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Dictionnaire de la langue verte

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  • CABASSEUR, s. m. Faiseur de cancans.

Signifie aussi Voleur.

  • CABERMON, s. f. Cabaret,—dans l'argot des voleurs.
  • CABESTAN, s. m. Officier de paix,—dans le même argot.
  • CABILLOT, s. m. Soldat,—dans l'argot des marins.
  • CABO, s. m. Chien,—dans l'argot du peuple, qui a contracté le vieux mot Clabaud.

On dit aussi Cabe.

  • CABOCHE, s. f. Tête,—dans l'argot du peuple, qui s'éloigne bien du κεφαλη [grec: kephalê] grec et du caput latin, mais ne s'éloigne pas du tout de la tradition: «D'autant plus qu'il n'avoit pas beaucoup de cervelle en sa caboche,»—disent les Nuits de Straparole.

«Biau sire, laissiés me caboche,
Par la char Dieu, c'est villenie!»

disent les poésies d'Eustache Deschamps.

On dit aussi Cabosse.

  • CABOCHON, s. m. Coup reçu sur la tête, ou sur toute autre partie du corps.
  • CABOTIN, s. m. Mauvais acteur,—le Rapin du Théâtre, comme le Rapin est le Cabotin de la Peinture.
  • CABOTINAGE, s. m. Le stage de comédien, qui doit commencer par être sifflé sur les théâtres de toutes les villes de France, avant d'être applaudi à Paris.
  • CABOTINE, s. f. Drôlesse qui fait les planches au lieu de faire le trottoir.
  • CABOTINER, v. n. Aller de théâtre en théâtre et n'être engagé nulle part.
  • CABOULOT, s. m. Boutique de liquoriste tenue par de belles filles bien habillées, qui n'ont pour unique profit que les deux sous du garçon.

Ce mot a une vingtaine d'années. Au début, il a servi d'enseigne à un petit cabaret modeste du boulevard Montparnasse, puis il a été jeté un jour par fantaisie, dans la circulation, appliqué à toutes sortes de petits endroits à jeunes filles et à jeunes gens, et il a fait son chemin.

  • CABRER (Se), v. réfl. Se fâcher,—dans l'argot des bourgeois.
  • CABRIOLET, s. m. Petit instrument fort ingénieux que les agents de police emploient pour mettre les malfaiteurs qu'ils arrêtent hors d'état de se servir de leurs mains.
  • CABRION, s. m. Rapin, loustic, mauvais farceur,—dans l'argot des gens de lettres, qui se souviennent du roman d'Eugène Sue (Les Mystères de Paris).
  • CACA, s. m. Evacuation alvine,—dans l'argot des enfants; Vilenie,—dans l'argot des grandes personnes qui connaissent le verbe Cacare.

Faire caca. Ire ad latrinas.

  • CACADE, s. f. Reculade, fuite honteuse,—dans l'argot du peuple, qui a eu l'honneur de prêter ce mot à Voltaire.
  • CACHE, s. f. Endroit où l'on se cache. Argot des enfants.

>Jouer à cache-cache. Jouer à se cacher.

  • CACHEMIRE, s. m. Torchon,—dans l'argot ironique des faubouriens.

Donner un coup de cachemire sur une table. L'essuyer.

  • CACHEMIRE D'OSIER, s. m. Hotte,—dans l'argot des chiffonniers.

Ils disent aussi Cabriolet, et Carquois d'osier.

  • CACHE-MISÈRE, s. m. Vêtement ample, boutonné jusqu'au menton et dissimulant tant bien que mal l'absence de la chemise. Argot du peuple.
  • CACHEMITE, s. f. Cachot,—dans l'argot des voleurs.
  • CACHER, v. a. et n. Manger,—dans l'argot des faubouriens.
  • CACHET DE LA RÉPUBLIQUE, s. m. Coup de talon de botte sur la figure. Argot des voyous.
  • CACHET DE M. LE MAIRE, s. m. Tache breneuse à la chemise. Argot du peuple.
  • CACHOTTERIE, s. f. Mystère fait à propos de choses qui n'en valent pas la peine. Même argot.
  • CACHOTTIER, s. m. Homme sournois, mystérieux, qui ne confie rien à personne.
  • CADAVRE, s. m. Synonyme de corps. Même argot.

Se mettre quelque chose dans le cadavre. Manger.

  • CADAVRE, s. m. Secret qu'on a intérêt à cacher,—faute ou crime, faiblesse ou malhonnêteté. Argot des gens de lettres.

Savoir où est le cadavre de quelqu'un. Connaître son secret, savoir quel est son vice dominant, son faible.

  • CADÈNE, s. f. Chaîne de cou,—dans l'argot des voleurs, dont les pères ont jadis fait partie de la Grande Cadène qui allait de Paris à Toulon ou à Brest.
  • CADET, s. m. Outil pour forcer les portes. Même argot.
  • CADET, s. m. Les parties basses de l'homme, «la cible aux coups de pied». Argot du peuple.

Baiser Cadet. Faire des actions viles, mesquines, plates.

Faubouriens et commères disent fréquemment, pour témoigner leur mépris à quelqu'un ou pour clore une discussion qui leur déplaît: «Tiens, baise Cadet!»

  • CADET, s. m. Synonyme de Quidam ou de Particulier.

Tu es un beau cadet! Phrase ironique qu'on adresse à celui qui vient de faire preuve de maladresse ou de bêtise.

  • CADET DE HAUT APPÉTIT, s. m. Grand mangeur, ou dépensier.
  • CADET DE MES SOUCIS (C'est le). Phrase de l'argot du peuple, qui signifie: Je ne m'inquiète pas de cela, je m'en moque.
  • CADICHON, s. m. Montre,—dans l'argot des voleurs.
  • CADRAN, s. m. Le derrière de l'homme,—dans l'argot des voyous.

Ils disent aussi Cadran humain ou Cadran solaire.

  • CAFARDE, s. f. La lune,—dans l'argot des voleurs, qui redoutent les indiscrétions de cette planète assistant à leurs méfaits derrière un voile de nuages.
  • CAGE, s. f. Prison,—dans l'argot du peuple, qui a voulu constater ainsi que l'on tenait à empêcher l'homme qui vole de s'envoler.

Cage à chapons. Couvent d'hommes.

Cage à jacasses. Couvent de femmes.

Cage à poulets. Chambre sale, étroite, impossible à habiter.

  • CAGE, s. f. Atelier de composition,—dans l'argot des typographes.

Ils disent aussi Galerie.

  • CAGETON, s. m. Hanneton,—dans l'argot des voleurs, qui savent qu'il est impossible de mettre ce scarabée en cage, et qui voudraient bien jouir du même privilège.
  • CAGNE, s. f. et m. Personne paresseuse comme une chienne,—dans l'argot du peuple.

C'est aussi le nom qu'il donne au cheval,—pour les mêmes raisons.

  • CAGNOTTE, s. f. Rétribution tacitement convenue qu'on placesous le chandelier de la demoiselle de la maison. Argot des joueurs du demi-monde.
  • CAGOU, s. m. Voleur solitaire,—dans l'argot des voleurs.
  • CAHIN-CAHA, adv. Avec peine, de mauvaise grâce,—dans l'argot du peuple, fidèle à l'étymologie: qua hinc, qua hac.
  • CAILLASSE, s. f. Cailloux,—dans le même argot.
  • CAILLÉ, s. m. Poisson,—dans l'argot des voleurs.
  • CAILLE COIFFÉE, s. f. Femme éveillée, un peu plus amoureuse que son mari ne le voudrait,—dans l'argot du peuple, qui connaît les mœurs du Coturnix.
  • CAILLOU, s. m. Figure grotesque,—dans l'argot des voyous.

Signifie aussi Nez.

  • CAISSE D'ÉPARGNE, s. f. La bouche, dans l'argot du peuple, qui a l'ironie amère, parce qu'il sait que les trois quarts du salaire sont absorbés par ce gouffre toujours ouvert.

Il l'appelle aussi, en employant une image contraire, Madame la Ruine.

  • CAISSON, s. m. Tête,—dans l'argot des soldats.

Se faire sauter le caisson. Se brûler la cervelle.

  • CALABRE, s. f. Teigne,—dans l'argot des voleurs.
  • CALAIN, s. m. Vigneron,—dans le même argot.
  • CALANCHER, v. n. Mourir,—dans l'argot des vagabonds.
  • CALANDRINER LE SABLE, v. a. Traîner sa misère,—dans l'argot des voyous.
  • CALÉ, ÉE, adj. Riche, heureux,—dans l'argot du peuple, à qui il semble qu'un homme calé ne peut plus tomber ni mourir.
  • CALEBASSE, s. f. Tête,—dans l'argot des faubouriens, qui ont trouvé une analogie quelconque entre l'os sublime et le fruit du baobab, presque aussi vides l'un que l'autre.

Grande calebasse. Femme longue, maigre et mal habillée.

  • CALEBASSES, s. f. pl. Gorge molle, qui promet plus qu'elle ne tient.
  • CALÉGE, s. f. Femme entretenue,—dans l'argot des voleurs qui prononcent calèche à la vieille mode.
  • CALER, v. n. Appuyer sa main droite sur sa main gauche en jouant aux billes,—dans l'argot des enfants.
  • CALER, v. n. Céder, rabattre de ses prétentions,—ce qui est une façon de baisser les voiles. Argot du peuple.
  • CALER, v. n. N'avoir pas de besogne, attendre de la copie,—dans l'argot des typographes.
  • CALER L'ÉCOLE, v. a. N'y pas aller, la lâcher,—dans l'argot des écoliers qui ont appris assez de latin et de grec pour supposer que ce verbe vient de chalare et de Χαλαω [grec: Chalaô].

Mais les grandes personnes, même celles qui ont fait leurs classes, veulent qu'on dise caner et non caler, s'appuyant sur la signification bien connue du premier verbe, qui n'est autre en effet que Faire la cane, s'enfuir. Mais je persisterai dans mon orthographe, dans mon étymologie et dans ma prononciation, parce qu'elles sont plus rationnelles et qu'en outre elles ont l'avantage de me rappeler les meilleures heures de mon enfance. En outre aussi, à propos de cette expression comme à propos de toutes celles où les avis sont partagés, je pense exactement comme le chevalier de Cailly à propos de chante-pleure:

«Depuis deux jours on m'entretient

Pour savoir d'où vient chante-pleure:

Du chagrin que j'en ai, je meure!

Si je savais d'où ce mot vient,

Je l'y renverrais tout à l'heure...»

  • CALICOT, s. m. Commis d'un magasin de nouveautés,—dans l'argot du peuple.

Le mot date de la Restauration, de l'époque où les messieurs de l'aune et du rayon portaient des éperons partout, aux talons, au menton et dans les yeux, et où ils étaient si ridicules enfin avec leurs allures militaires, qu'on éprouva le besoin de les mettre au théâtre pour les corriger.

  • CALICOTE, s f. Maîtresse de commis de nouveautés.
  • CALIGULER, v. a. Ennuyer,—dans l'argot des gens de lettres, qui ont gardé rancune au Caligula d'Alexandre Dumas.
  • CALINO, s. m. Nom d'une sorte de Jocrisse introduit par Antoine Fauchery dans un vaudeville, et qui a été appliqué depuis à tous les gens assez simples d'esprit, par exemple, pour s'imaginer avoir vu bâtir la maison où ils sont nés.
  • CALINOTADE, s. f. Naïveté qui frise de près la niaiserie.
  • CALLOT, s. m. Teigneux,—dans l'argot des voleurs.
  • CALME ET INODORE (Être). Se conduire convenablement,—dans l'argot du peuple.
  • CALOQUET, s. m. Chapeau.
  • CALORGNE, s. m. Borgne, ou seulement Bigle.

On dit aussi Caliborgne.

  • CALOT, s. m. Dé à coudre,—dans l'argot des voleurs.

Signifie aussi coquille de noix.

