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Les Aspirans de marine, volume 1

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VII.
LES BRULOTS ANGLAIS[9].

[9] Voir la note 6 à la fin de l’ouvrage.

L’arrivée de l’Indomptable sur cette rade déjà occupée par une division française, fut un de ces événemens devenus depuis long-temps trop rares pour les armées navales de l’empire. On doit se rappeler sans doute encore, dans le pays, l’effet que produisit notre vaisseau, glorieusement délabré, louvoyant pour jeter son ancre entre cinq à six vaisseaux de ligne et autant de frégates, bien tenus, bien peints, bien espalmés ! Quel contraste offrit l’Indomptable criblé de boulets, mitraillé, éreinté, auprès de ces beaux bâtimens si frais et si brillans ! Oh ! combien les équipages de la division oisive au milieu de laquelle nous venions prendre place, semblaient envier notre sort ! Quel officier n’aurait pas donné tout ce qu’il possédait au monde pour la part de gloire qui revenait à chacun de nous, sur ce pauvre et noble vieux vaisseau si maltraité par l’ennemi !

Je me souviens encore avec ravissement du moment où nous hissâmes notre pavillon de poupe, percé à jour par les biscaïens et les balles, qui n’en avaient fait qu’un sublime lambeau. A l’aspect de ce signe éloquent du combat que nous avions soutenu, un hurra d’admiration, poussé par tous les équipages de la division, s’éleva dans les airs en même temps que les mâles couleurs qui montaient lentement au bout de notre corne d’artimon.

L’amiral commandant la rade, avant que nous allassions prendre notre mouillage, nous avait fait le signal de passer à poupe de lui.

Il se promenait dans sa galerie, attendant que nous eussions mis en panne derrière le vaisseau qu’il montait. Aussitôt que nous fûmes à portée de recevoir ses ordres, il prit son porte-voix, et dit à notre capitaine :

— J’ai l’honneur de saluer le commandant de l’Indomptable

— Amiral, répondit aussitôt le capitaine avant de le laisser aller plus loin, nous avons perdu notre commandant.

— Et contre quelles forces avez-vous soutenu l’engagement qui a pu vous avarier de la sorte ?

— Contre un vaisseau anglais de quatre-vingts, qui, au moment de nous aborder, a sauté en l’air avec tout son monde.

— Avec tout son monde ?…

— Oui, mon général.

Après un instant de réflexion, l’amiral reprit :

— Quel est le nom du vaisseau que vous avez combattu, et qui a péri ainsi ?

— Nous l’ignorons, général. Il nous a été impossible de le savoir ; tout a disparu.

— Combien d’hommes tués ?

— Nous avons eu quatre-vingt-dix-sept morts et cent cinquante blessés.

— Faites-vous de l’eau ?

— Un peu ; mais nos pompes ont toujours franchi en les faisant jouer toutes les deux heures.

— Vous allez mouiller entre les vaisseaux l’Alcide et le Tonnant, et vous conserverez, capitaine, le commandement de l’Indomptable jusqu’à nouvel ordre.

— Merci, mon général ; vos ordres vont être exécutés.

Dès que nous eûmes pris notre poste d’embossage, une vingtaine d’embarcations se rendirent à notre bord. Nos blessés furent débarqués avec soin pour aller encombrer les hôpitaux. Le préfet maritime de Rochefort s’empressa de nous envoyer les secours que réclamait notre position, et le supplément d’équipage qui nous était devenu indispensable. On se mit en train le jour suivant de réparer aussi bien que possible notre pauvre Indomptable ; car, par une disposition dont nous fûmes plus tard à même d’apprécier la prudence, au lieu de nous faire entrer dans le port, pour nous radouber, on jugea à propos de nous laisser sur la rade de l’île d’Aix, afin de renforcer la division française, que bloquait depuis long-temps l’escadre anglaise à laquelle nous avions eu le bonheur d’échapper dans notre attérage.

