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La cité de l'épouvantable nuit

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La Providence se plaît aux sarcasmes. Elle nous envoya de la pluie et un vent glacial depuis le commencement jusqu’à la fin.

Voilà un des désagréments qu’on éprouve à quitter l’Inde. Vous coupez le câble qui vous retient sous le seul climat digne de confiance qu’il y ait dans le monde.

Je méprise un pays où il faut perdre la moitié de son temps à observer les nuages.

L’excursion de Canton (j’étais parti dans cette direction) vous fait faire la connaissance du steamer de fleuve américain, qui ne ressemble aucunement à un vaisseau de la flottille de l’Irraouaddy, non plus qu’à un omnibus, comme bien des gens le croient.

Il se compose exclusivement de peinture blanche, de plomb en feuilles, d’une corne de vache, d’un tremplin, et il contient un chargement presque aussi considérable qu’un navire de la Peninsular and Oriental.

Le commerce entre Canton et Hong-Kong paraît énorme, et un steamer couvre les quatre-vingt-dix milles qui séparent un port de l’autre en une journée.

Les passagers chinois n’en sont pas moins enfermés sous les écoutilles ou leur équivalent, dès qu’ils quittent le port, et une fois par jour, le râtelier de Sniders chargés dans la cabine est l’objet d’une inspection et d’un nettoyage.

Chaque jour aussi, à ce que je m’imagine, le capitaine de chaque bateau raconte à ses passagers globe-trotters la vénérable histoire du pillage d’un steamer fluvial, — comment deux jonques l’assaillirent à un tournant favorable du fleuve, pendant que les passagers indigènes qui s’y trouvaient se soulevaient et se conduisaient de manière à donner beaucoup d’occupation à l’équipage, ce qui finit par un nettoyage à fond de ce steamer.

Les Chinois sont un peuple étrange !

Il n’y a pas fort longtemps, ils eurent des difficultés à Hong-Kong, à propos de la photographie des coolies travailleurs, et dans l’agitation, qui fut considérable, une vieille jonque à moitié démolie prit position en face du quai, dans l’intention avouée d’envoyer un boulet de trois livres à travers les fenêtres de la maison de commerce qui avait donné l’idée de la photographie. Et cela bien qu’en moins de dix minutes, navire et équipage eussent pu être réduits en cendres de cigarettes.

Mais personne ne pilla le Ho-Nam, bien que les passagers eussent fait tout leur possible pour y mettre le feu en renversant les lampes de leurs pipes à opium.

Sa masse encombrante, mugissante, se fraya passage à travers les rangs serrés des navires du port, et partit par un brouillard gris, par une pluie battante.

Lorsque je dis que le paysage ressemblait à celui des Highlands, vous pensez ce que cela peut signifier dans un pareil moment.

De grands steamers à hélice, des bateaux chinois à porcs, à fort tirant d’eau, et chargés d’une cargaison vivante, des jonques qui se balançaient, des sampans prêts à faire le plongeon, remplissaient les parties navigables d’un cours d’eau aussi large que l’Hughli, et beaucoup mieux défendu, en ce qui regarde l’art humain.

La petite difficulté, que les Chinois avaient eue quelques années auparavant avec les Français, avait appris aux premiers bien des choses dont il eût mieux valu pour nous qu’ils ne prissent aucun souci.

Le premier objet qui frappe dans la ville de Canton, c’est le double clocher de la vaste église catholique.

Otez-lui votre chapeau, parce que cela signifie bien des choses et que c’est le drapeau visible d’une bataille qui doit être encore livrée.

Jamais les missionnaires de la Mère des Églises n’engagèrent une lutte aussi formidable que celle qu’ils eurent avec la Chine et jamais nation n’a déployé tant de science à torturer les missionnaires.

Peut-être un jour où il faudra examiner les livres de comptes de chaque race, donnerait-on raison aux deux races, la blanche et la jaune, pour avoir agi, chacune, selon ses lumières.

J’ai contemplé à loisir la cité du bord du steamer et j’ai jeté mes cartes.

— Je me sens hors d’état de décrire cet endroit et en outre je hais le Chinois.