  • CALOT, s. m. Grosse bille avec laquelle on cale en jouant,—dans l'argot des enfants.
  • CALOTIN, s. m. Prêtre,—dans l'argot du peuple.
  • CALOTS, s. m. pl. Yeux ronds comme des billes,—dans l'argot des faubouriens.

Boiter des calots. Loucher.

  • COTTE (La). Le Clergé,—dans l'argot des bourgeois.

Le régiment de la calotte. Société de Jésus,—sous la Restauration. Aux XVIIe et XVIIIe siècles on avait donné ce nom à une société bien différente, composée de beaux esprits satiriques.

  • CALOTTE, s. f. Soufflet,—dans l'argot du peuple.
  • CALOTTER, v. a. Souffleter.
  • CALVIGNE, s. f. La vigne,—dans l'argot des voleurs.

Ils disent aussi Clavigne.

  • CALVIN, s. m. Raisin.

On dit aussi Clavin.

  • CAMARADERIE, s. f. Aide mutuelle mais intéressée que se prêtent les gens de lettres, journalistes ou dramaturges, pour arriver à la fortune et à la réputation. C'est la courte-échelle appliquée à l'art et à la littérature, c'est-à-dire aux deux plus respectables choses qui soient au monde,—les plus respectables et les moins respectées, «Passe-moi la casse et je te passerai le séné. Dis que j'ai du génie et je crierai partout que tu as du talent.»

Le mot est nouveau, dans ce sens du moins, car les membres de la société de la casse et du séné, souvent, ne sont que des associés et pas du tout des amis; ils s'aident, mais ils se méprisent. C'est Henri Delatouche, l'ennemi, et, par conséquent, la victime de la camaraderie, qui est le parrain de ce mot, dont la place était naturellement marquée dans ce Dictionnaire, sorte de Muséum des infirmités et des difformités de la littérature française.

  • CAMARDE, s. f. La Mort,—dans l'argot des voleurs, qui trouvent sans doute qu'elle manque de nez.
  • CAMARO, s. m. Camarade, ami,—dans l'argot des faubouriens.
  • CAMBOLER, v. n. Se laisser choir. Même argot.
  • CAMBRIOLE, s. f. Chambre,—dans l'argot des voleurs.

Cambriole de Milord. Appartement somptueux.

Rincer une cambriole. Dévaliser une chambre.

  • CAMBRIOLEUR, s. m. Homme qui dévalise les chambres, principalement les chambres de domestiques, en l'absence de leurs locataires.

Cambrioleur à la flan. Voleur de chambre au hasard.

  • CAMBROU, s. m. Domestique mâle. Même argot.
  • CAMBROUSE, s. f. Gourgandine,—dans l'argot des faubouriens, qui se rencontrent sans le savoir avec les auteurs du Théâtre-Italien.
  • CAMBROUSIER, s. m. Brocanteur,—dans l'argot des revendeurs du Temple.
  • CAMBROUSSE, s. f. Banlieue, campagne,—dans l'argot des voleurs.

Ils disent aussi Camplouse.

  • CAMBUSE, s. f. Cabaret,—dans l'argot des faubouriens.

Signifie aussi logis quelconque, taudis.

  • CAMELLIA, s. m. Femme entretenue,—par allusion à Marie Duplessis, qui a servi de type à Alexandre Dumas fils, pour sa Dame aux Camélias.

C'est par conséquent un mot qui date de 1852. Les journalistes qui l'ont employé l'ont écrit tous avec un seul l,—comme Alexandre Dumas fils lui-même, du reste,—sans prendre garde qu'ainsi écrit ce mot devenait une injure de bas étage au lieu d'être une impertinence distinguée: un camellia est une fleur, mais le camélia est un καμηλος [grec: kamêlos].

  • CAMELOT, s. m. Marchand ambulant,—dans l'argot des faubouriens, qui s'aperçoivent qu'on ne vend plus aujourd'hui que de la camelotte.
  • Camelotte, s. f. Mauvaise marchandise; besogne mal faite,—dans l'argot des ouvriers; livre mal écrit, dans l'argot des gens de lettres.

Les frères Cogniard, en collaboration avec M. Boudois, ont adjectivé ce substantif; ils ont dit: Un mariage camelotte.

  • CAMELOTTE, s. f. «Femme galante de dix-septième ordre,»—dans l'argot du peuple.
  • CAMELOTTE EN POGNE, s. f. Vol dans la main. Argot des prisons.
  • CAMELOTTER, v. n. Marchander ou vendre.

Signifie aussi mendier, vagabonder.

  • CAMOUFLE, s. f. Chandelle,—dans l'argot des voleurs.

La camoufle s'estourbe. La chandelle s'éteint.

  • CAMOUFLEMENT, s. m. Déguisement,—parce que c'est à tromper que sert la camoufle de l'instruction et de l'éducation.
  • CAMOUFLER, v. pr. S'instruire,—se servir de la camoufle, de la lumière intellectuelle et morale.
  • CAMOUFLER (Se), v. réfl. Se déguiser.
  • CAMOUFLET, s. m. Chandelier.
  • CAMP DES SIX BORNES, s. m. Endroit du cimetière où les marbriers font leur sieste aux jours de grande chaleur.

Piquer une romaine au camp. Dormir.

  • CAMPHRE, s. m. Eau-de-vie de qualité inférieure, âpre au gosier et funeste à l'estomac, comme on en boit dans les cabarets populaciers ou assommoirs.
  • CAMPHRIER, s. m. Marchand de vin et d'eau-de-vie,—dans l'argot des faubouriens.

Se dit aussi pour buveur d'eau-de-vie.

  • CAMPO, s. m. Congé,—dans l'argot des écoliers et des employés, qui ne sont pas fâchés d'aller ad campos et de n'aller ni à leur école ni à leur bureau.

Avoir campo. Être libre.

  • CAMUS, adj. Etonné, confus, comme quelqu'un qui viendrait de «se casser le nez»,—dans l'argot du peuple.
  • CAMUSE, s. f. Carpe,—dans l'argot des voleurs, qui alors n'ont pas vu les carpes des bassins de Fontainebleau.
  • CAMUSE (La). La Mort,—dans le même argot.
  • CANAGE, s. m. Agonie,—dans l'argot des voyous, qui ont vu caner souvent devant la mort.
  • CANAPÉ, s. m. Lieu où Bathylle aurait reçu Anacréon,—dans l'argot des voleurs, qui ont toutes les corruptions.
  • CANARD, s. m. Imprimé crié dans les rues,—et par extension, Fausse nouvelle. Argot des journalistes.
  • CANARD, s. m. Journal sérieux ou bouffon, politique ou littéraire,—dans l'argot des typographes, qui savent mieux que les abonnés la valeur des blagues qu'ils composent.
  • CANARD, s. m. Mari fidèle et soumis,—dans l'argot des bourgeoises.
  • CANARD, s. m. Morceau de sucre trempé dans le café, que le bourgeois donne à sa femme ou à son enfant,—s'ils ont été bien sages.
  • CANARD, s. m. Chien barbet,—dans l'argot du peuple, qui sait que ces chiens-là vont à l'eau comme de simples palmipèdes, water-dogs.
  • CANARD, s. m. Fausse note,—dans l'argot des musiciens.

On dit aussi Couac.

  • CANARDER, v. a. Fusiller,—dans l'argot des troupiers, pour qui les hommes ne comptent pas plus que des palmipèdes.
  • CANARDER, v. a. Tromper.
  • CANARDIER, s. m. Crieur de journaux.

Signifie aussi journaliste.

  • CANARD SANS PLUMES, s. m. Nerf de bœuf,—dans l'argot du peuple.
  • CANARI, s. m. Imbécile, serin,—dans le même argot.
  • CANASSON, s. m. Cheval,—dans l'argot des faubouriens, qui savent que cet animal se nourrit de son aussi bien que d'avoine: cane-à-son.
  • CANCAN, s. m. Médisance à l'usage des portières et des femmes de chambre. Argot du peuple.
  • CANCAN, s. m. Fandango parisien, qui a été fort en honneur il y a trente ans, et qui a été remplacé par d'autres danses aussi décolletées.
  • CANCANER, v. n. Danser le cancan;—Faire des cancans.
  • CANCANIER, adj. et s. Bavard, indiscret. Qui colporte de faux bruits, des médisances.

On dit aussi Cancaneur.

  • CANCRE, s. m. Collégien qui ne mord volontiers ni au latin ni aux mathématiques, et qui préfère le Jardin des plantes de Buffon au Jardin des racines grecques de Lancelot.
  • CANCRE, s. et adj. Avare, homme qui n'aime point à prêter. Argot du peuple.

Signifie aussi Pauvre Diable, homme qui ne peut arriver à rien, soit par incapacité, soit par inconduite.

  • CANER, v. n. Avoir peur, s'enfuir, faire la cane ou le chien.
  • CANER, v. a. Ne pas faire, par impuissance ou par paresse. Argot des gens de lettres.

Caner son article. Ne pas envoyer l'article qu'on s'était engagé à écrire.

  • CANER, v. n. Mourir,—dans l'argot des voyous.
  • CANER LA PÉGRENNE, v. a. Mourir de faim,—dans l'argot des voleurs.
  • CANICHE, s. m. Chien en général,—dans l'argot du peuple, pour lequel le caniche est le seul chien qui existe, comme le dada est pour les enfants le seul cheval de la création.
  • CANICHE, s. m. Ballot à oreilles,—dans l'argot des voleurs.
  • CANNE, s. f. Surveillance de la haute police,—dans le même argot.
  • CANNE, s. f. Congé, renvoi plus ou moins poli,—dans l'argot des gens de lettres, dont quelques-uns ont une assez jolie collection de ces rotins.

Offrir une canne. Prier un collaborateur de ne plus collaborer; l'appeler à d'autres fonctions, toutes celles qu'il voudra—mais ailleurs.

  • CANON, s. m. Verre,—dans l'argot des francs-maçons; petite mesure de liquide,—dans l'argot des marchands de vin.

Petit canon. La moitié d'un cinquième.

Grand canon. Cinquième.

  • CANONNER, v. n. Fréquenter les cabarets.
  • CANONNER, v. n. Crepitare,—dans l'argot facétieux des faubouriens, amis du bruit, d'où qu'il sorte.
  • CANONNEUR, s. m. Ivrogne, homme qui boit beaucoup de canons.
  • CANONNIER DE LA PIÈCE HUMIDE, s. m. Infirmier,—dans l'argot des soldats.
  • CANONNIÈRE, s. f. Le podex de Juvénal, dans l'argot des faubouriens.

Charger la canonnière. Manger.

Gargousses de la canonnière. Navets, choux, haricots, etc.

  • CANT, s. m. Argot des voleurs anglais, devenu celui des voleurs parisiens.
  • CANT, s. m. Afféterie de manières et de langage; hypocrisie à la mode. Expression désormais française.

Le cant et le bashfulness, deux jolis vices!

  • CANTALOUP, s. m. Imbécile, melon,—dans l'argot des faubouriens.
  • CANTIQUE, s. m. Chanson à boire,—dans l'argot des francs-maçons, qui savent que chanter vient de cantare.
  • CANTON, s. m. Prison,—dans l'argot des voleurs.
  • CANTONADE, s. f. Partie du théâtre en dehors du décor,—dans l'argot des coulisses.

Parler à la cantonade. Avoir l'air de parler à quelqu'un qui est censé vous écouter,—au propre et au figuré.

Ecrire à la cantonade. Ecrire pour n'être pas lu,—dans l'argot des gens de lettres.

