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Dictionnaire de la langue verte

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SUPPLÉMENT

A

  • ABATTOIR. Cercle de jeu. On y immole en effet force pigeons.
  • ABBESSE. Maîtresse d'une maison de tolérance. On dit plus communément: Madame.
  • ABOULÉE. Accouchée.

Aboulement: accouchement.

  • ABRUTIR SUR (S'). Faire traîner un ouvrage en longueur, dit Rigaud. J'y ajouterai le sens de: étudier longuement, avec soin. Je me suis abruti sur mes math.
  • ACTEUSE. «Cette petite variante me fit trouver le mot acteuse qui, depuis, a été naturalisé dans l'argot parisien. Nana n'est pas une actrice, c'est une acteuse. Elle a une ligne, du chic et non du talent. On ne l'entend pas, on la voit. L'acteuse est entière dans cette nuance.» (Champsaur: Evénement, février 1887.)
  • ADJUDANT (Tremper un). Plonger un morceau de pain dans le premier bouillon, celui qui contient le plus de graisse. Un vrai régal pour le cuisinier en pied et le caporal de planton. Les adjudants sous-officiers sont ceux que les cantiniers ont pour divers motifs le plus d'intérêt à satisfaire; aussi leur réservent-ils les meilleurs morceaux. N'est-ce pas dans ce rapprochement qu'il faut chercher l'origine de cette expression?

(Merlin, La langue verte du troupier.)

  • ADJUGER UNE BANQUE A UN OPÉRATEUR. Argot de cercle. Voler ou tricher au jeu.

(V. Revers.)

  • AFFRANCHIR. Terme de joueur: On dit qu'une carte est affranchie lorsqu'elle n'est plus exposée à être prise. J'ai fait prendre mon roi pour affranchir ma dame.—Mettre au courant des ruses des grecs. Il y a des professeurs d'affranchissement.
  • AFISTOLER. Arranger.
  • AGACEUR. Boute-en-train,—argot de sport.
  • AGENOUILLÉE. Femme de mœurs faciles. Le mot, lancé il y a trois ans, n'a point fait fortune. «Pas de coin de rue qui n'ait maintenant sa douzaine d'agenouillées, toutes prêtes, moyennant salaire convenable, à adresser leurs prières à Vénus.»

(Evénement, août 1884.)

  • AGRAFER. Indépendamment du sens de arrêter, consigner, donné par Delvau et ses continuateurs, agrafer signifie aussi prendre, voler. «C'est clair et net, vois-tu, comme les jaunets que tu as négligé d'agrafer cette nuit-là.» (Belot et Dautin: Le Parricide.)
  • Aller se faire lanlaire. Se débarrasser d'un importun. L'envoyer promener, «... Votre cœur? Il n'y a que les gens qui n'ont que ça qui le proposent... Ça ne suffit pas... Vous pouvez aller vous faire lanlaire...!» (Huysmans: Les sœurs Vatard.)
  • ALLER CHEZ FALDÈS. Partager.
  • ALLUMEUR. Voleur. Les allumeurs ont pour mission de racoler les ouvriers les samedis de paye et de les emmener chez le marchand de vin. Là, ils leur offrent libéralement à boire jusqu'à ce que les malheureux rentrent chez eux complètement ivres. Alors commence le rôle des meneuses et des travailleurs. V. ces mots.—Grec dont les fonctions consistent à mettre une partie en train. «Maintenant les deux allumeurs qui se trouvent mêlés à la partie reçoivent également une subvention.» (Gil Blas 29 mars 1882.)
  • ALPHONSISME. Le métier (?) de l'Alphonse. «L'Alphonsisme brutal ne disparaîtra qu'avec la prostitution.» (La Bataille, mai 1882.)
  • AMAZONE. Grec de race femelle. «Le grec de la classe moyenne, autrement dit le grec nomade,... travaille rarement seul; il s'adjoint des compères appelés comtois et des auxiliaires féminins appelés amazones. (Le Baccarat, 1881.)
  • AMÉRICAIN. Breuvage qui tient le milieu entre le grog et le punch. «Garçon! un américain!» (Véron, Paris vicieux.)
  • AMINCI. Elégant, à la mode, dans l'argot boulevardier. L'aminci a été le frère du boudiné; tous deux n'ont fait qu'une courte apparition dans le jargon des précieux.

«De jeunes amincis, à court de distractions, avaient eu l'intention de visser sur un tuyau de gaz... l'annonce en lettres de feu du bal à l'Elysée...» (Echo de Paris, février 1885). «Tous les soirs (dans la baraque d'un lutteur) au milieu d'horizontales de grande marque, au milieu d'amincis en frac et cravate blanche, il y a des luttes épiques.» (Univers illustré, juillet 1884.)

  • ANGLAIS. Terme de sport. On dit qu'un cheval a de l'anglais lorsque sa conformation se rapproche de celle du cheval anglais de pur sang.
  • ANGUILLE. Mouchoir roulé en façon de fouet et dont se servent les enfants au jeu de l'anguille.
  • APÉRITIVE. Femme galante qui est à la grande demi-mondaine ce que la chrysalide est au brillant papillon. Comme son nom l'indique, l'apéritive fréquente d'ordinaire les grands boulevards, les cafés à la mode à la recherche de qui voudra bien lui offrir un rafraîchissement, un apéritif, comme on dit dans la langue boulevardière. «Le bal a été ouvert par une Hongroise superbe, encore à l'état d'apéritive... mais qui ne tardera pas à devenir une des étoiles les plus brillantes du firmament demi-mondain.» (Gil Blas, mai 1887.)
  • ARAIGNÉE. Vélocipède à deux roues dont l'une, celle de devant, est très grande, et l'autre, celle de derrière, d'un diamètre très petit.
  • ARAIGNÉE DE TROTTOIR. Boutiquier en plein vent, camelot. «Il (le promeneur) a fait aux araignées de trottoir une rente qui, suivant la position, varie de 10 sous à 10 francs par jour.» (Estafette, 1881.)
  • ARC-EN-CIEL (Faire l'). Argot des Grecs. «J'ai fait l'arc-en-ciel.—Qu'entendez-vous par là?—Je vous ai jeté les cartes très loin, d'une façon négligée avec une sorte de désinvolture. Lancées ainsi, elles ont décrit un cercle et j'ai pu les voir lorsqu'elles sont arrivées à leur point culminant.» (Belot: Le Roi des Grecs.)
  • ARCHICUBE. Ancien élève de l'Ecole normale. «Monsieur, vous êtes mon archicube et je vous dois le respect. J'explique, pour les profanes, ce terme rébarbatif: vous êtes entré à l'Ecole plus de trois ans avant moi.»
  • ARRANGEUR. Argot de cercle. Individu qui, lorsqu'un chef de partie ne sait pas séquencer les cartes, les arrange et touche 10, 15 ou 20 % pour sa... collaboration.
  • ARROSAGE. Action de boire, de s'arroser le gosier.
  • ARTISTE. Dans le jargon des ouvriers: camarade, compagnon.
  • ARTISTE. Cadavre exposé à la Morgue. Argot des voyous pour qui la Morgue est, en effet, un théâtre. «La salle d'exposition... est divisée en deux parties par une cloison vitrée derrière laquelle sont rangées... douze dalles destinées à recevoir les cadavres que les affreux gavroches, habitués de ce lugubre théâtre, appellent les artistes. Quand toutes les places sont vides, ils disent qu'on fait relâche.» (Du Boisgobey: Le fils de Monsieur Lecoq.)
  • ASSEOIR (S') sur quelqu'un. Le faire taire. Asseyez-vous dessus, dit-on en parlant d'un gamin qui crie et gêne ainsi les personnes avec lesquelles il se trouve.—S'asseoir sur quelque chose, n'en pas faire cas. «Tous tes discours, tout's tes promesses d'autrefois, tu t'asseois dessus! » (L'esclave Ivre, no 1.)
  • ASSESSEUR. Joueur complaisant qui, placé au baccarat à côté du tailleur, paye et encaisse pour le compte de celui-ci.
  • ASTIQUER. Fourbir, nettoyer, se pomponner.

«C'est qu'on est un peu beau, mon vieux
Quand on s'astique.»

(Le Caïd, opéra-bouffon, act. I, sc. X.)

  • ASTIQUER (S'). Se masturber.
  • ATOUTS (Le plus d'). Sorte de jeu de filous qui se joue dans les cafés de bas étage.
  • AVALE-TOUT. Femme qui ne recule devant aucune extrémité.
  • AVOINE (Donner de l'). Battre, rouer de coups. De la langue des charretiers, l'expression est passée dans celle des souteneurs et des gens sans aveu. «Alphonse ne recule pas à lui donner de l'avoine (à sa maîtresse), c'est-à-dire à lui administrer une volée» (Voltaire, 1882).
  • AVOIR UN COUP DE MARTEAU. Ne pas jouir de la plénitude de ses facultés.
  • AVOIR LA CUISSE GAIE. Être de mœurs faciles. «Très gentille avec son petit nez en l'air; je parie qu'elle a la cuisse gaie, hein!» (Vie Parisienne, 1er octobre 1881.)
  • AVOIR SON VIN AU CROC. Être privé de la ration de vin réglementaire. Argot des matelots. «Aussi lui était-il arrivé souvent d'être privé de sa ration de vin; en terme de marin, d'avoir son vin au croc.» (Patrie, février 1887.)
  • AVOIR UNE BELLE PRESSE. Être complimenté par tous les journaux. «Madame est en train de lire ses journaux... Madame, à ce qu'il paraît, n'a jamais eu une si belle presse!» (De Goncourt: La Faustin.)

B

  • BADINGATEUX. Terme de mépris employé par les adversaires du régime impérial pour désigner un partisan de ce régime. «Solde de vestes. On prend mesure; blouses blanches pour braillards, gueulards, badingateux...» (Temps, 1881.)
  • BAFOUILLAGE. Conversation sans suite, confuse, incohérente. A vrai dire, ce mot rentre plus dans le langage trivial que dans l'argot; toutefois comme les dictionnaires spéciaux ont jusqu'ici enregistré bafouiller et bafouilleur, j'ai pensé que bafouillage avait également droit d'asile. «J'ai entendu nombre de phrases sans suite, d'exclamations vides, de bafouillages incohérents.» (Echo de Paris, mai 1884).
  • BAFRER. Manger. «C'était une sorte de vivandière qui bâfrait comme un roulier et buvait comme quatre.» (Huysmans: A vau-l'eau.)
  • BAGNOLLE, mauvaise voiture.
  • BAGUETTE EST CASSÉE (La). Cette expression a remplacé le Zut au berger. (V. Delvau.)
  • BAJOTER. Bavarder, jacasser.
  • BAL. Peloton de punition. Argot militaire.
  • BALEINE. Femme de mauvaise vie.
  • BALINSTRIQUER. Argot des malfaiteurs. Tuer, assassiner. «Tu sais, lui avait-il dit, j'ai fait un sale coup, j'ai balinstriqué une femme dans les fortifications. Si jamais tu le dis, c'est ma tête qui est à couper.» (Gazette des Tribunaux, septembre 1884.)
  • BALLE (Faire). Être à jeun. «Les forçats ne sont pas dégoûtés et quelques taches dans un quart de pain ne sont pas pour faire reculer un fagot de bon appétit et qui fait balle.» (A. Humbert: Mon bagne.)
  • BALLON. Art de tournoyer en dansant.—Verre de bière.
  • BALOUSTIQUER. Lever, soulever, arracher. Argot de malfaiteurs.
  • BALUCHONNEUR. Voleur. Ainsi que son nom l'indique, ce malfaiteur vole de préférence les objets faciles à cacher, les petits paquets, par exemple (en argot baluchon est synonyme de paquet). C'est aussi lui qui travaille aux étalages des magasins et qui pratique parfois le vol dit à la bousculade. «La nuit seulement, un certain nombre de baluchonneurs s'y donnent rendez-vous (dans un cabaret) pour faire l'échange ou la vente du produit de leur vol.» (Nation, juillet 1885.)
  • BANDISTE. «On appelle ainsi les tâcherons qui sont employés à rédiger les adresses pour circulaires, prospectus, manifestes électoraux.» Soleil, 16 nov. 1888.
  • BARAQUE. Sorte de jeu en vogue il y a quelque temps, et dans lequel les filous avaient la partie belle. «Le jeu de la baraque se compose d'une planchette de cuivre casée à l'angle d'un billard et percée de 25 petites cuvettes numérotées de 1 à 25. Vous faites une poule à 2, à 5 ou à 20 francs et, si vous avez la chance, pardon! l'adresse de pousser votre bille dans la cuvette cotée le plus haut, c'est vous qui touchez les enjeux. Le baraqueur ne prélève que 10 p. 100 sur le montant de chaque poule. C'est pour rien! Toutefois ce petit impôt me paraît plus dur que le zéro de la roulette.» (Paris-Journal, 1882.)
  • BARAQUEUR. Joueur de baraque.
  • BARBE. Répétition. «Une barbe, c'est une répétition de bachot donnée à un aspirant au diplôme. Il s'assied, on le rase, il paye, c'est une barbe!» (Richepin.)
  • BARBE (Faire sa). Argot théâtral. Gagner de l'argent. «Sa barbe faite, comme on dit en argot théâtral, c'est-à-dire son argent gagné, notre chanteuse s'empresse de quitter le salon.» (Gaulois, 3 octobre 1881.)
  • BARBE (Femme à). Argot militaire. «Terme sous lequel on désigne une beauté sur le retour généralement unique dans chaque ville de garnison, qu'une étrange et irrésistible passion pour le biscuit militaire laisse sans défense contre les assauts du soldat.» (Ginisty: Manuel du Parfait réserviste.)
  • BARBIFIER (Se). Se griser. Argot des typographes. V. Delvau au mot Barbe. «Il s'est barbifié hier; il a mal aux cheveux aujourd'hui.» (Typologie-Tucker, juin 1885.)
  • BARBOTER. Parler sans savoir ce que l'on dit.
  • BARBOTTAGÉ. Vol. «Le droit au barbottage est absolu.» (A. Humbert: Mon bagne.)
  • BASSINOIRE. «A Paris, il est de ces hôtels où, pour quelques sous, couchent les maçons, qui s'en vont à leur travail, à l'aube. Eh bien! par les nuits d'hiver, il est de pauvres diables qui attendent, l'onglée aux mains, que ces maçons soient partis pour se glisser, au rabais, dans leurs draps encore chauds. Ils font queue devant le logeur, comme devant un théâtre. Ils battent la semelle en attendant le sommeil. Ils appellent, dans leur argot, les compagnons maçons qui leur cèdent ainsi leur couche, les bassinoires.» (J. Claretie: La Vie à Paris.)
  • BÂTIR. Terme de couturière; coudre peu solidement avec du fil blanc, du coton à bâtir, une toilette quelconque, de façon à se rendre compte, à l'essayage, des retouches à opérer. «Deuxième séance; essayage des toilettes bâties.» (Gaulois, 1881.)
  • BÂTONS DE CHAISE (Noce de). Orgie.
  • BÂTON DE RÉGLISSE. Gardien de la paix. Prêtre.
  • BÂTON ROMPU. «—Quels gens appelez-vous vieilles cannes?—Les repris de justice.—Et bâtons rompus?—Les surveillés de la haute police en rupture de ban.» (Barron: Paris-Etrange.)
  • BATTRE LE BEURRE. Mener une conduite déréglée. Argot des voyous.—«Et ta sœur?—Ma sœur? elle bat l'beurre!»
  • BATTRE A LA PARISIENNE. Voler ou tricher au jeu.
  • BATTRE SON PLEIN. Être dans tout l'éclat de son talent ou de sa beauté. «Jamais l'artiste de la Renaissance ne fut plus jolie qu'à présent; elle bat son plein.» (Evénement, 1872.)
  • BAVAROISE. Infusion de thé et de sirop de capillaire.—Bavaroise au chocolat, tasse de chocolat à la crème; bavaroise aux choux, mélange d'absinthe et d'orgeat; bavaroise de cocher, verre de vin.
  • BAVER DES CLIGNOTS. Pleurer.
  • BAVEUX. Qui ne sait ce qu'il dit; qui bafouille.
  • BAZAR. Lycée, pension. «Les jeunes citoyens de l'avenir, vulgo les potaches, ont réintégré avant-hier leurs prisons respectives. Ils se sont acheminés vers le bazar.» (Evénement, 1881.)
  • BÉCARRE. Cet adjectif qui, il y a trois ans, fit florès dans le monde boulevardier comme synonyme d'élégant, n'est plus guère usité aujourd'hui. «Le parisien, en tant que langue vient de s'enrichir d'un nouveau mot.... Le pschuk qui succédait au chic a fait son temps. C'est le bécarre qui gouverne. On est ou on n'est pas bécarre, comme on était jadis ou l'on n'était pas élégant. Il est bécarre de faire telle chose et non bécarre d'en faire telle autre.... Bécarre, à tout prendre, ne veut rien dire, à moins que le bécarre qui, en musique, remet la note dans son ton naturel, ne signifie que le ton naturel de Paris est ce qui est élégant, agréable, distingué.» (Illustration, novembre 1885.)
  • BÉGUEULISME. Le mot est de F. Sarcey qui l'a employé pour la première fois dans un de ses feuilletons, en 1869. «C'est, dit-il, dans la vie ordinaire, l'art de s'offenser pour le compte des vertus qu'on n'a pas; en littérature, l'art de jouir avec des goûts qu'on ne sent point; en politique, en religion et en morale, l'art d'affecter des opinions dont on ne croit pas un mot.»
  • BENEDICAMUS. Enfant de chœur. Terme populaire: «Il s'imaginait naïvement que les vainqueurs ramenaient avec eux M. le curé, les vicaires, l'organiste, les petits benedicamus.» (Figaro, nov. 1885.)
  • BIBELOT. Argot d'imprimerie. Travaux de peu d'importance; factures, prospectus, têtes de lettre, etc.
  • BIBELOTEUR. Collectionneur; amateur de bibelots.
  • BIBELOTIER. Ouvrier imprimeur, spécialement chargé des bibelots.
  • BIBOIRE. Petit récipient en caoutchouc ou en cuir bouilli en forme de bateau et dont on se sert en voyage ou à la chasse pour boire.

