L'Empire Japonais et sa vie économique
CHAPITRE XIV
I. Commerce du Japon avec l’étranger : habutai, kaiki, soieries. — II. Exportation du thé. — III. Exportation du riz. — IV. Charbon japonais. — V. Cuivre. — VI. Camphre, nattes, sake, cigarettes. — VII. Coton. — VIII. Importation : coton brut, lainages ; mousselines de laine ; la situation de la France relativement à l’importation de ce dernier article ; riz d’Indo-Chine ; métaux ; machines. — IX. Importation française. — X. Le commerçant japonais. — XI. Entrées et sorties pour les ports principaux. — XII. Marine marchande japonaise à vapeur. — XIII. Bateaux français. — XIV. Tarif douanier.
I. — Le commerce du Japon avec l’étranger consiste surtout en exportations de soies ; soies grèges qui sont dirigées vers les États-Unis, la France et l’Italie ; déchets de soie qui ne sont guère achetés que par la France ; habutai qui vont en France, aux États-Unis, en Angleterre, aux Indes anglaises, en Australie ; pongés glacés ou kaiki achetés par les États-Unis, et, enfin, mouchoirs de soie qui vont aux États-Unis et en Angleterre.
L’habutai ou pongé est fabriqué principalement dans six provinces du Japon qui sont généralement des lieux de production de la soie.
Echizen, dont la capitale est Fukui, est le centre du commerce et le lieu d’inspection des tissus après les opérations du décreusage.
En raison de l’importance des transactions, et du peu de confiance qu’il est possible d’accorder aux marchands intermédiaires, surtout au point de vue des contrats, qu’ils acceptent, et dont ils n’effectuent pas livraison, si les cours leur deviennent défavorables ; un certain nombre de maisons européennes ont leurs propres installations à Fukui et procèdent par elles aux achats. Les tissus sont offerts dans les ventes à l’encan ayant lieu journellement, et, dans plusieurs parties de la ville, ils deviennent, naturellement, la propriété du plus offrant ; les cours subissent des variations fréquentes, reflétant d’ailleurs assez facilement le rapport entre l’offre et la demande.
Le nombre des métiers, existant à Fukui et dans les faubourgs, était à la fin de décembre 1904, de 19.959, et la production, du 1er juillet 1904 au 30 juin 1905, a été d’environ 1.200.000 pièces, soit une moyenne de 60 pièces par métier pour une période de douze mois.
On peut dire, qu’au moment de la saison, 4.000 ou 5.000 pièces arrivent chaque jour sur le marché, et, grâce aux organisations spéciales des banques locales, consentant des avances généreuses sur les tissus fabriqués qui leur sont remis en nantissement, les paiements peuvent être effectués au comptant et pour ainsi dire à l’instant même où la marchandise passe en d’autres mains. Des organisations analogues existent aussi dans les autres provinces.
Le district de Kaga, dont la capitale est Kanazawa, ville importante comptant plus de 200.000 habitants, ne fabrique que les qualités légères, et plus de la moitié de sa production est destinée aux États-Unis d’Amérique, qui, en raison du prix élevé des douanes, recherchent plus spécialement des tissus légers.
Les pièces les mieux fabriquées atteignent des prix très élevés, comparativement aux autres, en raison de ces achats pour le compte de l’Amérique, où les tissus de qualité ordinaire ne trouvent qu’un faible écoulement. On comprend donc que les tisseurs apportent tous leurs soins à maintenir et améliorer leur fabrication qui, d’une façon générale, est soignée.
La province de Kaga compte 14.500 métiers et la production a été, de 1904 à 1905, de 750.000 pièces.
Toyama, dans la province d’Etchu, est un centre de fabrication de moyenne importance ; on y compte 5.500 métiers avec une production annuelle de 150.000 pièces ;
Uzen, 1.200 métiers ; production annuelle 42.000 pièces.
Les tissus fabriqués dans la province de Kawamata s’étaient acquis, dans ces dernières années, une mauvaise réputation par le fait de la charge que l’on faisait, dans la plupart des cas, subir aux pièces après décreusage. Pour atteindre ce but, on les laissait séjourner dans un bain à base de magnésie, l’augmentation de poids variant, en rapport direct, avec la durée de l’opération. C’est ainsi que l’on arrivait à charger les tissus jusqu’à 40 pour 100 en plus de leur poids de soie pure.
Il est nécessaire d’ajouter que ce traitement ne donnait aucune qualité aux étoffes, en altérait au contraire complètement le brillant et n’avait d’autre but que de tromper l’acheteur. De pareils procédés ne devaient pas tarder à nuire au commerce de cette région ; aussi sa production arriva-t-elle à être tellement délaissée que, se rendant compte de la gravité de la situation, le Gouvernement provincial décréta, en novembre 1904, qu’à dater du 1er avril 1905, aucune pièce ne serait vendue autrement que pure. Des mesures sévères ayant été adoptées, les nouveaux règlements sont maintenant correctement observés.
La province de Kawamata compte 5.300 métiers avec une production relativement importante de 260.000 pièces.
Joshu fut le berceau de l’habutai ; c’est là, en effet, que quelques pièces d’un article similaire, fabriqué en Chine, furent, pour la première fois, imitées au Japon, il y a environ vingt-cinq ans, et les autres provinces, en présence de la demande, s’emparant peu à peu des procédés de leurs voisins, et les modifiant, suivant leurs capacités, arrivèrent à créer cette industrie considérable.
