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Voyage à l'Ile-de-France (2/2)

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DIALOGUE TROISIÈME.
DES FRUITS.

LA DAME.

Je trouve un grand défaut à votre système : vos animaux raisonnent trop conséquemment ; ils sont plus sages que les hommes.

LE VOYAGEUR.

C'est que l'homme acquiert son expérience, et que l'animal la reçoit : l'araignée file dès qu'elle sort de son œuf. La portion d'intelligence qui a été donnée à chaque espèce est toujours parfaite, et suffit à ses besoins. Je vous prie même d'observer que plus l'animal est petit, plus il est industrieux. Dans les oiseaux, l'hirondelle est plus adroite que l'autruche ; dans les insectes, c'est la fourmi. Il semble que l'adresse a été donnée aux plus faibles, comme une compensation de la force. Ainsi mes animaux étant très-petits, il y a apparence qu'ils sont très-prudens.

LA DAME.

J'ai bien envie de les voir partir pour les colonies.

LE VOYAGEUR.

Dès qu'une chaleur suffisante, rassemblée par la fleur, a réuni les familles au fond des calices, toute la nation est occupée à y porter du miel et du lait. Le lait est une substance qui paraît destinée à tous les jeunes animaux : le jaune d'un œuf même délayé dans l'eau, donne une substance laiteuse. La colonie réside d'abord dans le lieu qu'on appelle le germe ; les provisions sont alentour, sous la forme d'un lait qui se change ensuite, par l'action du soleil, en une substance solide et huileuse.

On enveloppe la colonie et ses provisions d'une coque fort dure, pour la mettre à l'abri des événemens. Cette couverture a quelquefois la dureté d'une pierre, comme dans les fruits à noyau, mais on a grande attention d'y ménager une suture, comme dans la noix, ou de petits trous à l'extrémité, fermés par une soupape ; c'est par cette porte que doit sortir la nouvelle famille. Il n'y a pas une graine qui n'ait l'équivalent de cette organisation.

LA DAME.

Ah! vous leur supposez trop d'industrie.

LE VOYAGEUR.

Je ne leur en donne pas plus qu'aux insectes les plus communs. L'araignée, qui met ses œufs dans un sac, y laisse une ouverture ; le ver à soie, qui s'enferme dans un cocon, en rend le tissu fort serré, excepté à l'endroit de la tête où il se ménage une sortie. C'est une précaution commune à tous les vers. Mais comme les animaux qui travaillent en société ont plus d'adresse que les autres, ceux-ci en ont une bien merveilleuse. Pendant qu'on travaille à construire le bâtiment et à rassembler le lait de la nouvelle colonie, de peur que les oiseaux ne détruisent l'ouvrage, on l'environne d'une substance désagréable au goût, comme le brou des noix qui est amer ; quelquefois aussi on fortifie la ville nouvelle de palissades pointues, comme celles qui hérissent la coque de la châtaigne.

LA DAME.

Vous leur accordez bien de l'expérience : qui leur a dit que les oiseaux viendraient les attaquer?

LE VOYAGEUR.

Celui qui a dit au lapin de se creuser des terriers, et à la huppe de suspendre son nid au bout de trois fils. Leur postérité agira toujours de même, comme les canards qui vont à l'eau sans avoir vu leurs pères nager.

LA DAME.

Je ne suis plus étonnée que la rose ait des épines ; ceux qui l'ont bâtie ont pris pour toute la plante les précautions que ceux du châtaignier ont prises pour le fruit. Je suis charmée de leur prévoyance, la fleur la mérite.

LE VOYAGEUR.

Cette défense est commune à plusieurs arbrisseaux qui naissent sur les lisières des bois, exposés aux insultes des animaux qui paissent ; le jonc marin, la ronce, les épines blanche et noire, les groseilliers, et même l'ortie et le chardon, qui croissent le long des chemins, sont garnis et hérissés de pointes très-aiguës. Ces plantes sont fortifiées comme des places frontières.

LA DAME.

