Journal et fragments : $b Publiés avec l'assentiment de sa famille par G. S. Trébutien
III[40]
MA BIBLIOTHÈQUE.
[40] Tiré d’un cahier d’Extraits.
Les Méditations poétiques de Lamartine.
Les Harmonies.
Élégies de Millevoye.
Ossian.
L’Imagination, par Delille.
L’Énéide, traduction de Delille.
Les Géorgiques.
Racine.
Corneille.
Théâtre de Shakspeare.
Le Mérite des femmes, poëme par Legouvé.
L’Espérance, par Saint-Victor.
Œuvres du comte Xavier de Maistre.
Le Ministre de Wakefield, par Goldsmith.
Le Voyage sentimental de Sterne ; perdu.
Les Puritains, de Walter Scott.
Redgauntled, du même.
Poésies de Chénier (André).
Morceaux choisis de Buffon ; prêté.
Lettres péruviennes de Mme de Graffigny ; ouvrage qu’on ne lit pas deux fois.
Les Fiancés de Milan, par Manzoni.
De l’Allemagne, par Mme de Staël.
LIVRES DE PIÉTÉ.
L’Imitation de Jésus-Christ.
L’Introduction à la vie dévote, de saint François de Sales.
Le Combat spirituel.
Les Méditations de Bossuet.
Méditations de Médaille.
Lettres spirituelles de Bossuet.
Heures de Fénelon.
Journée du chrétien.
Les Sages entretiens.
L’Ame élevée à Dieu.
L’Ame embrasée de l’amour divin.
Le Mois de Marie.
La Vie des Saints.
Entretiens d’un missionnaire et d’un berger.
Le Dogme générateur de la piété chrétienne, par M. Gerbet.
Le Froment des élus.
Élévations sur les mystères de Bossuet.
Le Guide du jeune âge, de M. Lamennais ; livre que je relis souvent.
Ne vaudrait-il pas mieux ne s’attacher à rien que d’avoir ensuite la douleur de perdre ce qu’on aime ? C’est ma tourterelle qui vient de mourir qui m’inspire cette pensée ; mais je ne laisserai pas d’en aimer une autre, au risque de la perdre encore, car le cœur aime mieux souffrir que d’être insensible, a dit Fénelon[41].
[41] Écrit dans son cahier d’Extraits, après cette pensée :
« Le sentiment, quand un cœur lui est fermé, s’en approche aussi près que possible, de même que lorsqu’on l’en exile, il prend le plus long chemin pour en sortir.
« Je ne sais qui a dit cela. »
J’ai renoncé à la poésie, parce que j’ai connu que Dieu ne demandait pas cela de moi ; mais le sacrifice m’a d’autant plus coûté qu’en abandonnant la poésie, la poésie ne m’a pas abandonnée ; au contraire, je n’eus jamais tant d’inspirations qu’à présent qu’il me faut les étouffer. A présent je chanterais à ma fantaisie, ce me semble. J’ai trouvé le ton que je cherchais. J’en aurais des transports de joie qui me tueraient, s’il m’était permis de m’y livrer. Éteignons, éteignons ce feu qui me consumerait pour rien. Ma vie est pour Dieu et pour le prochain ; et mieux vaut pour mon salut un mot de catéchisme enseigné aux petits enfants qu’un volume de poésie.
— Ceci est vrai, mais plus haut il y a quelques petits mensonges poétiques[42].
[42] On voit à l’écriture que la dernière phrase a été ajoutée plus tard.