Chroniques de J. Froissart, tome 02/13 : $b 1340-1342 (Depuis les préliminaires du siége de Tournay jusqu'au voyage de la comtesse de Montfort en Angleterre)
SOMMAIRE.
CHAPITRE XXXIV.
1340. OUVERTURE DES HOSTILITÉS ENTRE LES ROIS DE FRANCE
ET D'ANGLETERRE (§§ 99 à 101).
Irrité de la destruction d'Aubenton et du ravage de la Thiérache, Philippe de Valois charge Jean son fils, duc de Normandie, d'envahir le Hainaut à la tête d'une puissante armée. 1, 185, 187.
En Gascogne, le comte de l'Isle reçoit l'ordre d'envahir le Bordelais et en général toutes les terres et seigneuries des Anglais et de leurs adhérents.—Noms des principaux seigneurs qui prennent part à cette campagne.—Les Français ravagent les terres d'Albret [1] et de Pommiers [2], et en général les possessions des seigneurs de Lesparre, de Cars [3] et de Mussidan [4]. P. 1, 2, 187 et 188.
En même temps, le roi de France renforce la grosse flotte des écumeurs, commandée par Hue Quieret et Barbavara qui se tient en face des côtes de Flandre pour empêcher Édouard III de repasser sur le continent. P. 2 et 188.
Louis de Nevers, comte de Flandre, et la comtesse Marguerite sa femme, vivent à Paris à la charge du roi de France, car ils ne reçoivent rien des rentes et revenus de leur comté. Les collecteurs de ces revenus n'en rendent compte qu'à Jacques d'Arteveld et à certains bourgeois de Gand, de Bruges, d'Ypres et de Courtrai, à ce députés; on les met en réserve afin que le pays y puisse recourir en cas de besoin et aussi en prévision d'une réconciliation avec le comte de Flandre. Les dépenses de Jacques d'Arteveld sont imputées sur des tailles spéciales levées toutes les semaines. Louis de Flandre engage le roi de France à contraindre les Flamands à l'obéissance en les menaçant de les faire excommunier par le pape. P. 185.
Philippe de Valois, qui voit les Flamands disposés à entrer dans la ligue formée contre lui par les Allemands, les Brabançons, les Hainuyers et les Anglais, essaye de les gagner par la persuasion avant d'en venir aux mesures de rigueur. Le comte Raoul d'Eu et de Guines, connétable de France, les seigneurs de Montmorency et de Saint-Venant, les évêques de Paris et de Chartres, sont envoyés à Tournay et reçoivent mission de s'aboucher et de traiter avec les députés des villes de Flandre. Ceux-ci déclarent qu'ils n'entendront à rien tant que le roi de France n'aura pas rendu Lille, Douai, Béthune et les dépendances de ces villes. Les commissaires de Philippe de Valois jugent qu'une entente est impossible dans ces conditions, et l'on se sépare sans avoir rien fait. P. 185 et 186.
A l'instigation du roi de France, le pape (Benoit XII) lance une bulle d'excommunication contre les Flamands et l'envoie aux évêques de Cambrai, de Tournay et de Thérouanne. Il est défendu aux prêtres de chanter la messe sous peine d'encourir l'excommunication et de perdre leurs bénéfices. Informé de cette situation, Édouard III promet aux Flamands de leur amener, à son prochain retour sur le continent, des prêtres de son pays pour chanter la messe, que le pape le veuille on non, car comme roi d'Angleterre il a parfaitement le droit de le faire. Grand mécontentement des prêtres de Flandre privés de leur casuel par la défense du pape. P. 2, 3, 186 et 187.
Philippe de Valois donne l'ordre aux gens d'armes de ses garnisons de Tournay, de Lille, de Douai et des châteaux voisins de faire la guerre aux Flamands et de porter le ravage dans leur pays. Chevauchée des Français jusqu'aux portes de Courtrai, incendie des faubourgs de cette ville et de tout le pays environnant, notamment de Dottignies [5]; retour par la rivière du Lis et par Warnêton [6]; capture de plus de dix mille blanches bêtes, de trois mille porcs, de deux mille grosses bêtes, sans compter cinq cents personnes, hommes, femmes et enfants, emmenés pour être mis à rançon. P. 3 et 4, 188 et 189.
Expédition de Jacques d'Arteveld contre Tournay à la tête d'une puissante armée de Flamands. Arrivé au Pont de Fer [7], entre Audenarde et Tournay, le chef des Flamands attend que les comtes de Salisbury et de Suffolk, qui se tiennent en garnison à Ypres, et le contingent du Franc de Bruges, viennent le rejoindre. P. 4, 5, 189.
Les Flamands occupent Poperinghe, Messines [8], Bergues [9], Cassel [10], Bourbourg [11], Furnes, Nieuport [12], Dunkerque, Gravelines [13]. Les Français ont mis garnison à Saint-Omer, à Thérouanne, à Aire [14] et à Saint-Venant [15]. Le roi de France envoie deux cents lances de Savoie et de Bourgogne à Lille sous les ordres d'Amé de Genève [16], de [Hue] de Châlon [17], des seigneurs de Villars [18] et de Groslée [19]. P. 5 et 191.
Pendant le trajet d'Ypres au Pont de Fer, les comtes de Salisbury et de Suffolk tombent, malgré les avis de Waflard de la Croix, dans une embuscade dressée contre eux près de Lille et sont faits prisonniers par les habitants de cette ville qui les livrent à Philippe de Valois. Jacques d'Arteveld, découragé, congédie ses gens d'armes et retourne à Gand. P. 5 à 8, 189 à 193.