Les écoliers disent coupe-gueule.

  • BIDARD. Heureux, veinard. Être bidard, avoir de la chance, réussir dans ce que l'on entreprend.
  • BIÈRE. Boîte aux dominos.
  • BIGORNIAU. Auvergnat.
  • BIJOU. Nom donné, par antiphrase, chez les restaurateurs de Paris, à toutes les dessertes des plats et des assiettes; c'est le profit des laveurs de vaisselle.» (Journal des Débats, 1876, cité par Littré.)
  • BILLARD ANGLAIS (Jouer au). Pratiquer l'onanisme.
  • BILLE DE BILLARD. Crâne dénudé et, par extension, vieillard. «Ah! mince alors! si les billes de billard se mettent à moucharder la jeunesse!...» (Meilhac et Halévy, Lolotte.)
  • BILLET DIRECT POUR CHARENTON. Absinthe pure. «L'autre jour, le patron m'a payé un billet direct pour Charenton.» (Gil Blas, 1882.)
  • BINCE. Couteau (Richepin.)
  • BISCOP. Casquette.
  • BISCUIT. Argot de joueurs. Le biscuit est une série de cartes fraudées, bizeautées que le grec a toujours sur lui pour s'en servir quand il juge le moment favorable. On dit: servir, préparer un biscuit.
  • BLANC D'ESPAGNE. Sous le nom du parti des Blancs d'Espagne, on désigne ainsi, dans le jargon politique et dans le langage de la presse, l'ensemble des légitimistes qui, après la mort du comte de Chambord, se sont ralliés à la cause du fils aîné de don Carlos, don Jayme. A cette dénomination plaisante, mise en circulation par un journaliste toulousain, les Blancs d'Espagne répondirent par cet autre sobriquet à l'adresse de leurs adversaires, partisans du comte de Paris: Blancs d'Eu. «Le parti des Blancs d'Espagne ne sera jamais sérieux.» (Ed. Hervé: Soleil, juillet 1884.) «Mr. E. Veuillot est un Blanc d'Espagne encore un peu honteux de proposer à la France de se soumettre à un étranger.» (Matin, juillet 1884.)
  • BLAFARDE. La mort.
  • BLOCKAUS. Chapeau de haute forme.
  • BLONDE, BRUNE. Verre de bière de couleur brune ou blonde. «Les garçons (de café) libérés avant leurs confrères dépouillent rapidement la veste et le tablier blanc, se mettent en civil comme ils disent, et s'en vont boire des bocks dans les brasseries attardées. Seulement, ils ne sont pas assez naïfs pour donner en s'en allant le pourboire d'usage; ils demanderaient plutôt, quand vient le quart d'heure de Rabelais, une remise sur le prix des brunes et des blondes qu'ils ont absorbées.» (Figaro, 1882.)
  • BœUF. Joli, agréable. C'est rien bœuf! dit le peuple.
  • BOISSONNEUR. Pilier de cabaret. «Que sa sœur lâchât un boissonneur comme Anatole, rien de plus naturel.» (Huysmans: Les Sœurs Vatard.)
  • BOÎTE. Argot militaire. Salle de police. Coucher à la boîte, boulotter de la boîte: être souvent puni; avoir une tête à boîte: être affligé d'une maladresse qui attire sur vous les préférences de l'instructeur.—Grosse boîte, prison.
  • BOÎTE A VIOLON. Cercueil, allusion de forme.
  • BOMBER. Frapper, battre. Argot de souteneur.

«Si tu prends des airs de bégueule,
Gare à ta peau... J'te vas bomber.»

  • BONDE. Maison centrale. «Il a filé deux ou trois berges aux bondes.» (A. Humbert: Mon bagne.)
  • BON-DIEU. «On m'avait réservé la copie d'un petit état récapitulatif des corvées du jour, dont j'avais à faire une douzaine d'exemplaires. J'en avais pour trois quarts d'heure environ... Cela s appelait des bon-dieu. Je n'ai jamais pu savoir pourquoi.» (A. Humbert: Mon bagne.)
  • BONNE! Exclamation qu'emploient les enfants dans la plupart de leurs jeux pour signifier à leur adversaire que le coup qu'il vient de jouer compte et ne saurait être annulé. (V. Mauvaise.)
  • BONNEFORTANCHE. (V. Infra Frangeuse.)
  • BON PREMIER. Argot de courses. Un cheval arrive bon premier quand il a fourni la course bien avant ses concurrents. Il est bon dernier quand il arrive non seulement le dernier, mais encore avec un retard considérable sur les autres chevaux.
  • BOOKMAKEUSE. Bookmaker femelle. «La bookmakeuse se rend aux courses en petite charrette anglaise; elle conduit elle-même, et ses commis, d'autres femmes de même tournure, occupent le siège de derrière.» (Figaro, 12 juin 1881.)
  • BORDEL. Outils, instruments, objet quelconque.
  • BOSSER. Rire, s'amuser.
  • BOSTON. Képi, chapeau, coiffure d'homme. «Restait à choisir un képi. Impossible; tous couvraient la tête jusqu'aux épaules et Pompignan dut aller jusqu'à la réserve où parmi les anciens bostons, il en trouva un qui pouvait servir.» (Revue alsacienne, juillet 1887.)
  • BOUCHE-TROU. Ecolier qui se tient prêt à remplacer un de ses camarades qu'une cause quelconque empêche de prendre part aux concours qui ont lieu entre les lycées. «L'ouverture des boîtes du grand concours réserve, parfois, des surprises étranges, comme par exemple, celle du bouche-trou remportant le prix d'honneur.» (Télégraphe, août 1885.)
  • BOUCHER LA LUMIÈRE. Donner un coup de pied dans le derrière.
  • BOUCHON. Bouteille de vin cacheté. (Richepin.)
  • BOUDINÉ. Une des dernières incarnations du gommeux. Le mot est de Richepin. «Voici que les ex-lions, les anciens dandys, les feus crevés, les ci-devant gommeux prétendent au nom élégant de boudinés. Ce vocable leur paraît rendre d'une façon imagée l'étroitesse de leur costume; il répond... à cet ensemble de tenue qui leur donne l'air de boudins montés sur pattes. (Siècle, 1883.) Encore un mot qui n'a eu qu'une existence bien éphémère.
  • BOUGIE. Argent.
  • BOUILLONNEUSE. Femme qui, dans certains restaurants, est spécialement préposée à la confection des potages.
  • BOULE DE C... Argot militaire. Idiot.
  • BOULEAU, Buche. (V. Delvau: Bucherie).
  • BOULEVARDER. Fréquenter les boulevards. «Il y a des gens à qui la science vient en boulevardant.» (Cherbuliez: Revue des Deux Mondes, 15 janvier 1876, cité par Littré.)
  • BOULOTTE. Grosse petite femme, bien en chair.

«C'est eun'boulotte, une chic artisse
Qui vous a d'la réponse, mon vieux!»

(L'entr'acte à Montparnasse.)

  • BOUM (Faire). Copuler. «Il n'ignorait certainement pas comment se pratique cette agréable chose que les petites ouvrières appellent: faire boum!» (Huysmans: Sœurs Vatard.)
  • BOURDE. Mensonge, faute grossière. «On te dit... que t'es venu coller des bourdes aux pauvres bougres.» (L'Esclave ivre, no 1.)
  • BOURRER UNE (En). Fumer une pipe. «Après déjeuner, M. Cherbuliez revient à son cabinet, et,—détail naturaliste,—allume une pipe; en bourre une, dirait Zola.» (Evénement, 1882.)
  • BOUT. Congé, renvoi.
  • BOUT-DE-CIGARE. Homme de petite taille. Argot militaire.
  • BOUTEILLE. V. Casser sa bouteille.
  • BOUTONNER. Terme de salle d'armes; toucher à coups de fleuret.
  • BRACONNER. Argot de cercle. Tricher, voler au jeu.
  • BRIDAUKIL. Chaîne d'or.
  • BRIDER. Interdire, défendre. Argot des marchands forains. «Il m'a expliqué le fonctionnement de son jeu de courses, un divertissement qui, après avoir été bridé, vient d'être débridé depuis qu'on a constaté l'impossibilité d'arnaquer.» (Temps, avril 1887.)
  • BRIFFE. Pain. (Richepin.)
  • BRINDE. Femme grande et déhanchée. «Tenez, là à gauche, regardez cette grande brinde qui s'étale, avec son nez si retroussé qu'on lui voit la cervelle.» (Chavette.)
  • BRISURE. Escroquerie.
  • BRODAGE. Ecriture.
  • BRODEUR. Escroc, faussaire. Argot des voleurs. Au sens d'écrivain public qu'ont donné à ce mot brodeur Delvau et ses continuateurs, il convient d'ajouter celui d'escroc et de faussaire. «Dans le langage spécial de la haute pègre, on désigne sous le nom de brodeurs les individus qui, moyennant une jolie pièce de vingt à quarante sous signent des valeurs de complaisance lancées dans la circulation et qui, naturellement, ne sont jamais payées.» (Figaro, octobre 1885.)
  • BRODEUR. Prêteur d'un cercle qui vous donne 10,000 francs et vous en réclame 12,000 à l'aide d'un bon, en vous soutenant effrontément qu'il vous a prêté 12,000 francs et non 10,000 francs. Vous êtes encore son obligé.
  • BROUILLARD (Faire du). Fumer. «Il n'était pas de semaine que quelques-uns ne se fissent prendre et ne payassent chèrement le court plaisir qu'ils avaient goûté à faire du brouillard.» (A. Humbert: Mon bagne.)
  • BRULANT. Foyer, feu. (Richepin.)
  • BRUTION. Élève du Prytanée militaire de La Flèche. (V. l'article suivant.)
  • BRUTIUM. Le Prytanée militaire de La Flèche. «Tout le monde connaît le Prytanée militaire de La Flèche; la règle y est grave et la discipline aussi sévère qu'au régiment même. Les classiques d'il y a cinquante ans imaginèrent que c'était là une éducation à la Brutus, d'où le terme Brutium pour caractériser l'école, d'où celui de Brutions pour qualifier les privilégiés soumis à cette éducation.» (Le Siècle, 1880.)
  • BUS. Omnibus. Mot très usité à Paris chez le peuple qui, par une anomalie étrange, fait bus du masculin et omnibus du féminin. Prendre le bus, monter en bus sont des expressions qu'on entend journellement. «—J'prends un sapin!—T'es rien tourte, Gugusse! J'ter trente-cinq ronds à c'te tête de faïence, quand pour trois jacques en bus t'en vois la farce!» (Le Monde comique, 1883.)

