Une bibliothèque: L'art d'acheter les livres, de les classer, de les conserver et de s'en servir
NOTES
[1] G. Mouravit, le Livre, p. 370.
[2] Le Gallois, auteur d'un Traité des plus belles bibliothèques de l'Europe (Paris, Michallet, 1680).
[3] Rien ne réussit mieux en France que ce qui n'est pas français: on l'a dit souvent et depuis longtemps: «Les François ont toujours eu cela de bon (entre autres mauvaises graces) de prester plus voulentiers audience et faveur aux estrangers qu'aux leurs propres». (Bonaventure des Periers, Nouvelles Récréations, Nouv. 88, p. 222. Paris, Delahays, 1858.)
[4] «France must be regarded as the real mother of bibliography… The labours of French bibliographers, especially after Naudé, converted a study, more or less desultory, into a science and a systematic pursuit.» (E. F. Taylor, Encyclop. britannica, art. Bibliography, t. III, p. 651, col. 2.) «La France doit être considérée comme la vraie mère de la bibliographie… Les travaux des bibliographes français, surtout après Naudé, ont converti une étude plus ou moins décousue en une science et un travail systématiques.»—Cf. aussi Constantin, Bibliothéconomie, p. 6.—«Paris is much better provided than London or any other city in the world with great public libraries.» (H. R. Tedder et E. C. Thomas, Encyclop. britannica, art. Libraries [Bibliothèques], t. XIV, p. 525, col. 2.) «Paris est bien mieux pourvu que Londres ou que toute autre ville du monde en grandes bibliothèques publiques.»—Et, de l'aveu des Allemands eux-mêmes, parmi tous les systèmes de classification qu'on possède, le moins imparfait est encore le nôtre, celui de Brunet.
[5] Gabriel Naudé, Advis pour dresser une bibliothèque, p. xv.
[6] Selon les Règles typographiques de la librairie Hachette (pp. 1, 22 et 50), nous écrivons «Chapitre I», comme on écrit «Chapitre II, III, IV,» etc., et non «Chapitre premier», forme employée par la plupart des imprimeurs. Autant que possible, nous suivrons d'ailleurs, dans le cours du présent livre, la marche (c'est-à-dire l'ensemble des règles typographiques) de la librairie Hachette, qui est aussi la marche adoptée par l'imprimerie Lahure. Quantité de ces règles sont non seulement très minutieuses, mais aussi très variables et sujettes à caution et à discussions. Sans parler de la ponctuation, l'emploi des lettres majuscules et des caractères italiques donne lieu notamment à des incertitudes et des tâtonnements continuels. Écrira-t-on: Ministère de l'Intérieur, ou Ministère de l'intérieur, ou ministère de l'Intérieur, ou ministère de l'intérieur? Bibliothèque Nationale, ou Bibliothèque nationale, ou bibliothèque nationale? L'architecture du Moyen Age, ou du moyen âge? De même, à quels mots mettra-t-on des majuscules dans: le Traité des études de Rollin, la Nouvelle Héloïse de Rousseau, les Précieuses ridicules de Molière, De l'esprit des lois de Montesquieu? Les titres des livres, journaux, etc., devant toujours être composés en italique (caractères penchés) lorsque le texte est en romain (caractères droits, analogues à ceux-ci), nous avons le choix entre: Je lis le Temps, Je lis le Temps, et Je lis Le Temps. Cette dernière marche, très justifiable, puisqu'elle reproduit le titre exact du journal, est suivie par de bonnes imprimeries et d'excellentes publications, comme la Revue universelle, que dirige avec tant de compétence et de goût M. Georges Moreau. La seconde marche: Je lis le Temps, conserve l'italique au titre entier, mais met une minuscule à l'article, ce titre se trouvant compris dans le texte, et la majuscule à l'article n'étant de règle qu'au début de la phrase. C'est la marche que nous adoptons, tout en reconnaissant que la précédente est tout aussi défendable et satisfaisante. Quant à la première: Je lis le Temps, elle a encore des partisans; ils considèrent ici l'article, non comme appartenant au titre du journal, mais «comme partie intégrante de la phrase, et il est évident alors qu'il faut l'exprimer comme elle, c'est-à-dire en romain,» selon le conseil de Daupeley-Gouverneur, dans son manuel le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 119. Au début d'un ouvrage concernant «le Livre», ces courtes observations typographiques ne paraîtront sans doute pas inopportunes. (Outre les deux sources citées ci-dessus, voir sur ces questions: Auguste Tassis, Guide du correcteur, passim;—Émile Leclerc, Typographie (Manuels Roret), chap. V, pp. 111-198;—E. Desormes, Notions de typographie à l'usage des écoles professionnelles: Lecture des épreuves, pp. 280-321;—etc.)
[7] Osymandias. Cf. Diodore de Sicile, Biblioth. histor., I, 49; et Bossuet, Discours sur l'hist. univers., III, 3. Dans le texte de Diodore, il y a simplement ἰατρεῖον, officine médicinale.
[8] Et combien de livres sont «journaux» en ce point! Mais ici la rapidité et la négligence ne sont pas essentielles à l'œuvre, elles ne proviennent que du fait de l'auteur; tandis que le journal, pressé par l'actualité, aiguillonné par la concurrence, est tenu de se hâter avant tout.
[9] Théophile Gautier, Mademoiselle de Maupin, préface, p. 34. (Paris, Charpentier, 1866.)
[10] «Aimer à lire, c'est faire un échange des heures d'ennui que l'on doit avoir en sa vie contre des heures délicieuses.» (Montesquieu, Pensées diverses, Variétés.—Œuv. compl., t. II, p. 431. Paris, Hachette, 1866. 3 vol. in-18.)
[11] Le mot est de Gilles Ménage. Cf. Octave Uzanne, Du prêt des livres, in Miscellanées bibliogr., t. I. p. 35.
[12] Cf. Bollioud-Mermet, Essai sur la lecture et De la bibliomanie;—Gabriel Peignot, Œuv., passim, et notamment Manuel du biblioph., Discours prélimin.;—Jules Janin, l'Amour des livres (plaq. de 61 pp.) et le Livre;—Jean Darche, Essai sur la lecture;—Mouravit, le Livre;—B.-H. Gausseron, Bouquiniana, notes et notules d'un bibliologue, ouvrage destiné à «tous les amants du livre, curieux des opinions et des impressions de ceux qui l'ont aimé avant eux» (p. 6), où l'auteur a réuni, comme nous allons le faire, un grand nombre de maximes et pensées sur les livres et la lecture. M. Gausseron a glané de préférence parmi les écrivains anglais.—Etc., etc.
[13] «Hæc studia adolescentiam alunt, senectutem oblectant, secundas res ornant, adversis perfugium ac solatium præbent, delectant domi, non impediunt foris, pernoctant nobiscum, peregrinantur, rusticantur.» (Cicéron, Pro Archia, VII.) C'est encore Cicéron qui a dit (Ad Famil. [Varroni], IX, 4): «Si hortum in bibliotheca habes, deerit nihil.» M. Octave Uzanne (Nos amis les livres, p. 268) a délicatement commenté cette sentence: «Seigneur, s'écriait un ancien, accordez-moi une maison pleine de livres, un jardin plein de fleurs!» Il semble que dans cette prière soit contenue toute la quintessence de la sagesse humaine: les fleurs et les livres masquent les tristesses de cette vie, et nous font aller en souriant, l'œil égayé, l'esprit bienheuré, jusqu'au jour de la grande échéance définitive, au vrai quart d'heure de Rabelais.»
[14] Sénèque, Lettres à Lucilius, 82.—Pour abréger, je m'abstiens de citer le texte original, mais en maintenant l'indication de la source, qui permet de s'y référer sans difficulté.
[15] Id., De la tranquillité de l'âme, III. Cf. aussi De la brièveté de la vie, XIV et XV, etc.
[16] Lettres, I, 13.
[17] Pline le Jeune, Lettres, III, 5.
[18] Montaigne, Essais, II, 2; t. II, p. 109. (Paris, Charpentier, 1862.)
[19] Plutarque, Vie de Coriolan. Voir aussi les Œuv. morales, pass.
[20] § XVII.
[21] Histoire ecclésiastique des Francs, préface.
[22] Le mot bibliothèque (de βιβλίον, livre, et θήκη, lieu de dépôt) s'emploie dans quatre acceptions différentes. Il signifie: 1o un édifice ou une salle servant à contenir une collection de livres: la bibliothèque Sainte-Geneviève; cet écrivain vit enfermé dans sa bibliothèque; 2o les tablettes ou le meuble garni de tablettes sur lesquelles les livres sont rangés: une bibliothèque en chêne; 3o une collection de livres: posséder une nombreuse bibliothèque; 4o une série d'ouvrages ayant un caractère commun: la Bibliothèque bleue, la Bibliothèque des voyages. Au lieu de bibliothèque, on disait autrefois librairie: la librairie du roi Charles V. (Littré et Hatzfeld, Dictionn.)
[23] Cf. Lalanne, Curiosités bibliogr., pp. 29 et suiv., 150 et suiv., 186 et pass.; Lecoy de la Marche, les Manuscrits et la Miniature, p. 90; etc.—Lalanne ajoute (p. 32) que, dans beaucoup de couvents, cette règle de la copie des manuscrits «n'était guère mieux observée que les vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance».
[24] Vers 39.
[25] M. Hippolyte Cocheris en a donné une excellente édition avec traduction. (Paris, Aubry, 1856. In-16.)
[26] Lalanne, loc. cit., p. 186.
[27] Philobiblion, chap. I, pp. 16-17.
[28] Loc. cit., chap. III, p. 28.
[30] Lalanne, loc. cit., pp. 226-227.
[31] Voir Peignot, Manuel du biblioph., t. I, pp. XXXI et suiv.; Lalanne, loc. cit., pp. 191 et suiv.
[32] Poésies pour Hélène, X, Élégie. (Œuv. chois., p. 64. Paris, Garnier, 1841. In-18.)
[33] Montaigne, Essais, III, 3; t. III, pp. 360-367. (Paris, Charpentier, 1862.)
[34] Ibid., pp. 365-366.
[35] Cf. Voltaire, Siècle de Louis XIV, chap. XXVI. (Œuv. compl., t. II, p. 446. Paris, édit. du Siècle, 1867-1870. 8 vol. in-4.)
[36] Gui Patin, Lettres choisies, lettre VIII, p. 27. (Paris, Jean Petit, 1688.) Littérairement, Gui Patin devrait se placer avant l'avènement de Louis XIV. «Gui Patin se croyait sorti du XVIe siècle, et il ne l'était qu'à demi,» dit fort bien Sainte-Beuve. (Caus. du lundi, 3e édit., t. VIII, p. 97.)
