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Le ménagier de Paris (v. 1 & 2)

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NOTES:

[1] Voir la Notice ci-après, page 1.

[2] La Société des Bibliophiles ne publiant plus de volumes de mélanges dans lesquels les notices nécrologiques de ses membres prenaient naturellement place, a décidé que cette notice sur un de ses membres les plus illustres et les plus regrettés serait imprimée en tête de Ménagier de Paris, qui était déjà sous presse à l’époque de la mort de M. le duc de Poix. (Note de la Société.)

[3] Il était de l’Académie française, et particulièrement occupé de grammaire.

[4] Il prit ce nom après la mort de son père et de son frère aîné, qui l’avaient porté.

[5] Le 12 mai et jours suivants. Elle produisit en cinq vacations 3188 livres sterling 14 sch. 6 d. Le catalogue, contenant 952 numéros et 72 pages, est intitulé: Catalogue of the splendid library (imported from Paris) of a distinguished collector; which will be sold by auction by Mr. Evans. 1835, in-8º.

[6] La seconde bibliothèque de M. le duc de Poix, formant un ensemble de plus de douze mille volumes, se trouve maintenant à Mouchy le Châtel chez Mme la vicomtesse de Noailles, M. le duc de Poix ayant disposé par testament de sa bibliothèque en faveur de son petit-fils, possesseur futur de Mouchy le Châtel.

[7] C’est la partie des Chroniques de Saint-Denis qui traite des règnes de Jean II et de Charles V (tome VI de l’édition donnée par M. Paris). Voir, à se sujet, le mémoire de M. Lacabane, t. II, p. 57 de la bibliothèque de l’École des chartes.

[8] Jean de Brie, natif de Villiers sur Rongnon, près Coulommiers, qui écrivit en 1379 le traité du bon Bergier, que, dit-il, il n’eust voulu bailler et manifester à nul autre qu’au roy (éd. Ve Trepperel et J. Janot, s. d. fº A 8 vº). Il étoit alors au service de Jean de Hestomesnil, conseiller au parlement en 1373 et ensuite maître des requêtes, mort au commencement de mars 1380-1, qui a pu l’aider à écrire ce traité dont le style et les pensées sont remarquables. Au reste, Jean de Brie n’étoit plus berger quand il écrivit son livre.

[9] Voy. ci-après, p. XXXV.

[10] T. I, p. 148.

[11] Ibid., p. 93.

[12] On trouve dans tous les historiens la mention des services qu’Aubriot rendit à la ville de Paris pendant sa prévôté, ainsi que le récit de sa disgrâce. J’aurai cependant occasion de parler de lui avec détail dans mon mémoire sur les Maillotins (voir t. I, p. 136). Je préciserai et j’appuierai de faits inédits les causes de ses malheurs. En attendant, je crois devoir consigner dans cette note l’extrait d’un récit contemporain de sa délivrance, que j’ai rencontré dans mes recherches, et qui donne sur le procès, la fuite et le lieu de la résidence de cet homme éminent des renseignemens qui paroissent avoir été inconnus à tous les historiens. Voici ce curieux document: «.....Il a commis hérésie et en fu en procès devant l’évesque et devant le maistre des hérites. Avant la sentence il supplia à l’ecglise qu’il fust réintégrez, et y fu receus et fu absols: et fu déclaré qu’il avoit esté hérites, et pour pénitence on li assigna les prisons de l’évesque de Paris; et pour la grant repentance qu’il avoit, l’évesque et le maistre des hérites le relevèrent de ce qui (qu’ils) porent et se li réservèrent la miséricorde de sainte Ecglise, et li ordenèrent pour prison le plus biau lieu de la tour de la maison épiscopal.» (C’est cette grande tour quarrée, crénelée, qu’on voit dans deux vues de l’église Notre Dame et de l’évêché, gravées par Israël Silvestre, et surtout dans la planche ayant quatre vers au bas: D’un costé, vous voyez, etc.) «Il ala voluntairement en prison pour faire sa pénitence et y demeura l’espace de dix mois. Le jour que les gens de ceste ville (Paris) furent esmeus il alèrent en la maison de l’évesque, et par force et violence rompirent les prisons. Et quant le giolier dist à messire Hugues que les gens de la ville l’estoient allé quérir, il dist que ne s’en iroit point, et li demanda une hache que tenoit; et le giolier li dist que ne li en bailleroit point, et que se il faisait semblant de soy mettre à défense, il les feroit tuer. Et finablement les gens de ceste ville le prindrent et mittrent sus un petit cheval et le menèrent en sa maison et disoient que le feroient leur capitaine. Après, il s’en volt retorner en prison, mais il fu conseillez par aucuns de ses amis qu’il s’en alast devers le pape.... Le suer (soir) il se parti de son hostel et se fist passer l’eaue par deux enfans», (il est remarquable de voir secondé dans sa délivrance par deux enfans l’homme qui avoit rendu aux juifs les enfans que leur avoit enlevés le peuple de Paris), «et à peines qu’il ne fu noiez. Il estoit malades et s’en ala par Bourgoigne, non pas par aucunes de ses maisons, et demoura malades seize jours à Mucé en Auxois» (Mussy-la-Fosse, anciennement du bailliage de Semur-en-Auxois plutôt que Mussy situé à 7 lieues de Mâcon), «et de là ala à Mascon, et illec aussin demoura malades et se fit mettre en l’eaue, et ala jusques à Avignon. Il ne pot pas parler ne si tost avoir assès (accès) au pape, mais il parla à un cardinal et li dist et exposa tout ce que dit est et se soubmist en l’ordenance du pape. Le pape et le collége li ordenèrent lieu où il seroit et fu bonne pièce à Sommières» (petite ville entre Montpellier et Nîmes. Il y avoit aussi un lieu ainsi nommé près Saulx en Bourgogne), «et a tousjours esté et est par l’ordenance du pape et du collége, etc.» Il est bon de savoir que ce récit présente la version d’Hugues Aubriot lui-même, et il semble permis de douter qu’il eût si grande envie de rester dans les prisons de l’évêque.

J’ai parlé avec détail, t. II, p. 254, de la maison qu’Aubriot habita rue de Jouy, et j’ai donné la suite des propriétaires de cette maison (ultérieument rebâtie) de 1369 à 1573. J’ai appris depuis qu’elle avoit appartenu, à la fin du XVIIe siècle, à M. Nicolas de Jassaud, sieur de Lalande, conseiller d’État, et à Marie de Flandre, sa femme: puis à leur fils, M. Augustin Nicolas de Jassaud, marié en 1697 à Marie-Aimée Lottin de Charny. Une de ses filles, Angélique-Geneviève de Jassaud, la possédoit en 1772, qu’elle épousa M. Macé, secrétaire du roi. Cette dame mourut en 1776, et légua à ses deux nièces cette maison, connue encore dans le quartier sous le nom d’hôtel Jassaud. Elle appartient aujourd’hui à M. de Courmont, conseiller-maître à la cour des comptes, qui a bien voulu me la faire voir en détail. Il existe encore dans une pièce du rez-de-chaussée quelques restes d’ornemens paroissant remonter au règne de Louis XV. Les lettres A. N. D. J. entrelacées (Augustin-Nicolas de Jassaud) se font voir au plafond. Il y a sous la cour deux étages de caves. Cette maison été divisée au XVIIe ou au XVIIIe siècle; la partie qui fait le coin de la rue Percée paroît être depuis longtemps une propriété distincte.

[13] T. II, p. 85 et 86.

[14] T. I, p. 135.

[15] Mémoriaux de la chambre des comptes.

[16] Voir T. I, p. 67.

[17] Charles, duc de Guyenne, né le 6 février 1391 (mort le 11 janvier 1400); Isabelle, depuis reine d’Angleterre, née le 9 novembre 1389, et Jeanne, depuis duchesse de Bretagne, née le 24 janvier 1390. Elle eut encore une autre fille (Marie, religieuse à Poissy) le 24 août 1393.

[18] T. II, p. 142. Voy. ci-après p. XXXII, note 3.

[19] T. I, p. 3 et 4.

[20] Ibid., p. 2.

[21] T. I, p. 3, et t. II, p. 53.

[22] T. II, p. 71, etc.

[23] T. II, p. 61 et suivantes.

[24] T. II, p. 59.

[25] T. I, p. 3.

[26] T. I, p. 125.

[27] T. I, p. 186.

[28] Poules farcies, t. II, p. 269.

[29] J’aurois bien voulu trouver parmi les hommes notables appartenant à la haute bourgeoisie ou à la magistrature un personnage dont la vie reproduisît les circonstances qui nous sont connues dans la vie de l’auteur; plusieurs noms se sont présentés à mon esprit: malheureusement mes espérances soutenues plus d’une fois par la découverte d’une série de similitudes, ont toujours fini par être définitivement déçues. C’est-ainsi qu’après avoir cru longtemps pouvoir présenter une conjecture raisonnable en attribuant la composition du Ménagier à Sire Jehan de Fleury dernier prévôt des marchands en 1383 et conseiller au parlement, j’ai été subitement arrêté par la découverte de la date de sa mort arrivée en 1389, avant l’époque où cet ouvrage a sûrement été écrit.—L’intimité dans laquelle le duc de Berry admettoit l’avocat Jean Jouvenel, père de l’historien, m’avoit donné aussi quelques doutes à son égard, mais, Jouvenel étant mort en 1431 ne peut guère s’être trouvé à Melun en 1358, et ce qui rend surtout impossible de lui attribuer le Ménagier, c’est que Michelle de Vitry, sa femme, avoit ses parens vivans à Paris en 1393, et n’étoit pas d’ailleurs de meilleure maison que lui.—La position de Jean le Flament, trésorier des guerres en 1371, et des aides pour la guerre de 1388 à 94, présente aussi plusieurs analogies avec celle de l’auteur du Ménagier, mais ou j’ignore le nom de sa femme, ou si c’est lui dont il est parlé comme alors décédé, dans les registres du parlement de Poitiers (plaidoy. du 30 juillet et arrêt du 17 août 1425), il avoit épousé Marie de Montgison (Montgiron dans l’arrêt), damoiselle. Or Montgison est Montgeron près de Paris, et je n’en vois pas d’autre existant dans le royaume (voir Expilly). Elle étoit donc aussi parisienne; ce qui ne concorde pas avec les paroles de l’auteur (t. I, p. 4).

