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L'Empire Japonais et sa vie économique

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CHAPITRE XIX

I. Les Colonies japonaises. Formose. — II. Finances. — III. Monopoles. — IV. Banques. — V. Commerce. — VI. Agriculture et Industries. — VII. Sakhalin et Kwang-Tong.

I. — Le Japon n’est pas seulement, aujourd’hui, confiné dans ses îles ; il déborde, et après deux guerres heureuses, il est devenu un peuple colonial. J’ai donc à passer en revue les différentes possessions que le hasard de la guerre a fait tomber sous sa domination.

En premier lieu se présente Formose, en chinois et en japonais, Tai wan. Cette grande île, située au sud-est de la Chine, dépendait, autrefois, de la province continentale du Fukien ; elle mesure 400 kilomètres sur 140. Une chaîne de montagnes coupe l’île du Nord au Sud et renferme plusieurs volcans. Les Chinois s’établirent dans cette île en 1430 ; les Portugais la visitèrent au XVIe siècle et lui donnèrent le nom de Formose à cause de la beauté du climat. Les Japonais et les Hollandais y fondèrent des colonies au commencement du XVIIe siècle ; mais en 1661 le fameux pirate Kochinga s’en empara et en resta maître jusqu’en 1683, époque à laquelle les Chinois la reprirent.

Avant d’entrer plus avant dans la statistique et l’économie de la Formose moderne, il n’est pas sans intérêt de connaître la peinture que fait de la Formose ancienne le jésuite du Halde : « Je dois parler un peu au long de cette île, et parce qu’elle a été longtemps inconnue même aux Chinois, dont elle n’est pas pourtant fort éloignée, et qu’ils n’ont commencé à y entrer que sous le règne du dernier empereur Kang hi (1662-1722) ; et parce que, d’ailleurs, le Gouvernement, les mœurs, les usages de ces insulaires, bien différents de ceux des Chinois, de même que les moyens dont ceux-ci se sont rendus maîtres de l’île, méritent un détail un peu étendu.

« Toute l’île de Formose n’est pas sous la domination des Chinois ; elle est comme divisée en deux parties, Est et Ouest, par une chaîne de montagnes qui commence à la partie méridionale de Cha Ma Ki Teou et ne finit proprement qu’à la mer septentrionale de l’île. Il n’y a que ce qui est à l’Ouest de ces montagnes qui appartienne à la Chine.

« La partie orientale, à en croire les Chinois, n’est habitée que par des barbares. Le pays est montagneux, inculte et sauvage. Le caractère qu’ils en font ne diffère guère de ce qu’on dit des sauvages d’Amérique. Ils les dépeignent moins brutaux que les Iroquois, plus chastes que les Indiens, d’un naturel doux et paisible ; s’aimant les uns les autres, se secourant mutuellement, nullement intéressés, ne faisant nul cas de l’or et de l’argent dont on dit qu’ils ont plusieurs mines ; mais vindicatifs à l’excès, sans loi, sans gouvernement, sans police, ne vivant que de la chair des animaux et de la pêche, enfin sans culte et sans religion.

« Les Chinois, avant même que d’avoir subjugué Formose, savaient qu’il y avait des mines d’or dans l’île. Ils ne l’eurent pas plutôt soumise à leur puissance, qu’ils cherchèrent de tous côtés ces mines ; comme il ne s’en trouvait pas dans la partie occidentale, dont ils étaient les maîtres, ils résolurent de les chercher dans la partie orientale où on leur avait assuré qu’elles étaient. Ils firent équiper un petit bâtiment afin d’y aller par mer, ne voulant point s’exposer dans les montagnes inconnues où ils auraient couru risque de la vie. Ils furent reçus avec bonté de ces insulaires, qui leur offrirent généreusement leurs maisons, des vivres et toutes sortes de secours. Les Chinois y demeurèrent environ huit jours ; mais tous les soins qu’ils se donnèrent pour découvrir les mines furent inutiles, soit faute d’interprète qui expliquât leur dessein à ces peuples ; soit crainte et politique, ne voulant point faire ombrage à une nation qui avait lieu d’appréhender la domination chinoise. Quoi qu’il en soit, de tout l’or qu’ils étaient allés chercher, ils ne découvrirent que quelques lingots, exposés dans les cabanes, dont ces pauvres gens faisaient peu de cas. Dangereuse tentation pour un Chinois ; peu contents du mauvais succès de leur voyage et impatients d’avoir ces lingots exposés à leurs yeux, ils s’avisèrent du stratagème le plus barbare : ils équipèrent leur vaisseau, et ces bonnes gens leur fournirent tout ce qui était nécessaire pour leur retour. Ensuite ils invitèrent leurs hôtes à un grand repas qu’ils avaient préparé, disaient-ils, pour témoigner leur reconnaissance ; ils firent tant boire ces pauvres gens qu’ils les enivrèrent ; comme ils étaient plongés dans le sommeil causé par l’ivresse, les Chinois les égorgèrent tous, se saisirent des lingots et mirent à la voile.

