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Voyage à l'Ile-de-France (2/2)

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EXPLICATION
DE QUELQUES TERMES DE MARINE,
A L'USAGE
DES LECTEURS QUI NE SONT PAS MARINS.

J'ai joint à l'explication de quelques termes nautiques, employés dans ce Journal, des étymologies qui ne sont point savantes, mais conformes à l'esprit du peuple. Partout c'est le peuple qui donne le nom aux choses, et il le prend ordinairement de la partie la plus nécessaire de chaque objet : ainsi, le bord d'un vaisseau étant sa partie principale, puisqu'on n'est séparé de la mer que par un bord, les marins disent aller à bord, être sur le bord, pour dire aller, ou être sur le vaisseau.

Ne dit-on pas : La maison de Bourbon est très-ancienne? Comme la maison renferme la famille, le peuple a transporté ce nom à ceux qui l'habitent, à leurs ancêtres, et à leur postérité. Remarquez bien qu'il n'emploie que le nom des choses qui sont à son propre usage. Pour désigner la famille royale, il ne dit pas l'hôtel, le château, ou le palais de Bourbon, parce qu'il n'habite lui-même que dans des maisons.

Les Arabes, qui demeurèrent fort long-temps sous des tentes, trouvèrent, en se fixant dans des maisons, que la porte en était la partie la plus essentielle : c'était aussi pour ce peuple errant, le lieu le plus agréable de ce logement ; on sortait par-là quand on voulait. Ils ne donnèrent point le nom de maison à la famille de leurs souverains, mais celui de porte ottomane.

Je crois les étymologies d'autant plus vraies, qu'elles sont plus simples. J'en dois quelques-unes au chevalier Grenier, mon ami, officier de mérite de la marine du roi : je lui fais hommage des meilleures ; je prends les autres pour mon compte.

A.

Amarrer. Lier, attacher. Il est probable que les premiers marins attachaient autour du mât ce qui était susceptible de mouvement. Ulysse, qui craignait beaucoup les sirènes, se fit attacher au mât. On l'amarra.

Amurer une voile. Attacher la voile contre le bord, qui est aussi le mur du vaisseau.

Appareiller. Partir, s'en aller. Cette manœuvre se fait avec beaucoup de préparatif ou d'appareil. Tout l'équipage est sur le pont. On lève l'ancre, on déferle les voiles, on hisse les huniers : tout le monde est en mouvement.

Arrimage. Distribution des marchandises dans la cale, faite de manière que rien ne se dérange dans les roulis.

Arriver au vent. Lorsqu'un vaisseau reçoit le vent de côté dans ses voiles, s'il survient un orage imprévu, il obéit pour quelque temps à l'effort du vent, et lui présente sa poupe. Il reçoit alors le vent par son arrière. Il se trouve, par cette manœuvre, dans la direction qui lui est propre. Arriver signifie ici céder et se remettre dans son lieu naturel. Ce mot n'a point de relation avec dériver. Souvent un vaisseau dérive en arrivant.

Artimon. Mât près du timon : il fait venir au vent.

Aumônier. Ecclésiastique qui fait les prières et dit la messe. J'imagine que nos ancêtres étaient fort charitables. Dans leurs courses de guerre, et quelquefois de brigandage, ils menaient avec eux un ecclésiastique chargé de faire les aumônes. Les vaisseaux ont aussi des aumôniers, quoiqu'il n'y ait point de mendians sur leur chemin.

B.

Bâbord. C'est le bord gauche du vaisseau, lorsqu'on est tourné vers l'avant. Tribord ou stribord est le côté droit.

Banc-de-quart. C'est un banc où s'assied l'officier qui commande le quart.

Bau ou beau. Un vaisseau a différentes largeurs. Elles se mesurent entre les couples, qui sont des courbes dont la carène est formée. Ces pièces sont rares, et les premiers charpentiers ont pu les trouver fort belles. Ils ont pu appeler beaux les espaces compris d'une courbe à l'autre. Le dernier de ces espaces est sur l'avant.

Voilà une étymologie comme celle de la Beauce. Gargantua, qui la trouva belle, s'écria : beau-ce. Gargantua peut fort bien être une allégorie du peuple.

Beaupré ou près du beau. C'est un mât incliné sur l'avant, au-delà et près du dernier beau. C'est par la même raison qu'aux îles les charpentiers appellent benjoin un arbre assez commun, dont le bois joint bien.

