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Dictionnaire de la langue verte

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  • HOMME DE PEINE, s. m. Voleur qui a déjà subi une ou plusieurs condamnations.
  • HOMMELETTE, s. f. Homme qui n'a rien des qualités et des vices de l'homme,—dans l'argot du peuple, ami «des lurons».
  • HONNÊTE, adj. Plus que suffisant,—dans l'argot des bourgeois.
  • HÔPITAL, s. m. Prison,—dans l'argot des voleurs, dont la conscience est souvent malade.
  • HORION, s. m. Coup donné ou reçu.
  • HORLOGER, s. m. Le Mont-de-Piété,—dans l'argot des ouvriers, qui y portent volontiers leur montre lorsqu'elle retarde de 20 francs.
  • HORREUR D'HOMME, s. f. Homme qui fait rougir et que l'on n'ose pas chasser,—dans l'argot des bourgeoises, qui commencent à se shockigner comme les ladies anglaises.
  • HORREURS, s. f. pl. Ce que Cicéron appelle turpitudo verbarum,—dans l'argot des bourgeois.

Dire des horreurs. Tenir des propos plus que grivois.

Dire des horreurs de quelqu'un. L'accuser de choses monstrueuses, invraisemblables,—par exemple d'avoir volé les tours Notre-Dame.

Faire des horreurs. Agir trop librement.

  • HOSTO, s. m. Prison,—dans l'argot des ouvriers.
  • HÔTEL DE LA MODESTIE, s. m. Hôtel garni, mauvaise auberge,—dans l'argot des faubouriens, qui savent que les locataires de ces maisons-là n'ont pas le droit de faire les fiers.

Ils disent aussi Être logé à l'enseigne des Haricots.

  • HÔTEL DU RAT QUI PÈTE, s. m. Cabaret populacier,—dans l'argot des marbriers de cimetière.
  • HOTTERIAU, s. m. Chiffonnier,—dans l'argot des faubouriens.
  • HOUPE DENTELÉE, s. f. Lien de fraternité,—dans l'argot des francs-maçons.
  • HOURVARI, s. m. Vacarme, dispute bruyante,—dans l'argot du peuple, qui a emprunté ce mot en l'altérant à l'argot des chasseurs. V. Boulvari.
  • HOUSPILLER, v. a. Maltraiter quelqu'un par paroles ou par action.
  • HUCHER, v. a. Appeler quelqu'un, crier après lui.
  • HUGREMENT, adv. Beaucoup, victorieusement,—dans l'argot des faubouriens.
  • HUILE, s. f. Vin,—dans l'argot du peuple, qui oint ses membres avec cette onctueuse liqueur.

Pomper les huiles. Boire avec excès.

  • HUILE, s. f. Soupçon,—dans l'argot des voyous.
  • HUILE BLONDE, s. f. Bière,—dans l'argot des étudiants, habitués des brasseries.
  • HUILE DE BRAS, s. f. Vigueur physique, volonté de bien faire, qui remplace avantageusement l'huile pour graisser les ressorts de notre machine. Argot du peuple.

On dit aussi Huile de poignet.

  • HUILE DE COTRET, s. f. Coups de bâton,—dans l'argot des ouvriers, qui, dans les jours gras, se plaisent à envoyer les nigauds chez les épiciers pour demander un litre de cette huile-là.

La plaisanterie et l'expression sortent du roman de Cervantès.

  • HUILE DE MAINS, s. f. L'argent, qui vous glisse toujours entre les doigts,—dans l'argot du peuple, plagiaire involontaire des voyous anglais: Oil of palms disent ces derniers.
  • HUIT, s. m. Entrechat,—dans l'argot des troupiers.

Battre un huit. S'en aller gracieusement en pirouettant sur les talons.

  • HUIT ÉCUS, s. m. La mésange,—dans l'argot des paysans des environs de Paris, qui ont voulu faire allusion au chant de cet oiseau.
  • HUÎTRE, s. f. Mucosité expectorée,—dans l'argot des faubouriens, qui prennent les produits des cryptes muqueuses des bronches pour des mollusques acéphales.

Faire des huîtres. Cracher beaucoup et malproprement.

  • HUÎTRE, s. f. Imbécile,—dans l'argot du peuple, qui jette volontiers ses coquilles à la tête des gens.

Le parti des huîtres. Nom qu'on a donné, sous Louis-Philippe aux députés du centre, gens satisfaits,—et attachés à leurs bancs.

  • HUIT-RESSORTS, s. m. Voiture à la mode, coupé de petite dame.

Se dit aussi pour la Petite dame elle-même.

  • HUÎTRIFIER (S'). S'embourgeoiser, se parquer dans une vie casanière.—Argot des gens de lettres.
  • HUMECTER (S'), v. réfl. Boire,—dans l'argot des ouvriers qui avaient assez de poussières malsaines pour avoir le droit de se mouiller un peu le palais.
  • HUMIDE EMPIRE (L'). La mer,—dans l'argot des académiciens.

Ils disent de même Les plaines humides.

La première expression peut s'appliquer aussi justement à l'Egout collecteur, et la seconde aux prairies suffisamment irriguées.

  • HUMORISTE, s. m. Écrivain de l'école de Swift et de Sterne en Angleterre, et de Jean-Paul Richter et Henri Heine en Allemagne,—dans l'argot des gens de lettres, qui ont emprunté le mot (humourist) et la littérature qu'il représente.
  • HUMOUR, s. m. Mélange d'esprit et de sentiment, de gaieté et de mélancolie, d'ironie et de tendresse, qui se rencontre à foison chez les écrivains anglais, et qu'on remarque depuis une quarantaine d'années chez quelques-uns des écrivains français, Charles Nodier, Gérard de Nerval, etc. Argot des gens de lettres.
  • HUPPÉ, adj. Bien habillé,—dans l'argot du peuple.

Monsieur huppé. Personne de distinction.

  • HURÉ, adj. Riche,—dans l'argot des voleurs.
  • HURLUBERLU, s. m. Homme fantasque, excentrique, étourdi, et même un peu fou. Argot du peuple.
  • HURON, s. m. Homme rude d'aspect et de langage,—dans l'argot des bourgeois, qui n'aiment pas Alceste.
  • HUS-MUS! Grand merci,—dans l'argot des voleurs.
  • HUSSARD A QUATRE ROUES, s. m. Soldat du train,—dans l'argot des troupiers.
  • HUSSARD DE LA GUILLOTINE, s. m.Gendarme,—dans l'argot des prisons.

On dit aussi Hussard de la veuve.

  • HYDRE DE L'ANARCHIE (L'). Le socialisme,—dans l'argot des bourgeois qui ont peur de leur ombre.
  • HYDROPIQUE, adj. et s. Fille ou femme enceinte,—dans l'argot facétieux du peuple.
  • HYMÉNÉE, s. m. Mariage,—dans l'argot des académiciens.

Serrer les liens ou les nœuds de l'hyménée. Se marier.

I

  • ICIGO, adv. Ici,—dans l'argot des voleurs.

Ils disent aussi Icicaille.

  • IDÉE, s. f. Petite quantité de quelque chose, solide ou liquide,—dans l'argot du peuple.

Cette expression est de la même famille que scrupule, larme, soupçon et goutte.

  • IDÉES, s. f. pl. Soupçons jaloux,—dans l'argot des bourgeoises.

Se forger des idées. Concevoir des soupçons sur la fidélité d'une femme.

  • IDIOT, s. m. Aménité de l'argot des gens de lettres, qui l'adressent volontiers aux confrères qui leur déplaisent.
  • IDIOTISME, s. m. Bêtise complète; ânerie renversante.
  • IL A PLU SUR SA MERCERIE. Se dit—dans l'argot des gens de lettres et des rapins—d'une femme autrefois très avantagée par la Nature, et maintenant tout à fait désavantagée par la Vie.

On connaît l'effet désastreux de la pluie sur les étoffes—sur les étoffes de satin principalement.

  • IL EST MIDI! Exclamation de l'argot des faubouriens, pour avertir quelqu'un qui parle d'avoir à se méfier des gens devant lesquels il parle.

On dit aussi Il est midi et demi.

  • ILLICO, adv. Sur-le-champ, tout de suite,—dans l'argot du peuple.
  • ILLICO, s. m. Potion improvisée,—dans l'argot des pharmaciens, qui composent ordinairement ce garus de teinture de cannelle, de sucre et d'alcool.
  • IL N'Y A PAS DE BON DIEU! Phrase elliptique de l'argot du peuple, qui ne sent pas le fagot autant qu'on pourrait le croire au premier abord; elle signifie simplement, dans la bouche de l'homme le plus en colère: «Malgré tout, je ferai ce que je veux faire, rien ne m'arrêtera.»
  • IL PLEUT! Terme de refus ironique,—dans l'argot des gamins et des ouvriers.
  • IL PLEUT! Exclamation de l'argot des typographes, pour annoncer la présence d'un étranger dans l'atelier.—Exclamation de l'argot des francs-maçons, pour s'avertir mutuellement de l'intrusion d'un profane dans une réunion.
  • IL TOMBERA UNE ROUE DE VOTRE VOITURE! Phrase souvent employée,—dans l'argot du peuple—à propos des gens trop gais ou d'une gaieté intempestive.
  • IMAGE, s. f. Lithographie, gravure, dessin,—dans l'argot des enfants et du peuple, ce grand enfant.
  • IMBIBER (S'), v. réfl. Boire,—dans l'argot des faubouriens.
  • IMBRIAQUE, s. f. Écervelé, excentrique, maniaque,—dans l'argot du peuple.

A signifié autrefois Homme pris de vin.

Nous ne sommes pas loin de l'ebriacus de Plaute.

  • IMMEUBLE, s. m. Maison,—dans l'argot des bourgeois.
  • Immortel, s. m. Académicien,—dans l'argot ironique des gens de lettres, qui savent très bien que l'Institut est un Léthé.

Les quarante immortels. Les quarante membres de l'Académie à tort dite Française.

  • IMPAIR, s. m. Insuccès, fiasco,—dans l'argot des artistes.
  • IMPAVIDE, adj. Impassible, que rien ou personne n'émeut.

J'ai employé cette expression il y a quatre ou cinq ans, quelques-uns de mes confrères l'ont employée aussi,—et maintenant elle est dans la circulation.

  • IMPAYABLE, adj. Qui est d'une haute bouffonnerie, d'un caractère extrêmement plaisant.—dans l'argot du peuple, qui emploie ce mot à propos des choses et des gens.
  • IMPAYABLE, adj. Etonnant à force d'exigences, ennuyeux à force de caprices,—dans l'argot de Breda-Street.
  • IMPÈRE, s. f. Apocope d'Impériale,—dans l'argot des faubouriens.
  • IMPOSSIBLE, adj. Extravagant, invraisemblable à force d'être excentrique.—Argot des gens de lettres.
  • IMPURE, s. f. Femme entretenue,—dans l'argot des vieux galantins, qui ont conservé les traditions du Directoire.
  • INCOMMODE, s. m. Réverbère,—dans l'argot des malfaiteurs, ennemis-nés des lumières.
  • INCONGRUITÉ, s. f. Ventris crepitus, ou Ructus,—dans l'argot des bourgeois, qui oublient que leurs pères éructaient et même crépitaient à table sans la moindre vergogne.

Faire une incongruité. Crepitare vel eructare.

Dire une incongruité. Dire une gaillardise un peu trop poivrée,—turpitudoverborum.

  • INCONOBRÉ, s. et adj. Inconnu, étranger,—dans l'argot des voleurs.
  • INCONSÉQUENCE, s. f. Infidélité galante,—dans l'argot de Breda-Street, où le manque de probité en amour est naturellement considéré comme péché véniel.
  • INCONSÉQUENTE, s. f. Femme qui change souvent d'amants, soit parce qu'elle a la papillonne de Fourier, soit parce qu'ils n'ont pas la fortune de M. de Rothschild.
  • INCONVÉNIENT, s. m. Infirmité,—dans l'argot du peuple.