[37] Lettre du 14 décembre 1689. (Lettres de Mme de Sévigné, t. VI, p. 58. Paris, Didot, 1867. 6 vol. in-18.)
[38] Lettre du 15 juin 1689.
[39] Lettre du 17 juillet 1689.
[40] Lettre du 23 septembre 1671.
[41] Lettre du 15 janvier 1690.
[42] Lettre du 16 novembre 1689.
[43] Les Aventures de Pyrrhus. (Œuv. compl., t. IX, p. 463. Paris, Garnier, 1876. 20 vol. in-8.)
[44] Liv. II, p. 28. (Paris, Dezobry, s. d.)
[45] Pensées diverses, Portrait. (Œuv. compl., t. II, pp. 419-420. Paris, Hachette, 1866. 3 vol. in-18.)
[46] Montesquieu, Discours sur les motifs qui doivent nous encourager aux sciences. (Œuv. compl., t. II, p. 402.)
[47] Pensées diverses, Portrait. (Œuv. compl., t. II, p. 424.)
[48] Cf. Sainte-Beuve, Caus. du lundi, t. III, p. 411.
[49] Réflexions et Maximes, p. 276. (Paris, Didot, 1858. In-18.)
[50] Lettre de décembre 1744. (Œuv. compl., t. VII, p. 651. Paris, édit. du Siècle, 1867-1870.)
[51] Lettre au cardinal de Bernis, 18 janvier 1764.
[52] Dictionn. philos., art. Livres.
[53] L'Homme aux quarante écus, chap. X.
[54] Dialogue XXIV. (Œuv. chois., t. I, p. 184. Paris, Biblioth. nation., 1866, 3 vol. in-16.) Cf. la réponse de l'oracle à Zénon le Stoïcien sur le meilleur genre de vie et la règle capitale de conduite à adopter: «Converse avec les morts» (avec les livres).
[55] Paul et Virginie, pp. 93-94. (Paris, Didot, 1859, In-18.)
[56] Ap. Lubbock, le Bonheur de vivre, trad., p. 54. (Paris, Alcan, 1891.)
[57] Walter Scott, notice sur Le Sage, ap. Sainte-Beuve, Caus. du lundi, t. dernier (sans numéro), table, p. 28.
[58] Vic. de Wakef., trad. Fournier, chap. XX, p. 144. (Paris, M. Lévy, 1869.) Et, un siècle avant Goldsmith et Gray, Milton disait, «en un latin superbe» (B.-H. Gausseron, loc. cit., p. 46):
Et totum rapiunt me, mea vita, libri.
[59] Cf. Sainte-Beuve, Caus. du lundi, t. VIII, p. 436.
[60] Comme écrivain, P.-L. Courier (1772-1825) appartient bien au XIXe siècle, mais la lettre d'où est extrait cet éloge des livres et de la «relecture» est datée du 10 septembre 1793. Voir P.-L. Courier, Œuv., p. 425. (Paris, Didot, 1865. In-18.)
[61] Pensées, CCXI, t. II, p. 146. (Paris, Didier, 1861. 2 vol. in-8.)
[62] Ibid., CCVIII, t. II, p. 145. Cf. aussi pp. 133, 136 et pass.
[63] Soirées de Saint-Pétersbourg, t. I, p. 11. (Lyon, Pélagaud, 1870, 10e édit.)
[64] Dans le chap. VI, De l'achat des livres, nous examinerons cette question: De la quantité de volumes que doit posséder une bibliothèque particulière.
[65] Courrier de la librairie, mai 1858. Cf. aussi l'Amour des livres, du même écrivain, pp. 35 et 59: «O mes livres! mon juste orgueil! ma fête suprême! Oraison funèbre qui ne saurait périr!» Etc. C'est dans ce petit livre que je trouve (p. 54) l'anecdote suivante: «M. le chancelier Séguier causait avec le roi [Louis XIV] dans sa chambre. On parlait de la vénalité des juges. «Monsieur le chancelier, disait le roi, à quel prix vendriez-vous la justice?—Oh! Sire, à aucun prix!… Pour un beau livre, je ne dis pas!»
[66] De l'éducation qu'on se donne à soi-même, in Revue des Cours littér., t. III, 24 mars 1866, pp. 281-288. Voir aussi d'Éd. Laboulaye une conférence sur les Bibliothèques populaires, loc. cit., 30 décembre 1865, pp. 83-88; et in Revue des Deux Mondes, 1er septembre 1859, pp. 212-224, un très intéressant article sur la Manie des livres, à propos d'un catalogue (le catalogue de la bibliothèque du trop fameux «collectionneur» G. Libri).
[67] Poésies, t. I, préface, p. 7. (Paris, Lemerre, 1890.) Cf. Ponsard, l'Honneur et l'Argent, III, VI:
L'art, ce consolateur des misères humaines!
[68] Remarquons en passant que Sainte-Beuve a soin d'écrire Lettres (dans le sens de connaissances que procure l'étude des livres) avec une majuscule: homme de Lettres, gens de Lettres, la république des Lettres, les Belles-Lettres, etc. (Cf. Caus. du lundi, 3e édit., t. VI, pp. 463 et 474; t. VIII, p. 112; etc., etc.)
[69] Caus. du lundi, t. XV, p. 362.
[70] Tome III, pp. 54-55.
[71] Ils font partie de l'Épître à Horace (1772). (Voltaire, Œuv. compl., t. VI, p. 575. Paris, édit. du Siècle, 1867-1870.)
[72] Page 410. (Paris, Lemerre, 1889.)
[73] Grammaire des arts décoratifs, p. 336. (Paris, Laurens, s. d.)
[74] Cette même sentence se rencontre sous la plume d'un autre historien, critique et polygraphe, M. Jules Claretie, et avec les légitimes restrictions suivantes: «Dis-moi ce que tu lis, et je te dirai qui tu es. L'axiome peut être vrai pour un particulier qui choisit selon ses goûts, pour un amateur qui se compose une bibliothèque comme on composerait un bouquet… mais la vérité n'est plus stricte lorsqu'il s'agit d'un homme de lettres, tenu à tout garder, après avoir tout lu.» (Causerie sur ma bibliothèque, in Annales littéraires des bibliophiles contemporains, 1890, p. 5.) C'est dans la même Causerie (p. 21) que se trouve cette très belle profession de foi, que je me reprocherais de passer sous silence: «J'aime les Lettres, je les aime uniquement, profondément, passionnément, et je les aime par-dessus tout. Je les aime sous toutes leurs formes, avec toutes leurs luttes, toutes leurs rancœurs, tous leurs déboires. Elles consolent même des tristesses qu'elles font naître, comme cette lance d'Achille qui guérissait les blessures qu'elle pouvait faire. «La littérature mène à tout, disait Villemain, à la condition qu'on en sorte.» Quel paradoxe! La littérature peut ne mener à rien, mais elle rendra heureux jusqu'à la fin celui qui l'adore, à la condition qu'il n'en sorte jamais.»
[75] Ou le marquis d'Argenson? Dans ses Mémoires (t. V, p. 255.—Paris, P. Jannet, 1857-1858), il s'attribue la même proposition de la même plaisante devise: Multi vocati, pauci lecti.
[76] Ap. Mouravit, le Livre, pp. 170-172.
[77] L'Art de former une biblioth., pp. 152-153.
[78] Paris, Aug. Aubry, s. d.—Lorenz (Catalogue général, t. VI, p. 309) donne 1870 comme date de publication, et ajoute que ce livre n'a été tiré qu'à 200 exemplaires. C'est ce qui en explique le peu de diffusion et la rareté.
[79] Pages 3-4.
[80] Loc. cit., pp. 403-404.
[81] Ibid., pp. 341-342.
[82] Ibid., p. 362.
[84] Bulletin du bibliophile, 17e sér., p. 323.
[85] Ibid., pp. 356-357.
[86] Parmi les écrivains modernes qui ont le mieux célébré le livre et l'amour de la lecture, il nous faudrait citer encore: Goethe, Entretiens avec Eckermann;—Alexandre Vinet, Études sur la littérature française, etc., et X. Doudan, Mélanges et Lettres, etc. (deux noms peu connus, mais chers à tous les amis des Lettres);—Charles Asselineau, dont l'opuscule le Paradis des Gens de Lettres contient un vrai chant de triomphe du livre;—Ernest Legouvé, l'Art de la lecture et la Lecture en action;—Mgr Landriot, Conférences sur l'étude des Belles-Lettres, etc.;—Antony Méray, les Diverses Façons d'aimer les livres (in Annuaire du bibliophile, 1861, pp. 142-157);—François Fertiault, les Amoureux du livre, sonnets d'un bibliophile; les Légendes du livre (autre recueil de sonnets); Drames et Cancans du livre, anecdotes bibliographiques, dont le meilleur chapitre est intitulé: Comment j'aime mes livres;—Gabriel Hanotaux, la Seine et les Quais, promenades d'un bibliophile;—Albert Collignon, la Vie littéraire, notes et réflexions d'un lecteur;—etc.
[87] Et tant de fois altérée et faussée, car cette admirable page a eu le sort des Provinciales et des Pensées de Pascal, «qu'on tronque toujours quand on le cite», selon la piquante réflexion de M. Ferdinand Brunetière (Histoire et Littérature, t. I, p. 314). Comme exemples de ces inexactitudes et déformations, cf. Fontaine de Resbecq, Voyage litt. sur les quais de la Seine, p. 134;—Rouveyre, Connaissances nécessaires à un biblioph., 3e édit., t. II, pp. 163-164;—etc. Le pieux Jean Darche a fait mieux: il s'est approprié le texte, l'a démarqué et rebaptisé, puis l'a terminé en sermon: «Mais, ô mon Dieu! rien n'est stable en ce monde! et ce sera bien ma faute si… Amen!» (Essai sur la lecture, pp. 374-375.)—Cet article de Silvestre de Sacy a paru dans le Journal des Débats du 25 octobre 1853, et il fait partie des Variétés littéraires, morales et historiques de cet écrivain (Paris, Didier-Perrin, 1884; 2 vol. in-12; 5e édit.: la 1re édit. est de 1858), t. I, pp. 242-255. «L'article mémorable… chef-d'œuvre de M. de Sacy, a été celui du mardi 25 octobre 1853, sur le Catalogue de la bibliothèque de feu J.-J. de Bure.» (Sainte-Beuve, Caus. du lundi, t. XIV, p. 191.)