C

  • CABE. Elève de troisième année à l'Ecole normale.
  • CABOT. Argot militaire. Elève-cabot, élève caporal. Cabot pris absolument dans le sens de caporal est inusité. (Ginisty: Manuel du réserviste.)
  • CABRIOLET. Petite boîte servant à classer des fiches.
  • CADRE. «Le personnel du service de la police de sûreté.—Lettre supposée, écrit apocryphe. «J'estime qu'aucun de vous, quand vous en aurez pris connaissance, ne s'imaginera que c'est une lettre supposée, un cadre, comme nous disons dans notre argot de journalisme.» (XIXe Siècle, 1881.)
  • CAFARD. Argot militaire. Insecte qui travaille la tête d'un officier et le rend intolérable pour ses hommes. Par extension, l'officier lui-même, atteint de cette infirmité. (Ginisty: Manuel du réserviste.)
  • CAGE. Tête. Ne plus avoir de mouron sur la cage, être chauve.
  • CAGNE. Mauvais chien. «Dans la bonté des chiens, il y a des bizarreries inouïes; les disgraciés sont quelquefois les intelligents et, dans la même portée, il y a trois cagnes pour un bon chien.» (Carteron: Premières chasses.)
  • CAGNER. Faire la cagne; reculer devant une besogne difficile ou dangereuse. (Littré).
  • CAÏMAN. Maître, surveillant. Argot des élèves de l'Ecole normale. «Je rentrai si en retard, que le père Estiévant, le portier, qui me vendait du chocolat, fut obligé de me marquer tout comme un autre sur sa liste. Je pensais avoir une excuse et je l'exposai au caïman...» (Gaulois, 1880.)
  • CAISSE NOIRE. Fonds secrets mis à la disposition du Ministre de l'Intérieur et du Préfet de police. «Croyez-vous que l'argent de la caisse noire ne pourrait pas être plus utilement employé?» (Figaro, 1882.)
  • CALEBASSE. Secret. Vendre la calebasse, révéler le secret. (Littré.)
  • CALÉ (Être). Dans l'argot des écoles, cette expression est synonyme de savoir ses leçons, ses cours, connaître à fond les matières d'un examen.
  • CALIC. Commis de magasin de nouveautés. Abr. de Calicot.
  • CALIN. Tonnelet d'étain dont se servent les marchands de coco. Le tonnelet lui caresse, lui câline le dos. (Richepin.)
  • CALOT. Argot des commis de nouveautés: acheteur difficile, ennuyeux à servir. «Dans notre argot, nous appelons la femme qui nous énerve, un calot.» (P. Giffard.) V. Delvau. Suppl. Madame Canivet.
  • CALOTTE. Assiette creuse. Sorte de pâtisserie où il entre des confitures. «Vous vous imaginez peut-être qu'il est question de quelques petites friandises dont on nous donnait de nombreuses indigestions durant notre jeunesse et qui portaient ce nom si joli, si gracieux, si adorable de petites calottes; il y avait là-dedans des confitures.» (Gazette des Tribunaux.)—Pot de confiture ayant la forme d'une grande calotte sans anse ni oreilles. (Littré.)

«Les calottes dont nous nous entretenons sont des pots de confitures.» (Gazette des Tribunaux, avril 1874.)

  • CALYPSO (Faire sa). Faire des manières, des embarras. C'est la variante savante de faire sa tête.

«Tu peux r'tourner à ton potage!
Ah! monsieur fait sa Calypso!
En v'la z'un muf!...»
(L'entr'acte à Montparnasse.)

  • CAMBRIOLE. Boutique. (Richepin.)
  • CAMBROUSER. Servir comme domestique. (Richepin.)
  • CAMEMBERT. Montre. Argot du peuple.—«Quelle heure avez-vous à votre camembert?—Mon ca...?—Ah! c'est vrai! vous parlez correctement, vous. J'ai voulu dire votre montre.» (Vie parisienne, novembre 1883.)
  • CAMERLUCHE. Camarade. (Richepin.)
  • CAMOUFLÉ (Être). Avoir reçu les derniers sacrements. «Dès qu'il fut, suivant la pittoresque expression, camouflé, c'est-à-dire dès qu'il eut reçu le sacrement de l'Extrême-Onction...» (Humbert: Mon bagne.)
  • CAMPÊCHE. Vin. «Pourvu qu'on ait du campêche à douze sous le litre...» (Figaro, 1882.)
  • CANNE (Vieille). «Quels gens appelez-vous vieilles cannes?—Les repris de justice.» (Barron: Paris-Etrange.)
  • CANULARIUM. Argot des élèves de l'Ecole normale. Sorte d'investiture; épreuves que subissent à l'Ecole les nouveaux venus. Dans le numéro du 13 novembre 1887 du journal La Paix, M. Joseph Montet a fait une curieuse description de cette cérémonie.
  • CANULEUR. (V. Delvau, Canule.)
  • CAP (Doubler le). Faire un détour pour éviter un créancier. (V. Delvau: Rue barrée.)
  • CAPITAL. Vertu, virginité de la femme. Le mot a été créé par M. Alexandre Dumas. «Généralement, c'est une femme dont le capital s'est perdu depuis de longues années.» (Théo-Critt: Nos farces à Saumur.)
  • CAPONNER. Argot des écoles. Rapporter au maître les fautes de ses condisciples.
  • CARABINIER DE LA FACULTÉ. Pharmacien.
  • CARFOUILLER. Fouiller jusqu'au fond, dans tous les sens. «Il délibéra longtemps avec lui-même pour savoir... s'il lui carfouillerait le cœur avec son épée ou s'il se bornerait à lui crever les yeux.» (Figaro, 1882.)
  • CAROTTAGE. (V. Delvau: Carotte.)
  • CAROUBLAGE. Sorte de vol. (V. Delvau: Caroubleur.)
  • CARPE (Faire la). S'évanouir, se pâmer.
  • CARRÉ. Elève de seconde année à l'Ecole normale.
  • CARTOUCHIÈRE A PORTÉE. Réservoir de cartes que les grecs placent sous leur gilet et où ils trouvent classées et numérotées toutes les portées possibles.
  • CASER. Abrév. de casernement. Argot des élèves de l'Ecole Polytechnique.
  • CASQUEUR. Argot des coulisses. Le public payant, par opposition aux billets de faveur et au service de presse.
  • CASSER SON LACET. Abandonner sa maîtresse, rompre toutes relations avec elle. «Alors, c'est dit, nous cassons notre lacet?» (Huysmans: Les Sœurs Vatard.)
  • CASSER (A tout). Considérable, fantastique, inouï. «Le public voit la quatrième page de son journal occupée par la réclame à tout casser du grand bazar.» (Giffard: Les grands bazars.)
  • CASSER SA BOUTEILLE. Expression populaire datant de l'année 1885; c'est vouloir se donner de l'importance, se gonfler, se faire aussi gros que le bœuf... et n'y point réussir.
  • CASSEROLE. Prostituée. «La casserole en argent est celle qui constitue à son amant de cœur un revenu quotidien de vingt à cinquante francs.» (Réveil, juin 1882.)
  • CASTAPIANNE. Blennorrhée. Argot militaire.
  • CASTORISER (Se). Argot des officiers de marine. Ne pas embarquer; rester sur le plancher des vaches, pourvu d'un poste soit au ministère, soit autre part.
  • CATO. Maîtresse. «Alors comme il (le souteneur) n'a plus d'argent, il en demande à sa cato qui devient rapidement sa marmite.» (Voltaire, 1881.)
  • CAVALERIE (Grosse). Cureurs d'égout. Allusion à leurs bottes.
  • CAVALIER SEUL. Danse plus ou moins échevelée qu'on exécute seul, dans un quadrille, en face des trois autres personnes qui complètent la figure. «Peu à peu, elle se laissa aller à exécuter un étourdissant cavalier seul.» (Vie Parisienne, 1881.)
  • CAVIAR. Ce mot, sans doute trouvé dans un restaurant à la mode, avait la prétention de détrôner V' lan, Pschutt et Bécarre, tous vocables aussi idiots d'ailleurs et synonymes d'élégance, de chic. Comme ses aînés, Caviar n'a point eu de succès; il est mort en bas-âge. «On dit d'une demoiselle ultra-chic qu'elle est on ne peut plus Caviar.» (Charivari, 1886.)
  • CENTRAL. Bureau télégraphique de la place de la Bourse, à Paris. Argot des employés du ministère des Postes. Être nommé au Central.—Elève de l'Ecole centrale; un central, des centraux. «Les élèves de l'Ecole centrale se sont livrés hier à une fantaisie que la police a eu le bon goût de ne pas gêner... Les centraux se sont réunis sur la place de la Bastille, et, se formant en monome...» (Rappel, 1881.)
  • CENTRIOT. Surnom, sobriquet, «Il a surtout le génie des centriots (surnoms). C'est lui qui a donné à un pâle gringalet, mauvaise langue et joueur de méchants tours... le joli surnom de Fleur de teigne.» (Humbert: Mon bagne.)
  • CERISE. Ouvrier maçon des environs de Paris (Littré). «Messieurs, ce n'est pas là une appellation insultante; nous appelons marchands de cerises, les ouvriers de la banlieue de Paris, ceux qui nous environnent.» (Nadaud: Journal officiel.)
  • CERISIER. Petits chevaux de louage, ainsi nommés parce qu'ils portent ordinairement les cerises de Montmorency aux marchés de Paris. «Sterny sur un cerisier, Sterny en compagnie d'une grosse dame à âne.» (Soulié: Le Lion amoureux.)

«Les Cerisiers de Montmorency sont les petits chevaux pacifiques qu'on loue pour se promener dans les environs; autrefois, ils transportaient des cerises; de là leur nom.» (Rappel, 1874. V. Littré.)

  • CHABROL. Mélange de bouillon et de vin.
  • CHA-FUST. Cours de machine professé à l'Ecole navale. Argot de l'Ecole. «Chacun de ces cours, outre son titre officiel, porte un nom spécial pour les élèves du Borda. Le cours de machine est le cha-fust, mot formé par onomatopée... Naturellement les professeurs empruntent leur titre au nom du cours.»

On dit: le chafustard... (Illustration, septembre 1885.)

  • CHAIREZ! Hardi! Courage! Cette interjection se trouve dans l'ouvrage d'Alph. Humbert intitulé: Mon bagne.
  • CHALEUR! Exclamation qui sert à marquer la surprise, le mépris, l'intention de ne pas faire telle ou telle chose. S'emploie toujours ironiquement; elle est synonyme de Maladie! ou de ça ne serait pas à faire! «Dans le Casino susdit, on jouerait le baccarat et les dames seraient admises! Oh! chaleur!» (Le Joueur, 1881.)
  • CHAMBARD. Bruit, tapage, «Il est de tradition à l'Ecole (Polytechnique) que, à la rentrée, les anciens démolissent les meubles des nouveaux, jettent leurs oreillers et leurs matelas par les fenêtres et dispersent leurs affaires. C'est ce qu'on appelle faire le chambard.» (Temps, 1881.)
  • CHAMBARDEMENT. Renversement, bris.

«Gambetta, vil objet de mon ressentiment,
Ministres ennemis de tout chambardement,
Sénateurs que je hais...»
(Événement, 1881.)

  • CHAMBARDER. Faire du bruit, du chambard. «Vous aurez la complaisance cette année de ne pas tout chambarder dans l'Ecole (Polytechnique), comme vous en avez l'habitude...» (XIXe Siècle, 1881.)

On dit familièrement en Bretagne chambarder pour: remuer, bousculer quelqu'un ou quelque chose. (V. Delvau: Chambarder.)

  • CHAMBRER. Perdre, voler. Argot des grecs.
  • CHAMP. Argot de sport. L'ensemble des chevaux qui se présentent pour figurer dans la même épreuve. Parier pour un cheval contre le champ, c'est parier pour un cheval contre tous ses concurrents. (Littré.)
  • CHAMPS. Champs-Elysées. Argot des filles, des souteneurs et de toute la population interlope qui, la nuit venue, fait élection de domicile aux Champs-Elysées.
  • CHAND, CHANDE. Marchand, marchande.
  • CHANDELLE (Faire une). Lancer une balle en hauteur de telle sorte qu'elle puisse facilement retomber dans les mains des joueurs. Argot des enfants. Allusion à la chandelle romaine, sorte de fusée.
  • CHANDELLE (Faire fondre une). Boire une bouteille de vin. «La chiffonnière faisait alors un bout de toilette avant d'aller faire fondre une chandelle dans le sous-sol du père Grandesomme.» (Réveil, 1882.)
  • CHANDELIER. Souteneur de filles. «Dans l'argot des voleurs, un chandelier signifie un souteneur de filles.» (Figaro, janvier 1886. V. Infra: Relever le chandelier.)
  • CHANOINE. Récidiviste des maisons centrales.
  • CHAPEAU. Homme de paille, remplaçant sans titre sérieux. «Ce ne sont pas des chapeaux que j'ai laissés à mon siège d'administrateur (de compagnie financière), mais bien des titulaires réels.» (Journal officiel belge, mars 1874, cité par Littré.) Cet emploi vient de l'habitude, dans les bals, de marquer sa place en y laissant son chapeau.
  • CHAPELLE. Coterie.
  • CHARGER. Verser du vin, remplir un verre de liquide. «Charge-moi vite une gobette de champoreau.» Traduction: Sers-moi un verre de café additionné d'eau-de-vie. (Réveil, 1882.)
  • CHARRETÉE. (En avoir une). Être complètement ivre.
  • CHARRIER. Chercher à savoir.
  • CHARRIEUR, adj. Curieux.—Subst. Individu qui se tient aux abords de certains cercles pour le compte desquels il racole les joueurs. «Ces nobles personnes ont toujours deux ou trois grecs à leur solde. Elles ont aussi des charrieurs et des charrieuses qui sont chargés de rabattre les pigeons.» (Henri IV, 1881.)
  • CHARTREUSE DE VIDANGEUR. Demi-setier de vin rouge.
  • CHASSELAS. Vin. «Je prendrais bien quelque chose de chaud. Est-ce qu'il y a du chasselas sur le feu, madame Antoine?» (Huysmans: Sœurs Vatard.)
  • CHASSEUR. Domestique, petit groom qui, dans les cafés et restaurants bien tenus, est à la disposition des consommateurs, pour faire leurs commissions.
  • CHATEAU. Abrév. de Châteaubriand. (V. Delvau.)
  • CHATON. Petit chat. Individu charmant. (Richepin.)
  • CHATOUILLAGE AU ROUPILLON. Vol au poivrier.
  • CHATTE. Pédéraste. Argot des voleurs. Terme injurieux que s'adressent les enfants des rues.
  • CHAUFFER UN ÉLÈVE. Lui appliquer des moyens d'instruction qui hâtent ses connaissances aux dépens du développement total. (Littré.) «Il ne réussit qu'après avoir été chauffé dans une maison spéciale, par un professeur qui lui mâchait ses devoirs.» (Pellerin: Le roman d'un blasé.)
  • CHEF DE CALOTTE. «Dans les pensions militaires, on appelle chef de calotte le plus ancien et le plus élevé en grade des officiers qui mangent ensemble...» (H. Malot: Le lieutenant Bonnet.)
  • CHEMISE RONDE. Argot des troupiers qui désignent ainsi le civil, l'individu qui n'est pas soldat. Engager dans les chemises rondes, ne pas s'engager ou se réengager, rester dans la vie civile.
  • CHEVAL DE CORBILLARD (Faire son). Faire le malin, poser.
  • CHEVALIER DU BIDET. Souteneur.
  • CHEVEU. Argot des coulisses. Mot dit pour un autre quand la langue vous fourche: «Majesté, votre sire est bien bonne!»—Travail difficile, ennuyeux.—Voilà le cheveu; voilà la difficulté.
  • CHEVEUX (Se faire des). S'inquiéter, se tourmenter.
  • CHIBIS! Attention!
  • CHIEN (Faire le). Dans l'argot des cordons bleus, c'est suivre Madame au marché avec un panier dont, en pareil cas, on ne peut faire danser l'anse. «Une cuisinière à une de ses amies: Du moment qu'on ne fait pas le chien, la maison me va!» (Figaro, 1882.)
  • CHIER. Mot élégant qu'emploient les enfants qui, jouant aux billes, manquent leur coup. J'ai chié, je n'ai pas attrapé la bille.
  • CHIER DANS LA VANETTE. Argot militaire. Être sans gêne.
  • CHIFFONNAGE. Le contenu de la hotte du chiffonnier. «On trouva une quantité étonnante de chiffonnage dans les trois hottes.» (Clairon, 1881.)
  • CHINAGE. Action de faire la chine.—Plaisanterie.
  • CHINE. Sorte de vol.
  • CHINER. Travailler. (Richepin.)—Plaisanter.
  • CHIOTTES. Cabinets d'aisances.
  • CHIPOTER. Être regardant, liarder. «Il doit également ne jamais chipoter sur le prix des consommations.» (Frondeur, 1880.)
  • CHIQUE (Coller sa). Argot des enfants qui se servent surtout de cette expression au jeu dit de saute-mouton. Colle ta chique et fais le mort.
  • CHOCOLAT. Naïf, crédule. Argot des voleurs et principalement des joueurs de bonneteau. «Ils (les bonneteurs) s'associent à trois: celui qui fait le chocolat et qui est chargé de commencer la partie, de l'allumer en jouant; l'enquilleur ou lourdier qui tient la portière de la voiture, invitant les voyageurs à monter dans le compartiment, et, enfin, le patineur, qui monte lorsqu'il n'y a plus qu'une place et qui doit tenir les trois cartes.» (Temps, 1886.)
  • CHOLÉRA. Débris de fromages. Argot du peuple.

