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Dictionnaire de la langue verte

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  • POUSSER DE L'AIR (Se). S'en aller de quelque part.

On dit aussi: Se pousser un courant d'air.

  • POUSSER DU COL (Se), v. réfl. Être content de soi, et manifester extérieurement sa satisfaction,—dans l'argot des faubouriens, qui ont remarqué que les gens fats remontaient volontiers le col de leur chemise.

Une chanson populaire—moderne—consacre cette expression; je me reprocherais de ne pas la citer ici:

«Tiens! Paul s'est poussé du col!

Est-il fier, parc'qu'il promène

Sarah, dont la douce haleine

Fait tomber les mouch's au vol.»

Signifie aussi S'enfuir.

  • POUSSER LE BOIS, v. a. Jouer aux échecs ou aux dames,—dans l'argot du peuple, qui a eu l'honneur de prêter ce verbe au neveu de Rameau.
  • POUSSER DANS LE BATTANT (Se). Boire ou manger, mais surtout boire.
  • POUSSER LE BOUM DU CYGNE. Mourir,—dans l'argot des faubouriens, qui disent cela à propos des garçons de café et de leur fatigant boum! pas de crème, messieurs?
  • POUSSER SA POINTE, v. ac. S'avancer dans une affaire quelconque,—mais surtout dans une entreprise amoureuse.

«Que de projets ma tête avorte tour à tour!
Poussons toujours ma pointe et celle de l'amour.»

dit une comédie-parade du XVIIIe siècle (le Rapatriage).

  • POUSSER SON ROND, v. a. Alvum deponere,—dans l'argot des maçons.
  • POUSSER UN BATEAU, v. a. Avancer une chose fausse, inventer une histoire, mentir. Argot des faubouriens.

On dit aussi: Monter un bateau.

  • POUSSER UNE GAUSSE, v. a. Faire un mensonge,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi: Pousser une histoire.

  • POUSSIER, s. m. Monnaie,—dans l'argot des voleurs.
  • POUSSIER, s. m. Lit d'auberge ou d'hôtel garni de bas étage,—dans l'argot des faubouriens.
  • POUSSIER DE MOTTE, s. m. Tabac à priser.

On dit aussi simplement Poussier.

  • POUSSIF, adj. Qui n'a plus de souffle, qui n'en peut plus,—dans l'argot du peuple, qui, travaillant comme un cheval, en a naturellement les infirmités.
  • POUVOIR EXÉCUTIF, s. m. Enorme canne en spirale que portaient les Incroyables sous le Directoire.

L'expression est encore employée de temps en temps.

  • POUVOIR VOIR QUELQU'UN EN PEINTURE (Ne). Le haïr; le détester extrêmement,—dans l'argot des bourgeois.
  • PRANDION, s. m. Repas copieux,—dans l'argot des artistes, dont quelques-uns, je pense, savent que cette expression est le mot latin (prandium) francisé par quelque écrivain fantaisiste.

C'est un provincialisme, maintenant naturalisé parisien.

  • PRANDIONNER, v. n. Faire un repas plantureux.
  • PRAT, s. f. Fille de mauvaise vie,—dans l'argot du peuple.
  • PRATICABLE, s. m. Partie de décors accessible aux acteurs, montagnes, rochers, etc. Argot des coulisses.
  • PRATIQUE, s. f. Petit instrument plat, composé de deux lames d'ivoire jointes, à l'aide duquel les saltimbanques imitent la voix stridente de Polichinelle.
  • PRATIQUE, s. f. Libertin; homme d'une probité douteuse; débiteur qui ne paye pas ses dettes; soldat qui passe son temps à la salle de police, etc. Quand un homme a dit d'un autre homme: «C'est une pratique!» c'est qu'il n'a pas trouvé de terme de mépris plus fort.
  • P, s. m. Bagne,—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi le Grand pré.

Aller au pré. Être condamné aux travaux forcés.

On dit aussi: Aller faucher au pré.

  • PRÉ-CATELANIÈRE, s. f. Petite dame, drôlesse, habituée de bals publics, du pré Catelan et de Mabille. Hors d'usage.
  • PRÊCHI-PRÊCHA, s. m. Sermonneur ennuyeux,—dans l'argot du peuple.
  • PRÉDESTINÉ, s. m. Galant homme qui a épousé une femme trop galante.
  • PRÉFECTANCHE, s. f. Préfecture de police,—dans l'argot des voyous.
  • PREMIÈRE, s. f. Manière elliptique de désigner la première représentation d'une pièce de théâtre,—dans l'argot des comédiens et des gens de lettres.
  • PREMIÈRES, s. f. pl. Wagons de première classe.

On dit de même Secondes et Troisièmes, pour les voitures de 2e et de 3e classe.

  • PREMIER NUMÉRO, adj. Excellent, parfait, numéro un.
  • PREMIER-PARIS, s. m. Article de tête d'un journal politique où l'on voit, d'après Alphonse Karr, «une série de longues phrases, de grands mots qui, semblables aux corps matériels, sont sonores à proportion qu'ils sont creux».
  • PRENDRE AU SOUFFLEUR. Jouer son rôle le sachant mal, en s'aidant du souffleur. Argot des coulisses.

On dit aussi: Prendre du souffleur.

  • PRENDRE DE BEC (Se), v. pron. Se dire des injures,—dans l'argot des bourgeois.
  • PRENDRE DES MITAINES, v. a. Prendre des précautions pour dire ou faire une chose,—dans l'argot du peuple, qui emploie cette expression avec ironie.

On dit aussi: Prendre des gants.

  • PRENDRE DES TEMPS DE PARIS. Augmenter l'effet d'un mot par une pantomime préalable,—dans l'argot des comédiens de la banlieue et de la province.
  • PRENDRE LA TANGENTE. S'échapper de l'Ecole,—dans l'argot des Polytechniciens.
  • PRENDRE LE COLLIER DE MISÈRE, v. a. Se mettre au travail,—dans l'argot du peuple, qui prend et reprend ce collier-là depuis longtemps.

Quitter le collier de misère. Avoir fini sa journée et sa besogne et s'en retourner chez soi.

  • PRENDRE SES INVALIDES, v. n. Se retirer du commerce,—dans l'argot des bourgeois.
  • PRENDRE SES JAMBES A SON COU. Courir.
  • PRENDRE SON CAFÉ AUX DÉPENS DE QUELQU'UN. Se moquer de lui par parole ou par action.
  • PRENDRE UN BILLET DE PARTERRE, v. a. Tomber sur le dos,—dans l'argot facétieux du peuple.
  • PRENDRE UN PINÇON, v. a. Se laisser pincer le doigt entre deux pierres ou deux battants.
  • PRÉSOMPTIF, s. m. Enfant—qui est toujours l'héritier présomptif de quelqu'un.
  • PRESSE, s. f. Nécessité à faire ou dire une chose; empressement.

Il n'y a pas de presse. Il n'est pas nécessaire de faire cela,—du moins pour le moment. Cela ne presse pas.

  • PRESSER A CARREAU FROID, v. a. Faire ce qu'un autre ne pourrait pas faire,—dans l'argot des tailleurs, qui savent qu'on ne peut venir à bout d'une pièce qu'avec un carreau très chaud.
  • PRÊT, s. m. Paie,—dans l'argot des soldats.
  • PRÊTER CINQ SOUS A QUELQU'UN. Lui donner un soufflet, c'est-à-dire les cinq doigts sur le visage,—dans l'argot des faubouriens.
  • PRÊTER LOCHE. Prêter l'oreille, écouter,—dans l'argot des voleurs.
  • PREU, s. et adj. Premier—dans l'argot des enfants et des ouvriers.
  • PRÉVÔT, s. m. Chef de chambrée,—dans l'argot des prisons.
  • PRIANTE, s. f. Eglise,—dans l'argot des voleurs.
  • PRINCE, s. m. Galeux,—dans l'argot facétieux et elliptique des faubouriens. Ils disent Prince, mais ils sous-entendent de Galles.

Princesse. Galeuse.

  • PRINCE DU SANG, s. m. Meurtrier,—dans l'argot sinistrement facétieux du peuple.
  • PRINCE RUSSE, s. m. Entreteneur,—dans l'argot de Breda-Street, où il semble que la générosité, comme la lumière, vienne exclusivement du Nord.
  • PRINCESSE DE L'ASPHALTE, s. f. Petite dame,—dans l'argot des gens de lettres.

On dit aussi Princesse du trottoir.

  • PRISE, s. f. Mauvaise odeur respirée tout à coup,—dans l'argot du peuple.
  • PRISE DE BEC, s. f. Engueulement.
  • PRISON DE SAINT-CRÉPIN (Être dans la). Être dans des souliers trop étroits.
  • PRIX DOUX, s. m. Prix modéré,—dans l'argot des bourgeois.
  • PRODUISANTE, s. f. La terre,—dans l'argot des voleurs, reconnaissants envers la vieille Cybèle.
  • PROFANE, s. m. Étranger,—dans l'argot des francs-maçons, qui ont leurs mystères comme autrefois les païens, avec cette différence que la révélation n'en est pas punie de mort et qu'on s'y occupe de toute autre chose que des farces spéciales aux mystères de la Bonne Déesse, ou à ceux d'Isis, ou à ceux de Bacchus, ou à ceux de Mithra.
  • PROFOND, s. m. Fossé, trou,—dans l'argot des paysans des environs de Paris.
  • PROFONDE, s. f. Poche de pantalon,—dans l'argot des voyous et des voleurs.
  • PROFONDE, s. f. Cave,—dans l'argot des voyous.
  • PROMENER QUELQU'UN. Se moquer de lui,—dans l'argot du peuple.
  • PROMONT, s. m. Procès,—dans l'argot des voleurs.
  • PROMONTOIRE NASAL, s. m. Le nez,—dans l'argot des romantiques, qui avaient, eux aussi, l'horreur du mot propre, tout comme les classiques, leurs ennemis.

Théophile Gautier a le premier employé cette expression, qu'emploient depuis longtemps les médecins zagorites: το μπουρνο [grec: to mpourno].

  • PROPRE, adj. Antiphrase de l'argot du peuple, qui l'emploie au figuré.

Être propre: pour lui, est l'équivalent de: Être dans de beaux draps.

  • PROPRE-A-RIEN, s. m. Lâche canaille, misérable digne de la roue,—dans l'argot du peuple, qui ne connaît pas, après feignant, d'injure plus sanglante à jeter à la tête d'un homme, fût-il le plus honnête et le plus brave des hommes.
  • PROTE A TABLIER, s. m. Prote qui lève la lettre comme les autres ouvriers,—dans l'argot des typographes.
  • PROTECTEUR, s. m. Galant homme qui entretient une femme galante.

On dit aussi Milord protecteur.

Les actrices disent Bienfaiteur.

  • PROTÉGER, v. a. Entretenir une femme.
  • PROUE, s. f. L'arrière du navire-homme,—dans l'argot des marins.

Filer le cable de proue. Alvum deponere.

  • PROUTE, s. f. Plainte, gronderie,—dans l'argot des voleurs.
  • PROUTER, v. n. Porter plainte, gronder.
  • PROUTER, v. a. et n. Appeler, héler,—dans l'argot du peuple, qui crie souvent: Prout! prout!

Se dit aussi—dans le même argot—des sacrifices faits au dieu Crépitus. C'est une onomatopée.

  • PROUTEUR, s. et adj. Plaignant, grondeur.
  • PROUTEUR, s. et adj. Qui fait de fréquents sacrifices au dieu Crépitus.
  • PRUDHOMME, s. m. Imbécile solennel dont le type a été inventé par Henry Monnier. On se rappelle et l'on cite souvent en riant, dans la conversation, cette phrase supercoquentieuse, digne du bourgeois sur les lèvres duquel elle est éclose: «Si cela peut faire votre bonheur, soyez-le.» Soyez-le pour soyez heureux! L'ellipse est un peu forte.

