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Dictionnaire de la langue verte

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  • MORUE, s. f. Femme sale, dégoûtante,—dans l'argot des faubouriens.

Se dit aussi, comme injure, d'une Femme laide et d'une gourgandine.

  • MORVEUX, s. m. Gamin; homme sans conséquence,—dans l'argot du peuple, qui daigne quelquefois moucher ces adversaires-là comme les autres.
  • MORVIAU, s. m. Le nez,—dans l'argot des faubouriens.

Se dit aussi pour les Mucosités qui sortent du nez.

  • MOT, s. m. Trait spirituel, repartie plaisante,—dans l'argot des gens de lettres.

Faire des mots. Emailler la conversation de plaisanteries et de concetti.

  • MOT DE CAMBRONNE (Le). Ce n'est pas «La garde meurt et ne se rend pas!» mais tout simplement «Merde!» La phrase propre n'eût peut-être pas été entendue au milieu du bruit du canon, dans cette mêlée sanglante de Waterloo; tandis que le mot énergique que tout le monde connaît était la seule réponse possible en un pareil moment.
  • MOT DE LA FIN.—La nouvelle à la main, souvent cruelle pour quelqu'un, par laquelle un chroniqueur doit terminer sa chronique.
  • MOT DE VALEUR, s. m. Mot ou phrase d'un rôle, qu'un acteur lance avec finesse ou avec énergie, selon les cas, et qui produit un grand effet sur le public. Argot des coulisses.

La Croix de mon père ou de ma mère,Je ne mange pas de ce pain-là,J'ai l'habit d'un laquais, et vous en avez l'âme, etc., etc., sont des mots de valeur.

  • MOTIF, s. m. Sujet de paysage,—dans l'argot des artistes.
  • MOTS, s. m. pl. Injures; reproches,—dans l'argot des ouvriers et des grisettes.

Avoir des mots avec quelqu'un. Se fâcher avec lui.

  • MOTS GRAS, s. m. pl. Gaillardises,—dans l'argot des bourgeois, dont le langage est taché de ces mots-là.
  • MOTTEUX, s. m. Ouvrier en mottes à brûler,—dans l'argot des faubouriens.

Signifie aussi Marchand de mottes.

  • MOUCHAILLER, v. n. Regarder, observer sans en avoir l'air,—dans l'argot des voyous.
  • MOUCHARD, s. m. Agent de police,—dans l'argot du peuple qui a eu l'honneur de prêter ce mot à Molière.

Se dit aussi de tout individu qui a l'air d'espionner, de tout ouvrier qui rapporte, etc.

  • MOUCHARD, s. m. Portrait peint, parce qu'il a l'air de vous regarder, où que vous vous mettiez.
  • MOUCHARD A BECS, s. m. Réverbère,—dans l'argot des voyous.
  • MOUCHARDE, s. f. La lune, qui, de ses gros yeux ronds, a l'air d'assister au détroussement ou au meurtre d'un homme sur une route.
  • MOUCHARDER, v. a. et n. Espionner la conduite de quelqu'un.
  • MOUCHE, s. f. Agent de police,—en général et en particulier.
  • MOUCHE, s. f. Mousseline,—dans l'argot des voleurs.
  • MOUCHE, adj. des 2 g. Mauvais, laid, désagréable, embêtant comme une mouche,—dans l'argot des faubouriens.
  • MOUCHER, v. a. Attraper, donner une correction, un soufflet,—dans le même argot.

Se faire moucher. Se faire battre.

On dit aussi Se faire moucher le quinquet.

  • MOUCHER, v. a. Tuer,—dans l'argot du peuple.
  • MOUCHER DU PIED (Ne pas se). Avoir le geste prompt et le soufflet facile.

Signifie aussi Avoir des allures de bourgeois, et même de grand seigneur.

On dit dans le même sens: Ne pas se moucher du coude.

  • MOUCHER LA CHANDELLE, v. a. Être décidé à mourir sans postérité.

On dit aussi Effacer.

  • MOUCHER SA CHANDELLE. Mourir.
  • MOUCHER SUR SA MANCHE (Se), v. réfl. N'avoir pas encore l'expérience nécessaire, la rouerie indispensable; en être à ses débuts dans la vie.

Ne pas se moucher sur sa manche. Être hardi, résolu, expérient, «malin».

Cette expression est la révélation d'un trait de mœurs certainement oublié, et peut-être même ignoré de ceux qui l'emploient: elle apprend qu'autrefois on mettait son mouchoir sur sa manche gauche pour se moucher de la main droite.

  • MOUCHERON, s. m. Gamin, enfant, apprenti,—dans l'argot des faubouriens.
  • MOUCHES D'HIVER, s. f. pl. Flocons de neige.

Il tombe des mouches d'hiver. Il neige.

  • MOUCHETTES, s. f. pl. Mouchoir,—dans l'argot des faubouriens, qui s'en servent pour les chandelles.
  • MOUCHETTES (Des)! Exclamation de refus, de la même famille que Des navets! Du flan! etc.
  • MOUCHIQUE, adj. Extrêmement muche,—dans l'argot de Breda-Street.
  • MOUCHIQUE, adj. Laid, mauvais,—dans l'argot des voleurs, qui, pour forger ce mot, n'ont pas dû songer aux moujiks russes de 1815, comme l'insinue Francisque Michel, mais ont eu certainement en vue leurs ennemis naturels, les mouchards.

Être mouchique à la section. Être mal noté chez le commissaire de police de son quartier.

  • MOUCHOIR, s. m. Aniterge,—dans l'argot des bourgeois.
  • MOUCHOIR, s. m. La main,—dans l'argot des faubouriens, qui ont l'habitude de s'en servir pour moucher les autres et se moucher eux-mêmes.

Ils s'en servent aussi comme Aniterge.

  • MOUCHOIR D'ADAM, s. m. Les doigts.
  • MOUCHOIR DE POCHE, s. m. Pistolet de poche, avec lequel on peut moucher les importuns de nuit à quinze pas. Argot des faubouriens.
  • MOUDRE, v. a. et n. Jouer de l'orgue de Barbarie ou de la serinette.

On dit aussi Moudre un air.

  • MOUFFLET, s. m. Enfant, gamin, apprenti,—dans l'argot du peuple, qui a dit autrefois moufflard, dérivé du verbe mouffler (enfler le visage), inusité aujourd'hui.
  • MOUILLANTE, s. f. Soupe,—dans l'argot des voyous.
  • MOUILLÉ (Être), v. pron. Être signalé comme suspect,—dans l'argot des agents de police.
  • MOUILLÉ (Être), Être ivre,—dans l'argot des faubouriens.
  • MOUILLER (Se), v. réfl. Boire avec excès.
  • MOUISSE, s. f. Soupe économique, potage à la Rumfort,—dans l'argot des voleurs et des troupiers.
  • MOULE A BLAGUES, s. m. La bouche,—dans l'argot des faubouriens.
  • MOULE A BOUTONS, s. m. Pièce de vingt francs,—dans l'argot des voyous.
  • MOULE A CLAQUES, s. m. Figure impertinente qui provoque et attire des soufflets,—dans l'argot du peuple.

Se dit aussi pour la main, qui distribue si généreusement les soufflets.

  • MOULE A GAUFRES, s. m. Figure marquée de trous de petite vérole,—par allusion cruelle aux dessins capricieux des deux plaques de fer qui servent à faire la pâtisserie légère et croquante qui nous vient des Flandres et qu'affectionnent les enfants.
  • MOULE AUX GUILLEMETS, s. m. C'est l'Huile de cotrets des troupiers.
  • MOULE DE GANT, s. m. Soufflet,—dans l'argot des faubouriens.
  • MOULE DU BONNET, s. m. La tête,—dans l'argot du peuple, qui parle comme écrivait Rabelais.
  • MOULIN, s. m. Maison du recéleur de plomb volé, qu'on appelle le meunier.
  • MOULIN A CAFÉ, s. m. Orgue de Barbarie, qui semble en effet moudre des airs. Argot du peuple.
  • MOULIN A MERDE, s. m. Labouche,—dans l'argot du peuple.

L'expression est horriblement triviale, j'aurais mauvaise grâce à le dissimuler, mais le peuple est excusé de l'employer par certaine note du 1er volume de la Régence, d'Alexandre Dumas.

  • MOULIN A VENT, s. m. Le podex,—dans l'argot facétieux et scatologique des faubouriens.
  • MOULINAGE, s. m. Bavardage,—dans l'argot des voleurs.
  • MOULINER, v. n. Bavarder.
  • MOULOIR, s. m. La bouche,—dans l'argot des voleurs.
  • MOUNIN, s. m. Petit garçon, apprenti,—dans l'argot des faubouriens.
  • MOUSCAILLE, s. f. Le résultat de la digestion,—dans l'argot des voleurs.
  • MOUSCAILLER, v. a. Alvum deponere.
  • MOUSQUETAIRE GRIS, s. m. Pou,—dans l'argot du peuple, qui aime les facéties.
  • MOUSSANTE, s. f. Bière de mars,—dans l'argot des faubouriens.
  • MOUSSE, s. m. Apprenti commis,—dans l'argot des calicots.
  • MOUSSE, s. f. Le résultat de la fonction du plexus mésentérique,—dans l'argot des marbriers de cimetière.
  • MOUSSELINE, s. f. Fers dont on charge un prisonnier,—dans l'argot des marbriers de cimetière.
  • MOUSSELINE, s. f. Pain blanc, léger, agréable au toucher comme au goût,—dans l'argot des faubouriens.
  • MOUSSER, v. n. Alvum deponere.
  • MOUSSER, v. n. S'emporter, être en rage, de dépit ou de colère,—dans l'argot des faubouriens.
  • MOUSSER, v. n. Avoir du succès,—dans l'argot des gens de lettres et des comédiens.

Faire mousser. Préparer le succès d'un auteur ou d'une pièce par des éloges exagérés et souvent répétés.

  • MOUSSER (Se faire). Se vanter, parler sans cesse de ses talents ou de ses qualités. Argot du peuple.
  • MOUSSERIE, s. f. Water-closets,—dans l'argot des voyous.
  • MOUSSEUX, adj. Redondant, hyperbolique,—dans l'argot des gens de lettres et des comédiens.
  • MOUSSU, s. m. Le sein de la femme, d'où sort le lait,—dans l'argot des voleurs.
  • MOUSSUE, s. f. Châtaigne,—dans le même argot.
  • MOUSTACHU, s. et adj. Homme à moustaches,—dans l'argot des bourgeois.
  • MOUTARD, s. m. Gamin, enfant, apprenti,—dans l'argot du peuple, qui, n'en déplaise à P. J. Leroux et à Francisque Michel, n'a eu qu'à regarder la chemise du premier polisson venu pour trouver cette expression.
  • MOUTARDE, s. f. Le stercus humain.
  • MOUTARDIER, s. m. Le podex.

On disait autrefois Baril à la moutarde, et Réservoir à moutarde.

  • MOUTARDIER, s. m. Goldfinder.

On dit aussi Parfumeur.

  • MOUTARDIER DU PAPE, s. m. Homme qui s'en fait accroire, imbécile vaniteux. On dit qu'il se croit le premier moutardier du pape.
  • MOUTON, s. m. Matelas,—dans l'argot des faubouriens, qui disent cela à cause de la laine dont il se compose ordinairement.

Mettre son mouton au clou. Porter son matelas au Mont-de-Piété.

  • MOUTON, s. m. Dénonciateur, voleur qui obtient quelque adoucissement à sa peine en trahissant les confidences de ses compagnons de prison.
  • MOUTONNAILLE, s. f. La foule,—dans l'argot du peuple, qui sait par expérience personnelle quelle est la contagion de l'exemple.
  • MOUTONNER, v. a. et n. Moucharder et dénoncer.
  • MOUVER (Se), v. réfl. Se remuer,—dans l'argot du peuple.
  • MOYEN-AGISTE, s. et adj. Amateur des choses et admirateur des idées du moyen âge.

