La cité de l'épouvantable nuit
IV
Certains soupirent après les gloires de ce monde, et certains soupirent après le paradis que promet le Prophète.
Ah ! prenez l’argent comptant, et laissez là le crédit. Ne prêtez pas l’oreille au roulement d’un tambour lointain.
Il y a quelque chose de très fâcheux dans le caractère anglo-saxon.
A peine l’Afrique avait-elle jeté l’ancre dans les Détroits de Penang que deux de nos compagnons de voyage furent frappés de folie, en apprenant qu’à ce moment même un autre steamer partait pour Singapour.
S’ils s’embarquaient, ils gagneraient plusieurs jours.
Dieu sait pourquoi le temps leur semblait si précieux.
A cette nouvelle, ils s’élancèrent vers leurs cabines et se mirent à faire leurs malles comme si leur salut en dépendait.
Ensuite ils coururent à la coupée, et un sampan les emporta, en nage, mais heureux.
Ils faisaient un voyage d’agrément, et ils avaient peut-être gagné trois jours.
Le voilà leur agrément.
Vous rappelez-vous la description, que fait Besant[13], de l’Ile Palmiste, dans Ma fillette et Ce fut ainsi qu’ils se marièrent ?
[13] Walter Besant (1838-1902) romancier fécond, qui connut les gros succès soit seul, soit en collaboration avec James Rice.
Penang, c’est l’Ile Palmiste.
Je fis cette découverte sur le navire, en contemplant les collines boisées qui dominent la ville et les régiments de palmiers qui, à la distance de trois milles, signalaient la côte de la Province de Wellesley.
L’air était doux, chargé d’indolence, et le long des flancs du navire, des bateaux circulaient surchargés de Madrassis aux nombreux bijoux, — ceux-là même auxquels Besant fait allusion.
Un furieux coup de vent passa sur l’eau et effaça les rangées de maisons basses, couvertes en tuiles rouges, qui constituent Penang, et les ombres de la nuit succédèrent à l’orage.
Je mis dans ma poche la règle de douze pouces qui devait me servir à mesurer l’Univers, et je pleurai presque d’émotion, lorsque en mettant le pied sur la jetée, je tombai sur un Sikh, — un Sikh à barbe magnifique, avec des molletières blanches, et un fusil.
Telle l’eau froide dans un pays altéré, telle la vue d’une figure du vieux pays.
Mon ami était de Jandiala, dans le district d’Umritsar.
Je connaissais bien Jandiala, n’était-il pas vrai ?
Je me mis à lui débiter toutes les nouvelles que je pus me rappeler, au sujet des récoltes, et des armées, et des déplacements des grands personnages dans le Nord lointain.
Mon Sikh rayonnait.
Il faisait partie de la police militaire.
C’était un service agréable, mais naturellement cela vous retenait loin du vieux pays.
La besogne n’était point pénible et les Chinois n’étaient pas très ennuyeux.
Ils se battaient entre eux, mais « ils ne tiennent pas du tout à se montrer effrontés avec nous ».
Et le gros homme se dandina avec le lent roulis et le balancement de tout un régiment de vapeurs, pendant que j’étais tout ragaillardi à l’idée que l’Inde — l’Inde que je me donne le genre de haïr, — n’était pas si loin que cela, après tout.
Vous connaissez notre tendance incorrigible à tout blâmer en province.
Calcutta feint de s’étonner qu’Allahabad possède une bonne salle de danse ; Allahabad se demande s’il est vrai, bien vrai que Lahore ait une fabrique de glaces, et Lahore se donne l’air de croire qu’à Peshawar, on dort avec ses armes au côté.
Ce fut d’une façon fort semblable que je me divertis en voyant à Rangoon un tramway à vapeur, et après notre départ de Moulmeïn, nous nous attendions absolument à trouver les confins de la civilisation.
Vanité et ignorance reçurent un rude choc en se trouvant en présence d’une longue rue, le quartier des affaires, une rue dont les maisons avaient deux étages, une rue remplie de voitures de louage, d’enseignes, et où pullulaient les jinrickshaws.