—Que désire monsieur?

«—Deux sous de choléra, s'il vous plaît!

«On peut entendre cette demande et cette réponse s'échanger chez certains marchands de fromage, soit aux alentours des halles, soit dans les grands quartiers populeux.

«Or, qu'est-ce que le choléra? Ce sont les rognures, les bribes, les miettes des divers fromages que les marchands recueillent à la fin de chaque journée à l'étalage et sur les tables de service.» (Figaro, oct. 1886.)

  • CHOUTER. Caresser. (Richepin.)
  • CIBOULOT. Tête. Argot du peuple.
  • CINQ A SEPT. Argot des gens mondains. Réceptions, visites entre intimes. Elles ont lieu avant le dîner, de cinq à sept heures du soir. «Madame du Deffand qui fut une des fondatrices de ce que nous appelons de nos jours des cinq à sept. (Gaulois, 1882.)
  • CINTIÈME. Casquette à ponts. (Richepin.)
  • CIRAGE. Eloge; réclame élogieuse, compte rendu sur le mode dithyrambique.
  • CIRER. Faire un éloge outré de quelqu'un ou de quelque chose.
  • CITADELLE (Grande). Gardien-chef dans une prison. Argot des malfaiteurs. «Il paraît que, dans le Dictionnaire de la prison, grande citadelle signifie gardien chef.» (Gazette des Tribunaux, août 1883.)
  • CITROUILLE. Argot militaire. Cavalier-dragon.
  • CLAQUE. Claque-dents. Restaurant de bas étage.
  • CLAQUE-PATIN. Individu dont la savate claque contre le talon. (Richepin.)
  • CLEF (Perdre sa). Avoir la colique.
  • CLEPTOMANIE, «On imagina le mot de cleptomanie, ou manie du vol, pour désigner l'état de ces voleuses maladives.» (Giffard: Les grands bazars.)
  • CLICHÉ (Tirer son). Argot des typographes. «Quand un compositeur fait une réplique ou un propos toujours le même, on dit: c'est un cliché. Tirer son cliché est synonyme d'avoir toujours la même raison à objecter, dire constamment la même chose.» (Typologie-Tucker, juin, 1886.)
  • CLIGNOT. Œil. Baver des clignots. Pleurer.
  • CLIQUE. Argot militaire. Le soldat qui joue du clairon.—Musique militaire.
  • CLIQUETTE. Oreille.
  • COCASSE. Drôle, amusant.
  • COCOTER. Faire la cocote, la fille galante.
  • COL-DE-ZING. Qualificatif qu'avaient reçu il y a deux ans les jeunes élégants. Le mot n'a pas vécu. «Gaston de Chauvigné, un de nos cols-de-zing les plus affirmés...» (Charivari, avril 1887.)
  • COLLER UNE DOUCE (Se). Se masturber. Rigaud dit: Se coller un rassis.
  • COLLETINER. A aussi, dans le peuple, le sens plus étendu de porter un fardeau quelconque.
  • COLON (Petit). Argot militaire. Abréviation de lieutenant-colonel.
  • COLTINEUR, EUSE. Fainéant, mauvais ouvrier. «C'est sûrement pas pour des coltineuses de votre espèce qu'on ferait des sacrifices!» (Huysmans: Sœurs Vatard.)
  • CON. Monosyllabe injurieux que le peuple a constamment à la bouche et qu'il emploie à propos de tout et à propos de rien.
  • CONDÉ. Influence. «Ils avaient accaparé les meilleurs postes, ceux qui procurent le plus de condé (influence). (Humbert: Mon bagne.)
  • CONFORTABLE. Verre de bière.
  • CONNAÎTRE DANS LES COINS (La). C'est la variante de l'expression citée par Delvau: Connaître le numéro.
  • CONSCRAR. Elève de première année à l'Ecole Polytechnique. «C'est la première chose que les anciens apprennent aux conscrars lorsqu'ils arrivent à l'école.» (Gil Blas, 1882. V. Delvau: Conscrit.)
  • CONSCRIT. Normalien de première année.
  • CONSOLATION. Jeu de hasard à l'usage des filous. «Au lieu du rendez-vous, on jouait la consolation, partie qui consiste à diviser un tapis vert en cases, au moyen de lignes tracées à la craie, à numéroter chaque compartiment depuis un jusqu'au chiffre maximum que peuvent produire un certain nombre de dés et à payer enfin à chaque individu le montant de la mise qui se trouve dans la case que désigne la somme des points amenés par le coup de dés.» (La Loi, 1882).
  • CONSULTER LAROUSSE, ou, pour parler plus clairement: consulter le Dictionnaire rédigé par M. Larousse. Argot des écoles. Je vais consulter Larousse à la bibliothèque, disent à leurs parents les jeunes collégiens de seize à dix-huit ans. Et au lieu de se rendre à la bibliothèque Sainte-Geneviève ou dans un cabinet de lecture, ils s'en vont tout droit... à la plus proche brasserie desservie par des femmes. «Les tout jeunes gens y vont (dans ces brasseries) sous prétexte de boire un bock et de consulter le Dictionnaire Larousse. Aujourd'hui, ces deux mots: Consulter Larousse ont, dans le langage des lycées, un sens sur lequel je n'ai pas besoin d'insister.» (La Ligue, juillet 1885.)
  • CONTER QUELQUE CHOSE AU PERRUQUIER DES ZOUAVES. Argot militaire. Ne pas croire à cette chose.
  • COPURCHIC. Elégant, homme qui donne le ton à la mode. Ce mot, un des derniers mis en circulation, vient de «pur» et de «chic», le premier indiquant la perfection absolue du second. La syllabe co ne vient là que pour l'euphonie. «Le copurchic ne parle plus argot; il se contente de parler doucement, lentement...» (Figaro, 1886.) «Le petit vicomte de X, un de nos plus sémillants copurchics...» (Gil Blas, juillet 1886.)

De copurchic est dérivé copurchisme qui désigne l'ensemble des gens asservis à la mode. «Les élégantes de copurchisme veulent, elles aussi, donner une fête au profit des inondés.» (Illustration, janvier 1887.)

  • COQUEMART. Chaudron. (Richepin.)
  • COQUILLARD. Œil. S'en tamponner le coquillard, s'en battre l'œil, s'en moquer.
  • CORBILLARD DE LOUCHERBEM. «Et voici, pour corser tous ces parfums et leur donner la note aiguë, voici passer au galop le corbillard de loucherbem, l'immonde voiture qui vient ramasser dans les boucheries la viande gâtée.» (Richepin.)
  • CORIO. Fontaine. Argot des élèves de l'Ecole Polytechnique. C'est le général Coriolis qui fit installer des fontaines dans les cours de l'Ecole.
  • CORPS DE POMPE. L'ensemble des professeurs de l'Ecole de Saint-Cyr. «Ceux qui savent quelques bribes de dessin, pochent en quatre traits la caricature du corps de pompe.» (Maizeroy: Souvenirs d'un Saint-Cyrien.)
  • CORRECTEUR. Argot des établissements pénitentiaires. Détenu qui est chargé d'exercer une surveillance sur ses camarades.
  • COSTUME (Faire un). Argot théâtral. Applaudir un acteur dès son entrée en scène et avant même qu'il ait pu prononcer une parole.
  • COTE. Terme de course. Tableau sur lequel les bookmakers indiquent les alternatives de hausse et de baisse qui ont lieu sur les chevaux qui prennent part à des courses. «Les paris à la cote sont les seuls autorisés, depuis que les paris mutuels, reconnus jeux de hasard ont sombré par-devant la police correctionnelle.» (Carnet des courses.)
  • CÔTIER. Cheval de renfort. Homme qui le conduit. «Plus curieux encore sont les côtiers, c'est-à-dire les chevaux de renfort pour les montées.» (Estafette, 1882.)
  • COUCHE (En avoir une). Sous-entendu, de bêtise. Être inintelligent.
  • COUDE (Ne pas se moucher du). Se faire valoir. Expression ironique.
  • COUP (Valoir le). Mériter attention. Valoir la peine.
  • COUP DE CACHET. «Un jeune premier suivant le cœur de M. Zola... a sournoisement introduit un couteau entre les épaules de son rival... en imprimant à son arme, s'il en faut croire l'acte d'accusation, un mouvement de rotation destiné à donner au coup une force inévitablement mortelle. C'est ce que M. Huysmans appelle le coup de cachet.» (L. Chapron.)
  • COUPE-FILE. Carte délivrée par la Préfecture de police aux membres du corps diplomatique, aux ministres, aux personnages de distinction et qui sert à couper les files de voitures, à circuler ou à stationner dans des endroits où le public ne peut ni circuler, ni stationner.

«Tu ne verras pas, conduisant

Leur bois peint, tout frais reluisant,

Un groom en croupe,

Avec un coupe-file, au Bois,

Des gens qui faisaient autrefois

Filer la coupe!»

(Clairon, 1882.)

  • COUPE-GUEULE. V. Biboire.
  • COUPER DANS LE CEINTURON. Même signification que Couper dans le pont. (V. Delvau.) «Une vieille ambitieuse qui est simple marchande des quatre saisons, et que j'ai coupé dans son ceinturon.» (Gazette des Tribunaux, 1881.)
  • COUPER LA VERTE, L'ALFA. Argot militaire. Boire de l'absinthe.
  • COURRIER DE LA PRÉFECTURE. Voiture cellulaire.
  • COUTURES (Rabattre les). Battre. Argot des écoliers. «Selon l'usage, on voulut commencer par lui rabattre les coutures, c'est-à-dire le brimer à coups de poing.» (A. Theuriet: Michel Verneuil.)
  • COUVERTURE.—Dans le jargon militaire, la couverture, mot tout récent, signifie l'ensemble des troupes et des ouvrages de fortification qui couvrent une frontière et sont destinés à soutenir un premier choc. «Surtout ne dites pas que le général Février a le commandement de la couverture.» (Figaro, mars 1887.)
  • CRAMPONNER (Se). Être saisi d'étonnement, d'admiration. Cramponne-toi, Gugusse, est une phrase ironique que le peuple emploie souvent en s'adressant à quelqu'un pour l'avertir qu'il va voir ou entendre quelque chose d'extraordinaire.
  • CRAN. (Se serrer d'un). Se priver de. Se serrer le ventre, ne pas manger à sa faim.
  • CRAYON. Commis boursier, employé d'agent de change, «Habile, finaud, un des malins crayons de la coulisse, Luzy n'avait pas le grand flair de Blancheron.» (De Goncourt: La Faustin.)
  • CRAVACHE (Être à la). - On se sert aussi de cette expression d'abord pour exprimer l'état de quelqu'un qui, riche, se trouve dans une situation sinon précaire, tout au moins bien au-dessous de celle qu'il possédait, au point de vue de la fortune s'entend. «La nouvelle du jour est le mariage d'une demi-mondaine très décatie, mais fort riche, avec un clubman très titré, mais fortement à la cravache depuis le krack.» (Gil Blas, juin 1887.)
  • CRÉTINISÉ (Être). Être ébaubi, stupéfait d'admiration, «—C'est la plus belle créature de notre temps.—J'en suis crétinisé!» (Vie Parisienne, 1882.)
  • CREVANT. Très drôle, à crever de rire.
  • CROIX DE DIEU. Alphabet. «Je connaissais la croix de Dieu. La croix de Dieu, vous le savez, n'est rien moins que l'alphabet avec une belle croix au commencement.» (B. Pifteau.)
  • CROTAL. Sergent à l'Ecole Polytechnique. «L'on s'installe par demi-section présidée par un crotal. Le crotal c'est le sergent.» (Gil Blas, juin 1882.)
  • CROTTARD. Trottoir. V. plus bas Magasin.
  • CUIRE (Se faire). Se faire arrêter.
  • CUL LEVÉ. Partie d'écarté à trois où deux des joueurs s'entendent pour dépouiller le troisième.
  • CULASSES MOBILES (Revue des). Argot militaire. Inspection médicale qui a lieu tous les mois.
  • CULBUTANT. Pantalon. (Richepin.)
  • CULOTTE ROUGE (Donner dans la). Choisir ses amants dans l'élément militaire.
  • CYLINDRE. Chapeau haute forme.