Eh bien! quand la colonie a ses provisions, comment fait-elle pour s'établir ailleurs?

LE VOYAGEUR.

Si ces insectes avaient reçu des ailes, ils se seraient envolés ; mais il paraît qu'ils ne peuvent s'exposer à l'air sans danger. Ils ne vivent que dans les liqueurs. Ils s'enferment dans des vaisseaux bien carénés, bien pourvus, et voici comme ils entreprennent leur navigation.

Pour ceux qui sont suspendus en haut, toute la traversée ne consiste que dans une chute. Le fruit tombe et va en bondissant s'arrêter à trente pas de la métropole. Remarquez que les fruits qui tombent de haut sont arrondis, et que plus ils sont élevés, plus le fruit est dur. Le gland, la faîne, la châtaigne, la noix, la pomme de pin, résistent très-bien à la violence de la secousse. N'admirez-vous pas leur précaution d'avoir songé, en s'élevant si haut, à tomber avec sûreté?

LA DAME.

Ce serait quelquefois une leçon utile aux hommes. Mais cette manière de tomber est commune à tous les fruits…

LE VOYAGEUR.

Pardonnez-moi. Les animaux qui travaillent dans le tilleul, qui croît dans les terres humides et molles, savent bien que, s'ils avaient bâti des vaisseaux lourds, le poids les eût enfoncés dans le lieu même de leur chute. Ils ont construit des graines attachées à un long aileron. Elles tombent en pirouettant, et le vent les porte fort loin de là. Le saule, qui vient aux mêmes lieux, a des aigrettes ainsi que le roseau. L'orme a une graine placée au milieu d'une large follicule. Vous voyez qu'au moyen de ces voiles, on peut aller loin. Je suis porté à croire que l'orme est l'arbre des vallées par la construction de sa graine.

LA DAME.

Je ne suis plus étonnée de voir les cerisiers et les pêchers s'élever à une hauteur médiocre. Une pêche mûre qui tomberait de la hauteur d'un orme n'irait pas loin. Mais comment font ceux qui ne s'élèvent pas? Il ne leur est pas possible de rouler.

LE VOYAGEUR.

Les animaux des bluets, des artichauts, des chardons, etc., attachent leurs colonies à des volans ; le vent les emporte. Vous en voyez, en automne, l'air rempli. Ils sont suspendus avec beaucoup d'industrie, et quoiqu'ils voyagent fort loin, la graine tombe toujours perpendiculairement. Il y a des espèces de pois qui ont des coques élastiques ; en s'ouvrant, lorsqu'elles sont mûres, elles lancent leurs graines à dix pas de là. C'est aussi l'industrie de la balsamine. Croyez-vous à présent qu'une plante soit une machine hydraulique?

LA DAME.

Vous ne me citez que les exemples qui vous sont favorables ; vous ne me dites pas comment font ceux qui bâtissent des fruits mous et peu élevés ; ceux de la framboise et de la fraise ne volent ni ne roulent.

LE VOYAGEUR.

Vous avez vu que les habitans du noyer et du châtaignier se fortifiaient contre les oiseaux : ceux du fraisier et du framboisier font bien mieux, ils tirent parti de leurs ennemis. Ceux-là sont des guerriers ; ceux-ci sont des politiques. Ils s'entourent d'une substance agréable et d'une couleur éclatante. Les oiseaux s'en nourrissent, et les ressèment dans les bois, qui en sont remplis. Ils avalent les fruits sans faire tort à la graine ; elle est si dure, qu'elle échappe à leur digestion. Beaucoup de fruits mous, qui ont des noyaux, sont ressemés de la même manière. Cette ruse n'est pas réservée aux seuls animaux de notre hémisphère. La muscade est une espèce de pêche des Moluques ; sa noix est d'un grand revenu aux Hollandais : ils la détruisent dans toutes les îles éloignées de leurs comptoirs, pour s'en réserver la récolte à eux seuls ; mais elle repousse partout : c'est un oiseau marin qui la ressème après l'avoir avalée. Tant l'homme est faible quand il attaque la nature, une nation ne saurait détruire un végétal?

