Journal et fragments : $b Publiés avec l'assentiment de sa famille par G. S. Trébutien
V
Le 29 août [1841, à Paris].[46] — Vous voulez que j’écrive mes impressions, que je revienne à l’habitude de retracer mes journées : pensée tardive, mon ami, et néanmoins écoutée. Le voilà ce mémorandum désiré, ce de moi à vous dans le monde, comme vous l’avez eu au Cayla : charmante ligne d’intimité, sentier des bois, mené jusque dans Paris. Mais je n’irai pas loin dans le peu de jours qui me restent ; rien que huit jours et le départ au bout. Ce point de vue final m’attriste immensément, et je ne sais voir autre chose. Comme le navigateur au terme de la mer Vermeille, je ne puis m’ôter de là. O ma traversée de six mois, si étrange, si diverse, si belle et triste, si dans l’inconnu, qui m’a tant accrue d’idées, de vues, de choses nouvelles qui ont laissé tant à dire et à décrire ! Mais je n’ai pas tenu de journal. Qui devait le lire ? Que penser à faire si quelqu’un ne se plaît à ce que l’on fait ? Sans cet intérêt ma pensée n’est qu’une glace sans tain. Du temps de Maurice, je réfléchissais toutes choses ; c’était par lui, associé à mon intelligence, frère et ami de toutes mes pensées. Un signe de désir, un mot de dilection, suffisaient pour me faire écrire à torrents. Qu’il était influent sur moi et que l’influence était belle ! Je ne sais à quoi la comparer : au vin de Xérès, qui vivifie, exalte, sans enivrer.
[46] Cahier déjà imprimé dans les Reliquiæ, 1855.
Ce soir, je me retrouve un peu sous ces impressions que je croyais perdues ; mais, je vous l’ai dit, je ne saurais parler que du malade, pauvre jeune homme qui ne se doute pas de l’intérêt qu’il m’inspire et du mal qu’il me fait en toussant. O vision si triste et si chère ! D’où vient cela, d’où vient qu’il est des souffrances qu’on aime ? dites, Jules, vous qui expliquez tant de choses à mon gré. Le grand M. de vis-à-vis vous a trouvé bien aimable ; vous étiez en verve ce soir, mais, plus ou moins, votre conversation abonde d’esprit, d’éclat, de mouvement. Elle monte, s’étend, se joue dans mille formes, sous une forme inattendue, magnifique feu d’artifice. « Le beau parleur ! » a dit ce grand monsieur, en saluant la Baronne qui a confirmé d’un sourire, ajoutant : « Ne croyez pas qu’il pense tout ce qu’il dit. » C’était sans doute au sujet de saint Paul, et pour écarter le soupçon d’hérésie que vous avez encouru en discourant mondainement sur cet apôtre. Que je voudrais aussi ne pas vous croire ! Bonne nuit ; je vais dormir, je vais chercher mes songes gris de perle. Et à propos, pourquoi a-t-on ri lorsque j’ai comparé les vôtres au son de la trompette ? Il y a donc là-dessous quelque signification singulière, de ces sous-entendus de langage que je n’entends pas ? Ce qui m’arrive souvent. On donne dans le monde de doubles sens aux choses les plus simples, et qui n’est pas averti s’y trompe. Quand je vois rire, allons, je suis au piége ; cela me donne à penser, mais rien qu’un moment par surprise. A quoi bon s’arrêter sur des complications ?
La charmante m’a dit : Nous causerons demain. Ce qui promet d’intimes confidences. Quand les sources d’émotions ont coulé, quand le cœur est plein, c’est sa façon d’en annoncer l’ouverture. Nous causerons demain. Nous nous embrassons là-dessus. Chacune va à son sommeil et je ne sais si on attend le jour pour causer. Une tête agitée fait bien des révélations à son oreiller.