D

  • DANDÉE. Coup, frottée. (V. Delvau: Dandinette.)

«Qui a composé cette chanson?

C'est un Cotric tourangeau

Par joie et satisfaction

D' la dandée de ce Morvandiau.»

(Chanson, 1884.)

  • DANSE. Puanteur. (V. Delvau, Danser.)
  • DARIOLE. Pâtisserie commune. Darioleur: pâtissier.
  • DAVID. Casquette de soie. Du nom du bon faiseur. «Parlant argot, portant les rouflaquettes bien cirées, la blouse de fil tirée aux épaules, le David crânement posé sur le front...» (Humbert: Mon bagne.)
  • DÉBALLER DES FONDS DE CHAPEAUX (Faire). Ennuyer, obséder quelqu'un, dans l'argot des placiers et des commis voyageurs.
  • DÉBECTANT. Ennuyeux, désagréable. «Mentor qui connaissait tout le fourbi, dit alors à Télémaque: C'est débectant, mais au fond, ça ne fait rien...» (A. Leroy: Les mistouf's de Télémaque.)
  • DÉBECQUETER. Vomir.
  • DÉBOULER. Accoucher.
  • DÉBOUCLEUR DE LOURDES. Voleur qui a la spécialité de fracturer tes portes.
  • DÉBOURRER. Jargon des maquignons. Cheval débourré, cheval qui a perdu l'embonpoint factice qu'on lui avait donné pour le vendre. «Au bout de quelque temps, les fraudes se découvrent, l'embonpoint factice s'affaisse, les côtes reparaissent, et la bête est ce qu'on appelle débourrée...» (Siècle, 1867. Cité par Littré.)
  • DÉBRIDER. Autoriser, permettre. Argot des forains. (V. supra, Brider.)
  • DÉBROUILLE. Argot des enfants. Débarras. S'emploie surtout dans le jeu de billes. Quand devant une bille visée se trouve un obstacle quelconque, un caillou, du sable, l'enfant qui vise s'écrie: débrouille! et aussitôt il ôte l'objet qui le gênait, à moins que son camarade n'ait crié avant lui: sans débrouille!
  • DÉCARREMENT. Evasion. (V. Delvau: Décarrade.)
  • DÉCATISSEMENT. Mot plus trivial qu'argotique et synonyme de décrépitude, d'affaiblissement. «De là,—toujours style des jolis gommeux,—ce décatissement inouï, accompagné de phénomènes comateux...» (De Montépin: Sa Majesté l'Argent.)
  • DÉCIMADORÈS. Cigare de dix centimes. «—Cochon de cigare!—En voulez-vous un autre?—Volontiers. Les miens sont pourtant d'une bonne marque; des décimadorès de choix!» (Charivari, juillet 1884.)
  • DÉCOLLER (Se). Manquer, ne pas réussir, ne pas avoir lieu. «Voilà que le banquet du 13 se décolle!» (Bataille, 1882.)
  • DÉCULOTTER. Faire faillite.
  • DÉFLAQUE. Excrément. (Richepin.)
  • Déglinguer. Détériorer.
  • DÉGOMMER. Mourir. Dégommé, mort. Quart des dégommés, commissaire des morts.
  • DÉGRINGOLER DE LA MANSARDE. Sentir mauvais de la bouche.
  • DÉGRINGOLEUR, EUSE. Voleur, euse. «Malgré la réputation de dégringoleuse de la prévenue, le vol du chronomètre n'a pas été suffisamment établi à sa charge.» (Gazette des Tribunaux, août 1884.)
  • DÉGUEULATOIRE. Repoussant, dégoûtant, qui donne envie de dégueuler.
  • DÉGUEULADE, DÉGUEULAGE, dégueulis. Vomissement. Dégueulage a aussi, dans le peuple, le sens de cravate.
  • DEMI-CASTOR. «Demi-castor est devenu un terme courant sous lequel on désigne une personne suspecte, équivoque, sous des dehors soignés; mais en grattant le castor on trouverait le lapin.» (Figaro, janvier 1887.)
  • DEMI-POIL. Demi-vertu. «Allez donc établir une distinction quelconque entre une marquise célébrée par les reporters de salon et une fille de demi-poil.» (L. Chapron.)
  • DEMI-TOUR. Jargon des élèves de l'école de Saint-Cyr. Le demi-tour est une sorte de brimade qui consiste à jeter bas de leurs lits les nouveaux élèves et à renverser leur literie. «Le soir, les élèves se livrèrent à ce qu'ils appellent le demi-tour.» (Evénement, juillet 1884.)
  • DÉPOTER. Accoucher. «Une tante qui, sans être sage-femme, était experte en ce genre d'ouvrage, dépota l'enfant.» (Huysmans: A vau-l'eau.)
  • DÉRAILLER. Divaguer.
  • DÉROBER. Argot de turf. Un cheval se dérobe quand il s'écarte de la piste.
  • DESCENDRE. Expression théâtrale en usage dans les répétitions. C'est aller dans la direction de la rampe.—Terme de turf; quand un cheval appelé à courir acquiert une plus value, on dit qu'il descend, parce qu'en effet la proportion dans laquelle on pariait contre lui tombe. Ainsi, un cheval qui hier était coté à 7 contre—1, et qui est aujourd'hui à 5 contre—1 est un cheval qui descend (Littré.)
  • DESCENDRE DES TRAVAUX. Argot ouvrier. Travailler d'arraché pied. «Le patron avec qui nous avons traité... était étonné de la façon dont nous avons descendu les travaux...» (Enquête de la Commission extra-parlementaire des associations ouvrières.)
  • DÉTACHÉ. Argot de sport. Qui est en avant des autres chevaux. Tel cheval est arrivé second, mais il était complètement détaché du reste du champ, c'est-à-dire qu'à l'exception du vainqueur, tous ses rivaux étaient loin derrière lui.
  • DÉTAR. Veston. Argot du peuple.
  • DEUIL (Très). Homme du monde ou mieux voulant se faire passer comme tel. Le mot, d'usage boulevardier, n'a fait qu'une courte apparition en 1886. Il faisait allusion au deuil porté avec ostentation par certaines personnes à l'occasion de la mort de la comtesse de Chambord.
  • DEUX GALONS. Lieutenant. Argot militaire. «Comment, disait-on, un médecin de deuxième classe qui n'a que le grade de lieutenant dans l'armée, un deux galons va commander des amiraux!» (Evénement, juin 1884.)
  • DÉVISSER (Se). «C'était l'école préparatoire de Sainte-Barbe qui dévissait. Et pourquoi dévissait-elle l'école préparatoire? Parce que beaucoup d'élèves étaient mécontents de ce que quelques-uns de leurs camarades avaient été renvoyés...» (Constitutionnel, février 1883.)
  • DIFFICULTÉ. Argot de sport. Être en difficulté, se dit d'un cheval qui a de la peine à garder son avance. «Au dernier tournant Gladius était en difficulté pour conserver son rang à côté de Bivouac qui prenait le dessus.» (Journal officiel.)
  • DISCRÉTION. Pari. «Des paris gagnés ou perdus qui, le plus souvent, prennent la forme compromettante et le titre étrange de discrétion.» (Indépendance belge, 1868.)
  • DISQUALIFIÉ. Argot de turf. Cheval disqualifié, cheval mis hors concours par suite d'une infraction au règlement commise par son propriétaire ou par son jockey. (Littré.)
  • DISTINGUÉ. Verre de bière.
  • DOMINO. (V. Retaper le domino.)
  • DONNER (La). Penser, croire, juger. Argot des voyous.
  • DONNER DU CHASSE A LA ROUSSE. Faire le guet.

«Tu donneras du chasse à la rousse, au moment
Où le patron fera son petit boniment.»
(De Caston: Le Voyou et le Gamin.)

  • DONNER DU FLAN, DE LA GALETTE. Argot des grecs. Jouer honnêtement.
  • DORÉE (Petite). Femme de mœurs légères. Ce mot lancé vers l'année 1884 n'a point été adopté et a duré autant que la mode qui, à cette époque aussi bien pour les femmes honnêtes que pour celles qui ne le sont pas, était de porter des vêtements brodés, soutachés, pailletés d'or. «On a déjà débaptisé certaines parisiennes qu'on appelait hier encore des horizontales; le nom qu'elles portent est les petites dorées.» (Temps, octobre 1885.) «Le Soir a pris pour des ouvrières les petites dorées, autrement dit: les cocottes.» (Bataille, novembre 1884.)
  • DRAINER. Ruiner. Le mot est expressif et fait image. «—Il se fera remisier ou il vendra des lorgnettes.—A moins qu'il n'épouse Coralie quand elle aura drainé le planteur et le fils du fabricant.» (Du Boisgobey: Paris-Bandit.)
  • DRAP MORTUAIRE. Filet. Argot des braconniers. «La perdrix grise est ensevelie chaque jour dans le drap mortuaire.» (France, octobre 1885.)
  • DRINGUE. Vêtement, redingote.
  • DUC. Grande voiture se rapprochant de la victoria. Le ducest à deux places avec un siège par derrière et un par devant pour deux domestiques sur chaque.—Petit chapeau rond, de la forme du melon et que portent les souteneurs qui ont des prétentions à l'élégance.
  • DUVAL. Argot des filles. On désigne ainsi les petites mendiantes,bouquetières ou autres qui, arrêtées par les agents, sont depuis le préfectorat de M. Ferdinand Duval placées à Saint-Lazare, dans un local spécial bien entendu, et cela jusqu'à leur majorité à moins que leurs parents ne les viennent réclamer.

E

  • EAU DE SAVON. Absinthe. Argot du peuple.
  • EAUX GRASSES (Être dans les). Occuper une haute situation dans une administration.
  • ÉCAILLÉ. Souteneur. Allusion aux écailles de poisson.
  • ÉCOLE PRÉPARATOIRE. Prison.
  • ÉDUQUER. Elever, instruire, donner de l'éducation. «Nous sommes trop bien éduqués pour refuser de boire un petit verre à votre intention.» (De Montépin.)
  • EFFONDRER. Battre, assommer. Argot du peuple. «Te souviens-tu de cette lutte en plein champ? Pauvre garçon, avec tes vingt-cinq ans, j'en aurais effondré quatre comme toi.» (Belot et Dantin: Le Parricide.)
  • ÉGAILLER LES CARTES. Les étaler. Argot des cercles.
  • ÉGRENÉ. «Quand on (un journal) est installé, c'est d'une simplicité extrême... Pour le Clairon, il a fallu, durant ces premiers jours écrire les bandes à la main, les affranchir et les porter au bureau central d'où elles partent individuellement au lieu de partir par paquets. On appelle cela le service des égrenés et le service des égrenés se fait après le service des classés. (Clairon.)
  • ÉLECTEUR. Client,—dans l'argot des commis voyageurs. Quand la tournée a donné de bons résultats, l'électeur a bien voté; si les commandes ont été rares, il a mal voté.
  • ÉLECTEUR (Se mettre en). Argot de caserne. C'est, pour le soldat, revêtir des habits civils.
  • ÉLÉPHANT. Argot du Quartier latin. On appelle ainsi l'étudiant en médecine à la veille de passer sa thèse ou le jeune docteur qui suit bénévolement les cours d'un professeur dans un hôpital.
  • EMBAU. Embauchage. Argot des ateliers. «Vous savez bien, aux environs de l'Hôtel de Ville, là où il y a de si grandes places que les ouvriers sans travail arrivent à s'y tasser, attendant l'embau.» (Cri du peuple, août 1884.)
  • EMBAUCHE. Travail, ouvrage, emploi quelconque. Terme populaire. Pourquoi avoir laissé tomber dans le bas langage ce mot parfaitement usité au XVIIe siècle? «Viens avec moi; mon frère a un peu de galette; nous le taperons de quelques ronds et nous irons chercher de l'embauche.» (Gagne-petit, avril 1886.)
  • EMBAUMÉ. Jeune homme élégant dans le jargon parisien. L'embaumé est le descendant direct du faucheur qui, lui-même, succédait au bécarre qui descendait des boudinés, grelotteux et autres pschutteux. Embaumé qui donnait assez bien l'idée du jeune élégant pommadé, mais exsangue, fit fureur pendant la saison d'été 1885-1886 et a été détrôné à son tour par de nouveaux vocables, «De la Bastille à la Madeleine, l'embaumé règne en maître absolu.» (Voltaire, décembre 1885.)
  • EMBOÎTER. Insulter.—Se faire emboîter, argot théâtral, être sifflé.
  • EMBOUCANER (S'). S'ennuyer. Argot des voyous.
  • EMBUSQUÉ. Argot militaire. Soldat dispensé, en raison de fonctions spéciales, du service commun. «Pas plan de carotter la revue, tous les embusqués, soldats de cantine, garçons du mess, secrétaires du major, tout le monde est là.» (Monde comique, no 195.)
  • ÉMÉCHEUR DE PARTIES. Certains fondateurs de cercles ou maisons de jeux réunissent un capital qui leur sert à spéculer sur les petits pontes qu'ils gagnent presque toujours. En argot des joueurs, on nomme ceux qui se livrent à des opérations de ce genre des voraces ou des émécheurs de parties.
  • ÉMOUSSÉ. Encore un des nombreux surnoms qui ont été donnés à la fleur de nos jeunes élégants. «Quant aux jeunes étriqués, efféminés, rachitiques dérivés des grelotteux, crevés, rez-de-chaussée, ils s'appelleront désormais des émoussés.» (Voltaire, mars 1887.)
  • EMPIERGEONNER. S'empêtrer. (Richepin.)
  • EMPLUCHER. Piller.
  • ENCADRER QUELQU'UN (Faire). Se dit d'une personne qui présente quelque particularité prêtant à rire.
  • ENCAMBRONNER. Ennuyer considérablement. C'est une variante adoucie de l'autre verbe dont le peuple a plein la bouche. «Quant aux politiciens qui battent la grosse caisse autour de quelques noms, ils nous encambronnent supérieurement.» (L'Egalitaire, journal 1885.)
  • ENDORMEUR. Homme ennuyeux.
  • ENFIFRÉ. Non-conformiste.
  • ENFILER. Se faire enfiler, se faire arrêter.
  • ENGAGER. Argot de turf. Prendre inscription pour faire participer à une course publique un cheval dont on est propriétaire.
  • ENGUEULER LE TROTTOIR. Porter des chaussures éculées, percées. «Des souliers éculés avec des semelles... qui engueulent le trottoir.» (Vie Parisienne, 1882.)
  • ENQUILLEUR. Argot des voleurs et surtout des bonneteurs. (V. Chocolat.)
  • ENTRÉE. Argot de turf. Somme versée par le propriétaire qui engage un cheval pour une course.
  • ENVIANDER. Copuler. On dit aussi, tremper sa mouillette.
  • ÉPATOUFFLER. Variante d'épater. «On est un peu épatoufflé—pour employer une expression familière de Mme de Rémusat elle-même—par ce sans-gêne mondain.» (Liberté, novembre 1883.)
  • ÉPINGLER. Arrêter.
  • ÉPOUFFER (S'). Fuir, se sauver.
  • ÉPROUVÉ. Condamné qui, ayant déjà subi la moitié de sa peine s'est, par une bonne conduite, recommandé à l'administration.
  • ESBIGNER DANS SA BOITE A PUCES (S'). Rentrer chez soi. «Si c'est comme ça qu'on vous reçoit dans le monde chic, des mâches! J'aime mieux m'esbigner dans ma boite à puces.» (Mahalin: La patte de fer.)
  • ESBLOQUER. Etonner, stupéfier.
  • ESCAVER. Empêcher.
  • Écrabouiller. Écraser; réduire en morceaux, en miettes.
  • ESCOUADE (Parapluie de l'). Argot militaire. Envoyer chercher le parapluie de l'escouade: moyen poli de se débarrasser d'un importun. (Ginisty: Manuel du parfait réserviste.)
  • ESSENTIEL. «Dans le quart du monde, ces demoiselles ont trouvé une nouvelle façon d'appeler leur monsieur sérieux. Elles le nomment l'essentiel,» (Evénement, décembre 1886.) Essentiel fait penser à ce que les joueurs de profession appellent leur matérielle. (V. infra ce mot.)
  • ESTAPHE. Poule. Jargon des voleurs.
  • ESTOMAC (Avoir beaucoup d'). Argot des cercles. Jouer gros jeu.—Avoir une grosse fortune; présenter des garanties sérieuses au point de vue commercial. C'est une variante de: Avoir les reins solides. «Blancheron, un coulissier et un des plus fiers estomacs de la Bourse.» (De Goncourt: La Faustin.)
  • ÉTAGÈRE. Femme qui dans les restaurants parisiens est préposée au service des desserts qui sont en général exposés sur une étagère.
  • ÉTANCHE (Avoir le goulot en). Avoir le gosier altéré. «Charge-moi vite une gobette de champoreau; j'ai le gosier en étanche! (Réveil, 1882.)
  • ÉTAT-MAJOR. Argot de caserne. Boisson composée de vin, d'eau-de-vie et de sirop de groseille. (P. Ginisty: Manuel du parfait réserviste.)
  • ÉTEINT. Une des dernières incarnations du bon jeune homme à la mode. «Rastaquouères fraîchement débarqués, jeunes éteints du dernier cri, millionnaires sans le sou...» (France libre, juillet 1885.)
  • ÉTOUFFÉ. C'est ainsi qu'on a surnommé pendant quelque temps les jeunes poseurs qui ont la prétention de représenter l'élégance, le bon ton et les belles manières. «Songez que cela ne s'adresse point aux petits étouffés qui amènent dix-sept ou dix-huit au dynamomètre.» (France libre, juillet 1884.)
  • ÉTEINDRE SON GAZ. Mourir.
  • ÉTOUFFAGE. Vol. Etouffer, voler. Étouffeur, grec, voleur. Argot des joueurs. (V. Delvau: Étouffoir.)
  • ÊTRE AU SAC. Avoir de l'argent. «Les deux amis se tombent dans les abatis l'un de l'autre et Hégésippe qui était au sac propose à Philoclès de venir prendre un petit quelque chose sur le pouce.» (Les mistouf's de Télémaque.)
  • ÉVACUER DU COULOIR. Sentir mauvais de la bouche.
  • EXÉCUTION. V. Delvau: Exécuter quelqu'un.
  • EXHIBITIONNISTE. Non conformiste.
  • EXTRAVAGANT. Verre de bière d'une capacité plus qu'ordinaire.