[88] Cf. le mot du sage Valincour (1653-1730), à qui Boileau a dédié sa satire XI, sur l'Honneur. Ayant perdu sa bibliothèque, détruite par un incendie, Trousset de Valincour répondait à ses amis qui le plaignaient: «Je n'aurais guère profité de mes livres, si je n'avais appris d'eux à m'en passer». (Cf. Charles Nodier, Mélanges tirés d'une petite bibliothèque, Préface, p. III; et Sainte-Beuve, Caus. du Lundi, t. XII, p. 465.)
[89] Chevillier, Origine de l'imprimerie de Paris, p. 60.
[90] Loc. cit., pp. 158-159.
[91] Mouravit, loc. cit., pp. 162-163.
[92] Dans son récit la Nouvelle Ecbatane, in Bagatelles, par le Comité de la Société des Gens de Lettres, p. 302. (Paris, Dentu, 1892.)
[93] Cf. les journaux de février 1896, principalement l'Événement du 19, et l'Éclair du 23 février. Cf. aussi la Revue scientifique du 4 février 1899, pp. 153-154, les Papiers dangereux et leur désinfection. Voici un extrait de ce dernier article: «Le Bulletin mensuel de l'Œuvre des enfants tuberculeux nous apprend que la Caisse d'épargne de Bruxelles vient d'installer un service pour la désinfection des livrets et autres papiers qui affluent dans l'établissement. Tous les documents sont exposés maintenant pendant quelques heures aux vapeurs de l'aldéhyde formique… Mais il est un danger de contamination beaucoup plus grand encore, et dont le public ne semble pas s'émouvoir: c'est celui que présentent les livres des bibliothèques publiques ou des cabinets de lecture. Tel roman populaire, tel bouquin à succès passe par mille ou quinze cents paires de mains, avant d'être absolument trop crasseux ou trop fripé pour être hors d'usage. Dans ce nombre de lecteurs, il y a des convalescents, des malades, des tuberculeux. Or le papier est un excellent véhicule à microbes, et un livre, passant de main en main, peut apporter dans une famille un choix très complet de maladies transmissibles, depuis la rougeole, la scarlatine et la variole, jusqu'au choléra asiatique et la peste, en passant par le typhus, le croup et la diphtérie, la coqueluche, la gale, le charbon, les septicémies, les affections puerpérales et la tuberculose pulmonaire. Il y a là des mesures à prendre d'urgence, et nous nous étonnons que les services compétents n'y aient pas encore songé, d'autant plus que le remède est d'application facile, comme le prouve l'expérience de la Caisse d'épargne de Bruxelles.» Nous reparlerons, dans le chapitre IX, de l'emploi de l'aldéhyde formique (p. 325), et des risques de propagation de la tuberculose par les livres (pp. 371-373).
[94] Larcher, qui travaillait alors à sa traduction d'Hérodote, reçut un jour un ouvrage des plus rares, et précieux pour ses études, que Langlès venait d'acquérir et qu'il s'empressait de lui communiquer. Se retournant vers le porteur du message et lui rendant le livre avec humeur: «Remportez cet ouvrage, dit le docte bibliomane: apprenez que je n'ai pas l'habitude de travailler avec «des livres qui ne sont pas ma propriété». (Mouravit, loc. cit., pp. 125-126.)
[95] Cf. Lalanne, loc. cit., p. 286.
[96] Le Livre, p. 264.
[97] Gustave Brunet, Fantaisies bibliogr., p. 293, donne: Ingratis servare nephas.
[98] Intermédiaire des cherch. et cur., 10 juillet 1879, col 402.
[99] Cf. Gustave Brumet, loc. cit., pp. 271 et 296. De même, M. J. Gomez de la Cortina, dont plusieurs volumes se trouvent à la bibliothèque universitaire de Douai, faisait graver sur le plat de ses livres, au-dessus de ses armoiries: J. Gomez de la Cortina et amicorum, et au-dessous: Fallitur hora legendo. (Cf. Jules Cousin, De l'organisation… des biblioth., p. 160, n. 1.) Et Jacques Denyau, bibliophile angevin: Sum Jacobi Denyau et amicorum, non omnium. (Intermédiaire des cherch. et cur., 10 juillet 1879, col. 390.)
[100] Cf. Peignot, Dictionn. raisonné de bibliol., t. II, p. 361. C'est en l'honneur de Michel Bégon et en souvenir du bon accueil qu'avait reçu de lui le botaniste Plumier que celui-ci donna le nom de bégonia à un genre de plantes d'Amérique.
[101] Intermédiaire des cherch. et cur., 10 juillet 1879, col. 401.
[102] Cf. Gustave Brunet, Dictionn. de bibliol., col. 519.
[103] Uzanne, Du prêt des livres, in Miscellanées bibliogr., t. I. p. 37.
[104] Loc. cit., p. 71.
[105] Fertiault, Drames et Cancans du livre, p. 264.
[106] Du prêt des livres, in Miscellanées bibliogr., t. I, pp. 35-40.
[107] Uzanne, loc. cit., pp. 38-39.
[108] Intermédiaire des cherch. et cur., 10 août 1893, col. 127.
[109] L'épithète est de M. Octave Uzanne, loc. cit., p. 36.
[110] Cf. Uzanne, ibid.;—Jules Richard, l'Art de former une biblioth., p. 41;—Édouard Fournier, l'Esprit des autres, p. 295 (5e édit.);—Intermédiaire des cherch. et cur., 10 juillet 1879, col. 401;—etc.
[111] Voir, entre autres, pour cette attribution à Condorcet: Jules Janin, l'Amour des livres, pp. 60-61;—Rouveyre, Connaissances nécessaires à un biblioph., 3e édit., t. I, p. 92;—Yve-Plessis, Petit Essai de biblio-thérapeutique, p. 20;—etc. Sur la paternité de Colletet, voir l'Intermédiaire des cherch. et cur., 10 et 25 février 1878, col. 65 et 122. A part une épître A un jeune Polonais exilé en Sibérie, Condorcet, qui s'est surtout occupé de science et de politique, n'a jamais écrit de vers.
[112] «Un volume une fois sorti de l'intérieur d'une bibliothèque est exposé à toutes les chances, sinon de perte, du moins de dégradation et d'avarie, de la part des maladroits, des négligents et des malpropres; il ne rentre ordinairement qu'à la volonté de l'emprunteur, qui le garde pendant des années et souvent même tout à fait, parce que le principe que garder un livre n'est pas un vol est malheureusement adopté par beaucoup de personnes.» (Constantin, Bibliothéconomie, p. 68.)
[113] Tallemant des Réaux, Historiettes, Du Moustier, t. III. p. 139. (Paris, Techener, 1862. 6 vol. in-18.)
[114] Ap. Jules Janin, loc. cit., pp. 59-60.
[115] Loc. cit., p. 61.
[116] P. L. Jacob (Paul Lacroix), Mélanges bibliogr., p. 5.
[117] Mélanges d'histoire et de littérature, ap. Lalanne, Curiosités bibliogr., pp. 302-303.
[118] Cf. Jules Richard, l'Art de former une biblioth., p. 30; etc.
[119] Page 13.
[120] Page 37.
[121] Catalogue de la librairie A. Lemerre, 1899, pp. 20-21.
[122] J. Darche, Essai sur la lecture, p. 15. Comme nous le verrons plus loin (p. 106), un autre roi de France, Louis XII, usait de la même hyperbole en parlant de l'imprimerie, d'origine «plus divine qu'humaine», elle aussi.
[123] Et cette fabrication ou plutôt ces essais de fabrication multiples remontent assez loin, puisqu'«on voit au British Museum un livre écrit en langue hollandaise et publié en 1772, imprimé sur 72 sortes de papiers provenant d'autant de matières différentes». (Ch. Laboulaye, Dictionn. des arts et manufactures, art. Papier.)
[124] Magasin pittoresque, avril 1860, p. 135.
[125] Cf. Paul Charpentier, le Papier (t. X de l'Encyclopédie chimique publiée sous la direction de M. Fremy), passim;—Delon, Histoire d'un livre, pp. 105 et suiv.;—Maire, Manuel prat. du biblioth., pp. 371 et suiv.;—Émile Leclerc, Typographie (Manuels Roret), pp. 542 et suiv.;—Larousse, Grand Dictionn., art. Papier, t. XII et 2e supplément;—Ch. Laboulaye, loc. cit.;—etc.; et passim, le Magasin pittoresque, la Nature, la Revue des bibliothèques, la Revue biblio-iconographique, etc.—«La science a découvert de belles et grandes choses, et elle en a inventé aussi de bien jolies; entre autres, la fabrication rapide du papier à très bon marché. Elle l'extrait aujourd'hui du bois et de la paille; demain, elle le tirera de la houille; elle trouvera bientôt un moyen de le façonner avec la terre où pourriront nos corps. C'est sur cette ordure qu'on vous imprime, et voilà une fameuse leçon pour l'orgueil de nos constructeurs de monuments! Ces feuilles faites avec rien se décomposent en quelques années, se tachent, s'usent, se déchirent, redeviennent poussière et cendre et rentrent avec avidité dans le néant dont elles n'auraient jamais dû sortir.» (Paul Stapfer, Quatre Consolations aux auteurs, in Bibliothèque universelle. Lausanne, janvier 1901, p. 111.) Cf. aussi Voltaire, la Guerre civile de Genève, poème héroïque, chant IV:
[126] En termes d'imprimerie, on appelle aussi maculatures (du lat. maculare, tacher) les feuilles de papier qui ont reçu un excédent d'encre et qu'on a mises au rebut pour servir de sous-main ou d'enveloppe.—Larousse (Grand Dictionn., art. Papier, 2e supplément, p. 1671) dit qu'en Angleterre et en Amérique on recueille les vieux papiers «beaucoup plus soigneusement qu'en France», et qu'après un lessivage au sel de soude et autres opérations, on en fabrique un papier «d'excellente qualité».
[127] Bouant, Dictionn. des sciences usuelles, art. Papier.