[30] Il avoit lu tous les ouvrages suivans et en possédoit une grande partie: la Bible, la Légende dorée, saint Jérôme (la Vie des Pères), saint Augustin, saint Grégoire, l’Histoire sur Bible (de Pierre Le Mangeur), Tite Live, le Roman de la Rose, l’historien Josèphe, le Catholicon, le Décret (de Gratien), l’histoire de Grisélidis par Pétrarque, les sept Sages de Rome, le Songe de Scipion (par Cicéron, commenté par Macrobe), le Jeu des échecs moralisé de J. de Cessoles, le Chemin de pauvreté et de richesse de J. Bruyant, Mellibée et Prudence. On trouve encore dans son livre la mention du philosophe Cerxès, de Paul Diacre et du philosophe Bertran le Viel; mais il les cite d’après d’autres auteurs. Le premier de ces ouvrages n’a peut-être jamais existé.

[31] Au moins dans sa famille. Voir t. I, p. 156.

[32] Voir surtout t. II, p. 53.

[33] T. I, p. 75 et 76.

[34] Je l’ai trouvé mentionné avec cette qualité depuis que j’ai fait la note sur lui, t. II, p. 116: Voir les corrections et additions.

[35] Dans les registres du conseil surtout, quand la cour compensoit les dépens.

[36] On en verra la preuve dans l’histoire de Jeanne Hemery et de Regnault d’Azincourt, publiée par M. de Lincy dans la bibliothèque de l’École des Chartes (2e S., t. III, p. 316). On en peut dire autant de certains accords; tel est celui de Jean de Hautecourt, donné t. II, p. 119.

[37] T. I, p. 135.

[38] T. I, p. 44.

[39] T. I, p. 156.

[40] T. II, p. 54.

[41] Que diroient vos amis, que présumeroit votre cœur, quant il s’en apercevroit? (T. I, p. 130.)—Avec son mari, l’en ne doit mie besongner par aguet ou malice, mais plainement et rondement, cœur à cœur (ibid., p. 158).

[42] Ce compte, qui n’est plus connu que par la mention qu’en a consignée le père Menestrier, t. II, p. 175 de sa Bibliothèque instructive, ne commençoit qu’à février 1392-3. Le témoignage du Ménagier composé entre juin 1392 et septembre 1394 (voy. p. XXII), pourroit donc être antérieur de quelques mois, et s’il est postérieur, il l’est de bien peu.

[43] Il faut tenir compte, dans ces prix, non-seulement de la différence considérable de poids qui existoit entre les monnoies de la fin du XIVe siècle et celles du même nom employées depuis (le marc d’argent, qui valoit alors 6 livres, valant aujourd’hui 52 francs), mais encore de la dépréciation de l’argent. Un setier de blé (un hectolitre et demi environ), qui se vend aujourd’hui, dans les années ordinaires, environ 30 francs, coûtant alors moyennement 16 sous, on peut multiplier par 35 ou 40 les chiffres énoncés, pour avoir idée de ce qu’ils représentoient pour les contemporains.

[44] J’aurois pu retrancher les deux derniers de ces épisodes sans nuire beaucoup à l’intérêt du livre, mais j’ai mieux aimé publier le Ménagier tel que son auteur l’avoit conçu, et sans être estrippellé, comme lui-même aimoit à donner les ouvrages des autres. (Voy. t. II, p. 3.)

[45] On lit (t. II, p. 66), après une recette pour ôter les taches, ces mots que j’ai mis entre parenthèses: ce que je ne croy pas.

[46] Voir t. II, p. 124, l’endroit où il est parlé des additions faites au livre: p. 129, le passage relatif à la signification du mot fressure; même volume, p. 93, sa remarque sur les tourtes pisaines, appelées ailleurs tourtes lombardes, et aussi les passages en italiques, p. 164, 166, 167, etc.

[47] Un passage où il est parlé des choux, t. II, p. 142, dans lequel il est dit: et commence à iceulx pour ce que ce sont de CELLE année les premiers crus, scilicet puis avril, et puis VA en descendant vers vendenges, Nouel et Pasques, pourroit faire penser que l’auteur s’est servi, au moins pour une partie du Viandier, de notes faites exprès pour lui et l’année même où le Ménagier a été écrit. En effet, le mot va prouve que commence n’est pas là à la première personne et que l’auteur ne parle pas pour lui. Donc, puisqu’il remarque que le rédacteur primitif de ce passage règcelle ale l’ordre de son discours d’après le mois où commençoit l’année actuelle (celle année), il en résulte que la note ou l’ouvrage consulté avoit été rédigée cette même année, et alors, à moins de supposer une coïncidence fortuite bien moins probable au XIVe siècle qu’elle ne pourroit l’être aujourd’hui, on seroit porté à conclure que les élémens de cette partie du travail de l’auteur lui auront été fournis par quelque queux ou écuyer de cuisine profondément instruit des détails de son art.—Je suis toutefois loin de rien affirmer à cet égard, et je remarque même que l’auteur ayant dit dans le traité de l’Épervier (p. 303), l’alouette de cest an, pour l’alouette de l’année, il se pourroit que celle année fût de même employé pour l’année dans le passage qui donne lien à cette note, et qu’Avril eût été désigné de préférence, comme étant le mois le plus habituellement le premier de l’année, au moins le second, et en tout cas celui où ces choux commençoient à croître.

[48] Jean Bonfons imprimoit, en 1566, le Voyage de Charles IX, et son fils, Nicolas Bonfons, imprimoit en 1574, les Nouveaux Comptes moralisés, à la même adresse que celle où avoient demeuré son père Jean Bonfons et sa mère, veuve de Jean. Lottin s’est trompé quand il fait vivre Jean Bonfons en 1606.

[49] Voir sur Guillaume Tirel dit Taillevent, queux de Charles V en 1361 et écuyer de cuisine de Charles VI en 1386, l’article que j’ai publié dans le Bulletin du bibliophile de Techener, nº de juin 1843. M. de la Villegille, qui prépare une édition critique réellement la première de ce curieux ouvrage par la manière dont elle sera exécutée, a bien voulu me prêter pendant toute la durée de mon travail les copies faites par lui des deux manuscrits de Taillevent. Il existe dans les archives de la préfecture de la Manche à Saint-Lô un registre des recettes de la baronnie de la Haye du Puis pour 1454 à la fin duquel est un Viandier (voir le Nouvelliste de la Manche du 3 février 1847) qui paroît être une leçon de Taillevent. Je n’en ai eu connoissance qu’après l’impression de la partie culinaire du Ménagier. Il existe encore sur le même sujet un volume que j’aurois bien voulu consulter, c’est la Fleur de toute cuisine... revue et corrigée par Pierre Pidoux. Paris, Al. Lotrian, 1543, in-16 goth., mais je n’ai pu le voir.

[50] Ce seigneur qui florissoit en 1350, a écrit en 1372 pour l’éducation de ses filles un Traité assez célèbre dont les deux imprimés sont véritablement introuvables et de plus assez défectueux; je donnerai, soit pour la Société des bibliophiles, soit pour mon propre compte si les autres publications entreprises par la société ne lui permettoient pas de s’occuper de celle-ci, une édition nouvelle de ce livre sur le plan et dans la forme de la présente édition du Ménagier de Paris, et j’ai déjà recueilli quelques renseignemens sur l’auteur, sa famille et les personnages qu’il cite.

[51] Amsterdam, 1709, in-8º. Il prouve que ce traité ne peut avoir été écrit par Marcus Apicius, fameux gourmand vivant sous Tibère et dont a parlé Athénée (ce qui n’a pas empêché plusieurs auteurs modernes d’attribuer à M. Apicius ce traité qu’ils n’ont sûrement pas ouvert); et d’après certaines expressions employées dans l’ouvrage, il pense qu’il doit avoir été écrit par un affranchi africain. Le nom d’Apicius Cœlius peut, suivant lui, être un pseudonyme destiné à rappeler Marcus Apicius.

[52] Je ne prétends pas dire cependant qu’il n’y ait pas eu au XVIe siècle surtout quelques modifications au service, quelques introductions de plats nouveaux. On peut voir sur ce sujet Legrand d’Aussy et un passage de l’apologie pour Hérodote, d’Henri Estienne, non cité par Legrand, t. II, p. 16 de l’éd. de 1735. Au reste, Henri Estienne avance bien des choses démenties par le Ménagier. (Il dit par exemple qu’on jetoit autrefois les issues du veau et du mouton, et qu’on ne mangeoit pas de perdreaux.)

[53] Boileau dans sa satyre III (1665), tourne en ridicule l’usage des épices.

[54] Il avoit été pendant dix ans écuyer de cuisine de Louis Chaalon du Blé, marquis d’Uxelles, tué en 1658 au siége de Gravelines, père du maréchal, et ayant obtenu lui-même un brevet de maréchal de France. Il est dit dans la dédicace de ce livre, adressée à ce seigneur, que sa table avoit été chérie à Paris et dans les armées par les princes, les maréchaux, etc.

[55] Il faut au reste remarquer que Taillevent étoit réimprimé en 1602 à Lyon et non à Paris, et il se pourroit que Paris eût été plus avancé que Lyon en fait de cuisine.

[56] On comprendroit bien mieux les ouvrages littéraires écrits au moyen âge si l’on pouvoit connoître tous les usages de la vie commune à cette époque, tous les noms techniques des objets qui frappoient journellement les regards des auteurs et de leurs contemporains. Penseroit-on qu’il pût être utile de consulter un Viandier pour lire un Noël du XVIe siècle? Voici cependant un Noël tiré du recueil de Lucas Le Moigne, curé de Notre-Dame du Puy la Garde en Poitou (volume unique appartenant à notre confrère M. Cigongne), dont la lecture est singulièrement éclaircie par celle du Ménagier. Ce Noël se chantoit sur l’air de l’hymne: Conditor alme siderum.

Conditor le jour de Nouel
Fist ung bancquet le nompareil
Que fut faict passé a longtemps
Et si le fit à tous venans. Nouel.

Il y avoit perdris, chappons,
Oyseaulx saulvaiges, des hairons:
Levraulx, congnilx, aussi faisans,
Pour toutes manières de gens. Nouel.

Une grant hure de sanglier,
Ypocras, aussi le mestier,
Vin Capary et faye Montjeau
Pour enluminer leur musseau. Nouel.

Biscuyt, pain d’orge et gasteaulx,
Fouace, choysne, cassemuseaulx,
pain de chappitre et eschauldez
Mangerez si le demandez. Nouel.

Aussi y avoit aulx, oignons,
Et ung pasté de potirons
Avec les choux-maistre-René
Et des lymatz au chaudumé. Nouel.

Il y vint ung bon bouteiller
Qui ne cessa onc de verser,
Tant que ung barault il aseicha
In sempiterna secula.
Amen. Nouel.

