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Le prétendant américain : $b roman

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CHAPITRE III

Mrs Sellers reprit part à la conversation et se mit à questionner Washington sur sa femme, le nombre de ses enfants, leur santé ; ce questionnaire aboutit à une revue de tous les faits qui s’étaient passés à Cherokee depuis quinze ans.

Au même instant, on appela le colonel au téléphone, et Hawkins profita de son absence pour demander à sa femme quel genre de vie avait mené le colonel pendant tout ce temps.

— Toujours la même existence ; avec sa nature, on ne pouvait espérer aucun changement ; il ne s’y serait pas prêté.

— Je le crois facilement !

— Oui ; voyez-vous, il reste immuable et vous avez retrouvé le « Mulberry Sellers » d’autrefois.

— C’est bien vrai.

— Toujours le même bon garçon, généreux, fantasque, plein de cœur et d’illusions ; les mécomptes ne le découragent pas, et on l’aime comme s’il était l’enfant chéri de la Fortune.

— C’est tout naturel ; il est si obligeant et si aimable ! on le sait si accueillant et toujours prêt à rendre service ; il ne vous inspire jamais cette gêne que l’on éprouve lorsqu’il s’agit de demander service à quelqu’un ; il a le don spécial de vous mettre à l’aise tout de suite.

— Son caractère n’a, en effet, pas varié d’un iota ; c’est d’autant plus étonnant qu’il a été horriblement maltraité par les gens qui s’étaient servis de lui comme d’un tremplin. On l’a boycotté le jour où l’on n’a plus eu besoin de ses services. Lorsqu’il s’est aperçu de ces mauvais procédés, son amour-propre en a souffert ; pendant un certain temps, j’ai cru que cette triste expérience lui servirait et qu’il profiterait de la leçon. Mais bast !… quinze jours après, il avait tout oublié et le premier aventurier venu pouvait capter sa confiance en l’attendrissant par ses prétendus malheurs ; Mulberry était prêt à l’aider.

— Votre patience doit être à une rude épreuve quelquefois ?

— Oh ! non ; j’y suis habituée, et je préfère encore le voir dans ces dispositions. Une autre femme que moi trouverait peut-être qu’il est pourri de défauts ; mais je vous avoue que pour ma part je l’aime tel qu’il est. Je suis bien obligée de le gronder, de le bouder, mais j’aurais sans doute à en faire autant s’il avait un autre caractère. Bref, j’aime presque mieux le voir manquer une affaire que réussir ce qu’il entreprend.

— Il réussit donc quelquefois ? demanda Hawkins avec un intérêt croissant.

— Lui ! mais comment donc ? Seulement lorsque la veine lui sourit, je suis deux fois plus inquiète, car l’argent file au premier qui lui en demande. Il remplit la maison d’infirmes, d’idiots et de pauvres hères de toutes sortes, qu’on ne veut nulle part, et lorsque l’argent vient à manquer de nouveau, je suis obligée de les mettre dehors, sous peine de mourir de faim. Naturellement, cette mesure cruelle nous désole autant l’un que l’autre. Tenez, je vous cite le vieux Daniel et Jinny, que le sheriff a dû expédier dans le Sud au moment de notre faillite avant la guerre ; la paix une fois conclue, ils sont revenus, usés par le travail des plantations, éreintés, absolument inaptes au travail, pour le temps qui leur reste à vivre ; à ce moment-là nous étions nous-mêmes dans une telle misère que nous mesurions notre pain pour ne pas en manger une miette de trop ; eh bien, il leur a ouvert la porte toute grande, comme s’ils étaient des envoyés du ciel attendus anxieusement.