[128] Leclerc, loc. cit., p. 546. Voir aussi la Nature, 27 mars 1897, p. 270: «Dans un volume de l'«Encyclopédie Léauté», les Succédanés du papier, M. V. Urbain, répétiteur à l'École centrale, montre avec quelle intensité on défriche pour se procurer la pâte à papier. «Pendant le cours de l'année 1895, dit-il, on a constaté que la France et l'Angleterre avaient manufacturé plus de 400 000 tonnes de pâte chimique, avec des bois importés de Suède et de Norvège. Ce chiffre doit attirer l'attention des économistes, car il représente le rendement en cellulose de pins ou de sapins, âgés de trente ans au moins. Un pin de trente-cinq à quarante ans de belle venue ne cube pas plus de 1 mètre cube. Lorsqu'il aura été ébranché, écorcé, etc., il ne pourra donc former plus de 150 kilogrammes de pâte mécanique, propre à la papeterie. Il en résulte qu'un journal à grand tirage absorbe, à lui tout seul, une centaine d'arbres par numéro, en attribuant à son papier moitié de pâte de bois chimique et moitié de pâte de bois mécanique. Dans un demi-siècle, si l'on n'y prenait garde, toutes les forêts d'Europe seraient fauchées et imprimées à fond; le bocage serait sans aucun mystère et les rossignols de muraille seraient le dernier souvenir de leur poétique espèce. Au point de vue statistique, la consommation du papier, dans le monde entier, a atteint, en 1895, 1 500 000 000 de kilogrammes. Le chiffon est devenu une rareté, et il faut recourir à la paille, à l'alfa, à l'aloès et à l'ortie.»
Un article de l'Illustration, analysé dans le Mémorial de la librairie française (22 novembre 1900, p. 622), prétend, au contraire, que cette disparition des forêts et leur transformation totale en papier n'est nullement à redouter. «Les forêts du Canada, lit-on dans cet article, sont avec celles de la Sibérie les plus vastes du monde. On les trouve partout, du Pacifique à l'Atlantique, et, se renouvelant tous les vingt ans, elles sont pour ainsi dire inépuisables. Une des régions de la province de Québec peut, à elle seule, fournir plus de 500 000 tonnes de papier par an et cela pendant un temps indéfini.»
C'est être vraiment trop optimiste, et l'opinion précédente nous semble plus juste. D'abord il faut plus de vingt ans à une forêt pour se renouveler et se reconstituer; ensuite la bouteille inépuisable est tout aussi chimérique que le mouvement perpétuel.
[129] «… Les feuillets sortis de leurs presses (des anciens imprimeurs) se montrent tout brillants de jeunesse, à côté de nos impressions ternes, à demi éclipsées sur les pages jaunies de nos livres nés d'hier.» (Mouravit, le Livre, p. 191.)
[130] Cf. A.-F. Didot, l'Imprimerie, la Librairie et la Papeterie à l'Exposit. univers. de 1851, p. 86.
[131] Cf. P. Charpentier, loc. cit., passim;—Henri Bouchot, le Livre, chap. VII, pp. 253 et suiv.;—Delon, loc. cit., pp. 106 et suiv.;—etc.
[132] Frisquette est aussi un terme d'imprimerie désignant le châssis qui, au moment du tirage, s'applique sur les marges du papier pour les maintenir d'aplomb et les empêcher de se maculer.
[133] Le mot «flotre est une altération de feutre». (Littré, Dictionn., art. Flotre.)
[134] Lalanne, loc. cit., p. 108.
[135] Cf. P. Charpentier, loc. cit., passim;—Leclerc, loc. cit., pp. 544 et suiv.;—Delon, loc. cit., pp. 114 et suiv.;—Renel, la Fabrication actuelle du papier, in la Nature, 18 janvier et 15 février 1890, pp. 99-103 et 167-170;—V. Mortet, le Papier, et le Papier au moyen âge, in Revue des bibliothèques, 1891, pp. 195-207, et 1892, pp. 349-350;—etc.
[136] Bouillet, Dictionn. universel des sciences… Nouvelle édit., refondue sous la direction de MM. J. Tannery et É. Faguet, art. Papier.
[137] Cf. Renel, loc. cit., in la Nature, 18 janvier 1890, p. 102. Voir aussi P. Charpentier, loc. cit., p. 112.
[138] On fait souvent de papier brouillard le synonyme absolu de papier buvard (cf. Littré, Hatzfeld, Larousse, Dictionn.). On désigne cependant plus particulièrement sous le nom de papier brouillard un papier non collé mais calandré, d'ordinaire plus mince et plus léger que le papier buvard habituel, et d'ordinaire aussi de couleur brune, jaunâtre ou grise, qui s'emploie en pharmacie et thérapeutique (pansements), et sert en outre tout spécialement à confectionner les papillotes. Une sorte de papier buvard et de papier à filtrer a reçu, en raison de sa couleur, le nom de papier gris.
[139] P. Charpentier, loc. cit., p. 173.
[140] Glacé après l'opération dont il va être question, après le couchage.
[141] Voir sur le papier couché le Mémorial de la librairie française, 26 juillet 1900, p. 420.
[142] No du 3 juin 1899, p. 696.
[143] Pas toujours: voyez les elzeviers. (A. C.)
[144] Cf. Intermédiaire des cherch. et cur., 10 décembre 1898, col. 808-809.
[145] La Nature, 13 décembre 1890, p. 30.
[146] «Les reflets verts étant facilement supportés par les yeux, on conseille aux hommes d'étude de les préférer à tout autre (tentures, rideaux, abat-jour verts), par suite emploi du papier vert pour écrire, comme a l'habitude de le faire l'un de nos écrivains les plus féconds, M. Claretie, de l'Académie française. Ce papier a cependant un inconvénient, c'est de faire paraître l'écriture rougeâtre et peu distincte quand on a à se relire. Les papiers jaunes font admirablement ressortir l'écriture et ont des reflets plus doux que ceux du papier blanc. Plusieurs mathématiciens, notamment l'amiral Jonquière, font usage de papier jaune, lorsqu'ils ont à effectuer des calculs longs et compliqués. Les autres couleurs: bleu, rouge, violet, ne donnent pas de bons résultats.» (La Nature, 13 décembre 1890. p. 30.)
[147] Ces chiffres ne sont pas toujours rigoureusement fixes, et présentent parfois, dans la réalité, de légères différences en plus ou en moins, comme on peut s'en convaincre en consultant: P. Charpentier, loc. cit., pp. 259-260;—Desormes, Notions de typogr., p. 499;—Leclerc, loc. cit., p. 286;—Munier, Nouveau guide illustré de l'imprimerie…, p. 10;—Maire, loc. cit., p. 375, où se trouve un «Tableau des dimensions et des poids des papiers de France établis avant le système décimal en pouces et en lignes»;—etc. M. Manquest, de la maison Darblay, a bien voulu me fournir aussi d'utiles renseignements sur les dimensions et les modes d'emploi des papiers. J'ai eu recours également, pour tout ce qui touche le papier, le format et l'impression, à la compétence de M. Lebreton, chef du service des impressions de la librairie Flammarion.—Pour exprimer les dimensions des papiers, il est d'usage de mentionner le plus petit nombre le premier; ex.: Raisin = 0,50 × 0,65 (et non 0,65 × 0,50).
[148] On a conservé l'habitude d'écrire Whatman avec une majuscule.
[149] Un autre papier, employé spécialement pour le dessin, est le papier Canson: c'est un beau papier fort et lisse, qui se fabrique à Annonay.
[150] Et aussi à sa légèreté. (A. C.)
[151] Le Livre du bibliophile, pp. 32-33. (Paris, Lemerre, 1874.)
[152] Sur la fabrication du papier du Japon, voir Ch. Laboulaye, Dictionn. des arts et manufactures, art. Papier;—le Magasin pittor., avril 1877, pp. 114 et 122;—la Nature, 5 octobre 1889, p. 291;—P. Charpentier, loc. cit., p. 249;—Maire, loc. cit., p. 373.
[154] Larousse, Grand Dictionn., art. Papier, t. XII, p. 150, col. 3.—Ajoutons qu'on se sert actuellement en Angleterre d'un papier également très mince, analogue au papier pelure, mais suffisamment opaque pour supporter l'impression. Il est connu sous le nom de papier indien, et sort de la papeterie de l'Université d'Oxford (à Wolvercote, près d'Oxford). Par son peu d'épaisseur, son extrême ténuité, ce papier convient particulièrement aux livres dont on a besoin de réduire le plus possible la masse et le poids (volumes contenant un très grand nombre de pages et qu'on ne peut scinder; dictionnaires de poche, guides de voyage, aide-mémoire, vade-mecum, etc.). Le papier indien d'Oxford, qu'on cherche en ce moment à propager en France, est malheureusement d'un prix assez élevé.
[155] Leclerc, loc. cit., p. 551.
[156] P. Charpentier, loc. cit., p. 307.
[157] Id., ibid.
[158] Id., loc. cit., p. 308.
[159] Numéro du 12 juillet 1900, p. 398. Voir aussi numéro du 29 novembre 1900, p. 633.
[160] In la Nature, 29 décembre 1894, p. 74.
[161] C'est à peu près ce qu'a dit l'éminent administrateur de notre Bibliothèque nationale, M. Léopold Delisle, dans son discours d'ouverture du Congrès international des Bibliothécaires, tenu à Paris en 1900: «C'est par milliers qu'il faut compter les volumes modernes que la mauvaise qualité du papier a voués fatalement à une mise hors d'usage dans un avenir plus ou moins rapproché.» (Courrier des bibliothèques, 28 février 1901, p. 52.)
[162] Revue biblio-iconographique, in Intermédiaire des cherch. et cur., 15 février 1900, col. 275-278. On a proposé aussi, dans une intention analogue, de demander aux ministères et établissements publics de ne comprendre sur leurs listes d'achat que les ouvrages tirés sur bon papier et convenablement édités.
[163] Cosmos, Revue des sciences et de leurs applications, 15 septembre 1900, p. 320; et Revue biblio-iconographique, avril 1901, pp. 206-207.—Le Mémorial de la librairie française, 29 août 1901, p. 492, indique le procédé suivant pour distinguer du papier confectionné à la machine le papier fabriqué à la main: «Découper des rondelles de six à huit centimètres dans le papier à essayer et faire ensuite flotter ces rondelles sur l'eau d'une cuvette: le papier à la machine s'enroulera de deux côtés dans la direction du centre de la rondelle, tandis que les rondelles du papier à la main se relèveront en forme de bords d'assiette.»
[164] Littré, Dictionn., art. Format.
[165] Dictionn., art. Tome.
[166] Cf. L. Delisle, Instructions élémentaires et techniques pour la mise et le maintien en ordre des livres d'une bibliothèque, p. 14.
[167] L. Delisle, loc. cit., p. 14, n. 1.
[168] Loc. cit., p. 297.