Le mot est de H. de Balzac.

  • MOYENS, s. m. pl. Richesse,—dans l'argot des bourgeois.

Avoir des moyens. Être à son aise.

Signifie aussi: Aptitude, dispositions intellectuelles, capacités.

  • MUCHE, s. m. Jeune homme poli, doux, aimable, réservé,—dans l'argot des petites dames qui le trouvent trop collant.
  • MUCHE, adj. Excellent, délicieux, parfait,—dans l'argot des faubouriens, qui disent cela à propos des choses, à propos de la Patti comme à propos d'une soupe à l'oignon.
  • MUETTE, s. f. La conscience,—dans l'argot des voleurs, qui ont arraché la langue à la leur.

Avoir une puce à la muette. Avoir un remords; entendre—par hasard!—le cri de sa conscience.

  • MUETTE, s. f. Exercice muet, c'est-à-dire pendant lequel on ne fait pas résonner les fusils, par taquinerie ou par fantaisie. Argot des Saint-Cyriens.

Donner une muette. Faire un exercice.

  • MUFFLE, s. m. Visage laid ou grotesque, plus bestial qu'humain,—dans l'argot du peuple, qui se sert de cette expression depuis trois cents ans.

Il trouve plus euphonique de prononcer Muffe.

  • MUFFLE, s. et adj. Imbécile, goujat, brutal.

M. Francisque Michel à qui les longs voyages ne font pas peur, s'en va jusqu'à Cologne chercher une étymologie probable à cette expression, et il en rapporte muf et mouf,—afin qu'on puisse choisir. Je choisis muffle, tout naturellement, autorisé que j'y suis par un trope connu de tous les philologues, la synecdoque, par lequel on transporte à l'individu tout entier le nom donné à une partie de l'individu.

  • MUFFLE, s. m. Ouvrier,—dans l'argot des filles, qui n'aiment pas la blouse.
  • MUFFLERIE, s. f. Sottise, niaiserie; brutalité.

On dit aussi Muffletonnerie.

  • MUFFLETON, s. m. Petit muffle, jeune imbécile.

Je n'ai pas besoin d'ajouter qu'on prononce Muffeton.

  • MULET, s. m. Ouvrier qui aide le metteur en page,—dans l'argot des typographes.
  • MURETTE, s. f. La giroflée des murailles,—dans l'argot des paysans des environs de Paris.
  • MURGÉRISME, s. m. Littérature mal portante, marmiteuse, pleurarde; affectation de sensibilité; exagération du style et de la manière d'Henry Murger,—dont les imitateurs n'imitent naturellement que les défauts.
  • MURGÉRISTE, s. et adj. Qui appartient à l'école de Murger, qui en a les défauts sans en avoir les qualités.
  • MURON, s. m. Sel,—dans l'argot des voleurs.
  • MURONNER, v. a. Saler.
  • MURONNIER, s. m. Saunier.
  • MURONNIÈRE, s. f. Salière.
  • MUSARD, s. et adj. Flâneur, gobe-mouche,—dans l'argot du peuple.

Nous avons, en vieux langage, Musardie pour Sottise.

  • MUSARDER, v. n. Flâner.

On dit aussi Muser.

  • MUSARDINE, s. f. Habituée des Concerts-Musard,—où n'allait pas précisément la fine fleur de l'aristocratie féminine.

Le mot a été créé par Albéric Second en 1858.

  • MUSCADIN, s. m. Fat, dandy plus ou moins authentique,—dans l'argot du peuple, qui a conservé le souvenir des gandins du Directoire.
  • MUSEAU, s. m. Entonnoir en carton, au petit bout duquel est adaptée la loupe,—dans l'argot des graveurs sur bois, qui s'en coiffent le front.
  • MUSELÉ, s. m. Imbécile, homme qui n'est bon à rien qu'à bavarder,—dans l'argot du peuple.
  • MUSETTE, s. f. Gibecière en toile à l'usage des troupiers et des ouvriers.
  • MUSETTE, s. f. Sac à avoine,—dans l'argot des charretiers, qui le pendent au museau de leurs chevaux.

Ils disent aussi Pochet.

  • MUSETTE, s. f. Voix.

Couper la musette à quelqu'un. Le forcer à se taire.

  • MUSICIEN, s. m. Dictionnaire,—dans l'argot des voleurs.
  • MUSICIENS, s. m. pl. Les haricots, qui provoquent le crepitus ventris,—dans l'argot du peuple.
  • MUSIQUE, s. f. Ce qui reste au fond de l'auge,—dans l'argot des maçons.

Par extension, Résidu d'un verre, d'un vase quelconque.

  • MUSIQUE, s. f. Lots d'objets achetés à l'Hôtel des Ventes,—dans l'argot des Rémonencqs.
  • MUSIQUE, s. f. Morceaux de drap cousus les uns après les autres. Argot des tailleurs.
  • MUSIQUER, v. n. Faire de la musique d'amateur,—dans l'argot du peuple.
  • MUSSER, v. n. Sentir, flairer.
  • MUTUELLE, s. f. L'École mutuelle.

N

  • NA! Exclamation boudeuse de l'argot des enfants, qui l'emploient au lieu de Là!
  • NABAB, s. m. Homme immensément riche,—qu'il soit ou non gouverneur dans l'Inde. Argot des bourgeois.
  • NABOT, s. et adj. Homme de petite taille, nain,—dans l'argot du peuple.

On ait aussi Nabotin.

Nabote. Naine.

Je n'ai jamais entendu dire Nabotine.

  • NAGEOIR, s. m. Poisson,—dans l'argot des voleurs.
  • NAGEOIRES, s. f. pl. Favoris,—dans l'argot des faubouriens.
  • NAGEOIRES, s. f. pl. Les bras,—dans l'argot des voyous qui voient des poissons partout.

Les voyous anglais ont la même expression: Fin.

  • NANAN, s. m. Friandise, gâteau,—dans l'argot des enfants, qui disent cela de tout ce qui excite leur convoitise.
  • NANAN, s. m. Chose exquise, curieuse, rare,—dans l'argot des grandes personnes.

C'est du nanan! C'est un elzévir, ou un manuscrit de Rabelais, ou une anecdote scandaleuse, ou n'importe quoi alléchant.

  • NARRÉ, s. m. Racontage ennuyeux, bavardage insipide.

Faire des narrés. Faire des cancans.

  • NASE, s. m. Nez,—dans l'argot des faubouriens, qui ne se doutent pas qu'ils parlent latin comme Ovide-Nason, et français comme Brantôme.
  • NASER, v. a. et n. Avoir quelqu'un dans le nez.
  • NATURE (Être). Être vrai comme la nature,—dans l'argot du peuple, qui dit cela à propos des gens et des choses.
  • NATURE (Faire), v. n. Peindre avec exactitude,—dans l'argot des artistes, qui savent que l'Art consiste précisément à ne pas faire nature.
  • NAUTONIER, s. m. Pilote,—dans l'argot des académiciens.

Ils disent aussi Nocher.

  • NAVARIN, s. m. Navet,—dans l'argot des voleurs.
  • NAVARIN, s. m. Ragoût de mouton, de pommes de terre et de navets,—dans l'argot des restaurants du boulevard. C'est un nom nouveau donné à un mets connu depuis longtemps.
  • NAVET, s. m. Flatuosité sonore,—dans l'argot du peuple, qui l'attribue ordinairement au Brassica napus, quoiqu'elle ait souvent une autre cause.
  • NAVETS, s. m. pl. Jambes ou bras trop ronds, sans musculature apparente,—dans l'argot des artistes.
  • NAVETS (Des)! Exclamation de l'argot des faubouriens, qui l'emploient toutes les fois qu'ils ont à dire catégoriquement non.
  • NAYER, v. a. Noyer,—dans l'argot du peuple, qui parle comme écrivait Rabelais: «Zalas! mes amis, mes frères, je naye!» s'écrie le couard Panurge durant la tempête.
  • NAZARETH, s. m. Nez,—dans l'argot des voleurs.

Ils disent aussi Nazicot.

  • NÈFLES (Des)! Non,—dans l'argot des faubouriens.

On dit plus élégamment: Ah! des nèfles!

  • NÉGOCIANT, s. m. Bourgeois, homme à son aise,—dans l'argot des matelots, qui ne connaissent pas de position sociale plus enviable.
  • NÉGOCIANT AU PETIT CROCHET, s. m. Chiffonnier,—dans l'argot des faubouriens.
  • NÈGRE BLANC, s. m. Remplaçant militaire,—dans l'argot des voleurs; ouvrier,—dans l'argot du peuple.
  • NÉGRESSE, s. f. Toile cirée,—dans l'argot des voyous.
  • NÉGRESSE, s. f. Litre ou bouteille de vin,—dans l'argot des faubouriens.

Étouffer ou Éventrer une négresse. Boire une bouteille.

On dit aussi Éternuer sur une négresse.

  • NÉGRESSE, s. f. Punaise.
  • NÉGRIOT, s. m. Coffret, d'ébène ou d'autre bois.

On dit aussi Moricaud.

  • NÉNETS, s. m. pl. Seins,—dans l'argot des grisettes.

Quelques-uns écrivent nénais; mais ce mot n'est pas plus français que l'autre.

  • NÉNETS D'HOMME, s. m. pl. Les biceps,—dans l'argot des filles.
  • NEPS, s. m. pl. Nom d'une certaine catégorie de voleurs israélites qui, dit Vidocq, savent vendre très cher une croix d'ordre, garnie de pierreries fausses.
  • NET COMME TORCHETTE, adj. Se dit,—dans l'argot du peuple,—des choses ou des gens excessivement propres.
  • NETTOYER, v. a. Voler; ruiner, gagner au jeu; dépenser; battre, et même tuer,—dans l'argot des faubouriens.

Se faire nettoyer. Perdre au jeu; se laisser voler, battre ou tuer.

  • NETTOYER UN PLAT, v. a. Manger ce qu'il contient,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Torcher un plat.

  • NEZ, s. m. Mauvaise humeur.

Faire son nez. Avoir l'air raide, ennuyé, mécontent.

  • NEZ (Avoir dans le), v. a. Détester une chose ou quelqu'un.

C'est le Ne pouvoir sentir de l'argot des bourgeois.

  • NEZ, s. m. Finesse, habileté, adresse.

Avoir du nez. Flairer les bonnes affaires, deviner les bonnes occasions.

Manquer de nez. N'être pas habile en affaires.

  • NEZ (Ce n'est pas pour ton)! Ce n'est pas pour toi.

On dit aussi: Ce n'est pas pour ton fichu nez!

On trouve cette expression dans Mathurin Régnier (Satyre XIII):

«Ils croyent qu'on leur doit pour rien la courtoisie,
Mais c'est pour leur beau nez.»

dit la vieille courtisane à une plus jeune qu'elle veut mettre en garde contre les faiblesses de son cœur.

  • NEZ CREUX (Avoir le), v. a. Avoir le pressentiment d'une chose, d'un événement; flairer une bonne occasion, une bonne affaire.

Signifie aussi Arriver quelque part juste à l'heure du dîner.

On dit aussi Avoir bon nez.

  • NEZ DANS LEQUEL IL PLEUT, s. m. Nez trop retroussé, dont les narines, au lieu d'être percées horizontalement, l'ont été perpendiculairement.

C'est le Nez en as de treuffle de Rabelais.

  • NEZ-DE-CHIEN, s. m. Mélange de bière et d'eau-de-vie,—dans l'argot des faubouriens.

Avoir le nez de chien. Être gris,—parce qu'on ne boit pas impunément ce mélange.

  • NEZ QUI A COUTÉ CHER, s. m. Nez d'ivrogne, érubescent, plein de bubelettes, qui n'a pu arriver à cet état qu'après de longues années d'un culte assidu à Bacchus.

On dit aussi Nez qui a coûté cher à mettre en couleur.