1er septembre ou dernier août, je ne sais ni ne m’informe du jour. — Ce vague de date me plaît comme tout ce qui n’est pas précisé par le temps. Je n’aime l’arrêté qu’en matière de foi, le positif qu’en fait de sentiments : deux choses rares dans le monde. Mais il n’a rien de ce que je voudrais. Je le quitte aussi sans en avoir reçu d’influence, ne l’ayant pas aimé, et je m’en glorifie. Je crois que j’y perdrais, que ma nature est de meilleur ordre restant ce qu’elle est, sans mélange. Seulement j’acquerrais quelques agréments qui ne viennent peut-être qu’aux dépens du fond. Tant d’habileté, de finesse, de chatterie, de souplesse, ne s’obtiennent pas sans préjudice. Sans leur sacrifier, point de grâces. Et néanmoins je les aime, j’aime tout ce qui est élégance, bon goût, belles et nobles manières. Je m’enchante aux conversations distinguées et sérieuses des hommes, comme aux causeries, perles fines des femmes, à ce jeu si joli, si délicat de leurs lèvres dont je n’avais pas idée. C’est charmant, oui, c’est charmant, en vérité (chanson), pour qui se prend aux apparences ; mais je ne m’en contente pas. Le moyen de s’en contenter quand on tient à la valeur morale des choses ? Ceci dit dans le sens de faire vie dans le monde, d’en tirer du bonheur, d’y fonder des espérances sérieuses, d’y croire à quelque chose. Mmes de *** sont venues ; je les ai crues longtemps amies, à entendre leurs paroles expansives, leur mutuel témoignage d’intérêt, et ce délicieux ma chère de Paris ; oui, c’est à les croire amies, et c’est vrai tant qu’elles sont en présence, mais au départ, on dirait que chacune a laissé sa caricature à l’autre. Plaisantes liaisons ! mais il en existe d’autres, heureusement pour moi.
… Ce que je ne comprends pas dans cette femme, c’est qu’elle ait pu s’attacher à ce Mirabeau que vous nous avez dépeint. Mais l’a-t-elle cru ce qu’il est ou est-il bien ce qu’on en dit ? Le monde est si méchant, on s’y plaît tant à faire des monstruosités ! Il y a aussi de véritables monstres d’hommes. Quoi qu’il en soit du docteur irlandais, il ne voit pas un malade en danger qu’il ne lui parle d’un prêtre, et il est lui-même exact observateur des lois de l’Église. Accordez cela avec sa réputation. Pourquoi encore, avec tant d’audace, paraît-il timide et embarrassé devant nous trois, comme M. William ? Il rougit autant et son regard rentre encore plus vite. Est-ce là ce fougueux Jupiter[47] ? Je n’y connais rien peut-être : oui, l’énigme du monde est obscure pour moi. Que d’insolubles choses, que de complications ! Quand mon esprit a passé par là, quand j’ai longé ces forêts de conversations sans trouée, sans issue, je me retire avec tristesse, et j’appelle à moi les pensées religieuses sans lesquelles je ne vois pas où reposer la tête.
[47] Un peu plus tard, il m’est venu des idées plus étendues sur cet homme très peu connu, profond et fermé.
(Note du Ms.)
Qu’alliez-vous faire dimanche à Saint-Roch ? Était-ce aussi pour vous y reposer ? On a fait bien des investigations là-dessus. Peine perdue. Que découvrir sur l’incompréhensible ? Dieu seul vous connaît. Oui, vous êtes un palais labyrinthe, un dérouteur, et, sans ce côté qui vous liait à Maurice, et où luit pour moi la lumière dans les ténèbres, je ne vous connaîtrais pas non plus ; vous me feriez peur. Et cependant vous avez l’âme belle et bonne, honnête, dévouée, fidèle jusqu’à la mort, une vraie trempe de chevalier, et ce n’est pas seulement au dedans.