[170] Cf. Catalogue de la librairie Hachette, Littérature générale, février 1901, p. 41: «Histoire de la littérature française…, 5e édition… (Vingt-cinquième mille)…, par M. G. Lanson…»
[171] Bien que nous ne nous occupions pas des livres rares et des curiosités de bibliophiles, quelques renseignements sommaires sur les incunables ne paraîtront sans doute pas ici superflus.
On appelle incunables (du latin incunabulum, berceau), ou encore, mais plus rarement, paléotypes (παλαιός, ancien, et τύπος, modèle, type), les livres imprimés depuis l'origine de l'imprimerie (1450 environ) jusqu'en l'an 1500 inclusivement.
Les incunables ont pour caractères distinctifs:
1o L'épaisseur, l'inégalité et la teinte jaunâtre du papier.
2o L'irrégularité et la grossièreté des caractères typographiques, très frappantes notamment dans les types romains sortis des presses italiennes; mais ces défauts ne subsistèrent pas longtemps et les caractères acquirent bientôt un degré de perfection qui n'a pas été surpassé.
3o L'absence de signes de ponctuation.
4o L'absence de signatures, de réclames (voir infra, pp. 70 et 78-79, la signification de ces mots), de pagination, et, dans les plus anciens incunables, de registre, c'est-à-dire de la table indicatrice des cahiers composant l'ouvrage: ces cahiers étaient indiqués par les premiers mots de leur première page.
5o L'absence de titre séparé ou frontispice (Frontispice: «Titre orné de figures gravées ou imprimées»). [Littré.] (Voir infra, pp. 115-116.): le titre, ou plutôt le sujet du livre, se trouvait énoncé au début du texte, dans ce qu'on nomme la suscription ou l'incipit; c'est par ce dernier mot, ou par son équivalent: Cy commence… que commençait le plus souvent le texte.
6o L'absence du nom de l'imprimeur, du lieu et de la date de l'impression: ces indications ne tardèrent pas à figurer à la dernière page des volumes dans un paragraphe final appelé souscription ou explicit (qui signifie finit, se termine, est déroulé; sous-entendu le mot volume, et par allusion aux anciens manuscrits, qui avaient la forme de rouleaux: c'est par ce mot explicit ou Cy finist… que ce dernier paragraphe commençait d'ordinaire), opposé à suscription et à incipit; la souscription porte aussi les noms d'adresse et de colophon (κολοφών, achèvement). M. Bouchot (le Livre, pp. 33, 36, 56, 103) et après lui M. Rouveyre (Connaissances nécessaires à un biblioph., 5e édit., t. II, p. 204) emploient aussi dans ce sens le mot signature, qui, en bibliographie, désigne spécialement les lettres ou chiffres placés en pied de la première page de chaque feuille, et peut, par conséquent, prêter ainsi à confusion.
7o La quantité d'abréviations: un z pour la conjonction et; une sorte de 3 ou de 9 pour la particule latine cum ou la particule française con, et pour la finale de certains mots: neqʒ, neque; quibʒ, quibus; no9, nous; vo9, vous; etc.; le q avec la partie inférieure traversée par un trait en forme de croix pour signifier quam ou quod; la fréquente suppression de certaines lettres: bōs pour bons, presēt ou même pr̅s̅t pour présent, leq̄l pour lequel, Dn̄s pour Dominus, etc. Ces modes d'abréviation provenaient des manuscrits, où ils étaient en nombre bien plus considérable encore. Une partie des syllabes, parfois toutes les lettres d'un mot, sauf la première, étaient supprimées. Ainsi, dans un manuscrit connu sous le nom de Virgile d'Asper, qu'on date du XIe siècle et actuellement à la Bibliothèque nationale, le texte est écrit de telle sorte qu'il faut, pour le lire, le connaître par cœur. Le premier vers des Bucoliques y est représenté sous cette forme:
pour:
Ces abréviations, où une ou deux lettres initiales servent à exprimer un mot entier, portent le nom de sigles (de siglæ, contracté de singulæ: singulæ litteræ. Les sigles étaient très fréquemment usités non seulement dans les manuscrits, mais dans les inscriptions lapidaires, sur les médailles, etc. Quant aux notes tironiennes, ce sont aussi de simples lettres, initiales ou médianes, employées pour figurer des mots entiers et abréger l'écriture. Ce nom vient de Tullius Tiro, affranchi de Cicéron, qui perfectionna ce système de sténographie. (Cf. Lalanne, Curiosités bibliogr., pp. 46 et suiv.).
8o La rareté des alinéas et des chapitres.
9o L'absence de lettres capitales au commencement des chapitres ou divisions: dans les premiers temps, les imprimeurs laissaient en blanc la place de ces grandes lettres, qui étaient mises à la main par des calligraphes et rubricateurs (rubricare, rubrum facere [Ducange], peindre en rouge; de rubrica, rubrique, sanguine, craie rouge, etc.).
10o Des traits obliques au lieu de points sur les i.—Etc.
Les anciens imprimeurs avaient tous des marques typographiques, allégoriques le plus souvent, dont ils ornaient les titres et frontispices de leurs livres. Beaucoup d'éditeurs d'aujourd'hui ont des marques analogues, monogrammes ou vignettes, qu'ils placent au-dessus de leur firme (de l'angl. firm [du bas-latin firma, convention], maison de commerce, raison sociale. Daupeley-Gouverneur, in le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 180, écrit à tort «le firme»; ce mot est du féminin: cf. Littré, Dictionn., Supplément), c'est-à-dire du nom et de l'adresse de leur maison.
Il n'est pas inutile non plus de connaître les principales de ces marques des anciens imprimeurs:
Les Alde Manuce avaient pour marque une Ancre, autour de laquelle était enroulé un dauphin;
Les Elzevier, un Arbre ou une Minerve;
Rigault avait pour emblème un Arrosoir;
Wechel, un Caducée;
Nicolas Chesneau, un Chêne;
Nivel et Cramoisy, une Cigogne;
Les Plantin, un Compas;
Lean Lecoq, un Coq;
Etienne Dolet, une Doloire (sorte de hachette);
Antoine Vérard, un Écusson fleurdelisé supporté par deux anges;
Simon de Colines, des Lapins;
Simon Vostre, deux Léopards à tête de lévrier;
Jehan Ghèle, des Lévriers;
Thielman Kerver, deux Licornes;
Galiot du Pré, une Galée ou Galère;
Les Gryphe, un Griffon;
Philippe Le Noir, trois Nègres;
Robert Estienne, un Olivier;
Guiot Marchant, une Portée de plain-chant et deux Mains entrelacées;
Geoffroy Tory, un Pot cassé;
Vascosan, une Presse typographique;
Gilles Corrozet, une Rose dans un Cœur;
Philippe Pigouchet, deux Sauvages (homme et femme);
Ulrich Gering, un Soleil;
Jehan Temporal, le Temps armé de sa faux;
Etc., etc.
(Cf. Silvestre, Marques typographiques…;—P. Delalain, Inventaire des marques d'imprimeurs et de libraires;—Brunet, Manuel du libr., principalement t. V, col. 1569 et suiv.;—A.-F. Didot, Encyclop. moderne, art. Typographie, t. XXVI, col. 736 et suiv.;—E.-D. Grand, Grande Encyclop., art. Bibliographie, t. VI, pp. 598 et suiv.;—etc. Voir surtout le grand ouvrage de Mlle Pellechet, «chef-d'œuvre de la nouvelle école bibliographique», a dit M. L. Delisle (Catalogue général des livr. imprim. de la Biblioth. nation., Introduction, t. I, p. LXXVI), Catalogue général des incunables des bibliothèques de France, dont le tome I a paru chez A. Picard en 1897.
[172] On appelle feuillet «chaque partie d'une feuille de papier formant deux pages», recto et verso (Littré). La feuille, par conséquent et comme on va le voir, donne toujours un nombre de pages double du chiffre indicatif du format.
[174] «Lorsque in-4, in-8, in-12, etc., sont abrégés, on ne les fait pas suivre d'un o supérieur.» (Règles typographiques… Hachette, p. 51.) «L'usage moderne, que nous adoptons, préfère supprimer l'o dans in-4 et in-8.» (Daupeley-Gouverneur, loc. cit., p. 101.) Voir aussi Leclerc, Typographie, p. 162.
[175] L'in-24 est un format «assez incertain et qu'on peut confondre avec l'in-32. Pour le déterminer sûrement, il faut voir si la signature se trouve à la page 49 ou à la page 65.» (J. Cousin, loc. cit., p. 97.) Si elle se trouve à la page 49 (48 + 1), le format est in-24; à la page 65 (64 + 1), il est in-32.
[176] Cela est si vrai que, depuis quelque temps, de fortes maisons d'édition, la maison Hachette, entre autres, ont imaginé d'employer, pour les ouvrages qu'elles font tirer à très grand nombre, des papiers d'un format particulier et de vastes dimensions, dit format drap de lit, dont chaque feuille peut contenir, par exemple, 96 pages in-8 cavalier. Grâce à une imposition spéciale (c'est-à-dire au rangement dans la forme ou châssis des pages composées et prêtes à être tirées, rangement effectué dans un ordre particulier, de façon qu'après l'impression et le pliage ces pages se suivent selon leurs numéros d'ordre), on n'a ensuite qu'à sectionner ces grandes feuilles drap de lit et à procéder au pliage: on obtient pour chacune d'elles six feuilles in-8 (96 pages = 16[ = 8 × 2] × 6), portant toutes leur respective signature et paraissant avoir toujours été séparées, indépendantes les unes des autres.
[177] C'est ce que demande M. Édouard Rouveyre (voir infra, p. 85), et ce qui se fait sur les fiches dressées selon les règles de la classification décimale (voir chap. VIII, De la classification, p. 313).
[178] Barêmes ou Devis de travaux de reliure, Annexe: Tableau des formats en usage dans la librairie française.—Ce tableau, où sont tracées les dimensions de la plupart des formats, offre un bon moyen de déterminer immédiatement le format d'un livre; il suffit d'appliquer les bords de ce livre sur les lignes délimitatrices du format qui s'y rapporte: le nom et les dimensions sont inscrits sous l'une de ces lignes. Je dois prévenir néanmoins que les chiffres donnés par M. Bosquet ne sont pas toujours théoriquement exacts.
