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Chronique du crime et de l'innocence, tome 7/8: Recueil des événements les plus tragiques;...

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CATHERINE CAMAN
ET SES COMPLICES.

Le lecteur a pu facilement se convaincre, par l'épouvantable série d'exemples que nous avons déjà fait passer sous ses yeux, que la débauche et l'adultère sont une des causes les plus ordinaires des crimes qui désolent la société. Cette vérité n'est malheureusement que trop prouvée; des forfaits nombreux sont là pour l'attester. Aussi, bravant, dans l'intérêt des mœurs, le reproche de monotonie qui pourrait nous être adressé, nous ne nous lasserons pas d'insister sur ce point, toutes les fois que de tristes occasions s'en présenteront. Une leçon fréquemment répétée, et accompagnée d'exemples frappans et toujours nouveaux, doit à la longue s'introduire et fructifier dans les cœurs qui sont encore quelque peu sensibles à la vertu.

Catherine Caman, femme Latreyle, habitait avec son mari une commune située dans les environs de Pau en Béarn. Depuis long-temps, des liaisons criminelles existaient entre cette femme et le nommé Quidel dit Barros. Catherine Caman avait fait inutilement bien des démarches pour obtenir sa séparation. La plus grande mésintelligence régnait dans ce ménage, et Catherine Caman ne dissimulait ni sa passion pour Barros, ni sa haine pour son mari.

Le 2 juillet 1820, Latreyle disparut tout-à-coup; et sa femme, pour détourner les soupçons qui s'élevaient contre elle, fit faire des recherches très-actives et très-empressées dans les communes voisines. Cependant cette ruse ne put endormir ni tromper la vigilance de la justice. Barros fut arrêté au moment où il cherchait à vendre des vêtemens qui avaient appartenu à Latreyle. Pressé par le juge d'instruction, il se troubla, laissa échapper une partie de la vérité, et nomma ses complices.

Par suite de ses révélations, les nommés Manauté, Chelles, et la femme Latreyle furent arrêtés. Saisis d'effroi, croyant que tout était connu, ils n'hésitèrent point à révéler tous les secrets de l'horrible mystère qui avait présidé à la mort de Latreyle.

Ce malheureux époux avait été assassiné dans son lit; sa femme, Barros, Manauté et Chelles, avaient tous trempé leurs mains dans son sang, et ils avaient préludé à ce meurtre par une sorte d'orgie. On avait transporté son cadavre, sur une jument, dans un champ de Barros, où d'avance on avait creusé une fosse pour le recevoir, et les funérailles de la victime avaient été célébrées par une nouvelle orgie.

Les accusés Barros, Manauté, Chelles et la femme Latreyle, furent déclarés coupables du meurtre avec les circonstances atroces que l'on vient de lire, et la Cour d'assises des Basses-Pyrénées les condamna à mort.

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