L'Empire Japonais et sa vie économique
CHAPITRE III
I. Provinces et districts. — II. Les trois « Shi ». — III. Les quarante-cinq « Kens ». — IV. Administration méticuleuse. — V. Ports principaux.
I. — Au point de vue politique le Japon, jusqu’à l’ère de Mei ji (1868), époque de la restauration impériale, était divisé en provinces (Kuni) au nombre de 86, disposées en neuf groupes : 1o les provinces impériales (Go kinai), au nombre de 5 ; 2o les huit grandes divisions (dô). Ces dernières divisions étaient :
Hokurokudô, Sanindô et Hokkaidô, au Nord ;
Tôkaidô et Tôsandô, à l’Est ;
Sanyôdô et Nankaidô, au Sud ;
Saikaidô, à l’Ouest.
Les noms des provinces ou Kuni ne sont plus politiquement usités ; mais, comme parfois ils sont encore employés, même officiellement, j’en donnerai ici l’énumération :
Les Gokinai ou Provinces impériales comprenaient cinq Provinces : Yamashiro, Yamato, Kawachi, Idzumi, Setsu ;
Le Tôkaidô (circuit du littoral de l’Est) quinze provinces : Iga, Ise, Shima, Owari, Mikawa, Tôtomi, Suruga, Kai, Idzu, Sagamî, Musashi, Awa, Kadzusa, Shimosa, Hitachi ;
Le Tôsandô (circuit des montagnes de l’Est) treize provinces : Omi, Mino, Hida, Shinano, Kodzuke, Shimodzuke, Iwaki, Iwashiro, Rikuzen, Rikuchu, Mutsu, Uzen, Ugo ;
Le Hokurokudo (circuit du continent du Nord) sept provinces : Wakasa, Echizen, Kaga, Noto, Echiu, Echigo, Sado ;
Le Sanindô (petit circuit des montagnes) huit provinces : Tamba, Tango, Tajima, Inaba, Hôki, Idzumo, Iwami, Oki ;
Le San yô dô (grand circuit des montagnes) huit provinces : Harima, Mimasaka, Bizen, Bichu, Bingo, Aki, Suwo, Nagato ;
Le Nan kai dô (circuit du littoral du Sud) six provinces : Kii, Awaji, Awa, Sanuki, Iyo, Tosa ;
Le Saikaidô (circuit du littoral de l’Ouest) douze provinces : Chikuzen, Chikugo, Buzen, Bungo, Hizen, Higo, Hiuga, Osumi, Satsuma, Iki, Tsushima, plus les îles Riu Kiu ;
Le Hokkaido (circuit du littoral du Nord) onze provinces : Oshima, Shiribeshi, Iburi, Ishikari, Hitaka, Tokachi, Teshiwo, Kushiro, Nemuro, Kitami, Chishima (îles Kouriles).
II. — Aujourd’hui le Japon est divisé en 3 Shi ou villes et 45 Ken ou départements.
Les trois Shi sont : Tôkiô, Kiôtô, Osaka. Tôkiô, capitale de l’Empire depuis la Restauration de 1868, autrefois Yedo, capitale de Shôgun ou Lieutenant général, est le siège du gouvernement et la résidence de l’Empereur ; cette ville est divisée en arrondissements (ku) et renferme deux millions d’habitants. Les arrondissements sont : Kojimachi ; Kanda ; Nihombashi ; Kyosbashi ; Shiba ; Azabu ; Akasaka ; Yotsuya ; Ushigome ; Koishikawa ; Hongo ; Shitaya ; Asakusa ; Honjo ; Fukagawa.
Les districts suburbains sont : Ebara gôri ; Higashi tama gôri ; Minami Toshima gôri ; Kita toshima gôri ; Minami Adachi gôri ; Minami katsushika gôri.
Vers le moyen âge, l’emplacement où s’élève aujourd’hui Yedo, n’était qu’une plage de sable ; au XVe siècle, un guerrier nommé Ota Dôkwan prit possession du village de pêcheurs situé à l’estuaire du Sumida et appelé Ye do (bouche du fleuve) ; il y construisit une forteresse en 1456 ; Hideyoshi (Taikosama) s’empara de cette forteresse et ce fut son successeur Iyeyasu qui, en 1603, en fit sa capitale. Elle devint ainsi capitale des Shôgun, tandis que Kiôtô (miyako) restait la capitale des Empereurs. Le mikado actuel, Mutsu hito, vint s’y installer en 1868 et, au mois de septembre, changea le nom de la ville en celui de Tokiô.