[57] Il y a dans les Mémoires pour servir à l’Histoire de France et de Bourgogne, Paris, 1729, in-4º, IIe partie, p. 58, un article curieux sur le queux du duc de Bourgogne qui auroit été supérieur aux écuyers de cuisine; mais ce queux me paroît être un officier dans le genre du grand queux de France, non aussi important toutefois. Dans les ordonnances de 1386-7 et 1388-9 sur l’organisation de la maison du roi, les écuyers de cuisine sont nommés avant les simples queux. (Voir sur les grands queux de France l’Histoire généalogique des grands officiers de la couronne, t. VIII, p. 825, où se trouvent aussi des premiers queux et même de simples queux qui n’auroient pas dû y figurer, et entre autres Taillevent et Guillaume Lefèvre, dit Verjus. V. t. II, p. 81 du Ménagier.)

[58] Je crois qu’il faut adopter la leçon du manuscrit B, II, 117, n. 4.

[59] Vases contenant une quarte (deux pintes) de vin.

[60] Voir cependant T. II, p. 114, n. 3.

[61] Ici vases à couler, à passer, passoires, comme cela est bien expliqué dans du Cange à Colum, 3, et non entonnoir, comme cela est dit dans le même ouvrage à Collum 3 et à Coloeria.

[62] Il y avoit cependant alors un grand luxe d’argenterie. J’ai vu dans les registres du Parlement (Matinées, 9 avril 1396-7), que Guillaume des Baux, gentilhomme qui recevoit souvent le duc d’Anjou, avoit vaisselle de cuisine d’argent. Sa fortune n’étoit cependant évaluée qu’à 6,000 liv., ce qui, en tenant compte de la diminution du poids et même de la dépréciation de la monnoie, ne peut représenter plus de 240,000 fr. d’aujourd’hui.

[63] V. T. II, p. 114, n. 1.

[64] A cette époque le vin n’étoit pas mis en bouteilles: on prenoit directement au tonneau le vin nécessaire à la consommation journalière.

[65] Ce mot a cependant quelquefois aussi la même signification qu’aujourd’hui (V. T. II, p. 99, n. 6), et il désigne une fois (T. II, p. 137) un mets solide, sec, par opposition à un mets liquide mis dans une écuelle.

[66] Au XVIIe siècle c’étoit le maître d’hôtel qui remplissoit cet office, le chapeau sur la tête, le manteau sur le dos, la serviette sur l’épaule et l’épée au côté. Voir les Délices de la campagne, éd. de 1673, figure de la page 145, et le Maistre d’hostel de la Varenne, à la suite de son Cuisinier françois, éd. d’Amsterdam, Mortier, p. 318.

[67] Placeur, poseur, d’asseoir, poser.

[68] Ce mot désigne ordinairement dans les récits de festins princiers une espèce de représentation théâtrale. (Voir Legrand d’Aussy, t. III, p. 373, et les Chroniques de Saint-Denis, t. VI, p. 387), mais la signification que je lui donne ici résulte des menus X, XIII, XIV, et du chapitre des entremets du Ménagier. Dans le Ms. de Saint-Lô (V. p. XXXV, n. 1), il est dit que le porc de mer doit être coupé par lesches et détourné (atourné, dressé?) par manière d’entremets sur un blanc doublier (nappe). Enfin la recette donnée dans le Grand Cuisinier pour dorer et orner un cigne (voir t. II, p. 184, note), est ainsi intitulée Entremets d’un cigne doré. L’usage de servir les paons, faisans, etc., avec cette recherche, paroît s’être prolongé jusque dans le XVIIe siècle. Le Thrésor de santé, imprimé en 1607, mais qui peut, il est vrai, avoir été écrit antérieurement, donne encore une recette de cigne doré. En France, sous la minorité de Louis XIV, le faisan étoit servi avec une aile non plumée, outre la tête et le col qu’on lui laisse encore aujourd’hui.

[69] Je ne puis du moins comprendre autrement l’entremets élevé dont il est parlé dans le Menu XIV.

[70] On voit cependant T. II, p. 108, une desserte composée de fromentée et de venaison, mais s’il n’y a pas erreur, c’est au moins une exception.

[71] Ce mot se trouve encore dans l’Instruction pour les festins, insérée dans les Délices de la campagne, et avec la même signification de dessert supplémentaire. Il paroît s’être perdu peu de temps après, car il n’est plus employé dans la Maison réglée d’Audiger, imprimée à Paris en 1692, in-12.

[72] V. T. II, p. 99.

[73] Cette consommation a été, en 1846, la population de Paris étant évaluée à un million d’habitans, de 104,329 bœufs, vaches ou taureaux, 84,260 veaux, et 486,445 moutons. La consommation seroit donc à peu près triplée.

[74] Je n’ai vu cette boucherie citée que dans une plaidoierie du Parlement de septembre 1388.

[75] On pourroit cependant répondre qu’il considéroit Saint-Marcel comme un faubourg et non comme un quartier de Paris.

[76] La dépense ordinaire de l’hôtel du duc de Berry, sans compter celle de sa garde-robe, des gages et pensions qu’il payoit, et surtout sans celle de ses bâtimens, s’éleva en juin 1373 à 1165 fr.; en juillet à 1431 fr.; en août à 1535 fr.; en septembre à 1542 fr.; en octobre à 1430 fr.; à 2054 fr. en novembre; à 1654 fr. en décembre. Il est dit dans le compte qui me fournit ces chiffres (Arch. du Roy. K. 250-1), que cette dépense comprenoit les gages des gens de l’ostel qui ne s’étoient pas armés en la chevauchée de Poitou. Ceux qui avoient fait l’expédition n’y étoient donc pas compris. La duchesse avoit sa maison à part et remboursoit au duc six francs par chaque jour qu’elle et ses gens vivoient à ses dépens. Il est probable que la dépense du duc de Berry s’augmenta quand, après la mort de Charles V, il put puiser largement dans le Trésor.

[77] Ce seroit cependant faire tort à l’auteur que d’assimiler ses renseignemens à la ridicule statistique de Paris qui se trouve dans les Rues et églises de Paris. On lit dans cet ouvrage, imprimé au commencement du XVIe siècle, qu’on comptoit à Paris dès le règne de Charles VI, 872,000 ménagers ou chefs de famille, sans les prêtres, écoliers et autres extravagans qui sont sans nombre. La consommation de cette multitude est fixée aux chiffres très-insuffisans de 73,000 bœufs, 730,000 moutons, et 365,000 veaux.

[78] Voir sur la diminution, depuis 1789, de la consommation de la viande par chaque individu, les Recherches de Benoiston de Chasteauneuf, 1821, in-8º, 1re partie, p. 67. Cette diminution relative, qui date de 1789, a toujours été en croissant depuis, et c’est là un fait bien remarquable et digne d’être médité.

[79] Il falloit bien au reste que la consommation de Paris fût très-considérable. J’ai vu dans les registres du Parlement la preuve qu’en 1422 on amenoit même de Savoie des bœufs à Paris (14 juillet 1422). Une ville pour laquelle des approvisionnemens arrivent de si loin est nécessairement très-peuplée. Au reste, il existe d’autres données qui permettent d’établir assez positivement le chiffre de la population parisienne à la fin du XIVe siècle. On peut, si l’on veut, négliger comme trop vague ce que dit Froissart (t. II, p. 259 de l’éd. du Panthéon) à l’occasion du retour de Flandres en 1383, de la partie de cette population capable de porter les armes, mais, comme Paris comptoit en 1328 61,098 feux que M. Géraud dans son Paris sous Philippe le Bel évalue par des calculs très-modérés, peut-être même trop modérés, à 275,000 habitans, comme ce chiffre a dû s’élever pendant le règne de Charles V et les premières années de Charles VI, il semble qu’on ne peut guère évaluer la population de Paris à la fin du XIVe siècle à moins de 3 ou 400,000 habitans. Voir pour plus de détails sur la population de la France au XIVe siècle, le mémoire de M. Dureau de La Malle (Acad. des inscr., T. XIV, 2e p. p. 36); pour Paris l’excellent travail de M. Géraud, p. 465 de Paris sous Philippe le Bel, et pour le XVIe siècle les Relations des ambassadeurs vénitiens.

[80] T. I, p. 7. Ces demandes d’ébatement ou jeux semblent avoir donné lieu à une manière de parler proverbiale que je trouve consignée dans les plaidoieries civiles du Parlement à la date du 27 juin 1392. Acarot dit que s’il s’en mesloit plus, qu’il lui trancheroit la teste, et dit que pour roy ne pour roc il ne lairoit que il ne lui couppast la teste.

[81] L’ordonnance de Charles VI du 10 janvier 1396-7 ne défend la chasse qu’aux non-nobles laboureurs et autres non privilégiés, (les habitans d’un assez grand nombre de villages avoient droit de chasse) et non autorisés par des personnes ayant elles-mêmes droit de chasse. Cette ordonnance reconnoit de la manière la plus formelle le droit de chasse aux bourgeois vivans de leurs possessions et rentes.

[82] Modus, feuillet 101.

[83] Voir l’article sur lui, p. LXIX.

[84] Ed. Vérard, feuillet X V.

[85] Ib., feuillet X IV.

[86] S’il a été aidé par quelque ouvrage antérieur, peut-être seroit-ce par un traité italien, attendu le nom de faucon vilain qu’il donne au lanier, et qui lui étoit encore donné en Italie au XVIIe siècle. Voy. aussi T. II, p. 310, la note sur le vol du faisan par l’épervier.

[87] La chasse à l’oiseau est encore actuellement pratiquée en Syrie. L’émir Beschir, prince des Druses, avoit des oiseaux dressés qui furent pillés en 1840, lorsque les événemens le contraignirent à quitter le pays, et rachetés depuis par M. Catafago, vice-consul d’Autriche à Saïda (près Beyrouth), qui les possède encore aujourd’hui. A Damas, Choudjà’ Eddaouleh et Seïf Eddaouleh, neveux du schah actuel de Perse, retirés en Syrie, chassent aux perdrix avec des sacres (voy. T. II, p. 323). M. Schefer, second drogman du consulat général de Smyrne, a fait avec ces princes une chasse dans laquelle deux sacres prirent en une heure et demie quinze ou vingt perdrix. D’après le récit circonstancié qu’il a bien voulu me faire, ces oiseaux nommés sacres dans le pays, originaires de Tartarie ou du Turkestan, certainement les sacres de nos anciens fauconniers, et par conséquent oiseaux de haut vol (rameurs, selon Huber; voy. T. II, p. 318), sont cependant dressés comme l’étoient autrefois les oiseaux de poing (voiliers, selon Huber); ils partent du poing de leur maître quand le gibier se lève, et se perchent sur les buissons quand la perdrix s’y est remisée, pour la prendre plus facilement dès qu’elle en sort. C’est bien là la manière de l’autour et de l’épervier, mais l’identité d’origine septentrionale et de nom ne permet pas de douter que ces oiseaux ne soient bien nos sacres.

