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Aphorismes du temps présent

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VI
LA MATIÈRE[1]

[1] Les propositions qui vont suivre étaient très neuves quand je les formulai pour la première fois. Elles représentent les résultats de recherches expérimentales, poursuivies pendant près de dix ans, et exposées dans dix-huit mémoires que résument mes deux ouvrages : L’Évolution de la Matière et L’Évolution des Forces. J’interrompis ces recherches le jour où elles devinrent trop onéreuses et me résignai à retourner aux études psychologiques.

La matière supposée jadis indestructible s’évanouit lentement par la dissociation continue des atomes qui la composent.


Certains produits de la dématérialisation de la matière constituent par leurs propriétés, des intermédiaires entre les corps pondérables et l’éther impondérable, mondes profondément séparés par la science jusqu’ici.


La matière, jadis envisagée comme inerte et ne pouvant que restituer une énergie préalablement fournie, est au contraire un colossal réservoir d’énergie — l’énergie intra-atomique — capable d’être spontanément dépensée.


C’est de l’énergie intra-atomique, libérée pendant la dissociation de la matière, que résultent la plupart des forces de l’univers, l’électricité et la chaleur solaire notamment.


La force et la matière sont deux aspects d’une même chose. La matière représente une forme relativement stable de l’énergie intra-atomique. La chaleur, la lumière, l’électricité, etc., représentent des formes instables de la même énergie.


Dissocier les atomes, ou en d’autres termes dématérialiser la matière, c’est simplement transmuer la forme stable d’énergie nommée matière, en ces formes instables, connues sous les noms d’électricité, lumière, chaleur, etc.


Les équilibres des forces colossales condensées dans les atomes leur donnent une stabilité très grande. Il suffit cependant de troubler ces équilibres, par un réactif approprié, pour que la désagrégation des atomes commence. C’est ainsi que certains rayons lumineux dissocient facilement les parties superficielles d’un corps quelconque.


La lumière, l’électricité et la plupart des forces connues, résultant de la dématérialisation de la matière, un corps en rayonnant perd, par le fait seul de ce rayonnement, une partie de sa masse. S’il pouvait rayonner toute son énergie, il s’évanouirait entièrement dans l’éther.


La matière se transmue en des formes diverses d’énergie, mais c’est uniquement sans doute à l’origine des choses, que l’énergie put se condenser sous forme de matière.


La loi d’évolution, applicable aux êtres vivants, l’est également aux corps simples. Les espèces chimiques, pas plus que les espèces vivantes, ne sont invariables.

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