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Douze aventures sentimentales, suivies d'autres histoires d'à présent

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M. CÉSAR BALBOIS

I

M. César Balbois, venant de l’institution où il était répétiteur, traversa, vers cinq heures, le boulevard Saint-Michel. Selon sa coutume, il marchait avec une grande dignité, cambrant sa maigre taille exiguë dans un pardessus élimé et redressant sa face austère parmi le volumineux buisson, plus gris que blond, de sa forte barbe.

M. Balbois tourna le coin d’une rue et, d’un air d’autorité, poussa la porte d’une petite taverne où il entra avec une satisfaction intime très vive mais qui ne parut point dans son attitude. Là, M. Balbois oubliait la besogne rebutante et toutes les misères et tous les déboires que sa vanité ne voulait pas avouer, même à lui-même, mais qu’il éprouvait toutefois cruellement.

Dans la salle enfumée, sombre comme une cave, il alla s’asseoir à sa table habituelle, la même depuis quinze ans et où déjà l’attendait le groupe de vieux habitués dont il était l’oracle et le tyran.

Il discourait lorsque, dans la taverne, un soldat entra qui s’arrêta au seuil pour regarder, puis vint à M. Balbois.

— Monsieur Balbois ?

— Oui, répondit sèchement M. Balbois, qui était mortifié d’avoir été interrompu au milieu d’une période éloquente.

— Je suis Dulin, vous vous souvenez bien, monsieur Balbois : Ernest Dulin ? J’ai été votre collègue et aussi votre ami, j’ose le dire, à l’institution Bance, il y a six ans…

— Ah ! oui, ah ! oui, parfaitement. Charmé de vous voir, Dulin, prononça M. Balbois qui se dérida et tendit la main au soldat.

Maintenant, il le reconnaissait parfaitement. Dulin semblait presque aussi jeune qu’au temps où M. Balbois l’avait vu pour la première fois. Ses joues roses étaient hâlées et sa moustache était plus prononcée, mais il avait toujours les mêmes yeux clairs et timides, la même voix discrète.

— Monsieur Balbois, dit-il, excusez-moi, mais je désirerais vous parler… Voulez-vous être assez bon pour sortir quelques instants avec moi ?

Cette demande d’abandonner sa taverne et ses amis était exorbitante, mais M. Balbois avait eu jadis pour Dulin autant de sympathie qu’il était capable d’en ressentir ; en outre, la curiosité le poussait ; il sortit avec le jeune homme.

— Allons par là, voulez-vous ? dit Dulin en descendant la rue. Monsieur Balbois, j’ai un service à vous demander. Un service singulier et prolongé… et, seules, nos excellentes relations de jadis me donnent l’audace…

— Qu’est-ce que c’est ? interrogea M. Balbois, inquiet au sujet de la nature du service.

— Monsieur Balbois, reprit Dulin, qui semblait un peu embarrassé, vous savez que, après avoir vécu auprès de vous, à l’institution Bance, pendant dix-huit mois, je l’ai quittée pour me marier, malgré que, dans votre sagesse, vous m’aviez…

— Conseillé de n’en rien faire, interrompit Balbois. Se marier quand on est un pauvre pion sans le sou, c’est de la folie, mais…

— Mais je l’aimais et je voulais vivre pendant que j’étais jeune, dit doucement Dulin. Et elle paraissait si courageuse, et elle était si jolie ! Et puis, voyez-vous, monsieur Balbois, moi, je ne suis pas comme vous, je n’ai ni volonté ni énergie, tout au moins pour me dire non à moi-même. Alors, j’ai quitté Bance et je me suis marié. Nous avons eu deux enfants… J’ai été très heureux… Puis… (sa voix faiblit) elle m’a quitté, elle a quitté ses enfants… Je ne sais pas avec qui elle est partie. Elle m’avait laissé une lettre me parlant de notre misère et de sa vie manquée et de beaucoup de souffrances qu’elle éprouvait et dont je ne m’étais pas aperçu… Et, à mon tour, j’ai beaucoup souffert, monsieur Balbois… Je vous assure que, sans les enfants… Mais c’est fini… Je l’ai oubliée. J’ai appris à être énergique, moi aussi…

Il resta un moment silencieux, tout en continuant à marcher vite.

