La grande artère de la Chine: le Yangtseu
CHAPITRE X
I. La province du Hounan; les rivières qui l'arrosent.—II. Caractère rude de la population.—III. Fertilité du sol.—IV. Les bois du Hounan.—V. Les richesses minières.—VI. Les industries.—VII. Routes commerciales.—VIII. Yo-Tcheou (Yochow) ville ouverte au commerce étranger; ses transactions.—IX. Tchang-Cha-Fou (Chang-Sha-Fu) capitale du Hounan; son commerce; difficultés rencontrées par les Européens pour y résider.—X. La fête du dragon.—XI. Les monts Nan-Ling et les aborigènes.
I.—La province du Hounan n'est bordée par le Yangtseu que sur une faible étendue, où il forme une partie de sa limite septentrionale; mais elle est arrosée par quatre rivières qui se jettent dans le lac Tong-Ting, lequel communique avec le grand fleuve au port de Yo-Tcheou. Cette province a une superficie égale à celle de la France, et la rivière qui l'arrose à l'est, le Siang, est le plus long des cours d'eau qui alimentent le lac. Le Siang prend sa source sur les frontières du Kwang-Tong et du Kiang-Si et passe à Heng-Tcheou et Tchang-Cha avant de se jeter dans le lac; près de sa source il possède de nombreux affluents navigables qui offrent de grandes facilités au commerce local des trois provinces du Kiang-Si, Kwang-Tong et du Kwang-Si. Au centre se trouve le fleuve Sou qui est navigable seulement pour les petites jonques, lesquelles doivent d'ailleurs être tirées presque continuellement à la cordelle à cause des nombreux rapides: le bassin du Sou est très fertile, mais aucun grand centre n'existe dans ses limites, et les produits de son sol sont exportés soit vers Tchang-Cha, soit vers Tchang-Te. A l'ouest du Sou, coule la rivière Yuen, d'une longueur égale à la rivière Siang, mais beaucoup moins navigable, par suite des nombreux rapides échelonnés le long de son cours. La quatrième rivière est le Li-Chouei, qui se déverse aussi dans le lac Tong-Ting; mais son cours inférieur seul est navigable et elle n'offre guère de commodités au point de vue commercial.
Située entre le 30e et le 26e degrés de latitude nord, cette province est très montagneuse au sud, où la chaîne des monts Nan-Ling la sépare du Kwang-Tong, ainsi qu'à l'ouest, où elle est voisine du Kwei-Tcheou. Dans sa région moyenne, c'est un pays ouvert, largement ondulé, tandis que, dans sa partie septentrionale, c'est un pays plat occupé en grande partie par le lac Tong-Ting qu'environnent des plaines alluvionnaires à l'embouchure des quatre rivières situées plus haut, interceptées de canaux. Le lac Tong-Ting apparaît en hiver comme un vaste marais, entouré de bancs de sable et de boue où grouillent les canards, les oies et les cygnes sauvages, et à travers lequel les eaux des rivières tracent leurs cours sinueux; mais aux hautes eaux, c'est-à-dire pendant la période qui s'étend de mai à octobre, il monte de 10 à 15 mètres et couvre une superficie de plus de 10.000 kilomètres carrés.
II.—La population du Hounan a toujours passé pour être violente et rude, et c'est au Hounan que se recrutaient les meilleurs soldats, disait-on. Longtemps la province a été le foyer de la propagande anti-étrangère et les atrocités commises en 1891, 1895 et 1900 sont encore présentes à la mémoire. Aujourd'hui, cependant, cet esprit semble se modifier et le peuple du Hounan a l'air de vouloir marcher dans la voie du progrès. Cette province passe à tort ou à raison pour une de celles où il y a le plus de lettrés et le plus de gens aisés. Il est évident qu'au point de vue agricole, le Hounan est l'une des provinces les mieux partagées de la Chine, et c'est là peut-être une des raisons de sa supériorité sur les provinces avoisinantes. Elle pourrait se suffire à elle-même, car elle produit tout ce qui lui est nécessaire, et en assez grande quantité pour en exporter le surplus. Seul le sel lui manque et doit lui venir des provinces voisines.