  • NEZ TOURNÉ A LA FRIANDISE, s. m. Nez retroussé, révélateur d'une complexion amoureuse,—dans l'argot des bourgeois qui préfèrent Roxelane à la Vénus de Médicis.
  • NIAIS, s. m. Voleur qui a des scrupules; prisonnier qui a des remords de sa faute ou de son crime.
  • NIB ou NIBERGUE, adv. Rien, zéro,—dans l'argot des voleurs.

Nib de braise! Pas d'argent.

  • NICHÉE, s. f. Réunion d'enfants de la même famille,—dans l'argot du peuple.
  • NICHER, v. n. Demeurer, habiter quelque part.

Se nicher. Se placer.

  • NICHET, s. m. Œuf de plâtre qu'on met dans un nid pour que les poules y viennent pondre.
  • NICHONNETTE, s. f. Drôlesse à la mode, coiffée à la chien. Argot de gens de lettres.
  • NICHONS, s. m. pl. Seins,—dans l'argot des enfants.
  • NICODÈME, s. m. Niais, imbécile. Argot du peuple.
  • NICOLAS-J'-T'EMBROUILLE! Exclamation de défi,—dans l'argot des écoliers.
  • NID A PUNAISES, s. m. Chambre d'hôtel garni,—dans l'argot du peuple.
  • NID D'HIRONDELLE, s. m. Chapeau d'homme, rond et à bords imperceptibles, tel enfin que les élégants le portent aujourd'hui, ou l'ont porté hier.
  • NIÈRE, s. m. Individu quelconque,—dans l'argot des voleurs.

Bon nière. Bon vivant, bon enfant.

Mon nière bobèchon. Moi.

  • NIGAUDINOS, s. m. Imbécile, nigaud,—dans l'argot du peuple, qui se souvient du Pied de Moutonde Martainville.
  • NIGUEDOUILLE, s. m. Imbécile, nigaud,—dans l'argot des faubouriens.

C'est une des formes du vieux mot français niau,—le nidasius de la basse latinité,—dont nous avons fait niais. Gniolle—qu'on devrait écrire niolle, mais que j'ai écrit comme on le prononce a la même racine.

  • N, I, NI, C'EST FINI! Formule qu'on emploie—dans l'argot des grisettes et du peuple—pour faire mieux comprendre l'irrévocabilité d'une rupture, l'irrémédiabilité d'un dénouement, en amour, en amitié ou en affaires.
  • NINI. Diminutif caressant d'Eugénie.

On dit aussi Niniche.

  • NIOLE, s. m. Chapeau d'occasion,—dans l'argot des marchandes du Temple.
  • NIOLEUR, s. m. Chapelier.
  • NIORTE, s. f. Viande,—dans l'argot des voleurs.
  • NIQUE DE MÈCHE (Être). Sans aucune complicité,—dans le même argot.
  • NISCO! interj. Rien, zéro, néant,—dans l'argot des faubouriens.

Ils disent aussi Nix,—pour parodier le Nicht des Allemands.

Nisco braisicoto! Pas d'argent.

  • NISETTE, s. f. Olive,—dans l'argot des voleurs.
  • NISETTIER, s. m. Olivier.
  • NIVET, s. m. Chanvre.—dans le même argot.
  • NIVETTE, s. f. Chenevière.
  • NI VU NI CONNU, J' T'EMBROUILLE! Exclamation de l'argot du peuple, qui signifie: Cherchez, il n'y a plus rien.
  • NOBLE ÉTRANGÈRE, s. f. Pièce de cinq francs en argent,—dans l'argot des gens de lettres, qui ont lu la Vie de Bohème.
  • NOC, s. et adj. Imbécile parfait.
  • NOCE, s. f. Débauche de cabaret,—dans l'argot du peuple.

Faire la noce. S'amuser, dépenser son argent avec des camarades ou avec des drôlesses.

N'être pas à la noce. Être dans une position critique; s'ennuyer.

  • NOCE DE BATONS DE CHAISES, s. f. Débauche plantureuse de cabaret,—dans l'argot des faubouriens, qui, une fois en train de s'amuser, cassent volontiers les tables et les bancs du «bazar».
  • NOCER, v. n. S'amuser plus ou moins crapuleusement.
  • NOCEUR, s. et adj. Ouvrier qui se dérange; homme qui se débauche avec les femmes.
  • NOCEUSE, s. f. Drôlesse de n'importe quel quartier, qui fuit toutes les occasions de travail et recherche tous les prétextes à plaisir.
  • NOCTAMBULE, s. et adj. Bohème, qui va des cafés qui ferment à minuit et demi dans ceux qui ferment à une heure, et de ceux-là dans les endroits où l'on soupe.
  • NOCTAMBULER, v. n. Se promener la nuit, dans les rues, en causant d'amour et d'art avec quelques compagnons.
  • NœUD D'ÉPÉE, s. m. Couennes de lard rassemblées en un petit paquet,—dans l'argot des charcutiers.
  • NOIR, s. f. Café noir,—dans l'argot des voyous.

Ils disent aussi Nègre pour un gloria, et Négresse pour une demi-tasse.

  • NOMBRIL, s. m. Midi, le centre du jour,—dans l'argot des voleurs, qui emploient, sans s'en douter, une expression familière aux Latins: Ad umbilicum jam dies est.(Il est déjà midi), écrivait Plaute il y a plus de deux mille ans.
  • NOM D'UN! Juron innocent ou semblant de juron de la même famille que: Nom de d'là! Nom de çà! Nom de deux! Nom d'un nom_! Nom d'une pipe! Nom d'un chien! Nom d'un petit bonhomme! Nom d'un tonnerre!
  • NONNE, s. f. Encombrement volontaire,—dans l'argot des voleurs.

Faire nonne. Simuler à huit ou neuf un petit rassemblement afin d'arrêter les badauds, et, les badauds arrêtés, de fouiller dans leurs poches.

  • NONNEUR, s. m. Compère du tireur (V. ce mot); variété de voleur.

Manger sur ses nonneurs. Dénoncer ses complices.

  • NORDISTE, s. et adj. Partisan du gouvernement fédéral américain, et, en même temps, de l'abolition de l'esclavage et de la liberté humaine, sans distinction de couleur d'épiderme.

Cette expression, qui date de la guerre de sécession aux Etats-Unis est désormais dans la circulation générale.

  • NOS VOISINS. Les Anglais,—dans l'argot des journalistes et des bourgeois.
  • NOS VOISINS VIENNENT. Se dit, dans l'argot des bourgeoises,—lorsque leurs menses font leur apparition.
  • NOTAIRE, s. m. Comptoir du marchand de vin,—dans l'argot des faubouriens, qui y font beaucoup de transactions, honnêtes ou malhonnêtes, et un certain nombre de mariages à la détrempe.
  • NOUNOU, s. f. Nourrice,—dans l'argot des enfants et des mamans.
  • NOURRICE, s. f. Femme que la nature a avantagée,—dans l'argot du peuple.
  • NOURRIR LE POUPARD, v. a. Préparer un vol, le mijoter, pour ainsi dire, avant de l'exécuter.

Quelques grammairiens du bagne prétendent qu'il faut dire: Nourrir le poupon.

  • NOURRIR UN QUINE A LA LOTERIE. Se bercer de chimères, vivre d'illusions folles. Argot des bourgeois.
  • NOURRISSEUR, s. m. Voleur qui indique une affaire, qui la prépare à ses complices.
  • NOURRISSEUR, s. m. Restaurateur, cabaretier,—dans l'argot des bohèmes.
  • NOURRISSON DES MUSES, s. m. Poète,—dans l'argot des académiciens, qui ont été allaités par des Naïades.
  • NOUSAILLES, pr. pers. Nous,—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Nosigues.

  • NOUVEAU, s. m. Elève récemment arrivé au collège,—dans l'argot des collégiens; soldat récemment arrivé au régiment,—dans l'argot des troupiers; ouvrier récemment embauché,—dans l'argot du peuple; prisonnier récemment écroué,—dans l'argot des voleurs.
  • NOUVEAUTÉ, s. f. Livre qui vient de paraître,—dans l'argot des libraires, qui souvent rééditent sous cette rubrique de vieux romans et de vieilles histoires.
  • NOUVELLE A LA MAIN, s. f. Phrase plus ou moins spirituelle, où il doit toujours y avoir un mot, et que le public blasé lit de préférence à n'importe quel bon article,—parce que cela se retient facilement comme les centons et peut se citer dans la conversation.
  • NOYAUX, s. m. pl. Pièces de monnaie,—dans l'argot des faubouriens.

L'expression est plus que centenaire, comme le prouvent ces deux vers de Vadé:

«L'sacré violon qu'avait joué faux
Voulut me d'mander des noyaux.»

  • NUMÉRO (Être d'un bon). Être grotesque, ou ennuyeux,—dans l'argot des artistes.
  • NUMÉRO CENT, s. m. Water-closet,—dans l'argot des bourgeois, qui ont la plaisanterie odorante.
  • NUMÉROTE TES OS! C'est la phrase par laquelle les faubouriens commencent une rixe. Ils ajoutent: Je vais te démolir!
  • NUMÉRO UN, adj. Très bien, très beau, très grand,—dans l'argot du peuple.
  • NYMPHE, s. f. Fille de prostibulum,—dans l'argot des bourgeois.
  • NYMPHE DE GUINÉE, s. f. Négresse,—dans l'argot des faubouriens.
  • NYMPHE POTAGÈRE, s. f. Cuisinière.

O

  • OBÉLISQUAL, adj. Écrasant d'étonnement, «ruisselant d'inouïsme»,—dans l'argot des romantiques, amis des superlatifs étranges.
  • OBJET, s. m. Maîtresse,—dans l'argot des ouvriers.
  • OCCASE, s. f. Apocope d'Occasion,—dans l'argot des faubouriens.
  • OCCASION, s. f. Chandelier,—dans l'argot des voleurs.
  • OCCASION (D'). De peu de valeur, d'un prix très réduit,—dans l'argot du peuple qui dit cela à propos des choses.
  • OCRÉAS, s. m. pl. Souliers,—dans l'argot des Saint-Cyriens, qui se souviennent de leur Virgile et de leur Horace. Ocreatus in nive dormis, a dit ce dernier, qui n'était pas fait pour dormir tout botté sous la neige, comme un soldat, car on sait qu'à la bataille de Philippes il prit la fuite en jetant son bouclier aux orties.
  • ŒIL, s. m. Crédit,—dans l'argot des bohèmes.

Avoir l'œil quelque part. Y trouver à boire et à manger sans bourse délier.

Faire ou ouvrir un œil à quelqu'un. Lui faire crédit.

Crever un œil. Se voir refuser la continuation d'un crédit.

Fermer l'œil. Cesser de donner à crédit.

Quoique M. Charles Nisard s'en aille chercher jusqu'au 1er siècle de notre ère un mot grec «forgé par saint Paul» (chap. VII de l'Épître aux Éphésiens, et chap. III de l'Épître aux Colossiens), j'oserai croire que l'expression A l'œil—que ne rend pas du tout d'ailleurs l'οφθαλμοδουλεια [grec: ophthalmodouleia] de l'Apôtre des Gentils—est tout à fait moderne. Elle peut avoir des racines dans le passé, mais elle est née, sous sa forme actuelle, il n'y a pas quarante ans. Les consommateurs ont commencé par faire de l'œil aux dames de comptoir, qui ont fini par leur faire l'œil: une galanterie vaut bien un dîner, madame Grégoire le savait.

  • ŒIL, s. m. Bon effet produit par une chose, bonne façon d'être d'une robe, d'un tableau, d'un paysage, etc.

On dit: Cette chose a de l'œil.

  • ŒIL, s. m. Le podex,—dans l'argot des faubouriens facétieux.

Crever l'œil à quelqu'un. Lui donner un coup de pied au derrière.

  • ŒIL (Avoir l'). Faire bonne garde autour d'une personne ou d'une chose.

On dit aussi Ouvrir l'œil.