Beausoir ou bossoir. Pièce de bois qu'on pose ou qu'on assied sur le dernier bau : c'est là que s'attachent les ancres.

Berne (Pavillon en.) C'est un pavillon qui n'est plus flottant, et qui n'est plus en quelque sorte dans ses honneurs. On l'élève à la moitié de son mât sans le déployer : ce signal ne se fait guère que dans les dangers.

Bord. A été expliqué. On fait des bords ou on louvoie lorsqu'on présente alternativement un des bords du vaisseau au vent : sa route est alors en zigzag ; cette manœuvre ne se fait que quand le vent est contraire.

Bout dehors. C'est un bout de mât ou de vergue, qu'on met dehors à l'extrémité d'une autre vergue.

Bras. Ce sont des cordages qui servent à faire mouvoir les vergues à droite ou à gauche. Ce sont en quelque sorte les bras de l'équipage, qui n'y saurait autrement atteindre.

Brasse. Distance comprise entre les bras étendus d'un homme. Sur mer, elle est fixée à cinq pieds. Je crois avoir observé que les matelots ont les bras plus longs et les épaules plus grosses que les autres hommes. Ils exercent plus leurs bras que leurs jambes.

C.

Caillebotis. Ce sont des panneaux de treillage à carreaux vides. On en ferme l'espace compris entre les gaillards, ce qui forme une espèce de pont, sous lequel l'air circule. Dans les gros temps on le couvre de toiles goudronnées, appelées prélats. Cette construction est ingénieuse, et peut-être parviendrait-on à former ainsi tous les ponts du vaisseau ; ce qui donnerait une libre circulation d'air jusque dans la cale.

On appelle caillebotte, en Normandie, le lait caillé et battu qui forme une espèce de réseau. On appelle aussi caillebotté ou pommelé ces espaces blancs et bleus qui paraissent au ciel lorsqu'il se dispose à changer.

Cale. Est la partie inférieure du creux d'un vaisseau. C'est le lieu où l'on met les marchandises. On dit d'un vaisseau qu'il est bien calé, lorsque sa charge est bien distribuée dans sa cale. Pour l'ordinaire, on met au fond les poids les plus lourds, mais s'il y a une quantité considérable de fer ou de plomb, les mouvemens du vaisseau sont trop durs et l'exposent à rompre sa mâture. Il y a encore beaucoup de précautions à prendre pour l'arrimage. Le Marquis de Castries était fort mal calé.

Cap (avoir le.) Ce mot vient du portugais il capo, la tête. Mettre le cap au nord, c'est tourner la proue du vaisseau, ou sa tête vers le nord.

Cape (tenir la.) Dans les gros temps, lorsque le vent est contraire, on ne porte que peu de voiles : ordinairement c'est la misaine. On dirige le cap du vaisseau le plus près du vent qu'il est possible. Le vaisseau fatigue beaucoup dans cette position.

Carguer. C'est reployer les voiles, sans les lier, le long des vergues : ce qui se fait au moyen des cargue-fonds, qui sont des cordes qui retroussent la grande voile à peu près comme les rideaux d'un dais. Un marin qui verrait lever la toile à l'Opéra dirait qu'on l'a carguée.

Civadière. C'est la voile attachée au beaupré.

Coiffé (être.) Lorsque les vents sautent tout à coup de la poupe à la proue, les voiles sont repoussées contre les mâts, qui en sont, pour ainsi dire, coiffés : quelquefois on ne peut les descendre ni les manier. Un vaisseau alors est heureux d'en être quitte pour sa mâture, si le vent est fort.

Coq. Cuisinier des matelots. Ce mot vient évidemment de coquus, et nos traiteurs portent le titre de maîtres-queux.

Courant. Quoique la mer ressemble à un grand étang, elle est remplie de courans particuliers. Nous avons peu d'observations sur cet objet, un des plus essentiels de la navigation. J'en ai vu de fort intéressantes sur les mers de l'Inde, faites par le chevalier Grenier.

D.

Déferler les voiles. Les déployer.

Degré. C'est la 360e partie d'un cercle. Sous l'équateur, chaque degré est de vingt lieues marines, ou de vingt-cinq lieues de France ; mais comme les cercles deviennent plus petits en s'approchant du pôle, les degrés diminuent à proportion. Les degrés de longitude sont nuls sous le pôle. Il est très-probable qu'il y a aussi une grande différence entre les degrés de latitude, surtout si la terre est fort aplatie aux pôles.