Avoir l'inconvénient de la bouche. Mériter cette épigramme de Tabourot à Punaisin:

«Tu t'esbahis pourquoy ton chien,

Les estrons de sa langue touche:

Se peut-il pas faire aussi bien

Qu'il lesche ta lèvre et ta bouche?»

Avoir l'inconvénient des pieds. Suer outrageusement des pieds.

  • INCROYABLE, s. m. Le gandin du Directoire.

On prononçait Incoïable.

  • INDÉCROTTABLE, adj. Incorrigible,—dans l'argot des bourgeois.
  • INEXPRESSIBLE, s. m. Pantalon,—dans l'argot des Anglaises pudiques, qui est devenu celui des gouailleurs parisiens.
  • INFANTE, s. f. Maîtresse,—dans l'argot des troupiers.

Les infantes étant les filles puînées des rois d'Espagne et de Portugal, sont supposées belles, et l'on sait que tous les amants jouent volontiers de l'hyperbole à propos de leurs maîtresses: ils disent «mon infante» comme ils disent «ma reine». Une couronne leur coûte moins à donner avec les lèvres qu'une robe de soie avec les mains.

  • INFECT, adj. Détestable, mal écrit,—dans l'argot des gens de lettres qui disent cela à propos des articles ou des livres de ceux de leurs confrères qu'ils n'aiment pas, à tort ou à raison.
  • INFECT, adj. Peu généreux,—dans l'argot des petites dames, pour qui ne pas regarder à la dépense c'est sentir bon, et n'avoir pas d'argent c'est puer.
  • INFÉRIEUR, adj. Qui est indifférent; qui semble peu important. Argot des faubouriens.

Cela m'est inférieur. Cela m'est égal.

  • INFIRME, s. et adj. Imbécile,—dans l'argot du peuple et des gens de lettres.

Jouer comme un infirme. Jouer très mal.

  • INGÉNUE, s. f. Jeune fille innocente et persécutée par les séducteurs auxquels elle résiste vertueusement—tant que dure son rôle: la toile baissée, c'est différent. Argot des coulisses.

Cet emploi commence à disparaître des théâtres et des pièces comme trop invraisemblable et par conséquent ridicule. Les actrices aiment mieux jouer les travestis.

  • INGLICHE, s. m. Anglais,—dans l'argot des faubouriens, qui prononcent à peu près bien ce mot, mais qui l'écriraient probablement très mal.

Ils disent aussi Inglichemann (Englishman).

  • INGRISTE, s. m. Peintre qui fait gris comme M. Ingres et exagère la sécheresse et la froideur de couleur de ce maître. Argot des artistes et des gens de lettres.
  • INGURGITER, v. a. et n. Boire, ou manger, avaler,—dans l'argot du peuple.

Ce verbe, que n'oseraient pas employer les gens du bel air, est un des mieux formés et des plus expressifs que je connaisse: ingurgitare,—qui évoque naturellement le souvenir du fameux ingurgite vasto, cet abîme goulu où disparurent les Lyciens, les fidèles compagnons d'Enée.

On dit aussi S'ingurgiter quelque chose.

  • INGURGITER SON BILAN. Mourir,—dans l'argot des commerçants.
  • IN NATURALIBUS. En chemise, ou nu.
  • INODORES, s. m. pl. Water-closets,—dans l'argot des bourgeois.
  • INQUIÉTUDES, s. f. pl. Démangeaisons,—dans l'argot des faubouriens.

Avoir des inquiétudes dans le mollet. Avoir une crampe.

  • Insinuant, s. m. Apothicaire,—dans l'argot des voleurs, qui ont voulu détrôner M. Fleurant.
  • INSOLPÉ, adj. et s. Insolent,—dans le même argot.
  • INSURGÉ DE ROMILLY, s. m. Résultat probant de toute bonne digestion. Synonyme de factionnaire, sentinelle, etc. Cette expression date de 1848 et est due à une historiette grasse rapportée par le Corsaire de cette époque.
  • INTERLOPE, s. et adj. Qui appartient au monde de la galanterie,—où les smugglers des deux sexes fraudent sans cesse la Morale, la Pudeur et même la Préfecture de police.

Le monde interlope. La Bohème galante.

  • INTERLOQUER, v. a. Confondre, stupéfier, humilier,—dans l'argot du peuple.
  • INTIME, s. m. Applaudisseur gagé,—dans l'argot des coulisses.
  • INVALIDE, s. m. Ancienne pièce de quatre sous,—dans l'argot du peuple.
  • Invalo, s. m. Apocope d'Invalide,—dans l'argot des faubouriens.
  • INVITE, s. f. Apocope d'Invitation,—dans l'argot des joueurs de whist.
  • INVITE, s. f. Apocope d'Invitation.—Argot des faubouriens.

Faire une invite à l'as. Solliciter quelqu'un de vous offrir quelque chose.

  • IRLANDE (En)! Obliquement, à droite ou à gauche,—dans l'argot des gamins, qui emploient cette expression en jouant au bouchon ou aux billes.
  • IROQUOIS, s. m. Imbécile,—dans l'argot du peuple, qui ne respecte pas assez les héros de Cooper.

S'habiller en iroquois. D'une manière bizarre, extravagante.

Parler comme un iroquois. Fort mal.

  • ISOLAGE, s. m. Abandon.—dans l'argot des voleurs.
  • ISOLER, v. a. Abandonner.
  • ITRER, v. a. Avoir,—dans le même argot.

C'est un verbe irrégulier. Ainsi: Ire-tu picté ce luisant? (As-tu bu aujourd'hui?)

  • IVOIRE, s. m. Les dents,—dans l'argot des faubouriens.

Faire un effet d'ivoire. Rire de façon à montrer qu'on a la bouche bien meublée.

Les voyous anglais disent de même: o flash one's ivory.

  • IVROGNER (S'), v. réfl. Avoir des habitudes d'ivrognerie,—dans l'argot du peuple. 250

J

  • JABOT, s. m. Estomac,—dans l'argot des faubouriens, qui savent pourtant bien que l'homme n'est pas un granivore.

S'arroser le jabot. Boire.

Faire son jabot. Manger.

On dit aussi Remplir son jabot.

L'expression est vieille:

«De ce vin champenois dont j'emplis mon jabot
On ne me voit jamais sabler que le goulot!»

dit le grand prêtre Impias de la tragédie-parade le Tempérament (1755).

  • JABOT, s. m. Gorge de femme.

Chouette jabot. Poitrine plantureuse.

  • JABOTAGE, s. m. Bavardage,—dans l'argot du peuple.
  • JABOTER, v. n. Parler, bavarder.

L'expression se trouve dans Restif de la Bretonne:

«Lise était sotte,

Maintenant elle jabotte;

Voyez comme l'esprit

Dans un jeune cœur s'introduit.»

  • JABOTEUR, s. m. Bavard.
  • JACASSE, s. f. Femme bavarde.

Se dit aussi d'un Homme bavard ou indiscret.

  • JACASSER, v. n. Bavarder.
  • Jacasseur, s. m. Bavard, indiscret.
  • JACOBIN, s. m. Révolutionnaire,—dans l'argot des bourgeois, qui singent les aristocrates.
  • JACQUE, s. m. Pièce d'un sou,—dans l'argot des voleurs.
  • JACQUE, s. m. Geai,—dans l'argot du peuple.
  • JACQUELINE, s. f. Grisette,—dans l'argot des bourgeois; Concubine,—dans l'argot des bourgeoises.

«Notre Jacqueline le fouille,
Emporte la grenouille.
Laisse là mon nigaud,»

dit une vieille chanson.

  • JACQUELINE, s. f. Sabre de cavalerie,—dans l'argot des soldats.
  • JACQUES BONHOMME. Le peuple,—dans l'argot des faubouriens, dont les pères firent la Jacquerie.

C'est le John Bull anglais, le Frère Jonathan américain, etc.

  • JACQUOT, s. m. Niais, bavard, importun,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Grand Jacquot.

  • JACTER, v. n. Parler,—dans l'argot des voleurs, qui ont emprunté ce verbe à la vieille langue des honnêtes gens (jactare, vanter, prôner).
  • JAFFE, s. f. Soufflet,—dans l'argot du peuple, qui s'assimile volontiers les mots des ouvriers provinciaux transplantés à Paris, et qui a certainement emprunté celui-ci au patois normand.
  • JAFFES, s. f. pl. Les joues.
  • JAFFIER, s. m. Jardin,—dans l'argot des voleurs.
  • JAFFIN, s. m. Jardinier.
  • JAFFLE, s. f. Soupe, potage,—dans le même argot.
  • JALO, s. m. Chaudronnier,—dans le même argot.
  • JAMBE DE VIN, s. f. Ivresse,—dans l'argot du peuple.

Faire jambe de vin. Boire à tire-larigot.

  • JAMBES DE COQ, s. f. pl. Jambes maigres,—dans l'argot du peuple.

Jambes en coton. Flageolantes comme le sont d'ordinaire celles des ivrognes, des poltrons et des convalescents.

Jambes en manches de veste. Jambes arquées, disgracieuses.

  • JAMBES EN L'AIR, s. f. Potence,—dans l'argot des voleurs.
  • JAMBONS, s. m. pl. Les cuisses,—dans l'argot des faubouriens, qui prennent l'homme pour un goret, et qui ont quelquefois raison.

Scarron n'a pas été moins irrévérencieux:

«Aussi fut Pélias le bon
Fort incommodé d'un jambon.»

dit-il dans son Virgile travesti.

  • JAPPER, v. n. Crier.
  • JAR, s. m. Argot des voleurs, qui n'est pas autre chose qu'un jargon.

Dévider le jar. Parler argot.

Le peuple disait autrefois d'un homme très fin, très rusé: Il entend le jar. Et souvent il ajoutait: Il a mené les oies,—le jar étant le mâle de l'oie.

  • JARDINAGE, s. m. Débinage, médisance,—dans l'argot des voyous.
  • JARDINER, v. a. et n. Débiner.
  • JARDINER, v. n. Parler,—dans le même argot.
  • JARDINIER, s. m. Complice de l'Américain dans le vol au charriage. C'est lui qui est chargé de flairer dans la foule l'homme simple à dépouiller.
  • JARGOLLE, n. d. l. La Normandie,—dans l'argot des voleurs.
  • JARGOLLIER, s. m. Normand.
  • JARGONNER, v. n. Babiller, bavarder,—dans l'argot du peuple.
  • JARGOUILLER, v. n. Parler confusément.

On dit aussi Gargouiller.

  • JARGUER, v. n. Parler argot, dévider le _jar.
  • JARNAFFE, s. f. Jarretière,—dans l'argot des voleurs.

Jeu de la jarnaffe. Escroquerie dont Vidocq donne le procédé, pages 233-34 de son ouvrage.

  • JARRET, s. m. Bon marcheur,—dans l'argot du peuple, qui emploie souvent la métonymie.
  • JASANTE, s. f. Prière,—dans l'argot des voleurs.
  • JASER, v. n. Prier.
  • JASER, v. n. Parler indiscrètement, de manière à compromettre des tiers ou soi-même,—dans l'argot du peuple.
  • JASPIN, adv. Oui,—dans l'argot des voleurs.
  • JASPINEMENT, s. m. Aboiement,—dans le même argot.
  • JASPINER, v. a. et n. Parler, bavarder.

Jaspiner bigorne. Entendre et parler l'argot. V. Bigorne.

En wallon, Jaspiner c'est gazouiller, faire un petit bruit doux et agréable comme les oiseaux.

  • JAUNE, s. m. Eau-de-vie,—dans l'argot des chiffonniers.
  • JAUNE, s. m. Été, la saison mûrissante,—dans l'argot des voleurs.
  • JAUNE D'œUF (Avec un). Phrase suffixe que le peuple emploie ironiquement avec le verbe _Aimer ou Adorer.