  • ŒIl (Faire de l'). Donner à penser des choses fort agréables aux hommes,—dans l'argot des petites dames; regarder langoureusement ou libertinement les femmes, dans l'argot des gandins.
  • ŒIL AMÉRICAN (Avoir l'). Voir très clair là où les autres voient trouble,—dans l'argot du peuple, qui a peut-être voulu faire allusion aux romans de Cooper et rappeler les excellents yeux de Bas-de-Cuir, qui aurait vu l'herbe pousser.
  • ŒIL BORDÉ D'ANCHOIS, s. m. Aux paupières rouges et décillées,—dans l'argot des faubouriens.
  • ŒIL DE Bœuf, s. m. Pièce de cinq francs.
  • ŒIL DE VERRE, s. m. Lorgnon.
  • ŒIL EN COULISSE, s. m. Regard tendre et provocateur,—ce que Sénèque appelle en son langage sévère oculorum fluxus.

Faire les yeux en coulisse. Regarder amoureusement quelqu'un.

  • ŒIL EN TIRELIRE, s. m. Regard chargé d'amour, provocateur, à demi clos.
  • ŒIL MARÉCAGEUX, s. m. Regard langoureux, voluptueux,—dans l'argot des petites dames.
  • OFFICIER, s. m. Garçon d'office,—dans l'argot des limonadiers.
  • OFFICIER DE LOGE, s. m. Frère chargé d'un office,—dans l'argot des francs-maçons.
  • OFFICIER DE TOPO, s. m. Homme qui triche au jeu de la bassette,—dans l'argot des joueurs.

On dit aussi Officier de tango.

  • OGNON, s, m. Grosse montre, de forme renflée comme un bulbe,—dans l'argot du peuple, ami des mots-images.

On remarquera que, contrairement à l'orthographe officielle, j'ai écrit ognon et non oignon. Pour deux raisons: la première, parce que le peuple prononce ainsi; la seconde, parce qu'il a raison, oignon venant du latin unio. J'ai même souvent entendu prononcer union.

  • OGNON (Il y a de l'), On va se fâcher, on est sur le point de se battre, par conséquent de pleurer. Argot des faubouriens.
  • OGNONS (Aux)! Exclamation de l'argot des faubouriens, qui l'emploient comme superlatif de bien, de bon et de beau.

On dit aussi Aux petites ognons! et même Aux petites oignes!

Cette expression et celle-ci: Aux petits oiseaux! sont les descendantes de cette autre: Aux pommes! qu'explique à merveille une historiette de Tallemant des Réaux.

  • OGRE, s. m. Agent de remplacement militaire,—dans l'argot des voleurs.

Signifie aussi: Usurier, Escompteur.

  • OGRE, s. m. Marchand de chiffons,—dans l'argot des chiffonniers.
  • OGRESSE, s. f. Maîtresse de tapis-franc, de maison borgne,—dans l'argot des voleurs, qui ont sans doute voulu faire allusion à l'effroyable quantité de chair fraîche qui se consomme là dedans.
  • OGRESSE, s. f. Marchande à la toilette, proxénète,—dans l'argot des filles, ses victimes.
  • OH! LA! LA! Exclamation ironique et méprisante de l'argot des faubouriens, qui la mettent à toutes sauces.
  • OIE DU FRÈRE PHILIPPE, s. f. Jeune fille ou jeune femme,—dans l'argot des gens de lettres, qui ont lu les Contes de la Fontaine.

L'expression tend à s'introduire dans la circulation générale: à ce titre, j'ai dû lui donner place ici. Pourquoi le peuple, qui a à sa disposition, à propos de la «plus belle moitié du genre humain», tant d'expressions brutales et cyniques, n'emploierait-il pas cette galante périphrase? Le peuple anglais dit bien depuis longtemps, à propos des demoiselles de petite vertu, les Oies de l'évêque de Winchester (The bishop of Winchester's geese).

  • OISEAU, s. m. Auge à plâtre.—dans l'argot des maçons.
  • OISEAU, s. m. Original; homme difficile à vivre,—dans l'argot du peuple, qui n'emploie presque toujours ce mot que dans un sens péjoratif ou ironique. Ainsi il dira, à propos d'un homme qu'on lui vante et qu'il n'aime pas: «Oui, un bel oiseau!» Ou, à propos d'un homme taré ou suspect: «Quel triste oiseau!» Ou, à propos d'un homme laid ou ennuyeux: «Le vilain oiseau!» Ou, à propos d'un homme excentrique: «Drôle d'oiseau!»

Les Anglais disent de même: Queer bird.

  • OISEAUX (Aux)! Exclamation de l'argot des faubouriens, qui l'emploient comme le superlatif de bien, de beau, de bon. Une femme est aux oiseaux quand elle réunit la sagesse à la beauté. Un mobilier est aux oiseaux quand il réunit l'élégance et la solidité au bon marché, etc., etc.

On dit aussi Aux petits oiseaux!

  • OISEAU DE CAGE, s. m. Prisonnier.

Les ouvriers anglais disent: Jail bird (oiseau de prison).

  • OLIM, s. m. Suranné, académicien,—dans l'argot des romantiques, qui cherchaient et trouvaient les injures les plus corsées pour en contaminer la gloire de leurs adversaires naturels, les classiques.

Celle-ci appartient à T. Gautier, qui, heureusement pour lui et pour nous, a fait Émaux et Camées.

  • OLIVET, s. m. Ognon,—dans l'argot des voleurs.
  • OLIVIER DE SAVETIER, s. m. Navet,—dans l'argot des faubouriens, qui font sans doute allusion à l'huile qu'on extrait de la navette, un Brassica napus aussi, mais oleifera.
  • OLLA PODRIDA, s. f. Représentation à bénéfice, où l'on fait entrer de tout, du chant et de la danse, du drame et du vaudeville, de l'opéra-comique et de la tragédie. Pot-pourri. Argot des coulisses.
  • OMBRE (A l'). En prison,—dans l'argot du peuple.

S'emploie aussi quelquefois dans un sens plus sinistre, celui de: Au cimetière, et, dans ce cas, mettre quelqu'un à l'ombre, c'est le tuer.

  • OMBRES CHINOISES, s. f. pl. Revue de l'année, jouée à la façon de Séraphin, par les élèves de l'Ecole polytechnique, le jeudi qui précède Noël, et dans laquelle on n'épargne pas plus le sel aux professeurs, et même au général commandant l'Ecole, qu'Aristophane ne l'épargnait à Socrate dans ses Nuées.
  • OMELETTE, s. f. Mystification militaire qui consiste à retourner sens dessus dessous le lit d'un camarade endormi.

Omelette du sac. Autre plaisanterie de même farine qui consiste à mettre en désordre tous les objets rangés dans un havre-sac,—ce qui est une façon comme l'autre de casser les œufs et de les brouiller.

  • OMNIBUS, s. m. Résidu des liquides répandus sur le comptoir d'un marchand de vin, et servi par ce dernier aux pratiques peu difficiles, amies des arlequins.
  • OMNIBUS, s. m. Verre de vin de la contenance d'un demi-setier, la mesure ordinaire de tout buveur.
  • OMNIBUS, s. m. Garçon supplémentaire pour les jours de fête,—dans l'argot des garçons de café.
  • OMNIBUS, s. m. Femme banale,—dans l'argot du peuple, pour qui cette Dona Sol au ruisseau lucet omnibus.
  • OMNIBUS DE CONI, s. m. Corbillard,—dans l'argot des voleurs.
  • ONCLE, s. m. Guichetier,—dans le même argot.
  • ONCLE, s. m. Usurier,—dans l'argot des fils de famille, qui ont voulu marier leur tante à quelqu'un.
  • ONGLE CROCHE, s. m. Avare et même voleur,—dans l'argot du peuple, qui suppose avec raison que ce qui est bon à garder pour l'un est bon à prendre pour l'autre.

Avoir les ongles croches. Avoir des dispositions pour la tromperie—et même pour la filouterie.

  • ONGLES EN DEUIL, s. m. pl. Ongles noirs, malpropres.
  • ONGUENT, s. m. Argent,—dans l'argot des voleurs, qui savent que l'on guérit tout, ou presque tout, avec cela.
  • ON PAVE! Phrase de l'argot des bohèmes, signifiant: «Il ne faut pas passer dans cette rue, dans ce quartier, à cause des créanciers qu'on pourrait y rencontrer.»
  • OPINEUR HÉSITANT, s. m. Juré,—dans l'argot des voyous, piliers de Cour d'assises.
  • ORANGE A COCHONS, s. f. Pomme de terre,—dans l'argot des voleurs, qui apprennent ainsi aux gens honnêtes et ignorants qu'avant Parmentier le savoureux tubercule dont nous sommes si friands aujourd'hui, pauvres et riches, était abandonné comme nourriture aux descendants du compagnon de saint Antoine.

Le peuple dit Orange de Limousin.

  • ORANGER, s. m. La gorge,—dans l'argot de Breda-Street.

M. Prudhomme, dans un accès de galanterie, s'étant oublié jusqu'à comparer le buste d'une belle femme au classique «jardin des Hespérides», et les fruits du jardin des Hespérides étant des pommes d'or, c'est-à-dire des oranges, on devait forcément en arriver à prendre toute poitrine féminine pour un oranger.

  • ORANGER DE SAVETIER, s. m. Le basilic,—dans l'argot des faubouriens, qui connaissent l'odeur exquise de l'ocymum, bien faite pour neutraliser celle des cuirs amoncelés dans les échoppes de cordonnier.

On le dit aussi du réséda.

  • ORANGES SUR LA CHEMINÉE (Avoir des). Avoir une gorge convenablement garnie,—dans l'argot de Breda-Street.
  • ORDINAIRE, s. m. Soupe et bœuf,—dans l'argot des ouvriers.
  • ORDINAIRES, s. f. pl. Les menses de la femme,—dans l'argot des bourgeois.
  • OR-DUR, s. m. Cuivre,—dans l'argot des faubouriens, qui aiment à équivoquer. Ça, de l'or? disent-ils; de l'ordure (or-dur) oui!
  • OREILLARD, s. m. Baudet,—dans le même argot.
  • ORGANEAU, s. m. Anneau de fer placé au milieu de la chaîne qui joint entre eux les forçats suspects.
  • ORGUE. Pronom personnel de l'argot des voleurs.

Mon orgue, moi.

Ton orgue, toi.

Son orgue, lui.

Leur orgue, eux.

  • ORGUES, s. f. pl. Affaires,—dans le même argot.
  • ORIENTALISTE, s. m. Homme parlant le pur argot,—qui est du sanscrit et du chinois pour les gens qui n'ont appris que les langues occidentales.
  • ORIGINAL, s. m. Homme qui ne fait rien comme personne. Argot des bourgeois.

On dit aussi Original sans copie.

  • ORLÉANS, s. m. Vinaigre.
  • ORNICHON, s. m. Poulet.
  • ORNIE, s. f. Poule,—dans l'argot des voleurs, pour qui cette volaille est l'oiseau par excellence (ορνις [grec: ornis]), au propre et au figuré, à manger et à plumer.
  • ORNIE DE BALLE, s. f. Dinde,—«à cause de la balle d'avoine dans laquelle elle est forcée de chercher sa nourriture, le grain étant réservé aux autres habitants de la basse-cour.»
  • ORNIÈRE, s. f. Poulailler.
  • ORNION, s. m. Chapon.
  • ORPHELIN, s. m. Orfèvre,—dans l'argot des voleurs.
  • ORPHELIN DE MURAILLE, s. m. Résultat solide de la digestion,—dans l'argot des faubouriens.
  • ORPHELINS, s. m. pl. Bande de camarades, ou plutôt de complices,—dans l'argot des voleurs.
  • ORPHIE, s. f. Oiseau chanteur (Orphicus). Même argot.
  • OS, s. m. Argent, or, monnaie,—dans l'argot des faubouriens.

Avoir l'os. Être riche.