LA DAME.

Hélas! l'homme n'a pas été préservé avec tant de soin ; des nations entières ont été exterminées par d'autres nations, sans qu'il en soit réchappé un seul. Mais il faut adorer la Providence : je l'admire dans sa prévoyance, que je n'aurais pas soupçonnée. Je croyais qu'un arbre laissait tout simplement tomber ses graines : je vois bien qu'elles auraient manqué d'air et d'espace, et, pour me servir de vos termes, que la métropole, en vieillissant, aurait anéanti toutes les colonies sous ses ruines. Mais l'idée de vos animaux est-elle bien conforme à l'action de cette Providence?

LE VOYAGEUR.

Le roi de Prusse avait ordonné que l'on coupât des forêts pour donner des terrains à de nouvelles familles. La chambre du domaine de Berlin lui représenta que le bois allait devenir fort rare. Il lui répondit : J'aime mieux avoir des hommes que des arbres. Croyez-vous que le grand Roi de tous les êtres n'a pas mieux aimé régner sur des millions de peuples différens que sur des machines aveugles?

LA DAME.

Vous allez rendre aussi le bois fort rare. Votre système est séduisant, mais il me laisse des doutes : vous ne me montrez pas les animaux ; on ne croit qu'à moitié, quand on n'a pas vu.

LE VOYAGEUR.

Vous avez vu des animaux se mouvoir dans le suc des plantes.

LA DAME.

Mais je ne les ai pas vus travailler, agir de concert, et faire toutes les choses admirables que vous m'avez dites.

LE VOYAGEUR.

Regardez mes madrépores et mes lithophytes : il y en a qui ressemblent à des choux, d'autres à des gerbes de blé. Ce sont les plantes de la mer ; les nôtres sont les madrépores de l'air.

LA DAME.

Ce n'est plus la même chose : vous m'avez dit que les madrépores ne donnent pas de fruits.

LE VOYAGEUR.

Cela n'est pas bien prouvé. D'ailleurs, ils vivent dans un fluide où il n'y aurait eu pour leurs fruits, ni chute ni roulement : il était donc inutile d'environner la colonie d'un corps lourd, ou d'une substance légère comme les aigrettes des graines, qui serait venue à la surface de l'eau. Il est cependant certain qu'on a observé dans leurs fleurs, un suc laiteux semblable à celui des graines de nos fruits : cette laite se répand dans la mer, comme celle des poissons.

Les élémens changent les mœurs et les arts. Un matelot et un bourgeois sont des hommes, cependant un vaisseau n'est pas fait comme une maison.

Les petits animaux qui bâtissent les plantes de l'air, vivent au milieu d'un élément qui est pour eux dans un mouvement perpétuel. Ils sont si petits, qu'un zéphyr leur semble un ouragan. Ils ont pris les plus grandes précautions pour assurer les fondemens de leurs édifices, et pour transporter leurs familles sans risques. Ils les enclosent dans des bâtimens bien couverts, afin qu'elles ne soient pas dispersées.

Ceux qui bâtissent dans la mer, vivent au milieu d'un fluide dont les parties ne s'ébranlent pas aisément : elles ne sont remuées que par flots, et par grandes masses. Les gouttes n'en sont pas mobiles et pénétrantes comme les globules de l'air, que la chaleur dilate et resserre sans cesse. Il ne leur fallait donc pas des appartemens bien clos comme les graines, puisqu'ils ne couraient pas le risque d'être dissipés si facilement. Je crois au reste avoir observé que leur laite est enduite d'une glaire qui n'est pas aisée à dissoudre.

Si les animaux qui travaillent dans l'eau, eussent vécu dans un élément encore plus solide, par exemple dans la terre, ils n'auraient été exposés à aucune espèce d'agitation. Il est probable qu'alors ils n'auraient pas eu besoin d'enfoncer des racines, d'élever des tiges, d'étendre des feuilles, de façonner des fleurs, et de fabriquer des fruits, comme ceux de l'air.

