L'homme né de la guerre : $b témoignage d'un converti (Yser-Artois, 1915)
CHAPITRE II
Dialogue entre un chrétien et un artiste. Comment l’Art me tient lieu de tout et premièrement de principes. La gratuité de l’Art. Nietzschéisme, dreyfusisme, patriotisme ; spiritualisme malgré tout. L’épreuve de Florence. Angelico et l’élan de ma joie vers Dieu. Mort de ma mère. J’apprends la douleur. Mon blasphème. Voici la guerre.
— Vous aurez donc vécu dans ce désert vingt ans ? Sans Dieu et sans besoin de Dieu !
— Qui plus est, sans inquiétude, dans une sorte de plénitude païenne… — tant le prince du Monde excelle à endormir la conscience, à farder et enguirlander le péché.
— Sur quels principes viviez-vous ?
— Le sais-je ?… Sur les principes moyens et faciles qui sont la loi de nos sociétés, les bâtards de la Sainte Loi. Mes désirs, au reste, étaient modérés. Quand, d’aventure, l’un d’eux se heurtait à la règle, je la frondais pour lui ou je la tournais à son avantage. Incapable, sans doute, d’un tort matériel, moins soucieux du tort moral. Où il n’est pas de mœurs, là chacun règne. A charge de revanche, personne n’ayant rien à perdre, ni le prochain, ni soi ![2]
[2] En ce temps-là mes amis vantaient mon « cynisme ». J’aurais refait le monde à mon image pour justifier mes erreurs.
— Mais quelle vie défaite meniez-vous ?
— Me le suis-je jamais demandé ? Au jour le jour, en voyageur.
— Est-ce possible ? Tout entier tourné vers ce monde, il vous suffisait d’être.
— C’est cela.
— Et jamais dans le cœur aucun élan spirituel ?
— Tout au contraire. Dupouey disait en parlant de lui-même : « Nous qui avons adoré la Beauté. » Je fus de ces adorateurs. — Autour de sa vingtième année, bienheureux le jeune homme qui rencontre l’Art ! L’Art, prenant le pas sur l’amour, ramasse le sceptre de Dieu qui est tombé en déshérence. Dans le culte de l’Art, nous pensons échapper au monde, à la fuite des jours, et surmonter un médiocre destin. Le véritable artiste va placer son ambition, sur terre nécessairement, mais par delà sa vie terrestre, dans le profond des siècles à venir. Indifférents aux succès du présent, du moins autant qu’homme peut l’être, nous rêvons en secret de laisser après nous, de léguer à nos descendants, non une patrie bien assise, non un idéal éprouvé, mais quelques morceaux réussis, une œuvre, un livre, moins : un poème, moins : une strophe harmonieuse, capable de chanter sur les lèvres des hommes longtemps après que nous nous serons tus. En un mot, nous nous efforçons de gagner, par un labeur qui n’est pas sans mérite, une façon d’éternité terrestre… O vanité !
— Ainsi peu vous importait d’être utile ?
— Est-ce que la Beauté ne l’est pas ? Nous n’acceptions de l’être que par la Beauté. Nous nous targuions d’un art tout gratuit, gratuit pour nous qui n’en attendions pas de récompense, gratuit pour le prochain que nous nous refusions à réformer. Fi d’un lyrisme ou d’une prose utilitaires ! Il s’agissait de « mettre en forme » partie du monde et partie de nous-même, en nous gardant bien de juger.
— Mais cela suffit-il ?
— L’Art se suffit.
— Mais vit-on sur une esthétique ? Du moins la vôtre était-elle doublée d’une philosophie ?
— Peut-être pas ! Entre Descartes et Kant, Spinoza et Leibniz, Hegel et Renouvier, Spencer et Darwin, passionnément étudiés au lycée, sans compter Hartmann et Büchner, est-ce qu’on choisit à cet âge ? Un système chasse l’autre… Et du reste, pourquoi choisir ? Autour de mes vingt ans, je croyais fermement en l’Homme et en la Vie, comme à peu près tous ceux de ma génération. C’est tout.
