← Retour

Les voix qui crient dans le désert : $b souvenirs d'Afrique

16px
100%

PRÉFACE

Les Voix qui crient dans le Désert.


Il faudrait un saint comme le Père de Foucauld, officier de cavalerie, explorateur et moine, pour les annoncer au monde profane, mais le Père de Foucauld a été assassiné par ordre des Allemands dès le début de la guerre, en même temps qu’Ernest Psichari tombait héroïquement sur le champ de bataille.

Par la contemplation de la nature vierge de tout contact humain, par le silence éloquent du Désert, par l’ascétisme des privations consenties, par la magie de l’action et par la pensée longuement creusée dans la solitude, voici que revient aux croyances anciennes un libre esprit moderne, un lettré, une âme d’élite, et qui est bien difficile à convaincre : son cœur est pris, son intelligence s’incline, et il réclame la révélation à lui particulière, le Signe.

Et ce Signe vient.

Et quel décor à ce drame intime et troublant ! Rien de moins monotone que le Désert, témoin de ces émouvantes péripéties. Ce soldat est fier de son épée en l’inclinant d’un large geste. Ce Français sent tout l’orgueil de sa nation, tout en respectant la noblesse des vaincus et la profondeur de leur foi. Ce lettré pense que l’œuvre intellectuelle compte bien peu devant la grandeur du sacrifice ; il cite le dicton des Talebs arabes : « L’encre des savants est plus agréable à Dieu que le sang des martyrs », et il ajoute : « Malheureuse race qui n’a pas compris ce que valait la goutte de sang d’un martyr, et combien elle pesait plus que tous les livres du monde, et que l’encre s’efface, mais que la goutte de sang ne s’effacera pas ! »

Quand de telles paroles s’accompagnent du sacrifice total, elles retentissent profondément dans tous les cœurs.

CH. MANGIN.

Juvisy, 14 janvier 1920.

Chargement de la publicité...