LA DAME.

Vraiment vous avez raison : aussi la truffe n'a aucune de ces parties-là ; elles lui seraient inutiles. J'ai vu des gens bien embarrassés à deviner comment elle peut se reproduire. J'imagine que dans les sécheresses, les petits animaux se communiquent entre eux par les fentes intérieures du sol où ils vivent. Il règne là un calme éternel : ce sont des canaux d'un fluide tranquille, où la navigation est fort aisée : il n'y faut point de vaisseaux ; on peut y nager en sûreté. A quoi serviraient les fleurs à une plante qui ne voit pas le soleil, et les racines à un végétal qui n'éprouve aucune secousse? Cette découverte me fait grand plaisir : je suis fâchée cependant que les animaux d'un fruit que j'aime beaucoup, aient si peu d'industrie.

LE VOYAGEUR.

Elle est proportionnée à leurs besoins : c'est une loi commune à tous les êtres animés. L'homme, qui est le plus indigent de tous, en est aussi le plus intelligent.

LA DAME.

Il vaudrait mieux en être le plus heureux. Ceux qui habitent les truffes sont peut-être plus contens que ceux qui vivent dans des palais.

Je trouve dans votre système des idées neuves. Il me paraît très-vraisemblable que les fleurs sont des miroirs. On peut, ce me semble, en tirer des conséquences utiles, ainsi que des graines. Je crois qu'il ne faut pas trop les enfoncer lorsqu'on les sème, puisque la nature les répand à la surface de la terre, et qu'elle repeuple ainsi les prairies et les forêts. L'industrie des graines qui volent, qui roulent, et qui s'élancent, me paraît admirable : mais sans doute ces mouvemens peuvent s'attribuer à d'autres lois, il faudrait, pour que votre système eût une certaine force, qu'après avoir rendu raison des effets ordinaires de la végétation, il en expliquât les phénomènes.

LE VOYAGEUR.

Vous en agissez avec moi comme les dames des anciens chevaliers : quand ils sortaient du tournoi, elles les envoyaient combattre un Géant ou un Maure. N'êtes-vous pas contente de savoir que la truffe est un madrépore de terre? Il a toutes les parties qui lui conviennent, et il ne peut en avoir d'autres. S'il y a d'autres végétations dans la terre, elles n'auront de même aucune des parties de celles qui vivent dans l'air. Je connais une racine et une fleur qui sont pareillement isolées, et par des raisons semblables : mais il me suffit de vous avoir résolu un fait inexplicable, la reproduction de la truffe.

LA DAME.

Oh! c'est moi qui l'ai expliqué : mais en voici un dont toutes les lois de l'hydraulique ne sauraient me rendre raison. Lorsqu'un arbre est jeune et plein de suc, souvent il continue de pousser des branches et des feuilles, sans donner de fleurs. Un jardinier expérimenté déterre une partie de ses racines, et il devient fécond. Pourquoi ne donne-t-il des fruits que quand il perd sa nourriture?

LE VOYAGEUR.

Les animaux qui ont des vivres en abondance, ne songent point à s'expatrier ; ils cherchent à augmenter les logemens : ils ne fabriquent que du bois. Dès qu'on leur a coupé les vivres, ils voient qu'il est temps d'envoyer des colonies s'établir au loin : on ne peut plus fourrager aux environs de la place.

LA DAME.

Celui-là était trop aisé : en voici un plus difficile. Lorsqu'un arbre a reçu quelque dommage considérable : par exemple, lorsqu'on lui a enlevé une partie de son écorce, au printemps il se charge de fleurs, ensuite de fruits, après quoi il meurt. Pourquoi à la veille de sa ruine rapporte-t-il plus qu'à l'ordinaire?

LE VOYAGEUR.

Dans l'arbre écorcé, le conseil s'assemble ; et voici comme on raisonne : « On nous a fait une brèche irréparable ; nos remparts et nos chemins sont détruits : nous allons mourir de froid ou de faim, allons-nous-en. » Tout le monde se met à construire des fleurs ; on se retire dans les fruits ; la métropole est abandonnée, et l'arbre meurt l'année suivante.

