Alexandre Dumas (Mémoires, t. VII, p. 8): «Je ne demande qu’une chose, c’est, si Dieu m’appelle à régner sur la France...»
[16] Le Siège de Paris, tragédie en cinq actes, par M. le vicomte d’Arlincourt, représentée pour la première fois sur le Théâtre-Français le 8 avril 1826 (Paris, Leroux et Constant Chantepie, 1826).
[17] Ajoutons, en note tout au moins, qu’un autre abbé, l’abbé Gaspard Abeille (1648-1718), fut victime d’une mésaventure analogue, et aussi sujette à caution d’ailleurs que celle de son confrère Pellegrin. Lors de la première représentation d’une des tragédies de l’abbé Abeille, l’actrice qui faisait le rôle d’une princesse et, au début, prononçait cet alexandrin:
Vous souvient-il, ma sœur, du feu roi notre père?
s’étant arrêtée court, ou bien la réplique tardant à venir, un loustic du parterre lança de sa plus belle voix cette riposte, désastreuse pour le succès de la pièce:
Ma foi, s’il m’en souvient, il ne m’en souvient guère!
(Edmond Guérard, Dictionnaire encyclopédique d’anecdotes, t. I, p. 13.)
Racine, qui avait, comme on sait, un talent spécial pour les épigrammes, a utilisé ce mot dans son épitaphe de l’abbé Abeille:
Ci-gît un auteur peu fêté,
Qui crut aller tout droit à l’immortalité,
Mais sa gloire et son corps n’ont qu’une même bière;
Et lorsque Abeille on nommera,
Dame Postérité dira:
«Ma foi, s’il m’en souvient, il ne m’en souvient guère!»
(Racine, Œuvres complètes, Poésies diverses, t. II, p, 215; Hachette, 1864.)
[18] On a appliqué aussi cette anecdote à d’autres vers de Corneille, à un passage de sa tragédie d’Héraclius: cf. Émile Deschanel, ouvrage cité, t. I, p. 225-226; et même ouvrage, 2e série, Racine, t. I, p. 241.
[19] Nous trouvons dans Tallemant des Réaux (Les Historiettes, t. VI, p. 282 et 318; Techener, 1862), les anecdotes suivantes, relatives à des femmes qui appelaient couramment et tendrement leurs maris Mon Cœur: «Une vieille madame Mousseaux... avoit espousé un jeune homme nommé Saint-André qui, pour n’estre pas avec elle, alloit le plus souvent qu’il pouvoit à la campagne; elle en enrageoit et escrivoit sur son almanach: «Un tel jour mon cœur est parti; un tel jour mon cœur est revenu...» Un nommé du Mousset, trésorier de France à Châlons, reçut un soufflet sur l’œil en jouant; sa femme s’écria: «Ah! mon Dieu, mon cœur est borgne». Une autre, racontant la maladie de son mari, disoit: «Je lui disois quelquefois: «Mon cœur, tirez la langue». — Dans La Croix de Berny (lettre IV, p. 44; Librairie nouvelle, 1859), l’un des auteurs, Jules Sandeau, sous le pseudonyme de Raymond de Villiers, mentionne une inscription gravée sur une roche et ainsi conçue: «Le 25 juillet 1831, deux tendres cœurs se sont assis à cette place».
[20] «Du Bartas, auparavant que de faire cette belle description du cheval, s’enfermait quelquefois dans une chambre, et, se mettant à quatre pattes, soufflait, hennissait, gambadait, tirait des ruades, allait l’amble, le trot, le galop, à courbette, et tâchait par toutes sortes de moyens à bien contrefaire le cheval.» (Gabriel Naudé, dans Sainte-Beuve, Tableau de la poésie française au seizième siècle, p. 100, note, et 397; Charpentier, 1869.) A en croire la princesse Palatine (Correspondance, t. I, p. 240; Charpentier, 1869), le cardinal de Richelieu, sans avoir l’excuse d’une description littéraire, faisait de même: «Il se figurait quelquefois qu’il était un cheval; il sautait alors autour d’un billard, en hennissant et faisant beaucoup de bruit pendant une heure, et en lançant des ruades à ses domestiques; ses gens le mettaient ensuite au lit, le couvraient bien pour le faire suer, et, quand il s’éveillait, il n’avait aucun souvenir de ce qui s’était passé.»