Un chroniqueur parisien, M. Jules Maillot, plus inconnu sous le nom de Jules Richard, s'est rendu coupable d'une phrase de la même famille: «Il ne faut pas traiter sérieusement les choses qui ne le sont pas,» a-t-il dit très sérieusement dans le Figaro du 7 décembre 1865.

  • PRUNE, s. f. Balle ou boulet,—dans l'argot des soldats, qui ne se battent vraiment que pour des prunes.

Le mot a des chevrons. Un jour, Sully, accourant pour prévenir Henri IV des manœuvres de l'ennemi, le trouve en train de secouer un beau prunier de damas blanc: «Pardieu! Sire! lui cria-t-il du plus loin qu'il l'aperçut, nous venons de voir passer des gens qui semblent avoir dessein de vous préparer une collection de bien autres prunes que celles-ci, et un peu plus dures à digérer.»

On dit aussi Pruneau.

Gober la prune. Recevoir une blessure mortelle.

  • PRUNE, s. f. Griserie,—dans l'argot du peuple, qui emploie cette expression depuis la création de rétablissement de la Mère Moreaux, c'est-à-dire depuis 1798.

Avoir sa prune. Être saoul.

  • PRUNEAU, s. m. Chique de tabac,—dans l'argot des faubouriens.
  • PRUNEAU, s. m. Alvi dejectio.

Poser un pruneau. Levare ventris onus.

  • PRUNEAUX, s. m. pl. Yeux.

Boucher ses pruneaux. Dormir.

  • PRUNE DE MONSIEUR, s. f. Archevêque,—dans l'argot des voleurs, qui savent que ces prélats sont habillés de violet.
  • PRUNES DE PROPHÉTIE, s. f. pl. Fumées d'un animal,—dans l'argot des chasseurs.
  • PRUSSIEN, s. m. Un des trop nombreux pseudonymes de Messire Luc,—dans l'argot des troupiers, dont les pères ont eu sous la République et sous l'Empire, de fréquentes occasions d'appliquer leurs baïonnettes dans les reins des soldats prussiens.

On connaît la chanson:

«Le général Kléber,

A la barrièr' d'Enfer,

Rencontra un Prussien

Qui lui montra le sien.»

C'est à tort qu'un étymologiste va chercher à ce mot, jusque chez les Zingaris, une étymologie—toute moderne.

  • PUANT, s. et adj. Fat,—dans l'argot du peuple, qui fait peut-être allusion aux odeurs de musc et de patchouli qu'exhalent les vêtements des élégants.
  • PUCEAU, adj. et s. Naïf, innocent; peu dégourdi,—plus sot qu'il ne convient.
  • PUCELAGE (Avoir encore son). Être un peu neuf dans une affaire; n'avoir pas encore la rouerie nécessaire dans un métier.

Les marchandes emploient la même expression pour dire qu'elles n'ont pas étrenné, qu'on ne leur a encore rien acheté de la journée.

  • PUCE TRAVAILLEUSE, s. f. Lesbienne,—dans l'argot des faubouriens.
  • PUER AU NEZ, v. n. Déplaire, ennuyer,—dans l'argot du peuple, qui dit cela à propos des choses et des gens qui souvent puent le moins.
  • PUER BON, v. n. Sentir bon.
  • PUFF, s. m. Charlatanerie.

Vient du verbe anglais to puff, bouffer, boursoufler, faire mousser.

  • PUFFISTE, s. et adj. Charlatan, inventeur de pommades impossibles, d'élixirs invraisemblables; montreur de phénomènes c'est-à-dire, par exemple, d'un cheval à toison de brebis, d'un veau à deux têtes, d'une Malibran noire, de frères spirites, etc.

Les Français vont assez bien dans cette voie; mais ils ne sont pas encore allés aussi loin que les Anglais, et surtout les Américains. parmi lesquels il faut citer M. Barnum, le prince de la blague (prince of humbug).

  • PUISSANT, adj. Gros, fort,—dans l'argot du peuple, qui ne s'éloigne pas autant du sens latin (potens) que seraient tentés de le croire les bourgeois moqueurs.
  • PUITS DE SCIENCE, s. m. Homme profond par son savoir—ou par ses apparences de savoir.
  • PUNAISE, s. f. Fille ou femme de mauvaises mœurs,—dans l'argot des gens de lettres.

Encore une punaise dans le beurre! Encore une drôlesse qui du trottoir passe sur les planches d'un petit théâtre pour y faire des hommes plus respectables,—comme argent.

Cette expression sort du théâtre du Petit Lazari. On jouait une pièce à poudre (une pièce à poudre à Lazari!). la soubrette entre en scène, va droit à une armoire, l'ouvre et recule en s'écriant: «Madame la marquise! encore une punaise dans le beurre!» L'auteur de la pièce, qui n'avait pas écrit cette phrase, fut très étonné; mais le public, habitué aux choses abracadabrantes, ne fut pas étonné du tout. C'était une interpolation soufflée dans la coulisse par Pelletier, un acteur affectionné des titis.

  • PUNAISE, s. f. Fleur de lit,—dans l'argot des voyous, qui ne sont pas précisément légitimistes.
  • PUNAISE, s. f. Femme hargneuse, acariâtre, puante de méchanceté,—dans l'argot du peuple, qui ne se doute pas qu'il se sert là de l'expression même employée par le prince des poètes latins: Cimex, dit Horace.
  • PUNAISIÈRE, s. f. Café borgne, caboulot spécialement hanté par des gigolettes et leurs gigolos.
  • PUNAISIN, adj. et s. Homme dont le corps ou les vêtements sont nidoreux.

Tabourot a donné ce nom a une de ses victimes.

  • PUR, s. m. Homme sévère et injuste; Prudhomme politique ou philosophique intraitable, qui n'admet pour honnêtes que ceux qui partagent ses opinions, pour philosophes que ceux qui avec Strauss nient la divinité de Jésus, pour républicains que ceux qui avec Alibaud ont un peu tiré sur le Roi. Le type existe à côté des plus nobles et des plus généreux, comme le bouledogue à côté du caniche, comme le loup à côté du lion. J'aurais regretté d'oublier ce mot et ce type—modernes.
  • PURÉE, s. f. Cidre,—dans l'argot des voleurs.
  • PURÉE DE MARRONS, s. f. Meurtrissures du visage,—dans l'argot des faubouriens.

Faire de la purée de marrons. Appliquer un vigoureux coup de poing en pleine figure.

  • PURGATION, s. f. Plaidoyer,—dans l'argot des voleurs.
  • PUR-SANG, s. m. Vin rouge naturel, sans addition d'eau ni d'alcool,—dans l'argot des cabaretiers.
  • PUR-SANG, s. m. Cheval de race,—dans l'argot du Jockey-Club.
  • PUR-SANG, s. f. Fille entretenue et qui mérite de l'être à cause de sa beauté—et de ses vices. Argot des viveurs.
  • PUT! Interj. qui sert à marquer, soit le doute, soit le mépris,—plus souvent encore le mépris que le doute.
  • PUTAIN, s. f. Femme qui vend l'amour—ou qui le donne trop facilement. Argot du peuple.

L'expression est vieille, comme la légèreté du sexe féminin. Il n'est peut-être pas un seul poète français—un ancien—qui ne s'en soit servi.

Putain comme chausson. Extrêmement débauchée.

On dit aussi en parlant d'un Homme dont l'amitié est banale: C'est une putain.

Avoir la main putain. Donner des poignées de main à tout le monde, même à des inconnus.

  • PUTASSIER, s. et adj. Libertin.
  • PUTINER, v. n. Courir les gueuses.
  • PUTINERIE, s. f. Libertinage,—en parlant des femmes. Amitié banale,—en parlant des hommes.
  • PUTIPHARISER, v. a. Essayer de séduire un jouvenceau,—dans l'argot de Breda-Street. Le mot date de 1830 et de Pétrus Borel.

Champfleury, à qui l'on doit quelques néologismes malheureux, a écrit putipharder.

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Q

  • QUAND IL FERA CHAUD, adv. Jamais,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Quand les poules auront des dents.

  • QUANT A SOI, s. m. Réserve exagérée, fierté, suffisance.
  • QUANTUM, s. m. Argent, somme quelconque, caisse.
  • QUART D'AGENT DE CHANGE, s. m. Personne intéressée pour un quart dans une charge d'agent de change. Argot des boursiers.

Il y a aussi des cinquièmes, des sixièmeset même des dixièmes d'agent de change.

  • QUART D'AUTEUR, s. m. Collaborateur pour un quart dans une pièce de théâtre. Argot des coulisses.
  • QUART-D'œIL, s. m. Commissaire de police,—dans l'argot des faubouriens.

Se dit aussi de l'habit noir de ce fonctionnaire.

  • QUARTIER, s. m. Logement de trois ou quatre pièces,—dans l'argot des ouvriers qui ont été travailler en Belgique.
  • QUASIMODO, s. m. Homme fort laid, plus que laid, contrefait,—dans l'argot du peuple, qui a lu Notre-Dame de Paris.
  • QUATORZIÈME ÉCREVISSE, s. f. Figurante,—dans l'argot des coulisses.

L'expression est récente. Elle sort du théâtre des Folies-Marigny, aux Champs-Elysées, où l'on a joué je ne sais quelle revue-féerie où paraissaient beaucoup de femmes chargées de représenter, celles-ci des légumes, et celles-là des poissons,—crustacés ou non. Vous avez compris?

  • QUATRE-COINS, s. m. Mouchoir,—dans l'argot des voleurs.
  • QUATRE SOUS. Etalon à l'aide duquel le peuple apprécie la valeur des choses—qui n'en ont pas pour lui.

Fichuou Foutu comme quatre sous. Mal habillé.

  • QUATRE-SOUS, s. m. Cigare de vingt centimes.
  • QUATRE-VINGT-DIX, s. m. Truc, secret du métier,—dans l'argot des marchands forains.

Vendre le quatre-vingt-dix. Révéler le secret.

  • QUATRE-Z-YEUX, s. m. Homme qui porte des lunettes,—dans l'argot du peuple.
  • QUATUOR, s. m. Le quatre,—dans l'argot des joueurs de dominos.
  • QUELPOIQUE, adv.—Rien,—dans l'argot des voleurs.
  • QUELQUE PART, Adverbe de lieux,—dans l'argot des bourgeois.
  • QUELQUE PART, adv. L'endroit du corps destiné à recevoir des coups de pied,—dans l'argot du peuple.

Avoir quelqu'un quelque part. En être importuné,—en avoir plein le dos.

  • QUELQU'UN, s. m. Personnage, homme d'importance ou se donnant de l'importance.

Se croire un quelqu'un. S'imaginer qu'on a de la valeur, de l'importance.

Faire son quelqu'un. Prendre des airs suffisants. Faire ses embarras.

  • QUÉMANDER, v. a. et n. Mendier, au propre et au figuré,—dans l'argot du peuple, qui pourtant n'a pas lu les Aventures du baron de Fœneste.
  • QUÉMANDEUR, s. m. Mendiant.
  • QUENOTTES, s. f. pl. Dents,—dans l'argot des enfants.

Ils les appellent aussi Louloutes.

  • QUENOTTIER, s. m. Dentiste,—dans l'argot des faubouriens.
  • QUEUE, s. f. Infidélité faite à une femme par son amant, ou à un homme par sa maîtresse Faire une queue à sa femme. La tromper en faveur d'une autre femme.
  • QUEUE, s. f. Escroquerie, farce de mauvais goût, carotte. Argot des soldats.

Faire sa queue. Tromper.

  • QUEUE, s. f. Reliquat de compte,—dans l'argot des débiteurs.

Faire une queue. Redevoir quelque chose sur une note, qui arrive ainsi à ne jamais être payée, parce que, de report en report, cette queue s'allonge, s'allonge, s'allonge, et finit par devenir elle-même une note formidable.

