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Chronique du crime et de l'innocence, tome 7/8: Recueil des événements les plus tragiques;...

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JEUNE FILLE
ASSASSINÉE PAR SON CORRUPTEUR.

Le crime dont nous allons rapporter les principales circonstances fut surtout inspiré par une vaniteuse ambition qui ne se trouve que trop communément dans toutes les classes de la société.

Le jeune Maurice Salgue éprouvait depuis trois ans une passion violente pour Catherine Fondegoire, qui demeurait dans la même paroisse que lui; en vain il avait cherché souvent à assouvir sa passion, et fait plusieurs fois des tentatives que la résistance de la jeune fille avait rendues inutiles. Mais enfin, et pour son malheur, elle céda aux poursuites de Maurice Salgue, et devint enceinte. Jean-Baptiste Salgue père était riche, et n'aurait jamais consenti au mariage de son fils avec Catherine, qui était pauvre; sa famille même se sentait humiliée d'une pareille liaison. Maurice avait promis de lui donner des secours pour ses couches.

Catherine avait fait confidence de sa grossesse et des dispositions de Maurice au curé de sa paroisse, chez qui les deux amans devaient se rendre conjointement pour prendre des arrangemens.

Au jour indiqué, Catherine fut aperçue, le soir, près de la maison des Salgue; depuis cette époque, elle disparut. On soupçonna qu'elle avait été la victime d'un horrible attentat. Des perquisitions furent faites dans la maison des Salgue et dans leur jardin. On trouva dans la maison un couteau en forme de stylet, encore tout ensanglanté, et dans le jardin, qu'on fit bêcher en totalité, on découvrit le cadavre de la malheureuse Catherine.

L'examen que l'on fit de ce cadavre fit reconnaître que des coups de couteau lui avaient été portés à la gorge; que, pour étouffer les cris de la victime, on lui avait mis un bâillon de paille, enfoncé si fortement dans la bouche, sans doute avec un bâton, qu'on eut peine à le retirer; qu'on l'avait de plus étranglée à plusieurs reprises, d'abord avec les mains, puis avec un mouchoir noué et serré avec force.

Un grand nombre de témoins furent entendus dans cette affaire, dont les débats durèrent quatre jours. Le père Salgue mourut dans sa prison, trois jours avant le jugement; ses deux fils, Pierre et Antoine furent acquittés. Quant à Maurice, une foule de circonstances donnaient la conviction la plus intime de sa culpabilité. Il fut condamné à la peine de mort, par la cour d'assises de Riom, le 4 janvier 1822.

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