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La bibliothèque nationale : $b Son origine et ses accroissements jusqu'à nos jours

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CHARLES V. (1364-1380).

L’origine de la Bibliothèque de France date réellement du règne de Charles le Sage. L’amour de ce prince pour les livres, les encouragements qu’il prodigua aux savants, favorisèrent les progrès des collections royales qui, dès cette époque, faisaient l’admiration des contemporains. A lui revient l’honneur de la première organisation d’une Bibliothèque, destinée non-seulement à satisfaire les goûts du roi, mais encore à activer le mouvement littéraire de son époque et à faciliter les travaux des savants.

Le premier acte de Charles V fut d’ordonner en 1367 le dépôt des livres, jusqu’alors conservés au Palais de la Cité, dans la tour du château du Louvre dite la Tour de la Fauconnerie. Les fenêtres de cette tour, qui comprenait trois étages ou chambres, étaient garnies de fils de fer «pour deffense des oyseaux et autres bestes» et les livres y étaient conservés avec le plus grand soin sur des pupitres, placés autour de chaque salle. A la tête de ce dépôt, le roi nomma Gilles Mallet, son valet de chambre, «lequel pour cause que en lui sçavoit plusieurs vertus, moult aimoit» et qui dressa l’inventaire des livres confiés à sa garde. Cet inventaire suivi d’un récolement fait par les soins de Jean Blanchet, en 1380, et complété par les inventaires de Jean le Bègue en 1411 et 1424, est un des documents les plus intéressants pour l’histoire littéraire de cette époque. Il est intitulé: Inventaire des livres du roy nostre Sr estans au chastel du Louvre et donne la description de 973 articles. Gilles Malet rédigea son inventaire en suivant l’ordre des volumes à chaque étage, mais comme ils étaient disposés sans distinction de matières, il s’ensuit qu’il faut lire cet inventaire du commencement à la fin pour savoir ce que la librairie du Louvre renfermait de manuscrits sur tel ou tel sujet. Dans son histoire du Cabinet des manuscrits, M. Delisle a donné une liste résumée, par matière, de ces volumes; la théologie, la littérature, l’histoire y sont largement représentées, mais le droit, la philosophie, les sciences n’y figurent que pour quelques articles.

Outre les indications relatives à la composition de la librairie du Louvre, les inventaires de Gilles Malet et de Jean le Bègue contiennent les détails les plus minutieux sur l’état matériel des volumes, sur leur provenance et aussi sur leur emploi et sur leur sort. C’est ainsi qu’ils nous apprennent que Charles V donna et prêta plusieurs des volumes qu’il avait réunis dans sa librairie. Le duc d’Anjou, d’autres princes, des parents et des amis du roi, des grands officiers de la couronne, le collége de l’Université, les églises profitèrent de sa libéralité. Ces anciens catalogues et différentes pièces de comptabilité nous font également connaître les noms des copistes, librairies, enlumineurs que le roi récompensa généreusement, comme il se plaisait à encourager les travaux des savants tels que Nicole Oresme, Raoul de Presle, qui traduisaient pour son compte, l’un les œuvres d’Aristote, l’autre la Cité de Dieu de Saint-Augustin.

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