[21] Le nom d’Émile de la Bédollière figure bien dans le titre de l’ouvrage, au moins sur les quatre premiers tomes de cette édition; mais à peu près pour la forme uniquement, et en raison de l’importante situation que La Bédollière occupait alors au journal Le Siècle.
[22] Sur l’abus de l’adjectif sensible au dix-huitième siècle, voir Michelet, Histoire de France, tome XIX, p. 287 (Marpon et Flammarion, 1879): «C’était (la seconde moitié du dix-huitième siècle) un temps ému et de larmes faciles. La langue en témoignait. A chaque phrase, on lit sensible et sensibilité.» Etc. Et Edmond et Jules de Goncourt, La Femme au dix-huitième siècle, p. 439 (Charpentier, 1890): «Sensible, c’est cela seul que la femme veut être; c’est la seule louange qu’elle envie (à cette époque)...»
[23] Remarquons que Victor Hugo n’a pas dit autre chose dans sa Réponse à un acte d’accusation, déjà citée par nous tout à l’heure, à propos de «l’animal qui s’engraisse de glands»:
un mot
Était un duc et pair, ou n’était qu’un grimaud.
Mais la conclusion diffère: Delille s’incline et se soumet, Hugo s’insurge:
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur! plus de mot roturier!
[24] Ce que Sainte-Beuve a traduit en ces termes: «Mes écrits de moins dans le siècle, qu’aurait-il été sans moi?» (Causeries du lundi, t. I, p. 450.) Peut-être était-ce là d’ailleurs une première version lue par Sainte-Beuve dans lesdits mémoires.
Le poète et romancier danois Andersen (1805-1875) nous offre aussi un des plus frappants exemples de la vanité humaine. «Il est vrai que je suis le plus grand homme de lettres actuellement vivant, disait-il, mais ce n’est pas moi qu’il faut louer, c’est Dieu, qui m’a fait ainsi.» (Revue bleue, 20 septembre 1879, p. 273.)
[25] «La gloire veut qu’on l’aide auprès des hommes; elle n’aime pas les modestes.» (Edgar Quinet, La Révolution, t. II, p. 343, Librairie internationale, 1869; in-18.)
[26] Ailleurs (La Faustin, p. 287), Edmond de Goncourt, mieux inspiré, dit ou fait dire à l’un de ses personnages: «Au fond, la gloire, ça pourrait bien être tout simplement des bêtises: une exploitation de notre bonheur par une vanité imbécile». Et encore (Journal des Goncourt, année 1883, t. VI, p. 269): «C’est chez moi une occupation perpétuelle à me continuer après ma mort, à me survivre, à laisser des images de ma personne, de ma maison. A quoi sert?»
C’est le cas de rappeler la judicieuse réflexion de Montaigne (Essais, I, 46; t. II, p. 8-9, édit. Louandre): «O la courageuse faculté que l’espérance, qui, en un subject mortel, et en un moment, va usurpant l’infinité, l’immensité, l’éternité, et remplissant l’indigence de son maistre de la possession de toutes les choses qu’il peult imaginer et désirer, autant qu’elle veult! Nature nous a là donné un plaisant jouet!»
[27] Voir, par exemple, ce que dit Cicéron dans Le Songe de Scipion, livre VI, chap. XIV, XV et XVIII, sur la gloire humaine: «... Quelle gloire digne de tes vœux peux-tu acquérir parmi les hommes? Tu vois quelles rares et étroites contrées ils occupent sur le globe terrestre... Retranche toutes les contrées où ta gloire ne pénétrera pas, et vois dans quelles étroites limites», etc.
Et Salluste (Catilina, VIII): «De faire que les actions (et les œuvres) soient connues, c’est le pur ouvrage du hasard (fortuna); c’est lui, c’est son caprice qui nous dispense ou la gloire, ou l’oubli...»
Et Montesquieu (Pensées diverses: Œuvres complètes, t. II, p. 433; Hachette, 1866): «A quoi bon faire des livres pour cette petite terre, qui n’est guère plus grande qu’un point?»
Et Benjamin Constant (dans Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. III, p. 263, note 2): «... Le sentiment profond et constant de la brièveté de la vie me fait tomber le livre ou la plume des mains, toutes les fois que j’étudie. Nous n’avons pas plus de motifs pour acquérir de la gloire, pour conquérir un empire ou pour faire un bon livre, que nous n’en avons pour faire une promenade ou une partie de whist.»
Alfred de Vigny (Journal d’un poète, p. 183; Charpentier, 1882) a très justement comparé le sort d’un livre à celui d’une bouteille jetée à la mer avec cette inscription: «Attrape qui peut!»