« Cette action cruelle ne demeura pas impunie ; mais les innocents portèrent la peine que méritaient les coupables. Le bruit n’en fut pas plutôt répandu dans la partie orientale de l’île, que les insulaires entrèrent, à main armée, dans la partie septentrionale qui appartient à la Chine, massacrèrent impitoyablement tout ce qu’ils rencontrèrent : hommes, femmes, enfants, et mirent le feu à quelques habitations chinoises.

« La partie de Formose que possèdent les Chinois mérite certainement le nom qu’on lui a donné ; c’est un fort beau pays ; l’air y est pur et toujours serein ; il est fertile en toutes sortes de graines, arrosé de quantité de petites rivières, lesquelles descendent des montagnes qui la séparent de la partie orientale ; la terre y porte abondamment du blé, du riz, etc. On y trouve la plupart des fruits des Indes, des oranges, des bananes, des ananas, des goyaves, des papayas, des cocos, etc. Il y a lieu de croire que la terre porterait aussi nos arbres fruitiers d’Europe, si on les y plantait ; on y voit des pêches, des abricots, des figues, des raisins, des châtaignes, des grenades. Ils cultivent une sorte de melon ; le tabac et le sucre y viennent parfaitement bien[18]. »

[18] Du Halde, Description de l’Empire de la Chine, passim.

Cette description des magnificences de Formose s’applique fort bien à la partie Nord de l’île, où les Portugais abordèrent en 1580, et où ils fondèrent leur établissement de Ki long. Mais la côte occidentale ne présente aucun bon port, et les navires, embossés au large, sont exposés au double inconvénient d’un mauvais ancrage et d’une très mauvaise réception de la part des indigènes ; quant à la côte orientale, elle ne possède que des côtes à pic et des torrents dont les embouchures sont fermées par les alluvions.

« Sur la fin de 1620, qui est la première année de l’empereur Tien-Ki, une escadre japonaise vint aborder à Formose. L’officier qui la commandait trouva le pays, tout inculte qu’il était, assez propre à y établir une colonie ; il prit la résolution de s’en emparer, et, pour cela, il y laissa une partie de son monde, avec ordre de prendre toutes les connaissances nécessaires à l’exécution de son dessein.

« Environ ce même temps, un vaisseau hollandais, qui allait au Japon ou en revenait, fut jeté par la tempête à Formose ; il y trouva les Japonais, peu en état de lui faire ombrage. Le pays parut beau aux Hollandais et avantageux pour leur commerce. Ils prétextèrent le besoin qu’ils avaient de quelques rafraîchissements et des choses nécessaires pour radouber leur vaisseau maltraité par la tempête. Quelques-uns d’eux pénétrèrent dans les terres, et, après avoir examiné le pays, ils revinrent sur leur bord.

« Les Hollandais ne touchèrent point à leur vaisseau pendant l’absence de leurs compagnons ; ce ne fut qu’à leur retour qu’ils songèrent à le radouber. Ils prièrent les Japonais, avec qui ils ne voulaient pas se brouiller, de peur de nuire à leur commerce, de leur permettre de bâtir une maison sur le bord de l’île qui est à une des entrées du port, dont ils pussent dans la suite tirer quelque secours, par rapport au commerce qu’ils faisaient au Japon. Les Japonais rejetèrent d’abord la proposition ; mais les Hollandais insistèrent de telle sorte en assurant qu’ils n’occuperaient de terrain que ce qu’en pouvait renfermer une peau de bœuf, qu’enfin les Japonais y consentirent.