LA DAME.

Je ne sais par où vous prendre. Il me semble que vous satisfaites à toutes les difficultés ; le système ordinaire en laisse de grandes. J'avais ouï expliquer le développement des plantes, par l'air qui monte en ligne droite dans les canaux de la végétation, et cependant j'avais vu les pivots des pois se recourber vers la terre qu'ils semblent chercher. J'avais ouï dire que dans les germes, la plante était tout entière avec ses graines à venir, qui contenaient encore les plantes futures, ainsi de suite à l'infini ; ce qui me paraissait tout-à-fait incompréhensible.

LE VOYAGEUR.

Il y a un degré en descendant où la matière n'est plus susceptible de forme ; car la forme n'est que les limites de la matière. Si cela n'était pas, il y aurait autant de matière dans un gland que dans un chêne, puisqu'il y aurait autant de formes, attendu qu'il y a, dit-on, un chêne tout entier renfermé dans le gland.

Si on me dit qu'il n'y a que les formes principales, je demanderai où sont les autres, qui sont toutes essentielles dans un chêne développé.

S'il n'y a que les formes principales, parce que l'espace est trop petit, celui des seconds glands étant beaucoup plus petit, le nombre des formes principales doit encore diminuer. Or, toute grandeur qui décroît vient nécessairement à rien. Dans ces glands imaginaires, qui vont toujours en diminuant, il y aurait un terme où la race des chênes devrait s'arrêter et finir.

Voilà, cependant, l'hypothèse dont on s'est servi pour raisonner sur la végétation. Je suis charmé que vous ayez adopté mes idées.

LA DAME.

Monsieur, point du tout, je vous assure.

LE VOYAGEUR.

Comment! madame, vous n'êtes pas persuadée! Y a-t-il encore quelque dragon à combattre?

LA DAME.

Un grand scrupule. Je ne saurais imaginer que, pour soutenir ma vie, je détruise celle d'une infinité d'êtres. Eussiez-vous raison, j'aime mieux me tromper que de croire une vérité cruelle.

LE VOYAGEUR.

On est sensible quand on est belle ; mais voilà la première fois qu'on rejette un système par compassion. Les anatomistes ont plus de courage ; quand ils en font un, ils tuent tout ce qui leur tombe sous la main. Il y eut un Anglais qui fit ouvrir toutes les biches pleines d'un grand parc, pour découvrir les lois de la génération, qu'il n'a point découvertes.

LA DAME.

Je ne veux point ressembler à ces savans-là. J'aime ceux d'aujourd'hui, qui recommandent la tolérance et l'humanité, qu'on devrait étendre jusqu'aux animaux. Je sais bien bon gré à M. de Voltaire d'avoir traité de barbares ceux qui éventrent un chien vivant pour nous montrer les veines lactées. Cette idée fait horreur.

LE VOYAGEUR.

Mes expériences n'ont coûté la vie à aucun animal. J'ai même de quoi vous rassurer ; ceux qui vivent dans les fruits échappent à votre digestion comme à votre vue : n'en avez-vous pas une preuve dans les oiseaux qui ressèment les graines des fraisiers?

LA DAME.

Je veux vous croire ; après tout, si je suis trompée, j'ai été amusée. Vous m'avez appris sur la nature, des faits plus piquans que les anecdotes de la société. Nous n'avons ni médit, ni joué ; et, ce qui est plus rare, vous ne m'avez point dit de fadeurs, suivant la coutume de ceux qui veulent instruire les dames. Le temps a été fort bien employé ; mais j'en dois faire encore un meilleur usage : je vais rejoindre mon mari et mes chers enfans. Adieu, monsieur le Voyageur.

LE VOYAGEUR lui fait une profonde révérence.

(En s'en allant.)

O le bon cœur! ah la digne femme! Quand en aurai-je une comme celle-là?

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