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Bretonne

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BRETONNE

I

Ce fut un hiver où il gela longtemps à pierre fendre ; la neige ne fondit point de quinze jours, et, dans la nuit qui suivit le dégel, une recrudescence de froid rendit les grands prés semblables à des miroirs, brisés en mille endroits par de maigres touffes d’herbes diamantées et cassantes, que les vaches effleuraient avec tristesse de leurs naseaux frémissants et du bout de leur langue rose. Les fossés qui morcellent, en les irriguant, toutes les pièces de terre entourant la petite ville, étaient pris ; les galopins y avaient installé des glissades, et, au sortir de l’école, entortillés dans des cache-nez aux couleurs effacées, les mains enfouies dans les poches de leurs maigres culottes, ils s’entraînaient pour aller virer. Les hommes valides ayant échappé aux rhumatismes partaient du côté de Brévands, au milieu du jour, chasser la sauvagine, dont le passage n’avait jamais été aussi abondant. Ils étaient bottés, équipés comme pour une expédition au pôle, avec des casquettes débordantes d’une fourrure de renard. Quelques-uns passaient même la nuit à l’affût dans des gabions à eux, bâtis au milieu des grèves. Ces froides veilles les délassaient un peu de leur vie placide de bourgeois, et leur faisaient croire à des aventures : il en rejaillissait sur eux une sorte de gloire. On entendait volontiers dire : — Avez-vous vu revenir M. Danger ? il a tué dix ouettes, sans compter les pluviers et les vigneaux. — Ils reparaissaient, en effet, les carnassières gonflées de tout ce beau gibier de mer, au duvet aussi fin que l’eider, au plumage soyeux, aux pieds palmés, au bec en spatule, ou bien long et pointu, emmanché d’une fine tête où deux yeux noirs, encore vivants, semble-t-il, ont retenu leur regard fixe et perçant.

On tendit, cette année-là, toutes sortes de pièges aux petits oiseaux transis. Dans l’ancien château des comtes de Bricqueville appartenant aujourd’hui à la municipalité et abritant tous les pouvoirs publics, le concierge Ledormeur, horloger par profession et bricoleur par nature, devint fort adroit à dresser ses appeaux dans la prairie qui s’étendait au long des vieux murs et jusqu’à la rivière. Il prit une quantité telle de rouges-gorges et de merles, que sa femme en vendit au maître d’école et à la demoiselle du télégraphe. Ledormeur suspendit même pendant tout ce temps le sacrifice hebdomadaire qu’il avait coutume de faire d’un de ses lapins. Il les élevait dans ces boîtes de sapin, assez semblables à de longs cercueils, qu’emploient les fabricants suisses pour emballer leurs belles horloges peintes, au balancier d’or.

Le commissaire de police, un pauvre diable borgne, regardait avec un sombre dépit les douves gelées où s’ébaudissaient les enfants. Étranger au pays, il vivait presque exclusivement de grenouilles, économisant ainsi un peu d’argent sur son maigre traitement de douze cents francs. C’était un grand sujet de raillerie pour les Normands, gros mangeurs de chairs succulentes, que cet homme habillé de noir, posé à la tombée du jour comme un scarabée risible au bord des ruisseaux, et pêchant, — pour les manger ! — gravement, avec une ligne amorcée d’un bout de drap garance, ces joyeuses grenouilles qui, dans le silence des soirées printanières, soulevant au long des fossés le manteau vert des lentilles d’eau, assises dans le cresson, dissimulées au milieu des roseaux fleuris, font entendre leur bruyant hymne d’amour, emplissant la campagne de coassements éperdus, dont les chœurs discordants, répercutés à l’infini dans la profondeur des prairies, escaladent la rivière, s’assourdissant soudain dans une clameur lointaine, et semblent expirer en vagissant dans un dernier écho au pied du clocher de Sainte-Marie-du-Mont qui pointe là-bas, là-bas, au-dessus des grèves, dans la brume douteuse des crépuscules.