— Peuh ! ce n’est que Bénarès multiplié huit fois. Allons, venez !

C’était Bénarès, mais sans larges rues ou chanks, et pourtant plus sombre que Bénarès, en ce que partout la mince ligne du ciel était masquée entièrement par des enseignes flottantes superposées en étages, rouge, or, noir ou blanc.

Les boutiques s’élevaient sur des soubassements de granit, avec des murs en brique pukka et des toits de tuiles.

Leurs façades étaient de bois sculpté, doré ou peint de façon sauvage.

John s’entend parfaitement à arranger une boutique, alors même qu’il n’aurait à y vendre, en fait de jolies choses, que des volailles aplaties et des tripes.

Une boutique sur deux était un restaurant, et l’espace qui les séparait bondé de créatures humaines.

Connaissez-vous ces horribles éponges pleines de vers, qui croissent dans les mers chaudes ? Vous en cassez un morceau et le ver se casse aussi.

Canton, c’était cette éponge :

— Hi ! Iow yah ! Tohoh wang ! hurlaient à la foule les porteurs de chaises, mais je craignais que si les perches écorchaient l’angle d’une maison, les briques elles-mêmes ne se missent à saigner.

Hong-Kong m’avait montré comment le Chinois était capable de travailler. Canton m’expliqua pourquoi il faisait si peu de cas de la vie.

La vie humaine est un article à meilleur marché que dans l’Inde.

Je haïssais déjà pas mal le Chinois. Ma haine doubla, lorsque je me sentis étouffer dans ses rues fourmillantes où la peste seule était capable d’ouvrir un passage.

Certes, ce n’était point défaut de civilité de la part des gens, mais l’entassement était à lui seul effrayant.

Il y a dans le monde trois ou quatre endroits où il est préférable pour un Anglais de se mettre promptement d’accord avec son adversaire, quelle que soit la nationalité de celui-ci.

Canton vient en tête de la liste. N’ayez jamais de discussion avec qui que ce soit dans Canton. Laissez cela au guide.

Alors les puanteurs montèrent et nous accablèrent. Sous ce rapport, Canton est égal à vingt fois Bénarès.

L’Hindou est un saint qui pratique l’hygiène quand on le compare au Chinois. C’est sous le même rapport un rigide Malthusien.

— Très mauvaise odeur dans cet endroit. Venez par ici tout droit, dit Ah Cum qui avait appris son anglais d’un Américain.

Il fut très bon.

Il me montra des boutiques de joaillerie en plume, où des gens étaient assis, découpaient dans les ailes brillantes des geais de tout petits carrés de plumes bleues et lilas, les collaient sur des montures dorées, de sorte que le tout ressemblait aux plus rares des émaux de Jeypore.

Nous entrâmes dans une boutique.

Ah Cum tira derrière lui la porte massive et mit le verrou, pendant que la foule s’entassait devant les fenêtres et les barreaux des volets.

Je pensais plus à la foule qu’à la joaillerie.

La cité était si sombre et la foule si nombreuse, et parmi elle il y avait tant de gens dont la figure n’avait rien d’humain !

La marche du Mongol est un joli sujet à traiter dans un article de magazine.

Entendez-la une seule fois dans le demi-jour d’une vieille boutique de curiosités, où les diables sans nom de la religion chinoise vous font des grimaces du haut des étagères du fond, où des dragons de bronze, révélateurs de malpropreté, s’accrocheront à vos pieds pendant que vous trébuchez sur le sol.

Écoutez le bruit de pas sur les blocs de granit de la route et la vague de voix d’hommes qui vient se briser, cela n’est pas humain !

Observez les faces jaunes qui vous dévisagent entre les barreaux, et vous serez effrayés comme je le fus moi-même.

— C’est du beau travail, dis-je au Professeur, qui se penchait sur un jupon de Canton, une merveille de vert pâle, de bleu et d’argent. Maintenant je comprends pourquoi les Européens civilisés, d’origine irlandaise, tuent les Chinois en Amérique. C’est chose justifiable que de les tuer. Il serait parfaitement juste d’effacer la ville de Canton de la surface du globe, d’exterminer tous ceux qui échapperaient au bombardement. Le Chinois ne devrait pas compter.

