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La guirlande de Julie: augmentée de documents nouveaux

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AVERTISSEMENT

Il avoit cueilli sur le Parnasse toutes les plus belles fleurs qui composoient cette fameuse Guirlande, dont les Muses françoises couronnèrent à l'envie l'illustre Julie.

NICOLAS PETIT, Vie de Montausier.

Le baron de Sainte-Maure s'occupait depuis
longtemps de la composition de sa
Couronne
poétique, avant que Jarry ne se mît à
l'œuvre, et l'idée de
la Guirlande fut au moins conçue,
selon nous, dans le courant de l'année 1632
 [93].

Plus guerrier que poëte, et par conséquent moins souvent à Paris qu'au delà du Rhin, l'amant discret de Julie d'Angennes, ne pouvant donner à son œuvre que ses rares moments de loisir, dut convier par avance tous les poëtes à l'illustre galanterie qu'il a su perpétuer.

Les fleurs affluèrent en gerbes, briguant l'honneur d'être nouées à la Guirlande, qui, certes, se fût de beaucoup augmentée si M. de Montausier, forcé de choisir, n'eût fait l'anthologie manuscrite que nous réimprimons.

Le Dignus intrare ne fut donc pas prononcé pour toutes les fleurs, et nombre de pauvres madrigaux durent rester à la porte, honteux et confus de ne pas orner le front de Julie.

Les poëtes de l'époque étaient inconstants, et dans le monde précieux qui fréquentait le Bureau d'esprit, un madrigal ne pouvait rester longtemps inoccupé; il serait donc plausible qu'une partie des fleurs primitivement destinées à la Guirlande, légèrement retouchées et fardées par la suite, fussent passées comme simples bluettes dans les mains de beautés inconnues.

Par un heureux contraste, des fidèles comme Malleville et Scudéry, des madrigaliers modestes comme les anonymes du manuscrit de Conrart, déposèrent intacts dans différents recueils leurs madrigaux rejetés de la Guirlande comme un hommage dévoué que nous devons respecter.

Nous ne saurions, à la suite de notre réimpression, refuser l'hospitalité à ces courageux madrigaux, depuis trop de temps vagabonds; M. Ch. L. Livet, dans la parfaite et sérieuse édition qu'il a donnée de la Guirlande [94], a déjà restitué à leur véritable place les anonymes du manuscrit de Conrart et les pièces de Malleville qui ne figurent pas dans le texte original.

Nous suivons cette excellente voie, et ajoutons à notre nouvelle édition sept madrigaux, jusqu'alors inédits, conservés dans les poésies de Scudéry.

En ramassant en quelque sorte les fleurs tombées en dehors de la Guirlande manuscrite, et en les groupant de nouveau, nous faisons plus qu'une restitution, nous adhérons pieusement aux vœux des poëtes qui voulurent payer à la belle Julie leur tribut d'estime et d'admiration.

O. U.

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