Les trente-six situations dramatiques
XXIe SITUATION
Se sacrifier aux Proches
(Le Héros — le Proche — le « Créancier » ou la Partie sacrifiée)
A 1 — Sacrifier sa vie à celle d’un parent ou d’un aimé : — Les Alcestes de Sophocle, d’Euripide, de Buchanan, de Hardy, de Racine (projet), de Quinault, de Lagrange-Chancel, de Boissy, de Coypel, de Sainte-Foix, de Dorat, de Glück, d’H. Lucas, de Vauzelles, etc.
2 — Sacrifier sa vie au bonheur d’un parent ou d’un aimé : — L’Ancien de Richepin (1889) ; deux œuvres symétriques : Smilis (Aicard, 1884 ; le mari se sacrifie), et le Divorce de Sarah Moore (MM. Rozier, Paton et (dit-on) A. Dumas fils, 1885 ; la femme se sacrifie). Ex. roman. analogues à ces deux drames : les Grandes Espérances de Dickens, la Joie de Vivre de Zola. Ex. banal : le travail d’un ouvrier verrier ou miroitier.
B 1 — Sacrifier son ambition au bonheur d’un parent : — Les Frères Zemganno (Edm. de Goncourt, 1890) ; cela aboutit par conséquent à un dénouement inverse de celui de l’Œuvre.
2 — Sacrifier son ambition à la vie d’un parent : — Mme de Maintenon (Coppée, 1881).
C — Sacrifier son amour à la vie d’un parent : — Diane d’Augier, Martyre (M. Dennery, 1886).
D 1 — Sacrifier son honneur et sa vie à la vie d’un parent ou d’un aimé : — Le Petit Jacques. — Cas où l’aimé est coupable : la Charbonnière (M. Crémieux (1884), le Frère d’armes (M. Garaud, 1887), le Chien de garde (Richepin, 1889). — Même sacrifice, fait, cette fois à l’honneur d’un être aimé : Pierre Vaux (M. Jonathan, 1882).
2 — Sacrifier sa pudeur à la vie d’un proche ou d’un aimé (avec A 1, le cas le plus net et le plus beau) : — Mesure pour Mesure de Shakespeare, Andromaque d’Euripide et de Racine, Pertharite de Corneille ; la Tosca (M. Sardou, 1889). Ex. romanesque du dernier genre : le Huron de Voltaire. Ex. historique : en septembre 1793, Mlle de Sombreuil (sacrifice de la pudeur remplacé par celui d’une répugnance).