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La bibliothèque nationale : $b Son origine et ses accroissements jusqu'à nos jours

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LOUIS XIII. (1610-1643).

Isaac Casaubon ne resta pas longtemps attaché à la Bibliothèque. En 1610, il y reçut le jeune roi Louis XIII, qui se montra très-satisfait de sa visite. Mais cette année même, il fut obligé, à cause de ses opinions religieuses, de quitter la France. Il se réfugia en Angleterre, où il mourut en 1614.

Le garde de la librairie qui lui succéda fut Nicolas Rigault, dont la nomination n’eut lieu qu’en 1615. Deux ans plus tard, la charge de maître de la librairie passa de J.-A. de Thou à François de Thou, son fils, le même qui devait payer de sa tête son dévouement à l’amitié. Il n’avait alors que neuf ans, et ce fut Nicolas Rigault qui exerça effectivement toute l’autorité. Celui-ci usa de son pouvoir au grand avantage des collections dont il avait l’administration. Déjà au mois d’août 1617, il avait fait rendre une déclaration qui prescrivait le dépôt à la Bibliothèque de deux exemplaires de tout ouvrage imprimé. Cette mesure importante fut suivie, quelques années plus tard, de la confection du premier catalogue de la Bibliothèque vraiment digne de ce nom. Jusqu’alors il n’y avait eu que des inventaires partiels, N. Rigault entreprit de rédiger un catalogue général de toutes les collections. Son travail, auquel Saumaise et Hautin s’associèrent, fut achevé en 1622. Il est divisé en cinq sections: trois sont consacrées aux manuscrits et deux aux livres imprimés; il renferme la désignation de près de 6,000 volumes, dans lesquels les imprimés ne comptent que pour un faible nombre.

L’année même où ce catalogue fut terminé, la Bibliothèque reçut par voie d’acquisition les manuscrits de la famille Hurault. Jean Hurault, seigneur de Boistaillé, ambassadeur à Constantinople sous Charles IX, avait rapporté du pays où il avait séjourné une centaine de manuscrits grecs. Philippe Hurault, comte de Cheverny, avait, de son côté, réuni une belle série de manuscrits, la plupart sur l’histoire de France. Les livres des deux membres de cette famille devinrent l’héritage de Philippe Hurault, évêque de Chartres, qui mourut en 1621. A sa mort, un arrêt du Conseil d’Etat ordonna l’estimation de la collection par les soins de Pierre Dupuy et de Rigault, et l’acquisition en fut faite au prix de 12,000 écus. Plus de 400 volumes entrèrent ainsi dans la Bibliothèque du roi. Il n’en fut pas de même des manuscrits orientaux que M. de Brèves avait recueillis pendant qu’il était ambassadeur à Constantinople. Ils furent bien achetés au nom du roi en même temps qu’une série de caractères d’impression orientaux; mais le cardinal de Richelieu ne les laissa pas arriver à la Bibliothèque; le tout vint enrichir ses collections personnelles. On sait qu’à sa mort ses livres restèrent à la Sorbonne; la Bibliothèque ne se les vit attribuer que beaucoup plus tard.

Une autre acquisition, faite également au nom du roi, ne profita, à cette époque, qu’au puissant cardinal. Antoine de Loménie, ancien ministre d’Etat, avait formé une célèbre collection en 358 volumes de copies de documents diplomatiques et administratifs. En 1638, elle fut cédée par son fils, le comte de Brienne, pour la somme de 38,000 livres. Le duc de Richelieu s’empara des manuscrits, et la collection de Brienne, après avoir passé aux mains du cardinal Mazarin, n’entra à la Bibliothèque qu’à la mort de ce dernier.

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