Le Joshu est, en même temps, un centre très important pour la fabrication des étoffes de soie employées pour kimonos japonais.
Sans tenir compte des métiers appliqués à ce dernier genre, on trouve qu’il existe dans cette région :
503 métiers pour unis ; production annuelle 15.000 pièces ;
800 métiers pour habutai façonné : production annuelle 40.000 pièces ;
2.000 métiers pour soieries ; production annuelle 60.000 pièces.
Kiôtô et Gifu produisent également des étoffes de soie, dont seulement une partie infime est exportée, les neuf dixièmes, environ, étant destinés à la consommation intérieure.
A Gifu, le tissage est réduit aux crêpes de Chine, alors qu’à Kiôtô on fabrique des étoffes de tous genres, depuis le taffetas jusqu’aux grands façonnés lamés or et argent.
C’est à Kiôtô que se trouve la seule grande fabrique méritant d’être citée ; elle est en société anonyme au capital de 2.500.000 francs et possède 275 métiers mécaniques et 100 métiers à la main, ainsi que toutes les machines pour le dévidage, montage, ourdissage, pliage, lissage, etc… Ses ateliers de teinture en fils, teinture en pièces et apprêts, et, en général, tous ceux que comporte cette industrie, lui assurent une complète indépendance, et contribuent à la placer au premier rang parmi les établissements de ce genre existant en dehors de l’Europe et de l’Amérique[12].
[12] Rapports commerciaux et consulaires (1905).
Pour l’année 1908, l’exportation de la soie a été de 226.000.000 de francs contre 276.000.000 de francs en 1907 : il y a une diminution assez sérieuse également sur l’habutai.
D’ailleurs le commerce total du Japon pour 1908 subit une diminution de 282.375.000 francs.
Tableau des exportations de soies depuis 1904 (en yen, au change moyen de 2 fr. 55) :
1904 |
138.300.000 |
yen. |
1905 |
113.460.000 |
— |
1906 |
157.955.000 |
— |
1907 |
160.237.000 |
— |
II. — Le thé est également un des articles d’exportation du Japon ; mais la totalité est absorbée par les États-Unis. Le thé japonais ne ressemble en rien au thé de Chine et, en général, les Européens ne l’apprécient pas : il est vert, il a une saveur âcre. Les Japonais en font une grande consommation ; c’est leur boisson habituelle. En dehors du Japon, l’Amérique seule consomme du thé japonais ; il en fut exporté en :
1904 |
pour | 12.833.000 |
yen. |
1905 |
— |
10.584.000 |
— |
1906 |
— |
10.767.000 |
— |
1907 |
— |
10.618.000 |
— |
De 1896 à 1903 une subvention annuelle de 70.000 yen avait été accordée, par le Gouvernement, au « syndicat du thé », qui avait essayé de faire la concurrence au thé de Ceylan, en faisant subir au thé japonais certaines préparations le rendant propre à être exporté en Europe ; mais l’envoi ne réussit pas, et la subvention fut supprimée en 1903 ; cette année-là, le Gouvernement donna encore une subvention de 35.000 yen ; puis il cessa tout encouragement pécuniaire. Le thé japonais ne pourra jamais entrer en compétition avec le thé de Chine ou de Ceylan ; cela tient probablement au climat japonais qui lui donne ce goût spécial, peu apprécié des Européens, même de ceux qui ont longtemps résidé dans le pays.
III. — Le riz japonais est l’un des meilleurs riz qui poussent sur le globe. Aussi s’en exporte-t-il une certaine quantité ; les principaux débouchés pour le riz japonais sont : l’Australie, qui en absorbe pour une valeur d’environ 2.000.000 de yen ; Hawaï, pour 8.000.000 de yen ; l’Angleterre, pour 800.000 yen ; la Corée, pour 500.000 yen ; la Russie d’Asie, pour une valeur très variable : en 1903 pour 445.765 yen ; en 1904 pour 17.621 yen ; en 1905 pour 306.025 yen ; en 1906 pour 472.870 yen.
La demande des États-Unis n’a cessé de décroître dernièrement, ce qui s’explique par ce fait que la culture du riz au Texas a pris une grande extension et a fort bien réussi, ainsi du reste qu’à la Louisiane. Actuellement, le riz récolté dans ces deux États se vend moins cher que le riz japonais, et les Japonais établis en Californie consomment, eux-mêmes, du riz américain.
Parfois, la récolte au Japon n’est pas suffisante, et le Gouvernement est obligé d’importer du riz soit de Bangkok, soit de Saïgon ou de Rangoon : mais, généralement, le riz de ces pays est peu apprécié au Japon ; les grains sont plus petits, et ils sortent de la cuisson beaucoup moins blancs.
En 1908, la récolte n’a pas fait défaut ; elle a atteint, en effet, 51.897.233 koku, soit 93.415.020 hectolitres : elle a donc été exceptionnellement belle, plus belle même que celle de l’année 1904, qui avait été considérée comme la plus belle récolte qui se fût faite au Japon, et qui s’était élevée à 51.401.497 koku, soit 92.500.000 hectol.
