L'odyssée d'un transport torpillé
Norvège, 13 février 1917.
Mon vieux parrain,
Ça t’épate que je te donne ce nom-là. Ce n’est pourtant pas malin. Il y aura pour la classe 1937 un petit conscrit ou une petite maman qui me ressemblera, je l’espère, et tu es le parrain d’office. Pas de réclamation, hein ? J’ai appris ça l’autre jour en arrivant à Bergen ; la lettre me courait après depuis deux mois, mais on a tellement roulaillé, depuis deux mois, et puis la censure a retenu les lettres en Grèce, en sorte que c’est un futur papa tout neuf qui t’envoie son faire-part ; si tu ne me félicites pas, tu n’es pas un frère. Ça suffit pour les histoires de famille ; il n’en arrive d’ailleurs pas si souvent dans la vie des hommes. Ne va pas croire que je fais le malin parce qu’il va sortir une petite carte postale dont j’aurai fait le cliché. Non, mon vieux ! Je ne t’écrase pas. Fais-en autant quand tu pourras et si tu peux, et nous serons quittes. Et puis, si c’est toi qui as la veine de voir le premier mon ou ma moustique, embrasse la maman et le bébé de ma part. Tu vois que c’est de bon cœur.
Il y a si longtemps que je ne t’ai pas écrit que je ne me rappelle pas d’où est partie ma dernière. Je crois que tu te faisais caréner à Bizerte et que moi j’attendais à Argostoli. Si je me répète, passe les redites et prends où je t’aurai laissé.
Voilà ce qu’on a fait : Argostoli, Messine, Ajaccio (mais ça, c’est du rabiot comme tu verras), Lisbonne, Bilbao, Brest, Liverpool, Bergen et les ports norvégiens où le Pamir ramasse du bois. Et tu sais, on n’a pas moisi en mer ni dans les ports, comme tu t’en rendras compte. Cette fois on a fait du travail utile et sauf cette déclaration de blocus allemand, qui nous prend en Norvège, tout irait pour le mieux. Mais je fais comme Villiers quand il discute : je série les questions.
Il y avait à Argostoli trois autres patouilleurs qui partaient en même temps que le Pamir ou à peu près, et l’on nous a fait faire route ensemble pour rejoindre un gros croiseur à l’ouest de Cérigo, afin de faire convoi avec d’autres bateaux que le croiseur avait ramassés à Salonique, à Salamine, ou ailleurs. Il y avait un contre-torpilleur, le Revolver, pour nous convoyer tous tant que nous étions. Comme tu penses, le convoi était formé de hourques qui donnaient les unes huit nœuds et les autres quatorze et comme on s’est tous rencontré au soir, le lendemain matin il y en avait qui étaient perdus devant l’horizon et les autres derrière. Enfin, on s’est rabiboché comme on a pu et on a suivi la route secrète. Vers le matin du deuxième jour, le croiseur a hissé des tas de signaux pour nous dire de piquer au Sud, parce que pendant la nuit un sous-marin avait travaillé sur la route secrète et nous nous sommes tous cavalés au Sud, les plus rapides en tête, les rouleaux mécaniques derrière et le Pamir dans la bonne moyenne. Ça valait le coup de voir cette course d’obstacles. Le croiseur avait ordre de toucher à Messine ou ailleurs de ce côté-là, il ne nous l’a pas dit, mais il nous a ramassés tant bien que mal et nous a conduits dans le détroit de Messine où l’on s’est trouvé tous en tas vers midi ; et s’il y avait eu un sous-marin à nous regarder, il ne nous aurait pas plus manqués qu’un éléphant dans une fenêtre. Là le croiseur et le contre-torpilleur nous ont signalé bon voyage, et nous ont donné ordre de filer par la route secrète jusque devant Marseille où chacun suivrait sa destination par les routes secrètes. Mais comme il n’y avait plus personne pour faire la police, les bons marcheurs