III.—Son sol est extrêmement fertile. En tête de ses principaux produits agricoles est le riz, dont on fait, dit-on, trois récoltes par an, grâce à des conditions climatériques spécialement favorables. Un proverbe chinois dit qu'une belle récolte au Hounan fournit de quoi manger à toute la Chine; (cependant les habitants prétendent au contraire que le sol de leur province est composé de trois parties de montagnes, six parties d'eau et une seulement de sol cultivable). Le riz est cultivé surtout dans les plaines qui entourent le lac Tong-Ting et dans la vallée de la rivière Siang. L'ingénieux système d'irrigation des Chinois leur a permis de soumettre également à cette culture les flancs des collines et des montagnes.
Le coton est cultivé dans tout le nord, notamment dans les préfectures de Li-Tcheou et de Tchang-Te-Fou; le tabac, de qualité supérieure, mais très chargé de nicotine, se rencontre principalement dans le district de Tcheng-Tcheou; la région produit encore l'indigo, le thé, qui est très estimé. C'est surtout le Hounan qui approvisionne de thé le marché de Hankeou, et l'exportation annuelle du thé noir du Hounan se chiffre par une somme de 20 à 25.000.000 de francs; il fournit aussi du thé vert, et celui qui provient de la petite île de Tcheou-Tchou, près du port de Yo-Tcheou, est, avec celui de Pou-eurl, réservé à la consommation du palais impérial.
Le Hounan produit aussi de la soie, mais très peu: la récolte était estimée il y a trente ans à 30.000 kilogs; et la culture des vers à soie était complètement abandonnée; on a essayé de la faire revivre tout dernièrement, et quelques riches Chinois de Tchang-Cha ont fait de nouvelles plantations de mûriers, mais on ne sait encore comment cette entreprise tournera et si elle finira par réussir.
Je puis encore citer la ramie, le gingembre, l'arbre à vernis, le suif végétal.
IV.—Mais ce qui constitue pour le Hounan une source de richesse, ce sont les bois. Alors en effet que les Chinois ont tout déboisé dans l'Empire, le Hounan est peut-être, avec le Yunnan, la seule province où il existe encore des forêts exploitables. Ces forêts sont situées dans le sud et le sud-ouest en des régions encore habitées par les aborigènes Yao. L'abatage des arbres, leur transport et leur vente est le monopole d'une sorte de trust formé par trois corporations de marchands de différentes provinces. Les arbres sont coupés en automne et en hiver, ébranchés, puis jetés dans les rivières qui les entraînent jusqu'à un point où, les eaux étant assez hautes, on fabrique avec les différents bois des radeaux qui descendent jusqu'aux environs du lac Tong-Ting. Là on réunit plusieurs de ces radeaux pour en former de plus grands qui puissent se hasarder sur le lac et sur le Yangtseu dont les tempêtes et les coups de vent sont parfois terribles. L'exportation annuelle des bois de la province est estimée à une cinquantaine de millions de francs. La principale essence est le pin; on exporte aussi du chêne, du cèdre, du camphrier et une espèce du cyprès. Ces arbres atteignent quelquefois des proportions énormes; et ce qui maintient la forêt, ce qui l'empêche de s'épuiser, c'est que les Yao aborigènes replantent au fur et à mesure; cette prévoyance des naturels est à remarquer quand on voit l'incurie du Chinois pour les forêts et l'insouciance avec laquelle il laisse dévaster les plus belles plantations.
Les bambous sont également exploités; les plantations en sont nombreuses au sud du lac Tong-Ting, dans le district de Tchang-Cha-Fou; on les exporte de même dans les autres provinces et on en fait des radeaux pour faciliter le transport.
Les rivières du Hounan sont très poissonneuses ainsi que du reste les eaux du lac Tong-Ting où elles se déversent. De nombreuses pêcheries existent sur le lac et alimentent un commerce important.