« Mulberry, lui dis-je tout bas, nous ne devons pas les recueillir, nous ne pouvons les nourrir, puisque nous n’avons nous-mêmes pas de quoi manger. »

« Les renvoyer ? me répondit-il très froissé, lorsqu’ils viennent à moi pleins d’espoir ? Polly, vous n’y pensez pas. Autrefois j’ai pu à grand peine gagner leur confiance et recueillir leurs suffrages ; j’ai, ce jour-là, contracté envers eux une dette de reconnaissance qui engage mon honneur. Comment pourrais-je leur refuser ma gratitude, à ces pauvres hères si déshérités ici-bas ? » Que voulez-vous ? j’étais désarmée par ses paroles. Reprenant courage, je répondis tout bas : « Gardons-les, le Seigneur y pourvoira. » Il était si radieux que j’eus toutes les peines du monde à l’empêcher de commencer un discours « chauvin » comme il sait en faire. Or, ceci se passait voilà bien longtemps, et vous voyez que ces deux épaves de la société sont encore ici à nos crochets.

— Mais ils font le travail de la maison ?

— En voilà une idée ! Ils le feraient peut-être s’ils en étaient capables, et, sans aucun doute, ils s’imaginent nous rendre de grands services. Daniel reste à la porte ou fait quelques commissions ; de temps à autre, vous les verrez épousseter dans cette pièce ; mais c’est toujours lorsqu’ils veulent savoir ce qui se dit et se mêler à la conversation. Pendant le repas, ils rôdent autour de la table, toujours dans le même but. En réalité, nous sommes obligés de payer une négresse pour faire le ménage ; il nous en faut une autre pour soigner ces deux vieux invalides.

— Il me semble qu’ils doivent être bien heureux.

— Vous vous le figurez ? Ils se disputent tout le temps en parlant religion ; l’un croit à des divinités spéciales, l’autre se dit libre penseur ; après des flots d’injures, viennent les grandes réconciliations, pendant lesquelles ils bavardent sans discontinuer et chantent les louanges de Mulberry. Celui-ci écoute patiemment leurs sornettes, et je me suis habituée comme lui à les avoir autour de moi ; je m’arrange de tout, je ne demande rien de plus.

— Eh bien ! je lui souhaite un nouveau coup de la fortune.

— Dans ce cas, ce sera une nouvelle invasion d’infirmes et d’aveugles ; la maison deviendra une « cour des miracles ». Je le connais assez pour être sûre de ce que j’avance ; j’ai déjà vu terriblement de facéties de ce goût-là. Non ! je ne lui souhaite qu’un succès très médiocre dans tout ce qu’il entreprendra !

— Eh bien ! qu’il ait de grands ou de petits succès, espérons qu’il ne manquera jamais d’amis. D’ailleurs, c’est impossible, car tous ceux qui le connaissent…

— Lui, manquer d’amis ! et Mrs Sellers releva la tête avec orgueil. Mais, Washington, je ne connais pas un homme qui ne l’adore. Et je vous dirai même confidentiellement que j’ai eu toutes les peines du monde à empêcher qu’on ne le nomme quelque part. On savait, comme moi, que la vie de bureau ne lui convenait nullement, mais il ne sait jamais refuser. Non, voyez-vous Mulberry Sellers dans un bureau !! on viendrait des quatre coins du globe voir cette curiosité. Et après une pause pendant laquelle elle sembla méditer, elle reprit : Des amis ! Personne au monde n’en a eu plus que lui ! Grant, Sherman, Sheridan Longstreet, Johnston Lee… Que de fois sont-ils venus ici ! et se sont-ils assis sur cette chaise où vous…

Hawkins se leva comme mû par un ressort ; regardant le siège avec respect :

— Ils sont venus ici ? demanda-t-il.

— Oh ! oui, et bien souvent !

Il continuait à fixer cette chaise, fasciné, hypnotisé ; son imagination fébrile lui faisait voir mille fantômes aux formes les plus nébuleuses, et il ne pouvait s’arracher à ses rêveries extravagantes.

Mrs Sellers continua ses interminables bavardages.