A part les monuments officiels tels que les ministères, les casernes, l’état-major, les différentes écoles, etc., Tokiô est construit en bois. Aussi les incendies y font des ravages effroyables et brûlent souvent une partie de la ville, laquelle se trouve, d’ailleurs, reconstruite au bout de quinze jours. Les rues sont larges, uniformes, et elles ont un aspect triste à cause de la couleur grise du bois vieillissant aux intempéries. L’aspect de la ville n’est pas gai du tout. Des tramways électriques parcourent les principales rues, en même temps que les djinrikisha ou voitures à hommes circulent dans toutes les directions.
Les parties intéressantes de la ville sont : les parcs de Shiba où sont enterrés deux Shôgun ; les temples et les jardins qui précèdent et entourent la tombe sont de toute beauté ; au milieu du parc se trouve le koyokwan ou cercle de l’Érable, sorte de club japonais fort élégant, qui donne une idée très nette de la jolie maison nippone ; les parcs d’Uyeno, autre lieu de repos de Shôgun, à côté du lac de Shinobadzu ; la colline d’Atago yama d’où l’on domine toute la ville ; les fossés et les portes de garde de l’ancien château d’Yedo, aujourd’hui encore existant et entourant le palais impérial ; le grand temple d’Asakusa ; la digue de Mukojima. Les quartiers, qui ne sont pas trop européanisés, sont assez pittoresques et amusants.
Les environs de Tokiô sont très recherchés aux jours fériés et aujourd’hui surtout, avec les facilités accordées par les chemins de fer, la population émigre facilement autour de la ville toutes les fois qu’un saint bouddhiste doit être fêté.
Kiôto, l’ancienne capitale (Miyako) des Mikado, la ville sainte du Japon, est située dans la province de Yamashiro, à environ cent trente-deux lieues de Tokio, dans la direction du Sud-Ouest ; et elle n’est éloignée d’Osaka et de Kobé que de trois heures de chemin de fer. La ville est divisée en deux parties : Kami Kio Ku, ou ville haute, et Shimo Kio Ku ou ville basse.
C’est en 784 que la dynastie impériale fixa définitivement sa capitale à Kioto et ce n’est qu’en 1868, lors de la suppression du Shôgunat, que le trône impérial fut transféré à Tokio. Aujourd’hui la ville de Kioto est déchue et elle n’a plus guère d’animation ; elle est un peu considérée comme la capitale religieuse du Japon et certes le voyageur peut y passer facilement un mois à étudier l’architecture bouddhique sous toutes ses formes. Les principales excursions sont : le palais des empereurs ; Higashi Hongwan ji ; Nishi Hon gwan ji ; Chi on In ; Kiomidzu dera ; San ju san guen dô ; Honkoku ji ; la colline de Hieizan ; le lac Biwa ; les rapides d’Arashiyama ou plutôt du Katsuragawa.
Kioto fabrique les broderies, la porcelaine et le bronze.
Le Shi d’Osaka est actuellement le plus important des trois au point de vue des affaires. La ville est située à environ cent quarante-trois lieues de Tokio et quinze lieues de Kiôto. De nombreux canaux la parcourent en tous sens, de sorte que la navigation, pour le transport par eau, pénètre jusqu’au cœur de la ville, qui a aujourd’hui près d’un million d’habitants. L’industrie du Japon s’est pour ainsi dire concentrée dans cette ville, bien située, près de la mer, au centre du Japon. Osaka est le grand marché commercial de l’Empire, et se trouve aujourd’hui relié, par eau et par voie ferrée, à tous les points du Japon. L’industrie y est également très florissante, et la population y est généralement dans l’aisance.
III. — Les Ken ou Départements ont d’abord été au nombre de trente-cinq :
1o Ken de Kanagawa. Il se compose de trois districts : Tsudzuki, Tachibana et Kuroki, et d’une partie du district de Tama, province de Musashi, plus de la province de Sagami. Le chef-lieu est Yokohama, autrefois le port où résidaient le plus d’étrangers. Les villes principales de ce département sont : Odawara, dans la province de Sagami ; Yokosuka dans la même province, non loin de Yokohama, place de guerre et arsenal pour la marine impériale.