Ainsi Je t'adore avec un jaune d'œuf signifie: «Je ne l'aime pas du tout», et fait une sorte de calembour, par allusion à l'emploi connu du jaune d'œuf.

  • JAUNET, s. m. Pièce d'or de vingt francs,—dans l'argot des faubouriens.

Ils disent aussi Jauniau.

Au XVIIe siècle, on disait Rouget.

  • JAUNIER, s. m. Débitant ou buveur d'eau-de-vie.
  • JAVANAIS, s. m. Langue de convention parlée dans le monde des coulisses et des filles, qui consiste à ajouter après chaque syllabe la syllabe _va_ ou _av, _ad libitum, de façon à rendre le mot prononcé inintelligible pour les profanes.

Les voleurs ont aussi leur javanais, qui consiste à donner des terminaisons en _ar_ et en _oc, en al ou en em, de façon à défigurer les mots, soit français, soit d'argot, en les agrandissant.

Quant aux bouchers, étaliers ou patrons, leur javanais consiste à remplacer toutes les premières lettres consonnes d'un mot, par un l et à reporter la première consonne à la fin du mot, auquel on coud une syllabe javanaise. Ainsi pour dire Papier, ils diront Lapiepem, ou Lapiepoc.

Pour les mots qui commencent par une voyelle, on les fait précéder et suivre par un l, sans oublier de coudre à la fin une syllabe javanaise quelconque. Par exemple avis se dit Laviloc ou mieux Lavilour. Quelquefois aussi ils varient pour mieux dérouter les curieux; ils disent nabadutac pour tabac,—quand ils ne disent pas néfoin du tré pour tréfoin, en employant les syllabes explétives na et qui sont du pur javanais, comme av et va.

  • JAVARD, s. m. Lin que l'on met en javelles,—dans l'argot des voleurs.
  • JAVOTTE, s. f. Homme bavard, indiscret,—dans l'argot du peuple.
  • JEAN, s. m. Imbécile; mari que sa femme trompe sans qu'il s'en aperçoive.

On disait autrefois Janin.

  • JEAN-BÊTE, s. m. Imbécile.

C'est le cas ou jamais de citer les vers de madame Deshoulières:

«Jean? Que dire sur Jean? C'est un terrible nom

Que jamais n'accompagne une épithète honnête:

Jean Des Vignes, Jean Lorgne... Où vais-je? Trouvez bon

Qu'en si beau chemin je m'arrête.»

  • JEAN DE LA SUIE, s. m. Savoyard, ramoneur,—dans l'argot du peuple.
  • JEAN DE LA VIGNE, s. m. Crucifix,—dans l'argot des voleurs.
  • JEANFESSE, s. f. Malhonnête homme, bon à fouetter,—dans l'argot des bourgeois.
  • JEANFOUTRE, s. m. Homme sans délicatesse, sans honnêteté, sans courage, sans rien de ce qui constitue un homme,—dans l'argot du peuple, dont cette expression résume tout le mépris.
  • JEAN GUÊTRÉ. Le peuple des paysans.

L'expression est de Pierre Dupont.

  • JEAN-JEAN, s. m. Conscrit,—dans l'argot des vieux troupiers, pour qui tout soldat novice est un imbécile qui ne peut se dégourdir qu'au feu.
  • JEAN-JEAN, s. et adj. Homme par trop simple, qui se laisse mener par le bout du nez,—dans l'argot du peuple.
  • JEANLORGNE, s. m. Innocent, et même niais.
  • JEANNETON, s. f. Fille de moyenne vertu,—dans l'argot des bourgeois, qui connaissent leur La Fontaine.

«Car il défend les jeannetons,
Chose très nécessaire à Rome.»

  • JEAN-RAISIN. Le peuple des vignerons.

L'expression est de Gustave Mathieu.

  • JE NE SAIS QUI, s. f. Femme de mœurs plus que légères,—dans l'argot méprisant des bourgeoises.
  • JE NE SAIS QUOI, s. m. Qualité difficile à définir; l'inconnue d'un sentiment ou d'un caractère qu'on chercherait en vain à dégager. Argot des gens de lettres.
  • JÉRÔME, s. m. Canne, bâton,—dans l'argot du peuple.
  • JÉSUITE, s. m. Dindon,—dans l'argot des voleurs, qui doivent employer cette expression depuis l'introduction en France, par les missionnaires, de ce précieux gallinacé, c'est-à-dire depuis 1570.
  • JÉSUS, s. m. Innocent,—dans l'argot souvent ironique du peuple.

D'où le grippe-Jésus de l'argot encore plus ironique des voleurs, puisqu'ils appellent ainsi les gendarmes.

  • JÉSUS, s. m. «Enfant dressé au vol et à la débauche,»—dans l'argot des voleurs.
  • JET, s. m. Canne, jonc,—dans le même argot.
  • Jeter, v. n. Suppurer,—dans l'argot du peuple.
  • JETER DES PERLES DEVANT LES POURCEAUX, v. a. Dire ou faire de belles choses que l'on n'apprécie point à leur juste valeur,—dans l'argot des bourgeois.

C'est le margaritas antè porcos des Anciens.

  • JETER DU CœUR SUR DU CARREAU. Rendre fort incivilement son déjeuner ou son dîner, lorsqu'on l'a pris trop vite ou trop abondant.
  • JETER LE MOUCHOIR, v. a. Distinguer une femme et lui faire agréer ses hommages et son cœur,—dans l'argot des vieux galantins.
  • JETER SA LANGUE AUX CHIENS, v. a. Renoncer à deviner une chose, à la comprendre,—dans l'argot des bourgeois.

On dit aussi Jeter sa langue aux chats.

  • JETER SON BONNET PAR DESSUS LES MOULINS. Dire adieu à la pudeur, à l'innocence, et, par suite au respect des honnêtes gens, et se lancer à cœur perdu dans la voie scabreuse des aventures amoureuses. Argot du peuple.
  • JETER SON LEST, v. a. Se débarrasser involontairement du déjeuner ou du dîner dont on s'était lesté mal à propos.
  • JETER UN FROID, v. a. Commettre une incongruité parlée, dire une inconvenance, faire une proposition ridicule qui arrête la gaieté et met tout le monde sur ses gardes.
  • JETON, s. m. Pièce d'argent,—dans l'argot des faubouriens.
  • JEUNE, s. m. Petit enfant ou petit animal,—dans l'argot du peuple.
  • JEUNE, adj. Naïf, et même un peu sot.

Quand un ouvrier dit de quelqu'un: Il est trop jeune! cela signifie: il est incapable de faire telle ou telle chose,—il est trop bête pour cela.

  • JEUNE-FRANCE, s. m. Variété de Romantique, d'étudiant ou de commis—en pourpoint de velours, en barbe fourchue, en cheveux en broussailles, avec le feutre mou campé sur l'oreille.
  • JEUNE HOMME, s. m. Double moos de bière,—dans l'argot des brasseurs parisiens.
  • JEUNE HOMME (Avoir son), v. a. Être complètement ivre, de façon à se laisser mater et conduire par un enfant. Argot des faubouriens.

On dit aussi: Avoir son petit jeune homme.

  • JEUNE SEIGNEUR, s. m. Gandin,—du moins d'après madame Eugénie Foa, à qui je laisse toute la responsabilité de ce néologisme, que je n'ai jamais entendu, mais qu'elle déclare, à la date du 1er mars 1840, être «le titre de bon goût remplaçant ceux de petits-maîtres, beaux-fils, muscadins, etc..» Greffier fidèle, j'enregistre tout.
  • JEUNESSE, s. f. Jeune fille,—dans l'argot du peuple.
  • JEUNET, ETTE, adj. Qui est un peu trop jeune, et par conséquent trop naïf.

S'emploie aussi à propos d'un vin trop nouveau et que sa verdeur rend désagréable au palais.

  • JEUX SANGLANTS DE MARS (Les). La guerre,—dans l'argot des académiciens.
  • JIGLER, v. a. et n. Sauter en s'éparpillant. Ne s'emploie qu'à propos des liquides, vin, boue ou sang.
  • JINGLARD, s. m. Petit vin suret, ou le vin au litre en général,—dans l'argot du peuple, qui ne veut plus dire ginguet, et encore moins guinguet, une étymologie cependant.
  • JOB, s. m. Innocent, imbécile, dupe,—dans l'argot des faubouriens, qui parlent comme écrivaient Noël Du Fail en ses Propos rustiques et d'Aubigné en sa Confession de Sancy.
  • JOB, s. m. Tromperie, mensonge.

Monter un job. Monter un coup.

Monter le job. Tromper, jouer une farce.

  • JOBARD, s. m. et adj. Homme par trop crédule, dont chacun se moque, les femmes parce qu'il est trop respectueux avec elles, les hommes parce qu'il est trop confiant avec eux.

C'est un mot de vieille souche, qu'on supposerait cependant né d'hier,—à voir le «silence prudent» que le Dictionnaire de l'Académie garde à son endroit.

  • JOBARDER, v. a. Tromper, se moquer; duper.

Se faire jobarder. Faire rire à ses dépens.

  • JOBARDERIE, s. f. Confiance par trop excessive en la probité des hommes et la fidélité des femmes.

Joberie, s. f. Niaiserie, simplicité de cœur et d'esprit.

  • JOBISME, s. m. Pauvreté complète, pareille à celle de Job.

L'expression appartient à H. de Balzac.

  • JOCKO, s. m. Pain long,—dans l'argot des bourgeois, qui consacrent ainsi le souvenir du singe Jocko, un lion il y a trente ans.

On dit aussi Pain jocko ou à la Jocko.

  • JOCRISSE, s. m. Mari qui se laisse mener par sa femme,—dans l'argot du peuple, qui a eu l'honneur de prêter ce mot à Molière.
  • JOCRISSIADE, s. f. Naïveté,—ou plutôt Niaiserie.
  • JOINT, s. m. Biais pour se tirer d'affaire,—dans l'argot des bourgeois, qui découpent mieux qu'ils ne parlent.

Connaître le joint. Savoir de quelle façon sortir d'embarras; connaître le point capital d'une affaire.

  • JOJO, adj. Joli,—dans l'argot des voyous.
  • JOJO, adj. et s. Innocent, et même Niais,—dans l'argot du peuple.

Faire du jojo. Faire l'enfant, la bête.

  • JOLI, adj. et s. Chose fâcheuse, désagréable.

Voilà du joli! Nous voici dans une position critique.

  • JOLI GARÇON, s. m. Se dit ironiquement et en manière de reproche de quelqu'un dont on a à se plaindre.
  • JONC, s. m. Or,—dans l'argot des voleurs, qui appellent ainsi ce métal, non, comme le veut M. Francisque Michel, par corruption de jaune, mais bien parce que c'est le nom d'une bague en or connue de tout le monde, et qui ne se porte qu'en souvenir de l'anneau de paille des gens mariés par condamnation de l'Officialité.
  • JONCHER, v. a. Dorer.
  • JONCS, s. m. pl. Lit de prison, à cause de la paille qui en compose les matelas.

Être sur les joncs. Être arrêté ou condamné pour un temps plus ou moins long—toujours trop long!—«à pourrir sur la paille humide des cachots».

  • JORDONNE, s. m. Homme qui aime à commander, dans l'argot du peuple.

On dit aussi Monsieur Jordonne, et, de même, Madame ou Mademoiselle Jordonne, quand il s'agit d'une femme qui se donne des «airs de princesse».

  • JORNE, s. m. Jour,—dans l'argot des voleurs, qui d'ordinaire ne travaillent pas a giorno.
  • JOSEPH, s. m. Homme par trop chaste,—dans l'argot des petites dames, qui ressemblent par trop à madame Putiphar.

Faire son Joseph. Repousser les avances d'une femme, comme le fils de Jacob celles de la femme de Pharaon.