Dériver. Lorsqu'un vaisseau reçoit le vent de côté, il s'écarte sans cesse de la ligne droite sur laquelle il dirige sa route. Je ne connais point de moyen sûr d'évaluer la dérive. Les pilotes y sont souvent embarrassés : à la fin du voyage ils rejettent leurs erreurs sur les courans.

Dunette. Espèce de tente, d'une charpente légère, sur l'arrière du vaisseau.

E.

Écoute. Ce sont des ouvertures obliques au bord du vaisseau, par où passent les cordes des voiles inférieures. Ces ouvertures ressemblent à celles qu'on pratique au mur des parloirs dans les couvents, pour écouter. Comme il y a dans la marine beaucoup de termes portugais, il n'est pas étonnant qu'il s'y trouve des expressions monastiques.

Écoutilles. Sont de grandes ouvertures semblables à des trappes, au milieu des ponts du vaisseau. C'est par ces portes horizontales qu'on descend dans les cales.

Entre-pont. Dans les premiers vaisseaux, on fit les cales couvertes d'un seul plancher, qu'on appela un pont. Les matelots logeaient dans la cale, sous ce pont. Quand on fit de plus grands bâtimens, on trouva plus commode de séparer l'équipage des marchandises en leur ménageant un logement entre le pont et la cale.

Espontille. Petits pilastres de bois qui supportent les ponts.

Est. Le nom d'un des quatre vents principaux. C'est l'orient. On prétend que est signifie le voilà, en parlant du soleil. Sud, propter sudorem, parce qu'à midi le soleil est chaud. Ouest. Où est-il? parce qu'il disparaît au couchant.

F.

Fasier. Lorsque le vent, au lieu d'enfler la voile, prend par le côté et l'agite en différens sens, on dit qu'elle fasie ; il vient peut-être de phase, révolution.

Focs. Voiles triangulaires disposées entre les mâts : elles ne servent que quand le vent souffle de côté. Leur nom pourrait bien venir de focus, foyer, soit parce que quelques-unes sont au-dessus des cuisines, soit parce que, leur plan étant dans l'axe du vaisseau, elles se trouvent dans les foyers de ses courbes.

G.

Gaillards. Ce sont les extrémités du pont supérieur. Celui de l'arrière s'étend jusqu'au grand mât ; celui de l'avant commence au mât de misaine et va jusqu'à la proue. C'est où se rassemble l'équipage pour se promener et se réjouir. Il peut avoir la même origine que galerie. Le gaillard d'arrière est réservé aux seuls officiers et passagers, qui n'en sont pas plus gais.

Galerie. Espèce de balcon placé sur l'arrière des grands vaisseaux. C'est à la fois un ornement et une commodité. Il vient du vieux mot gala ; se galer, se réjouir.

Garans. Sont des cordages qu'on passe, dans le gros temps, à la barre du gouvernail, pour l'assurer davantage, ou la garantir.

Grains. Sont de petits orages de peu de durée. Ce sont, en quelque sorte, des grains, ou des parcelles de mauvais temps.

Grappins. Ancres des chaloupes. Celles du vaisseau n'ont que deux becs ; celles-ci en ont quatre, ce qui leur donne la forme d'une grappe. Le poids des grosses ancres ne permet pas de leur donner quatre branches. D'ailleurs, par leur forme, elles pourraient s'accrocher au bord. Je crois qu'il serait possible d'en faire à trois becs qui n'auraient pas cette incommodité, et qui auraient toujours l'avantage d'enfoncer à la fois deux de leurs becs dans le fond.

H.

Haubans. Échelles de corde, qui assurent les mâts, par où grimpent les matelots.

Hauteur (Prendre.) A midi, avec des quarts de cercle, ou plutôt des huitièmes, appelés octans, on voit à quelle hauteur le soleil est sur l'horizon. C'est par-là que l'on trouve la latitude.

Hauts-fonds. Ce sont les fonds élevés, qui sont couverts de peu d'eau. La mer, dans ces endroits, change de couleur, et les vagues, aux environs, sont plus fortes.

Hisser. Élever en l'air quelque fardeau au moyen des poulies. Ce nom vient du bruit même de la manœuvre. On ne doit pas me chicaner celui-là. Les Latins appelaient hiatus le choc de deux voyelles.