M. d’Offémont, dont j’ai parlé dans une note de ma Chace dou cerf, 1840, in-8º, comme ayant créé en 1838 une association destinée à faire renaître la fauconnerie (association dont le siége est en Hollande et qui continue à prospérer), frappé des difficultés qu’il a dû surmonter dans l’affaitement des oiseaux, malgré les secours qu’il avoit rencontrés dans les anciens ouvrages de fauconnerie, a l’intention d’écrire sur ce sujet un traité assez détaillé pour suppléer aux omissions des anciens auteurs. Il m’a montré des notes et quelques dessins qui donnent l’idée la plus avantageuse de son travail.

[88] Par suite de mon goût pour les livres de chasse, j’avois eu l’honneur de faire la connoissance de M. Huzard. Il m’a bien souvent admis avec une extrême complaisance dans sa précieuse bibliothèque, mais le hasard a fait qu’il ne m’avoit jamais montré son manuscrit du Ménagier. Son catalogue (Paris, 1842) forme 3 vol. in-8º. La vente a eu lieu en 1843.

[89] Paris, 1830, in-4º. Voici les indications données par cet ouvrage:

1º Inventaire de Bruges vers 1467.

Nº 836. Ung autre livre en parchemin couvert d’ais jaunes, intitulé au dehors: C’est le Mesnagier de Paris; comançant au second feuillet, Salvacion de l’âme, et au dernier n’est autrement. (C’est le manuscrit A, voir ci-après p. LIV.)

Nº 1202. Ung autre livre de cuir vermeille, appellé le Mesnagier, est escript partie en longue luigne et partie par deux coulombes; quemenchant ou second feuillet Vous moismes et le dernier feuillet, a dicta aqua. (C’est le manuscrit B dans lequel se trouve le Chemin de povreté en effet écrit à deux colonnes (coulombes). Voir ci-après p. LV.)

2º Inventaire fait à Bruxelles le 15 novembre 1487.

Nº 1758. Ung autre grant volume couvert de cuir, garni à tout deux cloans de léton, intitulé: C’est le Mesnagier de Paris; comenchant ou second feuillet, Salvacion de l’âme et finissant ou derrenier, et oster les entrailles, testes et qhues. Hic finit. (A)

Nº 1759. Ung autre grand volume couvert de cuir rouge, à tout deux cloans de léton, intitulé comme le dessus: Le Mesnagier de Paris et autres choses de dévotion; comenchant ou second feuillet, Vous-mesmes vo, et finissant ou derrenier, et oster les entrailles, testes et qhues. (B)

[90] T. I, p. 9.

[91] Les second et dernier feuillets commencent par les mêmes mots que ceux signalés comme initiaux de ces mêmes feuillets dans le manuscrit de Bourgogne. C’est ce même manuscrit qui est indiqué comme manquant ultérieurement dans les inventaires de Bruxelles. (Nº 2269 de la Bibliothèque protypographique.)

[92] Cet article a donc paru peu de mois avant la vente de la première partie de la Bibliothèque Huzard. Il est singulier qu’un livre si longtemps inconnu soit remarqué et étudié, on pourroit dire exhumé, dans la même année, à Bruxelles et à Paris à la fois.

[93] Si l’on entre dans le détail de l’histoire du règne de Charles VI, il semble (autant qu’on puisse en pareille matière déduire un principe général de faits particuliers même nombreux) qu’une partie notable de la haute bourgeoisie parisienne s’étoit attachée après la mort de Charles V au duc de Berry, prince toujours besogneux, et redoutable par ce motif aux provinces soumises à son autorité, mais affable et de mœurs faciles, qualités appréciées de tout temps et souvent au delà de leur valeur réelle par les classes moyennes et inférieures des villes. On verra encore que même dans les momens où les exigences de la politique amenoient ou forçoient le duc de Berry à se réunir aux Bourguignons, les bourgeois ou parlementaires ses conseillers et partisans, n’en étoient pas mieux vus du duc de Bourgogne à qui ils rendoient probablement les sentimens de défiance et de haine qu’ils lui inspiroient.

[94] Les familles de Larivière en Guyenne, et de Bezu le Long, portent aussi de gueules au chevron d’hermines.

[95] Champagne, Goussencourt, Hargicourt et Vivonne portent également d’hermines au chef de gueules.

[96] Depuis le XVIe siècle, au lieu d’avoir ainsi un seul écusson parti (divisé en deux par une ligne verticale) les femmes portent deux écus dont le premier est celui de leurs maris. Les reines de France ont continué longtemps à partir leur écusson, et je crois que Marie Leczinska est la première qui ait porté deux écus accollés.

[97] L’Histoire généalogique des grands officiers de la couronne, T. III, p. 726, l’appelle Jean, ce qui est une erreur.

[98] Elle est enterrée dans l’église paroissiale de Roubais, chapelle de Sainte-Croix ou des Sept Douleurs. (Cabinet généalogique.)

[99] Chambellan du roi de France, frère du connétable de Saint-Paul décapité en 1475: il mourut en 1487.

[100] Mon ami M. Eugène Grésy qui s’occupe depuis longtemps de l’histoire et de la topographie de Melun, me signale un vitrail de la chapelle Saint-Antoine en l’église Saint-Aspais de Melun, dans lequel les armes d’Agnès de Savoie, femme, de 1466 à 1508, de François Ier d’Orléans, duc de Longueville, vicomte de Melun, sont placées dans un écusson parti, avant celles de son mari. Mais, je le répète, de telles erreurs sont très-rares, surtout à mesure qu’on s’éloigne des temps modernes. Si Isabelle de Roubais avoit épousé un Ghistelles en premières noces, je n’aurois pas hésité à voir en elle la propriétaire de mon manuscrit. Au reste, il est bien probable que ce manuscrit lui aura été donné par sa mère, et que les recettes de Hotin auront été recueillies pour elle.

[101] C’est lui qui prit par surprise, en 1465, la ville de Péronne et le comte d’Étampes qui s’y étoit renfermé, Histoire de Bourgogne, de dom Plancher, T. IV, p. 337.

[102] Voy. T. II, p. 275.

[103] Quand un ouvrage cité en abrégé dans un endroit du livre est indiqué ailleurs avec plus de détail, je ne l’ai pas compris dans cette liste. La table donnera le moyen de retrouver l’endroit où le titre est donné in extenso.

[104] Rymer date ces pièces de 1363, mais c’est de 1363 nouveau style, c’est-à-dire en faisant commencer l’année au 1er janvier et non à Pâques. En effet, suivant la Chronique de Saint-Denis, dont l’exactitude chronologique est irrécusable, le roi Jean, qui étoit entré à Avignon le 20 novembre 1362, s’embarqua à Boulogne le 3 janvier 1363 (1364 nouveau style) pour retourner en Angleterre, et y mourut le 8 avril suivant.

[105] Il n’y en a que dix-huit.

[106] Le second article relatif à la chasse de l’épervier est le seul qu’on trouve dans les trois manuscrits du Ménagier, encore est-il mal placé entre les troisième et quatrième articles de la seconde distinction. Cette circonstance pourroit faire croire que l’auteur n’a pas suivi jusqu’au bout de son livre le plan et la division établis ci-dessus, et qu’il a peut-être omis de traiter le sujet des premier et troisième articles de la troisième distinction.

On comprend de quel genre pouvoient être les ébattemens du troisième article, et on a dans le Dodechedron de fortune l’exemple de demandes avérées et répondues par le sort des dés. Mais que faut-il entendre par rocs et par rois? On sait que le Roc a été remplacé par la Tour dans le jeu d’échecs, et n’existe plus que comme pièce héraldique dans les armoiries de quelques familles. Étoit-ce donc à l’aide des rocs et des rois d’échecs que ces demandes d’ébattemens étoient répondues?

Il est parlé dans le Chevalier de la Tour (chap. 124 du ms. du roi, 7403) de chevaliers et dames jouant au roy qui ne ment pour dire vérité du nom de s’amie. C’est peut-être d’un jeu analogue que l’auteur du Ménagier a parlé ou comptoit parler dans cet article.

[107] Chemise. Ce mot avoit alors la même signification qu’aujourd’hui. Voir Du Cange au mot Camisa.—Blanchet, vêtement court, sorte de camisole de drap ou flanelle blanche qu’on mettoit par-dessus la chemise. Ce mot est encore cité dans cette acception par le dictionnaire de Trévoux. Blanchet signifioit par extension le drap blanc dont étoit fait le vêtement du même nom.—Coste, qui seroit mieux écrit cotte, comme au-dessous, signifie ici robe, voir Du Cange, citation de la Vie des Pères, à Surcotium.—Surcot, vêtement de dessus, mais en général moins chaud et plus habillé que la houppelande. J’ai vu dans les Plaidoiries criminelles du parlement une bourgeoise venant d’une noce pour laquelle elle avoit vestu un surcot, à qui une de ses parentes dit qu’il est tard, qu’elle dépouille son surcot et que elle lui baillera une houpelande et un chaperon. (Avril 1404-5.)

[108] La coiffe enveloppoit toute la tête et étoit placée immédiatement sur les cheveux. Le mot de cueuvrechief paroît désigner ici une sorte de bonnet placé sous le chaperon. Les couvrechef et coiffes étoient d’étoffe légère. Un inventaire dressé en 1384 des biens meubles de Jacqueline de Charny, femme de Jehan Saugete, écuyer, mentionne quinze quevrechiefs de soie et trois de lin pour atour et dix-neuf coiffes de soie jaune, de cendal et de toile ou fil. (Reg. du P. Jugés XXXII. 94.) Quant au chaperon, dont la forme a varié, celui dont il s’agit ici me paroît devoir être la coiffure que porte la femme dans la planche de la page 9. L’auteur de la plaidoirie citée page 14 parle d’un amant qui coupa un morceau du chaperon de sa maîtresse pour avoir un souvenir d’elle. La forme du chaperon représenté dans la planche fait bien voir comment cela étoit possible.

[109] Il sembleroit par ces mots qu’on n’avoit pas alors de bancs réservés dans les églises. La mention la plus ancienne que j’aie vu de cette attribution individuelle des bancs aux paroissiens est dans une délibération du conseil de fabrique de Saint-André-des-Ars, en date du 2 février 1577, qui parle des bancs affectés aux paroissiens, et de ceux qui d’ancienneté ont coutume de s’y mettre. Les églises collégiales n’avoient de bancs qu’autant qu’elles étoient en même temps paroissiales, c’est-à-dire qu’il y avoit des fonts baptismaux, et qu’on y faisoit le prône. (Traité des Droits honorifiques, par Maréchal, 1762, tom. I, p. 278 et 284). On m’a affirmé qu’avant la révolution il n’y avoit pas de bancs dans l’église cathédrale de Paris.