2o Ken de Hiogo. Administre cinq districts de la province de Setsu et deux districts de la province de Tamba, plus les trois provinces de Harima, Awaji, Tajima. Le chef-lieu est Kobe, dans la province de Setsu. Ce port, ouvert au commerce extérieur pendant la première année de Meiji (1868) est contigu, du côté de l’Ouest, à celui de Hiogo. Au Sud-Est de Kobe, se trouve la baie d’Osaka et un peu plus loin le détroit de Tomoshima. La ville de Himeji fait également partie de ce Ken ; elle est située dans la province de Harima, à environ quatorze lieues à l’Ouest de Kobé.
3o Ken de Nagasaki. Administre trois provinces : Hizen, Iki et Tsushima. Le chef-lieu est Nagasaki dans la province de Hizen ; cette ville est à environ trois cent quarante lieues de Tokio. Le port de Nagasaki, ouvert depuis longtemps au commerce chinois et au commerce hollandais, ne le fut pour les autres nations que dans la sixième année d’Ansei (1859). Le port de Nagasaki est fermé de trois côtés par des montagnes ; le quatrième, qui est celui de l’entrée, est protégé par plusieurs îles et îlots. Ce port est un des plus sûrs et des plus profonds du Japon. La ville de Saga, dans la province de Hizen, se trouve à environ vingt-huit lieues au Nord-Est de Nagasaki.
4o Ken de Niigata. Administre les provinces d’Echigo (dont un seul district, celui de Tsugawa, fait partie du Ken de Fukushima), et de Sado. Le chef-lieu est Niigata, province d’Echigo, à environ quatre-vingt-neuf lieues de Tokio. Elle est peuplée d’environ cinquante mille habitants. Le port de Niigata fut ouvert au commerce étranger dans la première année de Meiji (1868) ; situé à l’embouchure du Shinanogawa, il est par suite peu profond et mal commode. La ville de Takata, dans la province d’Echigo, se trouve à trente-trois lieues au Sud-Ouest de Niigata.
5o Ken d’Aïchi ; formé de deux provinces : Owari et Mikawa ; le chef-lieu est Nagoya, dans la province d’Owari ; cette ville est à cent quatre-vingt-quatorze lieues de Tokio ; elle est située au milieu d’une plaine ; ses rues sont larges et animées et c’est un des centres les plus importants du Japon ; il y existe un superbe château-fort (shiro), ancienne résidence du Daïmio. La ville d’Okasaki, dans la province de Mikawa, est située à dix lieues au Sud-Est de Nagoya.
6o Ken d’Ishikawa ; formé de trois provinces : Kaga, Noto, Echiu, plus sept districts de la province d’Echizen. Le chef-lieu est Kanazawa, dans la province de Kaga. Cette ville est à cent vingt-sept lieues de Tokio ; traversée au Nord et au Sud par deux rivières, le Saigawa et l’Asanogawa, Kanazawa se trouve à peu près au centre du Hokurokudô. Le commerce n’y est pas très considérable ; villes principales de ce département : Fukui, dans la province d’Echizen, et Toyama dans la province d’Echiu.
7o Ken de Hiroshima ; formé des deux provinces d’Aki et de Bingo. Le chef-lieu est Hiroshima dans la province d’Aki, situé à deux cent trente lieues de Tokio. Le sol des environs est très fertile et la ville est arrosée par plusieurs cours d’eau. La ville importante de Fukuyama, dans la Province de Bingo, se trouve à vingt-six lieues à l’Est de Hiroshima.
8o Ken de Wakayama formé de la province de Kii (quelques villages de cette province, situés à l’Est de la rivière Kumano, font partie du Ken de Miye). Le chef-lieu est Wakayama, à cent soixante-trois lieues de Tokio. Cette ville, dont le côté Ouest est voisin de la mer et le côté Nord est arrosé par le Kinogawa, se trouve à l’entrée de la baie d’Osaka.
Entourée de collines, Wakayama est fort pittoresque.