Vous autres, gens de l’Inde, vous n’avez jamais vu un véritable ’rickshaw.
Il y en a environ deux mille à Penang, et il n’y en a pas deux qui se ressemblent.
Ils sont laqués de figures hardies représentant des dragons, des chevaux, des oiseaux, des papillons.
Leurs brancards sont d’un bois noir renforcé de métal blanc, et si solides que le coolie s’asseoit dessus pendant qu’il attend son client.
Il n’y a qu’un seul coolie, mais il est vigoureux, il court tout aussi vite que six hommes des Collines.
Il tient sa queue de cochon roulée, car il est de Canton, — et c’est un inconvénient pour les Sahibs qui ne savent point parler tamil, malais ou cantonais.
N’était cela, on le dirigerait aussi aisément qu’un chameau.
Les hommes des ’rickshaws sont patients, endurants.
L’individu de mauvaise mine, qui conduisait ma voiture, les cinglait quand ils se trouvaient à portée de son fouet, et faisait tout son possible pour passer sur eux, en se dirigeant vers les cascades, qui sont à cinq milles plus loin que la ville de Penang.
Je m’attendais à voir les bâtisses s’arrêter par crainte d’être étouffées dans l’épaisseur des bois de cocotiers. Mais elles s’y continuaient en rues nombreuses, qui ressemblent beaucoup à Park Street et Middleton Street, à Calcutta, où les maisons à volets, sortes d’hybrides, entre un bungalow indien et une cabane à lapins de Rangoon, luttaient contre la verdure et des crotons aussi gros que de petits arbres.
Par intervalles, flamboyait la façade d’une maison chinoise toute découpée à jour, avec son vermillon, son noir de fumée et ses ors, avec ses lanternes chinoises de six pieds suspendues au-dessus des entrées, et ses échappées sur des arbustes taillés en formes bizarres, dans des jardins bien soignés.
Nous nous engageâmes dans des routes bordées de maisons indigènes qu’ombrageaient les palmes toujours vertes des cocotiers chargés de jeunes fruits.
L’air chaud était chargé des aromes de la végétation, parfum différent de celui qu’exhale la terre après la pluie.
Un oiseau, je ne sais lequel, lança un appel dans les profondeurs du feuillage, et un vague murmure de tonnerre se faisait entendre dans les montagnes, comme nous en approchions, mais partout ailleurs, calme complet, et la sueur gouttelait sur nos figures.
— Maintenant il faut que vous montiez à pied cette côte, dit le conducteur, en nous montrant une petite barrière fermant un jardin botanique bien tenu. Toutes les voitures s’arrêtent ici.
Nos membres se mouvaient comme s’ils étaient de plomb. Nous respirions péniblement.
A chaque pas nous aspirions en quelque sorte la vapeur d’un bain turc.
Le sol était tout vivant de moiteur et de chaleur ; et les arbres — j’étais trop ensommeillé pour lire les étiquettes qu’avait écrites un homme d’une activité farouche, — étaient, eux aussi, moites et chauds.
La voix de l’eau murmurait quelque chose à mi-chemin de la hauteur, mais j’étais trop ensommeillé pour prêter l’oreille, et sur le sommet de la colline un gros nuage était posé, tout à fait pareil à un édredon sous lequel tout se tasse bien confortablement.
Je m’assis à l’endroit où je me trouvais, car je voyais que le chemin montant était très raide, et grossièrement taillé en degrés, et je succombais à un irrésistible besoin de sommeil.
J’étais à l’entrée d’une toute petite gorge, à l’endroit même où les mangeurs de lotus s’étaient assis quand ils avaient commencé leur chanson, car je reconnus la Cascade, et l’air qui flottait autour de mes oreilles « respirait comme un homme qui a le cauchemar ».
Je regardai et compris qu’il me serait impossible de rendre par des mots le génie de cet endroit.
— Je ne sais pas jouer de la flûte, mais j’ai un cousin qui joue du violon.
Je connaissais un homme qui le savait.