  • JOSÉPHINE, s. f. Mijaurée, bégueule,—dans l'argot des faubouriens, qui ont voulu donner une compagne à Joseph.

Faire sa Joséphine. Repousser avec indignation les propositions galantes d'un homme.

  • JOUASSER, v. n. Jouer mal ou sans application, pour passer le temps plutôt que pour gagner une partie.

On dit aussi Jouailler.

  • JOUASSON, s. m. Joueur malhabile ou distrait, redouté des véritables joueurs,—qui lui préféreraient volontiers un Grec.

On dit aussi Jouaillon.

  • JOUER (se). S'arranger, s'organiser,—dans l'argot du peuple, qui emploie cette expression à propos d'une foule de choses étrangères à la musique et au jeu. Ainsi, à propos d'un portefeuille à secret, au lieu de dire: Comment cela s'ouvre-t-il? il dira: Comment cela se joue-t-il?

Ce verbe s'emploie dans un autre sens, celui de faire, pour marquer l'étonnement. Comment cela se joue-t-il donc? Tout à l'heure j'avais de l'argent et maintenant je n'en ai plus!

  • JOUER A COURIR, v. n. Se défier à la course,—dans l'argot des enfants.
  • JOUER A LA MAIN CHAUDE, v. n. Être guillotiné,—dans l'argot des voleurs, qui font allusion à l'attitude du supplicié, agenouillé devant la machine, la tête basse, les mains liées derrière le dos.
  • JOUER A LA RONFLE, v. n. Ronfler en dormant,—dans l'argot des faubouriens.
  • JOUER COMME UN FIACRE, v. n. Jouer très mal,—dans l'argot du peuple, qui sait que les voitures imaginées, au XVIIe siècle, par Sauvage, sont les plus détestables véhicules du monde.

On dit aussi Jouer comme une huître.

  • JOUER DE LA HARPE. S'assurer, comme Tartufe, et dans le même but que lui, auprès d'une femme, que l'étoffe de sa robe est moelleuse.
  • JOUER DE QUELQU'UN, v. n. Le mener comme on veut, en tirer soit de l'argent, soit des complaisances de toutes sortes,—dans l'argot de Breda-Street, où l'on joue de l'homme comme Liszt du piano, Paganini du violon, Théophile Gautier de la prose, Théodore de Banville du vers, etc., etc.
  • JOUER DES JAMBES, v. a. S'enfuir,—dans l'argot des faubouriens.
  • JOUER DEVANT LES BANQUETTES. Jouer devant une salle où les spectateurs ne sont pas nombreux, ainsi que cela arrive fréquemment l'été. Argot des coulisses.
  • JOUER DU CœUR. Rejeter les vins ou les viandes ingérés en excès ou mal à propos,—dans l'argot du peuple, à qui les concetti ne déplaisent pas.

Nos aïeux disaient Tirer aux chevrotins.

  • JOUER DU NAPOLÉON, v. a. Payer; dépenser sans compter,—dans l'argot des bohèmes, à qui ce jeu-là est interdit.
  • JOUER DU PIANO, v. a. Se dit,—dans l'argot des maquignons, d'un cheval qui frappe inégalement des pieds en courant.
  • JOUER DU POUCE, v. a. Dépenser de l'argent,—dans l'argot du peuple.

Signifie aussi Compter de l'argent.

  • JOUER DU VIOLON, v. a. Scier ses fers,—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Jouer de la harpe.

  • JOUER DU VIOLON, v. n. Se dit,—dans l'argot des écrivains fantaisistes, à propos des mouvements de systole et de diastole du cœur humain en proie à l'Amour, ce divin Paganini.
  • JOUER LA FILLE DE L'AIR, v. a. S'en aller de quelque part; s'enfuir,—dans l'argot des faubouriens.
  • JOUJOU, s. m. Jouet,—dans l'argot des enfants.

Faire joujou. S'amuser,—au propre et au figuré.

  • JOUJOU, s. m. La croix d'honeur,—dans l'argot du peuple.

On se rappelle les tempêtes soulevées par Clément Thomas, employant cette expression en pleine Assemblée nationale.

  • JOUJOUTER, v. n. Jouer, faire joujou,—dans l'argot des faubouriens, qui emploient ce verbe au propre et au figuré.
  • JOUR DE LA SAINT- JEAN-BAPTISTE (Le). Le jour de l'exécution,—dans l'argot des prisons. C'est une allusion, comprise même des plus ignorants et des plus païens, à la décollation du Précurseur, dont la belle et cruelle Hérodiade ne pouvait digérer les mercuriales.

Les voleurs anglais ont aussi leur allusion à ce jour fatal, qu'ils appellent le Jour du torticolis (wry-neck day).

  • JOURNOYER, v. n. Ne rien faire de la journée, flâner. Argot du peuple.
  • JUBÉCIEN, IENNE, adj. et s. Grimacier, grimacière, qui fait des façons, des giries.
  • JUBILATION, s. f. Contentement extrême,—dans l'argot du peuple.

Visage de jubilation. Qui témoigne d'un très bon estomac.

  • JUBILER, v. n. Se réjouir.
  • JUDAS, s. m. Traître; homme dont il faut se méfier,—dans l'argot du peuple, chez qui est toujours vivante la tradition de l'infamie d'Iscariote.

Baiser de Judas. Baiser qui manque de sincérité.

Barbe de Judas. Barbe rouge.

Bran de Judas. Taches de rousseur.

Le point de Judas. Le nombre 13.

  • JUDAS, s. m. Petite ouverture au plancher d'une chambre située au-dessus d'une boutique, et qui trahit ainsi la présence d'un étranger dans celle-ci.

Les judas parisiens sont les cousins germains des espions belges et suisses.

  • JUDASSER, v. n. Embrasser pour tromper—comme Judas Iscariote fit au Christ.

Signifie aussi simplement: Tromper, trahir.

  • JUDASSERIE, s. f. Fausse démonstration d'amitié; tour, perfidie; trahison.
  • JUDÉE, n. de l. Préfecture de police,—dans l'argot des voleurs, qui ont appris à leurs dépens le chemin de la rue de Jérusalem.

Ils disent aussi Petite Judée.

  • JUGE DE PAIX, s. m. Tourniquet de marchand de vin, qui condamne à payer une tournée celui qui perd en amenant le plus petit nombre. Argot des ouvriers.
  • JUGE DE PAIX, s. m. Bâton,—parce qu'il est destiné à mettre le holà.

Cette expression fait partie de l'argot des voleurs et de celui des faubouriens.

  • JUGEOTTE, s. f. Jugement, logique, raison, bon sens,—dans l'argot du peuple, pour qui cela remplace la judiciaire.
  • JUGULER, v. a. Importuner, ennuyer, égorger d'obsessions.
  • JUIF, s. m. Prêteur à la petite semaine,—dans l'argot des étudiants.
  • JUIF ERRANT, s. m. Grand marcheur, homme qui va par monts et par vaux, comme Ahasvérus, que Jésus—«la bonté même»—a condamné à marcher «pendant plus de mille ans».
  • JUIFFER, v. a. Tromper en vendant; avoir un bénéfice usuraire dans une affaire.
  • JUILLETISER, v. a. Faire une révolution, détrôner un roi,—dans l'argot du peuple, qui a gardé le souvenir des «glorieuses journées» de 1830.
  • JULES, s. m. Pot qu'en chambre on demande,—dans l'argot des faubouriens révolutionnaires, qui ont éprouvé le besoin de décharger la mémoire de saint Thomas des ordures dont on la couvrait depuis si longtemps.

Aller chez Jules. C'est ce que les Anglais appellent To pay a visit to mistress Jones.

  • JUMELLES, s. f. pl. Partie du corps qui constitue la Vénus Callipyge,—dans l'argot des voleurs, héritiers des Précieuses, lesquelles appelaient cette partie Les deux sœurs.
  • JUS, s. m. Grâce, élégance, bon goût,—dans l'argot des faubouriens, pour qui certaines qualités extérieures, naturelles ou acquises, sont la sauce de certaines qualités de l'âme.

Avoir du jus. Avoir du chic, de la tournure.

Être d'un bon jus. Être habillé d'une façon grotesque, ou avoir un visage qui prête à rire.

  • JUS, s. m. Profit, bénéfice que rend une affaire.
  • JUS DE BÂTON, s. m. Coup de bâton.
  • JUS D'ÉCHALAS, s. m. Vin.
  • JUS DE RÉGLISSE, s. m. Nègre ou mulâtre.
  • JUSQU'À PLUS SOIF, adv. A l'excès, extrêmement,—dans l'argot des faubouriens, qui disent cela à propos de tout.
  • JUSTE, s. f. La Cour d'assises,—dans l'argot des voleurs, qui s'étrangleraient sans doute à prononcer le mot tout entier, qui est Justice.
  • JUSTE MILIEU, s. m. Député conservateur quand même, ami quand même du gouvernement régnant. Argot des journalistes libéraux.

On dit aussi Centrier.

  • JUSTE-MILIEU, s. m. L'endroit consacré par la jurisprudence du Palais-Royal comme cible aux coups de pied classiques et aux plaisanteries populaires.
  • JUTEUX, EUSE, adj. qui donne de grands bénéfices, qui rend un grand profit, qui a du jus enfin.

K

  • KIF-KIF, adv. Ric-à-ric,—dans l'argot des faubouriens qui ont servi dans l'armée d'Afrique.
  • KINSERLICK, s. m. Autrichien,—dans l'argot des troupiers, qui ont entendu parler des Impériaux (die Kaiserlichen) battus par leurs pères, les soldats de la Grande Armée.

On dit aussi et mieux Kaiserlick.

  • KLEBJER, v. n. Manger,—dans l'argot des marbriers de cimetière, qui parlent russe (kleb, pain) sans le savoir.

Ils disent aussi Tortorer.

  • KOKSNOFF, adj. Elégant, beau, brillant, chocnosoff,—dans l'argot des bohèmes et des rapins.
  • KOLBAC, s. m. Coiffure généralement quelconque,—dans l'argot des faubouriens.
  • KRAPSER, v. a. Tuer,—dans l'argot des faubouriens qui ont fait la guerre d'Orient.

Signifie aussi mourir.

  • KYRIELLE, s. f. Suite ou procession de gens; famille nombreuse,—dans l'argot du peuple.

Avoir des kyrielles d'enfants. En avoir beaucoup.

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L

  • LA, s. m. Mot d'ordre, signal; invitation à se mettre à l'unisson,—dans l'argot des gens de lettres.

Donner le la. Indiquer par son exemple, par sa conduite, ce que les autres doivent faire, dire, écrire.

  • LA-BAS, adv. de l. Saint-Lazare,—dans l'argot des filles, qui n'aiment à parler qu'allusivement de ce Paraclet forcé.
  • LABORATOIRE, s. m. Cuisine,—dans l'argot des restaurateurs, chimistes ingénieux qui savent transformer les viandes et les vins de façon à dérouter les connaisseurs.
  • LACETS, s. m. pl. Poucettes,—dans l'argot des voleurs.

Les marchands de lacets. Les gendarmes.

  • LACHE, s. et adj. Paresseux,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Saint Lâche.

  • LACHER, v. a. Quitter.

Lâcher d'un cran. Abandonner subitement.

  • LACHER LA RAMPE, v. a. Mourir,—dans l'argot des faubouriens.
  • LACHER (Se), v. réfl. Oublier les lois de la civilité puérile et honnête, ventris flatum emittere,—dans l'argot des bourgeois.

On dit aussi En lâcher un ou une,—selon le sexe de l'incongruité.

  • LACHER LE COUDE DE QUELQU'UN, v. a. Cesser de l'importuner,—dans l'argot des faubouriens.

C'est plutôt une exclamation qu'un verbe: Ah! tu vas me lâcher le coude! dit-on à quelqu'un qui ennuie, pour s'en débarrasser.

