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Aphorismes du temps présent

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IX
LES DIEUX

Il ne faut pas croire à la multiplicité des dieux. Sous des noms divers, les hommes de tous les âges n’ont guère adoré qu’une divinité : l’Espérance.


L’attribution d’un pouvoir mystérieux à des forces supérieures, concrétisées sous forme d’idoles, de fétiches, de formules, constitue l’esprit mystique. Il domine l’histoire.


Si l’homme change parfois les noms de ses dieux, il ne s’en est jamais passé. Le mysticisme semble un besoin indestructible de l’esprit.


La logique mystique peut dominer la logique affective, au point d’annuler l’instinct de la conservation.


Les héros et les Dieux, condensent en lumineuses synthèses, les obscures aspirations des peuples.


Une religion traduit la mentalité collective d’un peuple à un moment donné de son histoire.


Les dieux eux-mêmes évoluent. Les dogmes fixés par les textes restent invariables, mais suivant les peuples et le temps, l’interprétation de ces dogmes se transforme.


L’esprit religieux est indépendant des dogmes qui l’alimentent. Les Jacobins de la Terreur et les moines de l’Inquisition possédaient une mentalité identique.


Incapable de vivre sans certitude, l’homme préférera toujours les croyances les moins défendables, aux négations les plus justifiées.


Si l’athéisme se propageait, il deviendrait une religion aussi intolérante que les anciennes.


L’intolérance de certains libres penseurs, résulte fréquemment de la religiosité inconsciente dont l’atavisme a rempli leurs âmes.


La libre pensée ne constitue souvent qu’une croyance, qui dispense de la fatigue de penser.


Il est toujours imprudent de vouloir raisonner sa foi.


En donnant aux hommes l’espoir d’une éternité heureuse, les religions ont été beaucoup plus utiles à l’humanité que toutes les philosophies réunies.


Les religions constituent une force à utiliser ; jamais à combattre.


Si les croyances religieuses ont retardé la connaissance de quelques vérités scientifiques, il est douteux qu’aux phases inférieures de son évolution, l’homme eût beaucoup gagné à leur découverte.


C’est surtout après avoir détruit ses dieux qu’on en découvre l’utilité.


La raison crée le progrès, mais les bâtisseurs de croyances mènent l’histoire. Du fond de leurs tombeaux, de grands hallucinés comme Bouddha et Mahomet, courbent encore des millions d’hommes sous l’enchantement de leurs rêves.


Les peuples survivent rarement à la mort de leurs dieux.

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