Les gens du pays ne lui cherchèrent pas querelle à propos de ce goût bizarre. Il n’abîmait en rien la propriété, ne troublait pas l’eau des bêtes, en un mot ne causait aucun dommage. Le garde champêtre, qui ne sortait jamais du cabaret, déclara seulement que ce n’était pas porter du respect à sa profession. On se moqua du pêcheur de grenouilles : il n’eut pas l’air de s’en douter.

Parfois la petite sœur de la demoiselle du télégraphe, une chétive enfant blonde, aux cheveux trop lourds, aux yeux profonds, descendait aussi dans la prairie au retour de l’école, et cueillait en un instant, en plongeant son bras tout entier dans les herbes hautes, avec une adresse de gnome, une salade de jeunes pissenlits. Il voulut l’imiter un jour, mais après s’être perdu l’œil pendant une heure, courbé en deux, il s’arrêta tout éberlué, son couteau à la main, sans avoir rien trouvé. La petite eut alors un grand rire moqueur, assise qu’elle était, non loin de là, sur une grosse pierre, à renouer les lacets de son brodequin de cuir.

Et la marchande de lait, sèche et longue, qui se reposait, les poings appuyés à la place des hanches, à côté de ses deux canes pleines de la dernière traite, dit en ce moment à la femme de l’horloger-concierge, en branlant sa petite tête dure de vieille poule :

— Ce n’est point fait pour vivre dans nos pays, des pauvres petites gens comme ça !

— Que voulez-vous, Madame Mihareng, répondit l’autre avec un souverain mépris, ces hors venus, ça prend son bien partout ; ça n’a jamais bien de quoi !


Le fonctionnaire est considéré par le Normand comme une espèce de mendiant respectable, fort à plaindre, que l’on loge par charité ; un nomade nostalgique, moins amusant que les baladins qui passent, gouailleurs, dans leurs roulottes peintes, tandis que des femmes aux cheveux noirs comme l’enfer, le buste couvert seulement d’une camisole lâche, montrent leurs têtes de gypsies aux petites fenêtres que closent des volets verts. Le forain, à quelque métier qu’il se livre, somnambule, arracheur de dents, montreur de phoques, teneur de loteries, rançonne le paysan ; il entre dans sa vie, il passe, il enjole, il vend, il vole ; le forain est le roi du paysan, le fonctionnaire en est la victime. L’homme des champs admire le bohémien, cet être souple qui fait perpétuellement le saut périlleux dans l’existence. D’où vient-il ? où va-t-il ? où meurt-il surtout ? mystère. Il ne se plaint jamais d’aucun mal et fait semblant quelquefois, par dérision, de guérir les autres. Son feu pétille en tout endroit, sa marmite bout aussi aisément au coin d’une route que suspendue à la crémaillère des cheminées de ferme, les marches d’un calvaire lui servent souvent de table, il se complaît à étaler ses loques avec une majestueuse aisance, il boit et mange, fait ripaille quand il peut, et rit… toujours. On lui pardonne de n’avoir d’autre patrie que le chemin. Son éternelle migration semble aussi naturelle que l’évolution d’un astre.

Les hôtes passagers de la maison commune ne jouissaient point, eux, de cette craintive considération. On n’imaginait point quels événements avaient pu les projeter ainsi, loin de leur pays. Ce n’était pas de plein gré sans doute qu’ils se livraient à de si bizarres occupations. On ne les rencontrait ni à l’enregistrement, ni au tribunal ; aussi ne devaient-ils compter sur aucun crédit. Une juste défiance les enveloppait : une atmosphère spéciale fleurant la pauvreté.

Ils apportaient de nouvelles coutumes.

L’un venait du midi et se rendit acquéreur de quelques bottes d’ail pendues depuis plusieurs années au plafond de tous les épiciers et remplies de toiles d’araignées. On le vit les nettoyer et les tresser avec amour, comme il avait coutume de le faire étant enfant dans son jardin de Port-Vendres, à l’abri d’une âpre falaise aux tons violets.