Je poursuivais mes propres idées, qui étaient de couleur noire, de saveur amère.

— Ne pourriez-vous donc pas regarder les lions et y prendre plaisir et laisser la politique aux gens qui prétendent s’y connaître ? dit le Professeur.

— Il ne s’agit pas de politique, répondis-je. Ce peuple devrait être exterminé parce qu’il n’a rien de commun avec aucun des peuples que j’ai rencontrés jusqu’à ce jour. Regardez leurs figures ; ils nous méprisent, vous pouvez voir cela, et ils ne nous redoutent pas le moins du monde.

Alors Ah Cum nous conduisit par des rues sombres au Temple des Cinq Cents Génies qui était une des choses à voir dans cette lapinière.

C’était un temple bouddhiste, avec les accessoires usuels : autels, lumières sur les autels, figures colossales de gardiens aux portes.

Autour de la cour intérieure s’étend un corridor dont les deux faces sont couvertes de figures de deux grandeurs représentant la plupart des races de l’Asie.

On dit que plusieurs Pères Jésuites figurent dans cette galerie. Vous trouverez cela indiqué en détail dans les Guides de voyageurs — et voici l’image d’un bon vivant en chapeau, avec toute la barbe, mais nu jusqu’à la ceinture, comme toutes les autres :

— Ce gentleman européen, dit Ah Cum, c’est Marco Polo.

— Tirez-en le meilleur parti possible, dis-je. Un temps viendra où il n’y aura plus de gentlemen européens, où il n’y aura plus que des Jaunes à l’âme noire — à l’âme noire, Ah Cum, et qui tiendront du diable leur père l’aptitude à faire plus de travail qu’ils ne devraient.

— Venez voir une horloge, dit-il, vieille horloge. Elle marche par l’eau. Allons, venez !

Il nous conduisit dans un autre temple et nous montra une vieille clepsydre contenant huit gurrahs, exactement le même genre d’objets dont on se servait dans les régions écartées de l’Inde pour tenir lieu de veilleurs.

Le Professeur jure que cette machine, qui est censée donner l’heure à la ville, se règle sur les cloches des steamers du fleuve, attendu que l’eau de Canton est trop épaisse pour couler dans un tube qui aurait moins d’un demi-pouce de diamètre.

De la pagode de ce temple nous pûmes voir que les toits de toutes les maisons au-dessous étaient couverts de cruches pleines d’eau.

Il n’y a dans la ville aucune organisation contre l’incendie : une fois allumé, il continue jusqu’à extinction.

Ah Cum nous conduisit au champ du Potier où les exécutions ont lieu.

Les Chinois massacrent par centaines et je suis loin de trouver qu’il y ait de la cruauté dans cette générosité à répandre le sang.

Ils pourraient faire marcher les exécutions sur le pied de dix mille par an à Canton, sans que cela influe sur le niveau constamment ascendant de la population. Un bourreau, qui avait vu du pays, sans doute étant sans place, nous offrit une épée en nous garantissant qu’elle avait coupé bien des têtes.

— Gardez-la, dis-je, gardez-la, et que la bonne besogne continue. Mon ami, vous ne sauriez exécuter trop librement dans ce pays. Vous avez, à ce qu’on m’apprend, le bonheur de posséder une aristocratie purement littéraire, recrutée, — reprenez-moi en cas d’erreur, — dans toutes les couches sociales, et plus particulièrement dans celles où l’idée de la cruauté commise de sang-froid, a jeté les plus profondes racines, pour ainsi dire. Or, quand, à la nature héréditairement diabolique, on ajoute une éducation purement littéraire consistant en tendances cruelles et formalistes, le résultat, ô mon ami à mauvaise mine, le résultat, je le répète, est un état de choses vaguement indiqué dans la description que fait le Petit Pèlerin de l’Enfer des Égoïstes. Vous n’avez pas lu, je suppose, les ouvrages du Petit Pèlerin ?

