Lord Northcliffe
Le Napoléon de la Presse
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Il ne s’en tint pas là. Toujours en collaboration avec son frère, il avait, après l’Evening News, organisé le Weekly Dispatch; il lança ensuite le Daily Mirror, quotidien illustré.
Il y a une douzaine d’années, alors qu’on croyait le Times près de passer aux mains d’un de ses concurrents, on apprend tout à coup que lord Northcliffe s’en est assuré le contrôle. Tout en lui laissant sa physionomie traditionnelle de gazette officielle de l’Empire, il le modernise, y introduit le mouvement et la vie succédant à l’antique torpeur, perfectionne encore ses merveilleux services de l’étranger, soigne particulièrement le papier et la présentation, ne néglige rien pour conserver et augmenter sa réputation de premier journal du monde, tout en le ramenant au prix dérisoire de 0,10 cent. S’il voit dans le Daily Mail son enfant de prédilection, le Times est son luxe—luxe qui fut coûteux en temps de guerre—et son orgueil.
A quoi bon continuer? A quarante ans, le «Napoléon de la Presse», comme on a surnommé lord Northcliffe, possède la haute main sur une soixantaine de journaux et de revues réunis en trois puissantes sociétés: The Times Publishing Company, The Associated Newspapers et The Amalgamated Press, auxquelles sont venues s’adjoindre plusieurs entreprises annexes et complémentaires d’édition et de librairie. Il commande une véritable armée d’écrivains, d’administrateurs, d’imprimeurs, de typographes, d’employés et de comptables, l’armée de la Northcliffe Press, qui eut plus de cinq mille combattants au front. Elle compte des hommes de grand talent, les plus actifs, les plus autorisés dans tous les domaines, qui partagent les idées de leur chef, croient en sa force d’entraîneur. Sa seule présence inspire et stimule. Il a foi dans la mission de la presse. Il en a fait une puissance, il lui a donné un prestige dont il a l’orgueil.