Dans une autre famille on acheta du thé. La marchande imagina que l’on s’en servait pour détacher les habits, mais elle apprit par la servante, ébahie, que ses maîtresses en buvaient à pleines tasses, le soir, en mangeant du pain grillé et en lisant du patois anglais.

Enfin, c’était bien mieux maintenant : — çu galu[1] de commissaire qui fricotait des guernouilles !

[1] Ce borgne.

Leurs vêtements aussi donnaient lieu à des commentaires par un manque d’ampleur, par une sorte de vernis que le temps étendait sur les omoplates, à la place des coudes et aux genoux des pantalons, reflétant comme au fond d’un miroir la trame des étoffes pâlies. Ils lavaient leur linge souvent, en secret, et le faisaient sécher dans les greniers du château, plutôt que d’étendre la lessive de toute une année des deux côtés de la place, sous les vieux tilleuls, de façon à ce que chacun, en passant, pût admirer l’excellence de la toile et le fini des broderies. Lorsqu’ils se hasardaient dans les boutiques, ils extrayaient modestement de leurs vieilles bourses quelques pièces de monnaie pour payer leurs acquisitions, au lieu d’éventrer sur le comptoir du marchand des sacs de cuir à coulisses, bondés d’argent et d’or.

Et ces vagabonds de la vie, recueillis dans cette ruine en butte à toutes les rafales du nord, grelottaient par ce dur hiver dans les appartements du second étage qu’on leur avait répartis, à peu près, sans prendre aucun soin de les réparer, et qu’ils ne pouvaient avoir la témérité de songer à chauffer, car la bise descendait comme chez elle des hautes fenêtres, soulevant les rideaux légers, se rejoignait dans les corridors avec des courants d’air en promenade, prenait d’assaut, en les secouant, les portes closes, et déchaînait avec une musique de damnés le sabbat du vent.

Le maître d’école était de beaucoup le plus considéré. Il avait un frère curé à Carpiquet. Sa femme, prise parmi les filles du pays, possédait, à la connaissance de tous, deux pièces de terre sur la commune d’Osmanville. De plus, il avait imaginé de créer un internat pour des fils de fermiers qu’il prenait au moment de la première communion. Bientôt il en réunit à sa table une quinzaine et en retira grand profit. On installa les lits de fer où ils couchaient, la tête couverte de gros bonnets de coton, — ni plus ni moins que les fils de l’ogre dans l’aventure du petit Poucet, — au milieu d’un ancien salon de jeu aux lambris revêtus d’une peinture verte que relevaient des moulures d’or ; et tout le jour, leurs bruyants sabots retentissaient en une galopade effrénée sur les noirs parquets de chêne, sous les plafonds ébranlés.

Vers le temps où florissait cet ingénieux négoce, on installa un bureau télégraphique tout contre le dortoir des jeunes paysans. Beaucoup, effrayés du voisinage de l’électricité, prévinrent leurs parents ; — comment ne pas avoir peur d’une chose qu’on ne voit pas ? — et profitèrent de la circonstance pour retourner en hâte dans leur village, faire les hommes, avec des blouses lustrées, à boutons de nacre, et des casquettes de soie.

Ce fut un désastre pour l’instituteur. L’hypocondrie dont il était atteint ne fit que croître ; il maigrit, devint jaune comme un cierge oublié derrière un autel ; et souvent il quittait l’école, nu-tête, un livre à la main, pour regarder, plein de fiel, les surveillants de l’administration télégraphique en képis galonnés qui, montés sur de hautes échelles, posaient les fils et arrachaient par lambeaux de très anciens nids déserts d’hirondelles.