Le repos qui nous était nécessaire et que commençait à goûter notre équipage, ne devait pas, hélas ! être de longue durée, et une nouvelle carrière de périls, mais de trop peu de gloire, allait encore s’ouvrir pour nous.

Depuis quelque temps, on avait cru remarquer dans l’escadre anglaise qui nous observait sans cesse, un mouvement inaccoutumé. Les frégates ennemies, qui, jusque-là, s’étaient contentées de ne nous approcher qu’à distance respectueuse, se hasardaient à nous explorer à petite portée de canon. On avait vu leurs embarcations même rôder la nuit autour de l’île d’Aix pour sonder les abords de la rade où nous étions mouillés sans défiance. Tous les navires du blocus enfin communiquaient entre eux plus souvent qu’ils ne l’avaient encore fait, et quelque inquiétans qu’eussent dû nous paraître ces indices des desseins de l’ennemi, nous aurions probablement ignoré le coup qui nous menaçait, sans l’arrivée très-significative d’un convoi, qui vint un beau jour se joindre aux bâtimens déjà fort nombreux de l’escadre anglaise.

Il ne nous fut plus dès lors possible de douter des dangers que jusque-là nous avions trop peu prévus. C’étaient des brûlots destinés à être dirigés sur nous, qui venaient de rallier la flotte du blocus.

L’amiral commandant notre division, après avoir commis la faute d’ignorer trop long-temps des projets hostiles qui devaient frapper tous les yeux, eut le tort plus grand encore de ne pas prendre contre l’imminence du péril, devenu évident, des précautions en rapport avec la gravité de l’attaque que tout le monde enfin prévoyait.

On ordonna bien cependant à tous les commandans d’envoyer les embarcations dont ils pouvaient disposer, travailler à la confection d’une estacade destinée à nous garantir extérieurement de l’approche des brûlots, et à renfermer, en quelque sorte, notre division dans les limites d’une chaîne flottante.

Les mâts de rechange de chaque navire, de mauvaises chaloupes, des radeaux faits à la hâte composèrent cette estacade mouillée au large sur de fortes amarres, dont la ligne s’étendait depuis l’angle nord-ouest de l’île d’Aix, jusqu’au point où étaient ancrés les derniers bâtimens de notre petite escadre.

Nous attendîmes ainsi, après avoir attaché trop peu d’importance à nos préparatifs, la funeste tentative à laquelle, je le répète, nous n’avions pas assez cru, car les nombreux revers qu’avait déjà essuyés notre marine, ne nous avaient même pas encore appris à redouter assez l’audace de nos heureux rivaux ; et la fatalité qui, depuis si long-temps, semblait poursuivre nos expéditions navales, était telle, qu’en nous ôtant la confiance que nous aurions dû avoir en nous-mêmes, elle nous avait ravi jusqu’à la défiance qu’aurait dû nous inspirer l’heureuse témérité des Anglais.

La nuit trop mémorable qui légua à l’histoire de nos désastres sur mer une page si humiliante et si sinistre, arriva pour nous, en portant dans son sein quelques-uns de ces lugubres indices qui précèdent et accompagnent presque toujours les grandes catastrophes.

Vers le soir, une brume épaisse et froide s’étendit sur les flots dont les sombres gémissemens allaient mourir sur les bords de la côte sauvage de l’île d’Aix. A la triste lueur du jour étouffé dans les limites étroites d’un horizon grisâtre, succéda la plus complète obscurité ; et au milieu des ténèbres descendues comme un crêpe funèbre sur les vaisseaux de la division, on entendait à peine, à de longs intervalles, la voix des équipages qui à chaque tintement des cloches glapissantes de leur bord, s’élevait pour crier : Bon quart partout, bon quart ! Puis le bruissement plaintif des vagues, et le sifflement aigu des vents, gémissant dans nos manœuvres, répondaient à ce cri lugubre et prolongé.