  • OSSELETS, s. m. Les dents,—dans l'argot des voleurs.
  • OSTROGOTH, (on prononce Ostrogo) s. m. Importun; niais,—dans l'argot du peuple.
  • OUATER, v. a. et n. Dessiner ou peindre avec trop de morbidesse et de flou,—dans l'argot des artistes, qui prétendent qu'en peignant ou en dessinant ainsi, on ne peut faire que des bonshommes en coton.
  • OUICHE! adv. Oui,—dans l'argot du peuple, qui emploie ce mot ironiquement.

C'est le ouais des paysans.

  • OUI, EN PLUME! Expression de l'argot des typographes qui équivaut à cette autre plus claire: «Tu blagues!»
  • OUI, GARIBALDI! Expression de dénégation méprisante qui a succédé, dans l'argot du peuple, depuis les événements d'Italie, à cette autre si connue: Oui! mon œil!

On a dit aussi Oui! les lanciers!

  • OURLER LE BEQ, v. a. Terminer sa besogne,—dans l'argot des graveurs sur bois.
  • OURS, s. m. Vaudeville, drame ou comédie qui brille par l'absence d'intérêt, de style, d'esprit et d'imagination, et qu'un directeur de théâtre bien avisé ne joue que lorsqu'il ne peut pas faire autrement,—comme autrefois, aux cirques de Rome on ne faisait combattre les ours que lorsqu'il n'y avait ni lions, ni tigres, ni éléphants.

On le dit aussi d'un mauvais article ou d'un livre médiocre.

  • OURS, s. m. Ouvrier imprimeur,—dans l'argot des typographes.
  • OURS, s. m. La salle de police,—dans l'argot des soldats.
  • OURSON, s. m. Bonnet de grenadier,—dans l'argot des gardes nationaux.
  • OUTIL DE BESOIN, s. m. Souteneur de carton,—dans l'argot des filles.
  • OUTILS, s. m. pl. Ustensiles de table, en général,—dans l'argot des francs-maçons.
  • OUTU, adj. Ruiné, perdu, atteint de la maladie mortelle,—dans l'argot des bourgeois désireux de ménager la chèvre de la décence et le chou de la vérité.

Il y a longtemps qu'ils parlent ainsi, frisant la gaillardise et défrisant l'orthographe. On trouve dans les Contes d'Eutrapel: «Et bien, dit-elle, soit! Ce qui est faict est faict, il n'y a point de remède, qui est outu est outu (quelques docteurs disent qu'elle adjoucta une F).»

  • OUVRAGE, s. m. L'engrais humain, à l'état liquide,—dans l'argot des faubouriens.

Tomber dans l'ouvrage. Se laisser choir dans la fosse commune d'une maison.

  • OUVRAGE, s. m. Vol,—dans l'argot des prisons.
  • OUVRIER, s. m. Voleur,—dans le même argot.
  • OUVRIR SA TABATIÈRE, v. a. Crepitare sournoisement, sans bruit, mais non sans inconvénient,—dans l'argot du peuple, qui, en parlant de cet inconvénient, ajoute: Drôle de prise! 336

P

  • PACANT, s. m. Paysan,—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Palot.

  • PACHALESQUEMENT, ad. Voluptueusement,—dans l'argot des romantiques.

Cet adverbe oriental appartient à Théophile Dondey, plus inconnu sous le pseudonyme de Philotée O'Neddy.

  • PACKET, s. m. Paquebot,—dans l'argot des anglomanes et des créoles.
  • PACLIN ou Pasquelin, s. m. Pays natal,—dans l'argot des voleurs.

Pasquelin du Rabouin. L'enfer, pays du diable.

  • PACLINAGE ou Pasquelinage, s. m. Voyage.
  • PACLINER, v. n. Voyager.
  • PACLINEUR, s. m. Voyageur.
  • PADOUE, s. f. Cordonnet rouge avec lequel les confiseurs attachent les sacs de bonbons.
  • PAF, adj. Gris, ivre,—dans l'argot des faubouriens.
  • PAFFER (Se), v. réfl. Boire avec excès.
  • PAFS, s. m. pl. Chaussures, neuves ou d'occasion.
  • PAGE BLANCHE, s. f. Homme distingué, ouvrier supérieur à son état,—dans l'argot des typographes.

Être page blanche en tout. Ne se mêler jamais des affaires des autres; être bon camarade et bon ouvrier.

  • PAGNE, s. m. Provisions que le malade ou le prisonnier reçoit du dehors et qu'on lui porte ordinairement dans un panier. Argot des voleurs.
  • PAIE (Bonne), s. f. Homme qui fait honneur à sa parole ou à sa signature,—dans l'argot des bourgeois.

Mauvaise paie. Débiteur de mauvaise foi.

Il faut prononcer paye, à la vieille mode.

  • PAÏEN, s. m. Débauché, homme sans foi ni loi, ne craignant ni Dieu ni diable,—dans l'argot du peuple, qui emploie là une expression des premiers temps de notre langue.
  • PAILLASSE, s. f. Corps humain,—dans l'argot des faubouriens.

Se faire crever la paillasse. Se faire tuer en duel,—ou à coups de pied dans le ventre.

On dit aussi Paillasse aux légumes.

Paillasse, s. f. Femme ou fille de mauvaise vie.

On dit aussi Paillasse de corps de garde, et Paillasse à soldats.

  • PAILLASSE, s. m. Homme politique qui change d'opinions aussi souvent que de chemises, sans que le gouvernement qu'il quitte soit, pour cela, plus sale que le gouvernement qu'il met.

On dit aussi Pitre et Saltimbanque.

  • PAILLASSON, s. m. Libertin,—dans l'argot du peuple.

Signifie aussi souteneur de filles. Mais le premier sens est le plus usité, et depuis plus longtemps, comme en témoigne ce passage d'une chanson qui avait, sous la Restauration, la vogue qu'a aujourd'hui la chanson de l'Assommoir:

«Chaque soir sur le boulevard

Ma petit' femm' fait son trimar,

Mais si elle s'port' sus l'paillasson,

J'lui coup' la respiration:

Je suis poisson!»

  • PAILLE, s. f. Dentelle,—dans l'argot des voleurs.
  • PAILLE (C'est une)! Ce n'est rien! Argot du peuple.

L'expression est très ironique,et signifie toujours, dans la bouche de celui qui l'emploie, que ce rien est un obstacle sérieux.

  • PAILLE AU CUL (Avoir la). Être réformé, congédié; mis hors de service, par allusion au bouchon de paille qu'on met aux chevaux à vendre.
  • Paille de fer, s. f. Baïonnette,—dans l'argot des troupiers.

Signifie aussi: Fleuret, Epée.

  • PAILLETÉE, s. f. Drôlesse du boulevard,—dans l'argot des voyous, qui sont souvent les premiers à fixer dans la langue une mode ou un ridicule. Pour les curieux de 1886, cette expression voudra dire qu'en 1866 les femmes du monde interlope portaient des paillettes d'or partout, sur leurs voilettes, dans leurs cheveux, sur leurs corsages, etc. Elle a été employée pour la première fois en littérature par M. Jules Claretie.

J'ai entendu aussi un voyou s'écrier, en voyant passer dans le faubourg Montmartre une de ces effrontées drôlesses qui ne savent comment dépenser l'or qu'elles ne gagnent pas: Ohé! la Dantzick.

  • PAILLOT, s. m. Paillasson à essuyer les pieds,—dans l'argot du peuple.
  • PAIN, s. m. Coussin de cuir,—dans l'argot des graveurs, qui placent dessus la pièce à graver, bois ou acier.
  • PAIN (Et du)! Exclamation ironique de l'argot du peuple, qui la coud à beaucoup de phrases, quand il veut refuser à des importuns ou se moquer de gens prétentieux. Ainsi: «As-tu cent sous à me prêter?—Cent sous! Et du pain?» Ou bien à propos d'un gandin qui passe, stick à la bouche, pince-nez sur l'œil: «Plus que ça de col! Et du pain?» etc.
  • PAIN BÉNIT (C'est). Ce n'est que justice, c'est bien fait.
  • Pu, s. f. Pièce de dix francs,—dans l'argot facétieux des faubouriens.
  • PALABRE, s. m. Discours ennuyeux, prudhommesque,—dans l'argot du peuple, qui a emprunté ce mot aux marins, qui l'avaient emprunté à la langue espagnole, où, en effet, palabra signifie parole.
  • PALAIS DU FOUR, s. m. Monument élevé par Charles Monselet, dans le Figaro, en l'honneur des victimes malheureuses de la littérature et de l'art, des artistes et des gens de lettres qui, en croyant faire une œuvre digne d'admiration, n'ont fait qu'une œuvre digne de risée.
  • PALE, s. m. As et deux,—dans l'argot des joueurs de dominos.

Asinet. As tout seul.

  • PALETOT, s. m. Cercueil,—dans l'argot des marbriers de cimetière.
  • PALETTE, s. f. Guitare,—dans l'argot des musiciens ambulants.
  • PALICHON, s. m. Double blanc,—dans l'argot des joueurs de dominos.

Ils disent aussi Blanchinet.

  • PALLAS, s. m. Discours, bavardage,—dans l'argot des typographes et des voleurs.

Faire pallas. Faire beaucoup d'embarras à propos de peu de chose.

  • PALLASSEUR, s. m. Faiseur de discours, bavard.
  • PALMÉ, s. et adj. Homme bête comme une oie,—dans l'argot du peuple.
  • PALPER, v. a. et n. Toucher de l'argent,—dans l'argot des employés.
  • PALPITANT, s. m. Le cœur,—dans l'argot des voleurs.
  • PALTOQUET, s. m. Drôle, intrus, balourd,—dans l'argot des bourgeois.
  • PAMEUR, s. m. Poisson,—dans l'argot des voleurs qui ont remarqué que les poissons une fois hors de leur élément natal, font les yeux blancs.
  • PAMURE, s. f. Soufflet violent, à faire pâmer de douleur la personne qui le reçoit,—dans l'argot des faubouriens et des paysans de la banlieue de Paris.
  • PANACHER, v. a. Mélanger, mêler,—dans l'argot du peuple, qui emploie ce verbe au propre et au figuré, à propos des choses et à propos des gens.
  • PANADE, s. et adj. Chose molle, de peu de valeur; femme laide. Argot des faubouriens.
  • PANAIS (Être en). Être en chemise, sans aucun pantalon.
  • PANAMA, s. m. Gandin,—dans l'argot du peuple, qui dit cela par allusion à la mode des chapeaux de Panama, prise au sérieux par les élégants.

Le mot s'applique depuis aux chapeaux de paille quelconques.

  • PANAMA, s. m. Écorce d'arbre exotique qui sert à dégraisser les étoffes.
  • PANIER A SALADE, s. m. Voiture affectée au service des prisonniers,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Souricière.

  • PANIER A SALADE, s. m. Petite voiture en osier à l'usage des petites dames, à la mode comme elles et destinée à passer comme elles.
  • PANIER AU PAIN, s. m. L'estomac.

Les ouvriers anglais ont la même expression: bread basket, disent-ils.

  • PANIER AUX CROTTES, s. m. Le podex et ses environs,—dans l'argot du peuple.

Remuer le panier aux crottes. Danser.

  • PANIER AUX ORDURES, s. m. Le lit,—dans l'argot des faubouriens.
  • PANIER PERCÉ, s. m. Prodigue, dépensier,—dans l'argot des bourgeois.
  • PANNA, s. m. Chose de peu de valeur, bonne à jeter aux ordures.
  • PANNE, s. f. Misère, gène momentanée,—dans l'argot des bohèmes et des ouvriers, qui savent mieux que personne combien il est dur de manquer de pain.
  • PANNE, s. f. Rôle de deux lignes,—dans l'argot des comédiens qui ont plus de vanité que de talent, et pour qui un petit rôle est un pauvre rôle.

Se dit aussi d'un Rôle qui, quoique assez long, ne fait pas suffisamment valoir le talent d'un acteur ou la beauté d'une actrice.

