Voyages hors de ma chambre
VII
ÉTABLISSEMENTS D’INSTRUCTION. — LA LITTÉRATURE
CONTEMPORAINE.
L’Université de Copenhague comprend des facultés de théologie, de médecine, de droit, de philosophie, d’histoire, de mathématiques et de sciences physiques. Autour d’elle se groupent l’École polytechnique, dont le fondateur et le premier directeur fut l’illustre Œrsted, à qui l’on doit la découverte de l’électro-magnétisme ; l’Académie de chirurgie, l’École supérieure militaire, l’École des aspirants de marine, l’École d’agriculture, et une multitude de sociétés savantes, qui embrassent dans le cadre de leurs études et de leurs recherches le cercle entier des connaissances humaines. La ville a un jardin zoologique et un jardin botanique. Elle possède trois bibliothèques publiques, dont deux au moins ont une extrême importance. Les libéralités les plus intelligentes ont grossi à l’envi le trésor de ces magnifiques établissements, particulièrement riches en manuscrits relatifs à l’histoire du Nord. Retranchez Paris et Londres du concours, et la bibliothèque royale de Copenhague sera la première de l’Europe.
L’enseignement, en Danemark, est gratuit et obligatoire ; mais surtout, ce qui vaut mieux, il est en honneur. Les mœurs sont plus efficaces que les lois pour combattre l’ignorance, et il ne servirait à rien de décréter l’instruction, si l’empressement du peuple n’avait, pour ainsi dire, rendu ce décret inutile. Le pasteur Grundtvig, l’une des figures les plus originales de l’histoire littéraire du Danemark, poëte, historien, critique, érudit, théologien et, par-dessus tout, passionnément Danois et Scandinave, a institué pour les paysans des écoles d’hiver, fréquentées avec une ardeur incroyable, qui enseignent au peuple l’histoire de son pays et font marcher de front l’instruction et le patriotisme. Tout s’accorde ici à favoriser les progrès de l’enseignement. Le titre de professeur est prisé à l’égal des plus hauts. Le roi Christian IV, dont on ne peut faire dix pas à Copenhague sans rencontrer le nom, a fondé un asile pour cent étudiants pauvres, pensionnés par l’État, et de riches particuliers ont suivi son exemple. Les étudiants eux-mêmes ont acquis, pour en faire un centre de réunion, un bel hôtel qui renferme une bibliothèque et un cabinet littéraire, tenus au courant de toutes les œuvres dignes d’attention en Europe. Là, ils passent les soirées à lire, à discuter, à faire de la musique, à chanter en chœur les vieux airs nationaux.
Causez avec un paysan ou un ouvrier danois, vous rencontrerez rarement cette ignorance navrante si commune chez nous dans les classes populaires. J’ai trouvé là-bas des commerçants et des agriculteurs fort versés dans l’étude de la science et des arts : c’est que le commerce et l’agriculture y sont considérés franchement comme des professions libérales. Tel député influent vend des étoffes dans Ostergade ; tel professeur de l’Université, tel directeur de journal, tel orateur écouté du Landsthing ou du Folkething, retournent chaque soir dans la ferme des environs où ils habitent et qu’ils font valoir de leurs propres mains. Toutes les personnes de la classe moyenne avec qui je me suis trouvé en rapports, même les femmes, quelquefois les enfants, parlaient français, tantôt avec facilité et presque sans accent, parfois avec une finesse de tournure où se trahissait le commerce assidu de nos auteurs classiques, toujours de façon à nous faire rougir de notre ignorance et de notre paresse philologiques. Beaucoup connaissent notre littérature contemporaine plus à fond que bien des Parisiens qui se vantent de tout lire, et j’en ai eu, pour ma part, des preuves qui m’ont aussi surpris que charmé.