  • QUEUE DE POIREAU, s. f. Ruban de Saint-Maurice et Lazare, lequel est vert. Argot des faubouriens.
  • QUEUE DE RAT, s. f. Bougie roulée en corde,—dans l'argot des bourgeois.
  • QUEUE DE RAT, s. f. Tabatière en écorce d'arbre s'ouvrant au moyen d'une longue et étroite lanière.
  • QUEUE DE RENARD, s. f. Témoignages accusateurs d'un dîner mal digéré. Argot du peuple.
  • QUEUE D'UN CHAT (Pas la). Solitude complète.
  • QUEUE-LEU-LEU (A la), adv. L'un après l'autre, en s'entre-suivant comme les loups.
  • QUEUE ROUGE, s. f. Jocrisse, homme chargé des rôles de niais,—dans l'argot des coulisses.

Signifie aussi Homme qui se fait le bouffon des autres, sans être payé par eux.

  • QUEUES, s. f. pl. Phrases soudées ensemble à la queue-leu-leu,—dans l'argot des typographes, dont c'est le javanais.

Un échantillon de ce systèmede coquesigruïtés, que l'on pourrait croire moderne et qui est plus que centenaire, sera peut-être plus clair que ma définition. Quelqu'un dit, à propos de quelque chose: «Je la trouve bonne.» Aussitôt un loustic ajoute d'enfant, puis un autre ticide, puis d'autres de Normandie,—t-ontaineton tonmarinéen trompettetitionau Sénateur de sanglierpar la pattehologieberneen Suisseessevous que je vois, etc., etc., etc. Lesquelles coquesigruïtés, prises isolément, donnent: Bonne d'enfant,—infanticide,—cidre de Normandie,—dit-on,—ton taine ton ton,—thon mariné,—nez en trompette,—pétition au Sénat,—hure de sanglier, etc.

  • QUI A DU ONZE CORPS-BEAU? Question qui ne demande pas de réponse, pour annoncer l'entrée d'un prêtre dans l'atelier. Même argot.
  • QUIBUS, s. m. Argent,—dans l'argot du peuple.
  • QUI EST-CE QUI VOUS DEMANDE L'HEURE QU'IL EST? Phrase du même argot, souvent employée pour répondre à une importunité.
  • Quignon, s. m. Gros morceau de pain.
  • QUILLER, v. a. et n. Lancer des pierres, soit pour attraper quelqu'un qui s'enfuit, soit pour abattre des noix, des pommes, etc. Argot des gamins.
  • QUILLER A L'OIE, v. a. Envoyer un bâton dans les jambes de quelqu'un,—par allusion à un jeu cruel qui était encore en honneur chez nous il y a une vingtaine d'années. Argot du peuple.
  • QUILLES, s. f. pl. Jambes,—dans l'argot des faubouriens.
  • QUIMPER, v. n. Tomber,—dans l'argot des voleurs.
  • QUIMPER LA LANCE, v. a. Meiere. Même argot.
  • QUINQUETS, s. m. pl. Les yeux,—dans l'argot des faubouriens.

Belle paire de quinquets. Yeux émerillonnés.

Allumer ses quinquets. Regarder avec attention.

Éteindre les quinquets. Crever les yeux.

  • QUINTE-ET-QUATORZE, s. m. Mal au traitement duquel est affecté l'hôpital du Midi.

Avoir quinte-et-quatorze. N'avoir pas su écarter la dame de cœur,—ou plutôt la dame de pique.

  • QUINTETTE, s. m. Le cinq,—dans l'argot des joueurs de dominos.
  • QUINZE ANS, TOUTES SES DENTS ET PAS DE CORSET! Phrase souvent ironique de l'argot des faubouriens, qui l'emploient à propos des femmes jeunes et bien faites, ou de celles qui se croient ainsi.
  • QUINZE-VINGT, s. m. Aveugle,—dans l'argot du peuple.
  • QUIQUI, s. m. Abatis de toutes sortes de choses, têtes de chats, os de lapins, cous d'oies, etc.,—dans l'argot des chiffonniers, qui vendent cela aux gargotiers, lesquels «en font de fameux potages».
  • QUI-VA-LA, s. m. Passeport,—dans l'argot des faubouriens.
  • QUI-VA-VITE, s. f. Ventris fluxus, courante,—dans l'argot des bourgeois.
  • QUONIAM BON TRAIN, adv. Rapidement, avec empressement,—dans l'argot du peuple.
  • QUOQUANTE, s. f. Armoire,—dans l'argot des voleurs.
  • QUOQUARD, s. m. Arbre,—dans le même argot.
  • QUOQUERET, s. m. Rideau—dans le même argot.

R

  • RABACHAGE, s. m. Bavardage,—dans l'argot du peuple. Redites inutiles, vieux clichés,—dans l'argot des gens de lettres.
  • RABACHER, v. n. Ne pas savoir ce qu'on dit; se répéter, comme font d'ordinaire les vieillards.
  • RABACHEUR, s. m. Bavard, homme qui dit toujours la même chose, qui raconte toujours la même histoire; mauvais écrivain.
  • RABAT-JOIE, s. m. Homme mélancolique ou grondeur,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Père Rabat-joie.

  • RABIAGE, s. m. Rente,—dans l'argot des voleurs.
  • RABIAU, s. m. Résidu; reste de portion,—dans l'argot des faubouriens, qui ont emprunté ce mot à l'argot des marins.

On dit aussi Rabiautage.

  • RABIAU, s. m. Malade qui, dans certains hôpitaux, rend certains services à ses camarades de salle, comme de faire leurs lits, de brosser leurs effets, etc. On lui donne quelquefois de l'argent et, le plus souvent, des restes de soupe.
  • RABIAU, s. m. Temps qui reste à faire,—dans l'argot des troupiers.

On dit aussi Surcroît de punition.

  • RABIAUTER, v. n. Boire ce qui reste dans le bidon.

Je ne sais pas d'où vient rabiau, mais rabiauter vient certainement de rebibere (boire de nouveau).

  • RABIBOCHAGE, s. m. Boni, dédommagement, consolation,—dans l'argot des enfants, qui font entre eux ce que M. Bénazet fait pour les décavés de Bade: à celui qui a perdu toutes ses billes à la bloquette ils en rendent une douzaine pour qu'il puisse en aller gagner d'autres—à d'autres.
  • RABIBOCHER, v. a. Réconcilier des gens fâchés,—dans l'argot des bourgeois.

Se rabibocher. Se réconcilier.

  • RABLÉ, adj. Homme solide des épaules et des reins,—dans l'argot du peuple.
  • RABOTER LE SIFFLET (Se). Boire un verre d'eau-de-vie ou de vin.
  • RABOUILLÈRE, s. f. Maison de triste apparence, comme il y en a tant encore dans le faubourg Marceau, nids à rats et à punaises, trous à lapins plutôt que demeures humaines.
  • RABOUIN, s. m. Le Diable,—dans l'argot des voleurs.
  • RABOULER, v. n. Revenir, abouler de nouveau,—dans l'argot des faubouriens.
  • RABROUER, v. a. Gronder, brutaliser, parler rudement,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Rembarrer.

  • RACAILLE, s. f. Individu ou Collection d'individus crapuleux,—populi fex.

C'est le tag-rag des Anglais.

  • RACCORD, s. m. Répétition partielle d'une pièce,—dans l'argot des coulisses.
  • RACCOURCI, s. m Chemin de traverse,—dans l'argot des paysans des environs de Paris.
  • RACCOURCIR, v. a. Guillotiner,—dans l'argot des voleurs.

On disait autrefois Raccourcir d'un pied, ce qui est une longueur de tête.

On dit aussi Rogner.

  • RACCROCHER, v. a. Se promener sur le trottoir en robe décolletée et en bas bien tirés,—dans l'argot du peuple.
  • RACCROCHEUSE, s. f. Fille de mauvaises mœurs.
  • RACINES DE BUIS, s. f. pl. Dents jaunes, avariées, esgrignées,—comme celles que Bilboquet arracha jadis devant «Monsieur et madame le maire de Meaux».
  • RACLÉE, s. f. Coups donnés ou reçus,—dans l'argot du peuple.
  • RACLER, v. a. Prendre; perdre.

On dit aussi Rafler.

  • RACLER LE BOYAU, v. a. Jouer du violon,—dans l'argot des musiciens.
  • RACLETTE, s. f. Agent de la police secrète,—dans l'argot des voleurs.
  • RACONTAINE, s. f. Récit familier, cancan.
  • RACONTARS, s. m. pl. Bruits de salons et de clubs, échos,—dans l'argot des journalistes.

C'est Aurélien Scholl qui a employé le premier cette expression: je lui en laisse la responsabilité.

  • RADE ou RADEAU, s. m. Tiroir de comptoir où sont les radis,—dans l'argot des voleurs.

Signifie aussi Boutique.

  • RADE, s. m. Apocope de Radis,—dans l'argot des voyous.
  • RADEAU DE LA MÉDUSE, s. m. Misère extrême,—dans l'argot des bohèmes, qui souffrent parfois de la faim et de la soif autant que les naufragés célèbres peints par Géricault.

Être sur le radeau de la Méduse. N'avoir pas d'argent.

  • RADIN, s. m. Gousset de montre ou de gilet,—dans l'argot des voleurs.

Friser le radin. Le débarrasser de sa montre.

  • RADIS, s. m. Pièce de monnaie, argent quelconque,—dans l'argot des faubouriens.

N'avoir pas un radis: Être tout à fait pauvre.

  • RADOUBER (Se), v. réfl. Réparer sa fortune ou sa santé,—dans le langage des ouvriers qui ont servi dans l'infanterie de marine.

On dit aussi: Passer au grand radoub.

  • RADURER, v. a. Repasser sur la meule,—dans l'argot des voleurs.
  • RADUREUR, s. m. Repasseur de couteaux.
  • RAFALE, s. f. Misère,—dans l'argot du peuple, en proie aux bourrasques continuelles de la vie.
  • RAFALÉ, adj. et s. Misérable, pauvrement vêtu ou de triste mine.

Ne faudrait-il pas dire plutôt affalé? Je crois que oui. Les marins, voulant peindre le même état d'ennui, d'embarras, de misère, disent au figuré Être affalé sur la côte,—ce qui est, en somme, être à la côte.

  • RAFALER, v. a. Abaisser, humilier,—dans l'argot des voleurs, qui savent mieux que personne combien la misère ou des vêtements pauvres peuvent ravaler un homme.
  • RAFALER (Se), v. réfl. Devenir pauvre; porter des vêtements usés,—dans l'argot du peuple.
  • RAFFURER, v. a. Regagner,—dans l'argot des voleurs.
  • RAFFUT, s. m. Tapage,—dans l'argot du peuple.
  • RAFIAU, s. m. Domestique d'hôpital, infirmier.
  • RAFIOT, s. m. Chose de peu d'importance; camelotte.

Cette expression est empruntée au vocabulaire des marins, qui appellent ainsi tout Bâtiment léger.

  • RAFISTOLER, v. a. Raccommoder.
  • RAFISTOLER (Se), v. réfl. S'habiller à neuf, ou seulement Mettre ses habits du dimanche.
  • RA-FLA, s. m. pl. Notes fréquemment exécutées sur le tambour.
  • RAFLE, s. f. Arrestation d'une bande de gens; main basse faite sur une certaine quantité de choses. Argot du peuple.
  • RAFLER, v. a. Prendre, saisir, chiper.
  • RAFRAÎCHIR (Se), v. réfl. Se battre au sabre,—dans l'argot des troupiers.

On dit aussi: Se rafraîchir d'un coup de sabre.