  • CANTONNIER, s. m. Prisonnier.
  • CANULANT, adj. Ennuyeux, importun, insupportable,—dans l'argot du peuple, qui a une sainte horreur des matassins, armés comme l'on sait, qui poursuivent M. de Pourceaugnac.
  • CANULE, s. f. Homme ennuyeux, obsédant.
  • CANULER, v. a. Ennuyer, obséder.
  • CAPAHUTER, v. a. Assassiner un complice pour s'approprier sa part du vol.
  • CAPE, s. f. Écriture,—dans l'argot des voleurs.
  • CAPET, s. m. Chapeau,—dans l'argot des ouvriers.
  • CAPINE, s. f. Écritoire.
  • CAPIR, v. a. Écrire.
  • CAPITAINE, s. m. Agioteur, dans l'argot des voleurs.
  • CAPITAINE, s. m. Capitaliste,—dans le même argot.
  • CAPITAINE BÉCHEUR, s. m. Capitaine rapporteur,—dans l'argot des soldats.
  • CAPITAINER, v. a. Agioter.
  • CAPITONNER (Se), v. réfl. Garnir le corsage de sa robe «d'avantages» en coton,—dans l'argot des petites dames qui, pour séduire les hommes, ont recours à l'Art quand la Nature est insuffisante.
  • CAPON, s. m. Lâche,—dans l'argot du peuple, trop coq gaulois pour aimer les chapons.
  • CAPONNER, v. n. Reculer, avoir peur.
  • CAPORAL, s. m. Tabac de la régie.
  • CAPOU, s. m. Ecrivain public,—dans l'argot des voleurs.
  • CAPRICE, s. m. Amant de cœur,—dans l'argot de Breda-Street, où l'on a l'imagination très capricante.

Caprice sérieux. Entreteneur.

  • CAPSULE, s. f. Chapeau à petits bords, à la mode depuis quelques années. Argot des faubouriens.
  • CAQUER, v. n. Alvum deponere,—dans l'argot du peuple.
  • CARABAS, s. m. Vieille berline de comte ou de marquis, carrosse d'un modèle suranné.
  • CARABAS, s. m. Riche propriétaire de terres ou de maisons.

On dit aussi Marquis de Carabas.

  • CARABIN, s. m. Etudiant en médecine,—dans l'argot du peuple.

Carabine, s. f. Maîtresse d'étudiant.

  • CARABINE, s. f. Fouet,—dans l'argot des soldats du train.
  • CARABINÉ, ÉE, adj. De première force ou de qualité supérieure. Argot du peuple.

Plaisanterie carabinée. Difficile à accepter, parce qu'excessive.

  • CARABINER, v. n. Jouer timidement, aventurer en hésitant son argent sur quelques cartes. Argot des joueurs de lansquenet.
  • CARAMBOLAGE, s. m. Lutte générale,—dans l'argot des faubouriens.
  • CARAMBOLER, v. a. Battre quelqu'un, et surtout plusieurs quelqu'uns à la fois; faire coup double, au propre et au figuré.
  • CARANT, s. m. Planche, morceau de bois carré,—dans l'argot des voleurs.
  • CARANTE, s. f. Table.
  • CARAPATTER (Se). V. réfl. Se sauver, jouer des pattes. Argot des faubouriens.
  • CARBELUCHE GALICÉ, s. m. Chapeau de soie,—dans l'argot des voleurs.
  • CARCAGNO, s. m. Usurier,—dans l'argot des faubouriens.
  • CARCAN, s. m. Vieux cheval bon pour l'équarrisseur. Argot des maquignons.
  • CARCASSE, s. f. Le corps humain,—dans l'argot du peuple.

Avoir une mauvaise carcasse. Avoir une mauvaise santé.

  • CARCASSIER, s. m. Habile dramaturge,—dans l'argot des coulisses.

On dit aussi Charpentier.

  • CARDER, v. a. Egratigner le visage de quelqu'un à coups d'ongles. Argot du peuple.
  • CARDINAL DE LA MER, s. m. Le homard,—dans l'argot ironique des gens de lettres, par allusion à la bévue de Jules Janin.
  • CARDINALE, s. f. Lune,—dans l'argot des voleurs.
  • CARDINALES, s. f. pl. Les menses des femmes,—dans l'argot des bourgeois.
  • CARDINALISER (Se), v. réfl. Rougir, soit d'émotion, soit en buvant.

L'expression appartient à Balzac. Déjà Rabelais avait parlé des «escrevisses qu'on cardinalise à la cuite».

  • CARE, s. f. Cachette,—dans l'argot des voleurs et des faubouriens.

On dit aussi Planque.

  • CARER, v. a. Cacher, se mettre à l'abri.
  • CAREUR, s. m. Voleur dont la spécialité consiste à s'établir à portée du tiroir de caisse d'un marchand, sous prétexte de pièces anciennes à échanger, et à profiter de la moindre distraction pour s'emparer du plus de pièces possible—anciennes ou nouvelles.

On dit aussi Voleur à la care.

C'est le pincher anglais.

  • CARGE, s. f. Balle,—dans l'argot des voleurs.
  • CARGUER SES VOILES, v. a. Agir prudemment, prendre ses invalides,—dans l'argot des marins.
  • CARIBENER, v. a. Voler à la care.

On dit aussi Carer.

  • CARLINE, s. f. La Mort,—dans l'argot des bagnes.

La carline (carlina vulgaris) est une plante qui, au dire d'Olivier de Serres, prend son nom du roi Charlemagne, qui en fut guéri de la peste. La vie étant aussi une maladie contagieuse, ne serait-ce pas parce que la mort nous en guérit, grands et petits, rois et manants, qu'on lui a donné ce nom? Ou bien est-ce parce qu'elle nous apparaît hideuse, comme Carlin avec son masque noir?

  • CARMAGNOLE, s. m. Soldat de la République,—dans l'argot des ci-devant émigrés à Coblentz.
  • CARME, s. m. Argent,—dans l'argot des voleurs.

Quelques étymologistes veulent qu'on écrive et prononce carle,—probablement par contraction de carolus.

  • CARME, s. m. Miche de pain,—dans le même argot.
  • CARMER, v. n. Payer, faire des effets de poche.
  • CARNAVAL, s. m. Personne vêtue d'une façon extravagante, qui attire les regards et les rires des passants. Argot des bourgeois.
  • CARNE, s. f. Viande gâtée, ou seulement de qualité inférieure,—dans l'argot du peuple, qui a l'air de savoir que le génitif de caro est carnis.

Par analogie, Femme de mauvaise vie et Cheval de mauvaise allure.

  • CAROGNE, s. f. Fille ou femme de mauvaise vie.
  • CAROTTE, s. f. Prudence habile,—dans l'argot des joueurs.

Jouer la carotte. Hasarder le moins possible, ne risquer que de petits coups et de petites sommes.

  • CAROTTE, s. f. Escroquerie légère commise au moyen d'un mensonge intéressant,—dans l'argot des étudiants, des soldats et des ouvriers.

Tirer une carotte. Conter une histoire mensongère destinée à vous attendrir et à délier les cordons de votre bourse.

Carotte de longueur. Histoire habilement forgée.

  • CAROTTE DANS LE PLOMB (Avoir une), v. a. Se dit d'un chanteur qui fait un couac ou chante faux,—dans l'argot des coulisses; avoir l'haleine infecte,—dans l'argot des faubouriens.
  • CAROTTER, v. a. Se servir de carottes pour obtenir de l'argent de son père, de son patron, ou de toute personne charitable.

Carotter l'existence. Vivre misérablement.

Carotter le service. Se dispenser du service militaire, ou autre, en demandant des congés indéfinis, sous des prétextes plus ou moins ingénieux.

  • CAROTTER, v. n. Jouer mesquinement, ne pas oser risquer de grands coups ni de grosses sommes.
  • CAROTTEUR, s. et adj. Celui qui carotte au jeu.
  • CAROTTIER, s. m. Homme qui vit d'expédients, qui ment volontiers pour obtenir de l'argent.

Carottier fini. Carottier rusé, expert, dont les carottes réussissent toujours.

  • CAROUBLE, s. f. Fausse clé,—dans l'argot des voleurs.
  • CAROUBLEUR, s. m. Individu qui vole à l'aide de fausses clés.

On dit aussi caroubleur refilé.

Caroubleur à la flan. Voleur à l'aventure.

  • CARRÉ (Être). Avoir une grande énergie, aller droit au but. Argot des bourgeois.
  • CARREAU DE VITRE, s. m. Monocle,—dans l'argot des faubouriens.
  • CARREAUX BROUILLÉS, s. m. pl. Maison mal famée, tapis franc,—abbaye des s'offre-à-tous.
  • CARRELURE DE VENTRE, s. f. Réfection plantureuse,—dans l'argot du peuple, qui éprouve souvent le besoin de raccommoder son ventre déchiré par la faim.
  • CARRÉMENT, adv. D'une manière énergique, carrée.
  • CARRER (Se), v. réfl. Se donner des airs, faire l'entendu,—dans le même argot.

On dit aussi Se recarrer.

  • CARRER (Se), v. réfl. Se cacher,—dans l'argot des faubouriens.
  • CARRER DE LA DÉBINE (Se), v. réfl. Se tirer de la misère.
  • CARTAUDE, s. f. Imprimerie,—dans l'argot des voleurs.
  • CARTAUDE, s. m. Imprimé.
  • CARTAUDER, v. a. Imprimer.
  • CARTAUDIER, s. m. Imprimeur.
  • CARTE, s. f. Papiers d'identité qu'on délivre à la Préfecture de police, aux femmes qui veulent exercer le métier de filles.

Être en carte. Être fille publique.

  • CARTON, s. m. Carte à jouer,—dans l'argot de Breda-Street, où fleurit le lansquenet.

Manier le carton. Jouer aux cartes.—On dit aussi Graisser le carton et Tripoter le carton.

Maquiller le carton. Faire sauter la coupe.

  • CARTONNIER, adj. Mal habile dans son métier. Argot des ouvriers.
  • CARUCHE, s. f. Prison,—dans l'argot des voleurs.
  • CAS, s. m. La lie du corps humain, les fèces humaines, dont la chute (casus) est plus ou moins bruyante.

Faire son cas. Alvum deponere.

Montrer son cas. Se découvrir de manière à blesser la décence.

  • CASAQUIN, s. m. Le corps humain,—dans l'argot du peuple.

Sauter ou tomber sur le casaquin à quelqu'un. Battre quelqu'un, le rouer de coups.

Avoir quelque chose dans le casaquin. Être inquiet, tourmenté par un projet ou par la maladie.

  • CASCADE, s. f. Plaisanterie; manque de parole,—chute de promesse.
  • CASCADES, s. f. pl. Fantaisies bouffonnes, inégalités grotesques, improvisations fantasques,—dans l'argot des coulisses.
  • CASCADEUSE, s. f. Fille ou femme qui,—dans l'argot des faubouriens,—laisse continuellement la clé sur la porte de son cœur, où peuvent entrer indifféremment le coiffeur et l'artiste, le caprice et le protecteur.
  • CASCARET, s. m. Homme sans importance, de mine malheureuse ou d'apparence chétive. Argot du peuple.
  • CASE, s. f. Maison, logement quelconque,—dans l'argot du peuple, qui parle latin sans le savoir.

Le patron de la case. Le maître de la maison, d'un établissement quelconque; le locataire d'une boutique, d'un logement.

  • CASIMIR, s. m. Gilet,—dans le même argot.
  • CASQUE, s. m. Chapeau,—dans l'argot des faubouriens, pour qui c'est le mâle de casquette.

Casque-à-mèche. Bonnet de coton.

  • CASQUE, s. m. Effronterie, aplomb, blague du charlatan.

Avoir du casque, c'est-à-dire parler avec la faconde de Mangin.

  • CASQUE (Avoir son), v. a. Être complètement gris,—ce qui amène naturellement une violente migraine, celle que les médecins appellent galea, parce qu'elle vous coiffe comme avec un casque.
  • CASQUER, v. n. Payer,—dans l'argot des filles et des voleurs, qui, comme Bélisaire, vous tendent leur casque, avec prière—armée—de déposer votre offrande dedans.

Signifie aussi: donner aveuglément dans un piège,—de l'italien cascare, tomber, dit M. Francisque Michel.

Ce verbe a enfin une troisième signification, qui participe plus de la seconde que de la première,—celle qui est contenue dans cette phrase fréquemment employée par le peuple: J'ai casqué pour le roublard (je l'ai pris pour un malin).