Avant tout, néanmoins, les Danois aiment et lisent leurs propres écrivains. Rien de pareil à ce qu’on voit si souvent chez nous, où la renommée devient une affaire de circonstances et de partis, où les mêmes noms sont exaltés sans mesure et dénigrés sans pudeur, suivant les temps et les lieux ; où un homme qui est la gloire de la France dans les bureaux d’un journal, en est la honte dans les bureaux de la feuille voisine ; où il faut lutter vingt ans contre l’indifférence d’un public étourdi pour arriver enfin au droit d’être adopté par cinquante personnes et injurié par deux cents autres. Ce n’est pas que les partis manquent en Danemark : on y retrouve, sous des noms divers, à peu près tous ceux que nous avons en France ; mais ils sont réunis et dominés par cette admirable unanimité de patriotisme que je ne puis me lasser de signaler à la louange du caractère national, comme par le lien des sentiments, des idées et des croyances que tous leurs écrivains, ou bien peu s’en faut, s’accordent à reconnaître et à respecter. Ce n’est donc pas seulement au public, c’est aux auteurs aussi qu’il faut reporter l’honneur du phénomène qui fait du Danemark, en dehors de la question d’argent, la terre promise de la vie littéraire.
La culture de l’esprit se joint au sentiment patriotique pour populariser davantage encore cette connaissance de la littérature indigène. Sauf à l’École des Chartes et à l’Académie des inscriptions, combien d’hommes trouverez-vous à Paris qui aient étudié les origines de la langue et se puissent débrouiller nettement à travers le chaos des œuvres du moyen âge ? Parmi les plus érudits même, en est-il beaucoup pour qui la poésie populaire ne soit presque lettre close, et qui n’ignorent ou ne dédaignent ce trésor, dont l’exploitation date de peu d’années ? Or partout à Copenhague, sur les chansons populaires comme sur les Sagas et les légendes ; sur les inscriptions runiques comme sur les premiers monuments laissés par les vieux historiens danois, j’ai rarement posé une question à un romancier ou à un journaliste politique, à un magistrat ou à un négociant, sans obtenir aussitôt des renseignements sûrs et précis.
C’est fête au Théâtre royal quand on y joue le Potier politique, Jean de France et toutes ces œuvres piquantes où Holberg a semé les traits de sa verve satirique et raillé les ridicules, les sottises, les préjugés de son temps, avec une vérité d’observation, une franchise de couleur, une gaieté spirituelle et sensée qui en font, dans la comédie bourgeoise, un vrai disciple de Molière. C’est plus grande fête encore lorsqu’on y joue les drames nationaux d’Œhlenschläger. Tous les Danois ont dans leur bibliothèque et relisent les contes, les épigrammes, les chansons et les parodies du joyeux Wessel ; les vers fugitifs, les odes, les élégies, les épîtres, les épopées comiques, les œuvres innombrables et infiniment variées de ce Baggesen, l’un des plus tristes hommes et l’un des plus grands poëtes du Danemark, — nature incomplète et pleine de contrastes, mêlée de tendresse et de haine, d’incrédulité et de foi, de ricanements et de larmes, de frivolité et de profondeur, qui tantôt attire comme une caresse et tantôt repousse comme un sarcasme. Tous savent par cœur les hymnes religieux et patriotiques d’Evald, qui fut le précurseur d’Œhlenschläger, et avant lui l’un des créateurs de la poésie nationale moderne dans son pays.
Le Danemark a perdu récemment trois écrivains qui, par des titres divers, avaient conquis les premiers rangs dans son histoire littéraire. C’est d’abord le fécond Ingemann, qui a exploité avec un bonheur constant les vieilles chroniques de son pays et mis en scène, d’une plume facile et souple, dans une longue série de poésies lyriques, d’épopées et de romans, les mœurs et les hommes du moyen âge ; puis L. Heiberg, d’un talent plus fécond et plus flexible encore, mais moins profondément national, — critique, philosophe, érudit, poëte, journaliste, qui passait tour à tour d’une dissertation à une ode, d’une nouvelle à une cantate, et du drame au vaudeville. Le spirituel et malin Heiberg fut surtout le Scribe du Danemark, comme Ingemann en fut le Walter Scott, et si celui-ci est le conteur du foyer, celui-là est demeuré longtemps le fournisseur en titre du théâtre, dont il reste toujours l’auteur favori. C’est un Français du Nord ; il a la gaieté primesautière, le style et l’esprit parisiens.