  • RAGE DE DENTS, s. f. Grosse faim,—dans l'argot du peuple.
  • RAGOT, s. m. Cancan, médisance,—sans doute par allusion aux grognements des sangliers de deux à trois ans, moins inoffensifs que ceux des marcassins.
  • RAGOTER, v. n. Murmurer, gronder sourdement.

On dit aussi Ragonner.

  • RAGOÛT, s. m. Assaisonnement d'un plaisir quelconque.

S'emploie souvent en mauvaise part:

«J'aurois un beau teston pour juger d'une urine,
Et, me prenant au nez, loucher dans un bassin
Des ragousts qu'un malade offre à son médecin,»

dit Mathurin Régnier en sa satire la Poésie toujours pauvre.

  • RAGOÛT, s. m. Relief, accentuation de couleur, hardiesse de brosse,—dans l'argot des artistes.
  • RAGOÛT, s. m. Soupçon,—dans l'argot des voleurs.

Faire des ragoûts. Éveiller des soupçons.

  • RAGOÛTANT, TE, adj. Plaisant, agréable,—dans l'argot du peuple, qui emploie cette expression à propos des gens comme à propos des choses.

Vieillard ragoûtant. Qui est propre,—et surtout sans infirmités.

Femme ragoûtante. Qui excite l'appétit des amoureux.

  • RAGOÛTER, v. a. Remettre en appétit, réveiller le désir.
  • RAIDE, s. m. Eau-de-vie,—dans l'argot des faubouriens.

On dit aussi Rude.

  • RAIDE, adj. Invraisemblable, difficile à croire,—c'est-à-dire à avaler.

Se dit à propos d'un Mot scabreux, d'une anecdote croustilleuse.

La trouver raide. Être étonné ou offensé de quelque chose.

  • RAIDE, adj. Complètement gris,—parce que l'homme qui est dans cet état abject fait tous ses efforts pour que cela ne s'aperçoive pas, en se raidissant, en essayant de marcher droit et avec dignité.

On dit aussi Raide comme la Justice.

  • RAIDE COMME BALLE, adv. Rapidement.
  • RAIDIR, v. n. Mourir.

On dit aussi Raidir l'ergot, ou les ergots.

  • RAILLE, s. f. Les agents de police en général,—dans l'argot des voleurs.
  • RAILLE, s. m. Mouchard.
  • RAISINÉ, s. m. Sang,—dans le même argot.
  • RAISINÉ (Faire du), v. a. Saigner du nez,—dans l'argot du peuple, qui n'a pas emprunté cette expression aux voleurs.
  • RAJOUTER, v. a. Ajouter,—dans l'argot des bourgeois, qui parlent souvent le français des réalistes, émaillé de pléonasmes.
  • RALEUR, s. m. Faux amateur de livres qui bouscule les boîtes sans rien acheter. Argot des bouquinistes.
  • RALEUSE, s. et adj. Femme qui marchande tout sans rien acheter,—dans l'argot des boutiquiers.
  • RALEUSE, s. f. Courtière, femme chargée d'arrêter les passant pour leur proposer de la marchandise. Argot des marchandes du Temple.
  • RAMA, s. m. Grelot que les artistes trouvaient drôle, vers 1838, d'attacher à tous leurs mots, pour parodier les Dioramas, les Panoramas et autres Géoramas alors en vogue. C'était leur javanais.

Parler en rama. Ajouter rama à toutes les phrases.

  • RAMASSER, v. a. Arrêter; conduire en prison,—dans l'argot des faubouriens.

Se faire ramasser. Se faire arrêter.

  • RAMASSER (Se), v. réfl. Se relever lorsqu'on est tombé.
  • RAMASSER SES OUTILS. Mourir,—dans l'argot des ouvriers.
  • Ramastiquer, v. a. Ramasser,—dans l'argot des voleurs.
  • RAMASTIQUEUR, s. m. Variété de filous décrite par Vidocq.
  • RAMBUTEAU, s. m. Colonne ad usum lotii des promeneurs, établie le long de nos boulevards sous l'édilité du comte de Rambuteau.
  • RAME, s. f. Plume,—dans l'argot des voleurs.
  • RAMENEUR, s. m. Homme affligé de calvitie, qui essaye de la dissimuler en ramenant habilement ses derniers cheveux sur le devant de sa tête—et «empruntant ainsi un qui vaut dix».
  • RAMENEUSE, s. f. Petite dame dont la spécialité est de faire espalier à la porte des cafés du boulevard, vers l'heure de la fermeture, afin d'y nouer connaissance avec quelque galant homme.
  • RAMICHER, v. a. Réconcilier des gens fâchés—dans l'argot du peuple.

Se ramicher. Se dit des amants qui se reprennent après s'être quittés.

  • RAMOLLI, s. et adj. Imbécile, ou simplement Ennuyeux,—dans l'argot des faubouriens.
  • RAMONA, s. m. Petit Savoyard, qui, aux premiers jours d'automne, s'en vient crier: haut en bas, par les rues des villes, barbouillé de suie, raclette à la ceinture et sac au dos. C'est parfois un petit Auvergnat.
  • RAMONER, v. n. Murmurer, marmotter, parler entre ses dents,—par allusion au bruit désagréable que fait le ramona en montant et en descendant dans la cheminée qu'il nettoie.
  • RAMPE, s. f. Le cordon des lumières qui éclairent la scène,—dans l'argot des coulisses.

Se dit aussi pour: Théâtre, scène, coulisses.

Princesse de la rampe. Actrice.

Se brûler à la rampe. Jouer pour soi,—s'approcher trop près du public, sans s'occuper des autres acteurs en scène.

Rampeau! Coup nul,—dans l'argot des enfants, lorsqu'ils jouent aux billes ou à la balle.

Les vieux joueurs de boule emploient la même expression à propos du second coup d'une partie en deux coups de boule.

  • RAMPONER, v. n. Boire, s'enivrer.

L'expression date évidemment du fameux Ramponneau, le cabaretier de la Courtille.

  • RANCART, v. Rencart.
  • RANG, s. m. Armature de bois qui supporte toujours les casses, et quelquefois les ouvriers typographes.
  • RAPATRIER (Se). Se réconcilier,—dans l'argot du peuple.
  • RAPE, s. f. Le dos,—dans l'argot des voleurs.
  • RAPIAT, s. m. Auvergnat, Savoyard. Même argot.
  • RAPIAT, s. et adj. Cupide, avare, un peu voleur même,—dans l'argot du peuple.
  • RAPIN, s. m. Mauvais peintre,— dans l'argot des bourgeois.
  • RAPIOT, s. m. Pièce mise à un habit ou à un soulier,—dans l'argot des faubouriens.
  • RAPIOTER, v. a. Rapiécer.
  • RAPIOTER, v. a. Fouiller,—dans l'argot des voleurs.
  • RAPIQUER, v. n. Revenir quelque part, retourner à quelque chose. Argot des faubouriens.

On dit aussi et mieux Rappliquer.

  • RAPPORTEUR, s. m. Elève qui dénonce ses camarades au maître. Argot des écoliers.
  • RASER, v. a. Ennuyer, être importun,—comme le sont ordinairement les barbiers, gens qui se croient obligés, pour distraire leurs pratiques sur la sellette, de leur raconter des fariboles, des cancans, des anas aussi vieux que Mathusalem. Argot du peuple et des gens de lettres.

On disait il y a cent ans: Faire la barbe.

  • RASIBUS, prép. Tout près, tout contre, au ras,—dans l'argot du peuple.
  • RASOIR, s. m. Homme ennuyeux.

Rasoir anglais. Le plus ennuyeux,—les rasoirs qui viennent de Londres ayant la réputation d'être les plus coupants du monde.

On dit aussi Raseur.

  • RASOIR! Exclamation de la même famille que Des navets!
  • RASOIR NATIONAL, s. m. La guillotine,—dans l'argot des révolutionnaires de 1793.

Passer sous le rasoir national. Être exécuté.

  • RAT, s. m. Petit voleur qui entre dans une boutique un peu avant sa fermeture, se cache sous le comptoir en attendant que les maîtres du logis soient couchés, et, lorsqu'il est assuré de l'impunité, ouvre la porte à ses complices du dehors.

On dit aussi Raton.

Courir le rat. Voler la nuit dans une auberge ou dans un hôtel garni.

  • RAT, s. m. Caprice,—dans l'argot du peuple, qui dit cela aussi bien à propos des serrures qui ne vont pas que des gens qui font mauvaise mine.

Autrefois, Avoir des rats c'était «avoir l'esprit folâtre, bouffon, étourdi, escarbillard, farceur et polisson».

  • RAT, s. et adj. Avare; homme intéressé.
  • RAT, s. m. Bougie cordelée et repliée de façon à tenir dans la poche. On l'appelle aussi, rat de cave.
  • RAT, s. m. Retardataire,—dans l'argot des Polytechniciens.

Rat de ponts. Celui qui, après son examen de sortie, est exclu par son rang des Ponts-et-Chaussées.

Rat de soupe. Celui qui arrive trop tard au réfectoire.

  • RAT, s. m. Petite fille de sept à quatorze ans, élève de la danse qui est à la première danseuse ce que le saute-ruisseau est au notaire, et qui devient bien plus facilement célèbre comme courtisane que comme rivale de Fanny Essler.

Le mot date de la Restauration, quoique quelques personnes—mal informées—lui aient donné, comme date, 1842, et comme père, Nestor Roqueplan.

  • RATA, s. m. Ragoût de pommes de terre et de lard,—dans l'argot des troupiers.
  • RATAFIAT DE GRENOUILLE, s. m. L'eau,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Anisette de barbillon et Bourgogne de cheval.

  • RATAPOIL, s. et adj. Partisan quand même du 1er Empire et admirateur aveugle de l'empereur Napoléon.
  • RATATOUILLE, s. f. Mauvais ragoût, plat manqué.
  • RATATOUILLE, s. f. Coups donnés ou reçus.
  • RAT DE CAVE, s. m. Employé de la régie,—dans l'argot des marchands de vin V.—Rat.
  • RAT DE PRISON, s. m. Avocat,—dans l'argot des voleurs.
  • RATER, v. a. Echouer dans une entreprise, manquer une affaire,—amoureuse ou autre. Argot du peuple.

Rater une femme. Ne pouvoir réussir à s'en faire aimer après l'avoir couchée en joue.

  • RATICHON, s. m. Abbé, prêtre,—dans l'argot des voyous et des voleurs.

Serpillière de ratichon. Soutane de prêtre.

On dit aussi Rasé ou Rasi.

  • RATICHON, s. m. Peigne,—dans l'argot des faubouriens.
  • RATICHONNER, v. a. Peigner.
  • RATICHONNIÈRE, s. f. Eglise.
  • RATISSER, v. a. Prendre, chiper,—dans l'argot des faubouriens.

Se faire ratisser. Se laisser duper, ou voler, ou gagner au jeu.

  • RATISSER (En), v. a. Se moquer de quelqu'un,—dans l'argot du peuple.

On n'emploie guère ce verbe qu'à la première et à la troisième personne de l'indicatif présent.

  • RATON, s. m. Petit voleur.
  • RATTRAPAGE, s. m. Fin de la copie donnée à un typographe. Il est tenu de composer (on dit rattraper) jusqu'au nom de son camarade écrit sur la copie suivante.
  • RAVAGE, s. m. Débris métalliques volés.
  • RAVAGEUR, s. m. Dragueur à la main, qui exploite les bords de la Seine au-dessous de Paris avec l'espérance d'y faire des trouvailles heureuses.

Les ruisseaux de Paris avaient aussi, il y a une vingtaine d'années, leurs ravageurs, pauvres diables à l'affût de toutes les ferrailles que charriait la pluie.