[110] Var. B Gréel, Graduel.

[111] Estour, secours, nourriture du corps, et généralement tout ce qui sert à la vie. (V. Du Cange, au mot Estorium); lourgable, susceptible d’être consommé, de lurcare, dévorer.

[112] Avoir soin.

[113] Je n’ai jamais vu ce mot: seroit-il ici pour trahaigner, traîner, tergiverser?

[114] Reverchier signifie retourner: je crois qu’entreveschier veut dire intervertir.

[115] Pour fixer votre idée, pour connoître.

[116] Aussi, également.—Var. B presque.

[117] Cette nomenclature des vices et des vertus contraires se retrouve dans plusieurs ouvrages du moyen âge. Elle est avec de grands développemens dans le Calendrier des Bergers, et elle a donné lieu à une sorte de roman allégorique curieux et bien écrit dans la suite mystique du Modus et Ratio, intitulée le Songe de Pestilence, et imprimée sous le titre de Modus et Ratio de divine contemplacion.

[118] Vif désir.

[119] Brûlent (de frire). V. ci-après le Viandier.

[120] Poêle à frire.

[121] Il paraît manquer quelque chose, comme perte des âmes.

[122] Vrai.

[123] Procès.

[124] Manque se comparer.

[125] ... d’icelui.

[126] Mal erré, male erravi.

[127] Sous son plus mauvais jour.

[128] Loué.

[129] Je ne me souciois pas.

[130] En secret.

[131] De la gloire auprès d’eux, pour qu’ils parlassent de moi.

[132] Je pensois.

[133] Il paroît manquer quelque chose comme: Je disois mes péchés les moins grands.

[134] Parée.

[135] Ce mot n’est que dans B. Faut-il lire à parties?

[136] Gourmands et par extension débauchés.

[137] Joyeux.

[138] Empêcher vaudroit mieux.

[139] Défendu, refusé.

[140] Croupit?

[141] Sa fortune.

[142] Antecrist fait les miracles en sa maison tout au contraire: sa maison est la taverne, et quant ceulx qui voyent bien clair y viennent, ils s’en partent tous aveugles.—Modus et Racio, édit. 1839, feuillet 65 vº.

[143] Chez les Romains, avant la première guerre punique, les jours se divisoient en quatre parties: 1º de 6 heures à 9 heures, c’était l’heure de prime; 2º de 9 heures à midi, c’est ce qu’on nommoit tierce; 3º de midi à trois heures, c’étoit l’heure de sexte; 4º none commençoit à 3 heures et finissoit au coucher du soleil. Cette ancienne division du temps fut adoptée par la primitive église et les noms en sont restés aux offices.

[144] Si chère qu’elle soit.

[145] Pourtant, cependant.

[146] De maintenant à un jour.

[147] Thériaque: remède.

[148] Prochain.

[149] Ennui, désœuvrement. V. Du Cange aux mots Accidia, Acedia.

[150] Manquent quelques mots, comme: qui y mettent.

[151] L’avare.

[152] Peut-être manque-t-il quelques mots comme ils auront, etc.

[153] Il semble que le sens de la phrase exigeroit gloutonnie.

[154] En desroi, égaré.

[155] C’est l’ouvrage de Jacques de Voragine, archevêque de Gênes.

[156] De saint Jérôme.

[157] Donner envie, goût.

[158] C’était Sédécias.

[159] Captivité.

[160] Helcias.

[161] Huile.

[162] Doucement, paisiblement.

[163] Serviteurs, servientes.

[164] Visage.

[165] Cachées.

[166] La Vulgate dit sub prino, c’est le chêne ilex, l’yeuse.

[167] Sub schino, c’est le lentisque d’où découle dans l’Archipel et en Perse non le macis, mais le mastic ou encens de Perse, sorte de gomme aromatique avec laquelle les Perses enduisoient leurs outres, suivant Strabon. Le macis dont parle ici l’auteur est aussi appelé fleur de muscade; c’est la seconde écorce de la noix muscade. Nous verrons le macis employé dans le Viandier.

[168] Les juifs furent chassés par ordonnance du 17 septembre 1394, et cette ordonnance fut ponctuellement et promptement exécutée. On en a la preuve dans des lettres de rémission accordées en janvier 1394(5), à un certain Guiot Rousseau de Pertes, près Melun, pour avoir assommé et volé, entre Pont-sur-Yonne et Sens, au bois de Javel, une vieille juive qu’il s’étoit chargé de conduire sur son cheval, de Melun à Sens, ne croyant autant mesfaire que s’elle eust esté chrestienne et se recordant que par les juifs qui ont demouré ou temps passé à Meleun il avoit esté destruit presque de toute sa chevance. Il est dit dans ces lettres, qui m’ont été communiquées par M. de Stadler, que cette juive alloit rejoindre aucuns juifs qui pour certaine ordenance sur ce faicte se partoient hors du royaume. (J. Reg. 147, 36.) Ce passage prouve bien positivement que le Ménagier a été écrit avant septembre 1394.

[169] Philosophe chaldéen qui, suivant Jacques de Cessoles, auteur du Jeu des échecs moralisé, auroit inventé le jeu d’échecs. L’auteur du Ménagier cite ici l’ouvrage de J. de Cessoles, dans lequel on trouve, au chapitre de la Reine, les histoires de Romilde, de Lucrèce, de Papirius, qu’il va raconter aussi, mais en les développant.

[170] Oui.

[171] De Bénévent.

[172] S’en détournèrent, de desmouvoir.

[173] Cette duchesse est Romilde, veuve de Gisulfe, duc de Frioul, tué en 611, dans une bataille contre les Abares. Après la mort de son mari dont elle avoit eu quatre fils et quatre filles, elle fut assiégée par le khan des Abares dans Forojulium, aujourd’hui Civita di Friuli. Éprise de la figure du khan, elle lui offrit (et non à un de ses chevaliers) la place et sa main; son offre fut acceptée, mais le khan, maître de la place, fit empaler Romilde et emmena ses enfans et les principaux citoyens en captivité. Les quatre princes s’échappèrent sur la route. Les deux aînés, Tason et Caccon, furent ducs de Frioul, de 621 à 635. Le troisième, Rodoald, fut duc de Bénévent, de 642 à 647, et le dernier, Grimoald, fut duc de Bénévent après son frère, et roi des Lombards en 662; il mourut en 671. On a assez peu de renseignemens sur l’origine de plusieurs de nos reines de la première race. Je n’ai pas trouvé qu’aucune d’elles ait été sœur de Grimoald. La même histoire est racontée avec quelques-unes des inexactitudes de l’auteur du Ménagier, dans le LVIIIe chapitre du Compendion historial; Paris, Ant. Vérard, 1509.—Elle est tirée de Paul Diacre.

[174] L’auteur du Jeu des Échecs moralisé.

[175] Invita, de semondre.

[176] Par telle convention.

[177] État, disposition d’esprit.

[178] Les occupations que l’auteur donne ici aux Romaines étoient sans aucun doute celles des femmes de son temps, et ce passage est certainement un des plus curieux de son livre. Le bric, qui me paroît la même chose que la briche ou bricque, est déjà cité au XIIIe siècle dans les œuvres de Rutebeuf (de Brichemer), on y jouoit assis et à l’aide d’un petit bâton.—Qui féry? me paroît évidemment notre main chaude.—Le jeu de pince-merille est écrit pince-morille dans les jeux de Gargantua (Rabelais, livre I, chapitre XXII), c’est tout ce que j’en connois.—Le tiers étoit une sorte de colin-maillard dont il est parlé dans Rabelais, les Arrêts d’amour et des lettres de rémission de 1391, citées par Du Cange au mot Tertium.—La mention des cartes comme jeu d’ébatement, dans un ouvrage écrit sûrement en 1393, est fort importante, et nous paroît démontrer la réalité de la distinction établie par M. Duchesne entre les cartes jeux d’ébatement, jeux d’enfans, naibi, et les cartes devenues quelques années après jeu de hasard. En lisant ce passage du Ménagier on comprend que les cartes aient pu être connues en 1369, et ne pas figurer cependant parmi les jeux de hasard défendus cette année par Charles V. (Voy. Jeux de Cartes tarots, publiés par la Société des Bibliophiles, 1844, in-folio, p. 4.)

[179] Un peu loin, à une petite distance.

[180] Le visage baissé.

[181] Bleues, violettes.

[182] Poudreux; ou faut-il lire les gens, pouldres (poussière) et fumées, etc.?

[183] Var. Br. à peine.

[184] Evite, esquive.

[185] Car le fait (l’adultère) n’est pas à craindre. Je n’ai vu ce curieux usage mentionné nulle part ailleurs.

[186] Pierre le Mangeur, chancelier de l’Université de Paris, mort en 1179. Voir les Mss. françois de M. Paris, t. II, p. 2.

[187] L’historien Flavius Josèphe.

[188] S’attachera, adhærebit.

[189] Prononciation parisienne du mot mesnie, suite, famille. Voir H. Estienne, Précellence du Lang. françois, p. 179.

[190] Près, comme Villers-Coste-Retz.

[191] Stérile. Encore employé pour les biches en terme de vénerie.

[192] Élève.

[193] Allusion à l’incarnation de N. S. J. C.

[194] Outre ou petit baril, boucellus.

[195] Bersabée.

[196] Voyage.

[197] Couché.

[198] Voir sur cette plante et sur la main de gloire les curieux articles du Dictionnaire de Trévoux.

[199] Ouvrage qui est à la fois une grammaire, une rhétorique, et un dictionnaire, et qui fut écrit en 1286 par Jehan Balhi de Gênes, religieux dominicain.

[200] Sauvages.

[201] Sans doute choucas.

[202] Var. A, melles, faute ou nom d’oiseau que je ne connois pas. Tiercelet, pris seul, est le nom du faucon mâle.

[203] Domestiques.

[204] Macaire étoit le nom de l’assassin. Aubri de Montdidier étoit le maître du chien. Bullet, dans une intéressante dissertation sur cette histoire (Mythol. fr., p. 64), remarque qu’elle figure pour la première fois dans la chronique romanesque d’Albéric de Trois-Fontaines, auteur du XIIIe siècle, qui la place à l’année 780. Il pense que cet auteur l’a prise dans quelqu’ancien roman ou chanson de geste.