Un soir que la pluie lavait les toits et pleurait dans les tilleuls, deux dames et une enfant descendaient de l’omnibus devant la principale entrée du manoir : celle qui regardait la terre. Un réverbère accroché très haut dans le mur dessinait autour de lui un cercle de lumière blafarde, au milieu duquel les lézardes de la façade semblaient tracer en s’enchevêtrant de perfides hiéroglyphes. Dans la longue avenue qui s’étendait devant la maison commune, les grands arbres, échevelés par la bourrasque, se tordaient en faisant craquer leurs membres sur leur tronc, dans une sorte de démence. La lune se montrait par instants, très pâle, dans la lividité du ciel ; les girouettes grinçaient, et des frôlements douteux s’entendaient autour des cheminées. Cette maison, défigurée pendant le jour et banale à faire pleurer, prenait avec la nuit l’incommensurable et majestueuse tristesse des ruines. Et plus loin, en face, la petite ville brillait, ramassée sur elle-même, resserrée comme une citadelle, rangée comme une armée en bataille, forte, inexpugnable dans son bien-être arrogant.

A ce spectacle lugubre, une impression douloureuse fit pousser aux deux femmes la même exclamation désolée. Seule, la petite fille, regardant toutes ces choses avec ses grands yeux ardents dans sa face pâle, dit, en se renversant, de ce ton fier et âpre qu’elle avait : — C’est beau, cela !

Elles s’installèrent pourtant.

Les meubles qu’elles apportaient ne parurent point trop dépaysés dans la nouvelle demeure ; il se trouva même qu’ils avaient grand air, adossés à ces murs battus des vents de mer. Ils semblaient, eux aussi, avoir une très longue histoire, taillés en plein dans le cœur des chênes, hauts, lourds, faits pour une autre race, ou bien équarris dans des bois précieux sur des rivages inconnus, d’après des indications très vagues ; d’où il leur résultait la forme naïve et massive de grands coffres à tiroir, ouvragés de poignées de cuivre, que l’on superposait à volonté, et qui, collés au flanc des navires, avaient fourni de longues campagnes et essuyé les tempêtes de tous les océans.

On voyait pêle-mêle, parmi des objets familiers et sans aucune valeur, des œuvres d’art rapportées des pays les plus lointains, au hasard de toutes les aventures : tels, des narghilés, des idoles taïtiennes en bois de fer, des éventails en ivoire découpé, pareils à l’un de ceux qui se trouvent dans la collection du Louvre, des dents de cachalots montées en colliers sur des tissus faits de l’écorce des arbres, des défenses d’éléphants, un brûle-parfums en bronze surmonté d’un bouquet de fleurs et de fruits, puis, un merveilleux service de vieux chine marqué au chiffre de la famille et remplissant un pesant buffet ; sur la porcelaine fine et transparente comme une taie, des guirlandes de roses ondoyaient autour des assiettes et des plats, vives de nuances délicates et exotiques ; des oiseaux empaillés de différentes familles, perchés sur un arbuste artificiel, regardaient fixement de leurs yeux de perles quelque chose qu’on ne voyait pas ; et c’étaient encore des coiffures de sauvages de Papéïti, des collections d’armes, des coffres de Marseille peints sur fond vert de fruits chimériques et superbes comme les pommes des Hespérides, d’où s’exhalait une odeur de camphre, d’ambre et de santal ; des boîtes de palissandre brut remplies de coquillages classés avec soin. Un tableau naïf représentant la prise d’un vaisseau de la Compagnie des Indes par le lougre d’un corsaire se trouvait accroché près de miniatures d’Isabey, où des messieurs d’un certain âge, aux favoris roux, se tenaient, gourmés, le menton en l’air, sur leur haute cravate blanche : l’un d’eux, celui qui souriait dans son cadre, avait été un de ces hardis coureurs de vagues né sur la roche Malouine à la fin du siècle dernier et dont les prouesses fameuses étonnèrent les plus braves de ce temps.

Et l’on aurait mis au jour, en fouillant ces vieilleries, des insignes de maçonnerie, un petit reliquaire, des titres de baron ramassés sur les champs de bataille du premier empire, côtoyant de très anciens parchemins, qu’avaient dédaignés les ancêtres, plus fiers de leur roture bretonne.