Ce tableau montre l’exportation du riz japonais pour les trois dernières années :
| Pays. | 1906 |
1907 |
1908 |
| Chine | 503.583 |
296.460 |
113.379 |
| Hong-Kong | 1.365 |
» |
» |
| Corée | 57.877 |
63.647 |
63.372 |
| Russie d’Asie | 472.870 |
253.809 |
155.205 |
| Angleterre | 416.179 |
230.374 |
626.681 |
| France | 58.352 |
14.089 |
415 |
| Allemagne | 35.834 |
746 |
168.206 |
| Belgique | 92.871 |
» |
» |
| Autriche-Hongrie | 57.363 |
» |
» |
| Hollande | 25.536 |
» |
» |
| États-Unis | 463.016 |
744.556 |
410.892 |
| Amérique Anglaise | 288.050 |
532.708 |
356.230 |
| Australie | 274.701 |
139.039 |
78.542 |
| Hanoï | 928.975 |
1.375.729 |
1.364.057 |
IV. — L’exportation du charbon va toujours en augmentant ; de 14.828.000 yen en 1904, elle est passée à 16.280.000 yen en 1906 et à 19.052.000 yen en 1907. Le charbon japonais s’exporte actuellement un peu dans tous les ports d’Asie ; cependant il n’est pas utilisable à l’état pur, et les bâtiments à vapeur, surtout les navires de guerre, ne l’emploient que modérément et mélangé avec du Cardiff. Le charbon japonais brûle les chaudières, et produit une fumée intense, très noire ; généralement on le consomme en briquettes comprimées, et, sous cette forme, il semble devoir rendre des services ; mais il n’arrivera jamais à se substituer au charbon anglais, et toutes les marines de guerre, y compris la marine de guerre japonaise, ainsi que les grandes Compagnies de navigation évitent de se servir du charbon japonais.
L’exportation de ce produit se fait : vers la Chine (7.689.000 yen en 1907) ; vers l’Inde britannique (368.000 yen en 1907) ; vers Hongkong (5.439.000 yen en 1907) ; et vers les colonies hollandaises de la Malaisie (430.000 yen pour 1907). Les États-Unis d’Amérique figurent pour une somme de 1.163.000 yen en 1907 ; mais il est probable que ce chiffre représente le charbon apporté, dans les ports de Californie, pour l’usage des bateaux japonais faisant le service de San Francisco à Seattle.
V. — Le Japon est, avec les États-Unis, le plus grand producteur de cuivre, et sa production tend à augmenter constamment. En 1902 elle était de 48.390.637 kin (1 kin = 600 grammes) ; en 1903 elle est passée à 55.312.343 kin et en 1904 la production est estimée à 35.000 tonnes. La progression continue jusqu’en 1907 et 1908 où l’on arrive à environ 38 et 39.000 tonnes. La production totale pour 1908 donne une valeur marchande de 26.302.000 yen.
Comme exportation, la Chine absorbe à elle seule, en 1907, 10.310.000 yen de cuivre ; Hongkong en prend pour 4.782.000 yen ; l’Angleterre pour 4.514.000 yen ; la France pour 2.364.000 yen ; l’Allemagne pour 2.309.000 yen. L’exportation de ce métal, qui fournissait un chiffre de 25.110.000 yen en 1906, passait à 29.260.000 yen en 1907, soit une augmentation de 4.150.000 yen. En 1908 elle a sensiblement baissé ; cette année, d’ailleurs, a été fort mauvaise pour le Japon au point de vue commercial, ainsi que je l’ai noté au début de ce chapitre.
VI. — Autrefois, le Japon proprement dit produisait beaucoup de camphre ; mais aujourd’hui le territoire de l’Empire n’en fournit presque plus, et c’est l’île de Formose qui exporte le plus de cette denrée. Il en est sorti (année fiscale 1907-1908), tant du Japon que de Formose, pour une somme de 7.945.000 yen ; sur cette somme, 2.919.000 yen reviennent à Formose, qui, on le voit, exporte relativement bien plus que le Japon, eu égard à son territoire.
Voici quels sont les pays qui ont acheté le plus :
| Indes britanniques | 1.069.000 |
yen. |
| Grande-Bretagne | 158.000 |
— |
| France | 604.000 |
— |
| Allemagne | 1.301.000 |
— |
| États-Unis | 1.689.000 |
— |
Nattes. — Autrefois la natte japonaise n’avait pas de concurrente, dans tout l’Extrême-Orient, en raison de sa finesse et du soin apporté à sa confection ; la qualité a beaucoup baissé aujourd’hui, et l’exportation s’en est ressentie. Le Japonais, d’ailleurs, procède en tout de la même façon, et il est difficile de se procurer maintenant des marchandises aussi soignées que celles d’autrefois. Pour les nattes la concurrence annamite se fait sentir, et si nos fabricants de nattes de Nam dinh s’y appliquaient, ils arriveraient, certainement, à évincer complètement la natte japonaise. Les nattes tonkinoises sont, d’ailleurs, tellement en mesure de lutter contre les nattes japonaises, que des marchands Japonais vendent, à Hong-Kong et sur les côtes de Chine, aussi bien qu’aux États-Unis, des nattes tonkinoises pour des nattes japonaises. Ce sont les États-Unis qui absorbent la majeure partie de ce produit : ils en prennent bon an mal an pour une valeur d’à peu près 6.000.000 de yen.