Le troisième est le nom le plus populaire et le plus universellement connu de la littérature danoise contemporaine ; c’est Andersen, mort en 1875.
Andersen n’a pas été bercé sur les genoux d’une duchesse, comme disait feu Timon en parlant de M. Thiers. Vous trouverez sa biographie partout ; il l’a écrite lui-même avec l’intérêt et le charme de ses plus jolis contes. Andersen est né à Odensée, capitale de la Fionie, en 1805. Son père était un pauvre cordonnier, — si pauvre qu’en se mariant il acheta pour lit de noces les débris d’un catafalque où l’on venait d’exposer le corps d’un gentilhomme. Les grandes tentures noires semées de taches de cire, avaient été disposées en rideaux. C’est là qu’Andersen vint au monde. Admirable sujet pour un poëte romantique !
Dès qu’il fut en âge de travailler, on le mit dans une fabrique, et le peu d’heures qui lui restaient, il les passait assidûment à l’école des pauvres. Un voisin lui prêta quelques livres, qui donnèrent le premier essor à son imagination enfantine. Une fois éveillée, elle marcha vite. A quatorze ans, après la mort de son père, il partait pour Copenhague avec trente-trois francs dans sa bourse et tout son bagage dans un mouchoir de poche, ne doutant pas d’y arriver en un clin d’œil à la fortune et à la gloire. Il avait une jolie voix, que le maître d’école avait souvent admirée, et en lisant les comédies prêtées par le voisin, il les déclamait avec de si beaux gestes que toutes les commères du quartier, émerveillées, pronostiquaient à l’envi qu’il serait le Talma du Danemark.
A Copenhague, les déboires commencent. En quelques jours, il dépense à l’hôtel tout son trésor, qu’il croyait inépuisable, et se voit refuser par le directeur du théâtre, parce qu’il est trop maigre ! Il entre comme apprenti chez un tailleur, puis devient élève du plus célèbre professeur de musique de Copenhague, et au moment où il se flatte de devenir un chanteur illustre, il perd subitement la voix. Jugez de sa douleur ! Mais il se raccroche encore à l’espoir et s’engage, pour vivre, parmi les figurants du théâtre. Andersen figurant, et figurant dans les ballets ! Il faut avoir connu ce charmant poëte, qui s’est peint lui-même dans un de ses Contes sous les traits du Vilain canard pour comprendre toute la navrante profondeur de comique qu’il y a dans le rapprochement de ces simples mots ! Il gagnait six francs par mois, le malheureux, et n’avait qu’un pantalon de toile pour affronter les rudes hivers du Nord. Mais il s’obstinait toujours, s’enveloppant dans la couverture de son lit pour apprendre et répéter ses rôles à loisir : c’est ainsi qu’il jetait au dehors toute la surabondance de son bouillonnement poétique, et donnait le change, sans s’en douter, à ses premiers besoins, confus encore, de création littéraire.
« A cette époque, dit-il, j’avais la candeur, l’ignorance et toutes les naïves superstitions d’un enfant. J’avais entendu dire que ce qu’on fait le 1er janvier, on le répète habituellement toute l’année. Ce jour-là donc, tandis que les voitures circulaient dans les rues, je me glissai par une porte dérobée dans la coulisse et m’avançai sur la scène. Mais alors le sentiment de ma misère me saisit tellement qu’au lieu de prononcer le discours que j’avais préparé, je tombai à genoux et récitai en pleurant mon Pater noster. »
Tout Andersen est là.