  • PANNÉ, s. m. Homme qui n'a pas un sou vaillant,—dans l'argot des filles, qui n'aiment pas ces garçons-là.
  • PANNER, v. a. Gagner au jeu,—dans l'argot des faubouriens.
  • PANOUFLE, s. f. Vieille femme ou vieille chose sans valeur,—dans l'argot du peuple, qui fait allusion au lambeau de peau qu'on mettait encore, il y a quelques années, aux sabots pour amortir le contact du bois.

Signifie aussi Perruque.

  • PANSER DE LA MAIN, v. a. Battre, donner des coups,—dans le même argot.
  • PANTALONNER UNE PIPE, v. a. La fumer jusqu'à ce qu'elle ait acquis cette belle couleur bistrée chère aux fumeurs.

Je n'ai pas besoin d'ajouter que c'est le même verbe que culotter, mais un peu plus décent,—pas beaucoup.

  • PANTALON ROUGE, s. m. Soldat de la ligne,—dans l'argot des ouvriers.

On dit aussi Pantalon garance.

  • PANTALONS, s. m. pl. Petits rideaux destinés à dérober au public la vue des coulisses, qui sans cette précaution s'apercevraient par les portes ou les fenêtres au fond et nuiraient à l'illusion de la mise en scène.
  • PANTALZAR, s. m. Pantalon,—dans l'argot des faubouriens.
  • PANTE, s. m. Le monsieur inconnu qui tombe dans les pièges des filles et des voleurs,—volontairement avec les premières, contre son gré avec les seconds.

Pante argoté. Imbécile parfait.

Pante arnau. Dupe qui s'aperçoit qu'on la trompe et qui renaude.

Pante désargoté. Homme difficile à tromper.

Quelques-uns des auteurs qui ont écrit sur la matière disent pantre. Francisque Michel, lui, dit pantre, et fidèle à ses habitudes, s'en va chercher un état civil à ce mot jusqu'au fond du moyen âge. Pourquoi pante ne viendrait-il pas de pantin (homme dont on fait ce qu'on veut), ou de Pantin (Paris)? Il est si naturel aux malfaiteurs des deux sexes de considérer les Parisiens comme leur proie! Si cette double étymologie ne suffisait pas, j'en ai une autre en réserve: Ponte. Le ponte est le joueur qui joue contre le banquier, et qui, à cause de cela, s'expose à payer souvent. Pourquoi pas? Dollar vient bien de thaler.

  • PANTIN, n. de v. Paris,—dans l'argot des faubouriens.

On dit aussi Pampeluche et Pantruche. «Pantin, dit Gérard de Nerval, c'est le Paris obscur. Pantruche, c'est le Paris canaille.»

Dans le goût de Pantin. Très bien, à la dernière mode.

  • PANTIN, s. m. Homme sans caractère,—dans l'argot du peuple qui sait que nous sommes cousus de fils à l'aide desquels on nous fait mouvoir contre notre gré.
  • PANTINOIS, s. m. Parisien.
  • PANTOUFLE. Mot que le peuple ajoute ordinairement à Et cætera, comme pour mieux marquer son dédain d'une énumération fastidieuse.

Sert aussi de terme de comparaison péjorative.

Bête comme ma pantoufle. Très bête.

Raisonner comme une pantoufle. Très mal.

  • PANTOUFLÉ, s. m. Ouvrier tailleur,—dans l'argot des faubouriens, qui ont remarqué que ces ouvriers sortent volontiers en pantoufles.
  • PANTUME, s. f. Fille ou femme de mauvaise vie,—dans l'argot des voleurs.

Quelques lexicographes de Clairvaux disent Panturne.

  • PAPA, s. m. Père,—dans l'argot des enfants, dont ce mot est le premier bégaiement.

Bon-papa. Grand-père.

  • PAPA (A la), adv. Avec bonhomie, tranquillement,—dans l'argot du peuple, qui emploie cette expression avec une nuance d'ironie.
  • PAPAVOINER, v. a. Assassiner aussi froidement que fit Papavoine des deux petits enfants dont il paya la vie de sa tête.

L'expression, qui a eu cours il y a une trentaine d'années, a été employée en littérature par le chansonnier Louis Festeau.

  • PAPE, s. m. Imbécile,—dans l'argot des faubouriens.
  • PAPE COLAS, s. m. Homme qui aime à prendre ses aises, à se prélasser,—dans l'argot du peuple.
  • PAPELARD, s. m. Papier,—dans l'argot des voleurs, qui ont voulu coudre une désinence de fantaisie au papel espagnol.
  • PAPIER JOSEPH, s. m. Billet de banque,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Papier de soie.

  • PAPIER PUBLIC, s. m. Journal,—dans l'argot des paysans de la banlieue.
  • PAPILLON, s. m. Blanchisseur,—dans l'argot des voleurs, qui ont transporté à la profession l'épithète qui conviendrait à l'objet de la profession, les serviettes séchant au soleil et battues par le vent dans les prés ressemblant assez, de loin, à de grands lépidoptères blancs.
  • PAPILLONNE, s. f. Amour du changement, ou plutôt Changement d'amour,—dans l'argot des fouriéristes.

On dit aussi Alternante.

  • PAPILLONNER, v. n. Aller de belle en belle, comme le papillon de fleur en fleur,—dans l'argot du peuple.

Il y a près de deux siècles que le mot est en circulation. On connaît le mot de madame Deshoulières à propos de mademoiselle d'Ussel, fille de Vauban: «Elle papillonne toujours, et rien ne la corrige.» Fourier n'a inventé ni le nom ni la chose.

  • PAPILLOTES, s. f. pl. Billets de banque,—dans lesquels les gens aussi riches que galants enveloppent les dragées qu'ils offrent aux petites dames.
  • PAPOTAGE, s. m. Causerie familière; bavardage d'enfants ou d'amoureux. Argot des gens de lettres.
  • PAPOTER, v. n. Babiller comme font les amoureux et les enfants, en disant des riens.
  • PAQUEMON, s. m. Paquet ou ballot,—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Paquecin.

  • PAQUET, s. m. Compte,—dans l'argot du peuple.

Avoir son paquet. Être complètement ivre.

Recevoir son paquet. Être congédié par un patron, ou abandonné par un médecin, ou extrême-onctionné par un prêtre.

Faire son paquet. Faire son testament.

Risquer le baquet. S'aventurer, oser dire ou faire quelque chose.

  • PAQUETS, s. m. pl. Médisance, ragots.

Faire des paquets. Médire et même calomnier.

  • PARADIS, s. m. Amphithéâtre des quatrièmes,—dans l'argot des coulisses.
  • PARADIS, s. m. La fosse commune,—dans l'argot ironique des marbriers de cimetière.
  • PARADOUZE, s. f. Paradis,—dans l'argot calembourique du peuple, qui dit cela depuis longtemps, comme en témoignent ces vers extraits du Roman du Renart:

«. . . . Li sainz Esperiz

De la seue ame s'entremete

Tant qu'en paradouse la mete,

Deux lieues outre Paradiz,

Où nus n'est povre ne maudis.»

  • PARE-A-LANCE, s. m. Parapluie,—dans l'argot des voleurs et des faubouriens.

On dit aussi En-tous-cas. Cette dernière expression, dit Vidocq,—et cela va scandaliser beaucoup de bourgeoises qui l'emploient de confiance, lui croyant une origine honnête,—cette dernière expression a été trouvée par un détenu de Bicêtre, le nommé Coco.

  • PARAPHE, s. m. Soufflet,—dans l'argot du peuple, qui se plaît à déposer son seing sur la joue de ses adversaires.

Détacher un paraphe. Donner un soufflet.

  • PARÉ (Être). Avoir subi la «fatale toilette» et être prêt pour la guillotine,—dans l'argot des prisons.

Les bouchers emploient la même expression lorsqu'ils viennent de faire un mouton.

  • PAREIL AU MÊME (Du). La même chose ou le même individu,—dans l'argot des faubouriens.
  • PARER LA COQUE, v. a. Echapper par la fuite à un châtiment mérité; parer habilement aux inconvénients d'une situation, dans l'argot des ouvriers qui ont servi dans l'infanterie de marine.
  • Parfait amour, s. m. Liqueur de dames,—dans l'argot des faubouriens.

On dit aussi Crème de cocu.

  • PARFAIT AMOUR DE CHIFFONNIER. Eau-de-vie d'une qualité au-dessous de l'inférieure.
  • PARISIEN, s. m. Homme déluré, inventif, loustic,—dans l'argot des troupiers.
  • PARISIEN, s. m. Niais, novice,—dans l'argot des marins.
  • PARISIEN, s. m. Vieux cheval invendable,—dans l'argot des maquignons.
  • PARLER BOUTIQUE, v. n. Ne s'entretenir que des choses de l'état qu'on exerce, de l'emploi qu'on remplit, contrairement aux règles de la civilité, qui veulent qu'on s'occupe peu de soi quand on cause avec les autres. Argot du peuple.
  • PARLER CHRÉTIEN, v. n. Parler nettement, clairement, de façon que personne ne s'y trompe.
  • PARLER EN BAS-RELIEF, v. n. A voix basse, entre ses dents. Argot des artistes.
  • PARLER LANDSMAN, v. n. Parler la langue allemande,—dans l'argot des ouvriers.
  • PARLER PAPIER, v. n. Écrire,—dans l'argot des troupiers.
  • PARLER ZE-ZE, v. n. Bléser, substituer une consonne faible à une consonne forte, ou l's au g, ou le z à l's. Argot du peuple.
  • PARLOIR DES SINGES, s. m. Parloir où les prisonniers sont séparés des visiteurs par un double grillage. Argot des voleurs.
  • PARLOTTE, s. f. Lieu où l'on fait des commérages, que ce soit la Chambre des députés ou le Café Bouvet; tel foyer de théâtre ou telle loge de danseuse.

Plus spécialement l'endroit où se réunissent les avocats.

  • PARLOTTER, v. n. Bavarder.
  • PARLOTTERIE, s. f. Abondance de paroles avec une pénurie d'idées.

L'expression est d'Honoré de Balzac.

  • PARLOTTEUR, s. m. Bavard.
  • PARMESARD, s. m. Pauvre diable à l'habit râpé comme parmesan,—dans l'argot facétieux des faubouriens.
  • PAROISSIEN, s. m. Individu suspect,—dans l'argot du peuple.

Drôle de paroissien. Homme singulier, original, qui ne vit pas comme tout le monde.

  • PAROISSIEN DE SAINT PIERRE AUX BœUFS, s. m. Imbécile,—dans l'argot du peuple, qui sait que ce saint est le patron des grosses bêtes.
  • PARON, s. m. Palier de maison, carré,—dans l'argot facétieux des voleurs.
  • PAROXISTE, s. m. Écrivain qui, comme Alexandre Dumas, Eugène Sue, Paul Féval et Ponson du Terrail, recule les limites de l'invraisemblance et de l'extravagance dans le roman.

Le mot est de Charles Monselet.

  • PARQUE (La). La Mort,—dans l'argot des académiciens.
  • PARRAIN, s. m. Avocat d'office,—dans l'argot des voleurs.

Signifie aussi Témoin.

Parrain fargueur. Témoin à charge.

Parrain d'altéque. Témoin à décharge.

  • PARTAGEUSE, s. f. Femme entretenue qui a l'habitude de prendre la moitié de la fortune des hommes,—quand elle ne la leur prend pas tout entière. Argot des gens de lettres.

L'expression date de 1848, et elle appartient à Gavarni.

  • PARTAGEUX, s. m. Républicain,—dans l'argot des paysans de la banlieue.
  • PARTI (Être). Être gris, parce qu'alors la raison s'en va avec les bouchons des bouteilles vidées. Argot des bourgeois.

On dit aussi Être parti pour la gloire.