V.—De même qu'il est riche par la fertilité de ses terres, le Hounan l'est aussi par les produits de son sous-sol. Les habitants, d'ailleurs, exploitent depuis longtemps différentes mines. Des gisements considérables de charbon existent dans toute la province, et ils avaient été signalés par Richtofen, mais ce savant allemand et ceux qui avaient suivi ses traces, n'avaient pas été autorisés à voir les houillères de près. Par contre, un ingénieur américain, M. Parson, le même qui a fait l'étude préliminaire du tracé de la ligne de Hankeou à Canton, a réussi à se rendre compte de la valeur du bassin houiller. D'après lui, dans le sud de la province, sur les bords du Siang, ce bassin a une longueur de 320 kilomètres sur une largeur de 95 et contient plusieurs couches de diverses sortes de charbons gras et d'anthracites. D'autre part il assure que de ces charbons gras, les uns seraient excellents pour la métallurgie, les autres pour la marine à vapeur et que, de ces anthracites, les uns seraient propres aux usages domestiques, ayant assez de matières volatiles pour s'enflammer aisément, et les autres bons pour les hauts-fourneaux et la fabrication de la fonte Bessemer. Ces riches gisements de charbons, situés dans un pays où abondent également le fer et d'autres métaux, assurant au Hounan un avenir des plus brillants au point de vue métallurgique. Actuellement aucune mine n'est exploitée à l'européenne, et c'est, d'ailleurs, l'anthracite seul que les Chinois retirent du sol. Ils n'entament que la surface des gisements proches des rivières navigables. Quelques houillères sont si près des cours d'eau que les jonques les accostent; l'équipage n'a qu'à mettre pied à terre, à manier pelles et pics et à charger; les mines de charbon en effet ne sont pas concédées et le charbon est à celui qui veut le prendre; le gouvernement chinois n'intervient pas dans cette exploitation, contrairement à ce qui se passe pour d'autres mines; le Hounan exporte déjà une grande quantité d'anthracite, mais il faut dire que jusqu'ici on n'a trouvé que de l'anthracite sulfureux, brûlant mal et laissant des résidus gros et durs comme des cailloux. Peut-être l'exploitation est-elle trop superficielle? Toujours est-il que jusqu'à présent on n'a découvert qu'une bonne mine de charbon sur la frontière sud du Hounan, et cette mine est celle de Ping-Siang au Kiang-Si; c'est elle qui avec la mine de Kai-Ping (près de Pékin) fournit le charbon nécessaire aux usines de Hanyang. Cette mine de Ping-Siang est, du reste, exploitée à l'européenne par des Allemands au service du directeur général des chemins de fer chinois, Cheng-Suien-Hoai.
Le fer existe dans toute la préfecture de Pao-King; le minerai est d'excellente qualité et l'acier du Hounan est réputé en Chine; malheureusement les produits vendus comme fer et acier de cette province sont souvent frelatés par les marchands.
L'antimoine est fort commun; on le trouve dans les districts d'An-Houa, Ki-Yang, Sin-Hou et Chai-Yang, et aussi dans le district de Tcheu-Tcheou; une partie du minerai est traitée à Hankeou; le reste est travaillé dans la province même à Tchang-Cha par deux fonderies appartenant à des maisons de commerce chinoises et qui débarrassent le minerai de sa gangue.
Le plomb existe dans tout le sud et il est exploité à Tchang-Ing et Ki-Yang; le minerai, expédié à Hankeou, est traité par l'usine de concentration de Wou-Tchang, puis exporté à l'étranger.
L'argent est extrait soit à l'état de minerai propre d'argent, soit à l'état de galène ou encore mêlé à l'antimoine et au cuivre; c'est dans la préfecture de Tchang-Cha que se trouvent les principales mines, mais l'exploitation en est actuellement prohibée.
Parmi les mines d'or connues, l'une est située à Ping-Kiang (Yo-Tcheou-Fou) et l'autre sur la rivière Yuen entre Tcheu-Tcheou et Tao-Yuen; on a tenté, mais sans succès, d'exploiter la première suivant une méthode scientifique. D'autre part, les sables de plusieurs rivières sont aurifères.
Enfin on rencontre aussi dans la province le cuivre, l'étain, le zinc, le soufre, le borax, la potasse, l'alun, le salpêtre.