en ont mis, les autres ont calé, et avant d’arriver à Bonifacio le Pamir n’avait plus en vue qu’un grand vapeur qui a disparu à la nuit à l’horizon devant. On a marché toute la nuit et le lendemain au jour, qu’est-ce que Fourgues voit ? Le grand vapeur désemparé qui avait reçu une torpille dans le gouvernail et l’hélice, et qui demandait à être remorqué. Comme ce vapeur avait un canon, Fourgues a pensé qu’il avait arrosé le sous-marin et que celui-ci s’était trotté pour attendre les copains qui suivaient la route secrète. Il nous a peut-être manqués d’une heure à une heure et demie au plus, mais nous n’avons rien vu pendant qu’on a rejoint le grand vapeur, la Sainte-Eulalie, non plus que pendant qu’on l’a remorqué jusqu’à Ajaccio. Ça n’a pas été commode à lui passer la remorque, vu qu’il y avait un reste de mistral et que la Sainte-Eulalie était tombée travers au vent. Il y a eu un de nos hommes qui a eu une patte cassée par la première aussière qui a pété. La deuxième a tenu bon, et le Pamir a remorqué l’éclopé jusqu’à Ajaccio à cinq nœuds de vitesse. A Ajaccio, on a débarqué notre blessé et comme il n’y avait plus de raison pour aller à Marseille vu que le convoi était dispersé, Fourgues a fichu le camp droit sur Lisbonne où on lui a dit de passer à Argostoli, et il s’est donné le luxe de naviguer à côté des routes secrètes ; quand je dis à côté, ça veut dire à cinquante milles, sauf à Gibraltar où il faut bien que tout le monde passe ; mais si la marine n’est pas capable de garder Gibraltar, il n’y a plus qu’à tirer l’échelle et à commander une couronne mortuaire.
Fourgues a dit que les voyages sur mer commençaient à présenter un peu trop de variété pour qu’on suive les routes secrètes — et que tant qu’il n’y serait pas contraint et forcé, il irait voir un peu plus loin pour éviter les sous-marins. Alors il a rejoint la côte espagnole un peu au Sud des Baléares et l’on a suivi la terre jusqu’à Lisbonne.
Fourgues dit que ça lui a peut-être fait perdre un jour, mais que les sous-marins sont moins dangereux à proximité des côtes, vu que s’ils nous envoient une torpille on peut avoir le temps de jeter le bateau au sec et de le sauver subséquemment ; et qu’en tout cas les équipages et les embarcations sont presque sûrement sauvés puisqu’ils n’ont qu’à donner quelques coups d’aviron pour gagner la terre ferme. Fourgues ajoute que cette règle devrait être générale.
A Lisbonne, on fait du charbon, et le Pamir a pris le matériel que nous a passé la marine portugaise pour le corps expéditionnaire que le Portugal forme en France. Nous avons été très bien reçus à Lisbonne ; ce n’est pas comme dans d’autres pays alliés où ça n’est ni chair ni poisson. Les Portugais y vont franc jeu. Ils ne sont pas riches et leur armée n’est pas immense, mais ils ne demandent qu’à taper sur les Boches et à les démolir, ce qui devrait être l’idéal de tous les alliés, au lieu de faire des combinaisons louches comme certains.
Nous avons à moitié rempli nos cabs : le cab arrière, à Lisbonne, avec le matériel de guerre portugais et nous sommes allés à Bilbao pour fourrer de l’acier dans le cab avant. Tout ça a été fait en cinq sec. Les Espagnols, je veux dire les armateurs, commencent à renâcler pour nous passer du minerai, parce qu’ils disent que les Boches vont envoyer tous les bateaux par le fond et que l’Espagne ne tient pas à perdre toute sa flotte. Alors, ils demandent des prix formidables : ça fait des négociations à n’en plus finir, et le minerai s’empile sur les quais. C’est pourquoi le Pamir a vite chargé.