  • CASQUETTE, s. f. Chapeau de femme,—dans l'argot des faubouriens.
  • CASQUETTE (Être), v. n. Être sur la pente d'une forte ivresse, avoir son casque.
  • CASSANT, s. m. Noyer, arbre,—dans l'argot des voleurs; biscuit de mer,—dans l'argot des matelots.
  • CASSANTES, s. f. pl. Les dents,—dans l'argot des voleurs.
  • CASSE, s. f. Ce que l'on casse. Argot des garçons de café.
  • CASSE-COU, s. m. Homme hardi jusqu'à l'audace, audacieux jusqu'à l'imprudence, jusqu'à la folie. Argot du peuple.
  • CASSE-CUL, s. m. Chute qu'on fait en glissant. Argot du peuple. Les enfants jouent souvent au casse-cul.
  • CASSE-GUEULE, s. m. Bal de barrière,—dans l'argot des faubouriens qui s'y battent fréquemment.
  • CASSE-MUSEAU, s. m. Coup de poing,—dans le même argot.

C'est le nom d'une sorte de pâtisserie dans l'ouest de la France. Rabelais dit casse-musel.

  • CASSE-NOISETTE, s. m. Figure grotesque, où le nez et le menton sont sur le point d'accomplir le mariage projeté depuis leur naissance.
  • CASSE-POITRINE, s. m. Eau-de-vie poivrée,—dans l'argot du peuple.
  • CASSE-POITRINE, s. m. pl. Individus voués aux vices abjects, qui manustupro dediti sunt, dit le docteur Tardieu.
  • CASSER, v. n. Mourir,—dans l'argot des voleurs.
  • CASSER, v. a. Couper,—dans l'argot des voyous.
  • CASSER (Se la), v. réfl. S'en aller de quelque part; s'enfuir.
  • CASSER DU BEC, v. n. Avoir une haleine infecte,—dans l'argot des faubouriens.
  • CASSER DU GRAIN, v. a. Ne rien faire de ce qui vous est demandé. Argot du peuple.
  • CASSER DU SUCRE, v. a. Faire des cancans,—dans l'argot des cabotins.
  • CASSER LA GEULE A SON PORTEUR D'EAU, v. a. Avoir ses menses,—dans l'argot des voyous.
  • CASSER LA HANE, v. a. Couper la bourse,—dans l'argot des voleurs.
  • CASSER LA MARMITE, v. a. Se ruiner; s'enlever, par une folie, tout moyen d'existence. Argot des faubouriens.
  • CASSER LE COU A UN CHAT, v. a. Manger une gibelotte,—dans l'argot du peuple.
  • CASSER LE COU A UNE NÉGRESSE, v. a. Vider une bouteille.
  • CASSER LE NEZ (Se), v. réfl. Avoir une déception plus ou moins amère, depuis celle qu'on éprouve à trouver fermée une porte qu'on s'attendait à trouver ouverte, jusqu'à celle qu'on ressent à voir un amant chez une femme qu'on avait le droit de croire seule.
  • CASSER LE SUCRE A LA ROUSSE. Dénoncer un camarade ou plutôt un complice. Argot des voleurs.
  • CASSEROLE, s. f. Mouchard,—dans le même argot.
  • CASSEROLE, s. f. L'hôpital du Midi,—dans l'argot des faubouriens.

Passer à la casserolle. Se faire soigner par le docteur Ricord; être soumis à un traitement dépuratif énergique.

  • CCasser son cable, v. a. Mourir,—dans l'argot des gens de lettres, qui ont emprunté l'expression à Commerson.

C'est une allusion à la rupture du câble transatlantique.

  • CASSER SA CANNE, v. a. Dormir, et, par extension, mourir.
  • CASSER UNE CROUTE, v. a. Manger légèrement en attendant un repas plus substantiel. Argot des bourgeois.
  • CASSER SA CRUCHE, v. a. Perdre le droit de porter le bouquet de fleurs d'oranger,—dans l'argot du peuple, qui interprète à sa manière le tableau de Greuze.
  • CASSER SA FICELLE, v. a. S'évader du bagne ou d'une maison centrale,—dans l'argot des voleurs.
  • CASSER SA PIPE, v. a. Mourir, dans l'argot des faubouriens et des rapins.
  • CASSER SON SABOT, v. a. Perdre le droit de porter un bouquet de fleur d'oranger,—dans l'argot du peuple.
  • CASSEUR, s. m. Fanfaron,qui a l'air de vouloir tout casser,—dans l'argot du peuple.

Mettre son chapeau en casseur. Sur le coin de l'oreille, d'un air de défi.

  • CASSEUR DE PORTES, s. m. Voleur avec effraction,—dans l'argot des voyous.
  • CASSINE, s. f. Maison où le service est sévère,—dans l'argot des domestiques paresseux; atelier où le travail est rude,—dans l'argot des ouvriers gouapeurs.
  • CASSOLETTE, s. f. Bouche,—dans l'argot des faubouriens.

Plomber de la cassolette. Fetidum halitum emittere.

  • CASSOLETTE, s. f. La matula de Plaute, et le «Pot qu'en chambre on demande» de Lancelot,—dans l'argot du peuple, qui va chercher ses phrases dans un autre Jardin que celui des Racines grecques.

Se dit aussi du Tombereau des boueux, quand il est plein d'immondices et qu'il s'en va vers les champs voisins de Paris fumer les violettes et les fraises.

  • CASTE DE CHARRUE, s. m. Quart d'un écu,—dans l'argot des voleurs.
  • CASTILLE, s. f. Petite querelle,—dans l'argot des bourgeois, qui cependant n'ont pas lu l'Histoire de Francion.

Chercher castille. Faire des reproches injustes ou exagérés.

  • CASTOR, s. m. Chapeau d'homme ou de femme, en feutre ou en soie, en tulle ou en paille,—dans l'argot du peuple, qui n'emploie pas cette expression précisément en bonne part.
  • CASTROZ, s. m. Chapon,—dans l'argot des voyous.

Ils disent aussi Castion.

  • CASTU, s. m. Hôpital,—dans l'argot des voleurs, qui savent mieux que personne que les premiers établissements hospitaliers en France, notamment l'hôpital général à Paris, ont été de véritables forteresses, castelli.
  • CASTUC, s. f. Prison, un autre hôpital, celui des vices, qui sont la maladie de l'âme.
  • CAT, s. m. Chat,—dans l'argot des enfants, qui parlent mieux le vieux français que les grandes personnes:

Lou cat a fain
Quant manjo pain,

dit un fabliau ancien.

  • CATAPLASME AU GRAS, s. m. Épinards,—dans l'argot des faubouriens.
  • CATAPLASME DE VENISE, s. m. Soufflet, coup sur le visage,—dans 'argot du peuple.
  • CAUTEAU, s. f. Fille qui n'a pas voulu coiffer sainte Catherine et s'est mariée avec le général Macadam.
  • CATHOLIQUE A GROS GRAINS, s. m. Catholique peu pratiquant,—dans l'argot des bourgeois.
  • CATIN, s. m. Un nom charmant devenu une injure, dans l'argot du peuple, qui a bien le droit de s'en servir après Voltaire, Diderot, et Mme de Sévigné elle-même.
  • CATINISER (Se). De fille honnête devenir fille.
  • CAUCHEMARDANT, adj. Ennuyeux, importun,—dans l'argot des faubouriens.
  • CAUCHEMARDER, v. a. Ennuyer, obséder.
  • CAUSE GRASSE. Cause amusante à plaider et à entendre plaider,—dans l'argot des avocats, héritiers des clercs de la Basoche. Le chef-d'œuvre du genre est l'affaire du sieur Gaudon contre Ramponneau, Me Arouet de Voltaire plaidant—la plume à la main.
  • CAUSETTE, s. f. Causerie familière, à deux, dans l'argot du peuple, qui a eu l'honneur de prêter ce mot à George Sand.

Faire la causette. Causer tout bas.

  • CAUSOTTER, v. n. Se livrer à une causerie intime entre trois ou quatre personnes.
  • CAVALCADE, s. f. Aventure galante.

Avoir vu des cavalcades. Avoir eu de nombreux amants.

  • CAVALE, s. f. Course précipitée, fuite,—dans l'argot des voyous.

Se payer une cavale. Courir.

  • CAVALE, s. f. Grande femme maigre, mal faite, déhanchée.
  • CAVALER (Se), v. réfl. S'enfuir comme un cheval,—dans l'argot des faubouriens.
  • CAVALOT, s. m. Pièce de menue monnaie,—dans le même argot.
  • CAVÉ, s. m. Dupe,—dans le même argot.
  • CAVÉE, s. f. Église,—dans l'argot des voleurs, qui redoutent les rhumatismes.
  • CAYENNE, s. m. Cimetière extra muros,—dans l'argot du peuple, pour qui il semble que ce soit là une façon de lieu de déportation.

Il dit aussi Champ de Navets,—parce qu'il sait qu'avant d'être utilisés pour les morts, ces endroits funèbres ont été utilisés pour les vivants.

  • CAYENNE, s. m. Atelier éloigné de Paris; fabrique située dans la banlieue. Argot des ouvriers.
  • CÉLADON, s. m. Vieillard galant,—dans l'argot des bourgeois, dont les grand'mères ont lu l'Astrée.

On dit aussi Vieux céladon.

  • CENDRILLON, s. f. Jeune fille à laquelle ses parents préfèrent ses sœurs et même des étrangères; personne à laquelle on ne fait pas attention,—dans l'argot du peuple, qui a voulu consacrer le souvenir d'un des plus jolis contes de Perrault.
  • CE N'EST PAS A FAIRE! Je m'en garderais bien!

Cette expression, familière aux filles et aux voyous, est mise par eux à toutes les sauces: c'est leur réponse à tout. Il faudrait pouvoir la noter.

  • CENT COUPS (Être aux). Être bouleversé; ne savoir plus où donner de la tête. Argot des bourgeois.
  • CENT COUPS (Faire les). Se démener pour réussir dans une affaire; mener une vie déréglée.—Argot des bourgeois.
  • CENTRE, s. m. Nom,—dans l'argot des voleurs, qui savent que le nom est en effet le point où convergent les investigations de la police, et qui, à cause de cela, changent volontiers de centre.

Centre à l'estorgue. Faux nom, sobriquet.

Centre d'altèque. Nom véritable.

  • CENTRE DE GRAVITÉ, s. m. Nates,—dans l'argot des bourgeois, qui ont emprunté cette expression-là aux Précieuses.
  • CERBÈRE, s. m. Concierge,—dans l'argot du peuple.
  • CERCHER, v. a. Chercher,—dans l'argot du peuple, fidèle à l'étymologie (circare) et à la tradition: «Mes sommiers estoient assez loin, et estoit trop tard pour les cercher,» dit Philippe de Commines.

Li marinier qui par mer nage,

Cerchant mainte terre sauvage,

Tout regarde il à une estoile,

disent les auteurs du Roman de la Rose.

  • CERCLE, s. m. Argent monnayé,—dans l'argot des voleurs.
  • CERCLÉ, s. m. Tonneau,—dans le même argot.
  • CERF-VOLANT, s. m. Femme qui attire sous une allée ou dans un lieu désert les enfants en train de jouer pour leur arracher leurs boucles d'oreilles et quelquefois l'oreille avec la boucle.—Argot des voleurs.
  • CERNEAU, s. m. Jeune fille,—dans l'argot des gens de lettres.
  • C'EST LE CHAT! Expression de l'argot du peuple, qui souligne ironiquement un doute, une dénégation. Ainsi, quelqu'un disant: Ce n'est pas moi qui ai fait cela.—Non! c'est le chat! lui répondra-t-on.
  • CHABANNAIS, s. m. Reproches violents, quelquefois mêlés de coups de poing,—dans le même argot.

Ficher un chabannais. Donner une correction.

  • CHACAL, s. m. Zouave,—dans l'argot des soldats d'Afrique, par allusion au cri que poussent les zouzous en allant au feu.
  • CHAFOUIN, adj. et s. Sournois, rusé,—dans l'argot du peuple, qui a eu l'honneur de prêter cette expression à Saint-Simon, qui l'a employée à propos de Dubois.
  • CHAFOFURER (Se), v. réfl. S'égratigner.
  • CHAFRIOLER (Se), v. réfl. Se caresser, se complaire,—à la façon des chats.