VI.—La principale industrie est celle du coton, à Tchang-Te-Fou, où elle est encore très florissante, alors que, dans la partie orientale de la province, elle est au contraire en décadence par suite de la concurrence des tissus étrangers. On tisse également la ramie; on fabrique aussi du papier, des baguettes d'encens, des pétards, de la porcelaine et de la poterie communes, des cordages de bambous, des marmites, des pots d'étain, de l'eau-de-vie, des articles en laque commune. Toutes ces entreprises, bien entendu, sont du type familial, et la seule industrie européenne est celle où on fond le minerai d'antimoine; il a été question de créer à Tchang-Cha une rizerie à vapeur. Mais ce n'est qu'un projet.
VII.—Les trois rivières Siang, Sou et Yuen sont, avec le lac Tong-Ting et le Yangtseu, les principales voies suivies par le commerce. Nous retrouvons, dans cette province, la grande route de Pékin à Canton qui passe déjà au Houpe pour ensuite se diriger vers le Hounan. Fluviale ici, sur la plus grande partie de son parcours, elle suit le Siang par Tchang-Cha, Siang-Tan, Heng-Tcheou, puis son affluent le Li-Chouei jusqu'à Tcheu-Tcheou-Chien, terminus de la navigation. Elle franchit ensuite les monts Nan-Ling par la passe de Che-Ling et pénètre au Kouang-Tong pour gagner la capitale de cette province par la rivière du nord (Pékiang). Cette route avait une importance commerciale de premier ordre et était suivie par une quantité considérable de marchandises avant l'ouverture des ports du Yangtseu aux Européens et l'introduction de la marine à vapeur; elle est aujourd'hui beaucoup moins fréquentée, le gros du trafic ayant été détourné sur la voie maritime.
Une autre route très importante est celle de Tchang-Te-Fou au Kouei-Tcheou; elle suit la rivière Yuan et atteint Tchang-Yuen; un embranchement passe par Ma-Yang et paraît être encore plus fréquenté. Ma-Yang est un des plus gros marchés de l'ouest du Hounan.
La rivière Siang est navigable jusqu'à Tchang-Cha pour les vapeurs dont le tirant d'eau est de 1 m. 25 à 2 mètres pendant environ huit mois de l'année; ces mêmes vapeurs peuvent souvent atteindre Siang-Tan, dont l'accès est un peu plus difficile. Au-dessus de cette ville, la rivière n'est navigable que pour les jonques, puis pour les sampans seulement. Près de sa source un canal la relie au Fou-Ho, affluent du Si-Kiang dans le Kouang-Si.
La rivière Tse, ainsi que je l'ai déjà dit, n'est qu'une suite de rapides et ne peut être considérée comme pouvant être ni devenir une voie commerciale; quant à la Yuen elle serait navigable pour des vapeurs de faible tonnage jusqu'à Tchang-Te-Fou. La Compagnie Butterfield and Swire avait tenté d'y envoyer un bateau, mais l'embouchure de la rivière dans le lac Tong-Ting est obstruée par des roseaux et des bancs de boue. Pour pénétrer dans cette rivière, les jonques elles-mêmes font un détour et passent par des canaux qui, au sud du lac, la relient à la Tse. Au-dessous de Tchang-Te-Fou, les jonques ne doivent pas caler plus de deux pieds et, à partir de Hong-Kiang, la rivière n'est accessible qu'aux sampans.
VIII.—Les deux villes ouvertes au commerce étranger dans la province du Hounan sont: d'abord le port de Yo-Tcheou (Yochow) qui a une population d'environ 20.000 habitants et se trouve précisément à l'embouchure du lac Tong-Ting dans le Yangtseu. Le commerce du Hounan passe à peu près en entier par cette voie, mais n'ajoute rien à la prospérité de la ville qui est la porte principale de la province et rien d'autre. En 1906, les Japonais avaient essayé de faire ouvrir au commerce la ville de Tchang-Te-Fou qu'ils considèrent comme le centre commercial de la province, mais les choses en sont restées là. L'ouverture de Tchang-Cha-Fou a, du reste, contribué beaucoup à l'effacement de Yo-Tcheou qui ne sera jamais un marché important. Les transactions commerciales, presque toutes chinoises, figurent au relevé des douanes pour la somme de 1.500.000 à 2.000.000 de taels; quant aux importations européennes directes, elles ne sont que de 350.000 à 400.000 taels environ.