— Oh ! c’est qu’ils aiment tous entendre sa voix, ajouta-t-elle, surtout lorsqu’ils sont dans la détresse ; lui est toujours plein d’entrain et de courage et sait leur remonter le moral ; ils prétendent qu’une visite faite ici vaut une cure de grand air. Que de fois a-t-il égayé le général Grant (Dieu sait pourtant que ce n’est pas une petite affaire) ! Quant à Shéridan, ses yeux s’illuminent, et lancent des éclairs lorsqu’il entend la voix de Mulberry. Ce qui fait le charme de mon mari, c’est sa grande bonhomie et sa largeur d’idées, il sait se mettre à la place de chacun ; c’est d’ailleurs ce qui le rend aussi populaire et influent. Si vous alliez à une réception de la Maison blanche, en même temps que Mulberry, vous vous demanderiez si c’est lui ou le Président qui reçoit.

— Oh ! il est certainement très remarquable, et il l’a toujours été. Est-il réellement religieux ?

— D’une religion très éclairée ; il n’abandonne la lecture des livres de théologie que pour s’occuper de la Russie et de la Sibérie ; les questions les plus complexes l’absorbent. Il ne faut pas en conclure cependant qu’il tombe dans la bigoterie.

— A quelle religion appartient-il ?

— Lui ?

Elle s’arrêta quelques instants, et après une courte pause, elle continua très simplement :

— Je crois que la semaine dernière, il était mahométan ou quelque chose de ce genre.

Washington se décida à aller en ville pour chercher sa malle, car les aimables Sellers lui firent comprendre qu’il ne pouvait loger ailleurs que chez eux. Lorsqu’il revint le colonel avait fini le petit jouet mécanique auquel il travaillait.

— Qu’est-ce donc, colonel ?

— Oh ! une bêtise ! c’est un petit jouet d’enfant.

— On dirait un casse-tête, dit Washington en l’examinant.

— C’en est un, en effet, et je l’ai baptisé les petits « cochons dans la prairie ». Essayez donc de découvrir le truc.

Au bout d’un moment, Washington y arriva à sa grande joie.

— C’est prodigieux, colonel, très ingénieusement inventé, bien intéressant ! Je m’amuserais à ce jeu pendant une journée entière ; qu’allez-vous faire de votre invention ?

— Prendre un brevet et n’y plus penser.

— Voyons ! ne faites pas cela ! Il y a une fortune à gagner avec ce jouet !

Le colonel le regarda d’un air de compassion :

— De l’argent ! Oh ! une bagatelle ! deux cent mille dollars peut-être, pas davantage !

Washington écarquilla les yeux :

— Deux cent mille dollars ! Vous appelez cela une bagatelle ?

Le colonel se leva, se promena de long en large, ferma la porte restée entr’ouverte et s’assit.

— Pouvez-vous garder un secret ? demanda-t-il.

Washington ébahi promit toute sa discrétion.

— Vous avez entendu parler de l’extériorisation dos esprits défunts ?

— Oui.

— Sans doute vous n’y croyez pas (au fond vous avez raison). Telle qu’elle est pratiquée par des charlatans ignorants, l’extériorisation est une chose idiote ; faites une demi-obscurité dans une pièce, réunissez quelques personnes impressionnables, prêtes à tout croire, à tout voir ; avec tant soit peu d’adresse et de charlatanisme, vous extériorisez facilement la personne de votre choix ; une grand’mère, un petit-fils, un beau-frère, la sorcière d’Endor, Pierre le Grand, n’importe qui ; tout cela est stupide et grotesque ; mais lorsqu’un savant s’appuie sur de puissantes découvertes scientifiques, le fait devient tout différent ; le spectre qu’il évoque vient à son appel, non pour disparaître, mais pour rester définitivement. Comprenez-vous l’importance de ce détail, sa valeur commerciale, si je puis m’exprimer ainsi ?

— Mon Dieu ? je… je ne saisis pas bien. Est-ce, selon vous, parce que cette évocation durable et non fugitive peut donner plus d’intérêt aux séances et attirer un plus grand nombre de spectateurs ?

— Appeler cela des séances, quelle folie ! Écoutez bien, et prêtez-moi une attention soutenue ; il le faut absolument. Dans trois jours, j’aurai fini mon étude, et le monde incrédule sera muet d’étonnement devant mes découvertes merveilleuses. Dans trois jours, dans dix jours au plus, vous me verrez évoquer les morts de tous les siècles passés ; à ma voix, tous se lèveront et marcheront ; bien plus, ils ne mourront plus, car ils auront retrouvé une vigueur immortelle.