Ces événements se passaient au moment même, où, vers la fin du second empire, on se décida en haut lieu, par une mesure d’économie très pratique, à confier la gérance des stations télégraphiques de peu de valeur à des veuves d’officiers ou à des jeunes filles pauvres possédant des titres.

On ne saurait trop admirer quelle importance, quelle majestueuse ampleur, ces trois mots prennent dans le style administratif : posséder des titres. On n’imagine pas aisément une propriété de ce genre, en ce temps surtout : c’est un capital flottant, insaisissable, toujours menacé d’un krack imminent. Tel a des titres exceptionnels aujourd’hui, qui, demain, en raison de l’instabilité des choses, se trouvera dépourvu de tout crédit.

Mais rassurez-vous, il n’en est pas ainsi de ces femmes. Leurs titres, à elles, sont authentiques, indéniables, gênants, épinglés à des voiles de veuves, à des crêpes d’orphelines, maculés du sang des morts, plus nombreux à chaque nouvelle tombe creusée. On compte alors les cadavres : cela s’appelle des titres. Ne vous semble-t-il pas bien nécessaire, en effet, que les pères aient trouvé un glorieux trépas sur les champs de bataille, ou que, succombant dans des expéditions meurtrières, loin de leur patrie et pour propager son nom chéri, le ventre des vautours leur ait servi de sépulture, ou le pli d’une vague de linceul, pour que leurs filles, leurs femmes, reçoivent, en récompense de leurs loyaux services et de leur cruelle agonie, cet emploi tant désiré, tant sollicité par l’anxieuse misère de la femme ?

Douze heures de service, huit cents francs de traitement, le logement en plus, ainsi se traduisit cet effort mémorable vers la philanthropie qui devait, disait-on, sauver la femme moderne et résoudre sur un point important le problème social.

A la suite de cette brillante innovation, les petites filles de l’amiral Trégar-Creachmeur, un marin d’épopée, et les filles d’un officier de marine qui avait été en même temps un passionné naturaliste et un poète délicat, devinrent, par les soins de l’empereur, titulaires du bureau télégraphique de Saint-Paul-Église, un chef-lieu de canton assis à demi sur le Bessin et à demi sur le Cotentin.


Jeffik avait vingt ans et Anne en avait neuf.

Leur mère, courbée sous le poids d’une destinée trop dure, paraissait se complaire dans un pénible rêve dont elle ne se réveillerait plus qu’au delà de ce monde. Des jours comptés, des nerfs ébranlés, des souffrances physiques héroïquement endurées et des peines morales acceptées avec la sérénité que communique à certaines âmes une croyance opiniâtre, une espérance d’outre-tombe inaltérable, une soif de justice céleste, de suprême revanche et de félicités éternelles, composaient à cette noble femme la plus imposante figure. Rare était son sourire, d’une pureté, d’une grâce craintive. Un froid de sépulcre, arrêté sur ses beaux traits, figeait son geste et sa parole, mais, s’écartant sur son cœur, l’avait laissé battre encore, et répondre dans un écho douloureux à tous les appels de la pitié. Chaque jour plus affranchie de ses regrets, elle brisait un des liens qui l’attachaient à la terre, et, vivant dans l’attente de l’éternité, déjà sur elle semblait s’étendre l’ombre de son repos infini.

Ses enfants la comprenaient mal, car elle n’était point de ces mères aux baisers passionnés, aux douces et violentes étreintes qui réchauffent et réconfortent les petits, dans ces instants, où, saisis de vertige et d’angoisse, on les voit, effrayés sans raison et comme livrés à l’épouvante d’être.

Mais demande-t-on au voyageur épuisé, qui, ayant achevé sa tâche, rentre le soir dans la paix de sa demeure et s’étend sur sa couche pour se livrer au sommeil, de revenir sur ses pas et d’assister à d’autres luttes ? Allez, dirait-il alors, courage, enfants, l’heure est trop avancée, à chacun sa journée, moi, je succombe. Adieu !

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