L'expression appartient à Balzac.

  • CHAHUT, s. m. Cordace lascive fort en honneur dans les bals publics à la fin de la Restauration, et remplacée depuis par le cancan,—qui a été lui-même remplacé par d'autres cordaces de la même lascivité.

Quelques écrivains font ce mot du féminin.

  • CHAHUT, s. m. Bruit, vacarme mêlé de coups,—dans l'argot des faubouriens.

Faire du chahut. Bousculer les tables et les buveurs, au cabaret; tomber sur les sergents de ville, dans la rue.

  • CHAHUTER, v. n. Danser indécemment.
  • CHAHUTER, v. a. Secouer avec violence; renverser; se disputer.
  • CHAHUTEUR, s. m. Mauvais sujet.
  • CHAHUTEUSE, s. f. Habituée des bals publics; dévergondée.
  • CHALOUPE, s. f. Femme à toilette tapageuse,—dans l'argot des voyous.

Chaloupe orageuse. Variété de chahut et femme qui le danse.

  • CHALOUPER, v. n. Danser le chahut.
  • CHAMAILLER (Se), v. réfl. Se disputer,—dans l'argot du peuple.
  • CHAMAILLER DES DENTS, v. n. Manger.
  • CHAMBARDER, v. a. Secouer sans précaution; renverser; briser,—dans l'argot des ouvriers qui ont servi dans l'infanterie de marine.
  • CHAMBRE DES PAIRS, s. f. Bagne à vie,—dans l'argot des prisonniers.
  • CHAMBRELAN, s. m. Ouvrier en chambre; locataire qui n'occupe qu'une seule chambre,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Chamberlan, et ce mot, comme l'autre, est la première forme de Chambellan. Les gens du bel air ont donc tort de rire des petites gens,—qui parlent mieux qu'eux, puisqu'ils parlent comme Villehardouin, comme Joinville, comme Froissart, qui parlaient comme les Allemands (Kâmmerling ou Chamarlinc).

  • CHAMBRILLON, s. f. Petite servante,—dans le même argot.
  • CHAMEAU, s. m. Fille ou femme qui a renoncé depuis longtemps au respect des hommes.

Le mot a une cinquantaine d'années de bouteille.

  • CHAMEAU, s. m. Compagnon rusé, qui tire toujours à lui la couverture, et s'arrange toujours de façon à ne jamais payer son écot dans un repas ni de sa personne dans une bagarre.
  • CHAMP D'OIGNONS, s. m. Cimetière,—dans l'argot des faubouriens, qui savent que les morts empruntent aux vivants un terrain utilisé pour l'alimentation de ceux-ci.
  • Champfleurisme, s. m. Ecole littéraire dont Champfleury est le chef. C'est le réalisme.
  • CHAMPFLEURISTE, s. et adj. Disciple de Champfleury.
  • CHAMPOREAU, s. m. Café à la mode arabe, concassé et fait à froid,—dans l'argot des faubouriens qui ont été troupiers en Afrique.

Pour beaucoup aussi, c'est du café chaud avec du rhum ou de l'absinthe.

  • CHANÇARD, s. m. Homme heureux en affaires ou en amour,—dans l'argot du peuple.
  • CHANCELER, v. n. Être gris à ne plus pouvoir se tenir sur ses jambes,—dans le même argot.
  • CHANCRE, s. m. Grand mangeur, homme qui dévore tout,—dans le même argot.
  • CHANDELIER, s. m. Le nez,—dans l'argot des faubouriens.
  • CHANDELLE, s. f. Mucosité qui forme stalactite au-dessous du nez,—dans le même argot.
  • CHANDELLE, s. f. Soldat en faction. Même argot.

Être entre quatre chandelles. Être conduit au poste entre quatre fusiliers.

  • CHANDELLE BRÛLE (La). Se dit,—dans l'argot des bourgeois,—pour presser quelqu'un, l'avertir qu'il est temps de rentrer au logis.
  • CHANGER DE COMPOSTEUR. Passer à un autre exercice, manger après avoir causé, rire après avoir pleuré, etc. Argot des typographes et des ouvriers.
  • CHANGER SES OLIVES D'EAU, v. n. Meiere,—dans l'argot des faubouriens.
  • CHANGEUR, s. m. Le Babin chez lequel les voleurs vont, moyennant trente sous par jour, se métamorphoser en curés, en militaires, en médecins, en banquiers, selon leurs besoins du moment.
  • CHANOINE, s. m. Rentier,—dans l'argot des voleurs.

Au féminin, Chanoinesse.

  • CHANOINE DE MONTE-A-REGRET. Condamné à mort.
  • CHANTAGE, s. m. Industrie qui consiste à soutirer de l'argent à des personnes riches et vicieuses, en les menaçant de divulguer leurs turpitudes; ou seulement à des artistes dramatiques qui jouent plus ou moins bien, en les menaçant de les éreinter dans le journal dont on dispose.
  • CHANTÉ (Être). Être dénoncé,—dans l'argot des voleurs.
  • CHANTEAU, s. m. Morceau de pain ou d'autre chose,—dans l'argot du peuple.
  • CHANTER, v. a. Parler,—dans l'argot du peuple, qui n'emploie ce verbe qu'en mauvaise part.

Faire chanter. Faire pleurer.

  • CHANTER (Faire). Faire donner de l'argent à un homme riche qui possède un vice secret que l'on connaît, ou à un artiste dramatique qui tient à être loué dans un feuilleton.

L'expression est vieille comme le vice qu'elle représente.

  • CHANTER LE CHANT DU DÉPART, v. a. Quitter une réunion, une compagnie d'amis,—dans l'argot des bohèmes.
  • CHANTER POUILLE, v. n. Chercher querelle, dire des injures. Argot du peuple.
  • CHANTEUR, s. m. Homme sans moralité qui prend en main la cause de la morale quand elle est outragée par des gens riches.
  • CHANTEUR DE LA CHAPELLE SIXTINE, s. m. Homme qui, par vice de conformation ou par suite d'accident, pourrait être engagé en Orient en qualité de capi-agassi.
  • CHAPARDER, v. a. Marauder,—dans l'argot des troupiers.
  • CHAPARDEUR, s. m. Maraudeur.
  • CHAPEAU EN BATAILLE, s. m. Dont les cornes tombent sur chaque oreille. Argot des officiers d'état-major.

Chapeau en colonne. Placé dans le sens contraire, c'est-à-dire dans la ligne du nez.

  • CHAPELLE, s. f. Cabaret, buvette quelconque,—dans l'argot des ouvriers, dévots à Bacchus.

Faire ou Fêter des chapelles. Faire des stations chez tous les marchands de vin.

  • CHAPI, s. m. Chapeau,—dans l'argot des faubouriens, dont les ancêtres ont dit chapel et chapin.
  • CHAPITEAU, s. m. La tête,—sommet de la colonne-homme. Même argot.
  • CHAPON, s. m. Morceau de pain frotté d'ail,—dans l'argot du peuple, qui en assaisonne toutes les salades.

On dit aussi Chapon de Gascogne.

  • CHAPON DE LIMOUSIN, s. m. Châtaigne.
  • CHAPSKA, s. m. Chapeau. Argot des faubouriens.

C'est un souvenir donné à la coiffure des lanciers polonais,—de la garde nationale de Paris.

  • CHAPUISER, v. n. Tailler, couper,—dans l'argot du peuple, qui emploie là un des vieux mots de notre langue.
  • CHARABIA, s. m. Patois de l'Auvergne.

Se dit aussi pour Auvergnat.

  • CHARCUTER, v. a. Couper un membre; opérer.
  • CHARCUTIER, s. m. Chirurgien.
  • CHARDON DU PARNASSE, s. m. Mauvais écrivain,—dans l'argot des Académiciens, dont quelques-uns pourraient entrer dans la tribu des Cinarées.
  • CHARDONNERET, s. m. Gendarme,—dans l'argot des faubouriens, qui font allusion au liseré jaune du costume de la maréchaussée.
  • CHARGÉ (Être). Être en état d'ivresse, dans l'argot des ouvriers.
  • CHARGÉE (Être). Avoir levé un homme au bal, ou sur le trottoir,—dans l'argot des petites dames.
  • CHARGER, v. a. et n. Enlever un décor. Argot des coulisses.

C'est la manœuvre contraire à Appuyer.

  • CHARLEMAGNE, s. m. Sabre-poignard,—dans l'argot des troupiers.
  • CHARLOT. L'exécuteur des hautes œuvres,—dans l'argot du peuple.

Le mot est antérieur à 1789.

Soubrettes de Charlot. Les valets du bourreau, chargés de faire la toilette du condamné à mort.

Les Anglais disent de même Ketch ou Jack Ketch,—quoique Monsieur de Londres s'appelle Calcraft.

  • CHARMANTE, s. f. La gale,—dans l'argot des voleurs.
  • CHARMER LES PUCES, v. a. Se mettre en état d'ivresse,—dans l'argot du peuple.
  • CHAROGNE, s. f. Homme difficile à vivre,—dans l'argot des faubouriens.

Signifie aussi Homme roué, corrompu.

  • CHARPENTER LE BOURRICHON (Se), v. réfl. S'enflammer à propos de n'importe qui ou de n'importe quoi,—dans l'argot des ouvriers.
  • CHARPENTIER, s. m. Celui qui agence une pièce, qui en fait la carcasse,—dans l'argot des dramaturges, qui se considèrent, avec quelque raison, comme des ouvriers de bâtiment.
  • CHARRIAGE, s. m. Vol pour lequel il faut deux compères, le jardinier et l'Américain, et qui consiste à dépouiller un imbécile de son argent en l'excitant à voler un tas de fausses pièces d'or entassées au pied d'un arbre, dans une plaine de Grenelle quelconque.

S'appelle aussi Vol à l'Américaine.

  • CHARRIEUR, s. m. Voleur qui a la spécialité du charriage.

Charrieur, cambrousier. Voleur qui exploite les foires et les fêtes publiques.

Charrieur de ville. Celui qui vole à l'aide de procédés chimiques.

Charrieur à la mécanique. Autre variété de voleur.

  • CHARRON, s. m. Voleur.
  • CHARTRON, s. m. Position des acteurs vers la fin d'une pièce.

Faire ou Former le chartron. Ranger les acteurs en ligne courbe devant la rampe, au moment du couplet final.

  • CHAS ou CHASSE, s. m. Œil,—dans l'argot des voleurs, soit parce que les yeux sont les trous au visage, ou parce qu'ils en sont les châssis, ou enfin parce qu'ils ont parfois, et même souvent, la chassie.

Ce mot qui ne se trouve pourtant dans aucun dictionnaire respectable, est plus étymologique qu'on ne serait tenté de le supposer au premier abord. Je m'appuie, pour le dire, de l'autorité de Ménage, qui fait venir chassie de l'espagnol cegajoso, transformé par le patois français en chaceuol, qui voit mal, qui a la vue faible. Et, dans le même sens nos vieux auteurs n'ont-ils pas employé le mot chacius?

Châsses d'occase. Yeux bigles, ou louches.

  • CHASSE, s. f. Réprimande, objurgation, reproches,—dans l'argot des ouvriers.

Foutre une chasse. Faire de violents reproches.

  • CHASSE-COQUIN, s. m. Bedeau,—dans l'argot du peuple.
  • CHASSE-COUSIN, s. m. Mauvais vin,—dans l'argot des bourgeois, qui emploient volontiers ce remède héroïque, quand ils «traitent» des parents importuns, pour se débarrasser à jamais d'eux.
  • CHASSE-NOBLE, s. m. Gendarme,—dans l'argot des voleurs, qui se rappellent sans doute que leurs ancêtres étaient des grands seigneurs, des gens de haute volée.
  • CHASSER, v. n. Fuir,—dans l'argot des faubouriens.
  • CHASSER AU PLAT, v. n. Faire le parasite,—dans l'argot du peuple.
  • CHASSER DES RELUITS, v. n. Pleurer. Argot des voleurs.
  • CHASSER LE BROUILLARD, v. a. Boire le vin blanc ou le petit verre du matin,—dans l'argot des ouvriers.