[179] Les chiffres de ce tableau sont obtenus de la manière suivante, qui est des plus simples. Il suffit de diviser les dimensions de la feuille de papier (dimensions qui sont inscrites respectivement en tête de chaque colonne) par le nombre des plis de cette feuille dans le format que l'on veut déterminer. Ainsi la feuille colombier ayant pour dimensions 0,63 × 0,90, et la feuille in-folio étant pliée en 2 une seule fois, pour connaître la dimension du format in-folio colombier, on divisera par 2 le nombre 0,90, et l'on aura: 0,63 × 0,45, ou, puisque, comme nous l'avons dit p. 52, il est de règle de placer le plus petit nombre le premier: 0,45 × 0,63. La feuille in-4 étant pliée en 2 d'un côté et en 2 de l'autre (4 = 2 × 2), le format in-4 colombier sera de (0,63 ÷ 2 et 0,90 ÷ 2) 0,315 × 0,45. La feuille in-8 étant pliée en 4 d'un côté et en 2 de l'autre (8 = 4 × 2), le format in-8 colombier sera de (0,90 ÷ 4 et 0,63 ÷ 2) 0,225 × 0,315. La feuille in-12 étant pliée en 4 d'un côté et en 3 de l'autre (12 = 4 × 3), le format in-12 colombier sera de (0,63 ÷ 4 et 0,90 ÷ 3) 0,158 × 0,30. Si, par hypothèse, cette feuille in-12 était pliée en 6 d'un côté et en 2 de l'autre, on calculerait de même ces nouvelles dimensions. La feuille in-18 étant pliée en 6 d'un côté et en 3 de l'autre (18 = 6 × 3), on aura pour le format in-18 jésus (0,70 ÷ 6 et 0,55 ÷ 3) 0,117 × 0,183; etc. Pour tout ce qui touche les différents modes de pliage des feuilles et le nombre de ces modes, ou, ce qui revient au même, les différentes dispositions des pages dans les châssis selon les formats, c'est-à-dire l'imposition, voir Th. Lefevre, Guide pratique du Compositeur, t. I, pp. 299-418, où se trouvent de nombreux tableaux graphiques d'impositions. Voir aussi Daruty de Grandpré, Vade-mecum du biblioth… Instruction raisonnée sur le format des livres, pp. 27-64.—Nous rappelons ce que nous avons dit p. 53 (Tableau des papiers) que le format actuel de la couronne servant aux labeurs (impressions de livres) est un peu plus grand (0,37 × 0,47) que celui de la couronne destinée aux cahiers et registres (0,36 × 0,46).
[180] Cf. Leclerc, loc. cit., p. 327.
[181] Au début de l'imprimerie, l'imposition était des plus simples, ou plutôt elle n'existait pas et ne pouvait exister, puisque, par suite des petites dimensions des presses, on ne pouvait tirer à la fois que deux pages in-folio. Les imprimeurs suivaient donc l'exemple des copistes; ils pliaient en deux un certain nombre de feuilles, 1, 2, 3, par exemple; la feuille 1 était formée des deux premières pages et des deux dernières (1, 2, 11 et 12); la feuille 2, composée des pages 3, 4, 9 et 10, entrait dans la feuille 1; et la feuille 3, comprenant les pages 5, 6, 7 et 8, entrait dans la feuille 2. Ce premier cahier portait pour signature, au bas, à droite, la lettre A; les cahiers suivants recevaient respectivement pour signatures les lettres B, C, D… En outre, afin d'éviter les confusions et de faciliter le placement des feuilles, les pages étaient, de deux en deux, marquées d'un numéro d'ordre en chiffres romains, placé à côté de la signature. Ainsi la 1re page du premier cahier portait Aj; la 3e page Aij; la 5e Aiij; la 7e Aiv. On avait de même pour le deuxième cahier: Bj, Bij, Biij, Biv, etc. Au lieu de chiffres romains, on a employé aussi les chiffres arabes: A, A2, A3, A4, etc. (Cf. Leclerc, loc. cit., p. 285; et Daruty de Grandpré, loc. cit., p. 25, n. 1.)
[182] Certains cartons ou encarts, plus longs que larges, «formant une bande relativement étroite», portent le nom de feuilletons. (Daruty de Grandpré, loc. cit., p. 20.) On donne encore le nom de cartons à des feuillets supplémentaires d'impression qu'on est quelquefois obligé de faire, pour remplacer des pages d'un livre qui contiennent soit des erreurs qu'on veut réparer, soit des passages qu'on désire supprimer. Ces feuillets supplémentaires une fois tirés sont cousus ou collés à la place des pages enlevées. Un carton se compose toujours de quatre pages qui se tiennent. Mais on peut n'avoir besoin d'apporter des modifications que dans une seule page, de ne changer qu'une ligne ou qu'un mot: cette page réimprimée (et qui forme un feuillet naturellement, puisqu'elle comprend un recto et un verso), destinée à remplacer la page primitive, s'appelle onglet (Leclerc, loc. cit., p. 110), du nom de la mince bande de papier cousue dans le volume et sur laquelle on la colle (cf. infra, chap. V, De la reliure, p. 151). Enfin on donne aussi le nom de cartons aux cartes de détail placées dans les angles d'une grande carte géographique.
[183] Pour plus de développements, voir Th. Lefevre, loc. cit., t. I, p. 433, et chap. IX, Plan des impositions, pp. 299-418;—Desormes, loc. cit., pp. 45 et suiv.;—Leclerc, loc, cit., pp. 215 et suiv., et 329 et suiv.;—et Daruty de Grandpré, loc. cit., pp. 27-64. Rien que pour le format in-18, Lefevre indique treize modes différents d'imposition; Leclerc en donne sept: 1o en 1 cahier sans coupure; 2o en 1 cahier avec coupure en longueur; 3o en 1 cahier avec coupure en largeur; 4o en 2 cahiers, chacun sans coupure; 5o en 2 cahiers avec coupure et carton dedans; 6o en 3 cahiers, chacun sans coupure; 7o en 3 cahiers avec coupure et carton dedans.
[184] On remarquera que les lettres J et U, qui anciennement se confondaient avec l'I et le V, ne figurent pas parmi les signatures.
[185] Page 197.
[186] Instruction générale relat. au service des biblioth. universitaires ap. Maire, loc. cit., p. 433.
[187] Rouveyre, Connaissances nécessaires à un biblioph., 5e édit., t. II, p. 52.
[189] «Au début de l'imprimerie, les formats employés étaient généralement l'in-folio et l'in-quarto, et certains auteurs ont supposé qu'aucun livre, avant 1480, n'avait été imprimé sous un format plus petit.» (Trad. de l'Encyclop. Britannica, t. III, p. 652, col. 1.) Néanmoins, Peignot, dans son Dictionnaire raisonné de bibliologie, art. Format, mentionne des éditions des plus petits formats antérieures à 1480; mais on peut considérer ces «petits livres» comme des exceptions.
[190] Cf. Lalanne, Curiosités bibliogr., p. 293.
[191] Id., Ibid.
[192] Bouchot, le Livre, p. 110.
[193] Cf. Bouchot, ibid.;—Leclerc, loc. cit., p. 289. En 1513, le pape Léon X accorda à Alde Manuce un privilège analogue d'une durée de quinze ans, «… sous les peines d'excommunication et d'amende de cinq cents ducats d'or envers les contrefacteurs». (Crapelet, Études prat. et litt. sur la typographie, t. I, pp. 65-66.)
[194] Loc. cit., p. 170.
[195] Lalanne, loc. cit., p. 293.
[196] Tome II, p. 130.
[197] Loc. cit., t. II, p. 421.
[198] Constantin est moins exclusif. «Celui, écrit-il, qui veut se former une bibliothèque de quelques centaines de volumes seulement, fera bien de les prendre tous du même format. Une pareille collection d'une reliure de bon goût, et renfermée dans un corps de bibliothèque élégant, fait un très joli objet d'ameublement, et est d'un usage commode. Il n'est pas difficile de trouver dans la librairie un bon choix d'ouvrages de 300 à 800 volumes imprimés d'une manière uniforme, in-8, in-12 ou in-18.» (Bibliothéconomie, p. 48.)
[199] Loc. cit., p. 294.
[200] Cf. Werdet, De la librairie française, p. 177.
[202] Nous rappelons ce que nous avons dit p. 76, que nous entendons toujours par in-18 l'in-18 jésus (0,117 × 0,183), et par in-8 l'in-8 cavalier (0,155 × 0,23).
[203] Cf. Bollioud-Mermet, De la bibliomanie, pp. 48-49 (Paris, Jouaust, s. d.). Cette référence est indiquée par Mouravit, mais il est à noter que le texte de l'opuscule de Bollioud-Mermet, en cet endroit ou ailleurs, ne se rapproche que bien vaguement de la remarque de Mouravit sur le choix et la convenance des formats.
[204] Mouravit, loc. cit., p. 197.
[205] Cf. supra, pp. 87 et suiv., les appréciations que nous avons citées à propos de l'in-8, et les motifs qui nous font préférer l'in-18.
[206] Leclerc, loc. cit., p. 288.—Nous avons déjà noté plus haut (p. 76) que certains in-12, in-16 et in-18 ont les mêmes dimensions, et peuvent être considérés comme «synonymes». Inutile de faire observer que, dans les deux citations précédentes de Mouravit et de M. Leclerc, les formats mentionnés manquent de précision, qu'il eût été bon de dire de quel in-4, de quel in-8, in-12, in-16, etc., il s'agit, puisqu'un in-4 peut être plus petit qu'un in-8 (in-4 écu < in-8 colombier), un in-8 plus petit qu'un in-12, etc. (voir supra, p. 76 et le tableau de la page 77). Mais, encore une fois, l'usage est fréquent de désigner les formats par le nombre seul des plis de la feuille, sans faire connaître les dimensions de cette feuille, la sorte de papier employée: jésus, raisin, colombier, etc., et de ne donner ainsi de ces formats qu'une idée approximative.
[207] L'invention du point typographique est due à Pierre-Simon Fournier, alias Fournier le Jeune (vers 1737); mais la mesure initiale dont s'était servi cet imprimeur et graveur était conventionnelle, partant sujette à discussions et à erreurs (cf. Leclerc, Typographie, pp. 40 et 42). Le «point Fournier» fut modifié en 1753 par F.-Ambroise Didot, qui prit pour base la mesure légale d'alors, le pied de roi, dont il divisa la ligne en six parties égales, en six points. Un caractère d'imprimerie ayant exactement pour longueur ces six points se nomme le six; s'il a un point de plus, c'est-à-dire sept points, le sept; huit points, le huit; etc. (Cf. A.-F. Didot, Encyclop. moderne, art. Typographie, t. XXVI, col. 846.)—C'est Fournier le Jeune qui a dit que «la théorie d'un art si utile (l'imprimerie) ne devrait être ignorée d'aucun de ceux à qui l'usage des livres est familier», et qu'«il serait à souhaiter que tout homme de lettres fût en état de juger sainement de la mécanique de ses productions.» (Manuel typographique, t. I. p. IX.)
