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Chroniques de J. Froissart, tome 02/13 : $b 1340-1342 (Depuis les préliminaires du siége de Tournay jusqu'au voyage de la comtesse de Montfort en Angleterre)

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CHAPITRE XLIX.
1342. DÉFAITE DE LOUIS D'ESPAGNE PRÈS DE QUIMPERLÉ; SIÉGE DE LA ROCHE-PIRIOU, DU FAOUËT, ET PRISE DE LA FOREST PAR GAUTIER DE MAUNY [311] (§§ 172 à 174).

Louis d'Espagne et Ayton Doria s'embarquent avec un certain nombre de gens d'armes sur les navires pris à Guérande et vont ravager la Bretagne bretonnante, notamment les environs de Quimperlé, de Quimper-Corentin et de Saint-Mathieu [312]; ils font des descentes sur les côtes et courent tout ce pays dont ils entassent les dépouilles sur leurs navires. A cette nouvelle, Gautier de Mauny, qui se tient à Hennebont auprès de la comtesse de Montfort, prend la mer avec une flotte montée par cinq cents hommes d'armes et deux mille archers. Cette flotte parvient à joindre celle de Louis d'Espagne et d'Ayton Doria dans le havre de Quimperlé. Gautier de Mauny saisit l'instant où les Français sont descendus à terre pour piller le littoral, il fond à l'improviste sur leurs navires sans défense et les capture; puis il laisse sa flotte sous la garde de cent hommes d'armes et de trois cents archers, met pied à terre et marche à la rencontre de Louis d'Espagne. P. 160, 161, 392, 393, 388, 389.

Gautier de Mauny et Louis d'Espagne se livrant un combat acharné aux environs de Quimperlé [313]. Gautier de Mauny a réparti ses gens en trois batailles. Louis d'Espagne met en déroute la première bataille dans un engagement où il fait chevalier son neveu Alphonse d'Espagne, mais il ne peut tenir tête malgré son courage aux deux autres batailles accourues au secours de la première et auxquelles les paysans des environs viennent prêter main forte; il est forcé de prendre la fuite après avoir perdu presque tous les siens, entre autres Alphonse son cher neveu: il se jette dans une grosse barque et se sauve à force de voiles avec quelques-uns de ses compagnons. Gautier de Mauny fait appareiller sa flotte en toute hâte et se met à la poursuite des fugitifs. Louis d'Espagne aborde à Redon au moment où ses ennemis sont sur le point de le ratteindre; il réussit à leur échapper en montant sur de petits chevaux qu'il emprunte et à l'aide desquels il gagne précipitamment la cité de Rennes voisine de Redon. Gautier de Mauny et les siens font voile de Redon pour revenir par mer à Hennebont, mais les vents contraires les forcent à prendre terre à trois lieues de Dinan [314] d'où ils vont assiéger la Roche-Piriou. Gérard de Mâlain, autrefois capitaine de ce château, est revenu depuis six jours y tenir garnison par l'ordre de Charles de Blois. Gautier de Mauny commande l'assaut, mais ceux de dedans repoussent les assaillants par le jet de pierres et de poutres, par le tir de leurs canons et de leurs arcs à tour. Deux chevaliers, Jean le Bouteiller et Hubert de Frenay, sont blessés en montant à l'assaut; on les porte dans un pré situé au pied du château et où sont déjà gisants un certain nombre d'autres blessés. P. 161 à 164, 393 à 396, 389 à 391.

Renier de Mâlain, frère de Gérard, châtelain d'un autre petit fort appelé le Faouët [315] situé à moins d'une lieue de la Roche-Piriou, accourt avec quarante de ses compagnons pour porter secours à son frère; il trouve au pied du château assiégé Jean le Bouteiller, Hubert de Frenay et les autres hommes d'armes blessés du côté des assaillants étendus au milieu d'un pré; il n'a pas de peine à les faire prisonniers et revient les mettre sous bonne garde dans sa forteresse du Faouët. Indignés d'une si lâche surprise, Gautier de Mauny et Amauri de Clisson abandonnent la Roche-Piriou et viennent assiéger le Faouët pour délivrer leurs compagnons. Gérard de Mâlain veut alors rendre à son frère Renier service pour service; il monte à cheval, part une nuit de la Roche-Piriou et arrive un peu devant le jour à Dinan [316] où il implore le secours de Pierre Portebœuf, son bon compagnon, en faveur de son frère Renier. Il réussit à faire accueillir favorablement sa demande et ne tarde pas à revenir vers le Faouët avec un corps de six mille auxiliaires fournis par les bourgeois de Dinan. Gautier de Mauny, craignant de se trouver pris entre les gens d'armes amenés par Gérard de Mâlain, d'une part, et l'armée de Charles de Blois, de l'autre, lève le siége du Faouët. P. 164 à 166, 397 à 399, 401.

Avant de rentrer dans Hennebont, Gautier de Mauny met le siége devant le château de Ghoy le Forest [317]. Charles de Blois, à qui ce château s'est rendu quinze jours auparavant, y a maintenu comme capitaine Gui de Ghoy, auquel il a adjoint Hervé de Léon; mais ces deux chevaliers sont absents au moment où Gautier de Mauny se présente devant la forteresse confiée à leur garde: ils sont allés se joindre au gros de l'armée française qui assiége Carhaix. Gautier de Mauny profite de leur absence pour emporter d'assaut Ghoy le Forest, qui est un château merveilleusement fort; il passe la garnison au fil de l'épée, et revient après ce beau fait d'armes à Hennebont. P. 167, 168, 400 à 402.

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