9o Ken de Sakai, formé de trois provinces : Idzumi, Yamato et Kawachi. Le chef-lieu est Sakai dans la province d’Idzumi ; cette ville est à cent quarante-huit lieues de Tokio. Sakai est situé sur le même littoral que Osaka, au Nord ; elle est arrosée par le Yamato gawa ; on y prend des quantités de poissons. Sakai était autrefois le point de mouillage des navires étrangers.
10o Ken de Miyagi, formé de treize districts de la province de Rikuzen et de trois de la province d’Iwaki. Sendai, dans la province de Rikuzen, en est le chef-lieu ; elle est traversée au Sud-Ouest par le Hirosegawa et elle est contiguë du côté de l’Est à Shiwogama et Matsushima. Les environs de cette dernière ville forment un des plus beaux paysages du Japon. Les productions principales sont le poisson et le sel. Sendai est à 83 lieues au Nord de Tokio.
11o Ken de Kôchi, formé des deux provinces de Tosa et d’Awa. Le chef-lieu est Kôchi dans la province de Tosa ; Kôchi est à deux cent trente-et-une lieues de Tokio. A l’Est se trouve le port de Urato ; au Nord et au Sud coule le Kamigawa ; les productions principales sont le bois et le poisson.
12o Ken de Kumamoto, formé de la province de Higo, chef-lieu Kumamoto, ancienne place forte importante, à trois cent vingt-six lieues de Tokio ; arrosée au Sud par le Shirakawa, elle est bornée au Nord-Ouest par un groupe de montagnes ; c’est une des grandes villes du Sai kai dô.
13o Ken de Shimane, formé de cinq provinces : Idzumo, Hôki, Inaba, Iwami, Oki. Le chef-lieu est Matsuyé dans la province d’Idzumo, à deux cent vingt et une lieues de Tokio.
14o Ken d’Akita, formé d’une partie des provinces d’Ugo et de Rikuchiu ; chef-lieu Akita, dans la province d’Ugo.
15o Ken de Saitama, formé d’une partie des provinces de Musashi et de Shimosa ; chef-lieu Urawa, province de Musashi.
16o Ken de Chiba, formé de parties des provinces de Shimosa, Awa et Kadzousa ; chef-lieu Chiba, à onze lieues de Tokio, dans le golfe.
17o Ken d’Ibaraki, formé de parties des provinces de Hitachi et de Shimosa ; chef-lieu Mito, province de Hitachi, sur l’Océan, à trente et une lieues de Tokio.
18o Ken de Tochigi, formé de la province de Shimotsuké ; chef-lieu Tochigi ; ville principale Utsunomiya d’où partent la route et le chemin de fer se dirigeant sur Nikkô.
19o Ken de Gumma, formé de la province de Kodzuke ; chef-lieu Mayebashi, à vingt-huit lieues de Tokio ; avec les villes de Takasaki et de Tomioka, Mayebashi constitue le centre le plus important du Japon pour le commerce de la soie.
20o Ken de Miye, formé des provinces de Ise, Iga et Shima et une partie de la province de Kii ; chef-lieu Tsu, à cent treize lieues de Tokio.
21o Ken de Shidzuoka, formé des provinces de Suruga, Totomi et Idzu ; chef-lieu Shidzuoka, province de Suruega.
22o Ken de Yamanashi, formé de la province de Kai, chef-lieu Kôfu, à trente-huit lieues de Tokio.
23o Ken de Shiga, formé des provinces de Omi et de Wakasa et une partie de la province d’Echizen ; chef-lieu Otsu, dans la province d’Omi. Hikone, ville célèbre, à quinze lieues au Nord-Ouest d’Otsu.
24o Ken de Gifu, formé des provinces de Mino et Hida ; chef-lieu Gifu, ville renommée pour la fabrication des lanternes.
25o Ken de Nagano, formé de la province de Shinano ; chef-lieu Nagano ou Zenkôji. Temple célèbre, où l’on vient en pèlerinage de toutes les parties du Japon.
26o Ken de Fukushima, formé de la province d’Iwashiro, et d’une partie des provinces d’Iwaki et d’Echigo ; chef-lieu Fukushima ; ville principale Wakamatsu.
27o Ken d’Iwate, formé de parties des provinces de Rikuchu, Rikuzen et Mutsu ; chef-lieu Morioka, province de Rikuchu, à cent quarante lieues de Tokio.
