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Chroniques de J. Froissart, tome 02/13 : $b 1340-1342 (Depuis les préliminaires du siége de Tournay jusqu'au voyage de la comtesse de Montfort en Angleterre)

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CHAPITRE XXXVIII.
1340. ASSEMBLÉE DE VILVORDE SUIVIE DU SIÉGE DE TOURNAY PAR ÉDOUARD III ET SES ALLIÉS [158] (§§ 118 à 122).

Assemblée de Vilvorde. Les principaux personnages qui assistent à cette assemblée, sont Édouard III roi d'Angleterre, Jean III duc de Brabant, Guillaume II comte de Hainaut, Jean de Hainaut, oncle du comte, Renaud II duc de Gueldre, Guillaume V marquis de Juliers, Louis Ier de Bavière, marquis de Brandebourg, Frédéric II, marquis de Meissen et d'Osterland, Adolphe VIII, comte de Berg, Robert d'Artois, Thierry III, seigneur de Fauquemont (Valkenburg), Guillaume de Duvenvoorde, Guillaume Ier, marquis de Namur. A ces princes sont venus se joindre Jacques d'Arteveld et les députés de Flandre, de Brabant et de Hainaut, au nombre de trois ou quatre pour chaque bonne ville. Une alliance offensive et défensive est conclue entre Flandre, Hainaut et Brabant; en cas de différend, c'est le roi d'Angleterre qui jouera le rôle d'arbitre entre ces trois pays. En signe de cette alliance, il sera frappé une monnaie dont les pièces s'appelleront compagnons ou alliés. Les alliés conviennent d'aller mettre le siége devant Tournay aux environs de la Madeleine (22 juillet), puis ils se séparent et chacun retourne chez soi pour faire ses préparatifs. P. 41 à 43, 229 et 230.

Philippe de Valois envoie tenir garnison à Tournay l'élite de sa chevalerie, notamment Raoul, comte d'Eu, connétable de France [159], le jeune comte de Guines son fils [160], le comte de Foix [161] et ses frères, Aymeri VIII (vicomte) de Narbonne, Amé de Poitiers [162], Geoffroy de Charny [163], Girard de Montfaucon [164], Robert Bertran et Mathieu de Trie, maréchaux de France [165], Jean de Landas [166], le sénéchal de Poitou [167], les seigneurs de Cayeux [168], de Châtillon [169], de Renneval, de Mello [170], d'Offémont [171], de Saint-Venant [172] et de Creseques [173]. Les fortifications de la cité sont réparées, les engins, canons et espingalles sont mis en état, et l'on se pourvoit d'approvisionnements de toute sorte. P. 43, 44, 230.

Siége de Tournay par Édouard III et ses alliés. Le roi d'Angleterre prend position à la porte dite de Saint-Martin [174] sur le chemin de Lille et de Douai, le duc entre le Pont-à-Rieux [175], le long de l'Escaut, le Pire [176] et la porte de Valenciennes [177], le comte de Hainaut entre le roi d'Angleterre et le duc de Brabant [178]. Jacques d'Arteveld, à la tête de soixante mille Flamands, vient se loger à la porte de Sainte-Fontaine [179], sur les deux rives de l'Escaut. Les princes allemands, campés près des Marvis [180] du côté du Hainaut, ont fait un pont sur l'Escaut en amont de Tournay pour aller et venir d'une rive à l'autre. La cité de Tournay est ainsi investie de tous les côtés à la fois, et les habitants, pour mieux assurer la défense, ont enterré sept de leurs portes. P. 44 et 45, 230 à 232.

Le siége durant devant Tournay, le comte de Hainaut ravage et brûle Orchies [181] et plus de quarante villages ou hameaux des environs, Landas [182], Lecelles [183], Haubourdin [184], Seclin [185], Ronchin [186], la ville et l'abbaye de Cysoing [187], Bachy [188], Marchiennes [189], les bords de la rivière de Scarp jusqu'au château de Rieulay [190], en Hainaut; il pousse ses incursions jusqu'au Pont-à-Raches [191] à une lieue de Douai et jusqu'aux faubourgs de Lens [192] en Artois. P. 46, 232 et 233.

Combat sur l'Escaut entre les Flamands et les Français montés les uns et les autres sur des barques; les Flamands sont repoussés par les assiégés. P. 46, 47, 233, 234.

Durant ce même siége de Tournay, les Français de la garnison de Saint-Amand pillent et brûlent le village et l'abbaye d'Hasnon [193]; ils traversent les bois de Raismes, mettent le feu à l'hôtel du Pourcelet et attaquent l'abbaye de Vicoigne [194], dont l'abbé nommé Godefroi [195] parvient à repousser les agresseurs. Pour remercier les arbalétriers de Valenciennes qui sont accourus à son secours sous les ordres de Jean de Baissi, prévôt de la ville, l'abbé de Vicoigne leur fait boire un tonneau de vin; et dans la crainte d'une nouvelle surprise, il fait couper les bois qui entourent son abbaye et creuser de profonds et larges fossés. P. 47, 48, 234, 235.

«Pendant le siége de Tournay, dit Froissart, il survint plusieurs grands faits d'armes, non-seulement en France, mais encore en Gascogne et en Écosse, qui ne doivent pas être mis en oubli, car selon la promesse que j'ai faite à mon seigneur et maître en commençant cet ouvrage, je consignerai toutes les belles actions qui viendront à ma connaissance, quoique Jean le Bel ne les ait pas mentionnées dans ses Chroniques. Mais un homme ne peut tout savoir, et ces guerres étaient si grandes, si dures et si enracinées de tous côtés, qu'il est facile d'en oublier quelque chose si l'on n'y prend bien garde.» P. 235, 236.

Le comte de l'Isle [196] est en Gascogne comme un petit roi de France et fait une guerre acharnée aux Gascons du parti anglais. Les principaux chevaliers du parti français sont avec le comte de l'Isle, les comtes de Comminges [197] et de Périgord [198], les vicomtes de Villemur [199], de Tallard [200], de Bruniquel, de Caraman [201] et de Murendon [202]; l'effectif de leurs forces s'élève à six mille chevaux et dix mille fantassins. Les Français prennent Bergerac, Condom, Sainte-Bazeille [203], Penne [204], Langon [205], Prudaire, Civrac [206]; ils assiégent la Réole. Après une belle défense, Jean le Bouteiller, capitaine de la ville pour le roi d'Angleterre, rend la Réole [207] au comte de l'Isle qui confie la garde de cette place à un chevalier gascon nommé Raymond Segui. Une fois maîtres de la Réole, les Français mettent le siége devant Auberoche [208], dont la garnison a pour chef Hélie de Pommiers. P. 48, 236 et 237.

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