  • LÂCHER SON ÉCUREUIL, v. a. Meiere,—dans l'argot des voyous.
  • LACHER UN CRAN, v. a. Se déboutonner un peu quand on a bien dîné,—dans l'argot des bourgeois.
  • LACHER UNE NAÏADE, v. a. Meiere,—dans l'argot facétieux des ouvriers.

Ils disent aussi Lâcher les écluses.

  • LACHER UNE TUBÉREUSE. (V. Se lâcher.)
  • LACHEUR, s. et adj. Homme qui abandonne volontiers une femme,—dans l'argot de Breda-Street, où le rôle d'Ariane n'est pas apprécié à sa juste valeur.
  • LACHEUR, s. m. Homme qui laisse ses camarades «en plan» au cabaret, ou ne les reconduit pas chez eux lorsqu'ils sont ivres,—dans l'argot des ouvriers, que cette désertion humilie et indigne.

Beau lâcheur. Homme qui fait de cette désertion une habitude.

  • LACHEUR, s. et adj. Confrère qui vous défend mal quand on vous accuse devant lui, et qui même, joint ses propres railleries à celles dont on vous accable. Argot des gens de lettres.

Lâcheur ici est synonyme de Lâche.

  • LAFARGER, v. a. Se débarrasser de son mari en l'empoisonnant ou de tout autre façon,—dans l'argot du peuple, plus cruel que la justice, puisqu'il fait survivre le châtiment au coupable.
  • LAFFE, s. f. Potage, soupe,—dans l'argot des voleurs.
  • LAGO, adv. Là,—dans le même argot.

Labago. Là-bas.

  • LAIDERON, s. m. Fille ou femme fort laide,—dans l'argot des bourgeois, dont l'esthétique laisse beaucoup à désirer.

On dit aussi Vilain laideron,—quand on veut se mettre un pléonasme sur la conscience.

  • LAINE, s. f. Ouvrage,—dans l'argot des tailleurs.
  • LAINÉ, s. m. Mouton,—dans l'argot des voleurs.
  • LAISSER ALLER (Se), v. réfl. N'avoir plus d'énergie, s'habiller sans goût et même sans soin; se négliger. Argot du peuple.
  • LAISSER ALLER LE CHAT AU FROMAGE. Perdre tout droit à porter le bouquet de fleurs d'oranger traditionnel.

L'expression est vieille,—comme l'imprudence des jeunes filles. Il y a même à ce propos, un passage charmant d'une lettre écrite par Voiture à une abbesse qui lui avait fait présent d'un chat: «Je ne le nourris (le chat) que de fromages et de biscuits; peut-être, madame, qu'il n'était pas si bien traité chez vous; car je pense que les dames de *** ne laissent pas aller le chat aux fromages et que l'austérité du couvent ne permet pas qu'on leur fasse si bonne chère.»

  • LAISSER DE SES PLUMES, v. a. Perdre de l'argent dans une affaire; ne sortir d'un mauvais pas qu'en finançant.
  • LAISSER FUIR SON TONNEAU. Mourir,—dans l'argot des marchands de vin.
  • LAISSER PISSER LE MÉRINOS, v. n. Ne pas se hâter; attendre patiemment le résultat d'une affaire, d'une brouille, etc. Argot des faubouriens.
  • LAISSER SES BOTTES QUELQUE PART, v. a. Y mourir,—dans l'argot du peuple.
  • LAISSER TOMBER SON PAIN DANS LA SAUCE. S'arranger de manière à avoir un bénéfice certain sur une affaire; montrer de l'habileté en toute chose.
  • LAIT, s. m. Encre,—dans l'argot des voleurs.

Lait à broder. Encre à écrire.

Lait de cartaudier. Encre d'imprimerie.

  • LAIT DE VIEILLARD, s. m. Vin,—dans l'argot du peuple, qui dit cela pour avoir le droit de téter jusqu'à cent ans.
  • LAÏUS, s. m. Discours quelconque,—dans l'argot des Polytechniciens, chez qui ce mot est de tradition depuis 1804, époque de la création du cours de composition française, parce que le sujet du premier morceau oratoire à traiter par les élèves avait été l'époux de Jocaste.

Piquer un Laïus. Prononcer un discours.

Les Saint-Cyriens, eux, disent Brouta (du nom d'un professeur de l'Ecole), broutasser et broutasseur.

  • LAMBERT. Nom qu'on donne, depuis l'été de 1864 à toute personne dont on ignore le nom véritable.

Appeler Lambert. Se moquer de quelqu'un dans la rue.

  • LAMBIN, s. et adj. Paresseux, flâneur,—dans l'argot du peuple.

Il emploie ce mot depuis très longtemps, trois siècles à peu près, si l'on en croit le Dictionnairehistorique de M. L.-J. Larcher, qui le fait venir de Lambin, philosophe français, «lent dans son travail et lourd dans son style».

Signifie aussi hésitant.

  • LAMBINER, v. n. Hésiter à faire une chose, à prendre un parti; flâner.
  • LAME, s. f. Tombeau,—dans l'argot des romantiques, qui avaient ressuscité les vieux mots des poètes du XVIe siècle.

Être couché sous la lame. Être mort.

  • LAMINE, n. d. v. Le Mans,—dans l'argot des voleurs.
  • LAMPE, s. f. Verre à boire,—dans l'argot des francs-maçons.

Ils disent aussi Canon.

  • LAMPÉE, s. f. Grand coup de vin,—dans l'argot du peuple.
  • LAMPER, v. a. et n. Boire abondamment.

On disait, il y a deux siècles: Mettre de l'huile dans la lampe pour emplir un verre de vin.

  • LAMPIE, s. f. Repas,—dans l'argot des voleurs.
  • LAMPION, s. m. Chapeau,—dans l'argot des voyous.
  • LAMPIONS, s. m. pl. Yeux,—dans l'argot des faubouriens.

«Si j'te vois fair' l'œil en tir'lire

A ton perruquier du bon ton,

Calypso, j'suis fâché d'te l'dire,

Foi d'homme! j'te crève un lampion!»

dit une chanson qui court les rues.

Lampions fumeux. Yeux chassieux.

  • LANCE, s. f. Pluie,—dans l'argot des faubouriens, qui ont emprunté ce mot à l'argot des voleurs.

A qui qu'il appartienne, il fait image.

  • LANCE, s. f. Balai,—dans le même argot.
  • LANCE DE SAINT CRÉPIN, s. f. Alène,—dans l'argot du peuple, qui sait que saint Crépin est le patron des cordonniers.
  • LANCÉ, s. m. Effet de jambes, dans l'argot des bastringueuses.
  • LANCÉ, adj. Sur la pente de l'ivresse,—dans l'argot des bourgeois.
  • LANCER, v. n. Meiere,—dans l'argot des voleurs.
  • LANCER (Se), v. réfl. De timide devenir audacieux auprès des femmes. Argot des bourgeois.
  • LANCEUR, s. m. Libraire qui sait vendre les livres qu'il édite,—dans l'argot des gens de lettres.

Bon lanceur. Éditeur intelligent, habile, qui vendrait même des rossignols,—par exemple Dentu, Lévy, Marpon, etc.

Le contraire de lanceur c'est Etouffeur,—un type curieux, quoiqu'il ne soit pas rare.

  • LANCEUSE, s. f. Lorette vieillie sous le harnois, qui sert de chaperon, et de proxénète, aux jeunes filles inexpérimentées, dont la vocation galante est cependant suffisamment déclarée.
  • LANCIER DU PRÉFET, s. m. Balayeur,—dans l'argot des faubouriens.
  • LANCIERS, s. m. pl. Quadrille à la mode il y a une dizaine d'années.

Danser les lanciers. Danser ce quadrille.

  • LANDERNAU, n. d. l. Ville de Bretagne située entre la Madeleine et la porte Saint-Martin,—dans l'argot des gens de lettres, qui ne se doutent peut-être pas que l'expression est octogénaire.

Il y a du bruit dans Landernau. Il y a un événement quelconque dans le monde des lettres ou des arts.

  • LANDIER, s. m. Employé de l'octroi,—dans l'argot des voleurs, qui ont conservé le souvenir du Landit de Saint-Denis.
  • LANDIÈRE, s. f. Boutique de marchand forain.
  • LANGUARD, e, adj. et s. Bavard, bavarde, mauvaise langue,—dans l'argot du peuple.

Le mot sort des poésies de Clément Marot.

  • LANGUE DES DIEUX (La). La poésie,—dans l'argot des académiciens, dont cependant les vers n'ont rien de divin.
  • LANGUE VERTE, s. f. Argot des joueurs, des amateurs de tapis vert. Il y a, dans les Nuits de la Seine, drame de Marc Fournier, un professeur de langue verte qui enseigne et pratique les tricheries ordinaires des grecs. Le sens du mot s'est étendu: on sait quel il est aujourd'hui.

Langue verte! Langue qui se forme, qui est en train de mûrir, parbleu!

  • LANSQUE, s. m. Apocope de Lansquenet,—dans l'argot de Breda-Street.

Faire un petit lansque. Jouer une partie de lansquenet.

  • LANSQUAILLER, v. n. Meiere,—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Lascailler.

  • LANSQUINE, s. f. Eau pluviale,—dans le même argot.
  • LANSQUINER, v. n. Pleuvoir.

Lansquiner des chasses. Pleurer.

  • LANTERNER, v. n. Temporiser; hésiter; marchander et n'acheter rien. Argot du peuple.
  • LANTERNER, v. a. Ennuyer quelqu'un, le faire attendre plus que de raison, se moquer de lui.
  • LANTERNES DE CABRIOLET, s. m. pl. Yeux gros et saillants.
  • LANTERNIER, s. m. Homme irrésolu, sur lequel il ne faut pas compter.
  • LANTIMÈCHE, s. m. Imbécile; jocrisse,—dans l'argot des faubouriens.
  • LANTIPONNAGE, s. m. Discours importun, hésitation à faire ou dire une chose,—dans l'argot du peuple.
  • LANTIPONNER, v. n. Passer son temps à bavarder, à muser.
  • LANTURLU, s. m. Ecervelé, extravaguant, hurluberlu.

On disait autrefois L'Enturlé.

  • LA PALFÉRINETTE, s. f. Princesse de la bohème galante, de bal et de trottoir,—dans l'argot des gens de lettres, qui ont consacré ainsi le souvenir de La Palférine de H. de Balzac.
  • LAPIN, s. m. Apprenti compagnon,—dans l'argot des ouvriers.
  • LAPIN, s. m. Homme solide de cœur et d'épaules,—dans l'argot du peuple.

Fameux lapin. Robuste compagnon, à qui rien ne fait peur, ni les coups de fusil quand il est soldat, ni la misère quand il est ouvrier.

  • LAPIN s. m. Camarade de lit,—dans l'argot des écoliers, qui aiment à coucher seuls.

On sait quel était le lapin d'Encolpe, dans le Satyricon de Pétrone.

  • LAPIN (En), adv. Être placé sur le siège de devant, avec le cocher,—dans l'argot du peuple.
  • LAPIN DE GOUTTIÈRE, s. m. Chat.
  • LAPIN FERRÉ, s. m. Gendarme à cheval,—dans l'argot des voleurs.

Ils l'appellent aussi Liège.

  • LARBIN, s. m. Domestique,—dans l'argot des faubouriens, qui ont emprunté ce mot à l'argot des voleurs.
  • LARBINERIE,s. f. Domesticité, valetaille.
  • LARD, s. m. La partie adipeuse de la chair,—dans l'argot du peuple, qui prend l'homme pour un porc.

Sauver son lard. Se sauver quand on est menacé.

Les ouvriers anglais ont la même expression: To save his bacon, disent-ils.

  • LARDER, v. a. Percer d'un coup d'épée ou d'un coup de sabre,—dans l'argot des troupiers.

Se faire larder. Recevoir un coup d'épée.