Nos vaisseaux et nos frégates s’étaient embossés sur leurs ancres. L’ordre de se préparer au combat avait été donné dès le soir à bord de tous les navires. Personne ne dormait : des rondes fréquentes parcouraient la rade, et une vingtaine d’embarcations se rendaient lentement des navires à l’estacade et de l’estacade à bord de chacun des navires. On s’attendait enfin à quelque funeste événement, et au sombre caractère qu’offrait, dans ces momens d’anxiété, la physionomie des équipages, on aurait pu, sans superstition, deviner que le sort nous réservait quelque grand malheur.

Vers minuit, au souffle de la brise devenue plus forte se mêle un bruit affreux, pareil à celui que produit l’ouragan quand il tombe subitement sur les flots qu’il semble vouloir comprimer dans leurs vastes limites. On croit avoir confusément entendu des cris d’hommes. A l’obscurité profonde qui règne autour de nous, succède l’éclat d’un vaste incendie, qui, comme une trombe de feu, promène en pirouettant, son brasier tournoyant sur la mer étincelante ; l’estacade vient d’être rompue et cinquante brulôts s’avancent à la lueur des éclairs qui jaillissent déjà de leurs bords entr’ouverts par la foudre qu’ils recèlent dans leurs flancs… Ils sont sur nous, au milieu de nous ! Ils nous abordent, ils nous enlacent pour nous embraser et nous faire sauter avec eux dans les airs qu’ils ébranlent de leurs épouvantables détonations… Leurs vergues garnies de grappins ardens accrochent nos vergues qui flamboient, se croisent sur nos têtes, au-dessus de notre pont qui se trouve inondé d’une pluie de feu. Leur gréement brûlant se colle à notre gréement dans lequel serpentent bientôt les flammes. Nos vaisseaux embossés présentent le travers aux autres brulôts qui arrivent sur nous ; et à demi-portée de pistolet nous lançons sur ces terribles assaillans, des volées effroyables qui les coulent ou qui les font sauter le long de nos bords… Deux fois l’Indomptable, accosté par d’énormes navires embrasés, a réussi à se dégager de leur fatale étreinte. Deux fois nos premières compagnies d’abordage se sont précipitées dans ces gouffres flottans pour éteindre le brasier qui menace de nous dévorer ou pour couper les manœuvres qui nous tiennent attachés à la gueule de ces cratères sortis du sein des eaux. Notre audace a triomphé : l’Indomptable s’est préservé de cette vaste destruction au milieu de laquelle deux autres vaisseaux et une frégate ont disparu. L’immensité de ces trois épouvantables explosions ne nous a que trop appris le sort de nos malheureux compagnons. L’air en a long-temps été bouleversé ; la mer elle-même s’en est ébranlée jusque dans ses fonds… Il fut, dit-on, pour nos glorieuses armées fuyant sur les précipices de glace de la Russie, des nuits plus cruelles que toutes ces nuits de terreur et de mort où des peuples entiers s’engouffrent dans les entrailles de la terre béante. Mais quelle nuit d’horreur pourra jamais être comparée à celle que nous passâmes sur la rade infernale de l’île d’Aix !

Nous avions cru, dans l’excès de nos angoisses, nous être fait, pendant cette nuit fatale, une idée assez terrible des désastres que nous aurions à déplorer le lendemain ; mais quand les pâles rayons du jour vinrent éclairer cette scène de désolation que nous avaient cachée si long-temps les ténèbres, l’affreuse réalité de nos malheurs se trouva avoir dépassé encore toutes les terreurs de notre imagination.