— Colonel ! je suis médusé !

— Eh bien ! maintenant, avez-vous compris comment je tiens la fortune ?

— Mon Dieu !… je ne vois pas bien !

— Sapristi ! vous êtes bouché ! J’aurai, bien entendu, un monopole : je centraliserai tout ce qui touche à ma découverte. Or, il existe deux mille agents de police à New-York, coût : quatre dollars par tête et par jour. Je les remplace par mes morts, à moitié prix.

— C’est prodigieux ! je n’y aurais jamais pensé ! Quatre mille dollars par jour ! Ah ! je commence à comprendre ! Mais les morts vous rendront-ils les mêmes services que des agents de police vivants ?

— Ne vous préoccupez pas de ce détail.

— Oh ! si vous appelez cela un détail !…

— Arrangez, combinez la chose comme vous voudrez ; mes personnages seront bien supérieurs à ce que vous imaginerez. Ils ne boiront ni ne mangeront, ceci est un avantage énorme. Ils ne seront ni joueurs, ni coureurs. Vous ne les verrez donc jamais faire la cour aux petites bonnes de quartier ; de plus, les bandes d’Apaches qui les guettent la nuit pour leur faire un mauvais parti en seront pour leur peine ; leurs balles et leurs couteaux se perdront dans des uniformes sans corps. Ils seront bien attrapés.

— Mais, colonel, si vous pouvez fournir de tels agents de police, alors…

— Certainement, je fournirai tout ce qu’on voudra. Prenez l’armée par exemple ; c’est-à-dire vingt-cinq mille hommes. Coût : vingt-deux millions par an. Je ressusciterai les Grecs et les Romains, et pour dix millions je fournirai au pays dix mille vétérans de l’antiquité, des soldats qui chasseront les Indiens sans repos ni trêve, montés sur des chevaux extériorisés eux-mêmes, et dont la nourriture ne coûtera rien.

Les armées européennes coûtent deux milliards annuellement, pour un milliard je les renouvellerai toutes. Je sortirai de terre les vieux hommes d’État de tous les âges et de tous les pays, je doterai le mien d’un Congrès éclairé, chose inconnue depuis la proclamation de l’Indépendance et qui ne pourrait se trouver parmi les vivants. Je sortirai des tombeaux royaux les cerveaux les mieux équilibrés pour les replacer sur les trônes d’Europe ; puis je partagerai équitablement les listes civiles et les appointements des fonctionnaires en m’en réservant la moitié.

— Colonel, si la moitié de vos projets se réalise, il y a des millions à gagner…

— Vous voulez dire des milliards ; mon Dieu ! la chose me paraît sûre et si infaillible que si un homme tant soit peu gêné venait me dire : Mon colonel, je suis un peu à court en ce moment ne pourriez-vous me prêter un million ?… Entrez !

On frappait à la porte. Un homme à l’aspect dur entra avec un gros portefeuille sous le bras ; il en sortit un papier qu’il présenta au colonel en lui disant sèchement :

— Pour la dix-septième et dernière fois, voulez-vous me remettre les trois dollars et quarante cents que vous devez, colonel Mulberry Sellers ?

Le colonel se mit à tâter ses poches, en grognant :

— Qu’ai-je fait de mon argent ? Voyons ! pas ici, ni là ; oh ! j’ai dû le laisser à la cuisine, j’y cours…

— Non, vous n’irez pas, vous resterez ici jusqu’à ce que vous ayez craché l’argent ; cette fois, je ne vous quitte plus.

Washington s’offrit, sans la moindre arrière-pensée, à aller chercher l’argent ; en son absence, le colonel fit cet aveu :

— La vérité est que, encore une fois, il me faut recourir à votre bienveillance, Suggs ; vous voyez tous les chèques que je dois toucher.

