Chroniques de J. Froissart, tome 02/13 : $b 1340-1342 (Depuis les préliminaires du siége de Tournay jusqu'au voyage de la comtesse de Montfort en Angleterre)
CHAPITRE XLIII.
1341. GUERRE DE LA SUCCESSION DE BRETAGNE: SUCCÈS DU COMTE
DE MONTFORT [249] (§§ 138 à 143).
«Plusieurs jongleurs et chanteurs sur les places, dit Froissart, en prenant les guerres de Bretagne pour sujet de chansons de geste fabuleuses et de poëmes mensongers, ont altéré la vérité historique au grand déplaisir de Jean le Bel, qui a raconté le premier ces guerres dans ses Chroniques et à mon grand déplaisir aussi à moi Froissart qui ai loyalement, impartialement continué et complété l'œuvre de mon prédécesseur. Ces poëmes et ces chansons ne donnent nullement les faits réels: ces faits, on ne les trouvera qu'ici, grâce au soin extrême que nous y avons mis, car on n'a rien sans frais et sans peine. Moi, Jean Froissart, venu le dernier depuis Jean le Bel pour traiter ce sujet, j'ai visité et parcouru la plus grande partie de la Bretagne, j'ai fait une enquête auprès des seigneurs et des hérauts sur les guerres, les prises, les assauts, les incursions, les batailles, les rescousses et tous les beaux faits d'armes arrivés depuis 1340 jusqu'à la fin de ce livre; je me suis imposé cette tâche tant à la requête de mon seigneur et maître et à ses frais que pour me satisfaire moi-même, pour donner de l'authenticité et des bases solides à mon travail: en quoi mes efforts ont été grandement récompensés.» P. 265 et 266.
Mort de Jean III, dit le Bon, duc de Bretagne (30 avril 1341). Jean, comte de Montfort, frère de père de Jean III, est reçu comme duc à Nantes au mépris des prétentions de Jeanne, nièce du roi de France par son mariage avec Charles de Blois et dont le père Gui, comte de Penthièvre, était frère de Jean III de père et de mère. P. 86 à 88, 265 à 269.
Jean de Montfort, après s'être emparé de Limoges et des trésors de Jean III, revient à Nantes où il convoque à une grande fête les nobles et prélats de Bretagne. Les bourgeois et conseillers des bonnes villes se rendent à cet appel, mais non les grands barons qui, sauf Hervé de Léon [250], sont à peu près tous partisans de Charles de Blois. Jean de Montfort distribue à ses fidèles le trésor trouvé à Limoges. P. 89 et 90, 269 à 271.
Prise du fort château de Brest par Jean de Montfort après une héroïque défense de (Gautier [251]) de Clisson. P. 90 à 93, 271 à 275.
Siége de Rennes par Jean de Montfort. Henri de Spinefort [252], capitaine de la ville, est fait prisonnier dans une sortie. Le comte de Montfort menace de faire pendre ce chevalier si Rennes ne lui ouvre ses portes. Lutte entre les grands bourgeois qui sont d'avis de résister et les gens du commun qui veulent faire leur soumission. La ville finit par se rendre, et Henri de Spinefort se range parmi les partisans de Jean de Montfort. P. 93 à 96, 275 à 280.
Prise d'Hennebont [253], fort château et bon port de mer, due à une surprise faite à Olivier de Spinefort, capitaine de cette place, par son frère Henri de Spinefort.—Reddition de Vannes.—Levée du siége mis pendant dix jours devant la Roche-Piriou [254].—Reddition de Suscinio [255].—Reddition du château d'Auray [256] par Geffroi de Malestroit et Yvon de Trésiguidy qui prêtent serment de fidélité au comte de Montfort.—Reddition de la Forest [257] dont le capitaine est un ancien compagnon d'armes d'Hervé de Léon en Grenade et en Prusse.—Reddition de Carhaix [258] où s'était enfermé un évêque qui en était seigneur [259]. Cet évêque, oncle d'Hervé de Léon, se décide, sur les instances de son neveu, à faire sa soumission au comte de Montfort. P. 97 à 100, 280 à 285.
Siége de Jugon [260] par le comte de Montfort. Amauri de Clisson, capitaine de la garnison, et plus de cent vingt bourgeois de la ville, sont faits prisonniers dans une sortie par Olivier et Henri de Spinefort accourus au secours d'Yvon de Trésiguidy. La ville de Jugon, contre laquelle le comte de Montfort a fait dresser quatre engins amenés de Rennes, est obligée de se rendre; Amauri de Clisson prête serment de fidélité au comte de Montfort, qui assigne à ce chevalier cinq cents livres de terre et le retient de son conseil. Le vainqueur laisse comme châtelain à Jugon Garnier de Trésiguidy, cousin d'Yvon.—Reddition de Dinan.—Siége infructueux de Josselin [261].—Reddition du château de Ploërmel.—Reddition sous condition de Mauron [262] après douze jours de siége. P. 285 à 291.