IX.—Tchang-Cha (la longue plaine de sables), ville capitale de la province du Hounan, est située sur la rivière Siang à 120 milles de Yo-Tcheou; elle devint ville ouverte en 1903. La douane chinoise y fut installée en 1904, le 1er juillet. La contrée, aux environs, est montagneuse, sauf du côté nord où s'étend une longue plaine d'où la ville tire sans doute son nom. La rivière sur laquelle se trouve la ville ne peut être remontée en vapeur que l'été; car l'hiver les eaux sont trop basses pour aller jusqu'à Tchang-Cha. La ville elle-même contient plusieurs édifices remarquables et les rues sont pavées suivant le goût chinois; elles offrent cependant plus de confort et de propreté qu'ailleurs.
L'ouverture de la ville de Tchang-Cha n'a pas donné ce qu'on espérait; les Chinois du Hounan font tout leur possible pour écarter les étrangers, et s'ils sont avides de nouveautés et de sciences occidentales, c'est à condition de les acquérir par eux-mêmes. L'esprit hostile du Hounanais est toujours en éveil et par toutes sortes de tracasseries le port est en quelque sorte un port fermé et non un port ouvert. L'importation directe et aussi l'exportation directe par les étrangers est insignifiante, mais le commerce purement chinois donne de 8 à 9.000.000 de taels de transactions. Pour l'année 1908, les relevés des douanes indiquent le chiffre de 9.240.292 taels. Le consul d'Angleterre disait, au reste, dans un de ses derniers rapports, que l'état d'esprit des habitants, très exclusif, rendait fort difficile aux étrangers l'ouverture de maisons de commerce dans la ville; une société très riche et hautaine, ennemie de l'étranger, s'arrange toujours, chaque fois qu'un de ces derniers veut s'installer et acquérir un terrain, pour acheter elle-même le terrain désigné et empêcher ainsi l'Européen de prendre pied à Tchong-Cha. Comme les gens riches ou aisés sont nombreux, ils arrivent toujours à leurs fins. Cependant, en dehors de la ville murée, dans le port ouvert, on a commencé à élever différentes constructions; la douane impériale et la compagnie de navigation de MM. Butterfield and Swire ont construit des bâtiments, et un quai déjà suffisamment long a été également édifié: il a 10 mètres de haut et mesure 200 mètres, mais il sera plus considérable, et déjà le gouvernement chinois a donné l'autorisation au service des douanes pour continuer le quai et en faire un de plusieurs kilomètres.
Comme résidents à Tchang-Cha, en dehors des Européens attachés au service des douanes chinoises, il y a quelques Japonais, et une seule maison européenne, la British American tobacco Cº. Deux maisons japonaises sont également établies, la Mitsui Bussan Kwaisha et la Nisshin Kisen Kwaisha.
X.—C'est à Tchang-Cha-Fou que jadis, prit naissance la fête du Dragon. Un mandarin, qui administrait la ville, et dont le peuple estimait la probité et la vertu, s'étant noyé dans la rivière, on institua en son honneur une fête qu'on célébrait par des jeux, par des festins et par des combats sur l'eau. Cette fête, qui pendant longtemps fut particulière au Hounan, a lieu aujourd'hui dans tout l'Empire sous le nom de fête du Dragon, parce qu'on lance sur le fleuve, le soir du premier jour du cinquième mois, de petites barques longues et étroites, toutes dorées, qui portent à l'une de leurs extrémités la figure d'un dragon; c'est pourquoi on les appelle long tchouan (bateaux-dragons).
XI.—Les monts Nan-Ling, dont j'ai déjà parlé et qui se trouvent situés dans le sud de la province, vers la frontière du Kouang-Si et du Kouang-Tong sont habités, en outre des Yao, par des Miao-Tseu, que les Chinois appellent Cheng miao tseu ou Sauvages et qui vivent complètement indépendants. Il n'y a pas longtemps encore qu'ils créaient des ennuis aux autorités chinoises, mais ces dernières ayant pris le bon parti de les laisser tranquilles et de ne plus s'occuper d'eux, ces indigènes restent chez eux sans frayer avec leurs puissants voisins. Ils seront étudiés plus longuement dans le chapitre suivant.