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Les femmes au gouvernail

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VIII
Les intérêts de la France mis en péril par les hommes

«Les Français et les Françaises se complètent parce qu’ils ont chacun des qualités propres, que la nation a le plus grand intérêt à utiliser.»

Hubertine Auclert.

Parce que la femme, économe de la famille, n’a pas le droit d’être l’économe de la cité et de l’Etat, les dépenses publiques s’accroissent extraordinairement. Les députés, pour être élus, ne refusent jamais de voter les dépenses favorables à leur circonscription afin d’assurer leur réélection, en sorte que le déficit s’accroît et rend de plus en plus difficile la tâche de boucler le budget.

Les hommes ménagers de la nation ne peuvent faire s’équilibrer les recettes et les dépenses et sont incapables d’administrer nos affaires sans nous grever d’emprunts et sans nous frapper d’impôts. Qu’ils passent donc la main aux femmes qui ont coutume de proportionner leurs dépenses à leur avoir, et qui, en supprimant le gaspillage, nous préserveraient des emprunts et des impôts nouveaux.

On multiplie les fonctionnaires inutiles, nuisibles, dont la présence complique les rouages administratifs et hérisse de difficultés nos actes les plus simples.

Puisque les hommes ne peuvent y parvenir, les femmes doivent à leur tour essayer d’enrayer le désordre et le gaspillage qui engloutissent les fonds publics.

Le vote des femmes serait pour l’électeur, le fruit de l’arbre de la science politique. Il ferait le mandant apte à être mandataire.

Les femmes prévoyantes et économes, tenues hors la loi, ne sont ni électeurs ni éligibles, alors que des hommes incapables, ne sachant faire leurs propres affaires, qui sont pourvus d’un conseil judiciaire, étant électeurs et éligibles, sont chargés de gérer la fortune publique. A ces interdits redevenus mineurs qui ne peuvent disposer de leurs biens, on laisse le pouvoir de disposer des biens de la France. Interdits ou non, les gouvernants qui dilapident les caisses publiques sont traités en irresponsables.


Les intérêts de la France sont mis en péril par les hommes. On démembre la France sans l’assentiment des femmes:

M. Caillaux a donné le Congo à l’Allemagne, M. Delcassé a donné une partie du Maroc à l’Espagne.

Comment le gouvernement de la France a-t-il pu sanctionner ces dons de ce qui nous appartient, faits par deux hommes momentanément ministres? La Chambre et le Sénat qui discutent des mois pour voter une dépense, ont sanctionné sans discussion notre dépouillement.

Croit-on que les femmes laisseraient se passer ces énormités si elles avaient leur part de pouvoir?

Dans ce pays où le moteur de tout est la politique, la femme est par le fait d’en être exclue défrancisée, puisqu’elle ne peut s’immiscer en rien à ce qui se fait en France, ni avoir sa part d’avantages sociaux. Les femmes se désintéressant de la politique, les affaires du pays vont à vau l’eau.

L’intégrité territoriale, rien moins qu’assurée par l’administration, exclusivement masculine:

On a aliéné, secrètement, sans profit, une partie du Maroc qui allait nous appartenir, et tout le monde, au ministère des Affaires Etrangères ignorait ce qui s’était passé, et la Chambre ne s’occupa pas de ce qui avait été fait.

La Diplomatie Française et le ministère Caillaux laissèrent ignorer à l’Allemagne le traité Delcassé de 1904 qui attribuait à l’Espagne une partie du Maroc, de sorte que l’accord Franco-Allemand fait s’étendre le protectorat de la France sur tout le Maroc.

Les gouvernants français traitant avec l’Allemagne pour tout le Maroc (alors qu’il en avait été concédé une partie) c’était lui faire exiger de la France une plus grande compensation.

Les hommes inconscients, qui ne savent ce qu’ils font, nous ont fait donner le Congo à l’Allemagne pour doter l’Espagne de la meilleure partie du Maroc et pour assurer l’internationalisation de Tanger.

De même qu’on fait la loi sans les femmes, on démembre la France sans l’assentiment des femmes. Et les femmes doivent payer les fautes faites par les hommes.

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