Je passe à toute vitesse parce que je veux arriver au trot aux affaires actuelles et aux histoires de Norvège, et que le courrier part après-demain. Nous avons fichu le camp pour Brest, où le Pamir a débarqué le matériel portugais et le métal espagnol. Pendant la traversée nous avons passé près d’une épave ou plutôt de cinquante épaves : bois, bûches, bouées, etc., qui occupaient un demi-mille de mer. Fourgues a fait chercher pendant tout l’après-midi pour voir si on ne trouverait pas quelque radeau ou canot du bateau démoli. Mais ça a dû être le même coup que le Suffren, qui n’a laissé que son absence comme preuve de naufrage, et nous n’avons rien cueilli. Quand tu passes à côté de drames pareils et que tu te dis que ton tour viendra peut-être dans un quart d’heure, eh bien ! tu n’applaudis pas comme on fait à Paris sur notre politique navale.
Quand on a eu vidé notre camelote à Brest, le Pamir a attendu un jour tout au plus et on l’a expédié en Norvège pour chercher des bois en planches et madriers. Faut croire qu’il n’y a pas des bateaux de reste maintenant, quoique les journaux racontent qu’il y a cent mille sorties et rentrées à la semaine, et que la guerre sous-marine est un fiasco pour les Boches. Au début de la guerre, on n’avait pas peur de faire poireauter le Pamir des huit et dix jours sans rien faire dans un port : maintenant, au galop ! Tous les copains qu’on a vus, ils serrent les rangs aussi. Ça ira tant que ça pourra ; et puis à un moment donné, il n’y aura plus mèche. Alors on commencera à serrer d’un cran la boustifaille et le charbon du pays, et puis de deux, et puis de trois, pendant que nous continuerons à être envoyés au fond. Si ça pouvait ouvrir au pays les yeux sur l’importance de la marine et le besoin de la protéger ! Passe encore. Mais tu verras qu’on trouvera moyen de lui faire avaler une nouvelle vessie. La France n’est pas maritime et se laissera toujours bourrer le crâne sur la marine. D’ailleurs, j’anticipe et je dis cela comme si le blocus boche était déclaré à ce moment-là, tandis qu’il ne l’est que depuis qu’on est en Norvège. Donc, nous partons de Brest.
Nous avons ordre de filer par le canal d’Irlande, vieille connaissance depuis la guerre. Dans la Manche, vers dix heures du matin, j’ai vu droit devant le Pamir une mine qui avait dû se décrocher du fond, et qui filait en dérive comme un simple bout de bois. Si ça avait été la nuit, je ne t’écrirais pas, mon vieux, ni personne du Pamir, parce qu’il y avait de quoi faire sauter quatre Pamir réunis. J’ai mis à droite. Nous avons regardé et admiré la mine et puis c’est tout. Pas un canon pour l’envoyer au fond. Pas de T. S. F. pour informer les autorités à Liverpool, au sujet de cette mine. Mais il voulait aussi prendre du matériel de rechange à Birkenhead et on a mouillé dans le Mersey.