Le 3. — J’ai commencé Delphine, ce roman si intéressant, dit-on. Mais les romans ne m’intéressent guère, jamais ils ne m’ont moins touchée. Est-ce par vue du monde et du fond qui les produit, ou par étrangeté de cœur ou par goût de meilleures choses ? Je ne sais, mais je ne puis me plaire au train désordonné des passions. Il y a dans cet emportement quelque chose qui m’épouvante comme les transports du délire. J’ai peur, horriblement peur de la folie, et ce dérangement moral qui fait le roman en détruit le charme pour moi. Je ne puis toucher ces livres que comme à des insensés, même l’Amour impossible. De tous les romanciers, je ne goûte que Scott. Il se met, par sa façon, à l’écart des autres et bien au-dessus. C’est un homme de génie et peut-être le plus complet, et toujours pur. On peut l’ouvrir au hasard, sans qu’un mot corrupteur étonne le regard (Lamartine). L’amour, chez lui, c’est un fil de soie blanche dont il lie ses drames. Delphine ne me paraît pas de ce genre. Le peu que j’ai vu présage mal, et j’y trouve un genre perfide : c’est de parler vertu, c’est de la mener sur le champ de bataille en épaulettes de capitaine pour lui tirer, sous les yeux de Dieu, toutes les flèches de Cupidon. Mme de Staël ne cesse de faire mal et de prêcher bien. Que je déteste ces femmes en chaire et avec des passions béantes ! Cela se voit dans les romans, et on dit aussi dans le monde : le grand roman ! On m’en ouvre chaque jour quelques pages. Étranges connaissances ! Est-ce bon ? Peut-être pour l’étendue des idées, pour l’intelligence des choses. J’observe sans attrait, sans me lier à rien, et cette indépendance d’esprit préserve de mauvaise atteinte.
Journée variée comme la température, ciel de salon, gris et bleu, traversé de vapeurs brillantes. Ces teintes de la vie, qui les pourrait peindre ? Ce serait un joli tableau et que je donnerais à faire à M. William, l’artiste idéal. Je lui crois beaucoup de rêverie dans l’âme, et l’amour passionné du beau, une nature tendre, ardente, élevée, qui présage l’homme de marque. J’apprécie fort M. William sur ce que je vois et sur ce que vous dites, vous, le jugeur. Mais surtout j’aime cette candeur de cœur que vous dites encore d’un charme si rare dans le monde. Vous l’aviez trouvée aussi à Maurice. Tout me ramène à lui, je lui fais application de toute belle chose. Combien je regrette que M. William ne l’ait pas connu et qu’il n’ait pas fait son portrait ! Nous y perdons trop. Quelle ressemblance ! comme ce beau talent eût saisi cette belle tête !
Je reviens de la rue Cherche-Midi, mon chemin d’angoisses. Hélas ! que cette maison indienne m’est triste, et cependant il y a quelque chose qui fait que j’y vais : il y a sa femme, toute couverte à mes yeux de ce nom. Plus rien à dire.
Soirée musicale, artiste italien, grands chants et chansonnettes, le tout d’heureux effet sur ma chère malade, qui est, au demeurant, facilement contente. Aussi je me méfie un peu de ses jugements, qui ne sont que des sensations bienveillantes. Elle perçoit par le cœur, et cette transposition de facultés…
Le 8. — Il est mort, le jeune malade, hier soir à onze heures. Il est mort ! Je savais qu’il allait mourir ; j’avais toujours cette pensée devant moi comme un fantôme, et me voilà interdite. Oh ! toujours la mort nous étonne, et celle-ci soulève en moi tant de souvenirs accablants ! Le genre de maladie, cette belle tête, les détails que j’ai recueillis sur sa bonté, sa douceur, son attrayant, ce je ne sais quoi de certaines natures à magnétiser tout le monde, l’affection de son valet de chambre, sa fin chrétienne et pieuse : tout cela est d’une ressemblance touchante. Je voudrais être la sœur de Charité qui a reçu son dernier soupir. Que de fois j’ai rêvé d’être sœur de Charité, pour me trouver auprès des mourants qui n’ont ni sœur ni famille ! Leur tenir lieu de ce qui leur manque d’aimant, soigner leurs souffrances et tourner leur âme à Dieu, oh ! la belle vocation de femme ! J’ai souvent envié celle-là. Mais ni celle-là ni une autre : toutes seront manquées. Il manque beaucoup de ne se vouer à rien. Il semble que le bonheur soit dans l’indépendance, et c’est le contraire.