« Les Hollandais prirent donc une peau de bœuf qu’ils coupèrent en petites aiguillettes fort fines, puis ils les mirent bout à bout et s’en servirent pour mesurer le terrain qu’ils souhaitaient. Les Japonais furent d’abord un peu fâchés de cette supercherie ; mais enfin, après quelque réflexion, la chose leur parut plaisante : ils s’adoucirent et ils permirent aux Hollandais de faire de ce terrain ce qu’ils jugeraient à propos ; c’est sur ce terrain qu’ils bâtirent le fort, qu’ils nommèrent Castel Zelandia. »

Cependant ils en furent chassés en 1661 par Tching Tching Kong, fils de Tching Tchi Long, riche négociant du Tonkin, qui, après avoir équipé une flotte, envahit Formose, brûla quatre vaisseaux hollandais et permit à un autre de se retirer avec les Européens. Il constitua, ensuite, une sorte de royaume indépendant dans l’île ; mais en 1682, sous le règne de l’empereur Kang hi, Formose devint définitivement une possession chinoise.

L’île produit du maïs, des patates, des fruits, du tabac, de l’indigo, de la canne à sucre, du riz et du thé ; mais son principal article d’exportation est le camphre ; on y trouve aussi du charbon, du soufre, du pétrole.

Les Japonais, après avoir eu, en même temps que les Hollandais, contact avec les habitants de Formose, s’étaient retirés également et n’avaient plus eu de relations avec l’île. En 1874, un navire japonais, jeté sur la côte orientale, fut pillé par les indigènes et les matelots massacrés. Le gouvernement du Mikado, par l’entremise de son ministre à Péking, M. Soyeshima, réclama le châtiment des coupables, mais le Tsong li ya men répondit que la Chine se désintéressait de la question et que le Gouvernement japonais était libre de punir les sauvages comme il l’entendait.

Une expédition fut donc décidée, et le général Saïgo Tsukumichi fut mis à la tête des troupes ; la lutte ne dura pas longtemps ; les indigènes vinrent de suite à composition et firent la paix avec Saïgo. Mais la Chine alors, changea d’avis et entra en scène, et, pour éloigner les Japonais, consentit à une indemnité pour les familles des matelots massacrés.

Comme on le voit, les vues du Japon sur Formose datent de loin, et, à la suite de la guerre contre la Chine, en 1894-1895, l’île est passée sous sa domination.

En avril 1896, le régime militaire fit place à l’administration civile ; vers la même époque, le Gouvernement japonais traça un programme, d’une part pour subjuguer les tribus aborigènes, d’autre part pour organiser les voies de communication, les finances et les monopoles ; depuis lors, l’application de ce programme a été poursuivie sans interruption. Les finances de l’île sont devenues indépendantes depuis l’exercice 1905-1906, c’est-à-dire que les recettes du Gouvernement de Formose suffisent pour faire face aux dépenses administratives sans aucune aide pécuniaire du Trésor central ; bien plus, le revenu de l’île a même permis de solder les dépenses de certains travaux publics, auxquels on devait pourvoir au moyen d’emprunts. Pendant les années suivantes, malgré certains changements survenus dans la nature des recettes publiques, elles se sont accrues graduellement, et les finances de l’île se trouvent dans une situation satisfaisante.

II. — Dès l’exercice 1897-1898, un compte spécial fut dressé pour les finances de Formose ; il servit de base au Gouvernement pour projeter, puis réaliser l’autonomie financière de l’île. Le trésor central devait fournir des sommes importantes pour combler le déficit du budget de l’île ; on pensa que ce subside pourrait être diminué d’année en année ; aussi, le montant annuel fut-il établi en progression décroissante, dans la prévision que l’exercice 1909-1910 verrait les finances de Formose complètement indépendantes. Pendant l’exercice 1899-1900, et simultanément avec le commencement des travaux précités, sont créés les monopoles du camphre et du sel ; les services de bateau entre Formose et le Japon proprement dit et le long des côtes de l’île sont augmentés, ce qui facilite l’exécution d’entreprises gouvernementales et privées ; puis un service régulier de vapeurs entre Formose et la Chine est ouvert.