Allumettes. — Le commerce des allumettes est toujours prospère, et se tient entre 10.000.000 et 11.000.000 de yen. La Chine, Hong-Kong, les établissements des détroits, la Corée, sont les plus gros acheteurs ; le Siam, la Birmanie et les Indes anglaises viennent ensuite.
- En 1907-1908 la Chine a acheté pour 4.250.000 yen d’allumettes ;
- L’Inde anglaise pour 849.000 yen ;
- Hong-Kong pour 2.469.000 yen ;
- La Corée environ 2.000.000 de yen ;
- Les établissements des détroits 1.000.000 de yen.
C’est un des principaux articles japonais d’exportation dans les pays d’Extrême-Orient, et le commerce d’importation des allumettes européennes est devenu, par ce fait, insignifiant.
Saké. — Le vin de riz japonais, ou plutôt l’alcool de riz, ne s’exporte guère qu’en Corée et en Chine ; ou plutôt il serait mieux de dire qu’il s’est exporté, lors de la campagne de Mandchourie ; aujourd’hui que les armées japonaises sont rentrées, l’exportation tend à diminuer ; cependant il en part encore dans ces deux pays pour une valeur de 800.000 à 1.000.000 de yen.
Porcelaine et poterie. — Ce sont les États-Unis qui achètent le plus ces articles au Japon. Sur un total de 7.942.927 yen pour 1906 et de 7.216.000 yen pour 1907, ils en ont absorbé pour une valeur approchant de 4.000.000 de yen chaque année (exactement en 1906 = 4.332.584 yen ; et en 1907 = 3.816.000 yen). La Chine vient après, puis la Corée ; et enfin l’Angleterre et Hong-Kong. La France n’achète au Japon que pour 110.000 yen environ de porcelaine, alors que l’Angleterre lui en achète pour 450.000 yen.
Cigarettes. — Ne s’exportent qu’en Chine et en Corée ; 1.228.000 yen en Chine pour 1907 ; environ 800.000 yen en Corée pour la même année ; mais il pourrait se faire que cet article d’exportation vînt à tomber rapidement ; car les Chinois se sont mis à fabriquer des cigarettes absolument semblables aux cigarettes japonaises et les fumeurs chinois les achètent de préférence.
Produits maritimes. — La seiche, la bêche de mer, la colle végétale et les varechs, se dirigent, en totalité, vers la Chine et Hong-Kong. Ce dernier port achète environ pour 2.000.000 de yen de seiche, et la Chine pour la même somme de varechs.
VII. — Le coton, sous tous ses aspects, est l’un des grands articles d’exportation du Japon, et c’est la Chine qui absorbe la presque totalité, sauf une partie pour Hong-Kong et la Corée. Filés, couvertures, flanelles, crêpes, imitation de Nankin, shirting gris, nappes et serviettes, tout se dirige vers le marché chinois ; ce dernier prend en général de 30 à 35.000.000 de yen de filés tous les ans, et de 3 à 4.000.000 de yen de shirting gris. Les serviettes genre éponge commencent à être fort appréciées des Chinois, d’autant plus que le prix en est réellement infime : ils arrivent à payer une serviette ordinaire 5 et 6 cents de piastre, c’est-à-dire environ 15 centimes.
Les principaux exportateurs de cotons sont les filatures suivantes :
| Osaka Boseki | avec | 1.100 |
ouvriers et | 4.500 |
ouvrières. |
| Setsu | — |
1.300 |
— |
4.000 |
— |
| Osaka Godo | — |
1.000 |
— |
4.000 |
— |
| Fukushima | — |
450 |
— |
1.500 |
— |
| Nihon | — |
420 |
— |
2.000 |
— |
| Temma | — |
40 |
— |
205 |
— |
| Nagai | — |
300 |
— |
1.200 |
— |
| Odzu Hoseito | — |
180 |
— |
800 |
— |
| Kobayashi | — |
40 |
— |
110 |
— |
| Sakai | — |
200 |
— |
770 |
— |
| Kishiwada | — |
250 |
— |
1.100 |
— |
| Wakayama | — |
280 |
— |
1.500 |
— |
| Koriyama | — |
380 |
— |
900 |
— |
| Amagasaki | — |
270 |
— |
1.250 |
— |
Toutes les filatures ci-dessus appartiennent à la région d’Osaka ; sur les 35.000.000 de yen d’exportation, elles figurent pour 28 à 29.000.000 de yen ; c’est-à-dire que le commerce du coton est concentré dans les deux villes de Kobé et d’Osaka et les régions voisines. Il est évident que les Japonais finiront par fournir entièrement le marché chinois du coton dont il a besoin. La proximité du pays, la main-d’œuvre très bon marché, les besoins moindres du Japonais, font que le coton européen, sous toutes ses formes, ne peut pas lutter ; évidemment le produit japonais est très inférieur, mais pour l’acheteur chinois la question n’est pas là : il lui faut du bon marché, même si la qualité n’est pas de premier ordre.