Cependant son sort allait changer. Le vieux poëte Guldberg le prit en affection, lui donna les honoraires de son dernier livre, et l’engagea à compléter son instruction, singulièrement négligée. Des amis obtinrent pour lui une bourse au gymnase de Slagelse, et, près d’atteindre sa vingtième année, Andersen commença résolûment ses études avec des écoliers de dix ans, qui le firent souffrir de leur mieux. Le recteur lui-même semblait prendre à tâche de l’humilier, en lui faisant sentir sans cesse le poids de sa pauvreté et de son isolement. « Jamais je n’ai tant souffert, ni tant pleuré », dit-il. Lisez dans le Vilain petit canard ce qu’il eut à souffrir des persécutions de ses camarades, qui le trouvaient laid, gauche et trop grand. C’est au prix de ces rudes épreuves que se forment les talents originaux et vigoureux. Il persévéra vaillamment, jusqu’au jour où l’on s’aperçut enfin, comme dans son conte, que le caneton méprisé était un cygne.
Nous ne donnerons pas l’énumération des œuvres d’Andersen. Elles sont aujourd’hui bien connues de tous les lettrés. On les a traduites dans la plupart des langues de l’Europe ; elles ont inspiré les peintres et fourni à Kaulbach le sujet d’un de ses plus beaux dessins. Il aimait à raconter lui-même ses succès, et il en jouissait avec le naïf orgueil d’un enfant. Poëte, il a l’accent rêveur et voilé de la nature du Nord, la douce et vague mélancolie, la tendresse religieuse et candide qu’on retrouve, mêlée à une imagination fraîche et variée, à un humour délicieux, dans les Contes, qui sont ses vrais titres de gloire. Presque tous tiennent à la fois de l’historiette et de la fable : de celle-là, par l’intérêt dramatique : de celle-ci, par la leçon morale, à laquelle il donne un tour imprévu. L’émotion, la malice et la philosophie s’y montrent tour à tour, quelquefois en même temps, sous des teintes discrètes et tout intimes. La bonhomie en est fine et piquante. Il aime à choisir ses héros, comme ses incidents, au milieu de la vie commune, dans les sphères les plus modestes et les plus déshéritées, mais il les relève en allumant à leur front, jusqu’en ses tableaux les plus familiers, le rayon d’or de la poésie.
Les enfants sont les favoris d’Andersen : il a écrit pour eux de vrais contes de fées, où le merveilleux abonde, mais qui s’adressent à tous les âges par la vérité saisissante de l’observation, l’originalité de l’allure, la portée philosophique, la couleur et le charme d’un style imagé, à la fois exquis et ingénu, plein de souplesse et d’abandon, où le naturel s’allie toujours à la recherche et la simplicité à la grâce. L’auteur vous fait sourire ou vous émeut doucement. On y voit son âme à jour, et en le lisant il est impossible de ne point l’aimer.
Les contes d’Andersen portent au plus haut point le caractère général de la littérature danoise. Il y a des exceptions sans doute, mais il ne reste pas moins vrai que dans son ensemble, elle a su allier le culte de l’art au respect des meilleurs sentiments de l’âme humaine, et qu’elle offre une physionomie religieuse et morale qui lui mérite une place à part dans l’histoire littéraire de l’Europe. Poëtes et romanciers ont compris ce qu’ils avaient à gagner, même en gloire, à se faire les écrivains de la famille et les hôtes du foyer. Joignez-y le caractère national et patriotique dont ils ont vigoureusement empreint leurs œuvres, et vous comprendrez mieux encore leur popularité.
Les poëtes danois aiment à faire pour le peuple des refrains que le peuple n’aime pas moins à chanter. Nulle part peut-être les hymnes nationaux ne sont aussi nombreux qu’en Danemark : c’est là un trait significatif, qui marque à la fois le caractère de la poésie et celui du pays. Combien de fois n’ai-je pas entendu les chansons populaires de M. Erik Boegh, un ancien maître d’école, devenu rédacteur en chef d’un journal très-répandu, auteur dramatique, directeur de théâtre, et les chants nationaux de M. Carl Ploug, d’une mâle vigueur, d’un style ferme, expressif et concis, d’un accent belliqueux, et qui semblent faits pour retentir à la tête d’une armée par la bouche de cuivre des clairons. La liberté et la grandeur de la patrie sont l’unique inspiration de ce Tyrtée danois. Il s’est fait l’interprète des sentiments, des intérêts et des souvenirs du peuple dans les strophes qu’il intitule le Nord uni, et il a formulé, avec une énergie véhémente et une saisissante âpreté de style, qu’on ne peut rendre, par malheur, en une traduction, les aspirations du parti qui le reconnaît pour son chef :
Depuis longtemps le tronc magnifique du Nord s’était divisé en trois branches maladives. Mais une heure viendra où se réuniront les fragments aujourd’hui séparés, et alors le Nord, libre et puissant, prendra en main la cause des peuples pour les conduire à la victoire.