— Et au progrès, sans doute ?
— Au progrès de l’Individu. Avec le temps, il avait pris toute la place. Nous l’héroïsions à plaisir.
— Dans le mal comme dans le bien, je vois cela…
— Notre art ne faisait pas de différence.
— Et vous avez fini par donner dans le « nietzschéisme », avouez-le donc !
— Nietzsche ne nous a pas formés. Il est venu à point pour étayer notre religion flottante. Ce n’est pas une métaphysique et encore moins une morale que la doctrine nietzschéenne — si tant est qu’elle tienne d’ensemble — formule expressément ; disons plutôt : une dramaturgie. Une vie dangereuse, le libre élan laissé à l’entre-choc des passions, quelle aubaine pour le dramaturge, pour le romancier ou pour le poète qui a décidé de ne pas conclure ! Les besoins de notre art nous ont dicté notre philosophie ; infuse dans une œuvre d’art, nous l’estimions sans danger.
— Vous placiez la charrue devant les bœufs !
— Je m’en rends compte. Comment faire autrement après ce que je vous ai dit ?
— Et avec ça, vous gardiez bonne conscience ?
— Comme Adam dans le paradis des délices et le péché n’existait plus[3].
[3] Exemple significatif : malgré mon admiration pour le maître écrivain, je n’entrais pas dans Baudelaire ; cette lutte constante entre Satan et Dieu, Ormuzd et Ahriman, qui fait la trame de son œuvre, me paraissait le comble de l’artificiel.
— Je vous entends. Je ne parviens cependant pas à croire que les soins de votre art ou plus simplement de votre métier aient étouffé en vous tous les autres soucis. Car vous étiez bon fils, bon parent, bon ami ?
— Ni meilleur ni pire qu’un autre.
— Bon citoyen et bon Français ?
— Arrêtons-nous. Là vous touchez le point sensible… Oui, depuis mes plus tendres jours, je nourrissais pour ma patrie une jalouse passion — osé-je dire à mon insu ? — et sans doute m’imaginais-je avoir assez fait pour la France, quand j’avais servi de mon mieux ses belles-lettres et sa langue. La réalité politique offusquait ma délicatesse. Je laissais les choses aller. Plutôt républicain que monarchiste, plutôt « droits de l’homme », en dépit de Nietzsche, que nationaliste intégral, j’eus la révélation inopinée de ma foi française à l’occasion de l’affaire Dreyfus. Je combattis avec une âpreté inattendue dans le camp des révisionnistes. Et pourquoi ? Non, par « anarchisme », non par pure équité humaine, — par chauvinisme, c’est le mot. Pour les mêmes raisons que, dans l’autre camp, Déroulède. Je me rendis compte soudain du prix que j’attachais au bon renom de ma patrie, à sa gloire dans le monde… C’est cela que je défendais avec tout l’excès de mon âge. Et, le soir de l’arrêt de Rennes, — ne riez pas ! — j’ai pleuré sur son « déshonneur ». — Aussi bien je suivis l’évolution de Péguy ; comme lui, peu de temps après, je répudiai les sectaires ; mes amis de la veille devinrent mes ennemis ; et depuis lors je n’ai plus ouvert le journal sans le tremblement de celui qui aime et qui ressent à vif la moindre des blessures dont va souffrir l’objet de son amour. Peu versé dans la politique, trop timide pour m’y mêler, trop faible aussi pour secouer le joug de mes préoccupations esthétiques et aborder le problème vital, j’assistais au combat comme un partisan désarmé ; mais je tenais férocement pour ceux qui défendaient l’existence morale et matérielle de la France… à l’exception de Maurras. Que pouvais-je faire de plus, moi, poète ? Si, j’entrepris de la chanter[4].
[4] Foi en la France (Préludes dans la paix, 1909).
— Oh ! oh ! vous manquiez gravement à vos principes ?