[205] C’est la portion de l’île Saint-Louis qui est entre la rue des Deux Ponts et le pont Louis-Philippe, et qui étoit séparée par un petit bras de la Seine ordinairement à sec en été, de l’autre portion appelée l’île aux Vaches. Quoique le chapitre de Paris eût des droits à la propriété de cette île et en fût en tout cas haut justicier, elle servoit de promenade et de lieu de réjouissance publique. Le 8 mars 1400, le procureur du roi parlant pour les marchands de Paris et les droits de la navigation, contre le chapitre, et faisant peut-être allusion au prétendu combat de Macaire et du chien, disoit que dès Charlemaine l’île dessus dite fut appliquée à la chose publique (Reg. du Parl., Plaid. civ.). Les lices qu’y voyoit à la fin du XIVe siècle l’auteur du Ménagier pouvoient bien provenir de la grande fête (mystères, tournois d’enfans au-dessous de dix ans, etc.) qui y fut donnée à la Pentecôte de 1313, lorsque Philippe le Bel et ses trois fils, et le roi d’Angleterre prirent la croix (Chron. métrique de God. de Paris, 1827, p. 188), ou peut-être aussi de quelque autre solennité plus récente.

[206] Les ducs de Berry, de Bourgogne et de Bourbon et le connétable du Guesclin conquirent presque tout le Poitou sur les Anglois, en 1372: ils revinrent à Paris le 11 décembre, et le lendemain le duc de Berry fit hommage au roi son frère du comté de Poitiers (Reg. du Parl., Plaid. civ.).

Mais Niort et quelques autres places étoient restées au pouvoir des Anglois. Du Guesclin ayant défait à Chisay les garnisons angloises réunies sous le commandement de messire Jehan d’Esvreux, fit, suivant Cuvelier, mettre à ses soldats les cottes d’armes des Anglois, et prit ainsi Niort par surprise.

Froissart (t. I, p. 665 de l’édition du Panth. litt. donnée par M. Buchon) dit que le combat de Chisay eut lieu le 21 mars 1372 (1373, n. st.), et cette date se trouve en effet confirmée par les comptes du duc de Berry dans lesquels on voit figurer, à la date du 30 mars, un messager envoyé par le duc à la duchesse pour lui annoncer que messire Jehan d’Esvreux a esté déconfit. La prise de Niort dut suivre presque immédiatement le combat de Chisay, surtout si le stratagème raconté par Cuvelier fut en effet mis en œuvre par du Guesclin. Niort étoit en tout cas pris au moins dès le 28 avril. Quoique l’occupation de cette ville ait eut lieu presque sans coup férir, c’est bien certainement en cette occasion qu’avoit péri le maître du chien dont parle notre auteur, soit que ce fût un soldat de l’armée françoise, soit qu’il fût un des hommes de la ville, bons François de cœur suivant tous les historiens.

Le duc de Berry, qui après l’hommage du comté de Poitiers avoit été en Berry et en Auvergne réunir des hommes et de l’argent (il étoit, le 11 janvier 1372-3, et encore le 22 mars, à Bourges), n’arriva en Poitou que dans les premiers jours d’avril. Il étoit les 28 et 30 mars et le 2 avril à la Souterraine, petite ville de la Marche, sur la route de Clermont à Poitiers, attendant probablement ses troupes, et les 15, 18 et 19 avril, à Poitiers. On voit bien dans ses comptes qu’il envoya un courrier de Niort le 28 avril, mais il partit aussi des courriers ce même jour de Poitiers, de Saint-Maixent et de Melle, et si le duc a été le même jour dans ces quatre villes, il a fait une journée de vingt-cinq lieues, ce qui, sans être impossible, est cependant difficile. Il étoit à Poitiers le 30 avril, et paroît y être resté tout mai, tout juin, et jusqu’au 11 ou 15 juillet, mais il étoit le 18 de ce mois à Niort et y séjourna au moins jusqu’au 23 (il y consomma six setiers de blé; fol. 105 vº). Il étoit de retour à Poitiers le 26.

Il me paroît bien probable que le fait raconté par notre auteur comme témoin oculaire, a dû se passer à Niort pendant le séjour que fit le duc dans cette ville en juillet 1373. On pourroit opposer qu’au 18 juillet il y avoit déjà plus de trois mois que Niort étoit pris et le maître du chien mort, mais cet animal pouvoit continuer depuis lors à vivre sur la tombe de son maître, et le fait n’en étoit que plus remarquable et plus digne d’être signalé au duc de Berry. Au reste, si le séjour de ce prince à Niort le 28 avril 1373 n’étoit pas douteux, il vaudroit certainement mieux reporter à cette date l’histoire qui a donné lieu à cette note.

Guillaume de la Mousse, attaché à la maison du duc de Berry, étoit châtelain de Niort en novembre 1373, et Hugues de Vivonne, chevalier, en étoit capitaine le 25 juillet 1374.

Le duc de Berry avoit certainement beaucoup de défauts, mais on ne peut lui refuser d’avoir été charitable. Les comptes qui nous restent de lui sont remplis de mentions d’aumônes. J’ai entre autres remarqué, à l’année 1370, beaucoup de dons faits à des chevaliers et écuyers pris par les Anglois à la belle défense de Limoges, et soixante sols donnés en août 1370 à un povre enfant de village qui fu trouvés tout seul en l’oustel où mondit Sr. se lougha à Saint Denis du Chastel (Comptes du duc de Berry, Arch. du Roy., reg. K, 250, 1).

[207] Sérieusement.

[208] Plutôt.

[209] Surtout.

[210] Le Décret de Gratien, bénédictin du XIIe siècle.

[211] Le trône, fauteuil.

[212] A la fortune.

[213] Écrite d’abord en italien par Boccace, la charmante histoire de Grisélidis fut ensuite paraphrasée et mise en latin par Pétrarque. Elle a été traduite plusieurs fois en françois, et même a fourni le sujet d’un Mystère composé en 1395 probablement par un Parisien, puisque l’auteur y parle du beau gibet de Montfaucon. Bibl. roy., Cangé, 7999, 3. Il y a à la Bibl. Roy. plusieurs manuscrits de traductions anciennes de Grisélidis. J’en ai examiné quatre. La version du Ménagier, toute différente de celle du nº 7387, diffère légèrement de celles des nos 7403 et 7568, mais est tout à fait la même que celle du nº 7999.

[214] Le Mont Viso.

[215] Comptoit, prisoit.

[216] Volonté, pouvoir, de potestas; femme de poste, femme non libre, serve. V. Du Cange, à Posta.

[217] Pareillement.

[218] Voler; chasser avec l’oiseau.

[219] En grandes troupes.

[220] A leur vouloir, à leurs volontés.

[221] Portant doucement son cavalier, ayant le pas doux.

[222] D’une même manière.

[223] Avec la tête baissée.

[224] Avec attrait.

[225] Sincère, vraie.

[226] Exécuter, accomplir.

[227] Var. Mss. A, quant est de celle de.

[228] Que fait.

[229] Par bonne disposition, par zèle.

[230] Transporté, placé.

[231] Cette coutume de donner un objet quelconque en témoignage et comme preuve de stipulation remonte à une haute antiquité. Nos ancêtres l’avoient conservée des Romains. L’abbé Le Beuf raconte, d’après Étienne de Paris, un des plus curieux exemples de cet usage. Le roi Louis le Jeune ayant couché à Creteil qui appartenoit au chapitre de Paris, le chapitre lui ferma le lendemain les portes de l’église cathédrale: mais le roi consentit à payer la dépense qu’il avoit faite à Creteil et les portes lui furent ouvertes. Alors, pour marquer son intention par un acte extérieur, le roi mit de sa propre main une baguette sur l’autel, etc. (Histoire du Diocèse de Paris, XII, 12.) Voir aussi Du Cange au mot Signum, 11.

[232] Dissimulées.

[233] Ici, gâté plutôt que méprisé.

[234] Pourvu que.

[235] Il n’y a eu, ni sous la régence, ni sous le règne de Charles V, de révolte dont la punition ait présenté des circonstances semblables à celles qu’on remarque dans ce passage du Ménagier de Paris, mais il me paroît au contraire s’appliquer parfaitement aux exécutions qui eurent lieu en 1383, au retour de la campagne de Flandre, et je crois que par une des plus grans cités de ce royaume il faut entendre Paris et non pas Rouen qui fut le théâtre de scènes analogues, mais non aussi sanglantes à beaucoup près. Cette expression aura été suggérée à l’auteur par sa prudence, afin de ne pas désigner trop clairement à ses contemporains les personnes dont il parloit.

Suivant le Religieux de Saint-Denis (liv. III, chap. IV), Charles VI (encore presque enfant, et agissant sous l’influence de ses oncles) auroit appris à Rouen, où il auroit alors séjourné trois jours, la sédition des maillotins de Paris. Il auroit à cette même époque, (qu’il faudroit placer dans les premiers jours de mars 1381-2, puisque la sédition des maillotins commença le 1er de ce mois), puni de mort les chefs d’une sédition dite la Harelle qui auroit eu lieu antérieurement à Rouen. Le Moine de Saint-Denis est dans l’erreur au moins quant à la date et à la durée du séjour de Charles VI dans cette ville. Il résulte de nombre de pièces du registre 120 du Trésor des Chartes, que le roi entra à Rouen pour la première fois depuis son sacre le 29 mars 1381-2 seulement, et qu’il y étoit encore au moins le 4 avril. Il étoit le 1er mars à Vincennes. En tous cas ces exécutions paroissent avoir été trop peu nombreuses pour qu’on reconnoisse en elles celles dont parle notre auteur. (Le registre 120 ne contient la mention que de l’exécution d’un valet à Rouen.) Il en est de même des poursuites auxquelles donna lieu la même sédition, onze mois après, en mars 1382-3 qui, suivant Farin (Histoire de Rouen, 1668, in-12, I, 527), ne coûtèrent la vie qu’à deux misérables. D’ailleurs le roi n’étoit pas présent, contrairement à ce que me semble indiquer le récit du Ménagier. Notre auteur paroît en outre avoir eu peu de relations avec Rouen qu’il ne nomme pas une fois dans son livre, et il résulte de son récit qu’il connoissoit la bourgeoise dont il parle. Il est donc plus naturel de supposer qu’elle étoit de la même ville que lui, c’est-à-dire de Paris.

La sédition des maillotins commença le 1er mars 1381-2. Le prévôt de Paris fit bien, peu de temps après, quelques exécutions, mais elles ne portèrent que sur des gens obscurs et furent peu nombreuses. Il n’en est pas de même de la sanglante punition que le roi infligea à la ville de Paris à son retour de Flandre à raison des mêmes événemens.

