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La guirlande de Julie: augmentée de documents nouveaux

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LE NARCISSE[7].
Madrigal.

I E consacre, Ivlie, vn Narcisse à ta gloire;

Luy-mesme des beautez te céde la victoire.

Estant iadis touché d'vn amour sans pareil,

Pour voir dedans l'eau son image,

Il baissoit toujours son visage,

Qu'il estimoit plus beau que celuy du Soleil.

Ce n'est plus ce dessein qui tient sa teste basse;

C'est qu'en te regardant, il a honte de voir

Que les Dieux ont eu le pouuoir

De faire vne beauté qui la sienne surpasse.

De M. le marquis DE MONTAUSIER.

LE NARCISSE[8].
Madrigal.

I E suis ce Narcisse fameux

Pour qui iadis Echo répandit tant de larmes,

Et de qui les appas ne cédent qu'à vos charmes,

Qui viens pour vous offrir mes vœux.

Qu'on m'accuse, belle Ivlie,

D'auoir en ce dessein plus de temerité

Que ie n'eus iamais de folie

Adorant ma propre beauté,

Ie ne puis m'empescher de commettre ce crime,

Ie le trouue trop glorieux.

Oyez donc ce discours que ma pasleur exprime,

Et qui ne s'entend que des yeux:

Si vous me voyez le teint blesme,

Ce n'est plus moi, c'est vous que i'ayme.

De M. le marquis DE MONTAUSIER.

LE NARCISSE[9].
Madrigal.

E PRIS de l'amour de moy-même,

De Berger que i'estois ie deuins vne Fleur;

Faites proffit de mon malheur,

Vous que le Ciel orna d'vne beauté suprême;

Et pour en euiter les coups,

Puisqu'il faut que tout ayme, aymez d'autres que vous.

De M. HABERT, cap. de l'artillerie.

LE NARCISSE[10].
Madrigal.

QVAND ie voy vos beaux yeux si brillans et si doux,

Qui n'ont plus desormais rien à prendre que vous,

Leur éclat m'est suspect, et pour vous i'appréhende.

Souuent ce riche don est chérement vendu:

Je sçay que ma beauté ne fut jamais si grande,

Et pourtant chacun sçait comme elle m'a perdu.

De M. CHABERT, abbé de CÉRISY.

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