Les revers du Danemark ne lui ont pas fait oublier non plus le Vaillant soldat, du professeur Faber (mort récemment), composé au réveil de la nationalité danoise en 1858, pendant la première campagne du Slesvig, et mis en musique par Horneman sur un rythme entraînant et martial, où l’on retrouve çà et là comme un écho, mais singulièrement accéléré et accentué, de Partant pour la Syrie. Le Vaillant soldat, écrit sur le ton d’une familiarité héroïque, est allé droit au cœur du peuple ; en quelques jours, d’un bout à l’autre du royaume, tout le monde le sut par cœur. Le paysan le chantait en conduisant sa charrue, le bourgeois dans sa maison, l’étudiant à son club, le soldat pendant la bataille. C’est aux accents de cette Marseillaise que le Danemark s’est levé contre l’Allemagne, qu’il a vaincu à Frédéricia, défendu Sonderborg et Duppel.
Au moment de partir (bis), — Ma fiancée voulait me suivre, — Oui, ma fiancée voulait me suivre. — « Impossible, mon amie, — Je m’en vais en guerre. — Que la mort m’épargne, et je reviendrai t’épouser. — Je resterais avec toi si le pays n’était en péril ; — Mais toutes les jeunes filles du Danemark se reposent sur moi. »
Voilà pourquoi je vais combattre en vaillant soldat. Hourrah ! hourrah ! hourrah !…
Je sais que le Danebrog (bis), — Nous tomba du ciel, — Oui, nous tomba du ciel. — Il flotte dans notre port, à la tête de notre armée. — Aucun autre drapeau n’a un nom à lui comme le nôtre. — Les Allemands l’ont traité avec mépris ; ils l’ont foulé aux pieds. — Notre étendard est trop bon et trop vieux pour eux.
Voilà pourquoi, etc.
Que chaque Danois combatte (bis), — Pour sa fiancée et la patrie, — Oui, pour sa fiancée et la patrie ! — Honte au misérable nigaud, — Qui n’aime point sa langue, — Qui a peur de donner sa vie pour notre cher drapeau ! — Si je ne reviens pas vers mes vieux parents, — Le roi les consolera, en leur disant :
Il a fait honneur à sa promesse, le vaillant soldat. Hourrah ! hourrah ! hourrah !
Combien de perles enfouies dans les solitudes de ces langues étrangères, que la petitesse du peuple qui les parle condamne à rester ignorées ! Trouverait-on en France dix personnes qui sachent le danois ? J’en doute. Cet idiome simple, doux et pourtant concis, dérivé de la souche primitive du Norsk qui s’est perpétuée jusqu’à nous sur le sol vierge de l’Islande, mais modifié par des influences étrangères où la France peut revendiquer sa part ; tenant à la fois de l’allemand par la méthode de la composition des mots, et plus encore de l’anglais par le génie, les tournures et les formes grammaticales, garde sous une triple barrière, dont les meilleures traditions ne suffisent pas à donner la clef, des trésors de traditions et de poésie. « Il vaudrait la peine d’apprendre le hollandais rien que pour lire Bilderdick dans l’original », me disait un jour l’un des écrivains les plus distingués des Pays-Bas. Il vaudrait la peine aussi d’apprendre le danois rien que pour lire Evald, Œhlenschläger et Andersen.