— Peut-être bien… Je ne manquais pas à mon cœur. Et puis, je me berçais de l’illusion que les contraires pouvaient cohabiter dans le même homme, sans se gêner ni le gêner[5]. Quand je rentrais dans mon travail familier, sous la discipline que l’art exige, je me sentais en sûreté et retrouvais l’équilibre de mon esprit.
[5] Vous avouerai-je qu’au plus fort de mon exaltation patriotique, le jour de la déclaration de guerre, « j’ai fait le mal », sans honte. Je refusais de distinguer. Et que l’ignoble côtoyât le noble, j’aimais cela. L’homme complet.
— Et toujours nul appel d’en haut ?
— Je mentirais si je vous disais non. A certains jours, le cœur demandait davantage. Il ressentait un vague espoir… Il goûtait une vague extase. Il s’arrêtait devant le gouffre de la mort. Et puis, quel poète lyrique ne lève pas les mains au ciel ? Il se baigne dans l’infini, mais en aveugle ; il lui suffit de bien chanter, il ne tient pas à y voir clair. Quand mon lyrisme personnel me refusait ces grandes joies religieuses et vagues, le trésor des maîtres de l’art me les dispensait magnifiquement. O Parthénon, équilibre des nombres ! O sculpture hellénique, regret du paradis perdu où le corps de l’homme était beau ! O musique, battement du plus noble des cœurs, sons imprécis qui en disent plus que les mots, danse sacrée qui délivre du poids et de l’attraction terrestre ! Quels espaces nous franchissions sur les ailes de la Beauté, dans l’extase quasi-divine de ce soulèvement qui ne vous conduit nulle part !… De quoi nous ne songions pas à nous plaindre : l’ivresse du voyage nous faisait oublier le but.
— Qu’arrivait-il pourtant quand vous redescendiez ?
— Nous avions versé de si bonnes larmes que nous ne désespérions pas de l’infini. Mais au lieu de louer et de remercier Dieu qui rendait un tel art possible en découvrant un rayon de sa gloire, nous célébrions le génie des hommes et le privilège de l’Art tout court.
— Et vous n’étiez jamais tenté de pousser plus avant, de solliciter de quelqu’un des clartés moins diffuses, de mettre votre spiritualisme ou votre panthéisme au point ? Je ne dis même pas d’interroger les Livres, vos prêtres ou ceux d’un autre Dieu. Car vous croyiez en Dieu, la chose est claire ?
— Je respectais, mais je négligeais la Parole[6], moi, curieux de tout, je n’en avais pas appétit ; je lisais tout et gardais fermé l’Évangile. Cette exclusive volontaire a scandalisé même mes amis. Mais un pareil refus n’est pas incompatible avec certain tourment de Dieu. Dans mon livre le plus récent, lisez la pièce antérieure à la guerre que j’intitule « Cloches ». Elle exprime comment je me flattais alors d’apaiser cette nostalgie que réveille en nous l’Angelus : par le mysticisme de la Patrie… — Et puis j’ai tort de parler de tourment. Notez-le bien, je n’eus jamais tendance à croire qu’en état de bonheur : témoin ma crise d’Italie. Vous permettrez que j’y insiste ; c’est le prologue de ma conversion.
[6] Il importe de remarquer que le mouvement catholique qui se dessinait alors dans les lettres n’eut pas d’influence sur moi. Tout en les admirant, je ne suivais ni Jammes, ni Claudel, ni Péguy. Ils m’accoutumaient simplement à un point de vue qui me restait cependant étranger.
