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Dissertation sur la nature et la propagation du feu

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II.
Des causes de la chaleur des corps.

Un corps s’échauffe, ou parce qu’il reçoit plus de Feu dans ses pores, ou parce que celui qui y est renfermé, reçoit un nouveau mouvement.

Il me semble qu’on peut rapporter les différentes causes qui peuvent produire ces effets sur les corps, à deux principales.

Deux causes de la chaleur des corps. La premiére est la présence du Soleil & la direction des rayons qu’il nous envoye; les corps reçoivent par la présence du Soleil, un nouveau Feu dans leurs pores, & ils en reçoivent d’autant plus que l’incidence de ses rayons est plus perpendiculaire.

Les rayons perpendiculaires sont plus denses que les rayons obliques, car le plan perpendiculaire AP, reçoit tous les rayons qui tombent dans l’espace RR, mais il n’en recevroit environ que la moitié, s’il étoit incliné dans la direction OB, & il en recevroit d’autant moins que sa position seroit plus oblique: donc puisque le même espace reçoit plus de rayons, il doit être plus échauffé.

La seconde cause qui manifeste le Feu, & qui interrompt l’équilibre auquel il tend, c’est l’attrition des corps les uns contre les autres. Toutes les façons dont le Feu d’ici-bas peut être excité, ne sont que des modifications de cette cause, de même que tous nos sens ne sont qu’un tact diversifié.

Comment les premiers hommes ont connu le Feu. C’est vraisemblablement cette attrition des corps qui a fait connoître le Feu aux premiers hommes. L’embrasement de quelques forêts que l’agitation de leurs branches aura produit, ou le choc de deux cailloux, leur auront fait connoître cet être qui les animoit, & dont ils ne soupçonnoient pas même l’existence.

Ainsi les premiers hommes auront pû voir long-tems la lumiére du Soleil, & sentir sa chaleur, ils auront pû éprouver les vicissitudes du froid & du chaud causées par la santé, & la maladie, sans avoir aucune idée du Feu, c’est-à-dire, de cet être que nous avons le pouvoir d’exciter, & pour ainsi dire de créer, car le premier Feu que les hommes ont produit, a dû leur paroître une création véritable.

La Nature ayant laissé deviner aux hommes le secret du Feu, ils ont dû être encore long-tems sans se douter que les rayons du Soleil, & le feu qu’ils allument, fussent de la même nature; il a fallu que l’invention admirable des Verres brûlans leur ait appris que ce Soleil, dont le retour leur apporte la santé, & rajeunit toute la Nature, avoit la vertu de tout détruire comme de tout vivifier, & que l’effet de ses rayons, lorsqu’ils sont rassemblés, surpasse de beaucoup ceux du Feu d’ici-bas.

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