Vainqueur à Rosebecque, le 27 novembre 1382, le roi entre à Paris le 11 janvier 1382-3. Le 12 et les jours suivans trois cents riches bourgeois sont arrêtés: huit jours après on en conduit deux au supplice, et les exécutions se succèdent rapidement. On voit dans des lettres de rémission qu’Audouin Chauveron prévôt de Paris et des gens d’armes alloient nuit et jour prendre plusieurs bourgeois dont des aucuns l’on faisoit hastives exécutions, et que l’on faisoit justice de jour en jour d’aucuns des habitans de Paris. (Voir ci-après, p. 138. Chascun jour.) Le 27 janvier, jour de la publication de l’ordonnance qui abolissoit la prévôté des marchands, douze notables habitans de Paris, parmi lesquels étoit le célèbre Jean Desmares, avocat général, victime innocente de la haine des ducs de Berry et de Bourgogne, périrent encore sur l’échafaud. Cent personnes furent ainsi exécutées du 19 ou 20 au 27 ou 28 janvier: les autres prisonniers furent condamnés à des amendes pécuniaires souvent égales ou supérieures à la valeur de tous leurs biens.

Il me paroît impossible de ne pas reconnoître dans ces événemens ceux auxquels fait allusion l’auteur du Ménagier, mais quel est ce seigneur et quelle est cette femme de très grant nom en bourgeoisie? Pour découvrir quelque trace de cette mystérieuse histoire, j’ai parcouru les registres 120 à 128 du Trésor des Chartes depuis mars 1381-2 jusqu’en avril 1385-6. Parmi les quarante-sept pièces relatives à ces événemens (sur lesquels je donnerai peut-être un jour un mémoire détaillé), j’ai remarqué trois et surtout deux lettres de rémission qui pourroient s’appliquer au mari dont notre auteur nous a transmis l’histoire.

La première, en date d’août 1383, est accordée à Jehan Filleul, notaire au Châtelet, alors âgé de vingt-six ans, qui avouoit avoir pris part à toutes les délibérations hostiles au rétablissement des impôts, et avoir conseillé à Aubert de Dampierre, riche drapier, l’un des suppliciés, de faire soulever la ville pour empêcher son arrestation.

Il n’est pas dit dans les lettres de rémission qu’il fut emprisonné mais qu’il s’enfuit de Paris. Cependant il est cité dans le Religieux de Saint-Denis (en qualité d’avocat au Châtelet, ce qui est une erreur) parmi les trois cents bourgeois arrêtés depuis le 12 janvier, et si, comme il y a lieu de le croire, cette assertion est exacte, pour qu’il ait pu s’absenter de Paris, il faut qu’il ait été relâché au moins provisoirement. Or, il eut besoin d’une bien forte protection pour échapper ainsi au châtiment que lui auroient certainement valu les faits dont il s’avouoit coupable. On mentionne dans la rémission qu’il avoit une jeune femme; son nom de famille n’est pas donné, mais la position du mari peut faire supposer qu’elle étoit d’une bonne famille bourgeoise. (R. 123, 83.)

Colin Brun, drapier, étoit jeunes homs, issu de bonnes gens et de bon lignage, fils d’Anthoine Brun homme ancien de l’aage de quatre-vingt seize ans lequel s’estoit bien porté envers les prédécesseurs du roi qu’il avoit servis en son mestier de draperie. Il étoit marié depuis deux ans à une jeune femme qui en avril 1383 venoit d’accoucher de son premier enfant. Il avoit été condamné à deux mille francs d’amende et au bannissement. Le roi lui remit le bannissement et la moitié de l’amende. Il n’étoit coupable que d’avoir assisté aux réunions et aux prises d’armes. (R. 122, 217.)

Giles Labat, procureur général au parlement, mari d’une femme de dix-huit ans, et père de deux enfans dont l’aîné n’avoit que trois ans, obtint, en juillet 1383, des lettres de rémission. Il étoit accusé d’avoir cherché dans les maisons, et fait conduire en prison, des hommes d’armes, et fut gracié à la requête du maréchal de Sancerre, mais je n’ai pas vu qu’il eût été emprisonné; il avoit pris la fuite lors du retour de Flandre, et de plus, le caractère du maréchal ne permet guère de lui attribuer cette aventure. (R. 123, 14.)

J’ai bien encore vu des lettres de rémission accordées à des habitans de Paris mariés à de jeunes femmes, mais leur position ne m’a pas paru convenir au mari cité en cet endroit du Ménagier, et qui devoit appartenir à la haute bourgeoisie parisienne.

Je suis au reste loin d’affirmer que le mari dont parle notre auteur soit un de trois Parisiens que je viens de nommer: je me borne seulement à signaler les rapports qui existent entre leur position (surtout celle de Jean Filleul) et la sienne.

[236] On sait que cette ville, berceau de notre monarchie, cessa d’appartenir à la France seulement en 1521, qu’elle fut prise par le comte de Nassau général de Charles-Quint. Elle fut définitivement cédée à l’empereur par le traité de Cambray (1529). L’administration et la juridiction de Tournay ont souvent varié. En 1340, le roi Philippe de Valois avoit donné la justice aux prévôts et jurés, magistrats populaires, mais à la charge de ressortir du bailli de Vermandois. En 1370 ils obtinrent le privilége de ressortir directement du parlement de Paris. Il y avoit alors un bailli de Tournesis officier royal, mais sans juridiction sur Tournay et sa banlieue. (Tassart de Monstreul l’étoit en 1371, Jehan de Sottenghien en 1379 et Jehan Boutelier en 1380.) Mais, en 1383, Charles VI institua un bailliage royal à Tournay. Les appels des prévôts et jurés étoient portés devant le bailli qui avoit la haute administration de la ville et du Tournesis. Tournay se soumit avec peine à cet état de choses, et les registres du parlement contiennent un grand nombre de difficultés suscitées au bailli par les prévôts et jurés dans l’exercice de sa juridiction. En 1389, les prévôts et jurés obtinrent de nouveau des lettres du roi portant que les appels de leurs jugemens seroient portés directement au parlement de Paris, mais le procureur du roi s’opposa formellement à l’entérinement de ces lettres qui n’étoient pas encore enregistrées en 1394. Toutefois ils avoient obtenu d’autres lettres du roi pour jouir provisoirement de ce privilége, malgré le défaut d’enregistrement.

Il est assez difficile de savoir qui est le bailli de Tournay dont parle l’auteur du Ménagier: je ne pense pas qu’on puisse appliquer cette qualification à un des baillis de Tournesis; elle doit désigner un des baillis nommés de 1383 à 1393. Je n’ai trouvé que le nom de Henri Le Mazier qui fut reçu à la chambre des comptes comme bailli de Tournay, en 1388. (Mém. E.—Voir sur le bailliage de Tournay, Reg. du Parl. Plaid. civiles, 25 nov. 1371.—20 nov. 1380.—17 janvier 1390-1.—7 déc. 1394.)

[237] Dom Carpentier explique bourgage par bienvenue (V. Gloss. de Du Cange au mot Bourgagium). Il sembleroit plutôt qu’on doive entendre par ce mot une partie de plaisir faite avec une somme composée de contributions individuelles, telle qu’une poule, par assimilation à l’impôt du même nom que payoient annuellement les bourgeois de quelques villes.

[238] Glorieuse, qui se rengorge.

[239] En premier, un.

[240] D’esgarder, regarder; voyons.

[241] Occasions.

[242] S’engouent, raffolent.

[243] Négligent. Nonchalance, indifférence, de chaloir, intéresser, soucier.

[244] Ce qui s’applique aux maris des femmes désobéissantes et négligées.

[245] Retirer, contraire d’acharner.

[246] Voy. ci-après, page 158.

[247] La lumière.

[248] Quand j’aurois dû.

[249] Instrumens que je crois avoir été des petits vases, comme depuis les gobelets, dont les bateleurs se servoient pour faire leurs tours, et dont ils ont pris leur nom. Voy. Du Cange aux mots Bastaxius et Batus.

[250] Allusion à l’opinion suivant laquelle les sorcières alloient au sabat sur un balai.

[251] Le château de Melun, et par suite la partie de la ville située du côté du Gâtinois, furent livrés aux Navarrois et Anglois par la reine Blanche le 4 août 1358, quatre jours après la mort d’Est. Marcel et la rentrée du Régent à Paris, mais la partie de la ville située en Brie resta françoise, et messire Jean d’Andresel étoit dès le même mois d’août capitaine pour le Régent (depuis Charles V) de Melun et de Brie (J. Reg. 86, 219.—Secousse, II, 89). Il paroît avoir d’abord partagé la défense de cette partie de la ville avec le premier maréchal Boucicaut qu’on voit (J. Reg. 86, 458) avoir fait abattre des maisons pour fortifier cette portion de Melun en août 1358. Il est probable que M. d’Andresel étoit sous ses ordres à cette époque.

Les circonstances désastreuses où se trouvoit alors la France ne permirent pas au Régent d’assiéger, au moins immédiatement, le château de Melun, quoique sa garnison anglo-navarroise génât beaucoup l’approvisionnement de Paris. Jean d’Andresel dut se borner à garantir la partie de la ville restée françoise, et autant que possible le reste de la Brie, des attaques de cette garnison. En juin 1359, le régent ayant reçu des États assemblés à Paris les moyens de résister plus efficacement à l’ennemi, se rendit en personne à Melun (Chron. de Saint-Denis, CXII), et fit fortifier l’abbaye du Lys. C’est alors que, suivant le carme Jean de Venette continuateur de Nangis, Froissart, Cuvelier et Villani (cité par Secousse, I, 383), Melun auroit été assiégé dans les formes par le Régent. Le silence que garde sur ce siége la Chronique de Saint-Denis rédigée pour cette époque par Pierre d’Orgemont avec une admirable précision, donne tout lieu de douter de l’exactitude du récit de Froissart, et surtout de la narration romanesque de Cuvelier. Il paroît bien probable que ce siége ne fut qu’une espèce de blocus levé peu de temps après, le Régent ayant quitté l’armée le 31 juillet par suite des propositions de paix du roi de Navarre, et le traité ayant été signé le 21 août. Au reste, malgré la conclusion de la paix, les Navarrois occupoient encore Melun en septembre 1359. Jean de Venette qui prétend que cette ville fut immédiatement évacuée ne peut balancer à cet égard le témoignage formellement contraire de Pierre d’Orgemont, mais on peut toujours induire de son assertion que cette prolongation d’occupation ne fut pas de longue durée.