Le 10. — On a renvoyé Delphine, avant que je l’aie achevé de lire. Je n’en suis pas fâchée. Les livres, c’est cependant ma passion intellectuelle ; mais qu’il en est peu de mon goût, ou que j’en connais peu ! Ainsi des personnes. On n’en rencontre que bien rarement qui vous plaisent. Vous et Maurice êtes toujours mes préférés. Je vous vois au-dessus de tout ce que je vois. Vous êtes les deux hommes qui me contentez le plus pleinement l’esprit. Oh ! s’il ne vous manquait une chose ! et qu’en cela je souffre et souvent ! Chaque fois qu’il en est question, on fait après votre départ le relevé de vos principes et de vos paroles avec un blâme d’autant plus pénible que je ne puis pas l’écarter. Bien loin de là, je le donne dans ma conscience. La conscience agit souvent à contre-cœur. Non, je ne puis entendre des choses qui lui font mal et qui vous font tort. J’ai entendu quelqu’un vous traiter de fou à ce sujet. Vous vous aventurez, dit-on, étrangement dans les questions religieuses. Je ne vous les vois pas aborder que je n’éprouve les transes de cette mère d’un fils aveugle, lancé sur l’Océan. Pardon de la comparaison, mon cher Jules, je la reprends. Certes, vous ne manquez pas de vue, hormis de celle de la foi.
Le 16. — Rien que la date. J’écrirai demain. Cœur triste ce soir et tête lasse.
Le 17. — Ce que j’aurais dit hier, je ne le dis pas aujourd’hui. Je vous ai vu, nous avons causé, cela suffit au dégagement du cœur, à la délivrance de la tête, ce poids fatigant de sentiments et de pensées que nul autre que vous ne pouvait recevoir. Me voilà soulagée, mais je souffre de ce que j’ai mis au jour.
… O fin de tout ! fin de toutes choses et toujours des plus chères, et sans cause connue souvent pour les sentiments du cœur, que par je ne sais quel dissolvant qui s’y mêle. En s’unissant, il entre le grain de séparation. Cruelle déception pour qui croyait aux affections éternelles ! Oh ! que j’apprends ! mais la science est amère.
… Qui me restera ? Vous, ami de bronze. J’ai toujours cherché une amitié forte et telle que la mort seule la pût renverser, bonheur et malheur que j’ai eu, hélas ! dans Maurice. Nulle femme n’a pu ni ne le pourra remplacer ; nulle, même la plus distinguée, n’a pu m’offrir cette liaison d’intelligence et de goûts, cette relation large, unie et de tenue. Rien de fixe, de durée, de vital dans les sentiments des femmes ; leurs attachements entre elles ne sont que de jolis nœuds de rubans. Je les remarque, ces légères tendresses, dans toutes les amies. Ne pouvons-nous donc pas nous aimer autrement ? Je ne sais ni n’en connais d’exemple au présent, pas même dans l’histoire. Oreste et Pylade n’ont pas de sœurs. Cela m’impatiente quand j’y pense, et que vous autres ayez au cœur une chose qui nous y manque. En revanche, nous avons le dévouement.
Une belle voix, la seule agréable que j’aie entendue de ces voix des rues de Paris, si misérables et boueuses. L’abjection de l’âme s’exprime en tout.
… En général, nous sommes bien mal élevées, ce me semble, et tout contrairement à notre destinée. Nous qui devons tant souffrir, on nous laisse sans force ; on ne cultive que nos nerfs et notre sensibilité, et en sus la vanité ; la religion, la morale pour la forme, sans la faire passer comme direction dans l’esprit. Cela fait mal à voir, pauvres petites filles !