Hune (Mât de.) Il y a, comme on sait, trois mâts sur les grands vaisseaux : le grand mât, qui est à peu près au milieu ; le mât d'artimon, qui est sur l'avant. On ne compte pas le beaupré, qui est incliné, et qui n'est pas mâté, c'est-à-dire, perpendiculaire. Le mât de pavillon ne porte pas de voile.

Les mâts ont une très-grande élévation. Il n'est pas possible de trouver des pièces de bois d'une longueur suffisante, surtout pour le grand mât et le mât de misaine, qui ont quelquefois plus de cent trente pieds d'élévation : on les fait à trois étages. Dans le mât du milieu, l'arbre inférieur s'appelle le grand mât ; le supérieur, grand mât de hune ; le troisième, qui est le plus élevé, grand mât de perroquet. Aux endroits où ils sont attachés, il y a un espace autour en forme ronde, appelé hune. Les huniers sont les voiles des mâts de hune.

L.

Latitude. On sait que la latitude d'un lieu est sa distance à l'équateur ; et sa longitude, sa distance au premier méridien. Autrefois, on commençait à le compter du pic de Ténériffe ; aujourd'hui chaque nation maritime fait passer son premier méridien par sa capitale. Il est bon d'y faire attention, quand on voit des cartes ou des relations étrangères.

Ligne. Il y a des gens simples qui croient qu'on voit la Ligne au ciel : quelquefois de mauvais plaisans s'amusent, sur le vaisseau, à la leur faire voir dans une lunette où ils mettent un fil ; y a aussi des marins qui ne savent pas ce que c'est que l'équateur, et qui ne connaissent la Ligne, que parce qu'elle est marquée d'un trait bien noir sur leurs cartes.

Lisses. Sont des barrières le long des passavans. Ce terme est pris des tournois. Les chevaliers entraient et sortaient des lisses (Lices.) Il me semble que le nom de garde-fous conviendrait mieux à des vaisseaux.

Louvoyer. Ce mot peut venir de voie et de loup. Les loups s'approchent de leur proie en se tenant sous le vent, et en s'avançant en zigzag. Voyez Bord.

M.

Marquis de Castries. Ce n'est point un nom de marine, mais celui d'un officier très-respectable : c'était aussi le nom de notre vaisseau.

Le bon Plutarque dit que les Grecs appelaient leurs vaisseaux, l'Heureuse-Prévoyance, la Double-Sûreté, la Bonne-Navigation. On peut voir, à ces noms, qu'ils n'étaient pas grands marins : ils avaient peur.

Les Portugais et les Espagnols ont beaucoup de Saint-Antoine de Padoue, de Saint-François, etc. : ils sont dévots.

Les Anglais naviguent sur le Northumberland, sur le Devonshire, sur la Ville-de-Londres ; et les Hollandais ont beaucoup de Batavia, d'Amsterdam ; ce sont des noms de villes ou de provinces : ils sont républicains.

J'ai vu des vaisseaux du roi, qui s'appelaient la Boudeuse, l'Heure du Berger, la Brune et la Blonde, etc. A la bonne heure ; ces noms-là valent bien ceux de Flore ou de Galatée ; mais pourquoi prendre pour des noms de guerre, l'Hector, le Sphinx ou l'Hercule? N'avons-nous pas le Turenne, le Condé, le Richelieu, le Sully, etc…? Pourquoi ne formons-nous pas des escadres de nos grands hommes? Il me semble que des noms chers à la nation en redoubleraient le courage.

On pourrait nommer nos frégates du nom de nos dames célèbres par leur beauté ou par leur esprit. J'aimerais mieux la Marquise de Sévigné, de Brionne, ou la Comtesse d'Egmont, que Thétis et toutes ses Néréides.

Mât. Voyez Hune.

Matelots. Vient de mât et du vieux mot ost, troupe, l'ost du mât. On disait l'ost des Grecs, pour l'armée des Grecs.

Misaine (Voile de.) C'est la plus utile dans les gros temps : elle agit à l'extrémité du vaisseau, et le fait obéir promptement à l'action du gouvernail.

Mouiller. Jeter l'ancre à la mer. On dit aussi mouiller l'ancre.

P.

Panne (Mettre en.) Lorsqu'un vaisseau veut s'arrêter sans mouiller son ancre, il cargue ses basses voiles ; il dispose les voiles de l'avant, de manière que le vent les coiffe contre le mât, tandis qu'il enfle celles de l'arrière. Dans cette situation, le vent fait, sur la voilure, deux efforts contraires qui se compensent. Le vaisseau reste comme immobile.

