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Chroniques de J. Froissart, tome 02/13 : $b 1340-1342 (Depuis les préliminaires du siége de Tournay jusqu'au voyage de la comtesse de Montfort en Angleterre)

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CHAPITRE XXXVI.
1340. SIÉGE ET PRISE DE THUN-L'ÉVÊQUE PAR LES FRANÇAIS.—OFFRES DE COMBAT FAITES PAR LE COMTE DE HAINAUT; REFUS DU DUC DE NORMANDIE [135] (§§ 108 à 112).

Le duc de Normandie vient, sur les instances des Cambrésiens, mettre le siége devant la forteresse de Thun-l'Évêque [136] dont les Hainuyers se sont emparés et d'où ils portent le ravage aux environs de la cité de Cambrai. La garnison a pour chefs un chevalier du parti anglais nommé Richard de Limozin et deux écuyers du Hainaut, frères de Gautier de Mauny, Jean et Thierry de Mauny. Craignant d'être empestés par les bêtes mortes et puantes que jettent les engins des assiégeants, les assiégés demandent et obtiennent une trêve de quinze jours; ils promettent de se rendre au duc de Normandie s'ils ne sont pas secourus par Jean de Hainaut dans cet intervalle. Catherine de Wargnies, chanoinesse de l'abbaye de Denain, qui s'est enfermée dans Thun par amour pour Jean de Mauny dont elle est la maîtresse, et que le fracas du siége incommode beaucoup à cause de son état de grossesse avancée, profite de la trêve pour se retirer à Bouchain. P. 24 à 26, 212 à 214.

Sur ces entrefaites, le comte de Hainaut revient dans son pays. Il réunit en toute hâte une puissante armée pour marcher au secours de la garnison de Thun-l'Évêque et vient camper à Naves et à Iwuy sur la rive droite de l'Escaut; il est bientôt rejoint par le comte de Namur, le duc de Brabant et les grands seigneurs des marches d'Allemagne alliés du roi d'Angleterre. P. 27 et 28, 215 et 216.

L'armée du duc de Normandie est campée de l'autre côté de la rivière, sur la rive gauche de l'Escaut. A la nouvelle de l'arrivée du comte de Hainaut, Philippe de Valois, qui se tenait depuis six semaines à Péronne, accourt rejoindre Jean son fils à la tête de douze cents lances; mais comme le roi de France a fait serment de ne pas pénétrer à main armée sur le territoire de l'Empire, le duc de Normandie conserve le commandement nominal, tout en n'agissant que d'après le conseil de son père. P. 28, 216.

Quatre jours après son arrivée devant Thun-l'Évêque, l'armée du comte de Hainaut se renforce d'une troupe de Valenciennois que commande Jean de Baissi, prévôt de la ville. Richard de Limozin et les autres gens d'armes de la garnison de Thun-l'Évêque profitent d'une escarmouche entre Français et Valenciennois pour se sauver dans une barque et aller rejoindre le comte de Hainaut qui les remercie et les félicite de leur belle défense. P. 29, 216 et 217.

Les Français ravagent l'Ostrevant et les Hainuyers le Cambrésis. Le comte de Hainaut reçoit un renfort de soixante mille Flamands amenés par Jacques d'Arteveld; il offre la bataille au duc de Normandie qui la refuse. Le comte de Hainaut réunit alors les plus grands barons de l'armée pour leur communiquer la réponse du duc de Normandie et leur demander conseil; il veut faire un pont sur l'Escaut afin d'aller livrer bataille aux Français. Le duc de Brabant combat ce projet; il est d'avis qu'on se sépare sans avoir rien fait et qu'on attende l'arrivée prochaine du roi d'Angleterre qui doit se joindre à ses alliés pour mettre le siége devant Tournay. Malgré l'opposition du duc de Brabant dont les gens d'armes, surtout ceux de Bruxelles et de Louvain, sont impatients de retourner dans leurs foyers, le comte de Hainaut n'en persiste pas moins dans son projet de livrer bataille aux Français. P. 29 à 31, 217, 218.

Le comte de Hainaut charge Jean de Hainaut, seigneur de Beaumont, son oncle, de demander trois jours de répit aux Français, le temps de construire un pont sur l'Escaut afin que les deux armées puissent se joindre et en venir aux mains. Au moment où Jean de Hainaut chevauche sur la rive droite de l'Escaut et se dispose à accomplir son message, il aperçoit sur la rive opposée un chevalier de Normandie de sa connaissance, le seigneur de Maubuisson [137]; il prie ce chevalier de transmettre au roi de France ou au duc de Normandie la proposition du comte de Hainaut. Le conseil du roi de France répond au seigneur de Maubuisson que l'on est résolu à ne pas changer de tactique vis-à-vis du comte de Hainaut, qu'on veut d'abord le ruiner en traînant la guerre en longueur, que cela fait, on envahira son pays pour y porter le ravage. Jean de Hainaut, à qui le seigneur de Maubuisson vient rapporter cette réponse, la transmet au comte de Hainaut, son neveu, qui la reçoit avec un profond déplaisir. P. 32 à 34, 218.

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