— On dirait, à sa figure, qu’il va sauter sur vous avec cette épée, dit le Professeur. Partons et allons voir le temple des horreurs.

Ce temple-là était en quelque sorte l’établissement d’une Mme Tussaud chinoise.

On y voyait des figures représentant en grandeur naturelle des hommes pilés dans des mortiers, coupés en tranches, fricassés, grillés, empaillés, et transformés par les diableries les plus variées, ce qui m’écœura et m’affligea.

Mais les Chinois sont miséricordieux, même dans leurs supplices.

Lorsqu’un homme est pilé dans un moulin, il y est jeté la tête la première, d’après les modèles.

C’est ennuyeux pour la foule qui est là pour voir la farce, mais cela évite de la peine aux exécuteurs.

Il faut surveiller attentivement un homme à moitié pilé. Sans cela il arrive à s’esquiver en se tortillant.

Pour couronner le tout, nous allâmes voir la prison, qui était un foyer de pestilence dans une rue écartée.

Le Professeur frissonna :

— C’est très bien, dis-je. Les gens, qui ont envoyé les prisonniers ici, n’ont aucun souci à leur sujet. Les gens doivent avoir l’air horriblement misérables, mais je suppose qu’ils ne s’en tourmentent pas beaucoup, et Dieu sait si je m’en soucie. Ce ne sont que des Chinois. S’ils se traitent entre eux comme des chiens, pourquoi les regarderions-nous comme des êtres humains ? Laissons-les pourrir. Je demande à retourner à bord du steamer. Je demande à rentrer sous les canons de Hong-Kong. Fi !

Puis nous parcourûmes une succession de rues et de maisons de second ordre, pour arriver enfin au mur de la ville, au côté de l’ouest, par un escalier aux marches nombreuses.

Il y avait de la propreté en cet endroit.

Le mur descendait de trente ou quarante pieds dans des champs de riz.

Au delà s’étendait un demi-cercle de collines où chaque yard carré est planté de tombes.

Canton l’abominable est sous la garde de ses morts et les morts sont plus que les myriades de vivants.

Sur la cime gazonnée du mur se trouvaient des canons anglais tout rouillés qui avaient été encloués et abandonnés après la guerre.

Ils ne devraient pas être là.

Une pagode de cinq étages nous permit de contempler la cité dans son ensemble, mais j’étais las de voir ces rats dans leurs trous. Je ressentais de la fatigue, de l’horreur et de la mauvaise humeur.

L’excellent Ah Cum nous mena à la villa du jardin d’été du Vice-Roi située sur la pente tournée vers la ville d’une colline couverte d’azalées et entourée de cotonniers.

Dans le sous-sol, il y avait une belle chapelle à idoles. En haut, un vestibule de réceptions officielles avec des vérandahs vitrées et des meubles en ébène rangés le long des murs en quatre lignes droites. Ce n’était qu’une oasis de propreté.

Dix minutes plus tard, nous rentrions dans la cité fourmillante, où nous étions privés de lumière et d’air respirable.

Une ou deux fois nous rencontrâmes un mandarin avec la mince moustache officielle et le petit bouton rouge au sommet de la coiffure.

Ah Cum était en train de nous expliquer la nature et les caractères distinctifs d’un mandarin, quand nous arrivâmes à un canal qu’on franchissait au moyen d’un pont anglais, et qui se fermait avec une porte de fer, confiée à la garde d’un policeman de Hong-Kong.

Nous étions dans une station indienne, avec des magasins européens, des boutiques de Paris et tout le reste assorti.

C’était le quartier anglais de Canton où il se trouvait deux cent cinquante Sahibs.

Il aurait mieux valu placer une mitrailleuse Gatling derrière la porte du pont.

Les Guides de voyageurs vous apprendront que ce quartier fut cédé par les Chinois, lors du traité de 1860, et que les Français obtinrent une égale tranche de territoire.

Grâce à la force comprimante de la bureaucratie française, la « concession française » n’a jamais été louée ni vendue à des particuliers, et maintenant c’est un régiment chinois qui y croupit.

Les hommes qui voyagent vous en diront à peu près autant de Saïgon et du Cambodge.