[208] Leclerc, loc. cit., p. 48.
[209] Id., ibid., p. 46.
[210] Cf. Théotiste Lefevre, Guide pratique du compositeur d'imprimerie, t. I, p. 425;—Daupeley-Gouverneur, le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 5;—E. Desormes, Notions de typographie, p. 500;—Leclerc, loc. cit., pp. 41-42. Les listes de concordance des anciens noms avec les nombres de points données par ces ouvrages offrent de fréquentes divergences.
[211] Le texte du présent livre est imprimé en caractère romain Didot corps dix petit œil; les notes sont en romain Didot corps huit, les sommaires des chapitres en romain Didot corps sept, et la préface en romain Didot corps onze.
[212] L'Imprimerie nationale a, elle, un indice spécial: ses l, dites
l barrées, portent un imperceptible trait, une barre minuscule, au
milieu de leur longueur
().
[213] Cf. Bouchot, le Livre, p. 174.
[215] En romain Didot. Remarquez que ce romain est plus petit d'œil que l'elzevier du corps correspondant.
[216] Du nom de l'habile graveur et imprimeur français Nicolas Jenson, qui alla s'établir à Venise vers 1469. (Cf. Lalanne, Curiosités bibliogr., p. 84.)
[217] Sur les lettres grises, cf. Daupeley-Gouverneur, loc. cit., p. 68.
[218] Leclerc, loc. cit., pp. 64.
[219] Id., ibid.
[220] «… les formes arrondies de l'onciale (d'où est issue la lettre tournure).» (Lecoy de la Marche, les Manuscrits et la Miniature, p. 153.) Notons encore qu'on nomme lettres filigranées des initiales particulières de même aux anciens manuscrits, majuscules ornées de fioritures très déliées, d'une sorte de filigrane, «fil ténu, capricieusement enroulé et engendrant des espèces de graines ou de petites boules». (Id., loc. cit., pp. 154-156); lettres dragontines, appelées aussi saxonnes, d'autres initiales d'anciens manuscrits «terminées par des têtes et des queues de serpents, bordées de points, garnies, dans leurs massifs, de perles, d'entrelacs et de monstres enchevêtrés». (Id., loc. cit., p. 263.) Rappelons enfin que les caractères gothiques des premiers livres portent le nom de lettres de forme et de lettres de somme, celles-ci moins anguleuses, moins hérissées de pointes que celles-là. C'est de lettres de somme que se servirent Gutenberg, Fust et Schoeffer, les inventeurs de l'imprimerie. (Cf. Lalanne, loc. cit., p. 103.)
[221] La casse française renferme 54 cassetins dans le bas de casse, et 98 dans le haut de casse. Des casses moins grandes, partant moins encombrantes, et d'un seul morceau, notamment la casse dite parisienne, sont actuellement en usage: on en a retranché les petites capitales, relativement peu employées, et qui sont placées à part.
[222] Sur la casse, voir Delon, Histoire d'un livre, pp. 135 et suiv.;—Maire, Manuel prat. du biblioth., pp. 304 et suiv.;—Leclerc, loc. cit., pp. 70 et suiv.; etc. Je suis également redevable de nombreux renseignements typographiques à l'obligeance de M. Jattefaux, prote de l'imprimerie Lahure.
[223] Voir cette liste complète dans Th. Lefevre, loc. cit., t. I, p. 430.
[224] Maire, loc. cit., p. 353.
[225] Crapelet, Études prat. et litt. sur la typographie, p. 145.
[226] Cf. Leclerc, loc. cit., pp. 531-532.
[227] L'Imprimerie, la Librairie et la Papeterie à l'Exposit. univers. de 1851, p. 62.
[228] Ibid.
[229] Louisy, le Livre, p. 221. «Typographia, Deorum manus et munus, imo ipsa, cum mortuos in vitam revocet, omnino diva est.» (C. Klock, ap. Crapelet, loc. cit., avant-propos, p. ij.) En tête de son Manuel typogr. (t. I, p. iv), Fournier Lejeune a inscrit—et modifié comme il suit—les vers bien connus de la Pharsale de Brébeuf:
Plus loin (t. I, p. vij) il dit que l'imprimerie est «regardée à juste titre comme un présent du ciel». Crapelet, loc. cit., p. 2, écrit de même: «L'art typographique… cette admirable invention, qui était regardée comme l'œuvre de la Divinité même…». Et Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, liv. V, chap. 2: «L'invention de l'imprimerie est le plus grand événement de l'histoire. C'est la révolution mère. C'est le mode d'expression de l'humanité qui se renouvelle totalement… Sous la forme imprimerie, la pensée est plus impérissable que jamais;» etc.
[230] On se sert aussi, ou plutôt on s'est servi de plâtre, pour prendre ces empreintes. Ce qui a fait préférer au clichage au plâtre le clichage dit au papier ou au flan, c'est la rapidité d'exécution et l'économie de ce dernier procédé; mais le plâtre avait l'avantage de donner des empreintes plus complètes et meilleures. (Cf. Leclerc, loc. cit., pp. 533-534.)
[231] Théoriquement, le mot clichage est synonyme de l'ancien mot stéréotypie: ils signifient tous les deux l'action de «créer, d'après une composition unique formée par l'assemblage des caractères mobiles, une ou plusieurs autres planches solides et identiques». (Leclerc, loc. cit., p. 533.) Mais clichage est l'expression moderne, actuellement en usage, et désignant l'opération dont nous venons de parler, qui débute par la prise des empreintes au moyen de plâtre ou de flans. La stéréotypie (στερεός, solide; τύπος, type), s'applique plus particulièrement au procédé imaginé en partie par Firmin Didot vers la fin du XVIIIe siècle, et qui consistait en ceci: «Après avoir composé une page en caractères plus bas que ne le sont les caractères ordinaires, et fondus avec un alliage particulier, plus dur que les autres, on la renfermait dans un mandrin; puis, à l'aide d'un balancier, on l'enfonçait dans une plaque de plomb de même dimension, fondue et dressée avec soin. Cette opération donnait pour premier produit une matrice où la lettre est en creux; cette matrice, placée dans un mandrin et abattue au moyen d'un mouton sur de la matière en fusion, procurait un cliché saillant… sur lequel on pouvait tirer à dix, quinze ou vingt mille exemplaires sans qu'il y parût.» (Louis de Villotte, De la stéréotypie, in Miscellanées bibliogr., t. I, pp. 9-10.) Cf. aussi l'article Stéréotypie par Stark, in Encyclop. moderne, Complément, t. XII, col. 438-442. Les Didot utilisèrent leur invention en publiant une nombreuse collection de petits volumes à bon marché,—la collection «stéréotype»—contenant tous les chefs-d'œuvre des littératures classiques, qui obtint une très grande vogue, et peut se comparer à la collection de la petite «Bibliothèque nationale», commencée par l'imprimeur Dubuisson en 1863, et qui se continue encore. Seulement, le papier des «stéréotypes» de Didot, qui, au bout d'un siècle, est encore intact, est de beaucoup supérieur à celui des petits volumes de Dubuisson, déjà tout piqués et jaunis.
Mentionnons encore, parmi les modes de reproduction typographique, le procédé dit anastatique (ἀνάστασις, résurrection), applicable non seulement aux livres, mais aux gravures, planches, etc. Il consiste à transporter sur une plaque de métal le texte ou la gravure à reproduire; on encre ensuite cette plaque, et l'on procède au tirage. Ce transport, qui s'effectuait jadis par des moyens chimiques, imaginés en 1844 par M. Baldermus, de Berlin (cf. Larousse, Grand Dicionn., et Grande Encyclop., art. Anastatique), s'opère actuellement à l'aide de la photographie. Relativement coûteux et peu expéditif, ce procédé ne convient que pour les tirages à petit nombre: on l'emploie, par exemple, pour remplacer les pages manquantes dans un ouvrage ancien, dans un livre de valeur, dont on possède un exemplaire complet.
[232] L'épithète est de Jules Richard, l'Art de former une bibliothèque, p. 6: «On n'a jamais fait de plus vilaine librairie».
[233] Relativement à l'influence du public sur la qualité des livres, voir Crapelet, loc. cit., pp. 225-226: «Il n'est pas douteux que ceux qui ont les moyens d'acheter des livres, et qui ne considèrent que le bon marché dans leurs acquisitions, ne peuvent pas employer plus mal leur argent. Les libraires (éditeurs), entraînés par le goût du public, le servent à son gré, en épuisant toutes les combinaisons pour lui donner de la marchandise à bas prix, mais qui ne conserve pas la moindre valeur: car on n'a jamais bon marché d'un livre incorrect, altéré, tronqué, et imprimé sur du mauvais papier… Henri Estienne dit: «L'avarice, fléau plus redoutable à l'art typographique qu'à aucun autre: Avaritia, malum in arte typographica magis quam in alia ulla formidandum».
[234] Anciennement même «chaque ouvrage avait un correcteur particulier. Les livres de religion étaient lus par des théologiens; les livres de droit par des jurisconsultes; l'astronomie, la médecine, par ceux qui possédaient ces sciences;» etc. (Crapelet, loc. cit., p. 155.) D'après le règlement donné à l'imprimerie de Paris par François Ier, en 1539, et cité par le même bibliographe (p. 181), «si les maistres imprimeurs des livres en latin ne sont sçavans et suffisans pour corriger les livres qu'ils imprimeront, seront tenus avoir correcteurs suffisans, sur peine d'amende arbitraire; et seront tenus lesdicts correcteurs bien et soigneusement de corriger les livres, rendre leurs corrections aux heures accoutumées d'ancienneté, et en tout faire leur devoir…». Ces dispositions furent confirmées et maintenues par les successeurs de François Ier. Néanmoins, le règlement de 1649 reproche à l'imprimerie de Paris d'avoir beaucoup perdu de son ancien éclat, et impose aux libraires (éditeurs) l'obligation de prendre un certificat de correction pour certains livres. (Voir Crapelet, loc. cit., pp. 181-182.) D'après le règlement de 1686, les imprimeurs devaient faire imprimer les livres «en beaux caractères, sur de bons papiers et bien corrects»; on exigeait même qu'ils ne pussent ouvrir boutique à moins d'être «congrus en langue latine et de savoir lire le grec». Quiconque était empêché de vaquer à la correction de ses ouvrages devait avoir des correcteurs capables; et, ajoute l'ordonnance de 1728, les feuilles mal corrigées par eux seraient réimprimées à leurs frais.» (Louisy, le Livre, p. 234.)