VIII. — A l’importation, le Japon demande d’abord le coton brut pour ses filatures.
Il vient de Chine pour une somme moyenne de 25 à 30.000.000 de yen (1904 = 30.678.242 de yen ; 1907 = 23.465.000 de yen) ;
Des Indes Britanniques, qui ont toujours occupé le premier rang pour l’importation de cet article au Japon, (sauf une éclipse en 1904), et qui ont fourni, ces dernières années : 1905 = 53.553.000 yen ; 1906 = 41.383.000 yen ; 1907 = 57.574.000 yen ;
Des États-Unis, qui importent pour une valeur de 28 à 30.000.000 de yen ;
De l’Égypte qui est stationnaire et fournit de 3 à 4.000.000 de yen.
Le coton brut doux, égrené et non égrené, la matière première, en un mot, tend à une augmentation continue comme importation ; c’est évidemment un signe de l’activité des filatures japonaises.
Quant aux autres produits, en coton fabriqué, le Japon en importe bien moins que jadis, puisqu’il fabrique lui-même. Toutefois il achète encore des filés, du coutil, de la toile, de la toile imprimée, des satins, des velours, des shirtings gris, des shirtings croisés et de la toile à parapluie. C’est l’Angleterre qui fournit presque exclusivement ce dernier article.
Les lainages, laines brutes, filés, drap d’Italie, mousselines de laines, draps, drap mélangé de coton, couvertures, sont importés pour une somme totale de 20.000.000 de yen environ. L’Angleterre, l’Australie et l’Allemagne sont les principaux importateurs. La France a eu pendant longtemps le monopole pour l’importation des mousselines de laine ; elle en importait encore pour 1.235.000 yen en 1901 ; 2.315.000 yen en 1903 ; 1.175.000 yen en 1905 ; mais le chiffre est tombé à 478.000 yen en 1907. La concurrence de l’Allemagne, et surtout de la Suisse, est pour beaucoup dans cette décadence de notre commerce de mousselines ; mais il faut également accuser l’indolence de nos fabricants qui, jamais, n’envoient de voyageurs sérieux étudier sur place les goûts du client et les changements à apporter à leurs produits.
Riz. — Malgré les belles années de récolte qu’il réalise généralement, le Japon importe du riz. Cela tient à ce que les Japonais, sachant leur riz très supérieur, le conservent, pour le vendre à l’exportation, lorsque les prix sont élevés, et mangent, eux-mêmes, les riz moins beaux des tropiques : c’est ainsi que l’Inde envoie au Japon de 13.000.000 à 15.000.000 de yen de riz (venant en presque totalité de Rangoon, Birmanie) ; l’Indo-Chine française pour une somme à peu près égale, et le Siam pour 5.000.000 de yen environ.
Sucre. — Il est importé par les Indes néerlandaises 16 à 17.000.000 de yen (1907 = 16.691.000 yen) ; la Chine : 500.000 yen ; les Philippines : 1.000.000 de yen (1907 = 1.218.000 yen). Ce qui précède est le sucre brut ; quant au sucre raffiné il vient :
De la Russie, environ 2.000.000 de yen.
De Hongkong, 1.500.000 yen.
D’Allemagne, 1.000.000 de yen.
D’Autriche-Hongrie, 1.000.000 de yen.
Métaux. — La métallurgie a encore beaucoup à espérer comme importation au Japon ; les mines japonaises sont encore très insuffisamment exploitées, et les capitaux manquent pour installer la grande industrie métallurgique comme en Europe ; le Japon exécute il est vrai, actuellement, à la fonderie de Wakamatsu et à l’arsenal de Kure, du matériel de guerre et des projectiles ; mais il est encore tributaire de l’Europe et de l’Amérique pour les métaux travaillés.
Lingots de fer : il en a été importé en 1907 pour 14.856.000 yen d’Angleterre ; 3.176.000 yen d’Allemagne ; 1.162.000 yen des États-Unis ; 6.973.000 yen de Belgique. Rails : en 1907, d’Angleterre 483.000 yen ; d’Allemagne 1.579.000 yen ; des États-Unis 1.371.000 yen ; de Belgique 372.000 yen. Fers en barres, plaques et tôles de fer, tuyaux en fer, clous, fer étamé en feuilles, fils télégraphiques, acier, plomb, étain, zinc ; toutes ces catégories de métaux trouvent encore au Japon un bon débouché.
Les machines et locomotives viennent en 1907 :
De l’Angleterre pour 16.380.000 yen ;
De l’Allemagne pour 3.333.000 yen ;
De Belgique pour 168.000 yen ;
Des États-Unis pour 10.241.000 yen.
Le pétrole arrive presque entièrement des États-Unis, qui en importent, tous les ans, pour une valeur de 10.000.000 de yen environ (1907 = 9.507.000 yen).
Le charbon est importé d’Angleterre pour la marine de guerre japonaise. En 1904, alors que, par suite de la guerre, le Japon faisait des approvisionnements considérables, il en a été importé pour 12.199.885 yen de Cardiff ; mais, en temps normal, il n’en est pas de même, et, en 1905, l’importation est tombée à 5.467.705 yen pour rester ensuite à 500.000 yen environ (1906 = 519.980 yen).
Ainsi, tout ce qui concerne la métallurgie, est importé Angleterre, d’Allemagne, de Belgique, des États-Unis. Quant à la France elle a importé en 1907 pour 410.000 yen de machines.
