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Dictionnaire de la langue verte

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  • VIVRE DE L'AIR DU TEMPS, N'avoir pas de quoi vivre. Argot du peuple.
  • VOILE, s. m. Nappe,—dans l'argot des francs-maçons.

Ils disent aussi Grand drapeau.

  • VOIR, v. a. Permolere uxorem quamlibet aliam,—dans l'argot des bourgeois.
  • VOIR, v. n. Se dit de l'indisposition mensuelle des femmes,—dans l'argot des bourgeoises.
  • VOIR (Se). Concubare.
  • VOIR A LA CHANDELLE. Se dit d'une chose que l'on croit ou que l'on dit bonne, mais qu'on n'ose pas déclarer telle trop haut de peur de se tromper.

Cette expression de l'argot du peuple, M. J. Duflot la fait venir de l'argot des comédiens. «Avant le règne du gaz, dit-il, avant même que l'huile à quinquet fût en usage, la rampe du théâtre était éclairée par une rangée de chandelles. Quand on répétait une pièce, les comédiens de ce temps-là n'osaient pas affirmer que c'était un chef-d'œuvre qu'ils allaient jouer; aussi créèrent-ils cette phrase qu'ils nous ont transmise: Il faudra voir cela à la chandelle

  • VOIRIE, s. f. Fille ou femme de mauvaise vie,—dans l'argot des faubouriens.
  • VOIR LA FARCE (En). Satisfaire sa curiosité ou son caprice. Argot du peuple.
  • VOIR LA FEUILLE A L'ENVERS, v. a. Le couplet suivant, tiré d'une très vieille chanson reproduite par Restif de la Bretonne dans sa LXXII-CLXXVIIe. Contemporaine, expliquera cette expression mieux que je ne le pourrais faire:

«Sitôt, par un doux badinage,

Il la jeta sur le gazon.

—Ne fais pas, dit-il, la sauvage,

Jouis de la belle saison.

Pour toi, le tendre amour m'engage

Et pour toi je porte ses fers;

Ne faut-il pas, dans le jeune âge.

Voir un peu la feuille à l'envers?»

chante le berger Colinet à la bergère Lisette, chapitre des Jolies Crieuses.

  • VOIR QUE DU FEU (N'y). Être trompé par un beau parleur; être ébloui par des promesses brillantes.
  • VOIR LE COUP DE TEMPS. Deviner à temps les intentions malveillantes de quelqu'un, de façon à être prêt à la riposte, soit qu'il s'agisse d'un coup de poing ou d'une question embarrassante.
  • VOIR SOPHIE, v. a. Avoir ses menses,—dans l'argot des ouvrières.
  • VOIR TRENTE-SIX CHANDELLES, v. a. Avoir un éblouissement occasionné par un coup sur la tête ou par une émotion subite. Argot du peuple.

Faire voir trente-six chandelles. Appliquer un vigoureux coup de poing en plein visage.

  • VOIR VENIR QUELQU'UN AVEC SES GROS SABOTS. Se dit—dans le même argot—de quelqu'un qui est deviné avant d'avoir parlé ou agi, par son inhabileté ou sa gaucherie.
  • VOITE, s. f. Apocope de Voiture,—dans l'argot des voyous.
  • VOITURE A TALONS (La). Les jambes avec lesquelles on se passe de voiture. Argot du peuple.
  • VOIX D'EN BAS, s. f. Le peditum de Catulle, ou plutôt son leve petitum,—dans l'argot facétieux des faubouriens qui ignorent que Savinien Lapointe a publie sous ce titre un recueil de poésies fort estimables.
  • VOLAILLE, s. f. Femme ou fille débauchée,—dans l'argot du peuple, qui sait que la plupart des drôlesses sont bêtes comme des oies.
  • VOLAILLE, s. f. Homme sans consistance; aimable sceptique qui ne croit qu'à lui. Argot des gens de lettres.
  • VOLAILLER, v. n. Argot des gens de lettres.
  • VOLAILLER, v. n. Courir les gueuses.
  • VOLAILLER, v. n. N'avoir pas de stabilité dans ses affections, se faire l'ami du premier venu.
  • VOLE-AU-VENT, s. f. Plume,—dans l'argot des voleurs.
  • VOLÉ (Être). Mystifié, trompé, déçu,—dans l'argot du peuple.
  • VOLÉE, s. f. Coups donnés ou reçus.