Certains disaient que ce n’était point un homme chic et que je courrais peut-être le risque de prêter à mal penser de ma morale, mais en un tel climat cela importe peu.
Voyez-vous, prenez le pire de tous les romans de Zola, et lisez-y la description qu’il fait d’une serre chaude.
C’était bien cela.
« Plusieurs mois s’écoulèrent, mais il n’y avait ni gelée, ni chaleur brûlante qui marquât le passage du temps ».
Je sentais seulement, et avec une acuité des plus douloureuses, que je devais « faire » la Cascade.
Je gravis donc les degrés de la côte, bien que chaque tas de pierres me criât : « Assieds-toi », et je finis par découvrir un petit cours d’eau qui glissait sur la face d’un rocher, pendant qu’un cours d’eau bien plus considérable descendait sur la mienne.
Puis, nous partîmes pour déjeuner, l’estomac méritant toujours plus d’égard qu’aucun stock de sentiment.
Un détour de la route fit disparaître les jardins et taire le bruit des eaux et cette aventure finit pour toujours.
Les aventures sont comme les cigares. Elles commencent désagréablement. Au milieu elles ont un goût parfait, et quand on arrive au bout, ce sont choses bonnes à jeter et qu’il ne faut jamais ramasser…
Il se nommait John et avait une tresse de cinq pieds de long, en vrais cheveux et non en soie tressée.
Il tenait un hôtel sur la route et nous fit manger un poulet dans la chair innocente duquel avaient été introduits de force des oignons et d’étranges légumes.
Jusqu’alors nous avions redouté les Chinois, surtout quand ils cuisinaient, mais en ce moment nous aurions mangé tout ce qu’ils nous auraient servi.
Le repas se termina par une pomme de pin, d’une demi-guinée, et une sieste.
C’est là une belle chose, que nous autres gens de l’Inde — mais je ne suis plus de l’Inde, — nous ne comprenons point.
Vous vous allongez et vous laissez le temps passer.
Vous n’éprouvez aucune lassitude, et vous ne voudriez pas dormir. Vous êtes pénétré d’une divine somnolence, bien différente du lourd et morne engourdissement d’une chaude journée de dimanche, ou du repos affairé d’une matinée européenne.
Maintenant je commence à mépriser les romanciers qui parlent de siestes dans les climats froids.
Je connais le véritable sens de ce mot.
J’ai tâché de faire diverses emplettes, un sarong, qui n’est autre chose qu’un putso, qui n’est autre chose qu’un dhoti ; une pipe, et un « maudit kris malais ».
Les sarongs viennent presque tous d’Allemagne ; les pipes, de chez les prêteurs sur gages ; et en fait de kris, on ne voit guère que des espèces de petits cure-dents bien incapables de traverser le cuir d’un Malais.
Dans la ville indigène, j’ai trouvé une nombreuse armée de Chinois — je n’aurais pas cru qu’il y en eût autant, même en Chine — campée dans des rues et des maisons spacieuses, les uns expédiant à Singapour de l’étain en barres, d’autres conduisant de belles voitures, d’autres fabriquant des chaussures, des chaises, des habits, en un mot tout ce qu’on peut souhaiter dans une grande ville.
C’étaient les corps d’avant-garde de l’armée mongole en marche.
Les éclaireurs sont à Calcutta.
Il y a une colonne volante à Rangoon.
Mais ici commence le corps principal, fort de quelques centaines de mille, à ce qu’on dit.
N’était-ce pas De Quincey qui avait en horreur les Chinois, leur inhumanité et leur nature impénétrable[14] ?
[14] Voir Confession d’un mangeur d’opium, trad. V. Descreux.
Certainement les gens de Penang ne sont pas beaux : ils sont mêmes terribles à contempler.
Ce sont des travailleurs énergiques, chose évidemment malhonnête dans ce climat, et leurs yeux ressemblent parfaitement à ceux des dragons, leurs animaux favoris.