«Ah! que le sage Huet (l’évêque d’Avranches) avait raison quand il démontrait presque géométriquement quelle vanité et quelle extravagance c’est de croire qu’il y a une réputation qui nous appartienne après notre mort!» (Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. II, p. 164). «... Nous ressemblons tous à une suite de naufragés qui essaient de se sauver les uns les autres, pour périr eux-mêmes l’instant d’après.» (Id., Portraits littéraires, t. III, p. 128.) «... Un peu plus tôt, un peu plus tard, nous y passerons tous. Chacun a la mesure de sa pleine eau. L’un va jusqu’à Saint-Cloud, l’autre va jusqu’à Passy.» (Id., Nouvelle Correspondance, p. 157.)
Sur l’aléa et l’inanité de la gloire littéraire, voir, dans le Mercure de France de novembre 1900, un article abondamment documenté et des plus judicieux de Remy de Gourmont.
[28] Parmi les curiosités ou les monstruosités littéraires, la phrase du chapeau, de l’académicien Patin (1793-1876), est légitimement célèbre. «C’est, a dit Robert de Bonnières (Mémoires d’aujourd’hui, 2e série p. 88), le plus mémorable exemple du plus joyeux galimatias.» Voici cette perle:
«Disons-le en passant, ce chapeau fort classique, porté ailleurs par Oreste et Pylade, arrivant d’un voyage, dont Callimaque a décrit les larges bords dans des vers conservés, précisément à l’occasion du passage qui nous occupe, par le scoliaste, que chacun a pu voir suspendu au cou et s’étalant sur le dos de certains personnages de bas-reliefs, a fait de la peine à Brumoy qui l’a remplacé par un parasol.» (Patin, Études sur les tragiques grecs, t. I, p. 114; édit. de 1842.)
«Cette phrase du chapeau était jusqu’à présent réputée comme typique et inimitable, lit-on dans la Revue encyclopédique du 15 mars 1892 (col. 473); Léon Cladel (1834-1902) l’a de beaucoup surpassée dans la suivante, qui sert de début à l’un de ses contes, Don Peyrè (dans le volume de Léon Cladel, Urbains et Ruraux, p. 107 et suiv.; Ollendorff, 1884):
«A peine eut-elle débouché des gorges de Saint-Yrieix sur le plateau marneux qui les surplombe et d’où l’on découvre, à travers l’immense plaine s’étendant du dernier chaînon des Cévennes aux assises des Pyrénées, ces montagnes dont la beauté grandiose arracha jadis des cris d’enthousiasme au peu sensible Béarnais, déjà roi de Navarre, et faillit le rendre aussi troubadour que bien longtemps avant lui l’avait été Richard Cœur de Lion, alors simple duc du Pays des Eaux, où l’on trouve encore quelques vestiges des monuments érigés en l’honneur de ce descendant de Geoffroy, comte d’Anjou, lequel seigneur, aucun historien n’a su pourquoi ni comment, ornait en temps de paix sa toque, en temps de guerre son haubert d’une branche de genêt, habitude qui lui valut le surnom de Plantagenet, porté plus tard par toute la famille française à laquelle le trône anglo-saxon, après la mort d’Étienne de Blois, le dernier héritier de Guillaume de Normandie, avait été dévolu, ma monture prit peur et manqua de me désarçonner.»
Patin s’était contenté d’égayer çà et là sa phrase de quelques incidentes bizarres; «dans celle de Léon Cladel, ajoute la Revue encyclopédique, entre le sujet et le verbe, qui n’arrive qu’au bout d’une vingtaine de lignes, se trouve intercalée une bonne partie de l’histoire de France et d’Angleterre! C’est un véritable tour de force.»
Le Larousse mensuel (juin 1913, Petite correspondance, col. 3) reproduit une phrase de Ferdinand Brunetière (1849-1907), digne pendant des précédentes, et dont je me borne à citer le début: «Il n’en est pas de même des Mémoires de Mme de Caylus, ni des Lettres de cette bonne Mme de Sévigné, dont on aurait pourtant tort de croire qu’elles doivent l’une et l’autre nous inspirer une entière confiance, étant donné d’une part, en ce qui concerne Mme de Sévigné, que nous avons affaire à une femme dont il est vrai de dire qu’encore que ses lettres, qui sont d’un de nos bons écrivains, contiennent de précieux renseignements sur les événements de la cour de Louis XIV, néanmoins peu d’auteurs ont été plus légers dans leurs informations, plus superficiels dans leurs jugements, et plus médisants à cœur-joie qu’elle ne l’a été pour le plus vif plaisir de son grand malicieux de cousin, Bussy, comte de Rabutin, et de sa pimbêche de fille, la comtesse de Grignan,» etc. Je m’arrête, n’étant pas encore arrivé à la moitié de la phrase.