C'est le Banging des ouvriers anglais.

  • VOLTIGEANTE, s. f. La boue,—dans l'argot des voyous.
  • VOLTIGEUR DE LA CHARTE, s. m. Homme qui croit encore à la Charte-Vérité comme les Juifs croient au Messie. Argot des journalistes.
  • VOLTIGEUR DE LOUIS XIV, OU DE LOUIS XVIII, s. m. Emigré, retour de Gand ou de Coblentz.

Se dit depuis 1815.

  • VOLTIGEUR DE 89, s. m. Prudhomme politique qui a toujours à la bouche les «immortels principes» de la première Révolution.
  • VOUÉ AU BLANC (Être). Se dit—dans l'argot des faubouriens—d'un apprenti qui n'aime pas à travailler et qui préfère polissonner avec les voyous et les filles du faubourg.
  • VOUSAILLE, pron. pers. Vous,—dans l'argot des voleurs.
  • VOUS-N'AVEZ-RIEN, s. m. Employé de l'octroi,—dans l'argot des faubouriens, par allusion à sa phrase habituelle: «Vous n'avez rien à déclarer?».
  • VOÛTE AZURÉE, s. f. Le ciel,—dans l'argot des académiciens, qui ont des lunettes bleues.
  • VOÛTE D'ACIER, s. f. Partie du cérémonial maçonnique.
  • VOYAGE (Le). Le tour de France,—dans l'argot des saltimbanques.

Se connaître sur le voyage. Pendant la tournée départementale.

  • VOYAGEUR, s. m. Insecte parasite,—dans l'argot des faubouriens.
  • VOYAGEUR, s. m. Amateur,—dans l'argot des saltimbanques, qui donnent ce nom à celui des spectateurs qui consent à leur servir de compère dans un tour de force ou d'adresse.
  • VOYAGES, s. m. pl. Épreuves de réception,—dans l'argot des francs-maçons.
  • VOYOU, s. m. Gamin de Paris, enfant perdu de la voie publique; produit incestueux de la boue et du caillou; fumier sur lequel pousse l'héroïsme: hôpital ambulant de toutes les maladies morales de l'humanité; laid comme Quasimodo, cruel comme Domitien, spirituel comme Voltaire, cynique comme Diogène, brave comme Jean Bart, athée comme Lalande,—un monstre en un mot.

Type vieux—comme les rues. Mais le mot est moderne, quoiqu'on ait voulu le faire remonter jusqu'à Saint-Simon, qui traite de voyous les petits bourgeois de son temps.

  • VOYOUCRATE, s. m. Démocrate qui exagère la Démocratie, et dont l'Idéal, au lieu de plonger dans l'éther de l'abbé de Saint-Pierre, barbote dans la fange du sans-culottisme.
  • VOYOUCRATIE, s. f. Gouvernement de la blouse sale; tyrannie du ruisseau; démocratie qui ferait regretter aux républicains sincères «le despotisme de nos rois»—lequel du moins était un despotisme aimable.
  • VOYOUTE, s. f. Petite drôlesse qui s'accouple avec le voyou avant l'âge de la nubilité,—afin de n'en pas laisser perdre la graine. Fleur fanée qui ne se nouera jamais en fruit,—fille qui ne sera jamais que fille.

J'ai créé le mot il y a quelques années: il est maintenant dans la circulation.

  • VOYOUTISME, s. m. État crapuleux, abject,—la satire boueuse de l'humanité.
  • VRILLE, s. f. Lesbienne,—dans l'argot des souteneurs.

W

  • WAGON, s. m. Verre de vin d'une contenance plus grande que l'omnibus.
  • WAGON, s. m. Femme de mauvaise vie,—de troisième classe.

Il y aussi des wagons de première, réservés aux gandins riches.

  • WATER-CLOSET, s. m. Endroit où, moyennant 15 centimes, tout le monde a le droit d'aller—mais à pied, comme le roi.
  • WATERLOO, s. m. Échec subi; défaite éprouvée, en amour, en art, en littérature,—par allusion à la néfaste journée du 18 juin 1815.
  • WATRIPONNER, v. n. Écrire dans les petits journaux; en fonder.