On dit aussi Chasser l'humidité.

  • CHASSIS, s. m. pl. Les yeux. Argot des faubouriens.
  • CHASSUE, s. f. Aiguille,—dans l'argot des voleurs, qui savent que toute aiguille a un chas.
  • CHASSURE, s. f. Lotium,—dans le même argot.
  • CHAT, s. m. Geôlier,—dans le même argot.

Chat fourré. Juge; greffier.

  • CHAT, s. m. Lapin,—dans l'argot du peuple, qui s'obstine à croire que les chats coûtent moins cher que les lapins et que ceux-ci n'entrent que par exception dans la confection des gibelottes.
  • CHAT, s. m. Enrouement subit qui empêche les chanteurs de bien chanter, et même leur fait faire des couacs.
  • CHAT (Être). Avoir des allures caressantes, félines,—dans l'argot du peuple, qui dit cela en bonne comme en mauvaise part.
  • CHATAIGNE, s. f. Soufflet appliqué sur la joue,—dans l'argot des ouvriers, qui ont emprunté cette expression à des Lyonnais.
  • CHATAUD, de, adj. et s. Gourmand, gourmande,—dans l'argot du peuple. «J'étais chataude et fainéante,» dit la jolie Manon de Rétif de la Bretonne.
  • CHATEAU-BRANLANT, s. m. Chose ou personne qui remue toujours, et qu'à cause de cela on a peur de voir tomber. Argot du peuple.
  • CHATTE, s. f. Autrefois écu de six livres, aujourd'hui pièce de cinq francs,—dans l'argot des filles.
  • CHATTEMENT, adv. Doucement, câlinement.

L'expression est de Balzac.

  • CHAUD, adj. et s. Rusé, habile,—dans l'argot du peuple, assez cautus.

Être chaud. Se défier.

Il l'a chaud. C'est un malin qui entend bien ses intérêts.

  • CHAUD, adj. Cher, d'un prix élevé.
  • CHAUD! cHAUD! Exclamation du même argot, signifiant: Vite! dépêchez-vous!
  • CHAUD DE LA PINCE, s. m. Homme de complexion amoureuse.
  • CHAUDRON, s. f. Mauvais piano qui rend des sons discordants,—dans l'argot des bourgeois.

Taper sur le chaudron. Jouer du piano,—dans l'argot du peuple.

  • CHAUDRONNER, v. a. Aimer à acheter et à revendre toutes sortes de choses, comme si on y était forcé.
  • CHAUDRONNIER, s. m. Acheteur et revendeur de marchandises d'occasion,—de la tribu des Rémonencq parisiens.
  • CHAUFFE LA COUCHE, s. m. Homme qui aime ses aises et reste volontiers au lit,—dans l'argot du peuple.

J'ai entendu employer aussi cette expression dans un sens contraire à celui que je viens d'indiquer,—dans le sens d'Homme qui s'occupe des soins incombant à la femme de ménage. C'est le mari de la femme qui porte les culottes.

  • CHAUFFER, v. n. Aller bien, rondement, avec énergie.
  • CHAUFFER LE FOUR, v. a. Se griser.

Avoir chauffé le four. Être en état d'ivresse.

  • CHAUFFER UNE FEMME, v. a. Lui faire une cour sur le sens de laquelle elle n'a pas à se méprendre.

Nos pères disaient: Coucher en joue une femme.

  • CHAUFFER UNE PIÈCE, v. a. Lui faire un succès, la prôner d'avance dans les journaux ou l'applaudir à outrance le jour de la représentation.
  • CHAUFFER UNE PLACE, v. a. La convoiter, la solliciter ardemment.

Nos pères disaient: Coucher en joue un emploi.

  • CHAUFFEUR, s. m. Homme de complexion amoureuse.

Se dit aussi de tout homme qui amène la gaieté avec lui.

  • CHAUFFEUR, s. et adj. Hâbleur, blagueur.
  • CHAUMIR, v. a. Perdre,—dans l'argot des voleurs.
  • CHAUSSER, v. a. Convenir,—dans l'argot des bourgeois, qui n'osent pas dire botter.
  • CHAUSSER LE COTHURNE, v. a. Ecrire ou jouer des tragédies,—dans l'argot des académiciens, qui parlent presque aussi mal que les faubouriens la noble langue dont ils sont les gardiens, comme les capi-agassi sont ceux d'un sérail.
  • CHAUSSETTES DE DEUX PAROISSES, s. f. pl. Chaussettes dépareillées.
  • CHAUSSETTES POLONAISES, s. f. pl. Morceaux de papier dont les soldats s'enveloppent les pieds.
  • CHAUSSON, s. m. Femme ou fille qu'une vie déréglée a avachie, éculée.

Putain comme chausson. Extrêmement débauchée. Aurélien Scholl a spirituellement remplacé cette expression populaire, impossible à citer, par cette autre, qui n'écorche pas la bouche et qui rend la même pensée: Légère comme chausson.

  • CHAUSSON, s. m. Pâtisserie grossière garnie de marmelade de pommes et de raisiné. Les enfants en raffolent parce qu'il y a beaucoup à manger et que cela ne coûte qu'un sou.
  • CHAUSSON, s. m. Boxe populaire où le pied joue le rôle principal, chaussé ou non.
  • CHAUSSONNER, v. a. Donner des coups de pied.
  • CHELINGUER, v. n. Puer,—dans l'argot des faubouriens.

Chelinguer des arpions. Puer des pieds.

On dit plus élégamment: Chelinguer des arps.

Chelinguer du bec. Fetidum emittere halitum.

L'expression ne viendrait-elle pas de l'allemand schlingen, avaler, ouvrir trop la bouche?

  • CHEMIN DE FER, s. m. Variété du jeu de baccarat,—où l'on perd plus vite son argent.
  • CHEMISE DE CONSEILLER, s. f. Linge volé,—dans l'argot des voleurs, qui ont voulu, dit M. Francisque Michel, donner à entendre que le linge saisi servait à faire des chemises à leurs juges.
  • CHÊNE, s. m. Homme victime,—dans l'argot du bagne.

Faire suer le chêne. Tuer un homme.

Chêne affranchi. Homme affranchi, voleur.

Les voleurs anglais ont le même mot: oak, disent-ils d'un homme riche. To rub a man down with an oaken towel, ajoutent-ils en parlant d'un homme qu'ils ont tué en le frottant avec une serviette de chêne,—un bâton.

  • CHENILLON, s. m. Fille laide ou mal mise,—dans l'argot des bourgeois.
  • CHENU, adj. Bon, exquis, parfait,—dans l'argot des ouvriers.
  • CHENUMENT, adv. Très bien. Vadé l'a employé.
  • CHENU RELUIT, adv. Bonjour,—dans l'argot des voleurs.

Chenu sorgue. Bonsoir.

  • CHERCHE! Rien,—dans l'argot des gamins et des faubouriens.

Avoir dix à cherche. Avoir dix points lorsque son adversaire n'en a pas un seul.

  • CHERCHER LA PETITE BÊTE, v. a. Vouloir connaître le dessous d'une chose, les raisons cachées d'une affaire,—comme les enfants les ressorts d'une montre. Argot du peuple.

Avoir trop d'ingéniosité dans l'esprit et dans le style, s'amuser aux bagatelles de la phrase au lieu de s'occuper des voltiges sérieuses de la pensée. Argot des gens de lettres.

  • CHERCHER MIDI A QUATORZE HEURES, v. a. Hésiter à faire une chose, ou s'y prendre maladroitement pour la faire,—dans l'argot du peuple, ennemi des lambins.

Signifie aussi: Se casser la tête pour trouver une chose simple.

  • CHETAR ou Jetar, s. m. Prison. Argot des voleurs.
  • CHEVAL DE RETOUR, s. m. Vieux forçat, récidiviste.
  • CHEVAL DE TROMPETTE, s. m. Homme aguerri à la vie, comme un cheval de cavalerie à la guerre. Argot du peuple.

Être bon cheval de trompette. Ne s'étonner, ne s'effrayer de rien.

  • CHEVALIER DU CROCHET, s. m. Chiffonnier.
  • CHEVALIER DU LANSQUENET, s. m. Homme qui fait volontiers le pont, à n'importe quel jeu de cartes,—dans l'argot des bourgeois, qui ne sont pas fâchés de mettre au rancart certaines autres expressions sœurs aînées de celle-ci, comme Chevalier d'industrie, etc.
  • CHEVALIER DU LUSTRE, s. m. Applaudisseur gagné. Argot de théâtre.

On dit aussi Romain.

  • CHEVALIER DU MÈTRE, s. m. Commis de nouveautés.
  • CHEVANCE, s. f. Ivresse,—dans l'argot des voleurs, qui savent que, dans cet état, les plus gueux se croient toujours heureux et riches.
  • CHEVELU, s. m. Romantique,—dans l'argot des bourgeois de 1830.
  • CHEVEU, s. m. Embarras subit, obstacle quelconque, plus ou moins grave,—dans l'argot du peuple.

Je regrette de ne pouvoir donner une étymologie un peu noble à ce mot et le faire descendre soit des Croisades, soit du fameux cheveu rouge de Nisus auquel les Destins avaient attaché le salut des Mégariens; mais la vérité est qu'il sort tout simplement et tout trivialement de la non moins fameuse soupe de l'Auvergnat imaginé par je ne sais quel farceur parisien.

Trouver un cheveu à la vie. La prendre en dégoût et songer au suicide.

Voilà le cheveu! C'est une variante de: Voilà le hic!

  • CHEVILLARD, s. m. Boucher sans importance,—dans l'argot des gros bouchers, qui n'achètent pas à la cheville, eux!
  • CHÈVRE, s. f. Mauvaise humeur,—dans l'argot des ouvriers, et spécialement des typographes.

Avoir la chèvre. Être en colère.

Gober la chèvre. Être victime de la mauvaise humeur de quelqu'un. Signifie aussi se laisser berner.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on disait, dans le même sens, Prendre la chèvre.

  • CHEVRONNÉ, s. et adj. Récidiviste,—dans l'argot des prisons.
  • CHEVROTIN (Être). Avoir un caractère épineux, difficile à manier, qui amène souvent des chèvres.
  • CHIASSE, s. f. Diarrhée,—dans l'argot du peuple.
  • CHIASSE, s. f. Chose de peu de valeur; marchandise avariée. Même argot.

Chiasse du genre humain. Homme méprisable.

  • CHIASSE, s. f. Maîtresse,—dans l'argot des faubouriens, disrespectueux de la femme en général et en particulier.
  • CHIC, s. m. Habileté de main, ou plutôt de patte,—dans l'argot des artistes, qui ont emprunté ce mot au XVIIe siècle.

Faire de chic. Dessiner ou peindre sans modèle, d'imagination, de souvenir.

  • CHIC, s. m. Goût, façon pittoresque de s'habiller ou d'arranger les choses,—dans l'argot des petites dames et des gandins.

Avoir du chic. Être arrangé avec une originalité de bon—ou de mauvais—goût.

Avoir le chic. Posséder une habileté particulière pour faire une chose.

  • CHIC (Être). Être bien, être bon genre,—dans le même argot.

Monsieur Chic. Personne distinguée—par sa générosité envers le sexe.

Discours chic. Discours éloquent,—c'est-à-dire rigolo.

  • CHICAN, s. m. Marteau,—dans l'argot des voleurs.
  • CHICARD, adj. et s. Superlatif de Chic.

Ce mot a lui-même d'autres superlatifs, qui sont Chicandard et Chicocandard.