F

  • FABRIQUER. Faire, dans le sens général. Qu'est-ce que tu fabriques là?
  • FACILE A LA DÉTENTE. Généreux.

«Mon mari, dit une marquise,

Hier s'est généreusement

Fendu d'une parure exquise.

—C'est fort aimable, assurément,

Dit une comtesse charmante;

Mon époux, malheureusement,

Est moins facile à la détente.»

(Marcellus: Le langage d'aujourd'hui.)

  • FAIRE. Arrêter. Argot des voleurs. Être fait, être arrêté.

«Le lendemain matin, il questionne la Lie-de-Vin... puis il part. Dans l'après-midi il était fait.» (Gil Blas, juin, 1886.)

  • FAIRE QUATRE CHIFFRES. Argot de théâtre. Faire une recette d'au moins mille francs. «On se frottait les mains au théâtre, le soir, quand, par hasard, on avait atteint ce qu'on appelait les quatre chiffres. Les quatre chiffres cabalistiques, c'était mille francs.» (F. Sarcey: Temps, 1882.)
  • FAIRE SIPHON. Argot des voyous. Vomir.
  • FAIRE SON CHEVAL DE CORBILLARD. Faire le malin. Poser.
  • FAISAN. On appelle ainsi, dans le commerce parisien, des filous qui ont cette spécialité: exploiter des fonds de commerce qu'ils se repassent entre eux tous les trois mois, au moment de l'échéance des traites, soldant les marchandises qu'ils se sont procurées à crédit. Le faisan est proche parent du fouilleur. (V. ce mot.) «Certains inculpés, tels que Colson, ont joué le rôle de faisans.» (Droit, août, 1886.)
  • FAISEUSE D'ANGES. Nourrice qui, de propos délibéré, laisse mourir les enfants qu'on lui confie.
  • FALLOPHAGE. Argot des savants. (V. Avale-tout.)
  • FALOURDE. Réclusionnaire. Argot des malfaiteurs. «Tous ces filous font partie d'une bande parfaitement organisée, embrigadée; une véritable association avec ses chefs, ses banquiers, ses professeurs dont le maître suprême est un falourde répondant au surnom de Dragon.» (Temps, 1886.)
  • FANTASBOCHE. Fantassin.
  • FAUCHEUR. Type de l'homme à la mode qui a fleuri en l'an de grâce 1885. Ça a été le successeur au grelotteux. «Paris a eu ses dandys, ses lions, ses gommeux, ses pschutteux. Il a maintenant un type nouveau qui s'appelle le faucheur. Le faucheur est cet individu, situé entre vingt et vingt-cinq ans, que vous rencontrez sur les boulevards une canne à la main et qui représente à vos yeux la quintessence du chic parisien. Le faucheur est ainsi nommé à cause de sa façon de marcher et surtout de porter sa canne. Il la tient par le petit bout, laissant traîner la pomme à terre; le bras droit qui se balance énergiquement de gauche à droite ou bien du nord-ouest au sud-est, rappelle l'allure des gens de la campagne fauchant les blés murs et les foins odorants. De là le sobriquet.» (Figaro, 1885.)
  • FAUCONNIER, ou mieux GREC FAUCONNIER. Grec qui taille des banques pour le compte d'un gérant ou d'un président de cercle véreux.
  • FÉDÉRÉ DANS LA CASEMATE (Avoir un). Être enceinte.
  • FEMME AU PETIT POT. Concubine. Argot des chiffonniers.
  • FERBLANTERIE. Brochette de décorations.
  • FERBLANTIER. Commissaire de la marine. Ainsi nommé à cause de ses galons d'argent. «Une amertume gâtait toujours ses satisfactions d'employé: l'accès des commissaires de marine, des ferblantiers, comme on disait à cause de leurs galons d'argent, aux emplois de sous-chef et de chef.» (Guy de Maupassant.)

On désigne aussi de ce nom, depuis la révélation de scandales qu'on n'a point oubliés les individus qui se livrent au trafic des décorations. Pendant que les ferblantiers et les ferblantières continuent à accaparer l'attention publique...» (National, octobre 1887.)

  • FER A REPASSER. Soulier.
  • FERMER SON PLOMB. Se taire.
  • FERRÉ (Être). Argot des écoles: connaître parfaitement les matières qui figurent au programme d'un examen; être instruit.
  • FESSE. Argot des voyous. Prostituée.
  • FÊTARD. Le langage populaire qui avait déjà fêteur a trouvé que cela ne suffisait pas. Fêtard, fêteur, qui fait la fête, la noce, en un mot qui passe son temps à s'amuser. «Le fêtard est un être particulier dont toute l'occupation en ce monde est de se divertir. «Le fêtard ne se met jamais martel en tête que lorsque le grand H... ou la petite Valérie se font excuser au prochain souper.» (Illustration, nov. 1885.)
  • FEU (Avoir du). Argot des enfants qui se servent, dans un sens ironique, de cette locution au jeu dit des quatre-coins. As-tu du feu? signifie: Es-tu prêt à échanger ton coin contre le mien. Voici, je suppose, l'origine de cette expression: on sait que les gamins ne se gênent pas pour fumer. Or, l'un d'eux ayant un jour une cigarette éteinte, voulut prendre du feu à la cigarette allumée d'un des trois autres joueurs et, pendant ce temps se vit prendre sa place par le cinquième, le patient, le pot.
  • FEUILLE. «Les filles d'Eve ont reçu différents noms, suivant les époques, les règnes et les modes... A Saumur, leur nom ne varie plus. On les appelle des Feuilles.» (Théo-Critt: Nos farces à Saumur.)
  • FEUILLES (Bonnes). Les passages les plus remarquables d'un livre, d'une brochure.
  • FEUILLÉES. Latrines. Argot du régiment. Allusion aux branches d'arbres que l'on place, au camp, autour des cabinets pour les dissimuler.
  • FICHER DANS LA DOUANE (S'en). S'ennuyer énormément. Argot de ces messieurs de la douane.
  • FIGNOLE. Joli. (Richepin.) V. Delvau, Fignoler.
  • FIGURANT DE LA MORGUE. Cadavre.
  • FILER UNE PURGE. Battre, rouer de coups. Argot des rôdeurs. «Les inculpés reconnaissent qu'ils ont été chargés par l'inconnu de frapper M. L..., de lui filer une purge, dit Baylac (un inculpé).» (Autorité, janvier 1888.)
  • FILLE (Petite). Demi-bouteille de vin.
  • FILS D'ARCHEVÊQUE. Argot des élèves des écoles spéciales qui nomment ainsi ceux de leurs camarades qui sont les fils de leur père, c'est-à-dire dont la famille est haut placée et pour lesquels protection et passe-droits ne font pas défaut. «Une promotion (à l'Ecole navale) aussi forte que celle qui était annoncée ne se justifiait... que par le nécessité de faire une position à quelque fils d'archevêque.» (Mot d'ordre, 1887.)
  • FIOLE. Souper de la fiole de quelqu'un, en être fatigué, importuné.
  • FIOLER. Dévisager.
  • FISTOT. Elève de première année à l'Ecole navale. «Les anciens attendaient leurs fistots pour les piloter et commencer leur éducation maritime.» (Illustration, octobre 1885.)
  • FLAMBÉ (Être). Être perdu. (V. Delvau.) «Avec votre loi, mes cent écus auraient été flambés!» (Journal officiel, juin 1882.)
  • FLAMBEAU. Factionnaire. Argot des soldats.
  • FLAQUIN. Recherché dans sa mise.
  • FLAUPER. Battre.
  • FLEUR DE MACADAM. Fille galante qui bat le trottoir. «Encore eût-elle (madame de Metternich) éclipsé cette fleur de macadam par la crânerie de sa désinvolture.» (Evénement, 1880.)
  • FLÛTE. Verre de bière.
  • FOIES BLANCS (Avoir les). Être timide, manquer de courage, d'audace.
  • FOIRER. Avoir la dysenterie. Expression très triviale. (V. Foire au Dictionnaire.)
  • FOIRER. Avoir la foire.
  • FOIRON. Derrière.
  • FORTIFES. Fortifications. «C'est tout en haut de la rue d'Allemagne, près des fortifes, comme dit le voyou.» (Evénement, juillet 1887.)
  • FOUILLE. Poêle. Delvau donne Fouillouse et Littré fouilleuse.
  • FOUILLEUSE. Argot de police. Femme chargée de fouiller dans les prisons soit les détenues soit les visiteuses qui les viennent voir. «Le soir, la Fouilleuse du Dépôt explore les poches et les vêtements de la femme...» (Gazette des Tribunaux, 1875.)
  • FOULE (Faire). Avoir du succès; attirer la foule.
  • FOUR A BACHOT. «Déjà, dès cette époque, il s'était créé à Paris et même en province des établissements spéciaux que l'on connaissait alors sous le nom pittoresque de fours à bachots; leur spécialité, c'était de gaver en quelques mois les jeunes gens de toutes les connaissances que comportait un programme qui devait se répartir sur dix années d'études.» (XIXe Siècle, mai 1884.)

Le Four à bachot existe encore aujourd'hui sous cette appellation plaisante et vraie.

