Aphorismes du temps présent
LIVRE II
La Vie Collective
I
L’AME DES RACES
Les races pures n’existent plus que parmi les primitifs. Chez les peuples civilisés, la répétition des croisements et l’identité du milieu ont fini par former des races historiques nouvelles, analogues aux races pures.
Les caractères psychologiques d’une race historique, sont aussi stables que ses caractères anatomiques. Ils se transmettent par l’hérédité avec régularité et constance.
Le hasard des conquêtes peut courber sous une seule domination plusieurs peuples différents. Des siècles de croisements et de conditions d’existence identiques, leur sont nécessaires pour acquérir une âme nationale.
L’histoire d’un peuple est le récit de ses efforts pour stabiliser son âme et sortir ainsi de la barbarie.
La force d’un peuple réside moins dans la puissance de ses armées, que dans la communauté de sentiments engendrée par la solidité de son âme nationale. L’âme nationale des Romains leur fit dominer le monde. Ils disparurent en la perdant.
L’évolution régressive étant toujours plus rapide que l’évolution ascendante, les peuples mettent des siècles à acquérir une certaine structure mentale et la perdent parfois très vite.
Un peuple civilisé représente une foule, dont l’âme a été stabilisée par de lentes accumulations ancestrales.
L’âme stable de la race tend toujours à lutter contre l’âme instable de la foule et à limiter ses oscillations. Les foules font les révolutions. L’âme de la race en restreint la durée.
Chaque race historique et chaque phase de la vie de cette race impliquent certaines institutions, certaines morales, certains arts, certaines philosophies et n’en impliquent pas d’autres. Jamais peuple n’adopta une civilisation étrangère sans la transformer entièrement.
Prétendre imposer nos institutions, nos coutumes et nos lois aux indigènes d’une colonie, c’est vouloir substituer au passé d’une race le passé d’une autre race.
Sans rigidité, l’âme ancestrale ne possède aucune permanence. Sans une certaine malléabilité, elle ne saurait s’adapter aux changements de milieux, engendrés par l’évolution de la civilisation, et en conséquence progresser.
L’hérédité seule peut lutter contre l’hérédité. Les croisements entre individus inégaux désagrègent l’âme ancestrale de la race. Plusieurs nations périrent pour ne l’avoir pas compris.
Le patriotisme représente la synthèse des aspirations de l’âme nationale.
Le métis est un homme qui flotte entre les impulsions contraires d’ancêtres, d’intelligence, de moralité et de caractère différents.
Un peuple de métis est ingouvernable.
Le passé ne meurt jamais. Il vit en nous-même et constitue le guide le plus sûr de la conduite des individus et des peuples. L’âme des vivants est faite surtout de la pensée des morts.
Les morts sont souvent terriblement tyranniques.
Créer des idées qui influenceront les hommes, c’est mettre un peu de soi-même dans la vie de ses descendants.