Tandis qu’en 1900-1901, l’administration consacre ses efforts à développer la production et les industries de l’île, et élabore des plans pour une extension des lignes de navigation à vapeur, elle prend des mesures, l’année suivante, pour perfectionner l’industrie du sucre et elle entreprend la tâche d’étudier les vieilles coutumes. En 1902-1903, elle s’occupe d’introduire des améliorations dans la manufacture du papier et du thé. Pendant les deux exercices 1903-1904, et 1904-1905, les travaux du cadastre ayant été achevés, un emprunt public est émis, d’un peu plus de 4.080.000 yen, destiné à compenser la taxe payable au propriétaire principal d’un terrain, et les recettes provenant de l’impôt foncier augmentent d’un million de yen ; puis, lorsque la loi des taxes spéciales extraordinaires est mise en vigueur, pour faire face aux dépenses de la guerre avec la Russie, le sucre est aussi soumis à Formose à une accise, et les étoffes tissées à une taxe de consommation ; de cette façon, on arrive à réaliser l’égalité dans l’imposition des taxes, et à procurer à l’île, en compensation de ceux qu’elle devait recevoir du Gouvernement central, les fonds destinés à combler le déficit de ses finances. Dans l’année 1905-1906, le Gouvernement de Formose est en mesure de renoncer à une somme d’environ 6.100.000 yen, montant approximatif des subsides qu’il devait recevoir du Gouvernement central pour combler le déficit survenu depuis ce même exercice jusqu’à celui de 1909-1910. Il décide, en outre, de payer avec les revenus de l’île, sans recourir à l’emprunt public, dont il est question plus haut, les frais de construction du chemin de fer et du port de Kelung, entreprises dont le coût devait être soldé avec le montant de cet emprunt. D’ailleurs, le déficit dans les revenus annuels devait être couvert, désormais, au moyen d’une réforme de l’impôt foncier et par l’adoption du monopole du tabac. Grâce à ces mesures, le compte spécial du Gouvernement de Formose passait, graduellement, de l’état d’indépendance théorique et légale à celui d’une indépendance réelle.

Pendant l’année financière 1908-1909, des plans ont été dressés, pour perfectionner les travaux d’utilisation des cours d’eau, aménager le port de Taku, améliorer la production du camphre, livrer de nouveaux terrains à la culture, développer l’exploitation des bois de charpentes et construire des voies ferrées ; un emprunt du Gouvernement fournira la somme de 38.990.000 yen nécessaires pour ces entreprises. Il a été décidé que ces travaux seraient commencés pendant l’exercice 1908-1909, terminés vers 1923-1924, et que l’emprunt serait remboursable dans les onze années qui suivront leur achèvement. La grande artère Nord-Sud du chemin de fer, qui va d’une extrémité à l’autre de l’île, a été achevée en avril 1908, et la longueur totale, soit pour la ligne principale, soit pour les embranchements, est de 444 kilomètres. Comme les progrès de l’industrie sucrière à Formose importent non moins au développement économique de la classe agricole qu’à la prospérité des finances générales de l’île, le Gouvernement s’est préoccupé d’augmenter considérablement l’étendue des terres consacrées à la culture de la canne à sucre ; la formation de nouvelles Compagnies, après la guerre russo-japonaise, jointe à l’augmentation du capital des Compagnies existantes, fait prévoir une production annuelle de 10.250 tonnes de sucre à partir de 1908-1910 ; aussi, pour assurer à cette industrie un ample approvisionnement de matières premières, le Gouvernement a augmenté les subventions et allocations destinées à favoriser la production sucrière, à livrer de nouveaux terrains à la culture dans la région des aborigènes, à aider la navigation entre l’île et la métropole, et à élever de nouvelles constructions. Cet accroissement de dépenses sera équilibré par les recettes de l’accise sur le sucre, les revenus des chemins de fer et le surplus des recettes de l’exercice précédent.

III. — Le premier monopole introduit à Formose fut celui de l’opium, suivi plus tard par ceux du sel, du camphre et du tabac. Ce n’est pas seulement en raison d’une nécessité financière que furent créés ces monopoles, ce fut aussi « en vue de sauvegarder la santé publique, de raviver l’industrie et de doter l’île d’une capacité commerciale effective ».

On voit bien des raisons de santé publique expliquées en ce qui concerne l’opium, mais pour le sel, le camphre et le tabac, on demeure rêveur. Quant à développer l’initiative privée dans l’industrie et dans le commerce en créant des monopoles, c’est une chose qui ne s’est jamais vue et ne se verra probablement jamais, puisque le fait de monopoliser tue précisément l’initiative et l’énergie des particuliers.

IV. — Quoi qu’il n’existât, au temps de la cession de Formose, aucun système monétaire organisé dans l’île, il n’en résultait pas de grands inconvénients dans la circulation des capitaux, en raison de l’insignifiance des transactions. Mais, avec leur développement, on sentit la nécessité de créer des banques comme organe de la circulation monétaire ; on établit donc la Banque de Formose (Tai wan ginkô), puis la Banque du Sud, la Banque d’épargne de Tai wan, la Banque Shôka et la Banque Kagi. En 1904 et en 1906, le Gouvernement japonais réforma le vieux système monétaire et aujourd’hui la circulation de la monnaie japonaise se fait à Formose comme au Japon.