— Au diable vos chèques ! En voilà assez ! ça ne prend plus ! Finissons-en.

Le colonel regarda autour de lui avec désespoir, puis son visage s’illumina ; il se dirigea vers le mur, épousseta avec son mouchoir le plus horrible de tous les chromos, et l’apporta au percepteur en lui disant :

— Prenez-le, mais que je ne vous voie pas l’emporter. C’est le seul Rembrandt qui…

— Au diable votre Rembrandt ! Vous me donnez là un infect chromo.

— Oh ! Quel sacrilège ! C’est le seul original, le vestige unique d’une grande école qui…

— Parlez-en ! c’est une horreur !!

Le colonel lui apporta un second chromo du même genre en l’époussetant amoureusement.

— Prenez celui-ci aussi ; c’est le joyau le plus précieux de ma collection, le seul véritable Fra Angelico qui…

— Espèce de fou, vieux carottier ! donnez toujours votre infect chromo ! on croira que j’ai dévalisé une boutique de nègre !

Et pendant qu’il tapait la porte en s’en allant, le colonel lui cria avec angoisse :

— Oh ! enveloppez-les bien ! ne les exposez pas à l’humidité !

Mais l’homme avait disparu.

Washington revint et déclara que Mrs Sellers, les domestiques et lui-même avaient vainement cherché l’argent ; il ajouta que s’il avait pu mettre la main sur un certain individu, il n’aurait pas besoin en ce moment de retourner ses poches pour trouver de l’argent. Le colonel dressa l’oreille :

— De quel individu parlez-vous ? demanda-t-il.

— De ce type que là-bas, à Cherokee, on appelle Pete le manchot. Il a volé la banque de Tahlequah…

— Ils ont donc des banques dans ce pays ?

— Mais oui, pourquoi pas ? On l’accuse d’avoir fait le coup. L’auteur de ce vol a pris au moins vingt mille dollars ; on a offert une prime de cinq mille dollars à quiconque le signalerait et je crois l’avoir rencontré en personne dans mon voyage.

— Non vraiment ?

— Comme je vous le dis ; j’ai vu cet homme dans le train, le jour de mon départ ; son costume répondait au signalement, et il lui manquait un bras.

— Pourquoi ne l’avez-vous pas fait arrêter et n’avez-vous pas réclamé la prime promise ?

— Je ne le pouvais pas ; il me fallait un mandat d’arrestation ; mais je comptais le faire pincer à la première occasion.

— Eh bien ?

— Mon Dieu ! il a quitté le train pendant la nuit.

— Ah ! diable ! c’est embêtant ça.

— Pas si embêtant, je vous assure.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il est arrivé à Baltimore par le même train que moi, sans que je m’en sois aperçu. En sortant de la gare, je l’ai vu se diriger vers la grille avec un petit sac à la main.

— Parfait, nous le tenons ; organisons nos batteries pour le prendre.

— Il faut envoyer son signalement à la police de Baltimore ?

— En voilà une idée ! Jamais de la vie ! Voulez-vous que la police touche la prime à votre place ?

— Que faire alors ?

Le colonel réfléchit.

— J’ai une idée. Faites tout bonnement insérer un entrefilet dans le Sun de Baltimore, un simple avis ainsi conçu, par exemple :

A. J’attends un mot de vous, Pete (Voyons ! quel bras a-t-il perdu ?)

— Le droit.

— Très bien. Alors : « A. Un mot de vous, Pete, même s’il vous faut l’écrire de la main gauche. Adressez-le X. Y. Z. poste restante Washington — de Vous savez qui. » Le message l’intriguera beaucoup.

— J’admets ; mais il ne saura pas qui lui écrit ?

— Soit, mais il voudra le savoir.

— C’est vrai ; je n’y avais pas pensé ; comment avez-vous pu avoir cette idée ?

— Elle me vient de la connaissance approfondie de la curiosité humaine.

— Entendu ! j’écris dans ce sens au Sun, et je joins à ma lettre un dollar pour qu’on imprime mon entrefilet en gros caractère.

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