  • RAVAUDER, v. a. Raccommoder du linge, des vêtements,—dans l'argot du peuple.
  • RAVAUDER, v. n. Être lent à faire quelque chose; s'amuser au lieu de travailler.
  • RAVIGNOLE, s. f. Récidive,—dans l'argot des voleurs.
  • RAVIGOTE (A la), adv. D'une façon piquante. Argot du peuple.
  • RAVIGOTER, v. a. Soulager; refaire, remettre en bon état; réjouir.
  • RAYON DE MIEL, s. m. Dentelle,—dans l'argot des voleurs.
  • RAZZIA, s. f. Rafle,—dans l'argot du peuple, retour d'Afrique.
  • RÉAC, adj. et s. Bourgeois, réactionnaire,—dans l'argot des faubouriens.

Le mot date de 1848.

  • REBATIR, v. a. Tuer,—dans l'argot des voleurs.
  • RÉBECCA, s. f. Fille ou femme qui ne répond qu'avec aigreur aux observations qu'on lui fait,—qui se rebèque en un mot. Argot des bourgeois.

On dit aussi Mademoiselle Rébecca. (Rien de la Bible.)

  • REBÉQUER (Se), v. réfl. Se révolter, répondre avec fierté, avec colère,—dans l'argot du peuple, à qui Saint-Simon et Diderot ont fait l'honneur d'emprunter ce verbe expressif.
  • REBÉQUER, v. n. Répéter,—dans l'argot des faubouriens.
  • REBIFFER (Se), v. réfl. Regimber, protester plus ou moins énergiquement,—dans l'argot du peuple.
  • REBIFFER (Se), v. réfl. Se présenter avec avantage,—dans l'argot des troupiers, tous plus ou moins cocardiers.
  • REBONNETAGE, s. f. Réconciliation,—dans l'argot des faubouriens.
  • REBONNETER, v. a. Aduler, flatter,—dans l'argot des voleurs.

Rebonneter pour l'af. Flatter ironiquement.

  • RRebonneter (Se), v. réfl. Devenir meilleur,—dans l'argot des faubouriens, qui emploient ce verbe à propos des choses et des gens.
  • REBONNETEUR, s. m. Confesseur,—dans l'argot des voleurs.
  • REBOUIS, adj. Mort, refroidi,—dans le même argot.
  • REBOUISER, v. a. Tuer,—dans le même argot.

A signifié autrefois, dans le langage des honnêtes gens: Déniaiser quelqu'un; jouer un tour, faire une fourberie.

  • REBOUISER, v. a. Remarquer, distinguer,—dans l'argot des faubouriens.

Le verbe est désormais consacré pour eux par la chanson de l'Assommoir (o lepida cantio!) où l'on dit:

«Faut pas blaguer, le treppe est batte;

Dans c'taudion i' s'trouv' des rupins.

Si queuq's gonziers train'nt la savate,

J'en ai r'bouisé qu'ont d's escarpins.»

  • REBOUISER, v. a. Réparer, ravauder. Argot du peuple.
  • REBOUISEUR, s. m. Savetier,—dans l'argot des revendeurs.
  • REBOURS, s. m. Déménagement clandestin,—dans l'argot des voyous. (V. Vidocq, p. 55.)
  • REBOUTER, v. a. Remettre un membre, réduire une fracture. Argot du peuple.
  • REBOUTEUR, s. m. Chirurgien sans diplôme.
  • RECALER, v. a. Rectifier, corriger. Argot des artistes.
  • RECALER (Se), v. réfl. S'habiller à neuf, ou reprendre des forces quand on a été malade,—dans l'argot du peuple.
  • RECARRER (Se), v. réfl. Faire le paon, le suffisant.
  • RECEVOIR LA PELLE AU CUL, v. a. Être renvoyé de quelque part ou d'un emploi.

«Mon rival, j'en suis convaincu,
Va recevoir la pelle au cul!»

dit une chanson du temps de l'Empire.

  • RECEVOIR SON DÉCOMPTE. Mourir,—dans l'argot des troupiers.
  • RECHANGER (Se), v. réfl. Changer de linge ou d'habit; quitter les vêtements de travail pour mettre les vêtements du dimanche. Argot des ouvriers.
  • RÉCHAUFFANTE, s. f. Perruque,—dans l'argot des voleurs.
  • RÉCHAUFFÉ, s. m. Chose tardive, résolution intempestive, bonne inspiration venue après coup. Argot du peuple.

Signifie aussi: Vieux vaudeville, vieille plaisanterie, etc.

  • RÉCHAUFFER, v. a. Ennuyer,—dans l'argot des voleurs.
  • RÊCHE, s. m. Sou,—dans l'argot des faubouriens, qui trouvent le billon rude.
  • RÊCHU, adj. et s. Homme désagréable, grincheur,—dans l'argot du peuple.
  • RÉCLAME, s. f. Eloge pompeux et ridicule que les journaux décernent—moyennant cinq francs la ligne—à toute œuvre ou à tout médicament qui est le moins digne d'être loué.
  • RECONDUIRE, v. a. Siffler,—dans l'argot des coulisses.
  • RECONDUIRE QUELQU'UN. Le renvoyer à coups de pied ou à coups de poing,—dans l'argot des faubouriens.

On dit aussi Faire la conduite.

  • RECONOBRER, v. a. Reconnaître,—dans l'argot des voleurs.
  • RECOQUER (Se), v. réfl. S'habiller à neuf; reprendre de nouvelles forces, revenir à la santé. Argot du peuple.
  • RECORDER, v. a. Prévenir quelqu'un de ce qui doit lui arriver,—dans l'argot des voleurs.
  • RRecta, adv. Net, sans rien laisser ni devoir,—dans l'argot du peuple.

Payer recta. Payer jusqu'au dernier sou.

C'est l'adverbe latin détourné de son sens.

  • RÉCURER (Se), v. réfl. Se purger.

Se faire récurer. Se faire traiter à l'hôpital du Midi.

  • RÉDAM, s. f. Grâce,—dans l'argot des voleurs, qui cependant ne croient pas à leur rédemption.
  • REDOUBLEMENT DE FIÈVRE, s. m. Révélation d'un nouveau fait à charge,—dans le même argot.
  • REDRESSE, s. f. Institution toute parisienne, composée de bohèmes qui ne veulent pas demander au travail les moyens d'existence qu'il ne leur refuserait pas, et préfèrent s'adresser pour cela au Hasard, ce dieu des paresseux et des fripons.

Chevalier de la Redresse. Industriel qui carotte le vivre et le couvert à tout gobe-mouches disposé à écouter ses histoires.

  • REFAIRE, v. a. Tromper, duper, et même voler,—dans l'argot des faubouriens.
  • Refaire (Se), v. réfl. Reprendre des forces, recouvrer la santé,—dans l'argot du peuple.

Signifie aussi: Regagner au jeu après s'y être ruiné.

  • REFAIT AU MÊME (Être). Être joué par quelqu'un à qui l'on avait précédemment joué quelque méchant tour.
  • REFAITE, s. f. Repas,—dans l'argot des voleurs.

Refaite du mattois. Déjeuner.

Refaite de jorne. Dîner.

Refaite de sorgue. Souper.

Refaite de côni. Extrême-onction, ou, plus cyniquement, la nourriture que prend le condamné à mort avant son exécution.

  • REFAITER, v. n. Manger.
  • REFILER, v. a. Rendre, restituer,—dans l'argot des voyous.
  • REFILER, v. a. Suivre, rechercher,—dans l'argot des voleurs.
  • REFOULER, v. n. Hésiter, renoncer à faire une chose,—dans l'argot des ouvriers.

Refouler au travail. Fêter la Saint-Lundi.

  • RÉFRACTAIRE, s. m. Bohème, homme de talent qui regimbe à suivre les modes morales de son temps.

L'expression n'est pas de Jules Vallès,—comme on serait excusable de le croire, d'après l'intéressant ouvrage qui porte ce mot pour titre, attendu que voilà une quinzaine d'années qu'on appelle Camp des réfractaires un petit café borgne de la rue Vavin, hanté par des rapins littéraires et artistiques. De même, le garni situé à quelques pas de là est appelé par ses hôtes l'Hôtel des réfractaires, les chambres ressemblant, paraît-il, à des casemates.

  • REFROIDI, s. m. Noyé, pendu; cadavre,—dans l'argot des voleurs.
  • REFROIDIR, v. a. Tuer.
  • RÉGALADE, s. f. Petite ripaille,—dans l'argot du peuple.

A la régalade. Boire en renversant la tête en arrière et en élevant la bouteille de façon que les lèvres ne touchent pas celle-ci.

  • RÉGALER, v. a. et n. Donner à dîner, payer à boire.
  • RÉGALER SON SUISSE, v. a. C'est, quand on joue à deux, à un jeu quelconque, une consommation, ne perdre ni gagner, être chacun pour son écot.
  • REGARDANT, adj. Économe, avare,—dans l'argot des domestiques, habitués à considérer le bien de leurs maîtres comme le leur, peu généreux,—dans l'argot des petites dames, qui veulent bien faire payer l'amour, mais ne veulent pas qu'on le marchande.
  • RÉGENCE, adj. Galant, libertin, audacieux,—en parlant des choses et des gens.

Être régence. Se donner des airs de roué.

Souper régence. Souper où les femmes légères sont spécialement admises.

  • ÉGIMENT DES BOULES DE SIAM, s. m. La confrérie abjecte dont le docteur Tardieu a décrit les mœurs et les maladies dans une brochure que tout le monde a lue,—quoiqu'elle n'eût été écrite que pour un petit nombre de personnes. Argot des faubouriens.
  • REGINGLADE, s. f. Jeu d'enfants qui consiste à chasser celui qui glisse le premier en lui tombant sur le dos les deux bras en avant.
  • REGINGLER, v. n. Jouer à la reginglade.
  • RÉGLÉ COMME UN PAPIER DE MUSIQUE, adj. Ponctuel, rangé, régulier dans ses habitudes. Argot des bourgeois.

C'est le pendant de Sage comme une image.

  • REGON, s. m. Dette,—dans l'argot des voleurs.
  • REGONCER, v. a. Devoir.
  • REGOUT, s. m. Inquiétude, crainte, remords,—dans le même argot.

Faire du regout. Être arrêté.

  • RÉGUISÉ (Être). Être battu, ou ruiné, ou volé, ou condamné par la Faculté ou par le Jury. Argot des faubouriens.
  • RÉJOUISSANCE, s. f. Os de bœuf arbitrairement glissés dans la viande pesée par les bouchers.
  • RELEVANTE, s. f. Moutarde,—dans l'argot des voleurs.
  • RELEVER, v. n. Sortir d'un état de gêne,—dans l'argot des faubouriens, à qui il coûte sans doute de dire Se relever de la misère.

On dit aussi Être à la relève.

  • RELICHER (Se). S'embrasser tendrement.

On dit aussi Se relicher le morviau.

  • RELUIRE DANS LE VENTRE, v. n. Exciter la convoitise, ou l'envie,—dans l'argot du peuple.
  • RELUIT, s. m. Œil,—dans l'argot des voleurs.

Signifie aussi Jour.

  • RELUQUER, v. a. Considérer, regarder avec attention,—dans l'argot du peuple.

Signifie aussi: Faire les yeux doux.

  • REMBINER, v. a. Rétracter une calomnie; un débinage,—dans l'argot des voyous.
  • REMBROCAGE DE PARRAIN, s. m. Confrontation,—dans l'argot des voleurs.
  • REMBROQUER, v. a. Reconnaître.

Signifie aussi Regarder.

  • REMÈDE L'AMOUR, s. m. Figure grotesque ou repoussante,—dans l'argot du peuple, qui ne sait pas que Mirabeau a été adoré de Sophie.
  • REMERCIER, v. a. Renvoyer un domestique; donner son congé à un ouvrier,—dans l'argot des bourgeois.
  • REMERCIER SON BOUCHER, v. a. Mourir,—dans l'argot des faubouriens.

On dit aussi Remercier son boulanger.