28o Ken d’Awomori, formé de parties de la province de Mutsu ; point extrême du Honshu, Awomori en est la capitale, à cent quatre-vingt-onze lieues de Tokio.
29o Ken de Yamagata, formé de la province d’Uzen et d’une partie de la province d’Ugo ; chef-lieu Yamagata.
30o Ken d’Okayama, formé des provinces de Bizen, Bichu et Mimasaka ; chef-lieu Okayama, province de Bizen.
31o Ken de Yamaguchi, formé des provinces de Suwo et Nagato ; chef-lieu Yamaguchi, province de Suwo, à deux cent soixante-trois lieues de Tokio.
32o Ken de Ehime, formé des provinces de Iyo et Sanuki ; chef-lieu Matsuyama.
33o Ken de Fukuoka, formé des provinces de Chikuzen et Chikugo et d’une partie de la province de Buzen ; chef-lieu Fukuoka, à trois cent deux lieues de Tokio.
34o Ken d’Oita, formé de la province de Bungo et d’une partie de la province de Buzen ; chef-lieu Oita.
35o Ken de Kagoshima, formé des provinces de Satsuma, Osumi et Hiuga ; chef-lieu Kagoshima, point extrême Sud de Kiushiu, à trois cent soixante-dix-huit lieues de Tokio.
Ces trente-cinq Ken ou départements ont été, ainsi qu’on peut le voir, formés avec les anciennes provinces, comme en France les départements. Depuis 1880, dix autres Ken ont été ajoutés à ces trente-cinq dont on a trouvé quelques-uns trop considérables. C’est ainsi que, dans Kiushiu, on a formé deux nouveaux Ken : Saga, chef-lieu Saga, et Miyazaki, chef-lieu Miyazaki.
Dans la grande île, on a coupé en deux le Ken de Shimane pour créer le Ken de Tottori ; à l’Est d’Osaka on a créé le Ken de Nara ; à l’Est du Ken d’Ishikawa qu’on a coupé, s’est formé le Ken de Toyama ; au Sud celui de Fukui ; dans l’île de Shikoku, on a divisé les deux Ken de Ehime et de Kochi pour y adjoindre ceux de Kagawa, chef-lieu Takamatsu et Tokushima, capitale Tokushima.
Enfin les îles Riukiu ont été incorporées à l’Empire sous le nom de Okinawa Ken.
L’île de Yezo forme un Chô ou gouvernement spécial ; le pays est également divisé en départements ; mais l’administration de ce pays, considéré comme une colonie plutôt que comme partie intégrante de l’Empire, est forcément différente de celle des autres parties du Japon.
IV. — L’administration japonaise est méticuleuse et terrible dans les détails. Sa paperasserie pourrait être, à juste titre, rapprochée de la nôtre. Il faut dire que ce n’est pas chose moderne dans le pays du Soleil Levant ; autrefois, sous la féodalité et le gouvernement shôgunal, les fonctionnaires avaient avec eux des espions, les metsuke, chargés de les surveiller ; il s’ensuit que l’habitude de faire rapport sur rapport et d’accumuler les papiers se prit très vite. La recherche de « la petite bête » existe au Japon dans toutes les administrations ; les minuties, les détails insignifiants exaspèrent ceux qui ont affaire aux bureaux japonais ; il faut tâcher d’en avoir besoin le moins possible.
En voyage, dans l’intérieur, il n’est pas de jour où vous ne soyez surveillé par les autorités qui envoient, matin et soir, la police vous demander ce que vous faites, pourquoi vous êtes venu, si vous n’allez pas bientôt vous en aller. C’est une tracasserie de chaque instant ; le tout, d’ailleurs, accompli avec une politesse exquise de la part de tous les agents de l’autorité, mais ce n’en est pas moins quelquefois fort ennuyeux.
Aussi, à part les globe-trotters, les étrangers qui résident au Japon ne s’absentent-ils guère au-delà des environs des ports de commerce où ils habitent généralement.
V. — Actuellement les ports où le commerce européen peut s’installer sont nombreux, mais les résidents des différentes nationalités se concentrent surtout à Yokohama, Kobé et Nagasaki.