IX. — L’importation française au Japon n’est pas considérable et elle s’élève : en 1906 à 4.997.000 yen ; en 1907 à 7.024.000 yen. Il est vrai que son exportation du Japon se chiffre par 40.228.000 yen en 1906 et 42.592.000 yen en 1907, mais parce qu’elle achète la soie, marchandise chère. Elle laisse de l’argent au Japon en échange de sa soie, mais elle ne profite pas du commerce japonais, puisqu’elle n’y fait pas ou presque pas d’importation.
Voici les principaux articles que vend la France :
Lunettes et télescopes ; Boîtiers de montre en argent ; Mouvements d’horlogerie ; Beurre ; Antipyrine ; Chlorate de potasse ; Drogues et médecines ; Phosphore amorphe ; Phosphore jaune ; Bois de campêche ; Soies de porc ; Tubes de cuivre ; Plomb ; Livres ; Papiers à cigarettes ; Mousselines de laine ; Vins en bouteilles ; Vins en fûts ; Champagnes ; Eaux-de-vie ; Autres liqueurs ; Bouchons ; Savon de toilette ; Savon ordinaire ; Parfumerie.
Ainsi que je l’ai dit plus haut, notre principal article, la mousseline de laine, nous est peu à peu enlevé. En dehors de la concurrence suisse et allemande, au reste, il y a aussi la fabrication japonaise qui s’essaie, et finira par produire, non pas aussi bien que nous, mais suffisamment « made in Japan » pour satisfaire le goût et la bourse des clients.
Quant aux vins, si la France en importe, tout compris, c’est-à-dire vins rouges et blancs, en fûts et en bouteilles, champagnes, vins mousseux, pour 400.000 francs, c’est tout. Le Japonais, de même que le Chinois ou tout autre oriental, ne boit pas de vin. Avec les quelques barriques de gros vin rouge qu’il fera venir, le Japonais mélangera de la mélasse et du sucre et fabriquera ainsi du « vin japonais », délice des gourmets dans les restaurants de Tokio. Inutile de dire que ce produit innommable est horrible pour un palais européen.
Quant aux eaux-de-vie et liqueurs nous en importons pour 160.000 francs ; c’est pour la consommation de la colonie européenne.
X. — Comme on le voit, nous ne faisons pas grand commerce avec le Japon, et il est difficile pour nous d’y travailler davantage. Nous ne pouvons lutter avec les autres nations pour fournir aux Japonais ce dont ils ont le plus besoin : coton brut, métaux de toutes sortes et machines. Nous venons de voir que nos mousselines de laine sont en décadence et que notre principal article d’importation, le vin, n’y est pas apprécié.
Il ne faut pas non plus compter sur les articles dits parisiens, tels que : articles de Paris, modes, chapeaux, etc., car ils sont peu employés par les indigènes et, d’ailleurs, ceux qui se trouvent au Japon sont des articles de Paris fabriqués en Allemagne ; ils sont importés au Japon à des prix que la cherté de la matière première et de la main-d’œuvre française ne nous permet pas de concurrencer. Il est donc de toute évidence que nous n’avons pas grand effort à tenter de ce côté. Le Japon n’est pas, pour nous, un client, même pas un client pour nos objets de luxe, indiscutablement supérieurs à tous autres, car il est pauvre ; et quand il veut du luxe, il lui vient de Berlin, à bien meilleur compte.
Le commerçant japonais n’a pas la réputation d’être sérieux et fidèle à sa parole. Les autorités japonaises ont fait des efforts louables pour persuader à leurs compatriotes la grande franchise en affaires, et il y a lieu d’espérer que ces efforts ne resteront pas vains. Mais le Japonais est bien moins commerçant que le Chinois, et tous ceux qui ont eu des relations avec les deux peuples, sont unanimes à préférer le Chinois. D’ailleurs, toutes les grandes maisons européennes établies au Japon, toutes les banques ont des compradore et des assistants chinois, jamais de Japonais. Le commerçant japonais ne se fera pas scrupule de ne pas prendre livraison d’une marchandise si, pendant la traversée, le change a varié à son détriment ; il sait que l’Européen préférera encore avoir sa marchandise sur les bras plutôt que d’aller perdre son temps en procès.
Il m’est arrivé, souvent, de constater, dans des balles de soie expédiées de l’intérieur, à Yokohama, pour l’exportation, la présence de briques et de pierres, soigneusement recouvertes de quelques écheveaux, et il fut un temps où les exportateurs de soie étaient obligés de vérifier toutes les balles sans exception, vu l’impossibilité de s’en rapporter à la bonne foi du marchand indigène.
Ainsi que je l’ai déjà dit, le commerce total du Japon pour 1908 a subi une diminution de 282.375.000 francs. Peut-être est-ce la conséquence de la guerre russo-japonaise ; peut-être cela vient-il de la crise économique qui a sévi un peu partout, et qui s’est fait sentir au Japon comme ailleurs. Nous le verrons bientôt. En tout cas, il est bien certain que le Japon est las ; il a voulu courir et courir vite : il n’en a plus les moyens. Les journaux reflètent une lassitude, un découragement général ; seul le Japan chronicle ne se décourage pas et dit que si le Japon se ressent du lourd fardeau supporté depuis la dernière guerre et d’un système fiscal non moins lourd, il espère néanmoins le voir se relever ; mais, dit-il, ce sera lent.