[29] C’est à propos de l’Histoire des Girondins qu’Alexandre Dumas père disait de Lamartine: «Il a élevé l’histoire à la hauteur du roman». C’est bien le même Dumas qui disait: «Qu’est-ce que l’histoire? C’est un clou auquel j’accroche mes tableaux». (Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. XI, p. 463.)
[30] Théophile Gautier se plaisait à la lecture des dictionnaires (Cf. Les Jeunes-France, préface, p. 11), et emmagasinait quantité de termes techniques, rarissimes et incompréhensibles «aux bourgeois» et à tout le monde, et les glissait dans ses écrits. Voir, par exemple, son roman Partie carrée (Charpentier, 1889), dont plusieurs épisodes se déroulent, il est vrai, dans les Indes: surmé, gorotchana, siricha (p. 187); — apsara, malica, amra (p. 198); — tchampara, kesara, ketoca, bilva, cokila, tchavatraka (p. 199), etc. Dans Mademoiselle de Maupin (Charpentier, 1866): stymphalide (p. 32); smorfia (p. 150); une robe de byssus (p. 200); nagassaris, angsoka (p. 246), etc.
[31] Comparer cette orthographe Qaïn à celle d’Yaqoub, un des personnages du drame de Charles VII d’Alexandre Dumas père, qui écrit toujours Yaqoub et non Yacoub. (Cf. Théâtre complet d’Alexandre Dumas, t. II, p. 231 et suiv., Michel Lévy, 1873.)
[32] Je rencontre les mêmes pensées ou des pensées analogues dans une très belle lettre de M. Edmond Haraucourt adressée à M. Julien Larroche, le 30 novembre 1907, en tête du recueil de vers Les Voix du tombeau, par Julien Larroche (Lemerre, 1908): «... Ni dithyrambes ni réclames ne valent cette paix sereine qui se devine au fond de vous. Gardez-la comme le trésor unique, et n’enviez personne, même si le silence des critiques accueille vos poèmes: vos poèmes vous ont réjoui ou consolé, n’attendez rien de plus, et dites-vous qu’au temps où nous sommes les poètes dont on redit le nom et ceux dont on ne parle pas sont, en dépit des apparences, confondus fraternellement dans le même dédain des foules, car on ne lit les vers ni des uns ni des autres.» N’empêche que poètes et poétesses, tout comme leurs confrères en prose d’ailleurs, ne se montrent pas, d’ordinaire, si philosophes et ne se désintéressent pas aussi facilement du succès et de la célébrité.
[33] Voir ci-dessus (p. 25) Corneille disant, à propos de certains de ses vers peu intelligibles: «Tel qui ne les entendra pas les admirera»; — et (p. 94) Théophile Gautier à qui l’on attribue cette sentence: «Il faut que, dans chaque page, il y ait une dizaine de mots que le bourgeois ne comprend pas». C’était aussi, comme nous le verrons plus loin (p. 181), l’opinion de Balzac.
[34] Il s’appelait Claude-Marie-Louis-Emmanuel Carbon de Flins des Oliviers, et la multiplicité de ses noms lui attira cette épigramme de Lebrun-Pindare:
Carbon de Flins des Oliviers
A plus de noms que de lauriers.
(Cf. Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, t. I, p. 219, note 1; édit. Biré.)
[35] Aussi des poètes, voire de plus illustres, n’ont-ils pas hésité à faire ange du féminin:
C’est une femme aussi, c’est une ange charmante.
(Alfred de Vigny, Éloa, Poésies complètes, p. 14; Charpentier, 1882.)
[36] Cf. Victor Hugo, La Pitié suprême, XIV, p. 150 (Hetzel-Quantin, s. d. in-16):
Être le guérisseur, le bon Samaritain
Des monstres, ces martyrs ténébreux du destin,
Etc., etc.