— Où me menez-vous ? demanda M. Balbois qui s’essoufflait.

— Nous sommes arrivés, dit Dulin.

Il s’engagea dans une petite rue et entra dans une boutique si étroite que la porte tenait toute la devanture, et si noire, si poussiéreuse et si sale qu’on reconnaissait à peine que cela avait dû être une épicerie. M. Balbois, qui suivait, distingua une très vieille femme couverte d’un monceau de loques, à face ligneuse et grimaçante, et qui était tapie tout contre un petit poêle à peine chaud, sous une veilleuse qui empestait. Deux enfants de trois et quatre ans, serrés l’un contre l’autre, étaient assis par terre, très sages.

— Ce sont mes enfants, dit Dulin, et c’est ma grand’mère… Elle est très âgée et très sourde, et je ne crois pas qu’elle ait toute sa raison, mais je n’ai qu’elle au monde pour les garder et les soigner… Cela, elle sait le faire, mais elle ne peut plus ni lire ni écrire. Alors je suis sans nouvelles, vous comprenez, monsieur Balbois ? Je suis auxiliaire dans la zone des armées, et là-bas, je ne sais rien de ce qui arrive ici… Je ne sais pas si mes enfants vont bien… Et c’est pour moi une angoisse constante… Jusqu’à ces derniers temps, une vieille qui habitait avec ma grand’mère me donnait des nouvelles, mais elle vient de mourir… Alors…

— Alors ? demanda M. Balbois.

— Eh bien, monsieur Balbois, je ne connais personne au monde à qui je puisse demander ce service, si vous ne consentez pas à me le rendre. Voulez-vous, de temps à autre, passer ici et m’envoyer un mot, là-bas, pour me dire comment cela va ?…

M. Balbois, dans son égoïsme, avait encore des brèches. Touché de la requête, il ne voulut point s’arrêter à l’ennui de la corvée.

— Mon cher Dulin, comptez sur moi. Chaque semaine, je passerai ici et vous aurez des nouvelles de vos enfants.

Il s’avança et caressa la joue du plus petit pendant que la vieille, furieusement, secouait le poêle éteint.

— Merci ! s’écria le jeune homme avec effusion. Merci !… Mais, dites-moi, monsieur Balbois, reprit-il avec embarras… si par hasard… on ne sait pas… si leur mère… oui, ma femme… revenait. A cause des enfants, c’est une chose possible… Je suis sûr qu’elle les aimait… Eh bien, si elle revenait… Vous la verriez, n’est-ce pas ?… Alors, dites-lui… dites-lui que je ne lui en veux pas ! Dites-lui qu’elle ait confiance en moi… Dites-lui qu’elle revienne pour tout à fait ! Et prévenez-moi, aussitôt, prévenez-moi là-bas…

L’émotion l’interrompit. Puis il ajouta, gêné :

« Vous me trouvez lâche, n’est-ce pas ?…

— Non, non, balbutia M. César Balbois d’une voix tremblante. Je sais, voyez-vous, je sais… C’est mon histoire aussi… La misère, une femme trop jolie et qu’on aime trop… Seulement, moi, je n’avais pas d’enfants… Alors elle n’est pas revenue…

II

Une fois par semaine, M. César Balbois, au lieu de s’arrêter à son habituelle brasserie, descendait vers la place Saint-Sulpice et entrait dans la petite boutique poussiéreuse et noire, où il n’y avait jamais de clients.

