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La bibliothèque nationale : $b Son origine et ses accroissements jusqu'à nos jours

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FRANÇOIS Ier. (1515-1547).

La collection royale ne pouvait que s’enrichir dans les mains d’un prince ami des lettres tel que le fut François Ier, dont le règne marque une époque si brillante pour les productions de l’esprit en France.

Comme son prédécesseur, il tenait de ses aïeux une belle bibliothèque, celle des comtes d’Angoulême; son avènement en procura la possession à la France. C’était pour la librairie de Blois un important développement. L’origine de cette bibliothèque remontait à Jean le Bon, fils de Louis d’Orléans et frère de Charles, dont il avait les goûts littéraires. Fait prisonnier, comme ce dernier, à la bataille d’Azincourt, il occupa, à son exemple, les loisirs de son exil à rechercher, à faire exécuter et à copier lui-même des manuscrits. Le manuscrit 3638 du fonds latin conservé à la Bibliothèque nationale est écrit de sa main. La collection qu’il avait rassemblée s’augmenta par les soins de son fils, Charles d’Angoulême, qui, indépendamment des manuscrits, voulut posséder des volumes imprimés, et François, avant d’être roi, l’avait encore enrichie d’une dizaine de manuscrits qui lui avaient été dédiés.

Le règne de François Ier commençait ainsi bien heureusement pour la Bibliothèque. Le goût marqué du roi pour les manuscrits, et surtout pour les manuscrits grecs ou orientaux, fit faire de rapides progrès à cette partie de nos collections. Pour avoir ses livres sous la main, François Ier les plaça dans la galerie supérieure du château de Fontainebleau. En même temps il en faisait rechercher et acheter en Italie, en Grèce et en Orient. C’est ainsi que Jérôme Fondule procura au fonds royal 60 volumes grecs pour lesquels il reçut une somme de 4000 écus d’or. Jean de Pins, évêque de Rieux, notre ambassadeur à Venise, avait recueilli 18 manuscrits grecs qui, après sa mort, entrèrent à la Bibliothèque de Fontainebleau. Guillaume Pélicier, évêque de Montpellier, son successeur à Venise, y fit copier, pour le compte du roi, des volumes grecs et hébreux. Nos ambassadeurs à Rome, George de Selve, évêque de Lavaur, George d’Armagnac, en rapportèrent également des manuscrits grecs. En Orient, Guillaume Postel, Juste Tenelle, Pierre Gille travaillèrent à l’accroissement des collections royales. Les étrangers mêmes, Ant. Eparque, le poëte de Corfou, Jean Gaddi, Antoine Asulan, Jean Lascaris, firent don au roi de manuscrits exécutés ou recueillis par leurs soins. A la tête de tous ces hommes éminents par la science et par les fonctions, se place le célèbre helléniste Guillaume Budé. Nommé par le roi maître de la librairie en 1522, titre nouveau qui remplaça désormais celui de garde de la librairie, il mit au service de la Bibliothèque sa grande influence auprès de François Ier et sa vaste érudition. Sous sa direction, la collection royale parvint à un haut degré de prospérité. En 1527, la confiscation des biens du connétable de Bourbon vint encore l’enrichir et lui ajouter un nouvel éclat.

Guillaume Budé mourut en 1540; il eut pour successeur dans la charge de maître de la librairie Pierre Du Chatel. Ce fut sous l’administration de ce dernier que la Bibliothèque de Fontainebleau s’accrût des livres qui composaient la librairie de Blois. Cette collection avait été soigneusement conservée par les hommes qui, après le règne de Louis XII, en avaient eu la garde, Adam Laigre, aumônier de la reine, Guillaume Petit, l’auteur de l’inventaire de 1518 et Jacques Lefèvre d’Etaples. Au moment où la Bibliothèque de Blois fut installée au château de Fontainebleau, elle se trouvait placée sous la direction de Jean de la Barre. Ce fut celui-ci qui, conjointement avec le poëte Mellin de Saint-Gelais, maître de la Chambre des comptes de Blois, fut chargé de dresser un nouvel inventaire et de faire transporter les livres au nouveau palais de François Ier. Cette réunion eut lieu entre les mains de Mathieu Lavisse, le 15 juin 1534. Mellin de Saint-Gelais suivit les collections de Blois à Fontainebleau, où il exerça les fonctions de garde de la librairie. A la fin du règne de François Ier, il y avait donc à la tête de la Bibliothèque de Fontainebleau un maître de la librairie, P. Du Chatel, et deux gardes, Mellin de Saint-Gelais et Mathieu Lavisse.

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