  • FOURCHETTE (Lancer un coup de). Porter à l'adversaire avec lequel on se bat un coup dans les deux yeux à la fois en y enfonçant, d'un mouvement rapide, l'index et le doigt majeur écartés.
  • FOURNAISE. «Ils fabriquaient des pièces de deux francs à l'effigie de la République qu'ils vendaient soixante-quinze centimes à des fournaises; c'est ainsi qu'on désigne ceux qui écoulent de la fausse monnaie.» (Figaro, mars 1884.)
  • FOURNEAU. Vagabond,—dans l'argot des saltimbanques.
  • FOUTOIR. Petite maison ou petite chambre réservée et discrète. Se dit aussi d'un lieu public ou d'une maison privée qui admettent une grande licence.
  • FRAIS (Mettre au). Emprisonner. On dit aussi Mettre à l'ombre.
  • FRANC. Argot militaire. Bon, agréable. Pas d'exercice, demain! c'est franc! (Ginisty: Manuel du parfait réserviste.)
  • FRANGEUSE. Nécromancienne. «Il apprit que le mot frangeuse voulait dire magicienne et que Mme Bailly lisait l'avenir dans le marc de café.» (Gil Blas, juillet 1884.)
  • FRÉQUENTÉE. Femme galante et à la mode. «Le baccarat, les belles fréquentées, le krack ont réduit à la misère un nombre considérable de viveurs et de boursiers.» (Evénement, septembre 1884.)
  • FRICOTER. «Les secrétaires, les commis d'état-major qu'on appelle fricoteurs au régiment, sont assis dans une salle au rez-de-chaussée, autour d'une immense table.» (Constitutionnel, août 1882.)
  • FROTTEUR. Argot de Police. «Maniaques qui suivent la foule pour se frotter à elle; pour toucher d'une main frémissante les femmes de toutes catégories qui se pressent autour d'eux.» (Giffard: Les grands bazars.)
  • FRUCHE. Objet disqualifié. Argot des commis de nouveautés.
  • FUMERON. Repasseuse.
  • FUMEUSE. Siège où l'on s'assied pour fumer commodément.—Chandelier.
  • FUMEUX. Sobriquet donné en 1884 pour désigner les jeunes gens du monde où l'on s'amuse. «Tout le monde pschutteux s'était donné rendez-vous à cette solennité parisienne entre toutes: les petits fumeux et les horizontales de toutes marques s'écrasaient dans le promenoir.» (Evénement, juillet 1884.)
  • FUMISTER. Mentir.
  • FUMISTERIE. Mauvaise plaisanterie.
  • FURET. «Une des grèves les plus curieuses de Paris est celle qui se tient rue Vaucanson. Les hommes qui la composent se nomment furets. C'est à cette grève que les personnes qui ont besoin d'un individu pour porter un fardeau ou qui désirent faire faire un grossier ouvrage, se rendent et choisissent un de ces malheureux...» (Rappel, octobre 1884.)
  • FUSÉE. Argot des gens de Bourse. La fusée est l'enlevée en hausse d'une valeur. On entend dire couramment à la Bourse: Le Trois vient de faire une fusée de quinze sous.
  • FUSIL. Chasseur. «Ils (les reporters) n'appellent pas un chat, un chat; ils ne disent pas d'un chasseur, un chasseur, ils disent un fusil. J'ai lu, cette semaine, à propos d'une battue chez une demi-mondaine fort célèbre, cette phrase étonnante: «Invités: douze fusils des deux sexes.» (Claretie.)
  • FUSIL A DEUX COUPS. Pantalon.
  • FUSILLEUR. On appelle ainsi, dans l'argot des commerçants, les filous qui achètent argent comptant, mais à vil prix, des marchandises à des escrocs qui, eux-mêmes, les ont obtenues à crédit avec l'intention de ne jamais les payer. «Les fusilleurs ont été certainement de mauvaise foi, mais les précautions prises par eux pour masquer leurs agissements n'ont point permis de relever contre eux des faits assez précis pour établir leur entière culpabilité.» (Droit, août 1886.)

G

  • GAFF. Gardien de la paix en bourgeois. V. plus bas Guignol.
  • GAFFER. Commettre des fautes, des sottises.
  • GAFFEUR, EUSE. Du verbe argotique gaffer, commettre des impairs. «J'en connais (une femme) une qui est fort jolie, et qui possède un salon fort convenablement fréquenté... Un peu gaffeuse, par exemple.» (Charivari, avril 1887.)
  • GAFFIER. Synonyme de l'argot gaffeur. «Lucien D..., soixante ans, député de la Seine-Inférieure, terriblement maladroit; réputation méritée de gaffier.» (Bataille, nov. 1885.) Gaffeur est beaucoup plus usité.
  • GAFILLER. Ecouter attentivement; prêter attention à... Argot des rôdeurs.
  • GALETTE. Petit pain rond et plat qu'on sert dans certains restaurants.
  • GALOPIN. Petit verre de bière.
  • GALUPE. Femme, fille de mauvaise vie.

«Les galup's qu'a des ducatons
Nous rincent la dent.»
(Richepin.)

  • GALUPIER. Qui entretient des galupes. (Richepin.)
  • GAMAHUTER. Assassiner. Argot du peuple. Du nom de l'assassin Gamahut. «B... est venu gamahuter dans les bureaux du Cri du Peuple et il a été acquitté.» (Cri du Peuple, avril 1885.)
  • GAMBETTE. Jambe. Jouer des gambettes, fuir.
  • GAMBIER. Pipe en terre. Du nom du fabricant.
  • GAMELLE (Ramasser une). Argot militaire. Tomber.
  • GANDIN. Honnête, convenable, gentil. Argot du peuple. «Autrefois on avait deux sous de remise par douzaine. A présent, on les prend (des pièces de cuivre) chez Touchin. Il ne donne rien, ce muffle-là. Vrai! c'est pas gandin!» (Fournière: Sans métier.)
  • GANTIÈRE. «En langage parisien, ce mot est un pavillon qui couvre certain commerce où il ne se débite pas que de la peau de chien ou de la peau de chevreau.» (Voltaire.)
  • GARGAROUSSE. Gosier. (Richepin.)
  • GATEAU. Séquence. Argot des joueurs. V. infra: séquence.
  • GATEZAR. Elève de l'Ecole des arts et métiers. Il est facile de voir dans ce mot une corruption de Gars des Arts. Le mot est employé dans toutes les écoles d'arts et métiers et aussi par le peuple des villes où se trouvent ces écoles.
  • GAVE. Estomac. (Richepin.)
  • GÉNÉ. Général. Argot de l'Ecole polytechnique. «L'habitude est à l'école d'abréger tous les mots. On ne dit pas le colonel, mais le colo, le général, mais le géné... (Gil Blas, juin 1882.)
  • GIBERNEUR. «On appelle vulgairement giberneurs des industriels qui se livrent au commerce des herbes, telles que fougères, pervenches, feuilles de vigne, etc., servant à l'étalage des fruits et à l'ornementation des vitrines des restaurateurs et marchands de comestibles.» (Journal des Débats, déc. 1882.)

Ils ont aussi reçu le nom d'hommes sauvages, car beaucoup d'entre eux n'ont d'autres moyens de se procurer de la marchandise que les déprédations qu'ils commettent dans les propriétés de la banlieue.

  • GLU. Ce mot a été inspiré par la pièce de M. Richepin, La Glu, jouée au théâtre de l'Ambigu. La Glu, c'est l'ancienne cocotte, la belle petite ou la tendresse d'hier. «Depuis quelques jours, on appelle ces dames des Glus. Le mot fera-t-il fortune? Une jeune glu... une vieille glu... Parmi les glus à la mode... Cela a le défaut de faire pour l'oreille un peu calembourg avec les grues. Bis in idem. Cela a l'avantage, par contre, de définir en désignant et surtout de ne pas poétiser le sujet.» (Monde illustré, 1883.)
  • GNIASSE (Mon). Je, moi, me. (Richepin.)
  • GNIOLE. V. Delvau. Gnon.
  • GONDOLE. «Gondole est passé dans la langue; on le dit couramment de l'objet qui a cessé de plaire, de la toilette de la femme et du talent que l'actualité récuse et dont la mode ne veut plus.—Non, trop gondole! a remplacé le canaille: A Chaillot! d'autrefois.» (Evénement, mai 1887.)
  • GONDOLER (Se). C'est, dans l'argot courant, l'équivalent exact de notre expression familière: rire à se tordre.
  • GOSSINET. Petit enfant dans le langage du peuple. «Y a pas classe à la laïque, tantôt; puisque tu es d'enterrement, emmène donc le gossinet; ça l'amusera, c' t' enfant.» (Petite République française, février 1887.)
  • GOUPILLONNARD. Clérical, religieux. «Il ne pourra faire autrement... pour obtenir du bon Dieu le service dont a besoin le correspondant du journal goupillonnard.» (République anti-cléricale, août 1882.)
  • GOURDE. Niais, imbécile.
  • GRAND SINGE. Président de la République.
  • GRAS. Latrines. (Richepin.)
  • GRATE. Le bénéfice accordé aux commis de nouveautés sur la vente de certains articles.
  • GRATIN. Le gratin, c'est dans l'argot boulevardier l'ensemble du monde élégant ou soi-disant tel. «Les échotiers mondains ont trouvé un mot assez pittoresque, mais par trop irrespectueusement culinaire, pour désigner ce que nos pères—non moins pittoresques, mais plus fleuris dans leur langage—appelaient le dessus du panier. Le mot des échotiers sus-mentionnés, c'est le gratin du gratin

«Elles (les jolies femmes) essaiment comme des papillons. Plus de thés au coin du feu, plus de raoûts intimes où elles ne reçoivent que le gratin.» (Du Boisgobey: Le Billet rouge.)

De gratin, on a forgé le verbe gratiner, suivre la mode, être à la mode et l'adjectif gratinant, signifiant beau, joli, distingué. «La toquade pour l'instant, c'est la fête de Neuilly, c'est là qu'on gratine. Ce qui veut dire en français moins gommeux: c'est là que le caprice du chic amène tous les soirs hommes et femmes à la mode.» (Monde illustré, juillet 1882.) «Grand raoût chez la comtesse S..., un des plus gratinants de la saison. Tout le faubourg y est convié.» (Figaro, mars 1884.)

  • GRELOTTEUX, GRELOTTEUSE. Homme, femme à la mode. Le grelotteux et sa compagne la grelotteuse ont succédé en 1884 au gommeux et à la gommeuse. Et maintenant pourquoi grelotteux?

Sans doute parce que le plus souvent, épuisés par les orgies, énervés par la vie qu'ils mènent, grelotteux et grelotteuses n'ont plus qu'un sang appauvri, une santé délabrée qui les font trembler à la moindre intempérie. «On rencontre des grelotteux (c'est, je crois, le dernier terme en usage) avec l'habit noir et la cravate blanche chez Bidel...» (Moniteur universel, juillet 1884.) «La baraque à Marseille (un lutteur) continue à être chaque soir le rendez-vous du gratin de nos horizontales et de nos grelotteuses.» (Echo de Paris, juillet 1884.) «Aujourd'hui le clubman est remplacé par le grelotteux qui dîne au bouillon Duval.» (Gil Blas, octobre 1885.)

  • GRECQUER. Tricher au jeu. Se faire grecquer, se faire voler au jeu. «J'ai rencontré mon vieux camarade Mavernot qui venait de se faire grecquer dans un tripot clandestin.» (Gil Blas, juillet 1884.)
  • GRÈVE. Lieu d'embauchage pour les ouvriers. Pris dans ce sens, le mot n'a point la consécration du Dictionnaire de l'Académie et ne se trouve pas davantage dans le Dictionnaire de Littré. C'est d'ailleurs moins un terme d'argot qu'un néologisme employé aussi bien par le peuple que par l'Administration qui s'en sert dans ses avis officiels, ainsi qu'en témoignent les Ordonnances de Police. «Une des grèves les plus curieuses de Paris (ici le mot grève est pris dans le sens de lieu d'embauchage où se réunissent les ouvriers), est celle qui se tient rue Vaucanson, au coin de la rue Réaumur.» (Rappel, octobre 1884.)
  • GRILLANTE. Cigarette. Argot du peuple.
  • GRILLER (Se faire). Se faire arrêter, se faire mettre en prison. Les fenêtres du poste de la prison sont garnies de grilles.
  • GRIMACE. Petite boîte en usage dans les administrations publiques et qui renferme des pains à cacheter. Le dessus de la boite sert de pelote à épingles.
  • GRIPPART. Chat. (Richepin.)
  • GROS CUL. Chiffonnier aisé.
  • GRUBLER. Grogner. (Richepin.)
  • GUEULARD. Argot du peuple, de celui surtout qui, par métier, fréquente les Halles. Le gueulard est un individu à la voix claire et forte que louent certains marchands des quatre-saisons pour annoncer le contenu de leurs petites voitures. Ce n'est point une profession à dédaigner que celle de gueulard, et je sais de ces industriels qui gagnent plus de trois francs par jour. Ce sont, il est vrai, les forts ténors de la partie! «... Les autres s'emploient comme gueulards, profession non classée dans le Bottin...» (Français, nov. 1884.)
  • GUIGNOL. Gendarme. Argot des voleurs. «Survient-il dans une foire quelque figure rébarbative, le teneur flaire un gaff (un gardien de la paix en bourgeois), ou un guignol (un gendarme en civil)... Petit Journal, mai 1886.
  • GUINDER LES PORTES. Argot théâtral. En attacher les deux battants à l'aide de cordes dites fils de façon à pouvoir aisément manœuvrer les décors.

H

  • HARICOTER. Spéculer. «Il négocie sur tout, spécule sur tout, gagne sur tout, se mêle à toutes les entreprises, s'immisce à tous les négoces. On appelle cela haricoter.» (Echo de Paris, nov. 1884.)
  • HARNACHÉ. Terme de joueurs. Préparé d'avance, falsifié. Roulette harnachée, roulette pipée, machinée clandestinement.

«Cette affaire de roulette harnachée a fait grand bruit il y a quelques années à Paris...» (Henri IV, 1881.)

  • HARNAQUÉ. Même sens que le mot précédent dont il est une déformation. «Il m'a expliqué le fonctionnement de son jeu de courses... qui vient d'être débridé depuis qu'on a constaté l'impossibilité de harnaquer les petits chevaux.» (Temps, avril 1887.)
  • HIRONDEAU. Les tailleurs qui changent fréquemment de maisons reçoivent la qualification d'hirondeau. (Henri IV, 1882.)
  • HIRONDELLE. Bateau qui, sur la Seine, sert au transport des voyageurs. (V. Mouche.)—Dans les stations balnéaires, en Bretagne surtout, on désigne sous le nom d'hirondelle le voyageur, le touriste qui vient se promener, prendre des bains de mer ou faire une saison. Comme l'hirondelle, le voyageur vient aux approches du beau temps et disparaît avec la belle saison.
  • HORIZONTALE. Femme galante. Il y a plusieurs sortes d'horizontales. D'abord l'horizontale de haute marque, celle dont certains journaux narrent les faits et gestes et qui fait partie du Tout-Paris où l'on s'amuse; puis, l'horizontale de moyenne marque, moins haut cotée sur le turf de la galanterie; enfin l'horizontale de petite marque qui n'a pas su réussir comme ses sœurs.

Le mot horizontale a été bien accueilli et s'est aujourd'hui répandu un peu partout. Il date de 1883 et fut mis à cette époque en circulation par M. Aurélien Scholl. Voici comment, d'après l'auteur même de Denise, les horizontales virent le jour. «Depuis longtemps le baron de Vaux (un rédacteur du Gil Blas) qualifiait du doux nom de tendresse les marchandes de sourire. Il disait «une tendresse» comme on dit un steamer, par abréviation.