[37] Une curieuse et amusante aventure arriva à Marmontel, précisément comme il briguait les suffrages académiques. «... Désirant avec ardeur une place à l’Académie, Marmontel prit le parti de louer, dans sa Poétique française, presque tous les académiciens vivants dont il comptait se concilier la bienveillance et obtenir la voix pour la première place vacante. Il se fit presque autant de tracasseries qu’il avait fait d’éloges; personne ne se trouva assez loué, ni loué à son gré. Il avait cité de Moncrif un couplet avec les plus grands éloges; Moncrif prétendit qu’il fallait citer et transcrire la chanson tout entière ou ne point s’en mêler.» (Correspondance de Grimm, t. I, p. 337-338; Buisson, 1812.)
[38] Cf. Chateaubriand (Génie du christianisme, VI, 5; t. I, p. 169; Didot, 1865): «L’enfant naît, la mamelle est pleine; la bouche du jeune convive n’est point armée, de peur de blesser la coupe du banquet maternel.»
[39] Sur les mystifications commises par Charles Nodier, voir mon ouvrage Mystifications littéraires et théâtrales, p. 89 et suiv. (Fontemoing, 1913).
[40] Nous avons vu aussi (p. 94 et 135) le même système préconisé plus ou moins sérieusement par Théophile Gautier: «Il faut, dans chaque page, une dizaine de mots que le bourgeois ne comprend pas», etc. Et (déjà cité p. 136) Destouches (La Fausse Agnès, I, 2): «La baronne. Cet endroit-ci n’est pas clair, mais c’est ce qui en fait la beauté. — Le baron. Assurément. Quand je lis quelque chose, et que je ne l’entends pas, je suis toujours dans l’admiration.» Cf. aussi Montaigne, le cardinal de Retz, La Bruyère, etc., cités par nous p. 135-136.
[41] J.-J. Rousseau, nous l’avons vu (Cf. ci-dessus, p. 172), a encore été bien plus loin, lui: «... Moi qui me suis cru toujours et qui me crois encore, à tout prendre, le meilleur des hommes...» (Les Confessions, II, x; t. VI, p. 85; Hachette, 1864.)
[42] La même anecdote a été appliquée à une autre Sophie, cuisinière du docteur Véron.
[43] Barbey aimait ces verdicts draconiens et sans appel. De même qu’il voulait condamner Flaubert à ne plus écrire, il déclarait qu’«à dater des Contemplations, M. Hugo n’existe plus». C’est fini de lui. (Le Larousse mensuel, octobre 1912, p. 539.) Voir aussi Barbey d’Aurevilly, Dernières Polémiques, Un Poète prussien, p. 43-48; Savine, 1891.
[44] Cette phrase comique a été souvent citée, mais parfois altérée et amplifiée. Poitevin (La Grammaire, les Écrivains et les Typographes, p. 225) la donne ainsi: «Le pépin du mécontentement n’allait pas tarder à pousser dans son cœur.» Hippolyte Babou (La Vérité sur le cas de M. Champfleury, p. 31) ajoute tout un membre de phrase qui rend la métaphore plus grotesque: «Le pépin du mécontentement devait produire un arbre touffu sous lequel s’abriteraient les mauvaises langues.»
[45] Voici le texte complet de cette phrase, avec sa ponctuation, tel qu’on le trouve dans la première édition de Bouvard et Pécuchet, établie d’après le manuscrit même de Flaubert. Ce texte a été modifié dans des éditions suivantes: «Mais le plus beau, c’était dans l’embrasure de la fenêtre, une statue de saint Pierre! Sa main droite couverte d’un gant serrait la clef du Paradis. De couleur vert-pomme, sa chasuble, que des fleurs de lis agrémentaient, était bleu-ciel, et sa tiare très jaune, pointue comme une pagode.»
[46] Girault-Duvivier, qui est loin d’avoir l’esprit large, tolérant, éclairé et judicieux de Littré, condamne, en effet et bien entendu, et l’Académie pareillement, les locutions de Flaubert citées ci-dessus: cf. la Grammaire des Grammaires, principalement les «Remarques détachées», t. II, p. 1051-1291 (Cotelle, 1859).
[47] Berquin (1749-1791) commet, lui, une autre erreur, à propos des rossignols: il en fait chanter deux ensemble et tout près l’un de l’autre, ce qui n’a jamais lieu. «Deux rossignols allèrent se percher près de là, sur le sommet d’un berceau de verdure, pour la réjouir (une jeune fille) de leurs chansons de l’aurore.» (L’Ami des enfants, Clémentine et Madelon, p. 28; Lehuby, s. d.)