  • PARTICULIER, s. m. Bourgeois,—dans l'argot des troupiers.
  • PARTICULIER, s. m. Individu quelconque,—dans l'argot du peuple, qui prend ordinairement ce mot en mauvaise part.
  • PARTICULIÈRE, s. f. Maîtresse, bonne amie,—dans l'argot des troupiers.

D'après Laveaux, cette expression remonterait aux bergers du Lignon, c'est-à-dire au XVIIe siècle. «On lit à chaque instant dans l'Astrée: Particulariser une dame, en faire sa particulière dame, pour lui adresser des hommages. Ces locutions ont sans doute été transmises par le Secrétaire des Amants à nos soldats, qui n'ont fait que les abréger.»

  • PARTIE, s. f. Aimable débauche de vin ou de femmes.

Partie carrée. Partie de plaisir à quatre, deux hommes et deux femmes.

Partie fine. Rendez-vous amoureux dans un cabinet particulier.

Être en partie fine. Être avec une dame n'importe où.

  • PARTIE, s. f. Pièce montée où chacun paie son rôle,—dans l'argot des acteurs amateurs. C'est une sorte de pique-nique théâtral.

Monter une partie. Monter une pièce destinée à être jouée sur un théâtre de campagne.

  • PARTIE DE TRAVERSIN (Faire une). Dormir à deux,—dans l'argot des faubouriens.

Les Anglais ont une expression analogue: To read a curtain lecture (faire un cours de rideaux), disent-ils.

  • PARTIES CHARNUES (Les). Les nates,—dans l'argot des bourgeois.
  • PARTIR DU PIED DROIT. Bien commencer une affaire, l'engager gaiement et résolument. Argot du peuple.

Quand on veut décider quelqu'un on dit: «Allons, partons du pied droit!» C'est un ressouvenir des superstitions païennes. Quand Encolpe et Ascylte se disposent à entrer dans la salle du banquet, un des nombreux esclaves de Trimalcion leur crie: Dextro pede! Dextro pede!

  • PASCAILLER, v. n. Prendre le tour de quelqu'un, lui enlever un avantage, le supplanter. Argot des voleurs.
  • PAS DE ÇA, LISETTE! Formule de refus ou de négation,—dans l'argot du peuple, qui connaît son Béranger.
  • PAS GRAND'CHOSE, s. m. Fainéant; homme sans moralité et sans courage, vaurien.
  • PAS GRAND'CHOSE, s. f. Drôlesse, bastringueuse, vaurienne.
  • PAS MÉCHANT, adj. Laid, pauvre, sans la moindre valeur,—dans l'argot des faubouriens et des filles, qui emploient cette expression à propos des gens comme à propos des choses. Ainsi, un chapeau qui n'est pas méchant est un chapeau ridicule—parce qu'il est passé de mode; un livre qui n'est pas méchant est un livre ennuyeux,—parce qu'il ne parle pas assez de Cocottes et de Cocodès, etc.
  • PASSADE, s. f. Feu de paille amoureux,—dans l'argot des bourgeois.
  • PASSADE, s. f. Action de passer sur la tête d'un autre nageur en le faisant plonger ainsi malgré lui. Argot des écoles de natation.

Donner une passade. Forcer quelqu'un à plonger en lui passant sur la tête.

  • PASSADE, s. f. Jeu de scène qui fait changer de place les acteurs,—dans l'argot des coulisses.

Régler une passade. Indiquer le moment où les personnages doivent se ranger dans un nouvel ordre,—le numéro un se trouvant à la gauche du public.

  • PASSE, s. f. Guillotine,—dans l'argot des voleurs.

Être gerbé à la passe. Être condamné à mort.

  • PASSE, s. f. Situation bonne ou mauvaise,—dans l'argot du peuple.
  • PASSE, s. f. «Echange de deux fantaisies», dont l'une intéressée. Argot des filles.

Maison de passe. Prostibulum d'un numéro moins gros que les autres. M. Béraud en parle à propos de la fille à parties: «Si elle se fait suivre, dit-il, par sa tournure élégante ou par un coup d'œil furtif, on la voit suivant son chemin, les yeux baissés, le maintien modeste; rien ne décèle sa vie déréglée. Elle s'arrête à la porte d'une maison ordinairement de belle apparence; là elle attend son monsieur, elle s'explique ouvertement avec lui, et, s'il entre dans ses vues, il est introduit dans un appartement élégant ou même riche, où l'on ne rencontre ordinairement que la dame de la maison».

Faire une passe. Amener un noble inconnu dans cette maison «de belle apparence».

  • PASSÉ AU BAIN DE RÉGLISSE (Être). Appartenir à la race nègre,—dans l'argot des faubouriens.
  • PASSE-CARREAU, s. m. Outil de bois sur lequel on repasse les coutures des manches. Argot des tailleurs.
  • PASSE-CRIC, s. m. Passeport,—dans l'argot des voleurs.
  • PASSE-LACET, s. m. Fille d'Opéra, ou d'ailleurs,—dans l'argot des libertins d'autrefois, qui est encore celui des libertins d'aujourd'hui.
  • PASSE-LANCE, s. m. Bateau,—dans l'argot des voleurs.
  • PASSEPORT JAUNE, s. m. Papiers d'identité qu'on délivre aux forçats à leur sortie du bagne.
  • PASSER, v. n. Mourir,—dans l'argot des bourgeois.
  • PASSER AU BLEU, v. a. Supprimer, vendre, effacer; manger son bien. Argot des faubouriens.

On disait, il y a cinquante ans: Passer ou Aller au safran. Nous changeons de couleurs, mais nous ne changeons pas de mœurs.

  • PASSER AU DIXIÈME, v. n. Devenir fou,—dans l'argot des officiers d'artillerie.
  • PASSER DE BELLE (Se). Ne pas recevoir sa part d'une affaire,—dans l'argot des voleurs.
  • PASSER DEVANT LA GLACE, v. n. Payer,—dans l'argot des faubouriens, qui savent que, même dans leurs cafés populaciers, le comptoir est ordinairement orné d'une glace devant laquelle on est forcé de stationner quelques instants.
  • PASSER DEVANT LA MAIRIE, v. n. Se marier sans l'assistance du maire et du curé,—dans l'argot du peuple.
  • PASSER LA JAMBE, v. a. Donner un croc-en-jambe.
  • PASSER LA JAMBE A THOMAS, v. n. Vider le baquet-latrine de la chambrée,—dans l'argot des soldats et des prisonniers.
  • PASSER LA MAIN SUR LE DOS DE QUELQU'UN, v. a. Le flatter, lui dire des choses qu'on sait devoir lui être agréables. Argot du peuple.

On dit aussi Passer la main sur le ventre.

  • PASSER L'ARME A GAUCHE, v. a. Mourir,—dans l'argot des troupiers et du peuple.

On dit aussi Défiler la parade.

  • PASSER LA RAMPE (Ne point). Se dit—dans l'argot des coulisses—de toute pièce ou de tout comédien, littéraire l'une, consciencieux l'autre, qui ne plaisent point au public, qui ne le passionnent pas.
  • PASSÉ-SINGE, s. m. Roué, roublard,—dans l'argot des voleurs.
  • PASSEUR, s. m. Individu qui passe les examens de bachelier à la place des jeunes gens riches qui dédaignent de les passer eux-mêmes,—parce qu'ils en sont incapables.
  • PAS SI CHER! Exclamation de l'argot des voleurs, pour qui c'est un signal signifiant: «Parlez plus bas» ou: «Taisez-vous.»
  • PASSIFLEUR, s. m. Cordonnier,—dans le même argot.
  • PASSIFS, s. m. pl. Souliers d'occasion,—dans l'argot des voleurs et des faubouriens.

Le mot est expressif: des souliers qui ont longtemps servi ont naturellement pâti, souffert,—passifs, passivus, passif.

On dit aussi Passifles.

  • PAS TANT DE BEURRE POUR FAIRE UN QUARTERON! Phrase populaire par laquelle on coupe court aux explications longues mais peu probantes, aux raisons nombreuses mais insuffisantes.

Elle appartient à Cyrano de Bergerac, qui l'a mise dans la bouche de Mathieu Gareau, du Pédant joué.

  • PASTIQUER, v. a. Passer,—dans l'argot des voleurs.

Pastiquer la maltouze. Faire la contrebande.

  • PATAFIOLER, v. a. Confondre,—dans l'argot du peuple.

Ce verbe ne s'emploie ordinairement que comme malédiction bénigne, à la troisième personne de l'indicatif:—«Que le bon Dieu vous patafiole!»

  • PATAGUEULE, s. m. Homme compassé, oui fait sa tête et surtout sa gueule,—dans l'argot des sculpteurs sur bois.
  • PATAPOUF, s. m. Homme et quelquefois Enfant bouffi, épais, lourdaud.

On dit aussi Gros Patapouf mais c'est un pléonasme inutile.

  • PATAQUÈS, s. m. Faute de français grossière, liaison dangereuse,—dans l'argot des bourgeois, qui voudraient bien passer pour des puristes.
  • PATARASSES, s. f. pl. Tampons que les forçats glissent entre leur anneau de fer et leur chair, afin d'amortir la pesanteur de la manicle sur les chevilles et le cou-de-pied.
  • PATARD, s. m. Pièce de monnaie, gros sou,—dans l'argot des faubouriens, qui ne se doutent pas qu'ils emploient là une expression du temps de François Villon:

«Item à maistre Jehan Cotard

Auquel doy encore un patard...

A ceste heure je m'en advise.»

(Le Grand-Testament.)

  • PATAUD, s. et adj. Lourdaud, grossier, niais,—dans l'argot du peuple.
  • PATAUGER, v. n. Ne pas savoir ce qu'on fait ni ce qu'on dit.
  • PATE, s. m. Apocope de patron,—dans l'argot des graveurs sur bois.
  • PATÉ, s. m. Tache d'encre sur le papier,—dans l'argot des écoliers, qui sont de bien sales pâtissiers.

On dit aussi Barbeau.

  • PATÉ, s. m. Mélange des caractères d'une ou plusieurs pages qui ont été renversées,—dans l'argot des typographes.

Faire du pâté, c'est distribuer ou remettre en casse ces lettres tombées.

  • PATÉ D'ERMITE, s. m. Noix,—dans l'argot du peuple, qui sait que les anachorètes passaient leur vie à mourir de faim.
  • PATÉE, s. f. Nourriture,—dans l'argot des faubouriens.

Prendre sa pâtée. Déjeuner ou dîner.

  • PATÉE, s. f. Correction vigoureuse et même brutale.

Recevoir une pâtée. Être battu.

  • PATE FERME, s. f. Article sans alinéas,—dans l'argot des journalistes.
  • PATENTE, s. f. Casquette,—dans l'argot des faubouriens, qui ont traduit à leur façon le patent qui se trouve sur tous les produits anglais, chapeaux, manteaux, etc.
  • PATIENCE, s. f. Jeu de cartes,—ou plutôt série de jeux de cartes, car il y a une trentaine de jeux de patience: la Loi salique, la Blocade, la Nivernaise, la Gerbe, le Crapaud, la Poussette, la belle Lucie, etc., etc.
  • PATINER, v. a. et v. n. Promener indiscrètement les mains sur la robe d'une femme pour s'assurer que l'étoffe de dessous en est aussi moelleuse que celle du dessus. Argot du peuple.
  • PATINEUR, adj. et s. Homme qui aime à patiner les femmes.
  • PATIRAS, s. m. Souffre-douleur de l'atelier.

Les gens distingués disent Patito, comme à Florence.

  • PATOCHE. s. f. Férule,—dans l'argot des enfants, dont les mains en conservent longtemps le souvenir.

Patoches, s. f. pl. Mains.

  • PATOUILLER, v. a. Manier, peloter. Argot du peuple.
  • PATOUILLER, v. n. Barboter, patauger.

On dit aussi Patrouiller. Ce verbe est dans Rabelais.