Nos dieux indous sont passables. Il en est même de facétieux — témoin notre gros pansu de Ganesh, mais que faire d’un peuple qui se complaît en des monstres rampants et met aux arêtes de ses toitures des guirlandes de flammes, ou des vagues marines ?
Ils fourmillaient partout, et toutes les fois qu’il s’en trouvait trois ou quatre ensemble, ils mangeaient des choses innommables.
Ne raffolent-ils pas des boyaux de canard ?
Nos passagers du pont, je le sais, faisaient un somptueux festin avec des détritus mendiés au maître d’hôtel et assaisonnés de poudre insecticide pour écarter les fourmis.
Cela, je le répète, n’est point naturel : quand on travaille comme un homme, on doit se nourrir comme un homme.
J’arrivai à comprendre très bien, après une couple d’heures (cette expression sent bien son Globe-trotter) une couple d’heures passées dans la ville chinoise, pourquoi l’Anglo-Saxon de caste inférieure déteste le Céleste.
— Il m’a fait peur : en conséquence, je n’ai pris aucun plaisir à regarder ses demeures, ses marchandises, et sa personne…
* *
L’odeur de l’encre d’imprimerie est étonnamment pénétrante.
Elle m’attira, me fit monter deux étages pour me conduire dans un bureau où les services d’échange étaient épars dans un charmant désordre, où une petite presse à main tirait à grand bruit des épreuves à la bonne vieille mode.
Une feuille qui ressemblait un peu à la Gazette de l’Inde prouvait que les Établissements des Détroits, — eux aussi ! — avaient bien leur gouvernement à eux, et je poussai un soupir de regret pour un passé défunt, lorsque mes yeux tombèrent sur la belle phraséologie officielle qui ne varie jamais.
Comme nous sommes toujours les mêmes, nous les Anglais !
Voici un extrait d’un rapport : « Et les décors à la Chinoise qui ornaient jadis les murs du bureau ont été couverts de badigeon ».
C’était justement de cela que j’allais m’enquérir.
De quelle façon allait-on traiter les décors chinois dans tout Penang ? Est-ce qu’on tenterait sagement de les faire disparaître ?
Le Conseil des Établissements des Détroits qui habite à Singapour venait justement de voter un bill (ici on appelle cela une ordonnance) supprimant toutes les sociétés secrètes chinoises dans la Colonie, et cette mesure n’attendait plus que la sanction impériale.
Un petit accident s’était produit à Singapour, à propos de je ne sais quel arrêté municipal, ayant pour objet de supprimer les vérandahs en surplomb.
Il en était résulté une bourrasque, et pendant ces trois jours ceux qui se trouvaient là reconnurent que la ville était entièrement à la merci des Chinois, qui s’étaient soulevés en masse et rendaient l’existence impossible aux autorités.
Cet incident força le gouvernement à tenir sérieusement compte des sociétés secrètes qui pouvaient exercer une telle influence.
La conséquence en fut une mesure qu’il ne sera pas facile d’imposer.
Un Chinois doit être affilié à une société secrète, n’importe laquelle.
Il a été élevé dans un pays où ces institutions étaient nécessaires pour assurer son bien-être, le protéger et lui assurer le maintien du taux de son salaire.
Il en est ainsi depuis un temps immémorial, et il les importera partout où il ira, comme il importe son opium et son cercueil.
— Vous attendez-vous à ce qu’une proclamation discrédite les sociétés secrètes ? demandai-je au docteur.
— Non, il y aura du tapage.
— Quel tapage ? Quelle sorte de tapage ?
— Il faudra un renfort de troupes peut-être, des canonnières peut-être. Vous voyez, nous aurons alors comme commandant en chef Sir Charles Warren à Singapour. Jusqu’à ce moment, notre administration militaire a été subordonnée à celle de Hong-Kong. Quand on en aura fini avec cet état de chose et que nous aurons Sir Charles Warren, les choses se passeront différemment. Mais il y aura du tapage. Ni vous, ni moi, ni personne ne serons capables de comprimer les turbulents. Toute chapelle d’idoles locales servira de centre à une société secrète. Que peut-on faire ? Jadis le gouvernement tirait d’elles quelque parti pour découvrir les crimes. Maintenant elles sont trop considérables, trop importantes pour qu’on les traite ainsi. Vous ne tarderez pas à savoir si nous avons réussi à les supprimer. Il y aura du tapage.