XI. — Voici, pour l’année 1907, la dernière dont les résultats aient paru, les chiffres d’exportation et d’importation afférents à chaque port.
EXPORTATION | |
Yen. | |
| Yokohama | 205.888.000 |
| Kobé | 106.668.000 |
| Osaka | 60.037.000 |
| Nagasaki | 4.654.000 |
| Hakodate | 2.268.000 |
| Niigata | 206.000 |
| Shimonoseki | 4.364.000 |
| Moji | 19.049.000 |
| Otaru | 6.012.000 |
| Mororan | 1.924.000 |
| Wakamatsu | 3.179.000 |
| Kuchinotsu | 4.908.000 |
| Yokkaichi | 3.908.000 |
| Tsuruga | 1.895.000 |
IMPORTATION | |
Yen. | |
| Yokohama | 172.485.000 |
| Kobe | 223.437.000 |
| Osaka | 34.451.000 |
| Nagasaki | 16.230.000 |
| Hakodate | 673.000 |
| Niigata | 1.067.000 |
| Shimonoseki | 2.480.000 |
| Moji | 26.413.000 |
| Otaru | 122.000 |
| Mororan | 1.000 |
| Wakamatsu | 962.000 |
| Kuchinotsu | 307.000 |
| Yokkaichi | 9.026.000 |
| Tsuruga | 880.000 |
XII. — Il est entré dans les ports du Japon, en 1907, 8.770 bateaux à vapeur japonais, 57 chinois, 6.267 anglais, 390 français, 1.858 allemands, 154 austro-hongrois, 324 russes, 64 danois, 385 norwégiens, 1.618 américains des États-Unis ; 317 de différents pavillons, soit en tout 20.199 navires à vapeur de tous pays dont 8.770 sous pavillon japonais. En 1895 il y avait un total de 1.749 navires, dont 63 japonais.
La première Compagnie japonaise de navigation à vapeur fut formée, en 1877, sous le nom de Yubin kisen Mitsubishi kaisha, c’est-à-dire : Paquebots-poste de la Compagnie Mitsubishi ; en 1882, parut la Kiôdô uniu kaisha ou Union des transports maritimes ; et en 1884, la Osaka shosen kaisha ou Compagnie de navigation maritime d’Osaka.
La marine marchande à vapeur était créée ; il fallait la maintenir et la développer. En 1885, les deux premières Compagnies, après une compétition acharnée, s’unirent sous le nom de Nippon yusen kaisha ou Compagnie des paquebots-poste japonais, Compagnie à laquelle le gouvernement du Mikado offrit tout l’appui moral et financier nécessaire ; puis la loi sur la navigation, et la loi sur la construction des navires, accordant des primes assez élevées, vinrent donner un nouvel essor à la marine marchande à vapeur.
Suivant la loi sur la navigation, un navire à vapeur japonais, d’au moins mille tonnes de déplacement, et d’au moins dix nœuds de vitesse, et destiné au long cours, est apte à recevoir la prime fixée suivant la distance parcourue et le tonnage du bâtiment. Cette prime, pour un vapeur de 1.000 tonnes, s’élève à 25 yen par tonne et par 10 nœuds et peut être augmentée de 10 pour 100 pour chaque 500 tonnes en plus, et de 28 pour 100 pour chaque nœud d’augmentation de vitesse par heure.
Pour un bateau d’au moins 6.500 tonnes et 18 nœuds, la limite maxima de la prime sera celle accordée à un bateau de 6.000 tonnes et de 17 nœuds. Pour avoir la prime entière, le bâtiment ne doit pas avoir plus de cinq ans ; au-dessus de cet âge, la prime diminue de 5 pour 100 chaque année. Les primes pour le budget 1907-1908 s’élevaient à 11.170.255 yen, soit 28.484.150 fr. 25.
Des subventions spéciales sont, en outre, accordées à différentes Compagnies : ainsi, la Nippon Yusen Kaisha reçoit, pour l’année budgétaire 1908-1909, 4.283.707 yen, plus 220.000 yen ;
La Toyo Kisen Kaisha reçoit 1.013.880 yen, plus 750.000 yen ;
La Japan China Steam Navigation Company reçoit 800.000 yen seulement ;
La Osaka Shôsen Kaisha reçoit 491.000 yen, plus 100.000 yen.
Les primes, pour la construction des navires, s’élèvent à 1.995.440 yen.
Un peuple né marin, encouragé de cette façon par le gouvernement, ne pouvait pas manquer de se créer rapidement une forte marine marchande, et à l’heure qu’il est, les mers d’Asie sont sillonnées de bateaux japonais :
Ligne de Yokohama à Shanghaï ;
Ligne de Yokohama à Tientsin en passant par les ports de Corée ;
Ligne de Nagasaki à Wladiwostok en passant par les ports de Corée ;
Ligne de Yokohama à Shanghaï et aux différents ports du Yangtseu jusqu’à Hankow et Itchang ;
Ligne de Tsuruga à Wladiwostok ;
Ligne de Yokohama à Bombay.
Sur l’Europe et l’Amérique :
Ligne de Yokohama à Marseille, Londres et Anvers ;
Ligne de Hongkong à San Francisco ;
Ligne de Hongkong à Seattle.
Sur l’Australie :
Ligne de Yokohama à Melbourne.