D’après ce qui précède, il faut placer la curieuse aventure racontée par l’auteur du Ménagier, entre août 1358 et septembre ou octobre 1359. Peut-être même pourroit-on remarquer qu’il est difficile de penser que le sire d’Andresel ait eu avant la cessation des hostilités le loisir ou le désœuvrement qu’on lui attribue dans ce récit, et ait pu sans crainte abandonner son commandement pour aller dîner chez lui à quatre lieues de Melun. Il sembleroit alors qu’on devroit placer cette aventure entre le départ de Charles V et l’évacuation de Melun, c’est-à-dire du 1er août 1359 à septembre ou octobre suivant.

[252] Jean sire d’Andresel, chevalier, étoit issu d’une ancienne et illustre maison alliée, au XIIe siècle, à celle de Garlande. Il étoit fils aîné de Jean d’Andresel, chambellan très-aimé du roi Philippe de Valois, et fut, à cause de cette similitude de prénom, dit le Jeune, jusqu’à la mort de son père, arrivée entre mars 1344-5 et février 1346-7{a}. Il fut chambellan du Dauphin, puis du roi Jean{a}, et ensuite de Charles V. Compris dans la première promotion des chevaliers de l’Etoile{b}en janvier 1351-2, il étoit en 1353 capitaine de l’un des châteaux de Vernon, et reçut du roi en 1354 deux mille quatre cents écus d’or comme indemnité de ce qu’il avoit dépensé pour la garde du château de Landal en Bretagne que le roi lui avoit donné à titre d’héritage et lui avoit ensuite repris{a}. Il avoit épousé, au moins dès 1346, Jeanne d’Arrablay, fille d’un maître d’hôtel du roi et nièce d’un chancelier de France{c} . En août 1358 il étoit capitaine de Melun et de Brie{d}, en août 1359 capitaine général de cette dernière province{e}. Cette même année le régent lui donna, probablement pour récompense de ses services en Brie, les paroisses du Chastelier (le Châtelet?), Marchiau (Machault?), Firecy (Féricy?), Champagne et la Celle (sous Moret?), situées dans cette province{f}, et lui accorda des lettres de rémission dont on n’a conservé qu’une simple mention{g} pour tout ce que lui et ses complices (sans doute les gens d’armes sous ses ordres) avoient fait en Brie, dans les châtellenies de Melun et de Moret et au pont de Samois. Après le traité de Bretigny il fut, avec plusieurs princes du sang et quelques seigneurs des plus illustres de cette époque, au nombre des otages du roi Jean que le roi d’Angleterre emmena avec lui de Calais le 31 octobre 1360{h}. Il étoit de retour en France au moins au commencement de 1366, car étant en personne{i} à Yenville en Beauce, il y passa le 1er avril 1365-6 le contrat d’un nouveau mariage avec Jeanne de Maligny veuve avec enfans de Jean seigneur de Rochefort et du Puiset (elle l’avoit épousé en 1347{j}). Il prend dans cet acte les qualités de chambellan du roi et de premier grand chambellan d’Orlenois et de Valois. Jean d’Andresel mourut au commencement de 1368 laissant une succession obérée, malgré ses nombreuses terres, ses fonctions éminentes et les dons des rois qu’il avoit servis. Le 7 mars 1367-8 Jeanne de Maligny sa veuve se présenta devant le Parlement, et jetant sa ceinture dans le parc (espace qui séparoit les avocats et la cour), déclara renoncer aux meubles et aux dettes de sa succession{k}. Elle fut obligée, pour obtenir son douaire (Tournenfuye, etc.), de recourir à la protection de Charles V{k} et de plaider contre messire Aubert et Guillaume d’Andresel ses beaux-frères{l}{m}. Elle se remaria ensuite en troisièmes noces à Raoul de Montigny, chevalier. Jean d’Andresel laissa deux filles, Marguerite et Jeanne, nées de deux mères différentes{l}, et mariées toutes deux dans la maison de Montmorency. Six mois après sa mort, sa seconde fille encore mineure n’avoit pas encore de tuteur, et ses exécuteurs testamentaires n’avoient pas encore accepté la charge qu’il leur avoit laissée{m}.

Quoiqu’on ignore la date de la mort de Jeanne d’Arrablay, il faudroit lui attribuer l’aventure qui donne lieu à cette note, s’il étoit certain que Jean d’Andresel n’eût été marié que deux fois. (Nous avons vu en effet qu’il n’épousa Jeanne de Maligny qu’en 1366.) Mais il faut remarquer que dans les nombreuses pièces relatives au douaire de Jeanne de Maligny il n’est dit nulle part que Jeanne d’Andresel, fille encore mineure de Jean en 1368, ait eu cette dame pour mère, et cependant elle est citée (mais non nommée) comme héritière mineure de Jean (quorum unus aut una adhuc minor ætatis) dans l’arrêt du 21 juillet 1368 rendu au profit de Jeanne de Maligny, et comme fille mineure de Jean dans la plaidoirie du 5 juin 1368. Si elle eût été fille de Jeanne de Maligny n’est-il pas naturel de supposer qu’on l’auroit mentionné dans la plaidoirie et dans l’arrêt? Faut-il donc croire que le sire d’Andresel eut une seconde femme après Jeanne d’Arrablay et avant Jeanne de Maligny, et que cette seconde femme, mère de Jeanne d’Andresel, a pu être en 1359 dame d’Andresel et héroïne de cette aventure? Dom Guillaume Morin qui a donné dans son Histoire du Gâtinois, etc. (Paris, 1630, in-4º, 461) une généalogie ridicule de la famille Viole dans laquelle il fait de notre Jean d’Andresel (enté par lui dans cette famille contre toute preuve et toute raison) deux personnages nommés l’un Pierre et l’autre Jean, marie le premier à Agnès de Chabannes et le second à Anne du Bellay. Je me suis demandé à cause de cette assertion si Jean d’Andresel n’auroit pas été marié en secondes noces à une Chabannes ou à une du Bellay, mais on ne voit rien de semblable ni dans la généalogie de Chabannes donnée dans La Chenaye des Bois, ni dans la généalogie manuscrite de du Bellay par Trinquant, appartenant à la bibliothèque publique d’Angers et que M. Grille a bien voulu consulter pour moi exprès sur ce point. Les choses étant ainsi, je crois que jusqu’à ce qu’on ait une preuve ou au moins un indice plus positif d’un mariage intermédiaire de M. d’Andresel, il ne faut pas s’arrêter au silence des plaidoirie et arrêt de 1368, qui est en définitive plutôt une absence de preuve qu’un argument contraire; on peut donc raisonnablement croire que Jean d’Andresel fut marié deux fois seulement, que Jeanne sa seconde fille étoit fille de Jeanne de Maligny, et que Jeanne d’Arrablay est l’héroïne de l’histoire du Ménagier. J’ajouterai en passant que les expressions réservées dont se sert notre auteur (du surplus je me tais et pour cause) donnent lieu de craindre pour la mémoire de Jean d’Andresel que cette plaisanterie n’ait été l’occasion d’une scène violente, si ce n’est tragique.

Il y a au Cabinet généalogique une lettre de ce seigneur qui me semble présenter tous les caractères d’un autographe. Je crois devoir la donner ici comme propre à faire connoître avantageusement son éducation et son style épistolaire. Elle se rapporte à une avance qui lui fut faite le 1er mars 1353-4 par le vicomte de Gisors pour servir à réparer les fortifications de Vernon. La voici:

«Vicomte, cher ami, je vous envoie un mandement du roy de la somme de cent livres par. que vous me baillastes et dont vous avez mes lettres soubs mon scel faisans mention desdites cent livres, car le mandement du roy fait bien mention comment je les ay mises ès réparations de la ville de Vernon et comment vous me rendez ma dicte lettre. Si faictes que en ce par vous n’ait deffaut et je vous en prie, et se vous voulez chose que je puisse faire, faites-le moi savoir et je le ferai voulentiers et de cuer. Nostre Sire vous gart. Escript à Paris le mardi au soir VIIIe jour d’avril (1354).

«J. d’Andesel, chambell. le roy.»

Sceau: un lion chargé d’une bande.

{a}Titres originaux du Cabinet généalogique.— {b}Du Cange au mot Stella.— {c}Hist. des gr. of. de la Cour. VI, 307-8.— {d}J. Reg. 86, 219.— {e}J. Reg. 90, 326.— {f}Trésor de dom Villevieille.— {g}Table des Mém. de la Ch. des comptes.— {h}Chr. de S. Denis, CXXXIV.— {i}J. 158, nos 25 et 26.— {j}Généalogie de Courtenay, in-fol. Pr. 366.— {k}Reg. du Parl., conseil et plaid. à la date citée.— {l}Duchesne, Montmorency, Pr. 379, 380.— {m}Arrêt du 21 juillet 1368, Jugés, XX, 337.

[253] Des ciseaux.

[254] Nager.

[255] Roman dont le premier auteur est l’Indien Sendabad, et qui fut successivement traduit dans presque toutes les langues. Notre auteur me paroît avoir ajouté au texte qu’il avoit lu bien des détails qui donnent des notions curieuses sur les usages de son temps. On peut s’en assurer en comparant ce passage du Ménagier à l’endroit correspondant d’une version françoise du même ouvrage écrite en vers au XIIIe siècle, et imprimée assez incorrectement à Tubingen, 1836, in-8º (V. p. 97). Cette édition est précédée d’une longue et savante dissertation sur le Roman des Sept Sages.

[256] Jeune arbre fruitier enté, greffé.

[257] Être, exister, stare, je laisserai cela.

[258] Aujourd’hui courte-pointes, couvre-pieds.

[259] Manteau doublé, ou peut-être aussi manteau parti, de draps de deux couleurs.—En juillet 1401 l’évêque de Paris réclamant comme clerc un prisonnier que le procureur du roi soutenoit être en habit laïque citoit à l’appui de son dire un arrêt qui avoit reconnu comme clerc un boulanger de Montmorency lequel étoit marié et avoit chaperon à cornette double de deux divers draps. (Plaid. criminelles du Parl.) Ces mots indiquent certainement deux couleurs différentes dans les draps du chaperon, mais il semble qu’ici (outre qu’il n’y a pas le mot divers), dans l’état où se trouvoit le seigneur rentrant mouillé de la chasse, il est plus naturel de croire qu’il s’agit d’un manteau doublé.

[260] Grande chaise à dossier.

[261] Coussin, carreau.

[262] Escabeau.

[263] Var. B. roe.

[264] Piétiner, remuer les pattes.

[265] Lessive.

[266] Peut-être faudroit-il bagues, effets, joyaux.

[267] Conseil.

[268] Grande salle à manger, et par extension grand festin, cour plénière.

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