Expression créée par Firmin Maillard. (>Hist. anecdot. de la Presse, p. 130), et qui est une allusion à la fécondité journalistique de feu Antonio Watripon. 498

X

  • X, s. m. Polytechnicien,—dans l'argot des collégiens.

Fort en X. Elève qui a des dispositions pour les mathématiques.

Tête à X. Tête organisée pour le calcul; cerveau à qui le Thêta X est familier.

  • X. s. m. Secret,—dans l'argot des gens de lettres.

Y

  • YANKEE, adj. et s. Américain vu par ses mauvais côtés.

Dans la bouche d'un Anglais c'est un terme de mépris.

  • YAVOIR PASSÉ. Se dit—dans l'argot du peuple—d'une jeune fille qui n'est plus digne de porter à son corsage le bouquet de fleurs d'oranger emblématique.
  • YEUX AU BEURRE NOIR, s. m. pl. Yeux pochés par suite d'une chute ou d'une rixe,—dans l'argot des faubouriens.
  • YEUX DE LAPIN BLANC (Avoir des). Rouges, avec des cils blancs.
  • YEUX SUR LE PLAT, s. m. pl. Se dit des yeux blancs que font certaines femmes grimacières, et qui ressemblent assez, en effet, à deux œufs dont on ne verrait que l'albumine.
  • YOUTRE, s. m. Israélite,—dans l'argot des faubouriens, qui prononcent presque bien, sans s'en douter, le mot allemand Iude.

Jardin des youtres. Cimetière juif,—par antiphrase sans doute, car il y a plus de pierres que de verdure.

Z

  • ZE-ZE, s. des 2 g. Homme ou femme qui blèse, qui prononce Ze pour Je et parle Ze-ze. Argot du peuple.
  • ZÉPHIR, s. m. Soldat indiscipliné ou bon pour les compagnies de discipline. Argot des troupiers.
  • ZÉRO, s. m. Homme sans valeur, sans énergie, sans consistance, sans rien. Argot du peuple.

On dit aussi Zéro en chiffre.

  • ZIF, s. m. «Marchandise supposée dont certains industriels font intervenir le nom dans leurs opérations.»
  • ZIG ou Zigue, s. m. Ami, camarade de bouteille,—dans l'argot des faubouriens, qui font allusion aux zigzags du lundi soir.

Bon zigue. Homme joyeux,—mauvais mari peut-être, mauvais fils ou mauvais père, mais bon ami de cabaret et de débauche.

C'est un zigue. Phrase consacrée par laquelle un ouvrier répond d'un autre ouvrier comme de lui-même.

  • ZIG-ZAG, s. m. Boiteux, bancal,—dans l'argot des voleurs.
  • ZINC, s. m. Maladie vénérienne,—dans l'argot des faubouriens.
  • ZINC, s. m. Chic,—dans le même argot.

Avoir du zinc. Avoir une brillante désinvolture.

  • ZINC, s. m. Voix métallique et solide,—dans l'argot des coulisses.

Avoir du zinc. Avoir une voix sonore.

On dit aussi Être zingué.

  • ZINGO, s. m. Bon Zigue,—dans l'argot des marchands de vin.
  • ZOÏLE, s. m. Ecrivain envieux, et même un peu calomniateur,—dans l'argot des académiciens et des apprentis écrivains, qui éternisent ainsi, sans s'assurer si elle est méritée, la mauvaise réputation dont jouit, depuis deux mille ans, le contempteur de l'Odyssée et de l'Iliade.
  • ZOUAVE, s. m. Pardessus de femme, à capuchon, taillé sur le patron du manteau des zouaves.

On dit aussi Une Permission de dix heures.

  • ZOUZOU, s. m. Zouave,—dans l'argot des faubouriens.
  • ZUT! Exclamation qui est une formule de refus ou de congé.

Depuis 1865, on dit: Ah! zut alors si ta sœur est malade! C'est plus long, mais c'est plus canaille—et, à cause de cela, préférable.

  • ZUT AU BER... GER! Exclamation de l'argot des gamins, par laquelle ils se défient à courir, à jouer, etc.
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