  • REMETTEZ DONC LE COUVERCLE! disent les voyous à quelqu'un qui a l'haleine fétide, pour l'empêcher de parler davantage.
  • REMETTRE QUELQU'UN A SA PLACE. Répliquer vertement à quelqu'un qui vous manque de respect, lui faire comprendre son impertinence. Argot des bourgeois.
  • REMISER SON FIACRE. Se taire,—dans l'argot des faubouriens.

Signifie aussi, par extension, Mourir.

  • REMISIER, s. m. Variété d'Agent de change: homme qui touche une remise sur les affaires qu'il procure à un agent de change.
  • RÉMONENCQ, s. m. Revendeur auvergnat, chineur,—dans l'argot des gens de lettres, qui se souviennent de la Comédie humaine de Balzac.
  • REMONTER SA PENDULE, v. a. Battre de temps en temps sa femme,—dans l'argot des ouvriers.
  • REMONTER SUR SA BÊTE, v. n. Rétablir ses affaires, sa fortune, son bonheur,—dans l'argot du peuple.
  • REMOUCHER, v. a. Apercevoir, remarquer, admirer,—dans l'argot des faubouriens.

Les Italiens disent rimorchiare, donner des regards pour allécher.

  • REMOUCHICOTER, v. n. Chercher les aventures galantes—ou des prétextes à rixe.
  • REMPIÉTER, v. a. Mettre des talons et des bouts aux bas—dans l'argot des ménagères.
  • REMPLIR LE BATTANT (Se). Manger,—dans l'argot des faubouriens.
  • REMPLISSAGE, s. m. Prose inutile, destinée à allonger un article, un volume,—dans l'argot des gens de lettres.
  • REMPLUMER (Se), v. réfl. Engraisser, s'enrichir,—dans l'argot des faubouriens.
  • Renaché, s. m. Fromage,—dans l'argot des voleurs.
  • RENACLER, v. n. Bouder au travail; ne pas se sentir en disposition de faire une chose. Argot des faubouriens.

Signifie aussi: Crier après quelqu'un, gronder, murmurer.

  • RENARD, s. m. Aspirant compagnon,—dans l'argot des ouvriers.
  • RENARD, s. m. Pourboire,—dans l'argot des marbriers de cimetière, forcés d'employer toutes les ruses de leur imagination pour en obtenir un des familles inconsolables, mais «dures à la détente».
  • RENARD, s. m. Résultat d'une indigestion,—dans l'argot du peuple.

Piquer un renard. Vomir.

Du temps de Rabelais et d'Agrippa d'Aubigné, on disait Ecorcher le renard.

Les Anglais ont une expression analogue: to shoot the cat (décharger le chat).

  • RENARDER, v. n. Rendre le vin bu ou la nourriture ingérée avec excès ou dans de mauvaises dispositions d'estomac.
  • RENARÉ, adj. et s. Malin, homme habile.
  • RENAUD, s. m. Reproche, esclandre,—dans l'argot des voleurs.

Signifie aussi: Danger, péril.

  • RENAUDER, v. n. Se refuser à faire quelque chose, être de mauvaise humeur. Argot du peuple.

C'est le verbe arnauder de la langue romane.

Renauder signifie aussi Se plaindre.

  • RENCART ou Rancart (Au) A l'écart, au rebut.
  • RENDÈVE, s. m. Apocope de Rendez-vous,—dans l'argot des faubouriens.
  • RENDOUBLÉ, ÉE, adj. Plein, pleine,—dans l'argot des voleurs.
  • RENDRE SA BÛCHE, v. a. Livrer une pièce au patron,—dans l'argot des tailleurs.

Au figuré, Mourir,—rendre son âme au Grêle d'en haut.

  • RENDRE SA CANNE AU MINISTRE. Mourir,—dans l'argot des troupiers, qui disent cela à propos des tambours-majors.
  • RENDRE SA CLEF. Mourir,—dans l'argot des bohèmes.
  • RENDRE SON CORDON. Mourir,—dans l'argot des rapins, qui disent cela à propos des concierges.
  • RENDRE SON LIVRET. Mourir,—dans l'argot des domestiques.
  • RENDRE SON PERMIS DE CHASSE. Mourir,—dans l'argot du peuple, qui dit cela à propos des médecins, de qui l'homme malade est le gibier naturel.
  • RENDRE UNE FÈVE POUR UN POIS, v. a. Riposter à un coup de langue ou à un coup de poing par un autre coup de langue plus aigu ou par un autre coup de poing plus violent. Argot du peuple.

Signifie aussi: Rendre le bien pour le mal; agir avec générosité envers des gens qui ont montré de la parcimonie.

  • RENDRE VISITE A M. DU BOIS. Aller «où le Roi va à pied»,—dans l'argot des faubouriens.
  • RENFONCEMENT, s. m. Coup de poing.
  • RENFRUSQUINER (Se), v. réfl. S'habiller à neuf avec des vêtements d'occasion,—dans l'argot des ouvriers.
  • RENGAÎNE, s. f. Phrases toutes faites à l'usage des apprentis journalistes ou vaudevillistes,—telles que «l'étoile de l'honneur, la croix de ma mère, l'épée de mon père, le nom de mes aïeux», etc., etc.
  • RENGAÎNER SON COMPLIMENT, v. a. Se taire,—dans l'argot du peuple.

Signifie aussi, par extension, Mourir.

  • RENGRACIER, v. n. Renoncer au métier, redevenir honnête homme,—dans l'argot des voleurs, gens peu rengraciables.

Rengraciez! Taisez-vous! faites silence!

  • RENIFLANTES, s. f. pl. Bottes éculées et percées,—dans l'argot des voyous.
  • RENIFLER, v. n. Reculer, se refuser à faire une chose,—dans l'argot des faubouriens, qui ont eu l'occasion d'observer les chevaux peureux.
  • RENIFLER, v. a. Respirer, sentir.

Signifie aussi, au figuré: Pressentir, deviner, avoir soupçon de...

  • RENIFLER, v. a. et n. Boire.

Il faudrait n'avoir pas été enfant pour ne pas se rappeler le maternel:

«Renifle, Pierrot,
Y a du beurre au pot.»

  • RENIFLER, v. n. Faire un effet rétrograde,—dans l'argot des joueurs de billard.
  • RENIFLER LA POUSSIÈRE DU RUISSEAU, v. a. Tomber dans le ruisseau,—dans l'argot des voyous.
  • RENQUILLER, v. n. Rentrer.
  • RENQUILLER (Se), v. réfl. Réussir; engraisser; s'enrichir,—dans l'argot des typographes.
  • RENSEIGNEMENT, s. m. Verre de vin ou d'eau-de-vie,—dans l'argot des canotiers.

Prendre un renseignement. S'arrêter au cabaret.

  • RENTIER A LA SOUPE A L'OGNON, s. m. Ouvrier,—dans l'argot des faubouriens.
  • RENTOILER (Se). Revenir à la santé quand on a été malade; devenir riche quand on a été pauvre.
  • RENTRER BREDOUILLE. Rentrer sans avoir levé personne,—dans l'argot des petites dames, dont la chasse n'est pas toujours heureuse, bien que Paris soit un pays fort giboyeux.
  • RENTRER BREDOUILLE. Rentrer ivre-mort. Argot des faubouriens.
  • RENTRER DE LA TOILE, v. n. Prendre du repos par suite d'infirmités ou de vieillesse,—dans l'argot des ouvriers qui ont servi dans l'infanterie de marine.
  • RENTRER SES POUCES. Mourir,—dans l'argot des étudiants en médecine, qui ont eu de fréquentes occasions de remarquer que lorsque la mort arrive, la main du moribond se ferme toujours de la même manière, le pouce se plaçant en dedans des autres doigts.
  • RENVERSANT, adj. Étonnant, extraordinaire.—dans l'argot du peuple et des gandins.
  • RENVERSER, v. n. Rejeter ce qu'on a bu ou mangé avec excès ou mal à propos.
  • RENVERSER LA MARMITE, v. a. Cesser de donner à dîner,—dans l'argot des bourgeois.
  • RENVERSER SA MARMITE. Mourir,—dans l'argot des ouvriers.
  • RENVERSER SON CASQUE. Mourir,—dans l'argot des faubouriens, qui disent cela à propos des saltimbanques, probablement depuis la mort du fameux marchand de crayons Mengin.
  • RÉPANDRE (Se), v. réfl. S'étaler dans le ruisseau; tomber, soit par accident, soit parce qu'on est ivre.

L'expression est âgée de plus d'un siècle. Elle signifie aussi Mourir.

  • REPASSE, s. f. Mauvais café,—dans l'argot des ouvriers.

On dit aussi Cafetiau.

  • REPASSER, v. a. Céder quelque chose à quelqu'un, donner,—dans l'argot du peuple.

Repasser une taloche. Donner un soufflet.

  • Repaumer, v. a. Reprendre, arrêter de nouveau.
  • REPÉSIGNER, v. a. Arrêter de nouveau,—dans l'argot des voleurs.
  • RÉPÉTER, v. n. Aimer,—dans l'argot des cabotins.

On dit aussi Aller à la répétition.

  • REPIGER, v. a. Rattraper, retrouver,—dans l'argot des faubouriens.
  • REPIQUER, v. n. Reprendre courage, se tirer d'embarras.

Signifie aussi: Revenir à la charge; retourner à une chose.

Repiquer sur le rôti. En demander une nouvelle tranche.

  • RÉPLIQUE, s. f. Les derniers mots d'une tirade, d'un couplet quelconque,—dans l'argot des coulisses.

Envoyer la réplique. Prononcer ces derniers mots de façon à appeler l'attention de l'acteur qui doit reprendre le dialogue.

  • REPORTER SON FUSIL A LA MAIRIE, v. a. Commencer à vieillir,—dans l'argot du peuple, qui sait qu'à cinquante ans on cesse de faire partie de la garde nationale.
  • REPORTER SON OUVRAGE. Assister, quand on est médecin, à l'enterrement d'une personne qu'on a t...,—pardon! qu'on n'a pas pu guérir. Argot des faubouriens.
  • REPORTER, s. m. Journaliste en quête de nouvelles.
  • REPOUSSANT, s. m. Fusil,—dans l'argot des voleurs.
  • REPOUSSER DU TIROIR, v. n. Avoir l'haleine cousine germaine du lac Stymphale. Argot des faubouriens.

On dit aussi Repousser du corridor.

  • REPRENDRE DU POIL DE LA BÊTE, v. a. Continuer le lendemain les débauches de la veille. Argot du peuple.
  • REPRENDRE SON PIVOT, v. a. Retrouver son aplomb, son sang-froid,—dans l'argot du peuple, qui se sert de cette expression depuis longtemps, car on la trouve dans les Œuvres diverses de Cyrano de Bergerac.
  • REQUIN DE TERRE, s. m. Huissier,—dans l'argot des faubouriens, qui ont voulu faire allusion à la voracité de ce fonctionnaire, pour qui tout est bon, meubles et bijoux, le portrait de votre première maîtresse aussi bien que le berceau de votre dernier né.

On l'appelle aussi Macaron.

  • REQUINQUER (Se), v. réfl. S'habiller à neuf, ou seulement s'endimancher, dans l'argot du peuple.
  • RESSERRER SON LINGE, v. a. Mourir,—dans l'argot des faubouriens.
  • RESTANT DE NOS ÉCUS (Le). Se dit à propos des Gens qui surviennent quelque part quand on ne les attend pas. Argot du peuple.
  • RESTE (Donner son). Achever un homme en le tuant de n'importe quelle façon.
  • RESTE (Ne pas demander son). C'est, quand on a été battu, fuir sans exiger d'explications—et surtout sans demander le supplément de coups de pied ou de poing auxquels on pourrait avoir droit.
  • RESTER EN FIGURE. Rester coi, ne savoir que dire.

Signifie aussi: Rester seul, être abandonné de ses compagnons.