Quel spectacle nous offrit l’aurore de la terrible journée que nous avions encore à passer ! La mer était couverte au loin de débris à moitié brûlés et de bordages calcinés ; à quelques brasses de nous flottaient deux carcasses fumantes ; et dans ces squelettes de navires nous reconnûmes avec effroi, les restes de deux de nos vaisseaux de ligne. Sur les rivages désolés de l’île d’Aix et du continent, un autre vaisseau et une frégate avaient fait côte auprès des brulôts que le vent et la lame avaient chassés à terre et qui avaient éclaté en touchant le fond : entre tous ces débris encore enflammés, le long de ces fantômes de bâtimens, erraient des groupes de matelots naufragés. Partout enfin sur les flots, au bord des grèves, dans les airs même encore troublés des commotions de la nuit, partout l’image de la destruction et l’aspect du plus inconcevable bouleversement ! Aussi quelle consternation se peignit sur tous les visages à la vue de tant de désastres irréparables ! et lorsqu’après avoir contemplé long-temps cette scène terrible, nos yeux abattus se relevèrent pour se porter sur l’escadre anglaise qui louvoyait avec impassibilité devant nous, un cri d’indignation et de rage s’échappa de nos cœurs irrités pour maudire la déloyauté de nos ennemis.

Belle et noble victoire, disions-nous, que viennent de remporter les armes britanniques ! Au lieu de combattre nos vaisseaux, ils les incendient ! digne trophée à ajouter à la gloire du bombardement de Copenhague ! Oh ! si jamais nous pouvions prendre notre revanche, qu’ils nous paieraient cher la perfidie des brulôts de Rochefort !

Impuissantes clameurs de vengeance, menaces vaines et insensées ! Cette escadre anglaise, contre laquelle s’élevaient d’aussi unanimes imprécations, s’était rapprochée de nous à la faveur de la brise du matin pour nous présenter un autre genre de combat que celui qu’elle nous avait livré la nuit avec ses brulôts.

Le vaisseau amiral avait tenu bon à son poste, et était parvenu à se préserver comme nous et un autre vaisseau de 74, de l’incendie qui l’avait menacé pendant plusieurs heures. Malgré l’infériorité du nombre et des forces, il nous fallut soutenir avec le jour et à l’ancre, l’action qu’allaient nous présenter, sous voiles, les formidables bâtimens de la flotte ennemie.

Les Anglais, défilant en ordre sur la vaste rade des Basques, vinrent, beaupré sur poupe, nous ranger à portée de fusil. Chaque vaisseau et chaque frégate, en nous approchant à cette distance, nous envoyait toute sa volée, et puis après avoir reviré de bord, revenait sur sa route pour recommencer le même jeu. Nous ripostions de notre mieux à la régularité et à la vivacité du feu de nos assaillans, avec l’aide des batteries de terre. Mais il nous était trop facile de prévoir l’issue probable de cette lutte inégale pour ne pas éprouver un peu de découragement. L’engagement cependant se prolongeait sans qu’aucun de nos navires eût essuyé de fortes avaries et eût encore songé à abandonner la partie…

Vers onze heures du matin, l’officier chargé des signaux vint prévenir notre commandant qu’au-dessus des nuages de fumée qui enveloppaient notre petite escadre, il avait cru apercevoir au haut du mât d’artimon de l’amiral, le signal qui appelait à l’ordre tous les bâtimens de la division…

Aussitôt on demande un aspirant de corvée pour se rendre dans le grand canot à bord du général.

Mathias accourt, se présente devant le commandant et plus prompt que l’ordre qu’on a eu à peine le temps de lui donner, il saute dans le grand canot, armé à la hâte pour la périlleuse corvée.

Le commandant, dès qu’il voit le grand canot débordé du bord, crie au porte-voix, à notre ami :

« Monsieur Mathias, faites le plus de tour que vous pourrez, pour ne pas vous exposer à être coulé par les boulets de l’ennemi, avant de pouvoir vous rendre à bord du général. »

L’intrépide aspirant, debout sur le banc de l’arrière de son embarcation, fait signe de la tête et du bras qu’il a compris l’avis du commandant ; mais au lieu de se détourner de sa route et d’exécuter l’ordre de notre chef, nous le voyons couper droit vers le vaisseau amiral, et disparaître au milieu de la fumée du combat et sous la grêle de boulets qui tombe autour de nous.