M. César Balbois, découvrant son front chauve, saluait la vieille qui, sans tourner vers lui sa face ligneuse, répondait par des grimaces hostiles et des injures sans suite, sénilement proférées à voix basse ; puis il élevait l’un après l’autre les enfants jusqu’à sa barbe grise, afin de les baiser au front ; enfin il s’asseyait sur une vieille caisse, devant une table disjointe, et écrivait une lettre brève, toujours la même :

« Mon cher Dulin, je viens de voir vos enfants. Ils vont bien et sont très gentils. Votre grand’mère est toujours pareille. Je n’ai rien de nouveau à vous apprendre… »

Pendant trois mois M. César Balbois remplit ainsi fidèlement sa mission, malgré l’animosité de la vieille qui, dans tout visiteur, voyait un ennemi venu pour s’emparer de la chaleur du poêle. Par contre, les enfants étaient affectueux et, petit à petit, M. Balbois s’était mis à les aimer.

Il fit treize visites et il écrivit treize fois son immuable lettre, mais, un jour d’avril, il ne put écrire la formule de la fin : « Je n’ai rien de nouveau à vous apprendre », car il ne s’en sentit pas le droit. Il y avait du nouveau ; les deux enfants n’étaient plus en loques et ils étaient propres ; une main soigneuse avait recousu leurs petits vêtements et débarbouillé leurs petits visages. C’était un phénomène insolite et M. Balbois interrogea la petite Berthe, qui était l’aînée et qui consentit à répondre :

— C’est maman… Faut pas le dire…

Elle ne voulut rien ajouter. M. Balbois resta ému et perplexe.

Dans la boutique moisie, assis sur la vieille caisse, accoudé auprès de sa lettre inachevée et la tête dans ses mains, il pensait maintenant à lui-même, et un flot d’amertume et de douleur monta du temps passé.

M. Balbois se redressa enfin avec une dignité de justicier. Dulin, trop faible et toujours épris, ne demandait qu’à pardonner, il le savait bien, mais lui était là pour juger la jeune femme et pour apprécier son repentir si elle revenait dans l’espoir de retrouver un foyer. Il voyait son devoir. Il saurait défendre son ami contre de nouveaux malheurs.

Soudain, le bruit de la porte fit tressaillir Balbois. Il tourna la tête, une jeune femme entrait. Elle l’aperçut, eut un mouvement pour s’enfuir, mais comme il s’avançait, elle l’attendit.

— Maman ! cria la petite Berthe en se jetant contre elle. La jeune femme l’embrassa et la fit sortir ainsi que l’autre enfant. Puis elle revint à M. Balbois. La vieille dormait auprès du poêle éteint.

M. Balbois regarda la jeune femme. Elle était svelte et souple dans sa robe noire très simple ; sous son chapeau noir, ses cheveux blonds encadraient d’ondulations épaisses un délicieux visage aux grands yeux tendres, voilés de mélancolie.

« Comme elle est jolie !… Comme elle est jolie !… » se dit M. Balbois, mais il fit un grand effort pour être froid et sévère.

— Madame, dit-il, si je me trouve ici…

Elle l’interrompit :

— Oui, je sais, la grand’mère m’a dit. Elle parle quand elle veut bien… Vous êtes l’ami de… de M. Dulin… Vous lui donnez des nouvelles des enfants… C’est à cause d’eux que je suis revenue. Il fallait que je les revoie… J’étais malheureuse… Oui… oui… je sais que j’ai été très coupable… Mais ce n’est pas tout à fait de ma faute… Quand nous nous sommes mariés, j’étais très jeune et nous étions trop pauvres… C’était plus dur encore que quand j’étais chez mes parents… Et je savais que j’étais jolie et cela m’ennuyait d’être mal mise et de faire le ménage… Et j’ai rencontré celui avec qui je suis partie. C’était le frère d’un élève de mon mari… Il était très séduisant et je l’ai aimé.

— Le misérable ! gronda Balbois, frémissant au souvenir de sa propre histoire.