Au printemps de 1912, il m’est donné pour la première fois d’aborder l’Italie et de l’aborder par Florence — non précisément en jeune homme, déjà en homme fait et qui se croit fixé, bien qu’il accorde à ses pensées toute licence. Je suis conduit par le meilleur des guides, mon ami André G… — J’ai dit ailleurs[7] la surprise inouïe de ce tête-à-tête avec des chefs d’œuvre dont on ne prend idée que là, ceux du moyen âge à sa fin et de la prime Renaissance. Mes théories sur la peinture, sur ses modes, sur ses limites et sur ses vertus expressives, s’écroulent comme châteaux de cartes au premier choc. J’admire tout, de Giotto à Botticelli, la multiplicité d’un art, tant païen que chrétien, qui semble ramasser d’un seul coup de filet toute la vie, contenter à la fois et sans en excepter aucune, nos plus diverses aspirations. Rien de beau, rien de noble, rien de doux au cœur, rien de charmant aux yeux qui n’y soit renfermé ! Or, au centre, il y a l’esprit. — J’admire tout, oui ! Mais mon choix est fait : et c’est, quoi que j’en aie, celui que désignent mes larmes : c’est Giotto, c’est Angelico, c’est le Masaccio de l’Apôtre Pierre ; tout le reste gravite autour. J’essaie bien de me raccrocher au paganisme : mais le maître de mon amour, dès à présent, c’est l’Art le plus rapproché de la Foi — si rapproché qu’on l’en distingue à peine ! L’œuvre d’art qui n’est pas prière me déçoit.
[7] L’Épreuve de Florence (Nouvelle Revue Française).
Irrésistible aimantation de l’être. Combien la lumière était belle sur les terrasses de fèves en fleur et sur les cyprès noirs ! Nous sortions de Santa-Croce où mourait saint François d’Assise, de San-Marco où le Christ expirait en croix et où la Vierge attendait l’Ange dans un couloir nu et silencieux. Même nos sens avaient une âme !… L’art m’avait déjà transporté, mais jamais aussi haut. Je touchais la limite indéfinissable entre l’humain et le divin, entre le terrestre et le séraphique, entre ce qui est du monde et ce qui est du ciel… Comment cela ? A force de bonheur. — L’ai-je fait entendre à mon compagnon, quand je me refusais à l’entendre moi-même ? J’étais tout près de croire et d’adorer. Précisons : j’adorais sans croire. Mais quoi ? mais qui ?… L’esprit qui avait animé d’un tel amour l’âme de simples hommes et guidé leur main sur le mur. Mais encore quel esprit ? L’Esprit Saint, pour tout dire : je ne lui donnais pas de nom. Après une épreuve si claire, il semble bien que la simple logique, si j’eusse consenti à lui prêter l’oreille, eût dû me convaincre aussitôt de la vérité. Ces miracles de l’art, qui surpassaient l’entendement, étaient les fruits non d’un rêve individuel, mais d’une religion nettement formulée et celle-ci avait un nom et celle-ci était la mienne. Il m’eût suffi d’un pas pour y faire retour. — Non, je me contentais d’avoir élargi mes vues esthétiques, me laissant flotter, pour le reste, au doux zéphir de mon vague bonheur.
— Dieu vous prenait par votre faible. Il exalte ceux-ci, il console ceux-là. Il déclenche selon le cas la supplication ou l’action de grâces… Mais une question ? Dans l’état nouveau de votre âme, que faisiez-vous de la douleur ?
— Je l’incorporais à ma joie… Elle fondait dans mon optimisme incurable.
— Dites plutôt que vous n’aviez jamais souffert ?
— C’est vrai. J’avais perdu mon père étant fort jeune et le pauvre homme je ne l’avais pas bien longtemps pleuré. J’avais, dans ma vie, remplacé l’amour par le plaisir sans lendemain, afin de m’épargner la gêne d’une sujétion trop stricte, le traversant tout juste assez pour le connaître, dans son vertige et dans son désespoir. Quant à la vie matérielle, elle ne m’avait imposé que des sacrifices à ma mesure ; j’avais pris un métier, celui de médecin, pour m’assurer l’indépendance ; je l’avais exercé huit ans, sans passion, mais avec loyauté. Grâce au dévouement de ma mère, à mon oncle et à mes amis, les ennuis ne me duraient guère ; tout finissait toujours par s’arranger. Je m’étais entraîné à la médiocrité dès mon enfance et je la supportais gaiement. Ajoutez que la Providence m’avait donné une famille sans que j’eusse la peine de la fonder, ma sœur étant restée veuve avec deux fillettes. Tous les ennuis passés s’étaient écoulés sans laisser de trace. Enfin j’avais le refuge de l’Art.