  • RESTER EN PLAN, v. n. Rester comme otage quelque part, lorsqu'on n'a pas d'argent pour payer sa consommation.
  • RESTITUER SA DOUBLURE. Mourir,—dans l'argot des faubouriens.
  • RESUCÉE, s. f. Chose qu'on a déjà goûtée, lue, entendue, ou vue plusieurs fois.

On dit aussi C'est de la troisième ou de la quatrième resucée.

  • RÉSURRECTION (La), n. de l. La prison de Saint-Lazare,—dans l'argot des faubouriens.
  • RETAPE, s. f. Raccrochage,—dans l'argot des filles et de leurs souteneurs.

Aller à la retape. Raccrocher.

On dit aussi Faire la retape.

  • RETAPÉ, adj. Vêtu proprement,—dans l'argot du peuple.
  • RETIRATION (Être en). Avoir plus de quarante ans, vieillir,—dans l'argot des typographes.
  • RETIRER LE PAIN DE LA BOUCHE, v. a. Ruiner quelqu'un, lui enlever son emploi, les moyens de gagner sa vie. Argot du peuple.
  • RETOURNE, s. f. Atout,—dans l'argot des joueurs.

Chevalier de la Retourne. Joueur passionné—jusqu'à en être grec.

  • RETOURNER (S'en). Vieillir,—dans l'argot de Breda-Street.
  • RETOURNER SA VESTE, v. a. Faire faillite, et, par extension, Mourir,—dans l'argot des faubouriens.

On dit aussi Rendre son tablier et Retourner son paletot.

  • REVENDRE, v. a. Répéter ce qu'on a appris de quelqu'un, commettre une indiscrétion. Argot des voleurs.
  • REVENIR, v. n. Se dit—dans l'argot des bourgeois—de tout ce qui plaît, choses ou gens.
  • REVENIR DE PONTOISE, v. n. Avoir l'air étonné, ahuri; dire des sottises,—dans l'argot du peuple.

Faire ou dire une chose comme en revenant de Pontoise. La dire ou la faire mal, gauchement, niaisement.

  • REVENIR SUR L'EAU, v. n. Rétablir ses affaires, sortir d'un mauvais pas; occuper de nouveau l'attention publique.
  • REVERS DE LA MÉDAILLE, s. m. La partie du corps sur laquelle on tombe le plus souvent lorsqu'on a l'habitude de marcher sur les talons.

C'est une expression de l'argot du peuple parisien, qui appartient également à l'argot du peuple napolitain: Il revescio de la medaglia, disent les fils de Mazaniello.

  • REVIDAGE, s. m. Opération qui consiste à se partager, entre brocanteurs, les lots achetés trop cher à l'hôtel Drouot, mais achetés par eux pour les enlever aux bourgeois.
  • REVIEWER, s. m. Écrivain de revues,—dans l'argot des gens de lettres, qui ont emprunté cette expression à l'Angleterre.
  • REVOIR LA CARTE, v. a. Rendre son déjeuner ou son dîner,—ce qui est une façon désagréable de s'assurer de ce qu'on a mangé. Argot du peuple.
  • RHUME, s. m. Maladie sœur du Quinte-et-quatorze.

On disait autrefois Rhume ecclésiastique.

  • RIBAMBELLE, s. f. Troupe nombreuse de choses ou de gens.
  • RIBOTE, s. f. Griserie, petite débauche.

Être en ribote. Être ivre.

  • RIBOTER, v. n. Hanter les cabarets.
  • RIBOUIS, s. m. Savetier,—dans l'argot des faubouriens.

Francisque Michel a raison: on devrait dire Rebouis, ce mot venant de l'opération par laquelle le cordonnier communique du lustre à une semelle en donnant le bouis. Le rebouis donne un second bouis, ou second lustre, aux chaussures avariées par l'usage.

  • RIC-A-RIC, adv. Chichement, morceau par morceau,—dans l'argot du peuple.

Payer ric-à-ric. Par acompte.

Autrefois cela signifiait au contraire, Payer rigoureusement, jusqu'au dernier sou.

  • RICHE, adj. Bon, agréable, amusant.

S'emploie ordinairement en mauvaise part et avec la négative.

Ce n'est pas riche! Ce n'est pas honnête, ce n'est pas bien.

C'est, me semble-t-il, le luculentus des Latins: hæreditas luculenta, riche succession, dit Plaute; luculentus scriptor, excellent écrivain, dit Cicéron.

  • RICHE EN IVOIRE, adj. Qui a de belles dents,—dans l'argot des faubouriens.

Montrer son ivoire. Montrer ses dents.

Les ouvriers anglais ont la même expression: Flash his ivory.

  • RICHE EN PEINTURE, adj. et s. Homme glorieux, plus riche en paroles qu'en réalité. Argot du peuple.

On dit de même d'un Fanfaron qu'il est brave en peinture.

  • RICHELIEU, adj. Galant, magnifique, entreprenant,—dans l'argot des bourgeois, dont les grand'mères ont conservé bon souvenir du vainqueur de Mahon.
  • RICHEMENT, adv. Extrêmement.
  • RICHONNER, v. n. Rire,—dans l'argot des voleurs.
  • RIDEAU ROUGE, s. m. Cabaret,—dans l'argot du peuple, qui se rappelle toujours les maisons à boire du vieux temps, reconnaissables à leurs rideaux de percale de couleur pourpre.

Les ouvriers anglais disent de même Red-lattice, parce que chez eux c'est le treillage extérieur du cabaret qui est peint en rouge.

  • RIDEAUX DE PERSE, s. m. pl. Rideaux déchirés, percés de trous,—dans l'argot des bourgeois plaisantins.

On dit de même Mouchoir de Perse, chemise de Perse, etc.

  • RIEN, s. m. Garde-chiourme, argousin,—dans l'argot des forçats.
  • RIEN. Mot de l'argot des faubouriens, qui l'emploient comme selle à tous chevaux, pour donner plus de force et de couleur à leurs discours.

Ainsi, ils disent: Il n'a rien l'air de... pour: Il a extrêmement l'air de... Il n'est rien paf, pour: Il est très gris. Ce n'est rien mauvais, pour: On ne saurait imaginer chose plus détestable, etc.

Une autre négation, sœur de celle-ci, et valant comme elle une affirmation, c'est n'être pas. Ainsi: Tu n'es pas blagueur! signifie: «Comme tu es menteur!»

  • RIEN, s. m. Un peu, très peu,—dans l'argot du peuple.

En un rien de temps. En très peu de temps.

Rien de rien. Moins que rien.

  • RIF ou RIFLE, s. m. Feu,—dans l'argot des voleurs.
  • RIFFAUDANTE, s. m. Flamme.
  • RIFFAUDATE, s. m. Incendie.
  • RIFFAUDER, v. a. Incendier, brûler.
  • RIFFAUDEUR, s. m. Chauffeur.
  • RIFFLARD, n. m. Bourgeois,—dans le même argot.
  • RIFFLARD, s. m. Parapluie,—dans l'argot du peuple.

Ce mot date de Picard et de sa Petite Ville, comédie dans laquelle il y a un personnage nommé Rifflard, qui ne marche qu'escorté d'un parapluie.

  • RRifler, v. a. et n. Brûler.—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Riffauder.

  • RIFLER, v. a. Prendre, saisir, chiper,—dans l'argot du peuple.

Signifie aussi: Passer tout près; effleurer.

  • RIFOLARD, adj. Amusant, rigolo.
  • RIGOLADE, s. f. Amusement, réjouissance, plaisanterie.

Coup de rigolade. Chanson.

  • RIGOLBOCHADE, s. f. Drôlerie dite ou faite, écrite ou peinte,—dans l'argot des faubouriens.

Ici encore se pose l'éternelle question: Quel est le premier né de l'œuf ou de la poule? Est-ce mademoiselle Marguerite la Huguenote—plus généralement oubliée aujourd'hui sous le nom de Rigolboche—qui a donné naissance à ce substantif, ou est-ce ce substantif qu'on a décerné comme un brevet à cette aimable bastringueuse? J'inclinerais volontiers à admettre cette dernière hypothèse. La foule se laisse parfois imposer certains noms, mais elle a pour habitude d'en inventer. Quant aux Mémoires de mademoiselle Marguerite, où elle prétend que c'est elle qui a créé le mot en question, il me suffit que ce soient des Mémoires pour que je ne leur accorde pas la moindre créance.

  • RIGOLBOCHE (Être). Être excentrique, amusant, drôle.
  • RIGOLBOCHER, v. n. S'amuser, soit en buvant, soit en dansant.
  • RIGOLE, s. f. Bonne chère,—dans l'argot des voleurs.
  • RIGOLER, v. n. S'amuser, se réjouir, boire, danser, rire,—dans l'argot du peuple.

Un vieux mot de notre vieille langue, que beaucoup de personnes, j'en suis sûr, s'imaginent né d'hier. Un hier qui a six cents ans! Les gens du monde croiraient parler argot en employant ce mot employé par Jean de Meung, par Rabelais, par l'auteur de la Farce de Maistre Pathelin et par d'autres écrivains qui font autorité.

  • RIGOLETTE, s. f. Habituée de bals publics, amie de la danse et de la gaieté.
  • RIGOLEUR, adj. et s. Ami de la joie et de la bouteille.
  • RIGOLO, s. et adj. Bon enfant, homme gai.

Rigolo-pain-de-seigle ou pain-de-sucre. Extrêmement amusant.

On dit aussi d'une chose: C'est rigolo, pour signifier: c'est plaisant, c'est drôle.

  • RIGRI, s. m. Ladre, méticuleux,—dans l'argot du peuple.
  • RIGUE, s. f. Apocope de _Rigueur_,—dans l'argot des voyous.
  • RINCÉE, s. f. Coups donnés ou reçus,—dans l'argot du peuple.
  • RINCER, v. a. Battre, donner des coups.

Signifie aussi Gagner quelqu'un au jeu.

  • RINCER, v. a. Dévaliser, nettoyer,—dans l'argot des voleurs.
  • RINCER (Se), v. réfl. Se purger,—dans l'argot des faubouriens.

On dit aussi Se rincer le fusil.

  • RINCER (Se faire). Recevoir la pluie; se laisser voler; perdre au jeu.
  • RINCER LA DALLE, v. a. Offrir à boire à quelqu'un,—dans l'argot des faubouriens.

Se faire rincer la dalle. Accepter à boire sans offrir la réciproque.

On dit aussi Rincer la dent, ou le bec, ou le fusil, ou le tube, ou la gargote, ou la corne.

  • RINCETTE, s. f. Petit verre d'eau-de-vie pris comme supplément au gloria,—dans l'argot des bourgeois.
  • RIOLE, s. f. Rivière, ruisseau,—dans l'argot des voleurs.
  • RIOLE, s. f. Joie, divertissement, débauche,—dans l'argot du peuple.

Être en riole. Être en train de s'amuser, être gris.

Se mettre en riole. Se griser.

En wallon. Être en riolle ou riotte, c'est Se quereller.

  • RIPATONNER, v. a. Raccommoder quelque chose ou quelqu'un,—dans l'argot des Polytechniciens, qui ont ainsi consacré la mémoire d'un concierge de l'Ecole, M. Ripaton, tailleur.
  • RIPATONS, s. m. pl. Souliers,—dans l'argot des faubouriens.
  • RIPER, v. a. Embrasser tendrement.
  • RIPEUR, s. m. Libertin.
  • RIPOPÉE, s. f. Mauvais vin,—dans l'argot du peuple.

Se dit aussi à propos de Toute chose médiocre ou mal faite.

Ce mot a été autrefois masculin, et tantôt substantif et tantôt adjectif: Du ripopé, du café ripopé.

  • RIQUIQUI, s. m. Eau-de-vie de qualité inférieure,—dans l'argot des ouvriers.
  • RIQUIQUI, adj. et s. Chose mal faite ou de qualité inférieure,—dans l'argot des ouvrières.