Perroquet. C'est la voile supérieure aux huniers. De loin, cette petite voile, surmontée de la girouette, a quelque ressemblance avec cet oiseau.

Perruche. C'est une voile placée au-dessus du perroquet. Il n'y a que les grands vaisseaux qui en fassent usage. Ces deux petites voilures sont d'une médiocre utilité. Elles sont à l'extrémité d'un trop grand levier, et leur effort ne sert guère qu'à faire ployer le mât en avant ; il vaudrait mieux augmenter la largeur des voiles, que leur élévation.

Plat-bord. C'est la partie du pont qui avoisine le bord. Le bord du vaisseau est, en quelque sorte, perpendiculaire. Le pont, qui, dans un sens, est aussi un bord, est dans une situation horizontale ou à plat.

Plus près (Être au.) Lorsque le vent vient du point même où le vaisseau veut aller, on dispose la voilure de manière à s'approcher du vent le plus près qu'on peut.

Pont. C'est le plancher du vaisseau ; il est un peu convexe, pour l'écoulement de l'eau. Un vaisseau à trois ponts, est celui dont le creux est divisé en trois étages.

Q.

Quarts. On devrait plutôt dire des quints. Sur mer, on divise le jour de vingt-quatre heures en cinq portions appelées quarts. Le premier commence depuis midi jusqu'à six heures. Le second, depuis six heures jusqu'à minuit. Les trois derniers quarts sont formés des douze heures qui restent, et chacun d'eux est de quatre heures. L'équipage, partagé en deux brigades, veille et se relève alternativement.

R.

Récifs. Sont des rochers à fleur d'eau, où la mer brise, et où les vaisseaux se mettent en pièces quand ils y échouent. Ce mot peut venir du latin rescindere, couper, trancher. Il y a des récifs sur la côte de Bretagne, qu'on appelle les charpentiers.

Ris. On devrait dire des rides. On prend des ris dans le hunier, lorsqu'on ride une partie de cette voile sur sa vergue, quand la violence du vent ne permet pas de l'exposer tout entière.

Roulis. Balancement d'un vaisseau sur sa largeur. Le tangage est son balancement sur sa longueur. Un vaisseau roule vent arrière ; il tangue au plus près. Le premier mouvement est moins dangereux ; le second fatigue beaucoup la quille et la mâture.

S.

Sabords. Sont des ouvertures par où passent les canons. Ce mot peut venir de sas et de bord, trous ou pertuis au bord. En quelques endroits on appelle sas, un crible : on dit sasser la farine.

Sainte-Barbe. C'est le nom de la patronne et du lieu où l'on met les poudres. C'était une martyre qui fut renfermée dans le souterrain d'une tour. Comme nous y logeons aussi nos poudres, nos canonniers les ont mises sous sa protection. Ils la représentent aux genoux de son père armé d'un grand sabre, dont il va lui couper la tête, au pied d'une tour dont la plate-forme est couverte d'artillerie. Ce fait, que l'on rapporte, je crois, au temps de Dioclétien, est contredit par la nature, et ces tableaux par le costume.

T.

Tangage. Voyez Roulis.

Tribord. Voyez Bâbord.

V.

Vent (Venir au.) Lorsqu'un vaisseau a trop de voilure sur l'arrière, sa proue vient dans le vent. Les voiles du mât d'artimon contribuent beaucoup à ce mouvement.

Vergue. De virga, verge ou branche. Les vergues du mât sont comme les branches d'un arbre.

Virer. Tourner. On vire le câble ; on vire de bord. Comme ces manœuvres emploient beaucoup d'efforts, il y a apparence que virer vient de vis, force, dont on a fait aussi vir un homme.

Y.

Yole. Petite chaloupe fort légère et jolie. Ce nom-là pourrait fort bien venir du grec. Je n'en serais pas fâché pour l'honneur de notre marine. C'est la seule science qui ait emprunté ses termes des barbares du nord ou des Portugais. Si quelque savant veut se donner la peine de rechercher cette origine, je le prie de faire attention qu'Hercule fut un des premiers marins, et que son ami Iolas était avec lui.

Je ne garantis aucune de ces étymologies ; mais elles ont cela de commode, qu'en rapprochant le nom des choses, de leurs usages, elles les expliquent ; et c'est ce que je me suis proposé.

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