On dirait que le Français semble atteint d’une maladie, dès qu’il endosse un uniforme officiel. C’est la paperasserite aiguë, si l’on nous permet le néologisme.

— Maintenant où êtes-vous allé et qu’avez-vous vu ? dit le Professeur, d’un ton de pédagogue lorsque nous fûmes de retour sur le Ho-Nam et que nous rentrions avec toute la vitesse possible à Hong-Kong.

— Un vaste égout de cité, plein de tunnels et habité par des diables jaunes, une cité que Doré devrait bien avoir vue. Je suis enchanté de ce que rien ne m’oblige à y retourner. Le Mongol se mettra en marche quand le bon moment sera venu pour lui. J’attends qu’il se mette en marche de mon côté. Partons pour le Japon par le prochain bateau.

Le Professeur dit que j’ai complètement gâté le récit qui précède par ce qu’il qualifie de « calomnies exagérées sur le compte d’un peuple de rudes travailleurs ».

Il n’a pas vu Canton comme je l’ai vu, à travers une imagination enfiévrée.

Une fois, avant mon départ, je grimpai jusqu’à la station civile de Hong-Kong d’où l’on domine la ville.

Là, dans de somptueuses villas bâties en pierre et ayant leur façade sur des routes ombragées, dans un vrai paradis de fleurs magnifiques et dans un silence absolu que ne troublent pas même les bruits du trafic d’en bas, les résidents font de leur mieux pour copier l’existence d’une station indienne des Collines.

Ils s’en tirent mieux que nous.

Autour du kiosque à musique, on voit les dames vêtues de costumes assortis. Chaussures, gants, parapluies leur arrivent d’Angleterre avec les toilettes, et toute memsahib sait ce que cela veut dire.

La routine de leur vie est fort analogue.

Sur un point, elles ont l’avantage sur les dames des Indes.

Les dames de Hong-Kong ont un club à elles, dans lequel les hommes ne sont, je crois, admis que par tolérance.

Quand il y a un bal, il y a environ vingt danseurs pour une danseuse, et il n’y a, pour ainsi dire, pas de vieilles filles dans l’île.

Les habitants se plaignent d’être isolés, renfermés. Ils contemplent la mer au loin, et il leur tarde de s’en aller. Ils ont leurs jours à des jours réguliers chaque semaine, et en dehors de cela ils se rencontrent autant qu’ils veulent.

Ils ont des acteurs amateurs, et ils se querellent, et les hommes et les femmes prennent parti, et la station est divisée en deux camps du haut en bas de l’échelle sociale.

Ensuite ils se réconcilient, et ils écrivent aux journaux locaux pour blâmer les critiques du terroir. N’est-ce pas touchant ?

Une dame me conta cela un après-midi et je pleurai presque de nostalgie.

— Et alors, vous savez, après qu’elle eut dit qu’elle était dans la nécessité de donner le rôle à l’autre, cela les mit en fureur. Les courses étaient si proches qu’on ne put rien faire, et Mistress B. dit que la chose était décidément impossible. Vous comprenez, n’est-ce pas, combien cela doit être désagréable ?

— Madame, dis-je, je le comprends. J’ai déjà passé par là. Mon cœur quitte Hong-Kong. Au nom du grand Mofussil de l’Inde, je vous salue. A dater d’aujourd’hui, Hong-Kong est l’un de Nous : il prendra rang avant Meerut, mais après Allahabad dans toutes les cérémonies et revues.

Elle se figura, je crois, que j’avais un coup de soleil, mais vous, du moins, vous saurez ce que je voulais dire.

Nous ne rions plus à bord du steamer de la Peninsular and Oriental, l’Ancona, en route pour le Japon.

Nous avons terriblement le mal de mer, parce que nous avons au-dessous de nous une mer mauvaise et au-dessus de nous une voilure humide.

La voile sert à donner plus de stabilité au navire, qui refuse de se tenir en équilibre.

Il est plein de Globe-trotters, qui refusent également de se laisser remettre d’aplomb.

Un Globe-trotter pousse à l’excès le cosmopolitisme : il prétend être malade en n’importe quel endroit.

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