  • PATOUILLEUR, s. m. Peloteur.
  • PATRAQUE, s. f. Vieille montre qui marche mal; machine usée, sans valeur.
  • PATRAQUE, adj. Malade ou d'une santé faible, dans l'argot des bourgeois.
  • PATRES (Ad), adv. Au diable,—dans l'argot du peuple, qui se soucie peu de ses «pères.»

Envoyer ad patres. Tuer.

Aller ad patres. Mourir.

  • PATRIE, s. f. Commode,—dans l'argot des bohèmes, qui serrent leurs hardes dans les grands journaux comme la Patrie, le Siècle, etc., leurs seuls meubles souvent.
  • PATRON-PINETTE (Dès), adv. Dès l'aube,—dans l'argot du peuple.
  • PATRON-PINETTE, s. f. Association de malfaiteurs, célèbre il y a une trentaine d'années, à Paris comme la Camorra, à Naples.
  • PATROUILLE (Être en). Courir les cabarets, ne pas rentrer coucher chez soi. Argot du peuple.
  • PATROUILLER, v. a. et n. Peloter.
  • PATROUILLER, v. n. Faire patrouille,—dans l'argot des bourgeois, soldats-citoyens.
  • PATTE, s. f. Main,—dans l'argot des faubouriens.

Le coup de patte, au figuré, est plutôt un coup de langue.

  • PATTE, s. f. Grande habileté de main,—dans l'argot des artistes.

Avoir de la patte. Faire des tours de force de dessin et de couleur.

  • PATTE-D'OIE, s. f. Les trois rides du coin de l'œil, qui trahissent ou l'âge ou une fatigue précoce. Argot du peuple.
  • PATTE-D'OIE, s. f. Carrefour,—dans l'argot du peuple et des paysans des environs de Paris.
  • PATTE-MOUILLÉE, s. f. Vieux chiffon imprégné d'eau, qui, à l'aide d'un carreau chaud, sert à enlever les marques du lustre sur le drap.

Expression de l'argot des tailleurs.

  • PATTES, s. f. pl. Jambes,—dans l'argot des faubouriens.

Fournir des pattes. S'en aller, s'enfuir.

On dit aussi Se payer une paire de pattes, et Se tirer les pattes.

  • PATTES, s. f. pl. Pieds,—dans l'argot des bourgeois.
  • PATTES (A), adv. Pédestrement.
  • PATTES DE MOUCHE, s. f. pl. Lettre de femme ou grimoire d'avocat. Argot du peuple.
  • PATINER (Se). Se sauver, Jouer des pattes,—dans l'argot des faubouriens.
  • PATTU, adj. Épais, lourd,—dans l'argot du peuple.
  • PATURER, v. n. Manger,—dans l'argot des ouvriers.

On dit aussi Prendre sa pâture.

  • PATURONS, s. m. pl. Les pieds,—dans l'argot des faubouriens, qui disent cela au moins depuis Vadé:

«A cet ensemble on peut connoître

L'élégant et le petit-maître

Du Pont-aux-Choux, des Porcherons,

Où l'on roule ses paturons.»

Jouer des paturons. Se sauver.

  • PATUROT, s. m. Bonnetier, homme crédule,—dans l'argot des gens de lettres, qui consacrent ainsi le souvenir du roman de Louis Reybaud.
  • PAUME, s. f. Perte, échec quelconque,—dans l'argot des faubouriens.

Faire une paume. Faire un pas de clerc.

  • PAUMER, v. a. Perdre,—dans l'argot des voleurs.

Paumer la sorbonne. Devenir fou, perdre la tête.

  • PAUMER, v. a. Empoigner, prendre—avec la paume de la main.

S'emploie au propre et au figuré.

Être paumé. Être arrêté.

Être paumé marron. Être pris en flagrant délit de tricherie, de vol ou de meurtre.

  • PAUVRARD, e, adj. et s. Excessivement pauvre.
  • PAVÉ, s. m. Bonne intention malheureuse, comme celle de l'ours de la Fontaine.

Réclame-pavé. Eloge ridicule à force d'hyperboles, qu'un ami,—ou un ennemi,—fait insérer à votre adresse dans un journal.

  • PAVÉ, adj. Insensible,—dans l'argot du peuple.

Avoir le gosier pavé. Manger très chaud ou boire les liqueurs les plus fortes sans sourciller.

  • PAVÉ MOSAÏQUE, s. m. Le sol de la salle des réunions,—dans l'argot des francs-maçons.
  • PAVILLON, s. et adj. Fou,—dans l'argot des faubouriens.
  • PAVILLONNER, v. n. Avoir des idées flottantes; déraisonner.

On dit aussi Être pavillon.

  • PAVOIS, adj. et s. En état d'ivresse.

Être pavois. Être gris, déraisonner à faire croire que l'on est gris.

  • PAVOISER (Se). S'endimancher. Argot des marins.

S'endimancher, pour les faubouriens, a un double sens: il signifie d'abord mettre ses habits les plus propres; ensuite s'amuser, c'est-à-dire boire, comme ils en ont l'habitude à la fin de chaque semaine.

  • PAYER (Se), v. réfl. S'offrir, se donner, se procurer,—dans l'argot des petites dames et des faubouriens.

Se payer un homme. Avoir un caprice pour lui.

Se payer une bosse de plaisir. S'amuser beaucoup.

  • PAYER BOUTEILLE. Offrir à boire chez le marchand de vin. Argot des ouvriers.
  • PAYER LA GOUTTE (Faire), Siffler,—dans l'argot des coulisses.
  • PAYER UNE COURSE (Se). Courir,—dans l'argot des faubouriens.
  • PAYOT, s. m. Forçat chargé d'une certaine comptabilité.
  • PAYS, s. m. Compagnon,—dans l'argot des ouvriers.
  • PAYS, s. m. Compatriote,—dans l'argot des soldats.
  • PAYS-BAS, s. m. pl. Les possessions de messire Luc,—métropole et colonies.
  • PAYS BRÉDA. Le quartier Bréda, une des Cythères parisiennes. Argot des gens de lettres.
  • PAYS DES MARMOTTES (Le). La terre,—dans l'argot du peuple.

S'en aller dans le pays des marmottes. Mourir.

On dit aussi le Royaume des taupes.

  • PAYSE, s. f. Maîtresse,—dans l'argot des soldats, qui sont volontiers du même pays que la bonne d'enfants qu'ils courtisent.
  • PAYS LATIN. Le quartier des Ecoles, genus latinum.

On dit plutôt le Quartier latin.

  • PEAU, s. f. Fille ou femme de très mauvaise vie,—dans l'argot des faubouriens.

C'est le jeu de mots latins: pellex et pellis.

On dit aussi Peau de chien.

  • PEAU D'ANE, s. f. Tambour,—dans l'argot des troupiers, qui ne savent pas que cet instrument de percussion est plus souvent recouvert d'une peau de chèvre ou de veau.

Faire chanter ou ronfler la peau d'âne. Battre le rappel,—dans l'argot du peuple, à qui cette chanson cause toujours des frissons de plaisir.

  • PÊCHE A QUINZE SOUS, s. f. Lorette de premier choix,—dans l'argot des gens de lettres, qui consacrent ainsi le souvenir du demi-Monde d'Alexandre Dumas fils.
  • PÊCHER UNE FRITURE DANS LE STYX. Être mort,—dans l'argot des faubouriens qui ont lu M. de Chompré.

Aller pêcher une friture dans le Styx. Mourir.

  • PÉCUNE, s. f. Argent,—dans l'argot du peuple, fidèle à l'étymologie (pecunia) et à la tradition: «Repoignet-om nostre tresor el champ, et nostre pecune allucet-om el sachet.»

(Sermons de saint Bernard.)

  • PÉDÉ, s. m. Apocope de Pédéraste,—dans l'argot des voyous, imitateurs inconscients de ces grammairiens toulousains du VIe siècle, qui disaient tantôt ple pour plenus, tantôt ur pour nominatur.
  • PÉDÉRO, s. f. Non conformiste,—dans l'argot des faubouriens.

Ils disent quelquefois aussi, facétieusement, Don Pédéro.

  • PÉGOCE, s. m. Pou,—dans l'argot des voleurs.

Ils disent aussi Puce d'hôpital.

  • PÉGRAINE, s. f. Faim,—dans l'argot des vagabonds et des voleurs.

A proprement parler, cela signifie, non qu'on n'a rien du tout à manger, mais bien qu'on n'a pas trop de quoi,—une nuance importante.

Caner la pégraine. Mourir de faim.

  • PÈGRE, s. m. Voleur.

Ce mot est fils du précédent, comme le vice est fils de la misère—et surtout de la fainéantise (pigritia,—piger).

Pègre à marteau. Voleur de petits objets ou d'objets de peu de valeur.

  • PÈGRE, s. f. Le monde des voleurs.

Haute pègre. Voleurs de haute futaie, bien mis et reçus presque partout.

Basse pègre. Petits voleurs en blouse, qui n'exercent que sur une petite échelle et qui ne sont reçus nulle part—qu'aux Madelonnettes ou à la Roquette.

  • PÉGRER, v. n. Voler.

Signifie aussi: Être misérable, souffrir.

  • PÉGRIOT, s. m. Apprenti voleur, ou qui vole des objets de peu de valeur.
  • PEIGNE, s. m. Clé,—dans l'argot des voleurs.
  • PEIGNE-CUL, s. m. Fainéant, traîne-braies,—dans l'argot du peuple.
  • PEIGNE DES ALLEMANDS, s. m. Les cinq doigts.
  • PEIGNÉE, s. f. Coups échangés,—dans l'argot des faubouriens, qui se prennent souvent aux cheveux.

On dit aussi Coup de peigne.

Se foutre une peignée. Se battre.

  • PEIGNER (Se), v. réfl. Se battre.

C'est le verbe to pheese des Anglais.

On dit aussi Se repasser une peignée.

  • PEINARD, s. m. Vieillard; homme souffreteux, usé par l'âge ou les chagrins,—dans l'argot du peuple.
  • PEINDRE EN PLEINE PATE, v. a. Peindre à pleines couleurs,—dans l'argot des artistes.
  • PEINTRE, s. m. Balayeur,—dans l'argot des troupiers.
  • PEINTURLURE, s. f. Mauvaise peinture,—dans l'argot du peuple.
  • PEINTURLURER, v. a. et n. Barbouiller une toile sous prétexte de peindre.
  • PEINTURLURER (Se). Se maquiller.
  • PEINTURLUREUR, s. m. Barbouilleur, mauvais peintre.
  • PÉKIN, s. m. Bourgeois,—dans l'argot des troupiers, qui ont le plus profond mépris pour tout ce qui ne porte pas l'uniforme.

On écrit aussi Péquin.

  • PÉLAGO, n. de l. La prison de Sainte-Pélagie,—dans l'argot des voleurs.
  • PELARD, s. m. Foin,—dans le même argot.
  • PELARDE, s. f. Faulx.
  • PELÉ, s. m. Sentier battu.
  • PELOTE, s. f. Gain plus ou moins licite,—dans l'argot du peuple.

Faire sa pelote. Amasser de l'argent.

  • PELOTER, v. a. Manquer de respect à une femme honnête en se livrant de la main, sur sa personne, aux mêmes investigations que Tartufe sur la personne d'Elmire.

Par extension, Amadouer par promesses quelqu'un dont on attend quelque chose.

  • PELOTER (Se), v. réfl. Se disputer et même se battre,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Peloter avec quelqu'un.

  • PELOTER SA BUCHE, v. a. Travailler avec soin, avec goût, avec amour du métier. Argot des tailleurs.
  • PELOTEUR, adj. et s. Homme qui aime à flatter les femmes—de la main.
  • PELURE, s. f. Habit ou redingote,—dans l'argot des faubouriens.
  • PENDANTES, s. f. pl. Boucles d'oreilles,—dans l'argot des voleurs.
  • PENDRE AU NEZ. Se dit—dans l'argot du peuple—à propos de tout accident, heureux ou malheureux, coups ou million, dont on est menacé.

On a dit autrefois Pendre aux oreilles. (V. le Tempérament, 1755.)

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