  • CHICARD, s. m. Type de carnaval, qui a été imaginé par un honorable commerçant en cuirs, M. Levesque, et qui est maintenant dans la circulation générale comme synonyme de Farceur, de Roger-Bontemps, de Mauvais sujet.
  • CHICARDEAU, adj. m. Poli, aimable,—dans l'argot des faubouriens.
  • CHICARDER, v. n. Danser à la façon de Chicard, «homme de génie qui a modifié complètement la chorégraphie française», affirme M. Taxile Delord.
  • CHICHE, s. m. Économe, et même Avare,—dans l'argot des bourgeois.

On dit aussi Chichard.—Notre vieux français avait chice.

  • CHICHE! Exclamation de défi ou de menace,—dans l'argot des enfants et des ouvriers.
  • CHICHERIE, s. f. Lésinerie.

Notre vieux français avait chiceté.

  • CHICORÉE, s. f. Verte réprimande, reproches amers qui souvent se changent même en coups. Tout le monde connaît le goût de la cichoriumendivia ou non endivia.
  • CHICORÉE, s. f. Femme maniérée, chipie.

Faire sa chicorée. Se donner des airs de grande dame, et n'être souvent qu'une petite dame.

  • CHICOT, s. m. Petit morceau de dent, de pain, ou d'autre chose,—dans l'argot du peuple.
  • CHICOTER (Se), v. réfl. Se disputer, se battre pour des riens. Même argot.

Ce verbe est vieux: on le trouve dans les Fabliaux de Barbazan.

  • CHIÉ, part. passé. Ressemblant.

C'est lui tout chié. Il a le même visage et surtout le même caractère.

  • CHIEN, s. m. Entrain, verve, originalité,—dans l'argot des gens de lettres et des artistes; bagou, impertinence, désinvolture immorale,—dans l'argot des petites dames.
  • CHIEN, s. m. Caprice de cœur,—dans l'argot des petites dames.

Avoir un chien pour un homme. Être folle de lui.

  • CHIEN, s. m. Compagnon,—dans l'argot des ouvriers affiliés au Compagnonnage.
  • CHIEN, s. et adj. Tracassier, méticuleux, avare, exigeant,—dans l'argot du peuple, qui se plaît à calomnier «l'ami de l'homme». C'est l'expression anglaise: Dog-bolt.

Vieux chien. Vieux farceur,—sly dog, disent nos voisins.

  • CHIENDENT, s. m. Difficulté, obstacle, anicroche,—dans l'argot du peuple, qui sait avec quelle facilité le hunds-grass pousse dans le champ de la félicité humaine.

Voilà le chiendent. Voilà le hic.

  • CHIEN DE RÉGIMENT, s. m. Caporal ou brigadier,—dans l'argot des soldats.
  • CHIEN DU COMMISSAIRE, s. m. Agent attaché au service du commissaire; celui qui, il y a quelques années encore, allait par les rues sonnant sa clochette pour inviter les boutiquiers au balayage.
  • CHIENLIT, s. m. Homme vêtu ridiculement, grotesquement,—dans l'argot du peuple, qui n'a pas été chercher midi à quatorze heures pour forger ce mot, que M. Charles Nisard suppose, pour les besoins de sa cause (Paradoxes philologiques), venir de si loin.

Remonter jusqu'au XVe siècle pour trouver—dans chéaulz, enfants, et lice, chienne—une étymologie que tous les petits polissons portent imprimée en capitales de onze sur le bas de leur chemise, c'est avoir une furieuse démangeaison de voyager et de faire voyager ses lecteurs, sans se soucier de leur fatigue. Le verbe cacare—en français—date du XIIIe siècle, et le mot qui en est naturellement sorti, celui qui nous occupe, n'a commencé à apparaître dans la littérature que vers le milieu du XVIIIe siècle; mais il existait tout formé du jour où le verbe lui-même l'avait été, et l'on peut dire qu'il est né tout d'une pièce. Il est regrettable que M. Charles Nisard ait fait une si précieuse et si inutile dépense d'ingéniosité à ce propos; mais aussi, son point de départ était par trop faux: «La manière de prononcer ce mot, chez les gamins de Paris, est chiaulit. Les gamins ont raison.» M. Nisard a tort, qu'il me permette de le lui dire: les gamins de Paris ont toujours prononcé chie-en-lit. Cette première hypothèse prouvée erronée, le reste s'écroule. Il est vrai que les morceaux en sont bons.

  • CHIENLIT (A la)! Exclamation injurieuse dont les voyous et les faubouriens poursuivent les masques, dans les jours du carnaval,—que ces masques soient élégants ou grotesques, propres ou malpropres.
  • CHIENNER, v. n. Se dit—dans l'énergique argot du peuple—des femmes qui courent après les hommes, renversant ainsi les chastes habitudes de leur sexe.
  • CHIENNERIE, s. f. Vilenie, liarderie; mauvais tour,—dans le même argot.
  • CHIER DANS LA MALLE OU DANS LE PANIER DE QUELQU'UN, v. n. Lui jouer un tour qu'il ne pardonnera jamais,—dans le même argot.

Le peuple dit quelquefois, pour mieux exprimer le dégoût que lui cause la canaillerie de quelqu'un: Il a chié dans mon panier jusqu'à l'anse.

L'expression, qu'on pourrait croire moderne, sort de la satire Ménippée, où on lit: «Cettuy-là a fait caca en nos paniers: il a ses desseins à part.»

  • CHIER DANS LE CASSETIN AUX APOSTROPHES, v. n. Devenir riche,—dans l'argot des typographes, qui n'ont pas de fréquentes occasions de commettre cette incongruité rabelaisienne.
  • CHIER DANS SES BAS, v. n. Donner des preuves d'insanité d'esprit,—dans l'argot du peuple.
  • CHIER DE GROSSES CROTTES (Ne pas), v. a. Avoir mal dîné, ou n'avoir pas dîné du tout.
  • CHIER DE PETITES CROTTES, v. a. Gagner peu d'argent, vivre dans la misère.
  • CHIER DES CAROTTES, v. a. Se dit de toute personne qui non potest excernere, ou difficillime excernit, ou excernit sanguinem.
  • CHIER DES CHASSES. Pleurer. Argot des voyous.
  • CHIER DES YEUX. Avoir les yeux chassieux. Argot du peuple.
  • CHIER DU POIVRE, v. n. Manquer à une promesse, à un rendez-vous; disparaître au moment où il faudrait le plus rester.
  • CHIER SUR LA BESOGNE. Travailler mollement, et même renoncer au travail.
  • CHIER SUR L'œIL, v. n. Se moquer tout à fait de quelqu'un.
  • CHIER SUR QUELQU'UN ou sur quelque chose. Témoigner un grand mépris pour elle ou pour lui; l'abandonner, y renoncer. Brantôme a employé cette expression à propos de la renonciation du ministre protestant David.
  • CHIEUR D'ENCRE. Écrivain, journaliste.
  • CHIFFARDE, s. f. Assignation à comparoir,—dans l'argot des voleurs.
  • CHIFFARDE, s. f. Pipe,—dans l'argot des faubouriens.
  • CHIFFE, s. f. Homme sans énergie, chiffon pour le courage,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Mou comme une chiffe, mais c'est un pléonasme.

  • CHIFFERTON ou Chiffreton, s. m. Chiffonnier,—dans l'argot des faubouriens.
  • CHIFFON, s. f. Petite fille—et aussi grande fille—à minois ou à vêtements chiffonnés. Voltaire a employé cette expression à propos de la descendante de Corneille.
  • CHIFFON DE PAIN, s. m. Morceau de pain coupé,—dans l'argot du peuple.
  • CHIFFON ROUGE, s. m. La langue,—dans l'argot des voleurs, qui sont parfois des néologues plus ingénieux que les gens de lettres.

Balancer le chiffon rouge. Parler.

Les voleurs anglais disent de même Red rag.

  • CHIFFONNER, v. a. Contrarier, ennuyer,—dans l'argot des bourgeois.
  • CHIFFONNIER, s. m. Homme qui se plaît dans le désordre.
  • CHIFFONNIER, s. m. Voleur de mouchoirs,—qui sont des chiffons pour ces gens-là.
  • CHIFFONNIER DE LA DOUBLE COLLINE, s. m. Mauvais poète,—dans l'argot des gens de lettres.
  • CHIFFORNION, s. m. Foulard; loque; chiffons,—dans l'argot des voyous.
  • CHIGNER DES YEUX, v. n. Pleurer,—dans le même argot.
  • CHIMIQUE, s. f. Allumette chimique,—dans l'argot du peuple.
  • CHINER, v. n. Brocanter, acheter tout ce qu'il y a d'achetable—et surtout de revendable—à l'hôtel Drouot.
  • CHINEUR, s. m. Marchand de peaux de lapins,—dans l'argot des chiffonniers. Signifie aussi Auvergnat, homme qui court les ventes et achète aussi bien un Raphaël qu'un lot de fonte.
  • CHINFRENIAU, s. m. Ornement de tête ou de cou,—dans l'argot du peuple.

Signifie aussi coup à la tête ou au visage,—au chanfrein.

  • CHINOIS, s. m. Original; quidam quelconque,—dans l'argot des faubouriens.

On dit aussi Chinois de paravent.

  • CHINOIS, s. m. Petite orange verte, confite dans l'eau-de-vie, qui est, à ce qu'il paraît, le produit d'un oranger particulier, le citrus vulgaris chinensis, le bigaradier chinois.
  • CHINOISERIE, s. f. Farce, plaisanterie de bon ou de mauvais goût.
  • CHIPER, v. a. Dérober,—dans l'argot des enfants; voler,—dans l'argot des grandes personnes. Peccadille ici, délit là.

Génin donne à ce mot une origine commune au mot chiffon, ou chiffe: le verbe anglais to chip, qui signifie couper par morceaux. Je le veux bien; mais il serait si simple de ne rien emprunter aux Anglais en se contentant de l'étymologie latine accipere, dont on a fait le vieux verbe français acciper! Acciper, par syncope, a fait ciper; ciper à son tour a fait chiper,—comme cercher a fait chercher.

  • CHIPETTE, s. f. Rien ou peu de chose,—dans l'argot du peuple.
  • CHIPETTE, s. f. Lesbienne,—dans l'argot des voleurs, qui ne connaissent pas le grec, mais dont les ancêtres ont connu le rouchi.
  • CHIPEUR, s. m. Enfant qui emprunte les billes ou les tartines de ses camarades; homme qui vole les porte-monnaie et les mouchoirs de ses concitoyens.
  • CHIPIE, s. f. Fille ou femme qui fait la dédaigneuse, qui prend de grands airs à propos de petites choses,—dans l'argot du peuple, ennemi né des grimaces.
  • CHIPOTER, v. n. Faire des façons; s'arrêter à des riens. Ce mot appartient à la langue romane.

Signifie aussi: Manger du bout des dents.

  • CHIPOTEUSE, s. f. Femme capricieuse; variété de Chipie.
  • CHIPOTIER, ÈRE, s. m. et f. Celui, celle qui ne fait que chipoter.
  • CHIQUE, s. f. Église,—dans l'argot des voleurs, qui, s'ils ne savent pas le français, savent sans doute l'anglais (Church), ou le flamand (Kerke), ou l'allemand (Kirch).
  • CHIQUE, s. f. Griserie,—dans l'argot des faubouriens.

Signifie aussi mauvaise humeur,—l'état de l'esprit étant la conséquence de l'état du corps.

Avoir une chique. Être saoul.

Avoir sa chique. Être de mauvaise humeur.

  • CHIQUE, s. f. Morceau de tabac cordelé que les marins et les ouvriers qui ne peuvent pas fumer placent dans un coin de leur bouche pour se procurer un plaisir—dégoûtant.

Poser sa chique. Se taire, et, par extension, Mourir.

On dit aussi, pour imposer silence à quelqu'un: Pose ta chique et fais le mort.

  • CHIQUÉ (Être). Être fait, peint ou dessiné avec goût, avec esprit, avec chic.
  • CHIQUE DE PAIN, s. f. Morceau de pain.
  • CHIQUEMENT, adv. Avec chic.
  • CHIQUER, v. a. Dessiner ou peindre avec plus d'adresse que de correction, avec plus de chic que de science véritable.
  • CHIQUER, v. a. Battre, donner des coups,—dans l'argot des faubouriens, qui déchiquettent volontiers leurs adversaires, surtout lorsqu'ils ont une chique.