Avoir l'air riquiqui. Être ridiculement habillée, ou n'être pas habillée à la dernière mode.

Je ne suis pas bien sûr que ce mot ainsi employé ne soit pas une contrefaçon de Rococo.

  • RIRE AUX ANGES. Sourire doucement en dormant,—dans l'argot du peuple.
  • RIRE COMME UN CUL. Rire sans desserrer les dents.
  • RIRE JAUNE, v, n. Rire à contre-cœur, quand on voudrait ou pleurer de douleur ou écumer de rage.
  • RISETTE, s. f. Sourire,—dans l'argot des bourgeois.

Faire des risettes. Faire des avances aimables.

  • RISQUER LE PAQUET, v. a. Se hasarder à faire une chose délicate, aventureuse,—dans l'argot du peuple.
  • RIVANCHER, v. a. Aimer,—dans l'argot des voleurs.
  • RIVER SON CLOU A QUELQU'UN, v. a. Lui dire vertement son fait, lui tenir tête dans une lutte de paroles ou de gestes. Argot des bourgeois.
  • RIVETTE, s. f. Fille publique,—dans l'argot des voleurs.
  • RIZ-PAIN-SEL, s. m. Fournisseur militaire,—dans l'argot des troupiers.
  • ROBERT-MACAIRE, s. f. Danse fort en honneur dans les bals publics il y a vingt-cinq ou trente ans. C'était une variété de la Chahut.
  • ROBIGNOL, adj. Très bien, très beau, très amusant,—dans l'argot des voleurs, qui emploient ce superlatif à propos des choses et des gens.
  • ROBIN, s. m. Taureau communal,—dans l'argot des paysans de Paris.
  • ROBINSON, s. m. Parapluie,—dans l'argot du peuple, qui a gardé bon souvenir du naufragé de Daniel de Foë.

On dit aussi Pépin.

  • ROCAMBOLADE, s. f. Farce littéraire dans le goût des Exploits de Rocambole de Ponson du Terrail.
  • ROCAMBOLE, s. f. Chose sans valeur; promesse en l'air qu'on sait devoir n'être pas tenue, gasconnade.
  • ROCANTIN, s. m. Vieillard libertin.
  • ROCHET, s. m. Evêque,—dans l'argot des voleurs.
  • ROCOCO, adj. Suranné, arriéré, démodé, grotesque à cause de cela,—comme si le goût d'autrefois ne valait pas bien le goût d'aujourd'hui!

Se prend aussi en bonne part.

Pendule rococo. Pendule Louis XV ou faite sur le modèle de cette époque.

Tentures rococo. Etoffes en vieille perse à ramages.

  • RœDERER, s. m. Vin de Champagne,—dans l'argot des gens de lettres qui tiennent à faire une réclame à la maison de commerce dont les produits portent cette signature.
  • ROGNEUR, s. m. Fourrier,—dans l'argot des troupiers.
  • ROGNONNER, v. n. Bougonner,—dans l'argot des bourgeois.
  • ROGNURES DE FER-BLANC. (V. Troupe de fer-blanc.)
  • ROGOME, s. m. Eau-de-vie,—dans l'argot du peuple.

Voix de Rogome. Voix éraillée par l'ivrognerie.

  • ROGOMIER, s. m. Buveur d'eau-de-vie.
  • ROGOMISTE, s. m. Liquoriste.
  • ROMAGNOL, ou ROMAGNON, s. m. Trésor caché,—dans l'argot des voleurs.
  • ROMAIN, s. m. Soldat d'infanterie.
  • ROMAIN, s. m. Applaudisseur gagé,—dans l'argot des coulisses, sans doute par allusion aux claqueurs de Néron.
  • ROMANCIER, s. m. Chanteur qui a la spécialité des romances et autres «choses du cœur»,—dans l'argot des cafés-concerts.

Fort romancier. Premier chanteur de romances d'un café-concert.

Forte romancière. Grosse femme qui chante avec efforts, et très mal, de petites choses sentimentales, très faciles à chanter.

  • ROMANICHEL, s. m. Bohémien,—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Romamitchel, Romanitchel, Romonichel et Romunichel. Suivant le colonel Harriot, «Romnichal est le nom que portent les hommes de cette race en Angleterre, en Espagne et en Bohême, et Romne-chal, Romaniche, est celui par lequel on désigne les femmes».

  • RONCHONNER, v. n. Être grognon, maussade; bougonner,—dans l'argot du peuple.
  • ROND, s. m. Sou, pièce de monnaie,—dans l'argot des voyous.

On dit aussi Rotin.

  • ROND, adj. Ivre,—dans l'argot des faubouriens.

Rond comme une futaille. Ivre mort.

On dit aussi Rond comme une pomme.

  • RONDE BOSSE, adj. Hardi, audacieux, frisant l'immoralité,—dans l'argot des gens de lettres, qui consacrent ainsi le souvenir de l'Aristide Froissard de Léon Gozlan.
  • RONDELET, s. m. Sein,—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Rondin.

  • RONDIN, s. m. Stercus (V. étron)—dans l'argot du peuple.
  • RONDIN, s. m. Bâton, gourdin.
  • RONDINE, s. f. Bague,—dans l'argot des voleurs.
  • RONDINER, v. a. Boutonner,—dans le même argot.
  • RONDINER, v. n. Dépenser de l'argent, des ronds,—dans l'argot des voyous.

On dit aussi Se dérondiner.

  • RONDINER, v. a. Battre à coups de bâton,—dans l'argot du peuple.
  • RONDINER DES YEUX, v. n. Faire les gros yeux.
  • RONDIN JAUNE, s. m. Pièce d'or,—dans l'argot des voleurs.

Rondin jaune servi. Or volé, caché par son voleur.

  • RONFLER DU BOURRELET, v. n. Crepitare, ou alvum deponere,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Faire ronfler le bourrelet.

  • RONRONNER, v. n. Faire le joli-cœur auprès d'une femme,—dans l'argot des ouvriers.
  • RONRONNER, v. n. Ecrire de petits articles qui ne produisent qu'un bien petit bruit. Argot des gens de lettres.
  • ROQUET, s. m. Homme de petite taille, et, à cause de cela, hargneux. Argot du peuple.
  • ROSE DES VENTS, s. f. Le podex,—dans l'argot facétieux des faubouriens.
  • ROSSARD, adj. et s. Mauvais compagnon.
  • ROSSE, adj. des deux g. Homme sans consistance, femme sans pudeur.

Il n'est rien rosse! Se dit pour: Est-il canaille!

  • ROSSÉE, s. f. Coups donnés ou reçus.
  • ROSSER, v. a. Frapper, battre, étriller à coups de poing ou de bâton.
  • ROSSIGNANTE, s. f. Flûte,—dans l'argot des voleurs.
  • ROSSIGNOL, s. f. Fausse clé,—dans le même argot.
  • ROSSIGNOL, s. m. Livre qui ne se vend pas,—dans l'argot des libraires.

Marchandise qui n'est pas de bonne défaite,—dans l'argot des boutiquiers.

  • ROSSIGNOL D'ARCADIE, s. m. Ane,—dans l'argot des académiciens, à qui le mot propre répugne tant.

Ils disent aussi «Le patient animal qui...,» etc.

  • ROTIN, s. m. Pièce de cinq centimes, sou,—dans l'argot des ouvriers. C'est sans doute une contrefaçon ironique du radis,—à cause de l'éructation.
  • RÔTIR LE BALAI, v. a. Mener une vie obscure et misérable,—dans l'argot du peuple.

Avoir rôti le balai. Se dit d'une fille qui a eu de nombreuses aventures galantes, par allusion aux chevauchées sabbatiques des sorcières.

  • ROTOTO, s. m. Coups de bâton, de rotin,—dans l'argot des faubouriens.

Coller du rototo. Battre quelqu'un.

  • ROTOTO! Exclamation de refus ou de mépris.
  • ROUATRE, s. m. Lard,—dans l'argot des voleurs.
  • ROUBIGNOLE, s. f. Petite boule de liège dont se servent certains voleurs pour faire des dupes. (Voy. Cocangeur.)
  • ROUBIGNOLEUR, s. m. Voleur qui a de la Roubignole et des Cocanges, et, par extension, Homme madré. Argot des faubouriens.
  • ROUBLARD, adj. Laid, défectueux, pauvre,—dans l'argot des voleurs.
  • ROUBLARD, adj. et s. Rusé, adroit, qui a vécu, qui a de l'expérience,—dans l'argot des faubouriens.

Si ce mot vient de quelque part, c'est du XVe siècle et de ribleux, qui signifiait Homme de mauvaise vie, vagabond, coureur d'aventures.

  • ROUBLARDERIE, s. f. Ruse, astuce, expérience de l'homme qui a vécu et qui remplace l'argent qu'il n'a pas par l'ingéniosité qu'il aura jusqu'au bout de son rouleau.

Signifie aussi: Pauvreté, gêne, misère.

  • ROUCHI, s. m. Homme sans morale et sans honnêteté, voyou,—dans l'argot du peuple.
  • ROUCHIE, s. f. Fille ou femme de mauvaise vie.
  • ROUCOUCOU, s. m. Lapin mort-né,—dans l'argot des chiffonniers et de leurs gargotiers.
  • ROUE, s. f. Juge d'instruction,—dans l'argot des voleurs.
  • ROUE DE DERRIÈRE, s. f. Pièce de cinq francs en argent,—dans l'argot des cochers, qui emploient cette expression depuis longtemps, puisqu'on la trouve dans les Œuvres badines du comte de Caylus.

Les Anglais ont la même expression: A hind-coach-wheel, disent-ils à propos d'une pièce de cinq shillings (une couronne).

  • Roue de devant, s. f. Pièce de deux francs.

Les Anglais disent A fore-coach-wheel pour une demi-couronne.

  • ROUFFION, s. m. Dernier employé du magasin,—dans l'argot des calicots.

On dit Mousse.

  • ROUFFLE, s. f. Coup de poing ou coup de pied,—dans l'argot des voleurs.
  • ROUGE, s. m. Républicain,—dans l'argot des bourgeois.
  • ROUGET, s. m. Homme à barbe rouge ou à cheveux d'un blond ardent.
  • ROUGET, s. m. Cuivre volé.
  • ROUGETS, s. m. pl. Les menses des femmes,—dans l'argot du peuple, à qui le seigneur de Cholières n'a pas craint d'emprunter cette expression pour un de ses Contes.
  • ROUILLARDE, s. f. Bouteille,—dans l'argot des voleurs.
  • ROUILLER (Se), v. réfl. Vieillir,—dans l'argot du peuple.
  • ROULANCE, s. f. Bruit de pieds, ou de marteaux, ou de composteurs, que font entendre les typographes pour accueillir quelqu'un à son entrée dans l'atelier.

Donner une roulance. Faire ce bruit, qui est tantôt une moquerie, tantôt une marque de sympathie.

  • Roulant, s. m. Fiacre,—dans l'argot des voyous.

Roulant vif. Chemin de fer.

  • ROULANTS, s. m. pl. Pois,—dans l'argot des voleurs.
  • ROULÉE, s. f. Coups donnés ou reçus,—dans l'argot des faubouriens. Ereintement,—dans l'argot des gens de lettres.
  • ROULER, v. a. Battre quelqu'un.

Signifie aussi: Tromper, agir malignement.

  • ROULER, v. n. Aller bien comme santé ou comme commerce.

Ne s'emploie guère qu'à la troisième personne de l'indicatif présent: cela roule. C'est l'équivalent de: Cela boulotte.

  • ROULER, v. a. Se moquer, lutter d'esprit et d'impertinences,—dans l'argot des gens de lettres.

Se faire rouler. Avoir le dessous dans une affaire, dans une discussion.

  • ROULER, v. n. Vagabonder, voyager,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Rouler sa bosse.

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