  • LARDOIRE, s. f. Epée ou sabre.
  • LARGE, adj. Généreux, qui ne regarde pas à la dépense,—dans l'argot du peuple, qui parle comme écrivait Clément Marot:

«.... Ils sçavent bien

Que vostre père est homme large;

A souper l'auront, à la charge

Pour dix buveurs maistres passez.»

(Traduction du Colloque d'Erasme.)

  • LARGE DES ÉPAULES. Avare. Cette expression se trouve dans le Dictionnaire de Leroux, édition de 1786, qui n'est pas la première édition.
  • LARGUE, s. f. Femme, maîtresse,—dans l'argot des voleurs et des souteneurs.

Larguepé. Femme publique.

  • LARGUOTTIER, s. m. Libertin, ami des largues.

On dit aussi Larcottier.

  • LARME, s. f. Très petite quantité,—dans l'argot des bourgeois, qui prennent une larme d'eau-de-vie dans une larme de café et se trouvent gris.
  • LARTIF, ou Lartille, ou Larton, s. m. Pain,—dans l'argot des voleurs qui ne veulent pas dire artie.

Larton brut. Pain bis.

Larton savonné. Pain blanc.

Lartille à plafond. Pâté,—à cause de sa croûte.

  • LARTONNIER, IÈRE, s. Boulanger, boulangère.
  • LASCAR, s. m. Nom que,—dans l'argot des troupiers et du peuple—on donne à tout homme de mauvaises mœurs, à tout réfractaire, à tout insurgé contre la loi, la morale et les choses établies.

C'est une allusion aux mœurs des matelots indiens, malais ou autres, qui naviguent sur des bâtiments européens, hollandais principalement, et qui, tirés de la classe des parias, ne passent pas pour de parfaits honnêtes gens.

  • LATIF, s. m. Linge blanchi,—dans l'argot des voleurs.
  • LATINE, s. f. maîtresse d'étudiant.

«Je suis latine
Gaiment je dine
Sur le budget de mon étudiant!»

dit une chanson moderne.

  • LATTE, s. f. Sabre de cavalerie,—dans l'argot des troupiers.

Se ficher un coup de latte. Se battre en duel.

  • LAUMIR, v. a. Perdre,—dans l'argot des voleurs.
  • LAVABE, s. m. Place de parterre à prix réduit,—dans l'argot des voyous.
  • LAVAGE, s. m. Vente au rabais d'objets ayant déjà eu un premier propriétaire,—dans l'argot des filles et des bohèmes, qui ont l'habitude de laver précisément les choses les plus neuves et les plus propres, afin de s'en faire de l'argent comptant.
  • LAVASSE, s. f. Mauvais bouillon, trop lavé d'eau, où la viande a été trop épargnée. Argot des bourgeois.

Se dit aussi du mauvais café.

  • LAVEMENT, s. m. Homme ennuyeux, tracassier, canulant,—dans l'argot du peuple, qui n'aime pas les détersifs.
  • LAVER, v. a. Vendre à perte les objets qu'on avait achetés pour les garder.

Pourquoi laver au lieu de vendre? M. J. Duflot prétend que cela vient de l'habitude qu'avait Théaulon de remettre à son blanchisseur, afin qu'il battît monnaie avec, les nombreux billets auxquels il avait droit chaque jour. (L'Institution Porcher—la claque—ne fonctionnait pas encore.) «Un jour, dit M. Duflot, le vaudevilliste avait à sa table quelques amis, parmi lesquels Charles Nodier et quelques notabilités politiques, quand le blanchisseur entra pour prendre les billets.—«C'est mon blanchisseur, messieurs, dit-il. Bernier, ajouta-il, en se tournant vers lui, vous trouverez mon linge dans ma chambre à coucher; sur la cheminée, il y a un petit paquet que vous laverez aussi.» Le petit paquet que Bernier trouva contenait les billets de spectacle, et Bernier fut obligé de comprendre que laver voulait dire vendre. Depuis ce jour, il ne manquait jamais de dire, en entrant chez Théaulon: «C'est le blanchisseur de Monsieur: Monsieur a-t-il quelque chose à laver?»

  • LAVER LA TÊTE, v. a. Faire de violents reproches, et même dire des injures,—dans l'argot du peuple, qui ne fait que traduire le verbe objurgare de Cicéron.
  • LAVETTE, s. f. Langue,—dans l'argot des faubouriens, qui le disent aussi bien à propos des hommes que des chiens.
  • LAVOIR, s. m. Le confessionnal,—dans l'argot des voyous, qui ne vont pas souvent y dessouiller leur conscience, même lorsqu'elle est le plus chargée d'impuretés.
  • LAZAGNE, s. f. Lettre,—dans l'argot des voleurs.
  • LAZZI-LOFF, s. m. Maladie qui ne se guérit qu'à l'hôpital du Midi et à Lourcine. Même argot.
  • LÈCHECUL, s. m. Flatteur outré; flagorneur,—dans l'argot du peuple.
  • LÉCHER UN TABLEAU, v. a. Le peindre trop minutieusement, à la hollandaise,—dans l'argot des artistes.
  • LÉCHEUR, s. et adj. Qui aime à embrasser; qui se plaît à recevoir et à donner des baisers,—dans l'argot du peuple, qui n'est pas précisément de la tribu des Amalécites.
  • LÉGITIME, s. f. Épouse,—dans l'argot des bourgeois.
  • LÉGRE, s. f. Foire, marché,—dans l'argot des voleurs.
  • LÉGUMES, s. m. pl. Oignons, œils de perdrix, durillons des pieds,—dans l'argot des faubouriens.

J'en ai entendu un s'écrier: «Oui, quand il poussera des légumes entre les doigts de pied de Louis XIV!»

On dit aussi Champignons.

  • LÉGUMISTE, s. m. Homme qui, par respect pour les bêtes, se nourrit exclusivement de légumes, comme un vertueux brahmine. Il y a une Société des légumistes.
  • LENDORE, s. m. Paresseux, nonchalant, endormi,—dans l'argot du peuple.
  • LÉON, n. d'h. Le président des assises,—dans l'argot des voleurs, renards qui se sentent en présence du lion.
  • LERMON, s. m. Etain,—dans le même argot.
  • LERMONER, v. a. Etamer.
  • LEM. Désinence javanaise,—mais d'un javanais spécial aux saltimbanques, et quelquefois aussi aux voleurs.

Parler en lem. Ajouter cette syllabe à tous les mots pour les rendre inintelligibles au vulgaire.

On dit aussi Parler en luch—et alors on remplace lem par luch.

  • LESBIEN, s. m. Ce que les voleurs anglais appellent un gentleman of the back-door. Argot de gens de lettres.
  • LESBIENNE, s. f. Fleur du mal, et non du mâle.
  • LESSIVANT, s. m. Avocat d'office,—dans l'argot des voleurs, qui ont grand besoin d'être blanchis.

Les Gilles Ménage de Poissy et de Sainte-Pélagie prétendent qu'il faut dire Lessiveur.

  • LESSIVE, s. f. Plaidoirie,—tout avocat ayant pour mission de blanchir ses clients, fussent-ils nègres comme Lacenaire, ce Toussaint-Louverture de la Cour d'assises.
  • LESSIVE, s. f. Perte,—dans l'argot des joueurs.
  • LESSIVE, s. f. Vente à perte, de meubles, de vêtements ou de livres,—dans l'argot des bohèmes et des lorettes.

Faire sa lessive. Se débarrasser au profit des bouquinistes, des livres envoyés par les éditeurs ou par les auteurs,—dans l'argot des bibliopoles, qui n'en enlèvent pas assez souvent les ex-dono.

  • LESSIVE DE GASCON, s. f. Propreté douteuse qui ne résiste pas à l'examen,—dans l'argot des bourgeois, heureux d'avoir du linge.

Faire la lessive du Gascon. Retourner sa chemise quand elle est sale d'un côté,—ce que font beaucoup de bohèmes.

On connaît ce mot d'un vaudevilliste propret à propos d'un autre vaudevilliste goret: «Faut-il que cet homme ait du linge sale, pour pouvoir en mettre ainsi tous les jours!»

  • LESSIVER. Défendre un prévenu en police correctionnelle, un accusé en Cour d'assises.
  • LESSIVER (Se faire). Perdre au jeu.
  • LETTRE DE JÉRUSALEM, s. f. Escroquerie par lettre, dont Vidocq donne le détail aux pages 241-253 de son livre.
  • LETTRE MOULÉE, s. f. Le journal,—dans l'argot des gens de lettres, qui ont emprunté cette expression à Paul-Louis Courier.
  • LEVAGE, s. m. Escroquerie,—dans l'argot des faubouriens. Séduction menée à bonne fin,—dans l'argot des petites dames. Galanteries couronnées de succès,—dans l'argot des gandins.
  • LEVÉ (Être). Être suivi par un garde du commerce,—dans l'argot des débiteurs.
  • LÈVE-PIEDS, s. m. Echelle, escalier,—dans l'argot des voleurs.
  • LEVER, v. a. Capter la confiance,—dans l'argot des faubouriens.

Signifie aussi voler.

Se faire lever de tant. Se laisser gagner ou «emprunter une somme de...»

  • LEVER LA JAMBE, v. a. Danser le chahut d'une façon supérieure. Argot des gandins.
  • LEVER DE RIDEAU, s. m. Petite pièce sans importance, de l'ancien ou du nouveau répertoire, qui se joue la première devant les banquettes, au milieu du bruit que font les spectateurs à mesure qu'ils arrivent. Argot des coulisses.
  • LEVER LA LETTRE, v. a. Être compositeur d'imprimerie,—dans l'argot des typographes.
  • LEVER LE BRAS, v. a. N'être pas content,—dans le même argot.
  • LEVER LE COUDE, v. a. Boire,—dans l'argot du peuple.
  • LEVER LE PIED, v. a. Fuir en emportant la caisse.
  • LEVER UNE FEMME, v. a. «Jeter le mouchoir» à une femme qu'on a remarquée au bal, au théâtre ou sur le trottoir. Argot des gandins, des gens de lettres et des commis.

Lever une femme au crachoir. La séduire à force d'esprit ou de bêtises parlées.

  • LEVER UN HOMME, v. a. Attirer son attention et se faire suivre ou emmener par lui. Argot des petites dames.

Lever un homme au souper. S'arranger de façon à se faire inviter à souper par lui.

  • LEVEUR, s. m. Pick-pocket.
  • LEVEUR, s. m. Lovelace de bal ou de trottoir.
  • LÉZARD, s. m. Mauvais compagnon,—dans l'argot des voleurs.
  • LÉZINER, v. a. Tromper au jeu; hésiter avant de faire un coup. Même argot.
  • LIARDEUR, s. et adj. Homme qui couperait un liard en quatre pour moins dépenser,—dans l'argot du peuple, qui n'est point avare, n'étant pas riche.
  • LICHADE, s. f. Embrassade,—dans l'argot des faubouriens.
  • LICHANCE, s. f. Repas plus ou moins plantureux.

Lichance soignée. Gueuleton.

On dit aussi Lichade.

  • LICHER, v. a. et n. Manger et boire à s'en lécher les lèvres.
  • LICHETTE, s. f. Petite quantité de quelque chose.

Se dit aussi pour Goutte d'eau-de-vie; petit verre.

  • LICHEUR, EUSE, s. Homme, femme, qui aime à manger et à boire.

On dit aussi Lichard.

  • LIE DE FROMENT, s. f. Les fumées humaines,—dans l'argot du peuple.
  • LIGNARD, s. m. Soldat de la ligne,—dans l'argot des faubouriens.
  • LIGNOTTE, s. f. Corde, lien,—dans l'argot des voleurs, qui répugnent sans doute à employer lignette, un mot de la langue des honnêtes gens.

Ils disent aussi Ligotte.