Se chiquer. Echanger des coups de poing et des coups de pied.

  • CHIQUER, s. m. Manger.
  • CHIQUETTE, s. f. Petit morceau.
  • CHIQUETTE A CHIQUETTE, adv. Par petits morceaux.

C'est évidemment le même mot que chicot, qui a lui même pour racine le vieux mot français chice.

  • CHIQUEUR, s. m. Mangeur, glouton.
  • CHIQUEUR, s. m. Artiste qui fait de chic au lieu de faire d'après nature.
  • CHIRURGIEN EN VIEUX, s. m. Savetier qui répare les vieux cuirs,—dans l'argot des faubouriens.
  • CHOCAILLON, s. f. Ivrognesse, chiffonnière,—dans l'argot des bourgeois.
  • CHOCNOSOFF, s. et adj. Brillant, élégant, beau, parfait,—dans l'argot des faubouriens et des rapins.
  • CHOLÉRA, s. m. Viande malsaine, ou seulement de qualité inférieure,—dans l'argot des bouchers, qui disent cela depuis cinquante ans.
  • CHOLETTE, s. f. Chopine de liquide,—dans l'argot des voleurs.

Double cholette. Litre.

  • CHOPER, v. a. Attraper en courant,—dans l'argot des écoliers.
  • CHOPER, v. a. Prendre, voler,—dans l'argot des voleurs.

Se faire choper. Se faire arrêter.

  • CHOPIN, s. m. Objet volé; coup; affaire.

Bon chopin. Vol heureux et considérable.

Mauvais chopin. Vol de peu d'importance, qui ne vaut pas qu'on risque la prison.

  • CHOPINER, v. n. Hanter les cabarets,—dans l'argot dédaigneux des bourgeois, qui, eux, hantent les cafés.

Chopiner théologalement, dit Rabelais.

  • CHOSE. Nom qu'on donne à celui ou celle qu'on ne connaît pas.

On dit aussi Machin. Ulysse, au moins, se faisait appeler Personne dans l'antre de Polyphème!

  • CHOSE, adj. Singulier, original, bizarre,—dans l'argot du peuple, à qui le mot propre manque quelquefois.

Avoir l'air chose. Être embarrassé, confus, humilié.

Être tout chose. Être interdit, ému, attendri.

  • CHOU-BLANC, s. m. Insuccès, le chou blanc étant, dans la classe des Brassicées, ce que la rose noire est dans la famille des Rosacées: le désespoir des chercheurs d'inconnu.

Faire chou blanc. Echouer dans une entreprise; manquer au rendez-vous d'amour; revenir de la chasse le carnier vide, etc.

  • CHOUCHOUTER, v. a. Choyer, caresser, traiter de petit chou.

L'expression est de Balzac.

  • CHOUCROUTER, v. n. Manger de la sauer-kraut,—dans l'argot des faubouriens.

Signifie aussi parler allemand.

  • CHOUCROUTEUR, s. m. Allemand, mangeur de sauer-kraut.

On dit aussi Choucroutemann.

  • CHOUETTE, adj. Superlatif de Beau, de Bon et de Bien,—dans l'argot des ouvriers.

On dit aussi Chouettard et Chouettaud,—sans augmentation de prix.

  • CHOUETTE (Être). Être pris,—dans l'argot des voleurs, qui opèrent la nuit comme les chats-huants, et, le jour, s'exposent comme eux à avoir sur le dos tous les oiseaux de proie policiers, leurs ennemis naturels.
  • CHOUETTE (Faire une). Jouer au billard seul contre deux autres personnes.
  • CHOUETTEMENT, adv. Parfaitement.
  • CHOUFFLIQUEUR, s. m. Mauvais ouvrier, Savetier,—dans l'argot des typographes, qui, à leur insu, se servent là de l'expression allemande schuhflicker.
  • CHOUMAQUE, s. m. Cordonnier,—dans l'argot du peuple, qui ne se doute guère qu'il prononce presque bien le mot allemand Schumacher.

On dit aussi Choufflite: mais ce mot n'est qu'une corruption du précédent.

  • CHOURINER, v. a. Tuer,—dans l'argot des ouvriers qui ont lu les Mystères de Paris d'Eugène Sue, et qui, à cause de cela, n'ont que de fort incomplètes et de fort inexactes notions de l'argot des voleurs.

V. Suriner.

  • CHOURINEUR, s. m. Assassin,—par allusion au personnage des Mystères de Paris, qui porte ce nom, lequel avait, à ce qu'il paraît, grand plaisir à tuer.

L'étymologie voudrait que l'on dît Surineur; mais l'euphonie veut que l'on prononce Chourineur.

  • CHRÉTIEN, s. m. Homme, à quelque religion qu'il appartienne. Argot du peuple.

Viande de chrétien. Chair humaine.

  • CHRONOMÈTRE, s. m. Montre en général. Argot des bourgeois.
  • CHRYSALIDE, s. f. Vieille coquette, dans l'argot des faubouriens, qui ont parfois l'analogie heureuse, quoique impertinente.
  • CHTIBES, s. f. pl. Bottes,—dans l'argot des voyous.
  • CHUTER, v. n. Tomber,—dans l'argot du peuple.

Signifie aussi, et alors ce verbe est actif. Empêcher de réussir,—dans l'argot des coulisses.

  • CIBLE A COUPS DE PIED, s. f. Le derrière. Argot du peuple.
  • CI-DEVANT, s. m. Vieillard,—qui a été jeune.
  • CI-DEVANT, s. m. Noble.
  • CIERGE, s. m. Sergent de ville en grande tenue,—dans l'argot des marbriers de cimetière.
  • CIGALE, s. f. Cigare,—dans l'argot du peuple, qui frise l'étymologie de plus près que les bourgeois, puisque cigare vient de Espagnol cigarro, qui vient lui-même, à tort ou à raison, de cigara, cigale, par une vague analogie de forme.
  • CIGALE, s. f. Chanteuse des rues, qui se trouve souvent dépourvue lorsque «la bise est venue».
  • CIGALE, s. f. Pièce d'or,—dans l'argot des voleurs, qui aiment à l'entendre sonner dans leur poche.

Ils disent aussi cigue, par apocope, et Ciguë, par corruption.

  • CIGOGNE, s. f. Le Palais de justice,—dans l'argot des voleurs.

Dab de la Cigogne. Le procureur général.

  • CIMENT, s. m. Moutarde.—dans l'argot des francs-maçons.
  • CINQ-CENTIMADOS, s. m. Cigare d'un sou,—dans l'argot des faubouriens, qui ont voulu parodier à leur façon les trabucos, les cazadores, etc.
  • CINQ SOUS, s. m. Cigare de vingt-cinq centimes.
  • CINQUIÈME, s. m. Verre de la contenance d'un cinquième de litre,—dans l'argot des marchands de vin.

Les faubouriens amis de l'euphonie, disent volontiers cintième.

  • CIPAL, s. m. Garde municipal,—dans l'argot des voyous, amis des aphérèses.
  • CIREUX, adj. et s. Qui a de la chassie, de la cire aux yeux.
  • CIRURGIEN, s. m. Médecin, chirurgien,—dans l'argot du peuple, qui parle comme Ambroise Paré écrivait. C'est le χειρουργικος [grec: cheirourgikos] des anciens.
  • CITOYEN OFFICIEUX, s. m. Laquais,—dans l'argot révolutionnaire, qu'on emploie encore aujourd'hui.
  • CIVADE, s. f. Avoine,—dans l'argot des maquignons et des voleurs, qui emploient un mot de la vieille langue française. Civade, vient de cive, qui venait de cæpa, oignon, d'où cæpatum civet, plat à l'oignon; et l'étymologie n'a rien de forcé, aimé venant bien d'amatum.

Les Espagnols disent cebada pour Orge.

  • CIVARD, s. m. Herbage.
  • CIVE, s. f. Herbe.
  • CLABAUDER, v. n. Crier à propos de tout, et surtout à propos de rien,—comme un chien. Argot des bourgeois.

Signifie aussi Répéter un bruit, une nouvelle; faire des cancans,—et alors il est verbe actif.

  • CLAIRTÉ, s. f. Lumière, netteté, beauté,—dans l'argot du peuple, fidèle à l'étymologie (claricas) et à la tradition.

«Parquoy s'ensuit qu'en toute claireté
Son nom reluyt et sa vertu pullule,»

dit Clément Marot.

  • CLAMPIN, s. m. Fainéant, traîne-guêtres, homme qui a besoin d'être fortifié par un clamp.—le clamp de l'énergie et de la volonté.
  • CLAMPINER, v. n. Marcher paresseusement, flâner.
  • CLAPIER, s. m. Maison mal famée, où l'on élève du gibier domestique à l'usage des amateurs parisiens.

L'expression se trouve dans beaucoup d'écrivains des XVe et XVIe siècles.

  • CLAQUE, s. f. Soufflet,—dans l'argot du peuple, qui aime les onomatopées.

Figure à claques. Visage moqueur qui donne des démangeaisons à la main de celui qui le regarde.

  • CLAQUÉ, s. m. Homme mort.

La boite aux claqués. La Morgue.

Le jardin des claqués. Le cimetière des hospices.

  • CLAQUE-FAIM, s. m. Homme sans ressources, qui meurt de faim.

Le peuple dit aussi, dans le même sens, Claque-soif,—par compassion, l'homme qui meurt de soif étant pour lui plus à plaindre que celui qui meurt de faim.

  • CLAQUER, v. a. Donner des soufflets.
  • CLAQUER, v. a. Vendre une chose, s'en débarrasser,—dans le même argot.

Claquer ses meubles. Vendre son mobilier.

  • CLAQUER, v. n. Manger,—dans l'argot des voyous, qui font allusion au bruit de la mâchoire pendant la mastication.
  • CLAQUER, v. n. Mourir.—dans l'argot des faubouriens.
  • CLARINETTE DE CINQ PIEDS, s. f. Fusil,—dans l'argot des soldats.
  • CLAVIN, s. m. Clou,—dans l'argot des voleurs, plus fidèles à l'étymologie (clavus) qu'à l'honnêteté.
  • CLICHÉ, s. m. Phrase toute faite, métaphore banale, plaisanterie usée,—dans l'argot des gens de lettres.
  • CLIQUE, s. f. Diarrhée. Argot du peuple.
  • CLIQUE, s. f. Bande, coterie, compagnie de gens peu estimables. Même argot.

Mauvaise clique. Pléonasme fréquemment employé,—clique ne pouvant jamais se prendre en bonne part.

  • CLOPORTE, s. m. Concierge—soit parce qu'il habite une loge sombre et humide, comme l'oniscus murarius; soit parce qu'il a pour fonctions de clore la porte de la maison.
  • CLOQUE, s. f. Phlyctène bénigne qui se forme à l'épiderme.—dans l'argot du peuple, ami des onomatopées.

Les bourgeois, eux, disent cloche: c'est un peu plus français, mais cela ne rend pas aussi exactement le bruit que font les ampoules lorsqu'on les crève.

  • CLOS-CUL, s. m. Le dernier-né d'une famille ou d'une couvée.

On dit aussi Culot.

  • CLOU, s. m. Le mont-de-piété,—où l'on va souvent accrocher ses habits ou ses bijoux quand on a un besoin immédiat d'argent.

Coller au clou. Engager sa montre ou ses vêtements chez un commissionnaire au mont-de-piété.

Grand clou. Le Mont-de-piété de la rue des Blancs-Manteaux, dont tous les autres monts-de-piété ne sont que des succursales.

  • CLOU, s. m. Prison,—dans l'argot des voleurs.
  • CLOU, s. m. La salle de police,—dans l'argot des soldats, qui s'y font souvent accrocher par l'adjudant.

Coller au clou. Mettre un soldat à la salle de police.

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