— Taisez-vous ! Il a été tué, il y a un an ! cria-t-elle. Je suis restée seule… si malheureuse que, sans la pensée de mes enfants… Mais je voulais les revoir… d’abord je n’ai pas osé… J’ai réfléchi, je vous assure, et j’ai compris beaucoup de choses du passé… Je sais bien que j’aurais pu être heureuse avec mon mari si j’avais eu plus de courage dans ce temps-là, et plus d’expérience… Je sais bien que je suis sans excuse à ses yeux, mais il ne peut pas m’empêcher de voir mes enfants maintenant que je les ai retrouvés ! Je travaille toute la journée, et je n’ai que cela : venir les voir, le soir… Je suis si seule et si malheureuse !… Je sais bien que je suis sans excuse…

Sa voix tremblait. M. Balbois, les yeux baissés, croyait entendre la voix repentante d’une autre qu’il avait toujours espéré en vain entendre, et il répondit à la femme de Dulin ce qu’il eût répondu à sa femme à lui, si jamais elle était revenue.

— Si… si… il y a des excuses… Nous aussi nous avons des torts, nous ne comprenons pas et notre bonheur nous suffit trop… Reste, va, tu sais bien que je te pardonne…

Mais, au tressaillement de surprise de la jeune femme, il revint à la réalité. Qu’est-ce qu’il disait donc ?

Il reprit très vite :

« Il vous pardonne… Vous le savez bien… Il sera trop heureux… Tenez, ajouta-t-il en la poussant vers la table, allez achever la lettre que j’avais commencée pour lui. »

Et, honteux d’avoir oublié une seconde qu’il n’était qu’un vieux bohème sans espoir, dont personne n’avait jamais sollicité le pardon, M. César Balbois s’en alla vers sa brasserie.

III

« … Un bohème vieilli, un pilier de brasserie, un pion resté pion pour toujours… je suis cela, cela seulement… Et c’est à cause d’elle, c’est parce qu’elle m’a quitté, parce qu’elle m’a trahi, parce qu’elle a brisé ma vie il y a vingt-cinq ans… Pour elle, que n’aurais-je pas fait ?… Mais seul, seul, seul… »

M. César Balbois s’interrompit. Il était dans la rue ; il se parlait à lui-même et il se rendit compte qu’il avait prononcé tout haut les derniers mots et que des passants le regardaient. Se redressant, il eut pour eux un regard de hauteur et continua son chemin vers le quartier latin.

Depuis quelques jours, M. César Balbois était en proie à une affreuse mélancolie. Sa vie lui semblait odieuse ; l’institution où il gagnait son pain était une geôle peuplée de collègues envieux et d’élèves insolents ; sa brasserie était une geôle aussi, volontaire et méprisable, où, depuis des années, quotidiennement, il passait des heures à pérorer devant des sots… Car c’était là l’unique gloire qu’il ait su conquérir : être le personnage important d’une petite taverne enfumée, fréquentée par des boutiquiers. M. Balbois, en se rappelant ses ambitions passées, avait un rire amer, mais sa plus âpre amertume l’assaillait lorsqu’il pensait à celle qui, jadis, avait été sa femme et qui, lasse de leur indigence, après peu de temps, était partie… Et ce souvenir, qui pendant des années était resté comme assoupi dans sa mémoire, maintenant ne le quittait plus.

M. Balbois, morne, remontait d’un pas lent vers chez lui. Il passa sans s’arrêter devant sa brasserie et n’eut pas le courage d’entrer dans sa crémerie habituelle. Après avoir dîné d’un morceau de pain et d’un café noir, avalé dans un bar, il alla s’enfermer dans sa petite chambre mal tenue. D’un tiroir il tira une photographie qu’il contempla à la lueur de sa bougie. C’était elle. Et il se souvint de la couleur des grands yeux si doux et des longs cheveux soyeux ; il se souvint de la taille souple, des mains fines, du charme sans pareil du sourire. Il se souvint qu’elle l’avait aimé avant de le trahir…


M. Balbois, quelques jours plus tard, surveillait une récréation quand on le prévint qu’une dame le demandait. Il crut que c’était la mère d’un élève et s’empressa. La personne qu’il trouva au parloir lui était parfaitement inconnue. De haute taille, maigre et anguleuse dans la robe sévère, dont un ruban violet décorait le corsage, elle avait un visage osseux et parcheminé, aux yeux froids sous un lorgnon d’or ; sur son front jaune, dominé d’un chapeau revêche, plaquaient deux bandeaux maigres, d’un noir dur mêlé de gris.