[235] Nous n'avons pas à nous occuper, dans cette étude consacrée à la connaissance, à l'usage et à l'amour du Livre, des rapports des auteurs avec les éditeurs et les imprimeurs. Nous ne faisons qu'effleurer ici, à propos de la netteté et de l'intégrité du texte, cette très intéressante et très complexe question: la correction des épreuves, qui a fait et fera toujours le tourment des écrivains, qui sera toujours leur «enfer»,—leur «paradis» étant de rêver à leur œuvre et de l'exécuter en imagination, et leur «purgatoire» de la coucher par écrit,—pour peu qu'ils aient la haine de l'à peu près, la passion de l'exactitude, de l'ordre et de la clarté. «Je me soucie moins que vous ne pourriez croire du succès de mes ouvrages, écrivait lord Byron à son imprimeur Murray, mais la moindre faute de typographie me tue… Corrigez donc si vous ne voulez me forcer à me couper la gorge.» (Ap. Crapelet, loc. cit., p. 304.) Nous dirons seulement aux auteurs qu'une écriture bien lisible et soignée n'est pas toujours, comme on serait tenté de le croire, une garantie du bon travail de l'imprimeur: au contraire, paraît-il. Un manuscrit artistement calligraphié ou seulement d'une parfaite lisibilité exige moins d'attention de la part du compositeur, qui souvent alors compose «à vue de nez». Cette opinion est confirmée par l'auteur anonyme d'un petit Manuel du libraire, qui adresse, après Gilles Ménage, cet «Avis aux auteurs»: «Si vous voulez qu'il n'y ait point de fautes dans les ouvrages que vous ferez imprimer, ne donnez jamais de copies bien écrites, car alors on les donne à des apprentis, qui font mille fautes; au lieu que si elles sont difficiles à lire, ce sont [les bons ouvriers ou] les maîtres qui y travaillent eux-mêmes». (Manuel du libraire, du biblioth. et de l'hom. de let., par un libraire. Paris, Emler, 1828, p. 142. Cf. aussi Crapelet, loc. cit., pp. 289-290.) Henri de Latouche, l'auteur de Fragoletta, partageait l'avis de Gilles Ménage, et il affirme également que «plus le manuscrit sera clair et lisible», moins le compositeur y apportera d'attention. (Cf. Crapelet, ibid.) Ajoutons encore que, tout en traitant ces assertions de paradoxes, l'érudit imprimeur G.-A. Crapelet, un des écrivains qui ont le mieux connu tous les détails de la typographie et qui en ont le mieux parlé, les confirme et les appuie de sa haute autorité. «… La nécessité où se trouve l'ouvrier d'apporter une attention soutenue à la lecture des manuscrits de cette espèce (mal écrits et surchargés de ratures et de renvois) donne à sa composition un certain degré d'exactitude et de correction, quelquefois surprenant.» (Loc. cit., pp. 264 et 290.) Rappelons enfin, pour ne décourager personne, que la perfection, typographique ou autre, n'est pas de ce monde, et qu'il n'existe aucun livre sans faute, typographiquement parfait. «Un livre sans faute est une chimère…» (Crapelet, loc. cit., p. 222.) Typographica ars nimis est erroribus obnoxia. (Ange Rocca, ap. Crapelet, loc. cit., p. 221.) Ainsi le Virgile in-folio, imprimé au Louvre par Pierre Didot en 1798, et qui, comme le Racine de la même provenance, est réputé un des chefs-d'œuvre de la typographie, contient un j dont le point manque, s'est détaché à la pression. (Cf. A-F. Didot, Encyclop. moderne, art. Typographie, t. XXVI, col. 858-859.)
[236] N'avoir pas de correcteurs, ou n'en employer que d'incapables, a été réputé crime en matière d'imprimerie par le philologue italien, bibliothécaire du Vatican, Ange Rocca, mort en 1620. (Cf. Crapelet, loc. cit., p. 176.)
[237] L'Art de former une biblioth. pp. 81-82.
[238] Crapelet observe que cette anecdote bien connue n'a pas grand fondement. «On rapporte, écrit-il, que Robert Estienne exposait des épreuves devant sa maison, voisine du Collège de Beauvais, et des Écoles du Droit Canon, situées rue Saint-Jean-de-Beauvais, et qu'il donnait une récompense aux écoliers qui y découvraient des fautes. Si ce moyen a été employé par Robert Estienne, il n'a pu lui sauver que des incorrections très légères, car ce savant imprimeur avait lu et relu ses épreuves avant de les exposer, et les écoliers n'étaient pas de force à découvrir des fautes graves après la lecture d'un homme aussi habile et aussi exercé dans ce genre de travail. D'ailleurs le fait en lui-même, qui n'est rapporté que comme un on-dit par Jans. Almeloveen, dans sa Dissertatio de Vitis Stephanorum, me paraît fort douteux, et pourrait bien n'être qu'une fiction pour enseigner qu'on ne saurait prendre trop de précautions pour assurer la correction des livres.» (Crapelet, loc. cit., pp. 213-214.)
[239] Histoire de France, t. IX, la Renaissance, chap. XI, p. 299 (Paris, Marpon et Flammarion, 1879). Cf. aussi Larousse, loc. cit., art. Estienne (Robert).
[240] On appelle titre courant le titre, soit de l'ouvrage, soit des chapitres, qui se trouve répété et «court», pour ainsi dire, au sommet des pages. On distingue encore, comme nous allons le voir (page suivante, note 241), trois autres espèces de titres: le faux titre, le titre ou grand titre, et le titre de départ.
[241] C'est cependant ce que font souvent les imprimeurs anglais: ils numérotent toutes les pages, excepté celles des trois titres par lesquels tout livre débute généralement: 1o faux titre (la toute première page du livre: le titre, ordinairement abrégé, et sans nom d'auteur, est placé au milieu de cette page); 2o titre proprement dit, ou grand titre (titre complet, avec le nom de l'auteur, et, au bas de la page, le nom et l'adresse—la firme—de l'éditeur; le grand titre portait aussi autrefois le nom de frontispice: ce nom est aujourd'hui réservé aux titres ornés de vignettes ou d'encadrements, ou encore à la gravure placée en regard du titre—portrait de l'auteur, par exemple,—et dont le sujet se rapporte de près ou de loin à l'ouvrage); 3o titre de départ (placé en haut de la page: c'est sur cette page—la première, à vrai dire,—que commence le texte de l'ouvrage);—excepté ces feuillets de début, toutes les pages de l'intérieur du volume, les pages de titre d'article et les belles pages comme les autres, sont foliotées: voir Encyclop. britannica, t. III, p. 173 (let. B); t. VI, p. 756 (let. D); t. VII, p. 588 (let. E), etc. Ces belles pages n'ont pas de titre courant, et leur folio se trouve placé au sommet médial. L'effet de ce foliotage n'est nullement désagréable à l'œil.
[242] F. Sarcey, Gare à vos yeux!! préface, p. V. (Paris, Ollendorff, 1884).—«MM. H. Griffing et Shepherd J. Franz étudient depuis un certain temps l'influence que peuvent avoir, sur la facilité de la lecture, le format, le dessin des caractères d'imprimerie, l'intensité de la lumière, sa qualité, celle du papier, l'interlignage (c'est-à-dire l'espacement des lignes d'impression). Ils arrivent à cette conclusion que l'élément principal de la fatigue visuelle, ce sont les dimensions des caractères: il ne faudrait jamais employer des caractères de moins de 1 millimètre 1/2 de hauteur, et encore la fatigue augmente-t-elle avant même qu'on ait affaire à des lettres d'un format aussi réduit. Par rapport à ce côté de la question, l'éclairage n'est que tout à fait secondaire.» (La Nature, 23 juillet 1898, p. 126.)
[244] In Musée des familles, 1er mars 1896, p. 158.
[245] Ap. Bouchot, le Livre, p. 297.
[246] G. Naudé, loc. cit., chap. V, p. 70. (Paris, Liseux, 1876.)
[247] Loc. cit., chap. VIII, p. 98
[248] Ed. Texier, ap. Mouravit, le Livre, p. 220.
[249] Lesné, loc. cit., p. 113.
[250] Ap. Mouravit, loc. cit., p. 209.
[251] Ibid. C'est à peu près ce que dit aussi Jules Richard, l'Art de former une biblioth., p. 139: «Un bibliophile ne conserve pas les livres qu'on lit une fois, mais seulement ceux qu'on relit avec plaisir, et que, par conséquent, on relie plus ou moins richement.»
[252] Charles Blanc, Grammaire des arts décoratifs, la Reliure, p. 342.—Cf. infra, chap. IX, p. 322.
[253] «Ce genre de reliure… permet au livre de se tenir ouvert sur une table ou sur un pupitre, parce qu'on a supprimé la résistance qu'oppose le dos de la couverture quand il adhère aux cahiers.» (Rouveyre, Connaissances nécessaires à un biblioph., t. IV, p. 66.)
[254] S. Lenormand et Maigne, Manuel du relieur (Manuels Roret), p. 64.—«… Ouvrir complètement le volume, et à plat, ce qui ne peut se faire avec les livres reliés.» (Dr Graesel, Manuel de bibliothéconomie, p. 373.) C'est en grande partie pour ce motif, afin que le livre puisse mieux s'ouvrir, que nous conseillons, pour les volumes inférieurs à l'in-8, le cartonnage bradel.
[255] La largeur du format, voilà surtout ce qui, avec la flexibilité de la garniture du dos, permet au livre de s'ouvrir aisément et de rester de lui-même ouvert. Exemple: un volume oblong, un album. Prenez, au contraire, un livre de format étroit, comme les in-12 elzevieriens (in-12 couronne: 0,09 × 0,157) de certaines collections modernes: relié, il est indispensable de tenir ce petit volume à la main pour qu'il demeure ouvert, et il a toujours tendance à se refermer de lui-même, comme mû par un ressort. C'est que, dans le premier cas, le cas de l'album, la feuille étant plus large pèse davantage sur son extrémité libre, retombe d'elle-même, et oppose ainsi un contrepoids supérieur à la résistance de la couture et du dos; dans le second cas, pour l'étroit petit elzevier, c'est cette résistance qui l'emporte. Remarquons aussi que plus le papier est fort et rigide, plus la résistance du dos est énergique. Le papier des anciens petits elzeviers était du papier de fil, souple et peu épais: aussi ces gracieux petits volumes sont-ils autrement maniables et «complaisants» que les prétendus elzeviers modernes à papiers rigides.