La Toyo Kisen Kaisha avait créé en 1905 un service bisannuel sur l’Amérique du Sud, mais elle a abandonné son projet de navigation régulière de ce côté.
Ces différentes Compagnies sont loin de faire leurs frais, et c’est la prime fournie par l’État qui les maintient.
La Nippon Yusen Kaisha possède un capital de 22.000.000 de yen ;
La Osaka Shosen Kaisha un capital de 16.500.000 yen ;
La Toyo Kisen Kaisha, un capital de 6.500.000 yen ;
Et enfin la Japan China Steamship Co un capital de 8.100.000 yen.
Ce sont là les quatre principales Compagnies de navigation à vapeur faisant le long cours ; il existe un nombre assez considérable de petites Compagnies pour le cabotage, et que je juge inutile d’énumérer ici.
XIII. — Les seuls navires français qui touchent aux ports japonais sont ceux des Messageries maritimes ; le nombre de nos entrées et de nos sorties est donc sensiblement le même ; ici comme ailleurs, l’insuffisance de la marine française se manifeste. La Compagnie des Messageries a bien essayé timidement, il y a quelques années, d’établir une ligne de cargo-boats pour l’Extrême-Orient, mais ils sont en trop petit nombre. D’un autre côté, par suite de nos règlements maritimes, obligeant les Compagnies de bateaux à se servir des inscrits maritimes et à avoir un nombre fixe d’officiers et de matelots français, les frets sont plus chers sur nos bateaux que sur les autres, et c’est ainsi que, dans tout l’Orient, au Japon comme ailleurs, les produits français arrivent sous pavillon anglais de Londres et sous pavillon allemand d’Anvers. Cette vieille loi des inscrits a vraiment fait son temps ; il faudrait laisser les Compagnies recruter leur personnel librement, et il serait nécessaire aussi de modifier nos règlements de navigation relatifs au personnel de nationalité française.
XIV. — Le tarif général japonais, mis en vigueur en 1899, après la révision des traités, est très lourd pour les produits d’importation européenne ; le gouvernement japonais a bien, il est vrai, accordé un tarif conventionnel pour certains produits à la France, à l’Angleterre, à l’Allemagne et aux États-Unis, mais il n’en reste pas moins que, sur certains articles, le tarif est pour ainsi dire prohibitif.
Le bétail paye de 10 à 30 pour 100 ad valorem ; les conserves de légumes 40 pour 100 ; les conserves de fruits 45 pour 100, la chicorée 45 pour 100 ad valorem ;
Les épices (poivre, etc.), 18 yen par 100 livres ; la moutarde, 45 pour 100 ad valorem ;
Jambon 14 yen par 100 livres ;
Beurre 27 yen, fromage 17 yen, extrait de viande 77 yen par 100 livres ;
Comestibles en général, 40 pour 100 ad valorem ;
Jus de fruits et sirops, 45 pour 100 ad valorem ;
Miel, 50 pour 100 ad valorem ;
Confitures, gelées, 13 yen par 100 livres ;
Vins en bouteilles, 0,80 sen par litre (plus de 2 francs) ;
Vins en fûts, 0,30 sen par litre.
Pour la France il existe un tarif conventionnel pour l’importation des vins :
Vins n’excédant pas 16° d’alcool pur, 1 yen 24 sen par hectolitre (en fûts ou barriques) ;
0,67 sen par caisse de 14 demi-bouteilles ou 12 bouteilles ;
Excédant 16° et n’excédant pas 24° :
0,92 sen (en fûts ou barriques) ;
0,68 sen par caisse de 24 demi-bouteilles et 24 bouteilles ;
Champagnes : 2 yen par litre ; toutefois les champagnes français payent 1 yen 55 par caisse de 24 demi-bouteilles ou 12 bouteilles ; toute boisson alcoolisée : 0,90 sen par litre ; alcool 0,65 sen par litre ;
Les crins payent de 7 à 55 et 98 yen par cent livres.
Les produits pharmaceutiques payent très cher.
Filés de coton, 12 pour 100 et 25 pour 100 par 100 livres ;
Fil de coton à coudre, 29 yen par 100 livres ;
Fil de chanvre 30 pour 100 ad valorem.
Pour l’importation des cotonnades il existe un tarif conventionnel avec l’Angleterre ; elles payent en général 10 pour 100 ad valorem ;
Mousselines de laine grises et blanches, 1 sen 5 rin et 1 sen 8 rin par yard carré ; les autres genres : 2 sen 1 rin.
Mouchoirs, couvertures, tapis, rideaux et autres tissus de ce genre payent 40 et 50 pour 100 ad valorem ;
Chemises, gilets, châles, bretelles payent 40 et 50 pour 100 ad valorem ;
Métaux précieux et bijoux : 50 et 60 pour 100 ad valorem ;
Les métaux, en général, payent moins cher, car le Japon en importe beaucoup et il les laisse entrer avec des droits raisonnables ;
Les objets mécaniques tels que microscopes, lorgnettes, montres, télescopes, phonographes, machines à coudre, machines-outils, ressorts, etc., payent de 15 à 20 et 40 pour 100.
En somme on peut dire que le tarif douanier japonais est l’un des plus élevés que l’on connaisse, et les agents des douanes savent l’appliquer dans toute sa rigueur.