Il est certain que la grosse difficulté, à Penang, c’est la question chinoise.
On n’y serait pas des hommes si l’on n’y conspuait les commissaires municipaux et si l’on ne se plaignait de l’état peu hygiénique de l’île.
Si l’on s’en rapportait à son nez et à ses oreilles, Penang est bien plus propre, même dans ses rues, qu’aucun cantonnement de l’Inde, et son approvisionnement d’eau paraît parfait.
Mais j’étais assis dans le petit bureau du journal et j’écoutais des histoires d’intrigues municipales qui n’eussent pas été déplacées à Serampore ou à Calcutta.
Il n’y avait guère qu’une légère différence dans les noms.
Au lieu d’entendre parler de Ghose et de Chuckerbutty, il s’agissait de dénominations comme Yih Tat, Lo Eug, etc.
L’altruisme agressif de l’Anglais l’amène toujours à bâtir des villes pour autrui et incite des étrangers à s’introduire dans les municipalités.
Alors il en a assez de sa faiblesse et fonde des journaux pour s’infliger des blâmes.
L’année dernière, il y avait un Chinois dans la Municipalité.
Maintenant on s’est débarrassé de lui et l’assemblée actuelle se compose de deux personnages officiels et de quatre non-officiels.
En conséquence, on se plaint de l’influence qu’exerce l’administration.
Ayant donc réglé les affaires de Penang à mon entière satisfaction, je me transportai à un théâtre chinois planté au bord de la route et bâti en bambous et en sacs de jute.
L’orchestre suffit pour me convaincre qu’il y a quelque chose de radicalement de travers dans l’intelligence chinoise.
Autrefois, à Jummu, il y a de cela longtemps, j’entendis le vacarme infernal que produisaient les cors que sonnaient les Danseurs du Diable, venus de bien plus loin que Ladak en l’honneur d’un prince qui montait ce jour-là sur le trône.
Cela se passait à environ trois milles dans le Nord, mais le caractère de la musique était le même.
Un millier de Chinois, aussi tassés que possible, assistait à cet affreux vacarme et y prenait plaisir.
Je le répète encore, que peut-on faire à un peuple qui n’a point de nerfs, point de digestion, et qui manquerait également de morale, si ce qu’on dit est vrai ? Mais il n’est point vrai qu’ils naissent avec des queues de la longueur qu’on voit : ces choses-là poussent, et dans la toute première période, c’est la coiffure la plus jolie qu’on puisse imaginer, c’est d’un brun clair, très bouffant, cela a environ trois pouces de long, et le bout en est orné de soie rouge.
Une queue à l’état infantile ressemble exactement au tendre bouton qui pointe d’une tulipe.
Ce serait chose charmante si le baby chinois n’était pas aussi horrible par sa couleur et sa forme.
Il n’est pas aussi joli que le cochon qu’Alice nourrissait dans le Pays des Merveilles. Il reste toujours immobile et ne pleure jamais. C’est qu’il a peur d’être bouilli et mangé.
J’ai vu colporter dans le cœur même de la ville des babies bouillis et froids. On disait que c’étaient des cochons de lait, mais je savais à quoi m’en tenir. Les cochons de lait n’ont point ce ricanement dans leurs yeux ouverts.
A ce moment-là les figures des Chinois me firent plus de peur que jamais.
Je courus donc vers les confins de la ville et vis une maison sans fenêtre dont la porte était surmontée du carré et de la boussole, sculptés et dorés sur bois de teck.
Je repris du cœur à la vue de ces choses familières.
Je savais que partout où on les rencontre, on trouve bonne camaraderie, et beaucoup de charité, quoi qu’on puisse dire de toutes les sociétés secrètes du monde.
Il faut féliciter Penang de posséder une des plus charmantes petites Loges qu’il y ait en Orient.