  • LIGOTTER, v. a. Lier,—dans le même argot.
  • LILANGE, n. d. l. Lille,—dans le même argot.
  • LILLOIS, s. m. Fil à coudre.
  • LIMACE, s. f. Fille à soldats,—dans l'argot des faubouriens.
  • LIMACE, s. f. Chemise,—dans l'argot des voleurs et des vendeurs du Temple.
  • LIMACIÈRE, s. f. Lingère.
  • LIMANDE, s. f. Homme plat,—dans l'argot des voleurs et des faubouriens.
  • LIMER, v. n. «Aller lentement en affaire,»—dans l'argot du peuple.
  • LIME SOURDE, s. f. Sournois,—dans l'argot des voleurs.
  • LIMOGÈRE, s. m. Chambrière,—dans le même argot.
  • LIMONADE, s. f. Eau,—dans l'argot des faubouriens.

Tomber dans la limonade. Se laisser choir dans l'eau.

  • LIMONADE, s. f. Etat de limonadier.
  • LIMONADE, s. f. Assiette,—dans l'argot des voleurs.
  • LIMOUSIN, s. m. Maçon,—dans l'argot du peuple, qui sait que les castors qui ont bâti Paris et qui sont en train de le démolir appartiennent à l'antique tribu des Lémovices.
  • LIMOUSINE, s. f. Blouse de charretier.
  • LIMOUSINE, s. f. Plomb,—dans l'argot des voleurs.
  • LIMOUSINER, v. a. et n. Bâtir des maisons.
  • LIMOUSINEUR, s. m. Voleur de plomb sur les toits.
  • LINGE, s. m. Chemise,—dans l'argot du peuple. Jupon blanc de dessous,—dans l'argot des filles.

Avoir du linge. Porter une chemise blanche.

Faire des effets de linge. Retrousser adroitement sa robe, de façon à montrer trois ou quatre jupons éblouissants de blancheur et garnis de dentelles—de coton.

  • LINGE LAVÉ (Avoir son). S'avouer vaincu; être pris,—dans l'argot des voleurs, qui, une fois en prison, n'ont plus à s'occuper de leur blanchisseuse.
  • LINGRE, s. m. Couteau,—dans l'argot des voleurs, qui savent que Langres est la patrie de la coutellerie.

Lingriot. Petit couteau; canif; bistouri.

  • LINGRER, v. a. Frapper à coups de couteau.
  • LINGRERIE, s. f. Coutellerie.
  • LINSPRÉ, s. m. Prince,—dans l'argot des voleurs, qui cultivent l'anagramme comme le grand Condé les œillets.
  • LION, s. m. Homme qui, à tort ou à raison,—à tort plus souvent qu'à raison,—a attiré et fixé sur lui, pendant une minute, pendant une heure, pendant un jour, rarement pendant plus d'un mois, l'attention capricieuse de la foule, soit parce qu'il a publié un pamphlet scandaleux, soit parce qu'il a commis une éclatante gredinerie, soit pour ceci, soit pour cela, et même pour autre chose; homme enfin qui, comme Alcibiade, a coupé la queue à son chien, ou, comme Alphonse Karr, s'est fait dévorer par lui, ou, comme Empédocle,

Du plat de sa sandale a souffleté l'histoire.

Être le lion du jour. Être le point de mire de tous les regards et de toutes les curiosités.

  • LION, s. m. Le frère aîné du gandin, le dandy d'il y a vingt-cinq ans, le successeur du fashionable—qui l'était du beau—qui l'était de l'élégant—qui l'était de l'incroyable—qui l'était du muscadin,—qui l'était du petit-maître, etc.

Ce mot nous vient d'Angleterre.

  • LIONCEAU, s. m. Apprenti lion,—garçon tailleur qui cherche à se faire passer pour le comte d'Orsay ou pour Brummel, et qui réussit rarement, le goût étant une fleur rare comme l'héroïsme.
  • LIONNE, s. f. Femme à la mode—il y a trente ans. C'était «un petit être coquet, joli, qui maniait parfaitement le pistolet et la cravache, montait à cheval comme un lancier, prisait fort la cigarette et ne dédaignait point le champagne frappé.» Aujourd'hui, mariée ou non, grande dame ou petite dame, la lionne se confond souvent avec celle qu'on appelle drôlesse.
  • LIONNERIE, s. f. Haute et basse fashion.
  • LIPPE, s. f. Moue, grimace,—dans l'argot du peuple.

Faire sa lippe. Bouder.

  • LIPPÉE, s. f. Simple bouchée; repas insuffisant.

Franche lippée. Repas copieux.

  • LIPPER, v. n. Courir de cabaret en cabaret, y manger,—et surtout y boire.
  • LIQUIDE, s. f. Apocope de Liquidation,—dans l'argot des coulissiers.
  • LIQUIDE, s. m. Vin,—dans l'argot du peuple, qui fait semblant d'ignorer qu'il existe d'autres corps aqueux.

Avoir absorbé trop de liquide. Être ivre.

  • LIRE AUX ASTRES, v. n. Muser, faire le gobe-mouches; regarder en l'air au lieu de regarder par terre,—comme l'astrologue de la fable.
  • LISETTE, s. f. Gilet long,—dans l'argot des voleurs.
  • LITHOGRAPHIER (Se). Tomber par terre,—dans l'argot des faubouriens, qui savent que lorsqu'on tombe, on a le visage désagréablement impressionné par la pierre.
  • LITRER, v. a. Avoir, posséder,—dans l'argot des voleurs. V. Itrer.
  • LITRON, s. m. Litre douteux servi dans un pot qui n'a pas toujours la contenance légale. Argot du peuple.
  • LITTÉRATURE JAUNE, s. f. Le Réalisme,—une maladie ictérique désagréable qui a sévi avec assez d'intensité dans les rangs littéraires il y a une dizaine d'années, et dont a été particulièrement atteint Champfleury, aujourd'hui (1867) presque guéri.

L'expression, fort juste, appartient à Hippolyte Babou.

  • LITTÉRATURIER, s. m. Mauvais écrivain,—dans l'argot des gens de lettres.
  • LIVRE ROUGE, s. m. Les registres du Dispensaire,—dans l'argot des filles.
  • LIVRAISON DE BOIS DEVANT SA PORTE (Avoir une), v. a. Se dit,—dans l'argot des faubouriens, d'une femme richement avantagée par la Nature.
  • LIVRE D'ARCHITECTURE, s. m. Registre qui contient les procès-verbaux d'une loge,—dans l'argot des francs-maçons.
  • LIVRE DES ROIS, s. m. Jeu de cartes. Argot des faubouriens.
  • LOCANDIER, s. m. Variété de voleur au bonjour.
  • LOCATIS, s. m. Cheval de louage,—dans l'argot des commis de nouveautés, à qui leurs moyens défendent les pur-sang.
  • LOCHE, s. f. Paresseux, gras, mou,—dans l'argot du peuple, qui emploie ce mot au propre et au figuré, par allusion à la limace, grise ou rouge, qu'on voit se traîner, visqueuse, par les sentiers.
  • LOCHE, s. f. Oreille,—dans l'argot des voleurs.
  • LOCHER, v. a. et n. Ecouter.
  • LOCHER, v. n. Branler, être près de tomber,—dans l'argot du peuple.
  • LOCOMOTIVE, s. f. Fumeur acharné,—dans l'argot des bourgeois, qui, sans s'en douter emploient là une expression de l'argot des voleurs anglais: Steamer.
  • LOFFARD ou Loff, s. et adj. Innocent, niais, pleurard,—dans l'argot des comédiens, qui ne se doutent pas qu'ils ont emprunté ce mot à l'argot des forçats, qui l'ont emprunté eux-mêmes à l'argot des marins.

Le lof est le côté d'un navire qui se trouve frappé par le vent, qui le fait crier. Le loffard, au bagne, est le forçat frappé par une condamnation à perpétuité, et qui gémit comme un enfant sur son sort.

  • LOFFAT, s. m. Aspirant compagnon,—dans l'argot des ouvriers.
  • LOFFITUDE, s. f. Niaiserie, bêtise.
  • LOGE, s. f. Lieu de réunion,—dans l'argot des francs-maçons.

Loge irrégulière. Assemblée de francs-maçons qui ne sont pas réguliers et avec lesquels on ne doit pas fraterniser.

  • LOGE INFERNALE, s. f. Petite loge d'avant-scène, où se mettent par tradition, les gandins,—imitateurs serviles des lions.

Se dit aussi des Premières chaises du premier rang, aux concerts en plein vent comme ceux des Champs-Elysées.

  • LOGER AUX QUATRE VENTS, v. n. Demeurer dans une maison mal close, où le vent entre comme chez lui.
  • LOGER RUE DU CROISSANT, v. n. Avoir pour femme une drôlesse qui donne dans le contrat autant de coups de canif qu'il y a de jours dans l'année.
  • LOIR, s. m. Homme paresseux, dormeur, ami de ses aises,—dans l'argot du peuple, qui sait que cette sorte de gens, comme le mus nitela, mange les meilleurs fruits des espaliers et de la vie: d'où le vieux verbe loirer, pour dérober, voler.
  • LOLO, s. m. Lait,—dans l'argot des enfants.
  • LOLOTTE, s. f. Fille ou femme qui aime pour vivre au lieu de vivre pour aimer. Argot des faubouriens.
  • LOMBARD, s. m. Commissionnaire au Mont-de-Piété,—dans l'argot des ouvriers qui ont travaillé avec les Belges; car c'est en effet le nom qu'on donne à Bruxelles, au Grand-Mont-de-Piété, et ce nom a sa valeur historique.
  • LONDRÈS, s. m. Cigare de vingt-cinq centimes de la Havane,—ou d'ailleurs.
  • LONGCHAMP, s. m. Procession plus ou moins considérable de gens,—dans l'argot du peuple, qui consacre ainsi le souvenir d'une mode dont on ne parlera plus dans quelques années.
  • LONGCHAMP, s. m. Promenade favorite,—dans l'argot des Polytechniciens. C'est une cour oblongue, bordée d'une file de cabinets dont nous laissons deviner la destination, et où les élèves viennent fumer et causer pendant les heures d'étude.
  • LONG DU MUR (Le). Avec son argent,—dans l'argot du peuple.

Pour bien comprendre cette expression pittoresque si fréquemment employée, je veux citer la réponse que me fit un jour un coiffeur:

«Combien gagnez-vous chez votre patron?—Trois francs par jour.—Alors vous êtes nourri?—Nourri et blanchi, oui... le long du mur

  • LONGE, s. f. Année,—dans l'argot des voleurs, qui tirent volontiers dessus lorsqu'ils sont en prison.
  • LONGÉ, adj. Agé.
  • LONGIS, s. et adj. Homme nonchalant, lent à faire ce qu'il entreprend. Argot du peuple.

On dit aussi Saint Longin.

Longie. Nonchalante, paresseuse.

On dit aussi Sainte-Longie.

  • LOPIN, s. m. Morceau.

Signifie aussi: Postillon, crachat, expectoration abondante.

  • LOQUES, s. f. pl. Boutons de guêtre ou de pantalon, en cuivre,—dans l'argot des écoliers, qui les recueillent avec soin.

Jouer aux loques. Jouer avec des boutons comme avec des billes, à la bloquette, à la pigoche, etc.

  • LORCEFÉ, s. f. La prison de la Force,—dans l'argot des voleurs, qui, pour ce mot, se sont contentés de changer la place des lettres et de mettre un é au lieu d'un a.

La Lorcefé des largues. Saint-Lazare, qui est la prison, la maison de Force où l'on renferme les femmes.

  • LORET, s. m. Monsieur peu délicat et peu difficile, qui vit volontiers des miettes de la table amoureuse de la lorette.

Le mot appartient à Nestor Roqueplan.

  • LORETTE, s. f. Fille ou femme qui ne vit pas pour aimer, mais au contraire, aime pour vivre.