— Monsieur César Balbois ?

Il salua.

« Vous ne me reconnaissez pas ? »

Elle le regardait, parfaitement calme. Balbois, surpris, cherchait dans sa mémoire. Une idée horrible le saisit tout à coup, mais c’était si fou qu’il haussa les épaules. L’idée revint, s’imposa. Il pâlit, puis rougit.

« Je vois que vous me reconnaissez, continua la visiteuse. Voici le but de ma démarche : Jadis j’ai eu des torts envers vous, César. Je ne veux pas chercher si, dans la faute que j’ai commise, une part de responsabilité ne vous incombe pas. Le fait est incontestable : j’ai eu des torts envers vous. Je viens aujourd’hui vous demander votre pardon et réparer mes torts. »

Elle débitait ces phrases d’une voix sèche, et sans que l’intonation répondît le moins du monde au sens des mots.

— Que je vous pardonne ?… balbutia Balbois atterré.

— Oui. Il convient, je vous le répète, que je répare ma faute. Après une erreur de jeunesse, condamnable, certes, mais qui a été fugitive, j’ai fait un retour sur moi-même, et je suis entrée dans la voie du travail. Grâce à ma seule énergie, je me suis créé une situation enviable. Dans ces conditions, César, et m’étant discrètement renseignée sur votre existence, je viens vous dire : « Quittez la bohème indigne où vous croupissez. Je vous en offre les moyens ».

Balbois se taisant, elle continua :

« Je suis dans l’enseignement moi-même, mais non pas comme salariée. Je possède à Saint-Cloud une maison d’éducation pour les jeunes filles. C’est un établissement de premier ordre que j’ai fondé avec une associée qui vient de mourir. Je garde la maison à mon nom qui est le vôtre puisque, légalement, je suis toujours Mme César Balbois. Venez prendre place à mes côtés. Votre âge et votre extérieur respectables le permettent et vous vous chargerez des cours supérieurs. J’ajouterai franchement que si l’on apprend que nous vivons séparés cela pourra me faire du tort et que j’ai besoin de certaines autorisations. Mais ces considérations sont secondaires pour moi. Je vous affirme que le but principal de ma démarche est de réparer le dommage moral que je vous ai causé. »

Balbois restait silencieux. Auprès de la vie qu’on lui offrait, sa vie actuelle, soudain, lui avait paru délicieuse. Trop d’années de bohème le tenaient captif, et la gargote où il mangeait à son heure, la brasserie où il était libre, la pauvre chambre même où il était chez lui, tout à coup lui étaient devenues très chères, mais ce n’est pas ce sentiment-là qui le fit trembler quand, avec un puissant effort pour paraître calme, il répondit à sa visiteuse :

— Je vous pardonne. Je signerai les autorisations qu’il faudra. Je me montrerai deux fois par an à votre pensionnat. C’est tout. Je ne veux rien de vous.

Offensée, elle voulut répondre mais, brusquement dressé, il lui coupa la parole :

— Allez-vous-en ! Je vous dis de vous en aller !…

Il frémissait d’angoisse et de colère. Ce n’était pas du tout parce que, jadis, elle l’avait abandonné et qu’il en avait tant souffert. C’était seulement parce que cette personne jaune, sèche et correcte, depuis qu’elle se trouvait là, était en train de détruire le seul souvenir qu’il eût dans sa vie mesquine, la seule image d’amour, si cruelle fût-elle, que lui eût laissée sa jeunesse lointaine.

FIN

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