Le 22. — Rien ne me choque plus rudement que l’injustice, que j’en sois ou non l’objet. Je souffre d’une manière incroyable rien qu’à voir donner raison à un enfant qui a tort et vice versâ. Le moindre renversement de la vérité me déplaît. Cette susceptibilité est-elle un défaut ? Je ne sais. Personne ne m’a jamais avertie de rien. Mon père m’aime trop pour me juger, pour me trouver aucune imperfection. Il faut un œil ni trop loin ni trop près pour bien distinguer une âme et voir ses défauts. Vous, Jules, êtes à parfaite distance pour me voir et ce qui me manque. Il doit me manquer beaucoup. Je veux vous demander cela avant de nous quitter ; je veux avoir vos observations que je tiendrai comme une preuve de votre affection. On se doit de perfectionner ce qu’on aime. On le veut, on en parle même mal ou mal à propos…
Le 27. — Écrire des lettres de deuil, en lire et concerter avec ce pauvre M. de M…, qui n’en peut plus à lui seul sous tant d’affaires et de peines, c’est mon emploi de temps et de cœur depuis quelques jours, aux dépens de mon Mémorandum. La mort de M. de Sainte-M… accroît tellement le poids des peines de notre affligé, que je demeure tant que je puis auprès de lui comme aide ou diversion. Bien souvent je surprends des larmes dans ses yeux, qu’il détourne de sa femme pour ne pas se trahir. Le terrible secret, qu’une mort dans le cœur vis-à-vis du cœur que cette mort doit frapper ! Marie est incapable en ce moment de supporter un tel coup. Je ne sais tout ce qu’on peut craindre pour elle à cette annonce, même en meilleur état de santé. Que deviendra-t-elle en apprenant qu’elle a perdu son père, si bon, si aimable, si digne d’être aimé ? Tout ce qu’il y avait en lui d’attachant va la saisir éperdument comme les étreintes d’un fantôme. Elle en aura des épouvantes de tendresse, ne verra que de quoi se désoler et se trouver, par cette mort, la plus malheureuse des filles. Au fond, elle tenait à son père, et ce fond est si excellemment tendre ! Elle n’a jamais méconnu les qualités distinguées de son père, son élévation d’âme, de cœur, d’intelligence. L’homme rare par tous ces endroits ! Par sa droiture de principes, sa raison forte, son amabilité, sa religion éclairée. J’aimais cette piété franche, gaie, vive, toute militaire, l’homme des camps dans le service de Dieu, et que la foi avait entièrement dompté. Maurice me l’avait dit, et je l’ai vu de près. Il avait dû y avoir là un Othello, un caractère fort et terrible. Certains traits de violence l’attestent et le trahissaient encore quelquefois ; mais en général cet homme était si contenu, que, pour qui le connaissait, c’était un bel exemple de la puissance morale. Et puis, qu’il était bon, doux, facile à vivre ! C’est là, dans son intérieur, dans ce coin sans draperie, qu’il se faisait bien voir, et de façon à se faire aimer beaucoup. Il m’appelait sa fille, et je lui donnais aussi bien tendrement le nom de père. Hélas ! que sert de multiplier ses affections ? C’est se préparer des deuils. Je regrette bien profondément M. de Sainte-M… Sa mémoire me sera toujours en vénération et pieuse tendresse, comme un saint aimé.
Le 2 octobre. — Au retour de notre pose au Palais-Royal, je me repose dans ma chambre et dans le souvenir de notre entretien. Une femme a dit que l’amitié, c’était pour elle un canapé de velours dans un boudoir. C’est bien cela, mais hors du boudoir, pour moi, et haut placé sur un cap, par-dessus le monde. Cette situation à part de tout me plaît ainsi.
Le 3. — Détournée hier sur mon cap. Je ne reprends mon journal que pour le clore, n’ayant plus liberté d’écrire en repos. C’est dimanche aujourd’hui ; heureusement j’ai puisé du calme et de la force à l’église, pour soutenir un assaut accablant.