Nikkô. — L’allée des Bouddhas.

V. — Autrefois le commerce de l’île était tout entier aux mains des Chinois ; par suite, en effet, de la proximité de la province du Fou Kien, il y avait communication constante, par jonques, entre les deux côtes. Par le traité de Tien Tsin, les ports de Taku, Anking, Tamsui et Kelung furent ouverts au commerce étranger, et cet événement fut le point de départ du commerce de Formose avec les nations occidentales. En 1895, après le traité de Shimonoséki, et la cession de l’île au Japon, les Japonais commencèrent à s’y établir.

Le commerce extérieur, pendant 1908, s’est élevé à 71.700.000 yen, soit une augmentation de 13.300.000 yen sur l’année précédente.

Dans ce chiffre, les exportations au Japon comptent pour 24.400.000 yen et celles à l’étranger pour 9.300.000 yen ; le total de l’exportation atteint donc 33.700.000 yen. Les importations du Japon se montent à 20.900.000 yen et celles des pays étrangers à 17.000.000 de yen donnant ainsi un total de 37.900.000 yen. Le surplus de l’exportation est dû au riz, au sucre et au thé, en dépit de la diminution subie par le camphre ; l’accroissement de l’importation provient d’une augmentation dans l’entrée des sucres, des machines, des rails, du ciment et des matériaux de construction.

VI. — Comme l’île de Formose est située en partie dans la zone torride, et que son sol est fertile, elle est riche en productions naturelles de toutes sortes. Le riz croît partout, sauf dans les districts montagneux, et il donne deux récoltes par an. Les progrès des travaux d’irrigation et le perfectionnement des méthodes de culture ont contribué à augmenter l’étendue des rizières ; la quantité de riz transportée au Japon en 1908 représente 10.000.000 de yen contre 6.000.000 en 1907.

La culture de la canne à sucre a pris un développement considérable et plusieurs raffineries se sont établies ; la valeur du sucre transporté au Japon en 1908 s’élève à 9.400.000 yen. C’est, avec celle du camphre, la seule industrie de Formose. Les forêts vierges qui recouvrent tout le centre de l’île n’ont pas encore été exploitées ; elles renferment des cryptomerias, des conifères de toutes sortes et aussi le hinoki ou chamœcyparis obtusa, arbre très estimé au Japon.

En somme l’île commence à peine à sortir de son long sommeil ; il faudra du temps et surtout beaucoup d’argent pour en exploiter les richesses naturelles.

Pour l’année 1908-1909, les recettes du Gouvernement de Formose ont été de 33.871.328 yen, c’est-à-dire que le budget s’est balancé exactement. Ces chiffres sont fournis par les rapports financiers du ministère japonais ; je les donne sans commentaires.

VII. — L’île de Sakhalin, en japonais Kara futo, était, autrefois, tout entière une possession japonaise. Elle avait été cédée aux Russes, en 1875, à une époque récente par conséquent. Après la guerre contre la Russie, cette dernière puissance rétrocéda au Japon, par le traité de Portsmouth (États-Unis), la moitié méridionale de l’île.

Sakhalin a surtout comme ressources la mer et la forêt. Rien n’a encore été entrepris dans l’île et l’on se trouve dans la période des observations, des recherches et des tâtonnements. Un millier de familles japonaises ont été transplantées à Kara futo ; on leur a fourni des graines et du bétail ; il paraîtrait en effet qu’une grande superficie de la partie japonaise de l’île est propre à la culture et aux pâturages.

Enfin l’or et la houille seraient abondants. Mais l’exploitation en est réservée à un avenir vraisemblablement lointain.

Presqu’île du Kwang Tong. — Cette partie du territoire chinois, à l’extrémité sud de laquelle est située la forteresse de Port-Arthur (Liu chouen keou, Riô jun kô), se trouve dans la dépendance du Japon par suite de la défaite des Russes. Ces derniers, en effet, avaient pris à bail, de la Chine, pour une période de quatre-vingt-dix-neuf ans, la presqu’île du Kwang Tong avec la forteresse de Port-Arthur, et les Japonais ont été leurs successeurs dans le bail.

Le seul port de ce territoire est Dalny (Tairen), déclaré port franc ; la douane maritime chinoise y est installée pour percevoir les droits sur les marchandises qui quitteraient la zone franche pour entrer en Chine.

Le total des exportations s’est élevé à 34.726.896 yen et celui des importations à 31.355.647 yen, soit un total d’échanges de 66.082.543 yen.

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