Or, la souffrance vint. En pleine extase florentine, je fus rappelé d’Italie par ma mère alarmée : l’aînée de mes enfants (des enfants de ma sœur), à la suite d’une rougeole, se trouvait en danger de mort. Elle guérit — sans que j’eusse prié pour elle ; mais deux mois après, devant moi, ma mère qui m’aimait plus que tout au monde, ma compagne depuis toujours, se tua dans un accident. — O brutalité de la mort, ô laideur ! Je tiens entre mes bras un corps défiguré et d’où la chaleur se retire. Transport de ma douleur ! Filiale piété ! Je l’ensevelis de mes mains. On fit venir le prêtre et j’assistai aux sacrements, froid, ironique, révolté… Mais vous connaîtrez mon pire blasphème.
A la cérémonie funèbre, presque tous mes amis étaient autour de moi : je vois encore Péguy, le plus différent de nous tous, en prière. Lorsque le prêtre entre ses doigts éleva l’hostie mince et blanche où s’incorporait le Sauveur, moi, le fils, donnant seul l’exemple du scandale, aux côtés de ma mère morte qui n’avait plus recours qu’en Dieu, je tins jusqu’au bout le défi ; je fixai sur l’Eucharistie des yeux qui disaient : « Tu n’es pas. » Et mon cœur ajoutait : « Non ! tu ne peux pas être ! tu ne m’aurais pas pris ce que j’aimais, après l’avoir ainsi meurtri… » Jésus ! Jésus ! Ah ! que n’avez-Vous brûlé mes regards quand je Vous niais face à face ! Pardonnez-moi, mon bon Seigneur ! Je ne pouvais pas concevoir alors, que Vos dons fussent mêlés d’ombre et Votre vin parfois amer. Je n’attendais de Vous que joie et que magnificence. Mes pleurs me voilaient Votre ciel. — Et puis, mon Dieu : Vous le savez, je ne Vous aurais pas nié, si je n’avais été si près de croire. A la profondeur de ma chute, Vous jugez de quelle hauteur je retombais.
Adieu donc, le rêve des anges au paradis bleu et doré du bienheureux frère Angélique ! Littérature que tout cela. L’arche frêle du pont jeté sur l’espace s’était rompue : je redevenais l’esclave du sol. Esclavage cent fois plus lourd et plus aride, il comportait à présent la douleur.
— Notre Seigneur, soyez-en sûr, fut moins scandalisé de votre défi que vous-même. C’était le geste de colère d’un enfant trop gâté et qui ramène tout à soi. Vous étiez orgueilleux, vous étiez égoïste. Car, en fait, vous abandonniez votre mère à un néant total dont votre amour eût dû frémir. Acceptiez-vous de l’avoir perdue toute entière ? Votre devoir n’était-il pas plutôt de réserver pour elle au delà de ce monde une chance d’éternité ?
— Expliquez comme vous pourrez la contradiction de mon cœur et de ma pensée. Même en niant son Dieu, je continuais de croire en elle cependant…
— C’est donc que le chemin qui mène à la patrie céleste ne vous était pas tout à fait fermé ?
— Il se peut bien. En tout cas, mon esprit rebelle évita de donner une solution au problème de l’autre vie que le fait posait devant lui et je me retrouvai pareil : un composé paradoxal de tendances mal accordées, s’efforçant d’accomplir leur unité dans l’Art[8]. Je revis Florence sans déception. Je visitai Rome et la Grèce. Je revenais d’Athènes quand la guerre éclata. A dater de la fin juillet, n’y en eut plus que pour la patrie. Impossible d’errer ! Le Français le plus tiède avait perdu le droit de disposer de lui.
[8] Cet exposé, écrit dans la ferveur, paraîtra sans doute sommaire. Je brûle ce que j’ai adoré. La question esthétique sera plus posément et largement traitée dans un volume spécial.