«Désireux de trouver une formule nouvelle, je cherchais un vocable qui pût détrôner la tendresse. Le Voyage autour de ma chambre, de X. de Maistre consacre un chapitre entier à la position horizontale. J'ai pris le mot de X. de Maistre pour l'appliquer à celles qui sont de son avis. L'horizontale fit fortune. Le baron de Vaux lui servit de parrain... Je n'en ai pas moins le droit de revendiquer ce mot dans l'intérêt des glossateurs...» Cette explication n'a pas été trouvée suffisante par certains étymologistes et d'aucuns veulent que ce mot horizontale soit une réminiscence de ce passage des Reisebilder où Henri Heine parle de la femme qui enseigne à Rauschenwasser la philosophie horizontale. Un abonné de La République française fait remonter jusqu'à Casanova l'emploi de ce mot horizontale dans l'acception spéciale qu'il a ici. Je trouve, en effet, dans le numéro du 10 mars 1887 de ce journal la note suivante: «On a discuté ces jours derniers la paternité du mot horizontale qui désigne les vieilles et jeunes personnes d'accès facile. On ne s'est pas avisé, au milieu de tous ces débats, de rechercher si le mot tant revendiqué n'appartient pas de prime-abord à l'un de nos grands amoureux. Celui-ci est Casanova qui parle deux fois des horizontales. V. à ce sujet l'édition italienne de Périno, à Rome.» «Les grandes dames, les cocodettes et celles que, dans leur langage extraordinaire, les mondains appellent les horizontales de la grande marque...» (Illustration, juin, 1883.)

D'horizontale est dérivé horizontalisme, désignant les usages, les habitudes, les mœurs des horizontales et aussi l'ensemble de ce monde spécial. «Le vrai monde ma foi, tout ce qu'il y a de plus pschutt... et aussi tout le haut horizontalisme...» (Figaro, juillet, 1884.)

  • HOUSETTE. Botte.
  • HUILE. Officier supérieur, dans la langue verte du troupier. «Le général convie demain dans un repas de trente couverts tous les gros bonnets militaires, ceux que les soldats appellent indifféremment les Huiles ou les Grosses légumes.» (Figaro, sept. 1887.)
  • HUILE (A l'). Gratis, pour rien. Argot de coulisses. «Comme un figurant doit toujours faire la première semaine à l'œil, c'est-à-dire à l'huile, en terme de métier...» (Figaro, déc. 1885.)
  • HUITRERIE. «C'est la drôlerie de pensée, l'erreur de plume, qui, par précipitation, par manque de réflexion, échappe surtout à l'écrivain.» (J. Claretie: Le Temps, avril 1882.)

Le mot a été précédemment employé par V. Jacquemont.

  • HURF. Beau, joli. On écrit aussi urph.
  • HURLUBIER. Vagabond, idiot, fou.

I

  • IGNORANTIN. Frère des Ecoles de la Doctrine chrétienne.

On dit aussi Ignoramus. «Les ignoramus auxquels la plus grande partie des municipalités ont la faiblesse de confier l'enseignement de la jeunesse ouvrière...» (Anti-clérical, mai 1880.)

  • ILOTIER. Ce mot, dans le langage policier, désigne le gardien de la paix chargé de surveiller continuellement un certain nombre de rues, toujours les mêmes et qui forment, pour ainsi dire, les limites d'un îlot. «Il est clair qu'après le passage de l'îlotier en un point déterminé, ce point reste un certain temps dégarni.» (Petite République française, mai 1882.)
  • IMPÉRATRICE (Faire l'). Le français ne bravant pas l'honnêteté dans les mots, il est impossible de traduire ici cette locution fort usitée chez les non-conformistes. Aux lecteurs trop curieux, je rappellerai les singulières relations de Julia et Pompée, et les renverrai, les lecteurs, à un ouvrage aussi curieux que rare: Centuria librorum absconditorum. pp. 404 et circa.
  • INDIENNE. Vêtements, effets. Argot des voleurs. «De quoi! de quoi! il va me fusiller mes indiennes! Veux-tu laisser ça ou je te mets une pouce.» (Humbert: Mon Bagne.)
  • INFLUENCÉ (Être). Être légèrement ivre.
  • INSECTE. Gamin.
  • INSÉPARABLES. Cigares qui se vendent quinze centimes les deux; les débitants n'en délivrent pas moins de deux à la fois. «Cela lui permet, l'aristo, de fumer orgueilleusement des inséparables de choix.» (Dix-neuvième Siècle, avril 1885.)
  • INTERVIEWER. Encore un mot d'importation anglaise qui joue chez nous le double rôle de verbe et de substantif. Il signifie selon le cas, interroger, questionner ou reporter, courriériste. Ex.: «Félicie L... est passée de vie à trépas, sans accompagnement de chroniqueur. Aucun reporter n'est allé interwiever la regrattière d'en bas, ou la repasseuse du cinquième.» (L. Chapron.) «Je vous dérange, mademoiselle, mille excuses! Blowitz, interwiever... le grand interwiever Blowitz... C'est ma spécialité de tirer les vers du nez aux personnalités en vue.» (P. Ferrier.)
  • INVITEUSE. Fille qui sert dans les brasseries. «L'inviteuse, c'est l'agente provocatrice du consommateur.» (Citoyen, avril 1882.)

J

  • JABLO (Grand). Lumière électrique. Argot du peuple qui trouve trop difficile à prononcer le nom de Jablockoff.
  • JACOBITE. Argot politique. On appelle ainsi tout légitimiste dissident du comte de Paris et rallié à la cause de don Jayme, c'est-à-dire Jacques, fils aîné de don Carlos. «M. Cornély consacre dans le Matin un article aux Jacobites ainsi que ce journal quatricolore nomme les rares partisans de la candidature royale des princes de la maison d'Anjou.» (Univers, juillet 1884.)
  • JACQUES (Faire le). Argot militaire. Manœuvrer et, plus spécialement, manœuvrer en décomposant. S'applique de préférence aux exercices de l'Ecole du soldat. (Ginisty: Manuel du parfait réserviste.)
  • JAM' DE LAV'. Traduction: Jamais de la vie! Expression couramment usitée il n'y a point longtemps encore et qui tend à tomber en désuétude: «On lui dit... qu'il serait bien aimable de verser une cinquantaine de francs à la caisse de l'agence.—Jam' de lav'! répond le jeune homme.—Comment! jamais de la vie? reprend l'employé de l'agence, qui comprenait le parisien.» (Figaro, 1886.)
  • JÉROMISTE. Partisan du prince Jérôme Napoléon. «Et en effet la dégringolade des intransigeants, collectivistes et anarchistes est tout aussi marquée que celle des ultramontains et des jéromistes.» (Henri IV, 1881.)
  • JOSEPH. Couteau. Argot des malfaiteurs. «Bébé, condamné a mort pour un simple coup de Joseph.» (A. Humbert: Mon Bagne.)
  • JOSÉPHINE. La cagnotte, dans le jargon des joueurs. Bourrer Joséphine; entretenir la cagnotte. «Le gérant propriétaire du cercle ne tolère cette débauche que parce que ledit croupier bourre fortement Joséphine.» (Tricolore, mars 1884.) V. sur une autre acception de Joséphine, infra au mot princesse.
  • JOUER LE POINT DE VUE. Argot de cercle ou mieux de tripot. «De la même famille est la «ficelle» qui consiste à suivre les cartes pendant leur distribution; il y a des banquiers qui les donnent très haut, et l'on peut arriver, avec une certaine habitude, à les voir par-dessous. Si l'on aperçoit un neuf, on ajoute (à sa mise) tout ce qu'on peut ajouter. Cette grosse indélicatesse s'appelle jouer le point de vue.» (Carle des Perrières: Le Monde qui triche.)
  • JOUER LE MOT. Argot théâtral. Souligner chaque mot à effet au point d'atténuer le caractère général du personnage qu'on représente.
  • JOUER A L'AVANT-SCÈNE. Argot théâtral. Dire son rôle le plus près possible de la rampe de façon à se mettre en plus intime communication avec le public.
  • JUS. Voici un mot qui, en argot, a plusieurs sens et notamment deux acceptions bien opposées. On le trouve, en effet, dans Delvau et Larchey comme synonyme de vin, mais il sert aussi à désigner l'eau. Je l'ai plusieurs fois entendu prononcer avec ce dernier sens. Les uns disaient jus de grenouille et les autres jus, tout court. «L'autre le suit, l'empoigne par sa ceinture et le lance dans la Seine en disant: Va dans le jus.» (Gazette des Tribunaux, août 1884.)

L

  • LAD. Garçon d'écurie. «Autour du favori un cercle s'est formé pendant que les lads sellent le cheval sous la surveillance de l'entraîneur.» (Vie Parisienne, 1882.)
  • LAÏQUE (La). L'école laïque. «Ya pas classe à la laïque, tantôt, puisque tu es d'enterrement, emmène donc le gossinet; ça l'amusera c't'enfant.» (Petite République française, février 1887.)
  • LAMA (Grand). Chef, maître suprême. «Le grand lama est arrivé hier soir. Pendant que M. Raynal se couchait, affolé par les toasts et les feux d'artifice à Montauban, M. Ferry débarquait à Cahors.» (Figaro, avril 1884.)
  • LAMPION ROUGE. Poste de police. Allusion aux réverbères à vitres rouges qui indiquent les postes et les commissariats de police.
  • LANGOUSTE. Argot du peuple. Chaussettes.
  • LANCINER. Ennuyer. Lancinant, ennuyeux.
  • LANGUILLEUR. «Joseph, deux fois par semaine, exerce au marché de la Villette la profession peu connue de languilleur. Le languilleur est l'homme auquel on amène, avant de les tuer, les cochons vivants. Il les empoigne par le cou et les serrejusqu'à ce qu'ils tirent la langue. Il la saisit et y cherche une tache qui, si elle existe, prouve que la bête n'est pas saine et doit être refusée par les bouchers.» (Paris-Journal, 1882.)
  • LANTERNER. N'être plus apte aux choses de l'amour. «—Dis-moi, petite... crois-tu que...?—Dame! vous savez, monsieur, avec mamz'elle, faut pas lanterner...—Ben oui! mais voilà! à présent c'est que j'lanterne!...» (Almanach des Parisiennes, 1882.)
  • LAOUTH. Cheval. Argot des régiments d'Afrique.
  • LAPIN DU BOIS DE BOULOGNE. Filles publiques qui, l'été venu, font élection de domicile au Bois de Boulogne, quaerentes quos devorent. «Ces amoureuses vagabondes, qu'on appelle en langage familier les lapins du Bois de Boulogne et qui ont à leur arc plusieurs cordes...» (République française, juin 1885.)
  • LARDON. Jeune homme. Argot du peuple. «C'que c'est que la vie! On était quat'cinq lardons. On a tiré ensemble quinze berges de rigolade, de flemme et de jeunesse.» (Mirliton, journal, oct. 1885.)
  • LARGE (Envoyer quelqu'un au). L'envoyer promener. «Hier, je comptais presque sur lui... Ah! bien ouiche! il m'a envoyé au large.» (Vie Parisienne, 1882.)
  • LAVER! (Va te). Expression injurieuse, synonyme de: Vous m'ennuyez!
  • LEDRU-ROLLIN. Ouvrier ébéniste. Argot du peuple et notamment des ouvriers du faubourg Saint-Antoine. «Plusieurs maisons du côté de la rue de Charonne sont toutes pleines d'ouvriers de ce genre qui ont leur établi chez eux et qui travaillent pour la trôle. Quelques-uns portent un nom spécial. On les appelle les Ledru-Rollin, parce que les bâtiments où ils ont leur nid appartenaient à l'ancien montagnard de 1848 et sont encore aujourd'hui la propriété de sa veuve.» (J. Vallès: Tableau de Paris.)
  • LÉGITIMARD. Partisan du comte de Chambord, de la monarchie légitime.—Qui se rapporte à la monarchie.

«De Chambord, le vingt-neuf septembre,

Les légitimards ont fêté

Par un petit banquet en chambre

L'anniversaire peu vanté.»

(L'Esclave Ivre, no 4.)

  • LÉSÉE. Femme. «La frangine! Je n'y ai seulement pas parlé! Elle ferait bien mieux de s'occuper de ses lésées (femmes)!» (A. Humbert: Mon bagne.)
  • LÉGUME. Fonctionnaire. Gros légume. Fonctionnaire puissant et haut placé.
  • LEVER. Trouver. «Il avait appris par un de ces industriels de son monde qui ont la spécialité de lever les chopins (de dénicher des affaires)...» (Humbert: Mon bagne.)
  • LICHE-A-MORT. Buveur intrépide. Langage plus que familier. «Il absorbe une bouteille qui file gentiment, puis une seconde; jamais on n'avait vu un liche-à-mort de sa force.» Gazette des Tribunaux, juillet 1884.)
  • LICHER LE MORVIAU. (Se). S'embrasser.
  • LICHOTER UN RIGOLBOCHE. Argot du peuple. Faire un bon dîner. «On va trimballer sa blonde, mon vieux; nous irons lichoter un rigolboche à la place Pinel.» (Huysmans: Sœurs Vatard.)
  • LICO. Immédiatement. Abrév. d'illico.
  • LIGNE. Bande d'individus.
  • LIGOT. Grande ficelle dont se servent les agents de police et qui entoure le poignet droit, puis le corps, à la ceinture.
  • LITTÉRAL. Argot des élèves des écoles militaires qui désignent ainsi le petit livre où se trouvent la théorie, les principes de la manœuvre, livre qu'il faut savoir littéralement par cœur.

«Salle affreuse, où de la théorie
Nous avons tant beuglé le littéral,
Adieu...»
(Echo de Paris, avril 1884.)

  • LOCATIS. Mauvaise voiture de louage.
  • LOUFLON. Fils de franç-maçon.
  • LOUP. Dans l'argot théâtral, défaut que produit un vide dans l'enchaînement des scènes. «Les auteurs ont fort bien senti qu'il y avait là un loup comme on dit en style de coulisse, et ils ont essayé de le faire disparaître...» (A. Daudet.)
  • LOURDIER. Concierge, portier. Argot des voleurs, des joueurs de bonneteau. V. Chocolat.
  • LUIS. Jour. Delvau donne luisant.
  • LUISANT. Le descendant direct du dandy et du lion. De mode en 1884, ce qualificatif n'a point tardé à être délaissé. «De toutes les appellations données depuis le commencement du siècle aux créateurs de la mode et de l'élégance, celle qui se rapproche le plus du type baptisé aujourd'hui luisant est le lion.» (_Gaulois, 1884.)
  • LUNDISTE. V. Delvau: Lundicrate. «Ce fut cette fois un succès éclatant. J'ai voulu lire les appréciations des lundistes d'alors, j'y ai trouvé ce que j'attendais.» (P. Perret.)
  • LUNE. Pièce de vingt sous. Argot du bagne. «On arrivait à supprimer tout risque en achetant à la fois le servant et l'argousin. L'un ne coûtait pas plus cher que l'autre. C'était affaire de quelques lunes.» (Humbert: Mon bagne.)
  • LUNETTES (Donner une paire de). Argot des joueurs de billard. Livrer deux billes tellement rapprochées que l'adversaire ne peut manquer de caramboler.
  • LURETTE (Belle). Longtemps: Corruption de belle heurette, il y a belle heure que...
  • LUX. Jargon des lycéens, qui entendent parler ainsi du jardin du Luxembourg.

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