— C’est bien lui ! s’écrient les matelots du gaillard d’arrière qui le perdent de vue. C’est le plus brave lapin du bord !

Le commandant, qui dans cet instant était loin de partager l’admiration que nous inspirait l’audace imprudente de notre camarade, frappe impatiemment du pied sur son banc de quart. Il veut rappeler à bord l’aspirant qui vient de lui désobéir si héroïquement. Mais il n’était plus temps. La foudre gronde, le vaisseau tonne, et Mathias est déjà bien loin.

Son heureuse destinée devait lui épargner la vue du triste spectacle qui se préparait pour nous, à bord de l’Indomptable.

Deux ou trois boulets nous percent à la flottaison. Le commandant est informé, un des premiers, de cette triste circonstance. Il ordonne de garnir les pompes ; et, au moment où cet ordre va être exécuté sous ses yeux, il reçoit à la hanche un éclat d’obus qui le force à s’asseoir sur son banc de quart et à ne plus le quitter.

On appelle aussitôt un chirurgien sur le pont pour donner des secours au commandant, qui refuse obstinément de se laisser transporter dans le faux-pont.

Les officiers, à la nouvelle de la blessure que vient de recevoir notre chef, se réunissent sur le gaillard d’arrière. On parle, et l’on parle même beaucoup trop en cette conjoncture critique. Un peu de désordre commence à se répandre dans les batteries. Le feu se ralentit. Un des maîtres, placé sur les passavans, annonce que les pompes qui jouent depuis quelque temps, n’ont pu franchir l’eau qui entre dans la cale. L’émotion visible qu’éprouve l’état-major se communique à l’équipage. Quelques pièces de la batterie de 36 sont abandonnées par l’effet de la terreur panique qui se communique de proche en proche. On a parlé d’abandonner le vaisseau, sans qu’on puisse savoir celui qui le premier a osé faire cette indigne proposition. Quelques officiers, et tous les aspirans irrités, menacent, en agitant leurs sabres, d’étendre à leurs pieds le premier qui fera un pas pour fuir… Mais leurs menaces sont à peine écoutées… Et la peur du danger est plus forte que celle qu’inspirent les menaces de nos officiers… On a fui déjà… L’ordre même de faire embarquer sans confusion l’équipage dans la chaloupe et les canots du bord, est donné… Par qui ? Personne n’ose encore nommer celui qui l’a donné… Tout le monde se précipite dans les embarcations : l’Indomptable va être abandonné en quelques minutes… Le commandant blessé est transporté dans son canot, sans qu’il ait la force de résister au mouvement général au sein duquel il se trouve entraîné loin du poste qu’il a conservé jusque-là malgré sa blessure, loin de son poste d’honneur !

Un aspirant seul propose, avant de délaisser le vaisseau, de couper les câbles, pour que l’Indomptable puisse au moins être jeté sur les vases et échapper aux Anglais… Mais cet avis n’est même pas écouté… La terreur parle plus haut que la voix du généreux jeune homme.

— Puisqu’il en est ainsi, s’écrie celui-ci avec la plus vive exaspération, l’Indomptable ne sera pas sauvé, mais il ne tombera pas du moins dans les mains de l’ennemi.

Et, saisissant comme un furieux une mèche enflammée, il s’élance dans la batterie basse pour mettre le feu aux poudres…

Mais le maître canonnier, devinant l’intention de l’aspirant, l’arrête par le bras et lui dit avec ce sang-froid que quelques hommes privilégiés savent seuls conserver au sein des grands événemens : Ne vous donnez pas tant de peine, monsieur, l’ordre de noyer les poudres vient d’être exécuté…

Il nous fallut fuir alors comme tout le monde, et nos sept ou huit embarcations, chargées à couler bas, nous jetèrent sur la plage, bien loin de notre pauvre vaisseau qui flottait encore majestueusement, mais qui ne tonnait plus et qu’une péniche anglaise, montée de cinq à six hommes, aurait pu impunément amariner.

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