Le mot a une vingtaine d'années (1840), et il appartient à Nestor Roqueplan, qui a par un hypallage audacieux, ainsi baptisé ces drôlesses du nom de leur quartier de prédilection,—le quartier Notre-Dame-de-Lorette.

  • LORGNE, s. m. Borgne,—dans l'argot des voleurs.

Ils disent aussi Lorgne-bè.

  • LORGUE, s. m. As,—dans le même argot.
  • LOUBION, s. m. Bonnet d'homme ou de femme,—dans le même argot.
  • LOUBIONNIER, s. m. Bonnetier.
  • LOUCHE, s. f. Cuiller à potage,—dans l'argot du peuple.

Un mot provincial acclimaté maintenant à Paris.

  • LOUCHE, adj. Douteux, équivoque.
  • LOUCHÉE, s. f. Cuillerée,—dans l'argot des voleurs.
  • LOUCHER (Faire). Donner envie; exciter la convoitise,—dans l'argot du peuple, où l'on emploie souvent cette expression ironique pour refuser quelque chose.
  • LOUCHER DE LA JAMBE, v. n. Boîter.

Loucher de l'épaule. Être bossu.

Loucher de la bouche. Avoir le sourire faux.

  • LOUCHES, s. f. pl. Les mains,—dans l'argot des voleurs, qui ne savent pas prendre franchement, honnêtement, et en en demandant la permission.
  • LOUCHON, s. m. Individu affligé de strabisme,—dans l'argot du peuple.
  • LOUFIAT, s. m. Voyou, homme crapuleux,—dans l'argot des faubouriens.
  • LOUIS D'OR, s. m. Insurgé de Romilly,—dans l'argot facétieux des faubouriens, qui entendent dire depuis si longtemps et qui répètent eux-mêmes si volontiers que marcher dedans c'est signe d'argent.

On dit aussi Pièce de vingt francs.

  • LOUIS D'OR (N'être pas). Ne pouvoir plaire à tout le monde, soit par son visage quand on est femme, soit par son caractère quand on est homme, soit par son talent quand on est artiste ou écrivain.

C'est une phrase souvent employée, de l'argot du peuple, qui sait que les Louis—XV ou non—seront toujours les bien-aimés, mais qui ignore les âpres joies des grands dédaigneux, jaloux de plaire seulement à un petit nombre d'amis ou de lecteurs de choix.

Odi profanum vulgus, et arceo.

  • Louisette, s. f. Premier nom donné à la guillotine, «en l'honneur» du docteur Louis, secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie et inventeur, du moins importateur de cet instrument de mort.

On l'a appelée aussi Louison.

  • LOULOU, s. m. Petit chien-loup,—dans l'argot du peuple.
  • LOULOU. Terme d'amitié, caresse de femme à amant ou d'amant à maîtresse.

On dit aussi Gros loulou.

  • LOUP, s. m. Homme qui se plaît dans la solitude et qui n'en sort que lorsqu'il ne peut pas faire autrement. Argot du peuple.

Malgré le væ soli! de l'Ecriture et l'opinion de Diderot: «Il n'y a que le méchant qui vit seul,» les loups-hommes sont plus honorables que les hommes-moutons: la forêt vaut mieux que l'abattoir.

  • LOUP, s. m. Créancier,—dans l'argot des typographes.

Faire un loup. Faire une dette,—et ne pas la payer.

  • LOUP, s. m. Absence de texte, solution de continuité dans la copie. Même argot.
  • LOUP, s. m. Pièce manquée ou mal faite,—dans l'argot des tailleurs.

On dit aussi Bête ou Loup qui peut marcher tout seul.

  • LOUP-CERVIER, s. m. Homme qui fait des affaires d'argent; Boursier,—dans l'argot des gens de lettres.
  • LOUPE, s. f. Paresse, flânerie,—dans l'argot des ouvriers, qui ont emprunté ce mot à l'argot des voleurs.

Ici encore M. Francisque Michel, chaussant trop vite ses lunettes de savant, s'en est allé jusqu'en Hollande, et même plus loin, chercher une étymologie que la nourrice de Romulus lui eût volontiers fournie. «Loupeur, dit-il, vient du hollandais looper (coureur), loop (course), loopen (courir). L'allemand a laufer... le danois lœber...: enfin le suédois possède lopare... Tous ces mots doivent avoir pour racine l'anglo-saxon lleàpan (islandais llaupa), courir.»

L'ardeur philologique de l'estimable M. Francisque Michel l'a cette fois encore égaré, à ce que je crois. Il est bon de pousser de temps en temps sa pointe dans la Scandinavie, mais il vaut mieux rester au coin de son feu les pieds sur les landiers, et, ruminant ses souvenirs de toutes sortes, parmi lesquels les souvenirs de classe, se rappeler: soit les pois lupins dont se régalent les philosophes anciens, les premiers et les plus illustres flâneurs, la sagesse ne s'acquérant vraiment que dans le far niente et le far niente ne s'acquérant que dans la pauvreté;—soit les Lupanarii, où l'on ne fait rien de bon, du moins; soit les lupilli, qu'enployaient les comédiens en guise de monnaie, soit le houblon (humulus lupulus) qui grimpe et s'étend au soleil comme un lézard; soit enfin et surtout, le loup classique (lupus), qui passe son temps à rôder çà et là pour avoir sa nourriture.

  • LOUPE (Camp de la), s. m. Réunion de vagabonds. C'était une guinguette du boulevard extérieur, alors près de la barrière des Amandiers. Cette guinguette était flanquée, d'un côté par un pâtissier nommé Laflème, et, de l'autre, par un marchand de vin, nommé Feignant...
  • LOUPEL, s. m. Avare; homme tout à fait pauvre,—dans l'argot des voleurs.
  • LOUPER, v. n. Flâner, vagabonder,—dans l'argot des ouvriers.
  • LOUPEUR, s. m. Flâneur, vagabond, ouvrier qui se dérange.
  • LOUPEUSE, s. f. Fille ou femme de mauvaise vie qui, n'aimant pas le travail honnête et doux de l'atelier, préfère le rude et honteux travail de la débauche.
  • LOUPIAT, s. m. Fainéant, Loupeur,—dans l'argot des faubouriens.
  • LOUPION, s. m. Chapeau d'homme, rond. Même argot.
  • LOURDE, s. f. Porte,—dans l'argot des voleurs.
  • LOURDIER, s. m. Portier.
  • LOUVETEAU, s. m. Fils d'affilié,—dans l'argot des francs-maçons.

On dit aussi Louveton et Louftot.

  • LOUVRE, s. m. Maison quelconque en pierre de taille,—dans l'argot des bourgeois, pour lesquels la colonnade de Perrault est le nec plus ultra de l'art architectonique.

Ils disent aussi Petit Louvre,—pour ne pas scandaliser dans leurs tombes François Ier, Henri II et Charles IX.

  • LOVELACE, s. m. Libertin, grand séducteur,—dans l'argot des bourgeois, qui éternisent ainsi le souvenir du principal héros du roman de Richardson (Clarisse Harlowe).
  • LUCARNE, s. f. Monocle,—dans l'argot des faubouriens.

Crever sa lucarne. Casser le verre de son lorgnon.

  • LUCRÈCE, s. f. Femme chaste, en apparence du moins,—dans l'argot du peuple, qui a entendu parler de l'héroïsme de la femme de Collatin, et qui n'y croit que sous bénéfice d'inventaire.

Faire la Lucrèce. Contrefaire la prude et l'honnête femme.

  • LUISANT, s. m. Soleil, ou Jour,—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Luisard.

  • LUISANTE, s. f. La Lune.

On dit aussi Luisarde.

  • LUNCH, s. m. Collation légère entre le déjeuner et le dîner—dans l'argot des gandins, qui répudient ainsi notre ancien goûter.

Le mot et la mode sont anglais; seulement le lunch anglais a cet avantage sur le lunch parisien, qu'il est une réfection copieuse,—un troisième déjeuner ou un premier dîner,—destiné à ravitailler les estomacs épuisés par les luttes des hustings, quand il y a des élections.

  • LUNCHER, v. n. Manger des gâteaux arrosés de bordeaux chez un pâtissier en renom.
  • LUNDICRATE, adj. et s. Feuilletonniste du lundi,—dans l'argot des gens de lettres.

Ce mot appartient à M. Pierre Véron.

  • LUNE, s. f. Caprice; mauvaise humeur,—dans l'argot du peuple.

Être dans ses lunes. Avoir un accès de mauvaise humeur, de misanthropie.

  • LUNE, s. f. Visage large, épanoui, rayonnant de satisfaction et de santé.

On dit aussi Pleine lune.

  • LUNE, s. f. Le second visage que l'homme a à sa disposition, et qu'il ne découvre jamais en public,—à moins d'avoir toute honte bue.

On dit aussi Pleine lune.

  • LUNE A DOUZE QUARTIERS, s. f. Roue,—dans l'argot des voleurs.
  • LUNETTE, s. f. Le cercle de la trulla,—dans l'argot du peuple.
  • LUNETTES, s. f. pl. Les nates,—qui sont en effet de petites lunes.
  • LUQUE, s. m. Faux certificat, faux passeport, loques de papier,—dans l'argot des voleurs.

Porte-luque. Portefeuille.

Luque signifie aussi image, dessin.

  • LURELURE (A), loc. adv. Au hasard, sans dessein, sans réflexion surtout,—dans l'argot du peuple.
  • LURON, s. m. Homme hardi, déluré.

Joyeux luron. Bon compagnon.

  • Lusquin, s. m. Charbon,—dans l'argot des voleurs.

Lusquine. Cendre.

  • LUSTRE, s. m. La claque,—dans l'argot des coulisses.

Chevaliers du lustre. Gens payés pour applaudir les pièces et les acteurs, qui se placent ordinairement au parterre au-dessous du lustre.

On dit aussi Romains.

  • LUSTRE, s. m. Juge,—dans l'argot des voleurs.
  • LUSTRER, v. a. et n. Juger.
  • LUSTUCRU, s. m. Imbécile; évaporé, extravagant,—dans l'argot du peuple.
  • LYCÉE, s. m. Prison,—dans l'argot des voleurs, qui y font leurs humanités et parmi lesquels se trouve, de temps en temps, un Aristote de la force de Lacenaire qui leur enseigne sa Logique du meurtre et sa Philosophie de la guillotine.
  • LYONNAISE, s. f. Soierie,—dans l'argot des faubouriens, qui pratiquent volontiers l'hypallage et la métonymie.

M

  • MAC, s. m. Apocope de Maquereau,—dans l'argot des faubouriens.
  • MACACHE, adj. Mauvais, détestable,—dans l'argot des ouvriers qui ont été troupiers en Algérie.

On emploie ordinairement ce mot avec bono:

Macache-bono. Ce n'est pas bon, cela ne vaut rien.

Signifie aussi Zut!

  • MACADAM, s. m. Boue épaisse et jaune due à l'ingénieur anglais Mac Adam.
  • MACADAM, s. f. Boisson sucrée qui ressemble un peu comme couleur à la boue des boulevards macadamisés.
  • MACADAMISER, v. a. Empierrer les voies publiques d'après le système de Mac Adam.
  • MACAIRE, s. m. Escroc; agent d'affaires véreuses; saltimbanque,—dans l'argot du peuple, qui a conservé le souvenir du type créé par Frédérick-Lemaître au théâtre et par Daumier au Charrivari.

On dit aussi Robert-Macaire.

  • MACARON, s. m. Huissier,—dans l'argot des voyous. Traître,—dans l'argot des voleurs.
  • MACARONER, v. a. et n. Agir en traître.
  • MACCHABÉE, s. m. Cadavre,—dans l'argot du peuple, qui fait allusion, sans s'en douter, aux sept martyrs chrétiens.

Mauvais macchabée. Mort de dernière classe, ou individu trop gros et trop grand qu'on est forcé de tasser,—dans l'argot des employés des pompes funèbres.

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