Yokohama est situé dans la baie de Tokio, tout près du bourg japonais de Kanagawa ; étalé sur le bord de la mer d’un côté et adossé de l’autre à une colline assez élevée où les Européens ont leurs maisons d’habitation, tandis qu’ils ont leurs maisons d’affaires et leurs magasins sur le quai et dans les rues adjacentes. Le quai est une des jolies promenades de la ville ; le port est peu abrité, quoiqu’il soit aujourd’hui protégé. Quand le vent du Nord-Est souffle violemment, il y a quelquefois de fortes tempêtes ; depuis quelques années on a élevé près de la douane un appontement où peuvent prendre place quatre paquebots, ce qui facilite bien le débarquement et l’embarquement des marchandises et des passagers. Autrefois le port de Yokohama était le grand centre d’affaires des Européens ; aussi y trouvait-on nombreuse société, club et champ de courses ; les dames même avaient fini par s’y installer et de nombreuses familles y étaient nées qui donnaient à la ville une physionomie de petit centre européen. Actuellement Kobé s’est développé un peu au détriment de Yokohama par suite de la proximité d’Osaka où sont les principales manufactures et industries du Japon. Kobé est sous le rapport de la situation géographique beaucoup plus agréable et infiniment plus pittoresque que Yokohama, et les environs en sont délicieux. Quant à Nagasaki, le premier port où les Européens aient été admis (c’est là que les Hollandais trafiquaient à Deshima depuis 1640), il semble plutôt décliner. Peu d’Européens y demeurent et le commerce devient de moins en moins brillant.
Voici les autres ports ouverts au commerce :
Osaka ; les grands bateaux n’y viennent pas, mais restent à Kobé, le port même d’Osaka ne pouvant leur assurer le mouillage. On fait des travaux en vue d’un port, mais ils sont loin d’être terminés. Ainsi que je l’ai déjà dit, cette grande ville est le véritable centre de l’activité industrielle et commerciale du Japon. Situé au milieu des plus riches provinces de l’Empire, en communications rapides, soit par eau, soit par terre, avec les diverses parties du pays, Osaka est rapidement devenu le principal emporium des îles du Soleil Levant. Les grandes cheminées d’usine s’élèvent à côté du gigantesque château-fort en pierres énormes, témoin des âges passés, et offrent un contraste frappant entre les deux époques ;
Niigata, peu important ;
Yebisuminato, dans l’île de Sado, peu important ;
Hakodate, dans l’île de Yeso, ville de 60.000 âmes ; peu important au point de vue du commerce extérieur ;
Kio midzu, province de Suruga ;
Take toyo, province d’Owari ;
Nagoya n’est pas à proprement parler un port : celui-ci se trouve à Miya, et c’est à cet endroit qu’on débarque pour se rendre à la ville. Les gros bâtiments ne peuvent pas, du reste, entrer dans le port de Miya, et c’est surtout par les petits bateaux et par la voie ferrée que s’exécutent les transactions ;
Yokka ichi, province d’Ise ;
Shizaki, province de Bingô ;
Shimonoseki, province de Nagato ; peu important, mais lieu de passage de tous les bateaux qui entrent dans la mer intérieure ou en sortent ;
Môji, province de Buzen ; port important au Nord de l’île de Kiushu, point terminus du chemin de fer venant de Nagasaki ;
Wakamatsu, province de Chikuzen ;
Hakata, province de Chikuzen ;
Karatsu, province de Hizen ;
Sumi no ye, province de Hizen ;
Kuchi no dzu, province de Hizen ;
Miike, province de Chikuzen ;
Tsuruga, province d’Echizen ;
Awomori, province de Mutsu ;
et quelques autres petits ports dont je juge inutile de citer les noms.
Le commerce se fait surtout à Yokohama, Kobe, Osaka et Nagasaki.
Tokio, bien que situé sur la mer, à l’embouchure du Sumidagawa, n’est pas un port praticable : il n’y a aucune profondeur et des bateaux, même de moyen tonnage, ne peuvent y mouiller.
Les quatre grands ports ci-dessus nommés sont pourvus de tout le matériel moderne pour l’embarquement, le débarquement, la mise en docks des marchandises. L’outillage et l’administration des ports de commerce répondent à ce que peuvent désirer les armateurs et les négociants modernes.
De Yokohama partent les lignes de paquebots se dirigeant vers l’Europe et l’Amérique : tous ces bateaux, à service régulier, font escale à Kobé et Nagasaki.