[48] A propos de Gustave Flaubert, on lit, dans le Journal des Goncourt (t. V, p. 79), que le futur auteur de Madame Bovary avait composé, étant encore au collège, un drame sur Louis XI, où un malheureux s’exprimait en ces termes: «Monseigneur, nous sommes obligés d’assaisonner nos légumes avec le sel de nos larmes.»
[49] Jean-Jacques Rousseau, né à Genève et dont le français n’était pas très pur, allait plus loin encore et englobait toute la province dans cet ostracisme: «Il y a une certaine pureté de goût et une correction de style qu’on n’atteint jamais dans la province, quelque effort qu’on fasse pour cela.» (Lettre à M. Vernes, 4 avril 1757: Œuvres complètes de J.-J. Rousseau, t. VII, p. 67; Hachette, 1864.) Mais ce qui était vrai du temps de Rousseau ne l’est plus, ou du moins plus autant, de nos jours.
[50] Camille Lemonnier, dans la préface de Héros et Pantins (p. xiii-xiv), apprécie en ces termes le labeur littéraire de Léon Cladel: «... Il va jusqu’à épuiser l’artifice des plus subtiles rhétoriques, en variant incessamment la tournure des phrases et le choix des mots, en ne permettant pas qu’un même vocable reparaisse dans tout le cours d’un livre, et d’autres fois en prohibant même, en tête des alinéas, le retour d’une même lettre initiale. C’est encore là le secret de ces terribles phrases kilométriques dont se gaussent fort impertinemment des stylistes sans haleine, las et pantois au bout de dix mots, et qui, enchevêtrées d’incidentes, avec des circonlocutions nombreuses et des arabesques emmêlées comme les sinuosités d’un labyrinthe, rampent à la façon des ronces ou se dressent à la façon des chênes, touffue végétation du style, où chantent, et sifflent, et chuchotent les idées, ces oiseaux de l’esprit.» On pourrait d’ailleurs dire de Léon Cladel ce que lui-même a dit de Baudelaire, dans la dédicace de La Fête votive (p. 6; Lemerre, 1882): «Un mot le préoccupait au point de l’empêcher de dormir pendant huit nuits consécutives, une phrase le persécutait un mois durant, telle page des années; et c’est ainsi qu’au prix des plus cruels sacrifices, il forma... ligne à ligne sa prose».
[51] Glissons, en bas de page, cette savoureuse anecdote relative à l’illustre créateur de Rocambole. Ponson du Terrail fit un jour, «contre Aurélien Scholl, le pari que, dans toutes les petites villes, dans tous les villages où ils iraient ensemble, ils ne trouveraient personne qui n’eût lu ses ouvrages, tandis qu’à peine un petit nombre de lettrés connaîtraient le nom de Flaubert». Et Ponson gagna le pari. (Paul Stapfer, Des Réputations littéraires, t. II, p. 249.)
[52] Bien des anecdotes et plaisanteries ont été contées à propos de la Vénus de Milo; en voici quelques-unes:
Un concierge déménage une Vénus de Milo en plâtre et la brise. Fureur du locataire. «Il n’y a pas tant de mal, riposte le concierge: elle avait déjà les bras cassés». (Le National, 29 janvier 1885.)
A l’hôtel Drouot, un garçon novice pose sur la table une terre cuite représentant la fameuse Vénus de Milo, et, s’essuyant les mains, il dit sans malice au public: «Si l’on trouve les bras, on les donnera.» (L’Opinion, 13 octobre 1885.)
Un habitant de San Francisco avait commandé à Paris une statue de la Vénus de Milo. Elle lui fut expédiée. Le destinataire a intenté un procès à la Central Pacific Company sous le prétexte que la Vénus lui était parvenue sans bras, c’est-à-dire mutilée. Le plus fort, dit-on, c’est que le juge a condamné la Compagnie à payer une indemnité à ce destinataire. (Le Radical, 19 mars 1887.)
Note de transcription
- Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.
 - L’orthographe d’origine a été conservée. La ponctuation n’a pas été modifiée hormis quelques corrections mineures. Les points de suspension ont été normalisés à trois points.
 - Les numéros des pages blanches n’ont pas été repris.
 - Les notes ont été renumérotées et placées à la fin du livre.
 - À la p. 82, les lignes “Pour touchée.” et la précédente ont été permutées pour que, comme dans le reste du livre, une ligne d’attribution suive immédiatement les vers qu’on cite.
 - À la p. 222, la date de décès d’Émile Zola a été corrigée: la date correcte est 1902, non 1905.