Fourgues a eu le malheur de télégraphier au patron qu’il était à Liverpool, et le patron, qui ne perd jamais l’occasion d’arrondir son pécule, nous a répondu d’attendre quarante-huit heures pour embarquer du fret urgent pour la Norvège. Ce fret urgent, mon vieux, c’étaient des wagons et des montagnes de sucre, de conserves et de confitures pour la Norvège. Il paraît qu’en Norvège ils n’ont pas peur d’acheter ce qui se paye en France le poids de l’or. Si tu veux mon avis, c’est pas la cargaison du Pamir qui rendra l’embonpoint aux Norvégiens qui en manquent. Plus au Sud, il y a des claqueurs de bec, et nous aurons travaillé pour eux. Quand on est bête, c’est pour longtemps. Comme blocus les Alliés se servent d’un filet aux mailles crevées, ici comme en Grèce et ailleurs. Mais ça, c’est d’autres histoires. Pendant la traversée de Liverpool à Bergen, que je te recommande si tu aimes la gymnastique, vu qu’on n’a pas cessé une minute de rouler bord sur bord, Villiers s’est amusé à faire des calculs d’après le journal de navigation pour voir combien le Pamir avait fait de kilomètres et transporté de marchandises depuis trente mois de guerre. Il a trouvé qu’on a fait trois fois et demie le tour du monde, transporté entre quatre-vingts et cent millions de camelote. On aurait pu dépasser ce dernier chiffre et comment ! si nous n’avions pas eu tant de voyages à vide. Mais enfin, tel qu’il est, Fourgues a dit que le Pamir avait fait sa force. Quand on pense que les plus gros cargos ont pu en trimballer le double ou le triple et que la France avait besoin de tout cela, on peut dire que les marins marchands n’ont pas démérité. Oh ! mon vieux, ce n’est pas pour nous pousser du col et dire qu’on est des types épatants. Tout ça c’est bon pour les fils à papa qui se font photographier dans les journaux ou bien les bonshommes qui se pavanent dans les brasseries de Paris. Ceux-là en ont peut-être fait gros comme l’ongle et font du volume gros comme la tour Eiffel. Mais nous qui trimons sans que personne le sache, et qui recevons des engueulades plus souvent que des récompenses, sans compter les capilotades de torpilles et de mines et pas plus de huit jours de permission en rade, mais je me demande ce que l’Entente aurait fait si nous n’avions pas été là, solides au poste et silencieux. Si les Français n’arrivent pas à comprendre après cela ce que représente la marine marchande, c’est qu’ils sont bouchés à la colle forte, et qu’il n’y a plus qu’à larguer tous les bateaux pour s’en aller planter des topinambours dans son patelin. Arrange tout ça comme tu voudras, la France a besoin du monde entier pour gagner sa victoire, et comme il n’y a pas de chemins de fer pour aller en Australie, en Argentine ou aux États-Unis, ni dans aucun des pays qui nous refilent des matières premières, on était bel et bien cuit sans la marine marchande. Mais va-t’en voir s’ils viennent, Jean ! Il n’y a pas de danger pour qu’on insiste là-dessus à Paris, et nous continuerons à rester sur le trimard, comme devant, pendant que ces messieurs se gargariseront les uns de palabres et les autres de fafiots à leur crever les poches.
A Bergen, nous avons évacué notre boustifaille destinée, en transit, aux Boches et je t’informe que nos hommes ont démoli autant de caisses que possible en les envoyant sur le quai. Ce n’est pas de l’argent perdu pour le patron, car tu peux être sûr que celui-là a pris ses précautions, mais c’est toujours autant que les Boches ne se fourreront pas dans les boyaux.
C’est pendant que le Pamir était à Bergen qu’est arrivée la nouvelle de la guerre sous-marine que les Boches vont mener sans merci, avec blocus, zones défendues, pas d’avertissements, et tout le catalogue. Tu penses que sur le Pamir personne n’a été bien épaté de cette histoire qui fait pousser les hauts cris à tous les gros légumes et aux journaux de l’Entente. Nous et tous les copains qui bouffons des lieues sur mer et entendons parler un peu partout, il y a belle lurette que nous sentons venir le grain. Seulement, nous ne sommes pas des officiels, alors il fallait croire qu’on se trompait. Eh bien ! la bombe arrive. Qui est-ce qui va trinquer ? D’abord les petits bateaux qui vont sur l’eau, ensuite la France qui va faire ceinture. Qu’est-ce qu’on va prendre, au pays, comme augmentation de prix du charbon, de la farine, du beurre et de tout ?
