Vie privée et publique des animaux
AU LECTEUR
Ami lecteur, nous voici arrivés sans encombre à la moitié de notre route.
Suivez-nous avec confiance dans la seconde partie de notre expédition: nous ne marchons plus en voyageurs inexpérimentés et sans guide à travers des pays inconnus, nous savons maintenant où nous prétendons vous mener; nous connaissons vos goûts, et nous pouvons vous promettre, sans crainte de vous tromper et de nous tromper, de véritables monts et de véritables merveilles. La plume de nos correspondants s’est aguerrie, leur nombre s’est augmenté; nous avons gagné en toutes choses, en quantité et même en qualité, et nous avons à vous offrir presque des trésors!
Quant à Grandville, sans compter qu’il y a au bout de son crayon des portraits et des scènes où vous aurez le plaisir de retrouver ceux de vos amis et de vos voisins que vous n’avez point encore vus, et où, de leur côté, vos amis et vos voisins auront la satisfaction de vous reconnaître vous-même, nous croyons devoir vous confier qu’il a découvert une nouvelle manière de mettre du noir sur du blanc et de vous être agréable, à vous, cher lecteur, et à vous, chère lectrice, qui nous l’êtes tant, en faisant pour vous ce qu’il n’a encore fait pour personne.—Vous verrez bien.
Bonsoir donc, ami lecteur; rentrez chez vous, tenez pour ce soir votre cage bien fermée, on ne sait pas ce qui peut arriver. Les nuits les plus paisibles peuvent finir par un orage. Qui sait si nous n’allons pas dormir sur un volcan? Un sage l’a dit: Les révolutions ne dorment jamais que d’un œil. Quoi qu’il en puisse être, dormez bien, faites de bons rêves, et à demain.
Le Singe, le Perroquet et le Coq,
Rédacteurs en chef.
Pour copie conforme:
P. J. Stahl.
Bonsoir donc, ami lecteur; rentrez chez vous.