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Médée: tragédie

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SCENE VIII.

MEDÉE, seule.

TU les aimes, Cruelle, & tu les laisses vivre!
Aux malheurs les plus grands ta foiblesse les livre;
Et ta pitié barbare en respectant leurs jours,
Du plus affreux destin leur prepare le cours.
Ah! lâche! suis tu donc un foible amour pour guide?
Sauve les; tu fais bien. Leur Pere moins timide
Pour vanger tes Tyrans leur percera le flanc.
Quoi! leur Pere à Créüse immoleroit mon sang!
Non, mes Enfans jamais ne seront sa victime:
Ils mourront de ma main. Tout me force à ce crime.
Qu’ils meurent ces Enfans d’un infidelle Epoux:
Adoptez par Créüse, ils ne sont plus à nous.
Ah! s’ils sont innocens, aussi l’estoit mon Frere!
J’immolerois mes Fils! ô trop barbare Mere!
Ah! plûtost.... l’heure approche; un exil rigoureux,
Un divorce crüel va me separer d’eux.
Ils n’adouciront point ma fuitte et mes allarmes.
S’attachant à leur Mere, & tout baignez de larmes,
De mes bras, de mon sein, on va les détacher:
A l’amour maternel on va les arracher.
Non, ne l’endurons pas. Qu’ils meurent pour leur Pere;
Qu’ils meurent. Aussi-bien ils sont morts pour leur Mere.
O Jason! ô mes Fils! Amour, Haine, Fureur,
Cessez par vos combats de déchirer mon cœur!
Pour le percer ce cœur, trop de rigueur s’assemble.
Le Temps fuit; le mal presse. Accordez-vous ensemble.

Fin du quatriéme Acte.

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