Nous qui avons l’habitude de transporter toutes ces camelotes, nous savons ce que représente une tuile pareille. Mais le bon public qui achète ça à la boutique du coin, et qui croit que ça vient tout seul comme la pluie ou l’air qu’on respire, il va plutôt faire une tête. Bien sûr, on ne lui dira pas d’où ça vient et il ne se doutera pas qu’il paye le double ou triple prix à cause que les bateaux trébuchent sur l’eau. On lui servira des raisons à l’eau de savon, parce qu’il est défendu de dire la raison de rien. Mais la censure n’empêchera tout même pas de couper le gaz, l’électricité, les chemins de fer, les restaurants et tout ce qui rend la vie facile. Car tu peux croire que les Boches ne vont pas y aller avec le dos de la cuiller. Ici, tout près de chez eux, on a des tuyaux, et nous en avons ramassé pas mal à Bergen et à Christiansund, d’où je t’écris pendant que nous chargeons des stères et des kilostères de bois en planches et en madriers. C’est encore heureux d’ailleurs que le Pamir se trouve ici pour prendre ce bois, car tous les bateaux norvégiens ont reçu l’ordre de rester là sans bouger à cause du blocus allemand et je te prie de croire qu’il y a des milliers de tonnes de bois de construction. Comment va-t-on faire, déjà que ça manquait ? Le pire est que les Hollandais, Espagnols et autres neutres vont aussi suspendre leur trafic, parce qu’ils ne tiennent pas à faire culbuter leurs bateaux. Enfin, le Pamir aura toujours ses trois à trois mille deux cents tonnes de bois qui serviront bien à construire des baraquements de poilus, des voies ferrées, des montants de tranchées, pour au moins un corps d’armée.
C’est au moins aussi utile que les obus et le charbon, et nous sommes contents de cette cargaison.
Pour en revenir aux tuyaux qu’on a recueillis ici, il paraît que ça bouillonne en Russie, et qu’un tas de gens trouvent à Pétrograd et ailleurs que ça suffit de subir l’influence des Allemands qui mettent des bâtons dans les roues, jusqu’à la cour et la famille impériale. Beaucoup de gens prétendent que ça ne peut finir que par la paix séparée ou la révolution. Pour tout dire les affaires sont assez troubles là-bas, de l’avis de personnes qui en viennent.
En Allemagne, on ne parle plus que de sous-marins et le public en attend des merveilles. Les Norvégiens disent qu’il est sorti plusieurs sous-marins par semaine depuis plusieurs mois et qu’il y en a beaucoup qui sèmeront des mines. Alors, comme tu peux croire que les Boches vont faire comme ils ont dit, la navigation va devenir comme des pièges à loups, et l’on sautera sans savoir ni qui ni comment. Le Pamir est bien servi pour la première traversée après le blocus. Il a à franchir en long toute la zone défendue, et ce n’est pas la surveillance qu’on y fait qui nous protégera beaucoup. Ça n’a guère changé en trente mois de guerre. D’ailleurs, Fourgues dit que l’Entente est assez riche pour prétendre qu’elle peut supporter tout ça. Qu’on coule par mois mille ou cinq mille tonnes, Fourgues dit qu’on mettra dans les journaux que c’est du bluff. Seulement, c’est le public qui paiera en fin de compte. Nous, qu’on y passe ou non, ça n’a guère d’importance. Tout ce qu’on aura comme oraison funèbre, c’est le silence partout. Mais tout ça, c’est des balivernes. Je vais ce soir au cinéma avec Villiers qui m’offre cette fête en l’honneur de ma paternité. Nous dînerons à terre. Nous appareillerons dans trois jours pour un port de l’Atlantique qui n’est pas fixé. Tu vois cette veine, si c’était La Rochelle ou Saint-Nazaire ? J’irais embrasser la jeune maman. Bah ! qui vivra verra. Les marins ne sont pas faits pour être en famille, et, comme dit le proverbe, femme de marin, femme de chagrin ! Je t’envoie ma photo que j’ai fait prendre à Bergen, et que j’envoie aussi à ma femme pour qu’elle me regarde en attendant le bébé. Tu verras que je me porte bien, et que la guerre me réussit. Ce que j’écris sur la photo, je le pense, tu le sais. Tu es mon vieux frère et je t’embrasse jusqu’à la prochaine.
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Communiqué officiel (fin février 1917).
On est sans nouvelles du Pamir que les radiogrammes allemands signalent comme torpillé.
Vannes. — Imprimerie Lafolye Frères.